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281. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

LE goût des arts, l’honneur de ma patrie, l’amour du genre humain, un respect inviolable pour la vérité, voilà les motifs qui m’engagent à publier mes réflexions sur l’art du Théâtre. […] Si vous pouviez réformer toutes nos pieces de théâtre dans ce goût-là, j’ose vous assurer que vous n’auriez pas long-tems à déclamer contre nos spectacles, que vous rendriez bientôt déserts. […] Vous avez raison de détester la raillerie, & pour la premiere fois vous montrez votre goût conforme à vous-même. […] Ils sont tranquilles, ils ne troublent point l’ordre public : victimes d’un préjugé qui les flétrit moins que ceux qui en sont prévenus, ils trouvent dans l’art même qu’ils professent, des ressources contre l’anéantissement où devroit les plonger l’opinion de la multitude : organes journaliers des plus sublimes leçons de vertu, il n’est pas possible que leur ame n’en acquiere le goût : ils se font aimer : les personnes sensibles aux agrémens de la société recherchent leur commerce, & cultivent leur amitié : ils sont ordinairement doux & civils. […] Comme tout plaisir qui s’accorde avec l’honnêté & la décence, ne peut être dangereux que pour les ames perverses qui abusent de tout, inventez de nouveaux divertissemens, & que le goût vous serve de guide, personne n’y contredira.

282. (1731) Discours sur la comédie « MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L’EVEQUE DE NIMES, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 352-360

Nous avions espéré que ces plaisirs ayant perdu pour vous la grâce de la nouveauté ; et vous, ayant perdu le goût de ces plaisirs, vous n’abuseriez plus de notre silence.

283. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver sur le Théâtre de la Réformation. Avant Propos. » pp. 118-127

Si, dans les ouvrages de belles Lettres, les Savants ont soin de laisser au Lecteur intelligent le moyen d’occuper son esprit, soit en devinant, ou même en ajoutant quelque fois aux idées qui lui sont présentées, et que l’Auteur, dans cette intention, n’aura pas tout à fait développées, j’ai cru que je ne pouvais rien faire de mieux que d’imiter une conduite également sage et utile ; parce qu’elle ne dérobe rien au Lecteur ignorant (pour qui il y en a toujours assez) en même temps qu’elle procure un vrai plaisir au Lecteur de génie et de goût, qui est bien aise de pouvoir mettre quelque chose du sien à sa lecture.

284. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Ce Prince à pris ce goût à Paris, où dans sa jeunesse il a fait quelque séjour. […] Il en a rempli sa Cour & ses provinces ; & ce n’est pas un des moindres maux que fait le théatre de Paris, de répandre ce goût dans les pays voisins, qui seroient garantis de la contagion. […]         Pour moi, qui me ris de ces foux,         Je m’abandonne sans foiblesse         Aux plaisirs que m’offrent mes goûts.

285. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Dans l’une c’est un ami, dans l’autre un frère, qui combattent le goût du jaloux ; dans toutes les deux une jeune fille qui s’enfuit de la maison pendant la nuit, & va se réfugier dans les bras de son amant. […] Aussi ne le crois-je pas assez profondément méchant pour ourdir cette chaîne diabolique ; c’est une troupe de libertins qui donnent les plus mauvais exemples, tiennent les plus mauvais discours, offrent les objets les plus dangereux, mais n’agissent qu’au hasard, par goût & par passion, sans avoir en vûe aucun plan raisonné de conduite. […] Ce n’est pas lui qui par goût, par libertinage, se choisit une épouse ; il l’attend de la main de Dieu, c’est un Ange qui la lui indique, la même que la loi lui destinoit.

286. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

Ces vertus n’ont jamais paru su le Théâtre, et elles ne seraient pas certainement au goût de ces Dames mondaines qui s’y plaisent tant, et qu’on peut appeler Christianæ Theatrales. […]  La beauté se passe,  Le temps l’efface,  L’âge de glace,  Vient à la place, Qui vous ôte le goût de ces doux passe-temps. » On voit après cela dans cette jeune Damoiselle des manières toutes mondaines, et des airs entièrement immodestes : Elle ne se soucie plus de ses parents ; elle a lu dans le Malade Imaginaire,Act. 11. […] Le jeu lui plaît, la galanterie lui devient agréable, elle aime à être cajolée, et enfin elle n’a plus de goût que pour les parures, le faste, le luxe et l’enjouement.

287. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Mais le détail est très-bon & souvent neuf, les portraits sont fins & très-vrais : cette toilette, vîte, vîte, un miroir , cette plume élancée avec grace , les nouvelles étoffes examinées, essayées, cette dame d’atours consultée, ce mépris des amans qui la payent, & qu’elle favorise pour les voler, leur age, leur figure, leur caractere, ce goût pour un petit-maître frivole & romanesque, sa figure est charmante, voilà ce qu’il vous faut , les mœurs des courtisannes, leurs intrigues, leurs manœuvres, leurs mensonges, leurs friponneries, leur avarice, leurs inconstances, les folies, l’aveuglement de leurs amans : Moliere tant vanté n’a rien de mieux. […] Les courtisannes du monde ne sont que les éleves du Théatre : c’est-là qu’elles habitent, qu’elles forment leur goût & prennent des sentimens, qu’elles étudient les regles de la toilette. […] La gaze est un voile bien léger pour être au goût de la modestie. […] Qu’on cesse d’amuser le peuple par des frivolités, il cessera d’être frivole ; qu’on ne débite plus sur la Scène une morale corrompue, il aura de bonnes mœurs ; qu’on éleve l’ame, qu’on annoblisse les passions, on formera des héros, ils auront le principe & le goût de toutes les vertus : la nature du plaisir décidera du reste ; il est le mobile de tout, & le Théatre en est le grand ressort. […] Langage muet que le goût du plaisir a réduit en art, & que la Sallé avoit portée à une si grande perfection, qu’elle peignoit tous les transports, tous les rafinemens, toutes les nuances de la volupté ; de l’abondance du cœur la bouche parle, les yeux, les mains, les pieds, l’attitude ne parlent pas moins.

288. (1865) Mémoires de l’abbé Le Gendre pp. 189-194

Je serais même récusable, car d’inclination j’aurais du goût pour y aller si la bienséance le permettait à un homme de ma profession, aussi connu que je suis et dans la place que je tiens.

289. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

Le goût a tellement changé, qu’on n’a plus osé le faire paroître qu’après les plus grands changemens, & dans les chants, & dans les paroles. […] Voici la relation qui en a été faite, elle mérite d’être consacrée à la gloire de la vertu, même dans un livre sur le théatre pour être le contrepoison de tout ce que le théatre a fait contre cette pieuse cérémonie qui ne sauroit être de son goût, soit en la défigurant par la galanterie même licencieuse que le sieur Favard & le Marquis de Pesé y ont introduit, non-seulement contre les mœurs, mais encore contre la vérité, la coutume & l’esprit de la Fête, en la parodiant pour la rendre ridicule.

290. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Il crut augmenter son bonheur et le sien en lui faisant prendre le goût des plaisirs à la mode et en la forçant en quelque sorte à aller aux spectacles. […] D’autres passions naquirent de ces premiers goûts, et amenèrent en très peu d’années une séparation scandaleuse qui fit mourir de chagrin l’imprudent époux.

291. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

Je dois donc me conformer à ses goûts ; autrement on me dirait que mon Livre est arrivé trop tard ; & je perdrais mon travail & mes peines.

292. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Les Grecs si habiles dans tous les beaux Arts, connurent de bonne heure le véritable goût de chaque Piéce de Poësie.

293. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « X. » pp. 47-54

On voit par là que cet Auteur peut être à votre goût, et que c’est apparemment par votre conseil que l’on a voulu le faire enseigner dans le Séminaire d’Aix.

294. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Il faut n’avoir, je ne dis pas aucune piété, mais je dis aucun goût, pour préférer dans les églises la musique au plain-chant.

295. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Le goût dominant de ce licentieux Ecrivain est de se repaître d’objets impurs, de combattre le célibat, de décrier la continence, de tourner en ridicule le mariage ; il va par-tout ramasser toutes les aventures galantes, pour en régaler ses lecteurs & s’en régaler lui-même. […] Ce lien formeroit au Pape un corps peu nombreux, si les Ecclésiastiques n’avoient pas plus de goût que lui pour le célibat ; c’est se respecter peu soi-même d’avancer de pareilles absurdités. […] Tout cela réduit à sa juste valeur signifie qu’on a acheté plusieurs exemplaires des ouvrages de ces Auteurs, qui ont été imprimés en Hollande & en Angleterre ; que quelques Auteurs dramatiques étrangers les ont traduits & pillés, & mis à leur goût ; que quelques Acteurs, danseurs, chanteurs Italiens se sont donnés au théatre de Paris ; que des étrangers qui viennent à Paris, vont au spectacle, car assurément pas un seul n’a fait un voyage exprès pour Corneille, Racine, Moliere. […] La comédie étale le faste, la magnificence, la vaine gloire du monde, toutes les pompes de Satan ; elle inspire l’orgueil, la jalousie, le goût des ajustemens ; elle est contraire à l’humilité, à la charité, au détachement de soi-même, à l’amour de prochain.

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