On espéroit de grands avantages de tous les traités qui ne servoient qu’à montrer la mauvaise foi. […] L’équilibre n’est qu’un mot qui ne doit pas en imposer ; l’Europe est une famille où il y a de trop mauvais enfans pour qu’il subsiste ; c’est en le bravant qu’on va au grand ; les Anglois le méprisent ; ils sont maîtres de la mer ; il n’y a plus d’équilibre sur l’Océan, personne n’ose s’y montrer sans leur permission. Un Prince ne doit jamais se montrer que du bon côté ? […] (Depuis qu’il a envahi la Prusse, il paroit avoir exercé le commerce, & il la montré, pour s’en rendre maître, la plus insigne mauvaise foi & l’avidité la plus injuste sur Dantzick, la Vistule, la Pologne, &c.)
« Peut-on imaginer un moyen plus honnête de ne point tromper autrui, du moins quant à la figure, et de se montrer avec les agréments et les défauts que l’on peut avoir, aux gens qui ont intérêt de nous bien connaître avant de s’obliger à nous aimer ? […] L’ordre le plus régulier y règne ; il n’est pas une place où la mère de famille ne puisse se montrer avec ses filles, sans craindre de dangereux exemples : l’œil du public pénètre partout, et des flots de lumière rendent facile et efficace la surveillance de tous sur chacun. […] Louis XIV, le beau, l’orgueilleux Louis XIV se montrait sur la scène aux regards de sa cour ; hé bien ! […] Cet Alceste d’une vertu si austère qui hait les hommes, « Les uns parce qu’ils sont méchants et malfaisants Et les autres pour être aux méchants complaisants, Et n’avoir pas pour eux, ces haines vigoureuses, Que doit donner le vice aux âmes vertueusesy. » Et ce Tartufe.… (ici, Molière n’a point osé montrer son héros sous son véritable manteau), mais ce Tartufe enfin, spéculant sur la femme et la fortune du dévot qu’il a séduit par un faux dehors de piété.
Dans la fable les lamies, comme les sirenes, les sphinx, les tritons, les centaures ont la figure humaine jusqu’à la ceinture, & même très-belles, beau visage, belle gorge, & ensuite c’est un vilain serpent qui a une tête à l’extrêmité de la queue ; ils cachent cette partie affreuse de leur corps dans les bois, les buissons, ne montrent que le visage & la gorge pour attirer les passans par l’appas du plaisir, se jetent sur eux, les serrent avec leurs bras & leurs mains crochues, & la queue de serpent, & les dévorent. […] Elle se montra avec une frinte tristesse, demi nue, les cheveux épars, se jetta à ses pieds, & par des paroles étudiées & touchantes, lui demanda justice contre son frere. […] Cléopatre n’en fus pas contente, elle détacha des rubans, qui tenoient cette mousseline ferme, & jetta son voile pour se montrer à nud : Solvit, & extenso laxaris flamina velo. […] Grand nombre d’interpretes attribuent tous à l’inspiration divine ; c’est une défaite générale & commode, comme les miracles dans la Physique, qui ne sert qu’à montrer l’impuissance de résoudre la difficulté, comme si Dieu pouvoit inspirer des péchés. […] 2.° Dans le détail des parures de Judith, il n’est fait aucune mention ni de nudité, ni de fard, deux grands ressorts, & les plus dangereux de la coquetterie, singuliérement sut le Théatre, où toutes les femmes se montrent fardées & demi-nues, & les Danseuses avec des habits si courts, que Riccoboni, Comédien Italien, mais judicieux, & même vertueux, ce qui n’est pas un petit prodige, en parle dans sa Réforme du Théatre, comme d’un très grand abus, & des plus essentiels à reformer.
