C’est-à-dire que c’est un drame impie qui joue l’état religieux & les Ministres des Autels, les fait paroître sur la scène contre le respect qui leur est dû, contre les loix de la décence & les dispositions des ordonnances, & les y fait parler d’une maniere indigne d’eux. […] Erreur, la maniere de faire profession, l’âge où on peut la faire, la durée d’un noviciat, sont de discipline ; mais la sainteté de l’état monastique, la légitimité, la validité des engagemens contractés avec Dieu par la profession, sont des points de doctrine sur lesquels on ne peut avoir un avis, parce que l’Eglise a parlé. […] Cependant le même Curé qui a quitté si brusquement & si injurieusement, d’une maniere à ne plus paroître dans cette maison, revient demi heure après, sans être appelé, uniquement pour apporter une mauvaise nouvelle, dont personne ne l’a chargé, la mort du fils, comme pour se venger du père, en l’accablant de douleur. […] Et il gourmande le père, Conseiller au Parlement, d’une manière indécente : langage surprenant dans la bouche d’un Prêtre.
Tout ceci est d’après M. de la Harpe, Panégyriste entousiaste de Moliere & de Voltaire ; il étoit de la générosité des comédiens de donner gratis, ce spectacle singulier à l’honneur de leur maître ; cette noble troupe l’a fait quelquefois, à la paix, au mariage du Dauphin, & le grand Thomas, généreux, à sa maniere, arrachoit les dents gratis dans les grands événemens. […] Ce valet de la comédie recommande au président l’auteur qui va lire sa piéce, parce qu’il l’a servi autre fois, & qu’il en a reçu des instructions pour ses gages : se faire recommander par un valet, payer ses gages en leçons sur l’art dramatique, c’est sans doute une peinture vraie de la maniere dont les poëtes payent leurs dettes, & dont les comédiens rendent la justice distributive sur leur tribunaux ; mais ces traits sous lesquels le sieur Abbé Schrone se peint lui même, lui sont-ils bien honorables ? […] Un voyage nouveau auCap de bonne Esperance, écrit d’une maniere intéressante, en parlant des Hollandois qui sont établis à ce fameux Cap, dit, le peuple content du bonheur domestique que donne la vertu, ne l’a pas encore mis dans les romans, & le théatre.
C’est se respecter peu soi-même de faire parler d’une maniere si ridicule un Saint aussi éclairé, aussi désintéressé que S. […] Tous les Rois du monde l’ont cru & se font sacrer à leur maniere depuis que Dieu fit sacrer Saül, David, Salomon & tous les Rois des Juifs. […] Mais peut-on oublier les premieres loix de la bienséance, jusqu’à parler des Souverains, même ennemis, & à ridiculiser l’Eglise d’une maniere aussi insensée que le fait l’Auteur ?
Les Académies donnent pour sujet du prix bien plus grand que celui de l’éloquence la meilleure maniere de construire un Théatre. […] Il a le talent de peindre en détail, mais jamais en grand ; il prend le ton, les allures, la maniere de ses personnages, mais il ne sait point créer les combinaisons, en faire des nœuds & les délier. […] Il en est de la littérature comme de l’écriture & de la voix ; de quelque maniere qu’on écrive ou qu’on parle, on distingue la voix ou la main.
Quoiqu’elle soit véritable, & que le Poëte n’y ajoute aucune circonstance considérable, il est créateur de son Sujet, par la maniere dont il a disposé les choses. […] Ces deux Piéces n’ont cependant aucune ressemblance entre elles, non seulement parce qu’il est bien différent de vouloir remettre sur le Trône un Prince en âge d’agir par lui-même, ou un Enfant de huit ans : mais parce que Corneille a conduit son Action d’une maniere si singuliere & si compliquée, que ceux qui l’ont lue plusieurs fois, & même l’ont vue représenter, ont encore de la peine à l’entendre, & qu’on se lasse à la fin, D’un divertissement qui fait une fatigue. […] Ils y sont à la vérité, ordinairement traités d’une maniere fort peu vraisemblable, & d’ailleurs le Poëte, dans des Scenes faites pour être chantées, ne peut donner aux Passions toute l’étendue dont elles ont quelquefois besoin.
Charlemaigne, que ceste maniere de masquer est deriuee du Paganisme & insensiblement escoulee aux esprits des Chrestiens qui les a en fin renduz insensez (face Dieu que non insensibles & endurcis en leur mal sans espoir de guarison.) […] : les Idiotz , ainsi que remarque Alcuin precepteur de Charlemaigne, reuerants Ianus comme Dieu ont consacré son iour à plusieurs vilainies, quelques vns d’entr’eux se transformoient en monstres & transfiguroient en formes de bestes sauuages & d’animaux, les autres s’abilloient en femmes, & en ceste maniere saultoient & vagabondoient parmy les rues , à la suitte de ceste remarque il adiouste, parlant de son temps, mais d’autant que par la grace de Dieu les fidelles n’en tiennent compte iaçoit que quelques ressemblances restent encores parmy les rustiques & mal instruicts, lesquelles toutesfois il faut de tout nostre poßible prohiber & oster Alcuin. ibid. […] Ceste maniere de parler de ceruolo facere n’est estrange, & S.
