Hélas, nullement, on peut au contraire leur appliquer avec justice ce que J.C. dit aux Juifs. […] Jésus-Christ ayant acquis avec justice sur tous les Chrétiens le droit d’être le principe et la fin de toutes leurs actions, en qualité de leur Créateur et de leur Rédempteur ; est-il jamais venu en l’esprit à un Comédien en montant sur le théâtre, de dire : C’est pour plaire à Dieu que je vais faire cette action. […] Les Lois civiles bannissent en quelque façon les Comédiens de la société humaine, en les jugeant indignes de toute créance en Justice, et de toutes sortes d’emplois, qui ont besoin de quelque probité, de quelque honneur, et de quelque conscience.
On vomit des imprécations contre l’exécuteur et l’on a plus d’un exemple que, sans autre intérêt, des étourdis, quoique bien instruits des crimes du patient, ont eu la témérité de détourner de dessus sa tête le glaive de la Justice : d’où vient ce sentiment ? […] « Vous n’avez jamais vu qu’une fois l’Auteur d’Atrée et de Catilina, et ce fut pour en recevoir un service : vous estimez son génie et vous respectez sa vieillesse ; mais quelque honneur que vous portiez à sa personne, vous ne devez que justice à ses pièces ; et vous ne savez point acquitter vos dettes au dépens du bien public et de la vérité. »cc Ne dirait-on pas que vous êtes un de nos Académiciens et que par conséquent, juge éclairé de la Littérature Française, vous ayez été forcé par état de prononcer contre les écrits de votre bienfaiteur, et que les ordres de la Cour vous aient mis dans le cas d’opter entre le ménagement que vous lui deviez et l’accomplissement de vos devoirs ? […] J’estime son génie et respecte sa vieillesse ; mais, quelque honneur que je porte à sa personne, je ne dois que justice à ses Pièces, et je ne sais point acquitter mes dettes aux dépens du bien public et de la vérité. » cd.
On peut croire après cela que ce grave Magistrat était bien éloigné de les fréquenter et d’y souffrir les arbitres de la justice : « Scenica arti spectacula ut irritamenta vitiorum, et ad corrumpendos animos potentissime valentia, caute et studiose vitanda. » (pag. 364.) […] Cicéron ne conteste pas la justice de ce reproche en général ; il se retranche sur le mérite personnel de Roscius, qui bien loin d’être infecté des vices de son état, était par une espèce de prodige plus honnête homme qu’habile acteur :« Audaciter dico plus fidei quam artis, plus veritatis quam disciplinæ possidet, quem populus Romanus meliorem virum quam Histrionem arbitratur. » Une pareille exception fait-elle l’éloge de la profession et de ceux qui l’exercent ? […] Il se retranche sur la tolérance de l’autorité publique, pour faire voir qu’en justice on ne peut regarder la convention comme illicite, et qu’en conséquence le Juge doit accorder un dédommagement.
j’espere pourtant d’en faire mes meilleurs amis, soit par la justice de ma cause, soit par l’équité de leurs jugemens. […] Voilà M. ce qui a foüillé le theatre de mille crimes, ce qui a rendu la comedie coupable de mille dereglemens, ce qui a corrompu les bonnes mœurs des peuples, ce qui a armé de zele de tous les Peres de l’Eglise contre ces spectacles publiques, & ce qui a attiré toute la severité des loix divines & humaines, contre ces sortes de plaisirs enchantés : mais avant que de prononcer un arrest de condamnation contre eux, l’ordre de la justice demande que nous informions du fait à charge & à décharge, & que nous examinions au poids du sanctuaire, si les plaintes qu’on fait contre la comedie sont legitimes, & si les crimes dont on l’accuse sont veritables. […] Car n’est-il pas veritable que comme ces belles statuës qui nous restent des debris de l’antiquité, sont appellées avec justice des ouvrages de Phidias & de Praxitele, lors qu’on sçait que ce sont ces fameux Sculpteurs qui en sont les autheurs, qui les ont taillées eux-mêmes, & qui en ont fait les chef-d’œuvres de leur art. […] Or il est certain, selon toutes les loix de la bonne justice, qu’il ne vous est plus permis de participer par la veüe ny par l’oüye à toutes les choses ausquelles vous avez renoncez de cœur & d’affection. […] Oüy, je me suis trompé, les vertus ne se trouvent point à la comedie, on les fait toutes mourir dans le cœur, on les sacrifie toutes à son plaisir, prudence, force, justice, pudeur, innocence, vous ne vous rencontrez point à ces spectacles, ny à ces divertissemens ; la prudence ne vous y accompagne pas puisque vous choisissez le plus mauvais party : vôtre force vous a abandonné, puisque vous n’avez pû resister à l’amorce d’un dangereux plaisir ; vous y étes sans justice, puisque vous n’avez pas rendu ny à Dieu l’honneur qui luy appartient, ny à vôtre salut, le soin que vous loy devez ; vôtre pudeur est perduë, puisque vous paroissez sans rougir dans un lieu qui est appellé, veneris sacrariumTertull. l. de spect. c. 10.