Est-ce en faire usage, est-ce en montrer ? […] Le Chevalier de Segur, possesseur actuel du château, en fit voir les appartemens au Chanoine historien, & entr’autre il lui montra une grande salle oû Montagne tenoit ses livres : elle étoit belle, dit-on ; il n’en reste que des débris, des tablettes à demi-pourriets, & beaucoup d’inscriptions grecques & latines à demi-effacées sur les murailles & le plancher, qu’on ne manqua pas de recueillir avec soin, pour en enrichir le trésor de Gruter. De-là l’écrivain fut conduit dans un chambre abandonnée, où on lui montra un vieux coffre plein de vieux papiers livrés aux vers & à la poussiere depuis la mort de Montagne en 1592. […] On veut conclure de ses sentences que l’ orgueil lui paroissoit ridicule , (cela-peut être,) & la science futile , (cela est très-certain, puisqu’il doutoit de tout ;) mais on veut excuser sa vanité, tandis que toutes les pages de ses essais montrent un homme plein de lui-même, occupé des moindres minuties qui le regardoit, parlant de lui-même à tout propos & se louant sans cesse. […] La profession des comédiens n’est qu’un égoisme perpétuel : monter sur un théatre, c’est parler de soi sous le masque, étaler ses graces, ses talens, son geste, sa danse, à la faveur d’un rôle : on est plus occupé de soi-même que du héros qu’on représente ; la Dubois, la Hus, &c. se montrent plus que Phedre, Angélique, Armide, &c.
Il dévança de long-tems la Comédie & la Tragédie ; il suivit de près la Pastorale ; ou pour mieux dire, il se montrait déjà avec un certain éclat, tandis que le genre des Aristophane & des Sophocle était encore faible & languissant. […] L’Abbé Perrin, dit-on, montra le prémier combien l’on était dans l’erreur. […] Ceux qui ont prétendu que ses Poèmes n’étaient susceptibles d’aucune règle, ont montré qu’ils ne le connaissaient guères. […] Il se montrera un grand Maître, si les danses sont amenées par le sujet même, ou lorsque l’action est prète à languir. […] Tout ce que je viens de dire doit montrer que le Théâtre lyrique est fondé sur des règles assez difficiles, contre la commune opinion : je prouve de plus que celui des Français est digne de plaire, non-seulement à ceux qui ne chérissent que la magnificence du Spectacle ; mais encore à l’homme de goût.
Dans ces vers pompeux, le Poéte s’est montré seul, on ne sait où retrouver le Héros.
Comme les Comédies et les Romans sont quasi la même chose, et qu’ils ne diffèrent presque que dans le style, je parlerai de la Comédie et des Romans ensemble, sur les choses qu’ils ont communes, sans rien répéter de ce qu’on a écrit dans ce siècle, pour montrer combien la Comédie est dangereuse à des Chrétiens.
Mais c’était assez pour moi, qui ne voulais que prémunir mes Lecteurs contre le danger de n’attacher d’importance et de prix qu’aux choses de pur agrément, et de flétrir souvent d’une sorte de mépris ce qui vraiment est le plus utile à la société ; c’était, dis-je, assez pour moi d’examiner l’influence de cet art si beau, si puissant de la parole dans l’état civil, afin de montrer le grand intérêt que nous avons tous au succès comme au rétablissement de l’éloquence de la Chaire et du Barreau.
L’académie de danse fut établie en 1661, par lettres patentes bien & duement enregistrées, le nombre des Académiciens est fixé à treize, ils ont le privilège exclusif de montrer à danser par eux-mêmes ou par leurs associés honoraires, droit de committimus & autres privilèges accordés aux Officiers commensaux de la Maison du Roi. […] D’abord les femmes rougissoient de donner leur personne en spectacle ; c’étoit un reste de pudeur, comme parmi nous elles sont embarrassées la premiere fois qu’elles s’y montrent, elles ne sont pas encore aguerries : Inter erit satyris paulum pudibunda proterris. […] La vanité & la volupté y sont également flattées, elles aiment la danse plus que les hommes, y réussissent communément mieux, y montrent plus de légèreté, de goût, de finesse, d’élégance, souvent même plus qu’il ne convient à une honnête femme, selon la remarque de Salluste : Saltat elegantiùs quam necesse est probæ.
de les aimer, de nous disputer leur cœur, & d’oser nous montrer de la générosité ! […] Les Nations qui ont cultivé le corps plus que l’esprit, ont donné la préférence aux Spectacles où la force du corps & la souplesse des membres se montraient. […] [Ce serait ici le lieu de montrer le ridicule d’un Ouvrage que je ne veux pas nommer.
