On est instruit dans cette Scène que Valère s’est déguisé en Domestique pour entrer dans la maison au service d’Harpagon père de sa Maîtresse, et cela du consentement de la fille. […] Elise en paraissant sur le Théâtre devrait commencer par reprocher à son Amant l’indigne stratagême qu’il avait executé en se déguisant et entrant comme Domestique chez son père, non seulement sans avoir obtenu auparavant le consentement de sa Maîtresse, mais même malgré elle, puisqu’elle lui avait ordonné expressément de renoncer pour jamais à ce projet, lorsqu’il lui en avait fait confidence. […] Pour ce qui est de la querelle entre le père et le fils à propos de l’usure et du mariage du Vieillard avec Marianne, il faut en supprimer et changer plusieurs expressions qui sont trop fortes, et même très indécentes dans la bouche d’un fils, quelque sujet de plainte qu’il puisse avoir contre son père. […] Laurette Servante d’Ismène (qui est le personnage en question) est aussi de très mauvais exemple ; elle fait cent fourberies pour brouiller la fille de sa Maîtresse avec Acante son amant, à qui elle avait été promise, parce que Crémante père d’Acante, est devenu amoureux de la prétendue de son fils et veut l’épouser. […] Léandre aime Isabelle, fille de Chicaneau, et ne se flattant pas qu’en la demandant en mariage les deux pères puissent y consentir, puisque Dandin père de Léandre est si emporté par la passion de juger, et Chicaneau père d’Isabelle par la passion de plaider, il a recours à un déguisement pour faire signer à Chicaneau le Contrat de mariage, lui faisant à croire que c’est un papier de procédure.
» Je ne m’arrêterai donc pas à faire assaut d’érudition contre le Père. […] Le bon Père avec toute son érudition ne sait pas l’origine de la Comédie. […] , dans les Collèges où le Père les sait si fréquents ? […] Nos prédicateurs qui parlent comme les Pères ne « savent pas vivre ». […] Se trouvaient-elles dans les Spectacles du temps des Pères ?
» Qu’aurait-il dit, mes Pères, de votre Héros, qui loin d’attendre que l’Archevêché d’Aix le vint chercher, le poursuit lui-même en cadence, selon l’idée que vous donnez de lui, et tâche de s’en saisir ? […] » Le Prélude de votre Ballet, mes Pères, ne s’accorde guère avec ces Règles saintes qui sont celles de l’Eglise. […] Lisez, mes Pères, au lieu de vos Fables des Païens, l’Histoire de l’Eglise. […] Et ne croyez pas, mes Pères, que ces vérités ne soient que pour les Héros de l’antiquité, l’ambition n’a jamais été la voie légitime pour monter à l’Episcopat, et ne la sera jamais. […] Voilà, mes Pères, un Héros de nos jours qui ne ressemble guère à celui de votre fable.
Mais, mes Pères, n’y a-t-il qu’à décrier les plus gens de bien par vos fictions Poétiques ? […] On sait, mes Pères, on sait que ce pieux Cardinal était rempli de zèle, mais d’un zèle Chrétien contre tous les vices. […] Voilà, mes Pères, ce qu’on appelle des désordres dignes du zèle d’un véritable Evêque et contre lesquels le Prélat défunt n’aurait pas manqué d’exercer le sien, si l’occasion s’en fut présentée. […] L’on ne pourrait être qu’édifié du zèle de votre Hercule, mes Pères, s’il n’avait pour objet que d’empêcher de véritables abus comme celui-là. […] Voilà, mes Pères, un échantillon du zèle de votre Hercule.
C’est-à-dire, mes Pères, que ce que quelques divertissements n’ont pas fait ; ce que le sommeil n’a fait qu’à demi, l’intérêt dont Mercure est le Symbole vient l’achever par sa flûte. Si c’est ainsi, mes Pères, que vous honorez les Héros de vos fables, c’est justement sur le contre-pied que les Saints ont honoré les leurs. […] » C’est à cet ennemi, mes Pères, que vous faites succomber le Symbole clair et expressif de la vigilance de votre Héros. Ainsi on court grand risque de ne jamais dire à sa louange ce que le même Père dit à l’honneur de S. […] C’est, mes Pères, que vous n’êtes pas d’humeur à n’estimer que les Vertus qui sont uniformes et persévérantes.
Laisserons-nous là les Pères et les Conciles pour suivre le sentiment des Modernes ? […] Les Pères assurent qu’on n’y peut pas assister, les Docteurs Scholastiques soutiennent le contraire. […] Mais les autres Pères ne sont pas si retenus que lui, et ne font point de difficulté de découvrir tout ce qu’ils en savent. […] » Jugez si le reste que dit ce Père peut être quelque chose de fort beau. […] Je vous ennuierais peut-être si je voulais vous rapporter tout ce qu’en disent les Pères.