La société veut qu’à l’âge de raison tous ses membres jouissent de leurs droits en toute plénitude, ou ne soient soumis qu’à l’empire des lois générales et positives qui la régissent ; c’est pourquoi, se défiant de la perfection de celles de la nature, voulant prévenir ses injustices ou ses erreurs, et l’amour, la tendresse paternelle, les affections intimes et cordiales d’un père pour son enfant ; les gages qu’il lui en a donnés depuis son berceau, ne paraissant pas encore à sa sollicitude des garanties suffisantes, l’enfant étant parvenu à cet âge, elle l’affranchit du pouvoir paternel, pour le mettre à l’abri de ses abus ; elle lui assure soigneusement ce que son père lui doit ; et ici, par une inconséquence trop peu sentie, elle l’abandonne et le laisse à la merci du pouvoir et des passions d’un inconnu, ou d’un étranger de fait plus puissant sur lui que son père même, avec lequel il n’a que de froids rapports, et dont rien ne lui garantit la bienveillance, ni même la justice.. !
Nous voyons encore Charlemagne, à l’instar des empereurs romains ses prédécesseurs, rendre une ordonnance, en l’année 789, qui rangeait au nombre des personnes infâmes cette espèce de comédiens histrions auxquels il n’était pas permis de tester, ni de former des accusations en justice.
Ces jetonniers, ayant su à force de fureter que le Père Caffaro s’était vanté à ses amis d’avoir eu part à la critique et que le tiers était de lui, accoururent à l’archevêché y demander justice avec un empressement qui fit rire M. l’archevêque.
Quand il n’y aurait que les enfants les plus faibles de cette divine Mère, qui s’en mal édifieraient, les autres qui sont plus forts, suivant la règle de la Charité, ne seraient-ils pas très étroitement obligés et sous peine de péché, de s’en abstenir, leur devant cette condescendance avec plus de justice, que celui dont parle S. […] Pour nous, jouissons de la vraie liberté des enfants de Dieu, élevant notre esprit à la contemplation de ce que notre Seigneur a opéré sur la terre pour notre salut, de la majesté foudroyante avec laquelle il paraîtra à la fin des siècles, pour juger nos justices et nos péchés, et pour rendre à un chacun selon ses œuvres : et des récompenses éternelles qu’il a préparées dans le ciel à ceux qui auront consommé leur course, combattu le bon combat, et conservé jusques à la mort la fidélité qu’ils doivent à leur souverain Maître.
Mais, ma Sœur, pour vous faire voir encore plus clairement combien est imaginaire la différence que l’on prétend mettre entre les comédies de ce temps-ci, et les spectacles des Anciens ; et que ce n’est ni le scrupule ni le caprice, mais un véritable zèle, qui les fait blâmer à ceux qui les blâment ; il faut remarquer que les Pères de l’Eglise n’ont presque rien dit contre l’attachement que l’on avait de leur temps aux spectacles, qui ne se puisse appliquer avec beaucoup de justice aux comédies de notre temps. […] Tertullien ne dit donc rien contre les spectacles des anciens, qui ne se puisse appliquer avec justice aux comédies de notre temps.
