« Mais, ajoute Madame de Motteville, si cela est, malheur à nous d’avoir dégénéré de la vertu de nos pères, et d’être devenus infirmes dans notre zèle et notre fidélité. » Les Courtisans crièrent contre le Curé, et le traitèrent de ridicule ; ils eurent la malignité de dire que le P. […] L’autre relation, que les Centuriateurs et la plupart des Protestants ont préférée, sans pourtant la donner pour certaine, est chargée d’événements romanesques et de circonstances ridicules ; le Pape qui s’enfuit déguisé en cuisinier, qui est découvert par hasard travaillant dans un jardin ; le fils de l’Empereur, fait prisonnier, qui oblige son père à faire le paix pour le délivrer ; le Pape qui met le pied sur la tête de l’Empereur prosterné, en lui disant ces paroles, « super aspidem et basilicum ambulabis » ; le Pape, l’Empereur et le Doge sur un théâtre ; le Pape donnant des indulgences autant qu’il peut tenir de grains de sable dans une poignée à deux mains, accordant au Doge, en récompense de ses services, un cierge de cire blanche, le droit de porter des fanons à son bonnet, comme une mitre d’Evêque, de sceller ses lettres avec du plomb, et d’avoir ses étendards bigarrés de diverses couleurs, comme un habit d’Arlequin.
Il en résulte que celui qui vient de les entendre parler en Héros, en bergers, en pères de famille, en marquis, ne les prennent plus que pour des Comédiens, & ne voient plus les personnages.
En effet, ne voit-on pas dans la lecture des Pères, que les Messes solennelles, les lectures saintes, la psalmodie, les exhortations, et les Sermons, ne donnaient point le loisir aux Chrétiens de vaquer à quelque autre chose, mais les obligeaient d’être continuellement dans les lieux saints ?
Y voit-on une Fille, en proie à sa colère, Faire passer son Char sur le Corps de son Père ; Et d’un geste inhumain dans cet horrible Emploi, Animer ses Chevaux qui reculaient d’effroi ?
« A quel dessein y voit-on voler tant de jeunes gens des deux sexes, les uns presque perdus par l’indulgence cruelle des pères, les autres déjà instruites par une mère dans l’art funeste de trop plaire ; tant de jeunes gens qui suivent les drapeaux de la volupté, tant de personnes que l’avarice ou l’ambition ont trop malheureusement unies ?
Ces jeunes gens trouveraient le Théâtre réformé, et s’en accommoderaient sans peine ; les principes d’honneur et de vertu, dans lesquels ils sont élevés, ne leur permettraient pas de souhaiter des Spectacles d’une autre espèce ; et quand, dans un âge plus avancé, ils liraient les Pièces de l’ancien Théâtre, loin de se plaindre de ce qu’on ne les jouerait plus, ils auraient plutôt peine à comprendre que leurs pères eussent pû goûter la licence de leur temps.
Père ; l’Eglise était remplie d’une foule de grands Seigneurs & de Peuples, qu’attirait autant la curiosité que la dévotion : l’on ne s’attendait guères que le trouble & le désordre dussent naître tout-à-coup dans un lieu si respectable. […] Père firent venir devant eux les deux Musiciens opiniâtres ; ils leur ordonnèrent de déclarer les raisons qui les portaient à agir avec si peu de retenue.
Depuis que la cruelle superstition exerce ses ravages dans la malheureuse péninsule, depuis que la faction du monachisme et du jésuitisme, ultramontaine malgré le saint-siège, y verse de toutes parts à grands flots le sang humain et y excite les passions les plus haineuses ; depuis qu’elle y fanatise le peuple abruti par l’ignorance, on n’y a pas encore entendu la voix du père des chrétiens, nulle pastorale apostolique, n’y a encore été proclamée, d’accord avec l’autorité souveraine séculière, pour apaiser les fureurs, ramener les esprits à l’autorité légitime, et instruire les hommes sur leurs devoirs de chrétiens et de sujets soumis. […] Que le saint père se souvienne que ce furent les excès et la corruption du clergé, ainsi que la torture et les bûchers de l’horrible inquisition, qui produisirent ces grands schismes, et firent perdre à la cour de Rome près de la moitié de l’Europe.
Mais ce qu’il y a de singulier, c’est que cet Auteur estimable, qui défend aux autres le contraste, n’a pû s’empêcher lui-même de faire contraster quelques-uns des personnages de ses Drames : le caractère brusque & dur du Commandeur, par éxemple, n’est-il pas opposé à la douceur, à l’humanité du Père de famille ?
Mon père me fesait héritier d’un sceptre qui est le prix de sa valeur.
Esprit ès Ecritures Saintes, par l’Eglise, par les Saints Pères, et par la raison même.
C’est aussi pour cette raison, que parmi tant de graves invectives des saints pères contre le théâtre, on ne trouve pas que jamais ils soient entrés dans l’expédient de le réformer.
Le pape Saint-Damase en parle ainsi : « Les saints pères jugent avec rigueur ceux qui violent volontairement les canons, et le saint esprit qui les a inspirés et dictés, condamne ces violateurs.
Le Duc de Fronsac, son fils, avoit donné la premiere médaille d’or ; le père en procura plusieurs à l’Auteur portant aussi l’image du Roi. […] Puisqu’on dit qu’elle aimoit le père, pouvoit-elle vouloir épouser le fils ? […] Livré à la volupté, ce Prince, devenu Empereur, alla si peu en Sirie, qu’il n’y alla pas même pour délivrer Valérien son père, que le Roi des Perses avoit vaincu & fait captif, & qu’il traitoit de la maniere la plus outrageante. […] Diderot dans son Père de famille avoit commencé de répandre ce germe sur la scène, qui ne peut manquer de fructifier on de si habiles mains.
Voilà la maîtresse de ton père, dit un étourdi à un de ses amis. […] Jamais le devoir du mariage n’a été illicite, jamais aucune censure ni personnelle ni locale n’a séparé le mari de la femme, le père des enfans, selon la règle vulgaire : Utile lex humile, res ignorata necesse. […] C’étoit par dévotion que depuis dix ou douze ans elle servoit ces bons Pères en tout honneur ; elle espéroit d’éviter après sa mort un long séjour en purgatoire.