Avertissement Les passages des Pères qu'on emploie dans cet ouvrage pour montrer que la Comédie est un divertissement défendu à ceux qui font profession de la Religion Chrétienne, sont de trois sortes. […] Il est certain qu'il n'y a rien dans toute la doctrine des mœurs que les Pères aient traité plus à fond, ni où ils se soient mieux précautionnés contre tous les faux raisonnements dont on se devait servir dans la suite des siècles pour justifier la Comédie, de sorte qu'ils n'ont laissé aucun moyen à ses défenseurs de donner à ce qu'ils en ont écrit, des interprétations à leur mode, ni aucun lieu de douter de leurs sentiments, à ceux qui cherchent la vérité dans la tradition de l'Eglise, dont ils sont les dépositaires. Personne ne nie que les désordres de la Comédie, contre lesquels les Pères ont employé leur zèle et leur éloquence, ne fussent des désordres véritables. […] Que la première était pleine d'idolâtrie, de superstition et d'impureté ; et que la dernière est exempte de tous ces vices, contre lesquels les Pères se sont principalement étendus. […] Je ferais un volume, et non pas un avertissement, si je voulais rapporter les sentiments de tous les Pères des autres siècles ; on les verra dans les traductions suivantes, et on les trouvera conformes à ceux des premiers siècles; ils désapprouvent tous la Comédie, par tous ces endroits qui se trouvent dans celles de ce temps d'une manière encore plus délicate, et par conséquent plus dangereuse que dans les Comédies anciennes.
Là c’est le père ici la mère qui force. […] Le père n’a rien fait pour gêner sa fille. […] il m’en faut un, que n’ai-je un père, helas ! […] Le père qui veut le mariage, est-il blamable ? […] Qu’a fait ce père que le plus sage ne fasse ?
Enfin, mes Pères, si on voulait approfondir les choses, peut-être trouverait-on que celui que vous avez reçu d’une manière si Païenne comme Archevêque d’Aix, n’est encore à présent qu’Evêque de Lavaur. […] Votre Ballet allégorique, Mes Pères, ne nous faisant voir que de l’empressement de son côté, si on s’en tient là, n’a-t-on pas sujet de croire qu’il n’a été poussé à faire ce changement d’un petit Evêché à un Archevêché considérable, que par un esprit d’avarice et d’ambition. « Apparet eos, dit le Concile de Sardique, avaritiæ ardore inflammari et ambitioni servire, et ut dominationem agant. […] Or votre Ballet, mes Pères, ne nous dit point que cette autorité soit intervenue en aucune manière : Et en effet on sait bien qu’elle n’y est point intervenue. […] Et quand ils le pourraient, mes Pères, ce ne serait qu’en lui conférant le titre de Grand Vicaire, et non celui de Monseigneur l’Archevêque d’Aix que vous donnez à votre Héros au frontispice de votre Ballet. Je n’ai pas besoin, mes Pères, d’examiner la 3. condition d’une légitime translation, qui est qu’elle ne se fasse que par obéissance, et l’Evêque y étant comme forcé, maxima exhortatione , dit le Canon Apostolique.
Les pères et mères perdent leurs enfants en les conduisant ou en leur permettant d’aller aux spectacles. […] Depuis dix ans jusqu’à quinze, l’éducation faiblit et les enfants commencent à être gâtés par leurs pères et mères. […] « Ces principes de corruption reçoivent une nouvelle force des spectacles publics où les pères et mères ont l’imprudence de les conduire. […] Néanmoins ils sont ensuite au désespoir, quand leurs enfants donnent dans des désordres préjudiciables à leur fortuneaq . » Quel jugement terrible n’ont pas à craindre les pères et mères qui, par leurs exemples, ont inspiré à leurs enfants le goût et l’amour du théâtre ? […] « Pères faibles, mères imprudentes, gouverneurs indignes de l’être, en conduisant aux spectacles vos enfants ou vos élèves, vous leur présentez vous-mêmes la coupe empoisonnée du plaisir et de la volupté.
Saint Thomas pour adoucir ce passage si contraire à l’eutrapélie d’Aristote, dit que ce père a voulu exclure la plaisanterie, non point de la conversation, mais seulement « de la doctrine sacrée, a doctrina sacra »a. a. q. 168. art. 2. ad. […] : par où il entend toujours ou l’écriture ou la prédication ou la théologie ; comme si ce n’était qu’en de tels sujets que la plaisanterie fût défendue ; mais on a pu voir que ce n’est pas cette question que Saint Ambroise propose, et on sait d’ailleurs, que par des raisons qui ne blessent pas le profond savoir de Saint Thomas, il ne faut pas toujours attendre de lui une si exacte interprétation des passages des saints pères, surtout quand il entreprend de les accorder avec Aristote, dont il est sans doute qu’ils ne prenaient pas les idées. […] Mais les paroles de ce père sont générales : ses preuves portent également contre tous les chrétiens dont il explique par tout son livre les devoirs communs. […] Si on trouve ces discours des saints pères excessifs et trop rigoureux, Saint Jérôme y apporte un tempérament sur l’épître aux EphésiensLib. 3. in Epist. ad. […] Encore que les saints pères n’approuvassent point qu’on fît rire, ils recevaient pourtant dans le discours la douceur, les agréments, les grâces Amb.
