/ 479
349. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

Diderot tombe dans le défaut qu’il a sujet de reprocher aux Auteurs dramatiques, on doit en conclure que ce défaut est difficile à éviter, & qu’on à lieu de craindre de le laisser glisser dans ses Ouvrages, si l’on ne se tient soigneusement sur ses gardes.

350. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Quand je recommande qu’on ait soin de faire paraître le Dialogue vraisemblable, je veux dire, qu’il soit naturel que les Acteurs s’entretiennent dans le lieu & dans l’instant où vous les faites parler.

351. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Vous avez le Prince des Orateurs Cicéron, qui soutient et avec raison, que d’appeler un homme danseur, c’est lui faire une injure fort atroce, parce que, dit-il, ce vice ne va jamais qu’il ne soit accompagné de plusieurs autres ; car personne d’ordinaire ne danse étant sobre, si ce n’est qu’il soit fol, ni en solitude, ni dans un festin modéré et honnête : la danse suit volontiers les banquets déréglés, les lieux plaisants et les autres délices.

352. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner que l’église ait improuvé en général tout ce genre de plaisirs : car encore qu’elle restreigne ordinairement les punitions canoniques qu’elle emploie pour les réprimer, à certaines personnes, comme aux clercs ; à certains lieux, comme aux églises ; à certains jours, comme aux fêtes ; à cause que communément, ainsi que nous l’avons remarqué, par sa bonté et par sa prudence, elle épargne la multitude dans les censures publiques : néanmoins parmi ces défenses, elle jette toujours des traits piquants contre ces sortes de spectacles, pour en détourner tous les fidèles.

353. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Quel lieu plus propre à oublier voluptueusement et aussi parfaitement les biens et les maux de l’autre vie, et l’Auteur de notre être, que dans cette société d’Epicuriens choisis et délicats ?

354. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Les grenadiers du régiment de Picardie, qui sont en quartier dans la ville, ont la garde des lieux publics, se sont rendus chez le Maire & ont offert de faire gratuitement le service. […] Dans son origine, ce mot signifie en général le lieu où se passe un évenement ; ainsi on dit, la scène est à Constantinople, à Rome, à Madrid. Quand le lieu change par une nouvelle décoration, on dit, la scène change. […] On a prétendu que le sel fables de Lafontaine consiste en ce que, par un des air simple, naïf, presque niais, il semble être persuadé de ce qu’il dit, croire bonnement que les bêtes parlent, & ne raconter que ce qu’il a vu, comme une vieille nourrice croit de bonne foi les histoires qu’elle raconte des sorciers & des revenans, qui ne sont pas plus ridicules que les conversations des animaux : au lieu que Lamothe & d’autres fabulistes, par des fables plus ingénieuses, plus naïves, plus morales que celles de Lafontaine, par un air apprêté & un ton railleur, décréditent leur récit, & semblent se moquer de l’auditeur.

355. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Au lieu que dans la Peinture, la Musique & la Poësie tout s’y offre au contraire sous des traits étrangers. […] Enfin la différence qu’il y a entre l’Acteur & l’Auteur est sensible : c’est que celui-ci quelqu’affecté qu’on le suppose, ne fait toujours que tracer la vérité ; au lieu que l’autre est obligé de la rendre : c’est à-dire, que le premier n’est qu’une ombre en quelque sorte ; au lieu que le second est la réalité même. […] Les choses importantes ont cela de particulier, qu’en attirant nos soins elles sçavent les mériter : on le sent d’avance par l’espéce de feu & d’intérêt avec lequel on s’y attache ; au lieu qu’en fait de riens, de bagatelles, fussent-elles même d’un agrément sensible, on n’en a pas plûtôt ris, qu’on les oublie : eh pourquoi ?

356. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

Rien n’indiquait ces deux arts sublimes ; au lieu que la musique devait se présenter tout de suite, puisque du bruit & des infléxions de voix sont ce qui la compose. […] On ne saurait marquer dans quel lieu commença la musique. […] Il est plus de gens capables de goûter les talens d’unvirtuose en musique, que ceux d’un éxcellent Poète : pour entendre l’un, il ne faut que des oreilles ; au lieu que le genre de l’autre veut parler à l’esprit.

357. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Voici ce que ce savant évêque a écrit il y a près d’un siècle : « Si un pénitent, qui a fréquenté les spectacles, n’avait pas été auparavant instruit de l’iniquité de ces représentations, le confesseur peut, après lui avoir fait comprendre ce qui en est, lui donner l’absolution, si d’ailleurs il n’y a pas d’autre empêchement, s’il promet sincèrement de s’abstenir de ces sortes de divertissements, et si, par la contrition et les dispositions qu’il témoigne, il y a lieu d’espérer qu’effectivement il s’en abstiendra. […] La société peut subir certaines mutations dans sa constitution, et les goûts et les passions des hommes peuvent suivre ces phases sociales et revêtir des formes nouvelles : mais la doctrine ou les saintes maximes de l’Église ne varient pas ; leur application seule peut varier et se modifier suivant les circonstances des mœurs, des temps et des lieux.

358. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Trajan en supprimait autant qu’il pouvait ; Alexandre retrancha les libéralités des Empereurs aux Comédiens ; Marc-Aurèle n’écoutait pas même quand il y était, il y lisait ses lettres, et écrivait ses dépêches : ils regardaient les spectacles, comme les académies de jeux, des lieux de prostitution, qu’on est quelquefois obligé de tolérer, malgré leur infamie et leur désordre. […] ce n’est pas la place des Caton (c’est celle de Vénus) : « Ad circum nesciunt convenire Catones. » Toutes les folies que le peuple y fait, ne peuvent passer pour des injures, la licence du lieu excuse les excès : « Injuria non putatur, locus defendit excessum. » Liv.

359. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

En troisième lieu, dans le temps que j’étais à ce divertissement, plusieurs âmes souffraient les agonies de la mort.

360. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Ceux-ci mêlèrent au chant et aux danses les récits d’actions héroïques, tirés de l’Histoire ou de la Fable : tout cela se fit d’abord sans beaucoup d’appareil et sans qu’aucun lieu y fut singulièrement destiné.

361. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE V.  » pp. 415-435

Si je ne craignais point de faire trop de confusion à ces Bourgeoises, à ces Demoiselles et Dames qui ont tant d’inclination pour les spectacles, lesquelles plaignent bien moins vingt ou trente sols pour les Farceurs, qu’elles ne font un double qu’elles donnent assez rarement à un pauvre ; je leur ferais encore entendre saint Cyprien, lequel parlant des exercices des bateleurs, les nomme « un lieu infâme, publici pudoris lupanarium  », où l’on perd la pudeur et la pudicité, « l’école et la maîtresse de toute impudicité » : Saint Augustin sur les Psaumes, parlant des spectacles, les appelle « les greniers de l’impudicité ».

362. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Hé quel Spectateur ne croiroit, que par un enchantement subit les siécles, retrogradent, les intervalles des lieux se resserent ; & que par ce double charme il est transporté dans les climats & les temps où l’action representée sur la Scéne, s’est réellement jouée sur le Théatre du monde ; que dis-je ? […] L’Histoire est astreinte au temps, au lieu, à l’ordre des évenemens, pour les y attacher. […] Issu originairement de la Grece, il ne retient que peu de chose du lieu de son origine. […] Vous montez sur la Scéne comme sur un lieu élevé où vos talens peuvent se donner en spectacle, & d’où vôtre réputation peut voler d’un aile legere dans toutes les parties du monde sçavant & poli. […] Ces Poëtes conviendront, à la vérité, qu’ils ne sont pas des Censeurs fort rigides, mais ils nous diront qu’après tout, ce n’est pas à eux de réformer le monde : qu’il leur suffit de mettre tout leur soin à suivre les traces des Inventeurs de l’Opera, c’est-à-dire, à faire un Spectacle agréable de tout point : que leur Thêatre est un jardin public, où il n’est pas question d’arbres fruitiers ; mais d’allées riantes, de parterres semés de diverses fleurs, de jets d’eau variés en cent manieres, de bosquets qui rétentissent du chant des oiseaux, de statuës qui ayent de l’ame & de la vie ; de tout enfin ce qui peut contribuer à l’élégance du lieu & à l’agrément de la vûë.

363. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

ON fit annoncer il y a trois ans, dans tous les papiers publics, que plusieurs gens de lettres s’étoient cottisés par la voie de la souscription, pour faire placer la statue du grand Voltaire dans la salle de la comédie, comme on place les statues des Rois dans les hôtels-de-ville, ou autres lieux plublics, au milieu des hustes & des portraits de Corneille, de Racine, de Moliere, comme le soleil au milieu des étoiles ; car tous ces héros de la scéne n’ont point de statues, quoiqu’ils ayent bien merité de l’éclat, & que leurs poëmes n’ayent point été inutiles à Voltaire ; ni les gens de lettres, ni personne, n’ont songé à leur ériger des statues. […] M. de Belloy vient de recevoir des honneurs fort approchans, un prix dramatique au théatre, de la part du Roi, la qualité de Bourgeois de Calais, une boîte d’or de la part des Echevins, un grand tableau, qui vaut bien une statue, placé dans l’hôtel de ville, lieu plus décent & plus honorable que les foyers de la comédie.

/ 479