» Vers la fin de cette Pièce, on badine sur les apparitions miraculeuses ; et pour s’en moquer d’une manière plus sensible, on fait tout à coup apparaître un Diable sur le Théâtre. […] Le moindre changement au dehors suffira pour renverser notre manière actuelle de concevoir, et nous jeter dans un nouvel ordre de pensées et de désirs. […] On ne fait au reste ce changement de décoration que pour faire Rasor plus impie ; et son style ne devient conforme à son habillement que pour jouer la Religion d’une manière plus raffinée.
Il la donne pour une sainte, mais d’une sainteté mêlangée à sa maniere. […] On peut voir ses mémoires écrits d’une maniere très-sensée avec beaucoup d’énergie & de précision, de force & de raison, débarrassés de toutes les puérilités de la galanterie.
La politesse Française, en épurant les manières et le langage, a rendu aussi la scène plus polie et plus délicate ; on n’y voit plus la férocité Anglaise, la grossièreté Gauloise, les bouffonneries des Trivelins, les platitudes des halles ; tout cela est banni de la société des honnêtes gens, quoique l’opéra comique, les théâtres de la foire, les spectacles des boulevards, les farces, les théâtres de province, soient encore fort éloignés d’accéder à la réforme. […] Il décrit au long les différentes espèces de spectacles, qu’il condamne d’une manière très pathétique ; il les compare aux enfers, et leur applique ces paroles de l’Enéide (L.
C’est d’après ces documents certains, dont le principal est le fait incontestable que l’irréligion et l’immoralité ont commencé à croître et s’étendre plus sensiblement chez nous, comme chez les autres, à dater de l’époque des plus fortes des leçons satiriques données en leur faveur, sous la forme dramatique ; c’est d’après ces documents, dis-je, qui, abstraction faite de tout ce qui a été dit pour et contre sur cette question, m’ont mis à portée de comparer les temps, d’apprécier moi-même les causes qui ont agi sur les mœurs aux différentes époques, par le rapprochement des effets, que j’ose avancer et entreprendre de prouver à mon tour et à ma manière, sans prétendre le faire mieux que mes prédécesseurs, mais, pour appuyer leur jugement, que l’amalgame ou le concours irrégulier de la joyeuse et attirante instruction théâtrale avec le sérieux, l’austère et premier mode d’instruction et de réformation, a été funeste à celui-ci ; qu’il l’a d’abord fait négliger et ensuite étouffé ou paralysé presque entièrement en le suppléant fort mal, en le remplaçant comme un étourdi spirituel et malin remplacerait un patriarche grave et prudent.
Ce Sujet n’a jamais été parfaitement traité que par Sophocle : cependant de quelque maniere qu’il ait été traité, il a ému ; par conséquent il a plu : & dans toutes les Nations qui ont élévé des Théâtres.
Voici à peu près la manière dont les gens du monde justifient ces sortes de plaisirs : ce sont des choses, disent-ils, qui sont purement indifférentes d’elles-mêmes, et qui ne sont péchées que par le mauvais usage qu’on en fait.
Pie V. à quelle condition il souffrit les Courtisanes, 277 Plaute, caractère de ses Pièces, 91. ce qu’il dit sur les Comédies honnêtes, 92 Pline le Jeune, tolère les Comédiens qu’on faisait venir dans les maisons particulières, 208 Pomponius Secundus Poète, son caractère, 86 Prédicateur, manière dont s’y prit un Prédicateur pour décrier les mouches, 281 Processions Comiques défendues, 214 Protestants, leurs Règlements sur le Théâtre, 255. 308 Provence, les Jeux y subsistent jusqu’au sixième siècle, 126.
Il ne faut donc qu’un peu de vrai Christianisme ; il ne faut qu’un peu de zèle pour son salut et pour celui des autres, afin de bannir ces ennemis de la vertu et de l’honnêteté : que Messieurs les Magistrats se donnent la peine d’entendre le Saint Esprit, qui leur parle et qui leur crie, « apprenez Juges, ouvrez, les oreilles, vous qui tenez sous votre autorité, les multitudes, et qui vous plaisez dans les pouvoirs que vous avez sur les Troupes, apprenez deux choses, la premières que toute votre puissance vient de Dieu, la seconde que ce même Dieu vous demandera compte de toutes vos œuvres, et fondera jusqu’à la moindre de vos pensées, par la raison que vous ayant établi les Ministres de son Royaume, vous n’avez point observé la Loi de la Justice ni marché selon sa volonté : ce qui fait qu’en peu de temps il vous apparaîtra d’une manière terrible, et vous fera demeurer d’accord que le jugement contre ceux qui président aux autres, sera effroyable » : Que répondra donc à Dieu le Juge qui aura contribué à la perte des âmes, par la permission injuste qu’il aura donnée à ces persécuteurs de la vertu ?
Il n’y a que Dieu dont on puisse dire, se suo intuitu beat ; encore, selon notre faible manière de concevoir, a-t-il pris plaisir à se répandre. […] « Ce sexe hors d’état de prendre notre manière de vivre trop pénible pour lui, nous force de prendre la sienne trop molle pour nous. […] Leur manière de se vêtir n’échappe point à sa censure. […] Si faut-il bien cependant qu’elle soit vêtue de quelque manière, et à vrai dire, il n’en est point que l’habitude ne rende décente. […] Rousseau me présente, je ferais un livre plus long que le sien, mais infiniment moins curieux, moins éloquent, moins intéressant de toutes manières.