Dans le corps de votre Ballet, mes Pères, vous promettez qu’« Apollon le Dieu des savants paraîtra sur la scène pour représenter la profonde science de votre Héros ». […] Or on ne voit pas, mes Pères, comment peuvent revenir à cela, ni des vers chantés à sa louange, ni des Muses qui y répondent en musique, ni Apollon dansant au milieu d’elles . […] Paul à être fortement attaché à la parole de vérité, c’est-à-dire, à l’Ecriture et à la Tradition qui comprennent toute la doctrine de l’Eglise, telle qu’on la lui a enseignée, non dans l’école de vos Casuistes et de vos Auteurs profanes, mais en méditant l’Ecriture sainte aux pieds de Jésus Christ en s’appliquant à la lecture des Conciles et des Pères, afin qu’il soit capable d’exhorter selon la saine Doctrine, et de convaincre ceux qui s’y opposent ; afin qu’il soit véritablement une lumière du Monde, un Dépositaire et un Juge de la doctrine de l’Eglise et un parfait observateur de ses Canons. Comme Apollon, mes Pères, n’est pas le Dieu de ces sortes de savants, il n’en pouvait être le Symbole.
Réflexion sur ce que l’Auteur avoue que tous les Pères et les Conciles se sont soulevés contre les spectacles. […] Les pères maltraités par l’Auteur, parce qu’il ne les pas lus dans leur source. […] , sans doute comme à un des principaux canaux par où la doctrine des Pères vient jusqu’à lui. […] » et assurer qu’il n’a suivi que la doctrine et le sentiment des Pères. […] On marque ce qui est précisément de l’Auteur et non des Pères.
Ecoutez ce que dit saint Jean : « Je vous écris, pères… Je vous écris, enfants… Je vous écris, jeunes gens… N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde… Car tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie, ce qui ne vient point du Père, mais du monde. » « Omne quod est in mundo, concupiscentia carnis est, et concupiscentia oculorum, et superbia vitæ, quæ non est ex Patre, sed ex mundo est. » 1. […] Nous pourrions ajouter à son autorité celles de saint Basile, de saint Chrysostome, de saint Augustin, et de plusieurs autres Pères. […] Ne dit-on pas que les Pères ne condamnaient les spectacles, qu'à cause de l'idolâtrie qui y régnait ? […] L'idolâtrie n'était pas le seul mal que les Pères condamnaient dans les spectacles. […] L'Esprit de l'Eglise dans ses Conciles n'est pas différent de celui des Pères, ou plutôt les Pères ont parlé comme l'Eglise ; qui a condamné les spectacles pour les mêmes raisons tant particulières que générales.
« Un fils, dit saint Augustin, doit obéir en tout à son père, excepté contre la Loi de Dieu, et quand dans cette circonstance un fils préfère Dieu à son père, le père n'a pas droit de se mettre en colere contre son fils. » « Il n'est permis de désobéir à ses parents que quand il s'agit d'obéir à Dieu », « In ea re sola filius non debet obedire patri suo, si aliquid pater ipsius jusserit contra Dominum Deum ipsius. […] De tous les Pères saint Jérôme est celui qui a parlé avec plus de force sur cette matière. […] Il l'exhorte à retourner dans la solitude, et lui représente les avantages de sa vie qu'il a quittée : « Souvenez-vous, lui dit-il, que par le Baptême vous êtes devenu soldat de Jésus-Christ ; dès lors vous avez fait serment de lui être fidèle, et de n'avoir égard ni à votre père, ni à votre mère quand il s'agirait de son service …… Quelques caresses que votre petit neveu vous fasse pour vous retenir ; quoique votre mère les cheveux épars, et les habits déchirés vous montre le sein qui vous a allaité, pour vous obliger de demeurer, quoique votre père se couche sur le seuil de la porte pour vous empêcher de sortir : foulez-le courageusement aux pieds, et sans verser une seule larme, allez promptement vous ranger sous l'étendard de la Croix. […] Rien au contraire n'est plus propre à l'inspirer que ses comédies, parce qu'on y tourne éternellement en ridicule les soins que les pères, et les mères prennent de s'opposer aux intrigues amoureuses de leurs enfants.