« Un homme sans passions ne saurait intéresser personne au théâtre, et l’on a déjà remarqué qu’un Stoïcien dans la Tragédie ferait un personnage insupportable dans la Comédie, et ferait rire tout au plus. »j On a très mal remarqué ; Glaucias dans Pyrrhus, Brutus, Alphonse dans Inès, Cicéron dans le Triumvirat, Zopire dans Mahomet k, et tant d’autres à citer sont des Stoïciens ou jamais il n’en fut, et l’histoire nous trompe ; dans les Comédies tous nos Aristes, un Théodon dans Mélanide, le Héros de La Gouvernante l, ces gens-là ressemblent assurément au portrait qu’on nous fait des Stoïciens toujours amis de l’humanité et préférant l’intérêt de la vérité, de la raison, de la justice et de l’amitié, à leur intérêt propre. […] Ce n’est peut-être qu’aux scènes ingénieuses si souvent décochées contre les Procureurs qu’on doit l’attention que nos intègres Magistrats font maintenant à leur conduite, on n’a pas sûrement attendu qu’ils fussent devenus honnêtes gens pour jouer leurs manœuvres en plein Théâtre ; si l’on n’a pas corrigé les Financiers de leur voracité, les Procureurs et les autres Commis subalternes de la Justice de leur friponneries, au moins par les avis qu’on a donnés au Public, aux Magistrats et aux Ministres, a-t-on suggéré à ceux-ci l’attention nécessaire pour y mettre ordre ; c’est ainsi qu’on a trouvé les Administrateurs du remède. […] Si cet homme pouvait justifier son Stoïcisme par des motifs aussi louables que ceux que j’exige, et si la pièce était assez bien faite pour prouver à tout le monde que, puisqu’on a les voies de la Justice pour se venger de l’injure, c’est se rendre aussi criminel que l’offenseur que d’anticiper sur les droits du Gouvernement en se faisant soi-même justice, il y aurait plus d’oreilles que vous ne croyez disposées à saisir les vérités de cette pièce. […] Le Quiétisme Tolérant de la Pennsylvanie ne convient point du tout à la France : on applaudit cependant moins à la bravoure du Cid qu’à la justice du coup qui punit un insolent, vu que l’insulte est faite à un vieillard hors d’état de se venger lui-même.
Il fit venir chez lui les meilleurs musiciens de la capitale, et leur dit d’exécuter ce que tout le public regarde avec justice comme un chef-d’œuvre de la musique instrumentale.
par une Ordonnance de l’an 789. les mit au nombre des personnes infâmes, et auxquelles il n’était pas permis de former aucune accusation en Justice.
Ce grand exemple autorise la pompe des Rois, et les oblige à ne se montrer jamais en public qu’ils n’imitent la magnificence de Dieu : Mais au milieu de cette cérémonie, ils doivent se ressouvenir que les habits sont les peines du péché, que dans l'état d’innocence, l’homme n’était revêtu que de la Justice originelle, que cette robe précieuse était à l’épreuve de toutes les saisons, et que comme il n’avait point encore offensé Dieu, il ne craignait point aussi la honte ni la douleur dans sa nudité, Cette pensée retiendra les Princes dans la modestie au milieu de leur Triomphe, et leur persuadera que les plus riches habits sont les reproches et les supplices de notre ancienne désobéissance.
luy sont confiées, afin qu’il les cultive dans tout le cours de sa vie, & qu’il leur fasse produire des fruits de justice & de sainteté. […] Le Ciel irrité par nos crimes, a livré toutes les nations à la fureur des combats, & elles exécutent les unes sur les autres l’arrêt de mort que la justice divine a prononcé contre elles. […] Le travail du corps ou de l’esprit estant la pénitence générale imposée à tout le genre humain, ny riches ny pauvres n’en sont dispensez : & les pécheurs sur tout n’ont droit de recevoir la nourriture, qu’aux conditions que la Justice divine veut bien la leur accorder, & la principale de ces conditions c’est le travail. […] Dieu ne veut pas, que le pécheur raconte ses justices, ny qu’il parle de son Testament sacré avec une bouche profane : Psal.
c’est dans le sanctuaire même de Thémis, que la Fourbe & l’Injustice rendent quelque-fois leurs arrêts flétrissans ; faut il pour cela renverser tous les Temples de la Justice ? […] Le jeune homme qui doit les conduire n’a point d’argent, il en demande, on lui en refuse, & toujours avec justice, puisqu’il n’a pas de besoin réel. […] Et qui peut douter que ces Tripots n’ayent la plus grande influence sur la dépravation d’une foule d’imprudens & d’étourdis, qui périssent d’une manière tragique, ou ce qui est plus déplorable encore, finissent par être mis au rang des victimes, que le glaive de la Justice immole à la sûreté publique. […] Jamais la Justice ne fut si sévere ni si prompte à Paris. […] J’apprens dans l’instant, avec la plus vive satisfaction, qu’un Ministre aussi distingué par ses qualités personnelles, que par ses talens supérieurs, & une modestie que je craindrais de blesser en le nommant, s’occupe serieusement de cette réforme, & qu’il va faire rendre aux Auteurs toute la justice qu’il avaient lieu d’attendre de lui.