» Il est inutile d'aller chercher des autorités dans les ouvrages de Tertullien sur le luxe et la parure des femmes, de habitu muliebri, de cultu fœminarum, de velandis virginibus, il faudrait transcrire ces traités en entier ; ils ne sont faits que pour montrer le danger infini pour les mœurs, qu'entraînent l'affectation des habits, l'indécence des parures, la mollesse des démarches, le feu des regards, la douceur de la voix, la liberté des discours, les flatteries, les caresses, etc. […] Les nudités des Actrices sont ici d'autant plus criminelles, que sans distinction d'âge, d'état et de sexe, elles se montrent à tout le public. […] Quoi tant de Princes que leurs apothéoses montraient dans le ciel, gémissant dans les enfers, un Jupiter lui-même et ses adorateurs, ces Magistrats, ces persécuteurs du nom de Dieu, consumés dans des flammes plus ardentes que celles qu'ils avaient allumées pour les Martyrs ; ces Sages, ces Philosophes qui enseignaient qu'il n'y a point d'âme, ou qu'elle n'est point immortelle, couverts de confusion et livrés aux mêmes feux avec leurs disciples ; les Poètes palpitant d'effroi, non au tribunal de Minos et de Rhadamanthe, mais à celui de Jésus-Christ !
Il semble, dirent-ils, que les Romains n'aient ni femme, ni enfants, et qu'ainsi ils aient été contraints de s'aller divertir hors de chez eux; voulant montrer par là qu'il n'y a point de plaisir plus doux à un homme sage et réglé, que celui qu'il reçoit de la société d'une honnête femme, et de celle de ses enfants. Mais je vous montrerai, me direz-vous, des personnes à qui ces Jeux n'ont fait aucun mal ?
Il n’y a rien de si conforme au naturel de l’homme que le plaisir, et encore qu’un chacun le nie, on est contraint à la fin de l’avouer, ainsi que ce Berger dans Esope, lequel n’osant dire au Lion l’endroit du bois où s’était cachée la Biche, lui montrait du doigt. […] Et s’il y en a comme quelques-uns tâchent à le montrer comment l’ose-t-on dire sans avoir peur de participer à cette infamie ?
C’est une hérésie antichrétienne des plus manifestes, de la part de l’ultramontanisme, de vouloir s’ingérer dans les gouvernements de ce bas monde ; d’affecter une espèce de suzeraineté terrestre au-dessus de tous les trônes de la terre ; d’avilir les couronnes et les placer au-dessous de la tiare ; d’entretenir dans tous les Etats une foule de prêtres et de moines qui si souvent dans les affaires temporelles se montrèrent désobéissants envers l’autorité séculière ; d’entretenir enfin auprès des cours l’espionnage jésuitique des enfants de Loyola, afin de tâcher, par des moyens de corruption et par toutes sortes d’intrigues criminelles, influencer et régenter les ministres d’Etat, dans les opérations politiques qui ne doivent dépendre que de la volonté du prince. […] La puissance séculière doit, lorsqu’il est nécessaire, montrer un bras armé pour maintenir sa propre autorité et faire respecter la religion, non seulement par le peuple, mais encore par les prêtres eux-mêmes, qui, si souvent, se sont livrés à des excès en tout genre et se sont fourvoyés tant de fois, dans un système de fanatisme anarchique et d’envahissement de pouvoir !
Il aura beau nous montrer dans ses faux raisonnemens, qu’il est capable d’embrasser un projet vaste, que son genie égale son audace, pourra-t-il jamais nous arracher un sentiment d’estime ? […] Plus Mahomet montrera, ainsi que Catilina, de grandes qualités, plus elles contrasteront avec ses crimes. […] Ce n’est point le gentilhomme qui est le personnage intéressant de la piece : Moliere ne s’attache pas à couvrir sa friponnerie du voile d’une apparente honnêté ; on voit que son unique dessein est de montrer à quel degré d’erreur & d’impertinence peut parvenir un bourgeois, qui s’expose sans lumieres à franchir les bornes de son état. […] Vous avez raison de détester la raillerie, & pour la premiere fois vous montrez votre goût conforme à vous-même. […] Ce parallele nous montrera de quel poids est, pour votre sentiment, la différence qu’on doit mettre entre la honte qui ne frappe que l’ouvrage, & celle qui s’attache à la personne.