Tu n’as pas encore vu le monde ; ton âme pure & naïve chérit la solitude, ne connaît qu’une chaste tendresse & tes devoirs : cela devrait bien suffire pour le bonheur ; & cependant, avec ces avantages, on ne l’atteint pas toujours : les hommes, ces êtres inconséquens, voudraient qu’adroitement nous pussions allier les deux contraires ; le manége de la coquetterie, & la naïveté de l’innocence.
Ce sont les préjugés, l’inconséquence des hommes, & quelquefois les mœurs de ceux qui exercent cette profession estimable qui l’avilissent : mais si le Comédien est honnête, l’Actrice sage, réservée, ils sont des Citoyens utiles, ils peuvent atteindre à la véritable vertu ?
Mais il y a encore une autre raison plus grave et plus chrétienne, qui ne permet pas d’étaler la passion de l’amour, même par rapport au licite ; c’est, comme l’a remarqué, en traitant la question de la comédie, un habile homme de nos jourse ; c’est dis-je, que le mariage présuppose la concupiscence, qui selon les règles de la foi est un mal auquel il faut résister : contre lequel par conséquent il faut armer le chrétien.
Comme elles font valoir la force au détriment de la raison, le courage au détriment de la prudence, l’homme le plus fougueux, le plus impétueux et le plus violent y paraîtra aimable, et plaira davantage par sa fureur, par sa haine et par sa rage, que celui qui n’a que la vertu pour briller.
(La Marquise de Segur,) destinée au soutient des mœurs & à venger ce siecle du reproche qu’on lui fait de les corrompre, méritoit de paroître dans une Paroisse où des hommes pleins de sagesse & de zele donnent l’exemple & la leçon de toutes les vertus, qui illustre un Ordre aussi precieux à l’Eglise qu’à l’Etat, (les Bénédictins qui ont une maison à saint Ferjeux,) le suffrage éclaïré, impartial & libre de vos compatriotes, vous défère la couronne. […] Freron, dans son année littéraire, faisant l’histoire de la Rosiere de Salenci, ajoute, que ne feroit-on pas des hommes en attachant de la gloire & de l’honneur à la vertu, il ne manquoit plus à notre corruption que de jetter du ridicule sur la fête de la Rose, (comme l’ont fait Favard & Pesé,) & sur le plaisir pur qu’elle doit faire aux ames honnetes . […] L’Académie des Belles-Lettres de Montauban vient d’établir deux prix en faveur de l’Agriculture, le plus utile, le plus nécessaire, le premier des arts dont le Seigneur a fait une loi à l’homme dès le commencement du monde, même dans le Paradis terrestre, avant le péché originel, ut operaretur & custodiret illum .
Il est même à remarquer, et c’est une chose qui mérite d’être bien considérée, que nous ne lisons jamais dans les Livres sacrés, qu’il se soit fait aucune assemblée d’hommes et de femmes pour cet exercice.
De là il est aisé de juger quelles sont les sommes que ces hommes infâmes gagnent dans les grandes Villes du Royaume, & si on a tort de dire qu’elles sont immenses.
S’ il est quelque chose parmi nous qui puisse estre comparée aux triomphes Romains, & remplir en quelque façon les idées qui nous en restent, ce sont sans doute les Entrées que les bonnes Villes font à leurs Souuerains ; la depense, la magnificence, & la foule du peuple & des aclamations r’appellent dans le souvenir, & representent assez fortement ces anciennes & fastueuses Pompes dont on recompensoit les Vertus & les Succez des grands Hommes.
Il s’agit maintenant, sur notre Théâtre Français particulièrement, d’exciter à la vertu, d’inspirer l’horreur du vice, & d’exposer les ridicules : ceux qui l’occupent, sont les organes des premiers génies, & des hommes les plus célèbres de la Nation ; Corneille, Racine, Molière, Renard, monsieur de Voltaire, &c. leur fonction exige pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de la sensibilité, de l’intelligence, de la connaissance des mœurs & des caractères, en un mot, un grand nombre de qualités, que la nature réunit si rarement, dans une même personne, qu’on compte plus de grands Auteurs que de grands Comédiens.
ou qu’on intéresse les hommes dans des passions qu’il veut éteindre?
L’on a déja fait à la vérité plusieurs excellents écrits sur le sujet de la Comédie, qui sont comme autant de flambeaux capables de dissiper les ténèbres de ceux qui aiment ce vain amusement ; mais comme les goûts des hommes sont différents, j’espère que celui-ci, ne laissera pas d’être utile, d’autant qu’il peut servir de Décision sur cette matière, puisqu’il est fondé sur l’Ecriture Sainte, les Conciles et les Pères de l’Eglise ; C’est pourquoi il y a tout lieu de croire que Dieu y répandra sa bénédiction.
Ainsi s’ils étaient imprimés on pourrait y trouver des mouvements qu’un homme qui lit de sang froid n’approuverait peut-être pas.
Ceux de la Comique représentaient maisons d’hommes particuliers, ayant leurs fenestrages et ouvertures faites à la mode commune.
Il prétend qu’on n’y doit pas moins instruire que toucher & comme ce premier devoir est plus facile à remplir que l’autre, parce qu’il n’y a rien qui coute moins à trouver qu’un lieu commun, & que l’homme est naturellement porté à donner des avis, on les séme avec profusion.
L* F* dans toutes ses réflexions ; mais nous avertirons nos Lecteurs qu’ils y trouveront les talens & les lumières d’un homme qu’on crut destiné à devenir le Rival de Corneille & de Racine.