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486. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

Siècle intitulé Diurnus Romanorum Pontificum, qui a été donné au public, il y a quelques années, par votre P. […] Il est mort, poursuivent-ils, le N. de ce mois, et dans l’accablement de tristesse où nous met une telle perte, la seule chose qui nous reste, est d’élever nos yeux vers Jésus Christ, afin qu’ayant pitié de l’abandonnement où nous sommes, il daigne donner un véritable Pasteur à son Eglise qu’il a fondée lui-même, et contre laquelle, selon sa promesse les portes de l’Enfer ne prévaudront jamais. 

487. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVIII. Doctrine de l’écriture et de l’église sur le jeûne. » pp. 98-101

C’est confondre toutes les idées que l’écriture et la tradition nous donnent du jeûne. […] C’est pour entrer dans cet esprit d’affliction qu’on introduit cette pénible soustraction de la nourriture : pendant qu’on prenait sur le nécessaire de la vie, on n’avait garde de songer à donner dans le superflu : au contraire on joignait au jeûne tout ce qu’il y a d’affligeant et de mortifiant, le sac, la cendre, les pleurs ; parce que c’était « un temps d’expiation et de propitiation pour ses péchés » Ibid.

488. (1590) De l’institution de la république « QUATORZIEME TITRE. Du Théâtre et Scène. » pp. 507-508

pour autant qu’ils ne pouvaient donner au peuple chose, qui lui fût plus agréable, que de leur représenter et exhiber des comédies, tragédies, spectacles, et jeux publics. Ce qui fut de tel estime, que les Architectes attirés par gros loyers, que les Rois et Princes leur donnaient, ont écrit fort doctement des livres touchant la dimension et ordonnance des1.

489. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Pour donner une idée de ces immoralités, nous allons citer un passage du désespoir de saint Joseph, que les acteurs religieux de ce siècle représentaient comme un martyr de la jalousie que lui causait la grossesse de son épouse : « Elle a été trois mois entiers Hors d’ici, et au bout du tiers Je l’ai toute grosse reçue : L’aurait quelque paillard déçue, Ou de fait voulu efforcer ? […] bref, je ne sais que penser. » Telle était la situation du théâtre, lorsque vers le milieu du seizième siècle la comédie profane intervint avec ses obscénités, et rivalisa avec la religieuse jusqu’au siècle de Louis XIV, où les Corneille et les Racine commencèrent à illustrer notre scène, et lui donnèrent un caractère de décence et de moralité. […] Ce n’est rien au fond que cet usage, et ceux qui reçoivent pour les choses saintes ne croient point les vendre, comme ceux qui donnent ne pensent point à les acheter ; ce sont peut-être des apparences qu’on pourrait cacher aux simples et aux indévots. » Et chacun sait, de notre temps encore, jusqu’a quel point on porte ces abus et cette usure.

490. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Ainsi il est aisé de voir, que si l’art dans les productions Physiques amuse, c’est parce qu’il éléve l’esprit, qu’il donne à nos facultés un ton de supériorité qui flatte. […] Sur-tout cela il n’y a pas moyen de donner le change. […] Enfin l’Auteur sur la Scène en est réduit au point de ne pouvoir donner de l’ame à ses expressions, de la chaleur à ses mouvemens, de l’éloquence à ses tons, du sentiment à son geste. […] Mais pour ne donner ni dans la vanité ni dans le crime, est – on vertueux ou exempt de vice ? […] La Nature elle-même, Donne la clef du systême.

491. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

M. de Pompignan, après avoir exposé les vices de notre Théatre actuel, donne des règles sûres pour l’enrichir par des beautés solides, & en écarter tout ce qui peut blesser la foi ou les mœurs. […] Toutes ces qualités supérieurement réunies dans ses autres Ouvrages sont bien propres à faire desirer qu’il en veuille donner la Collection complette.

492. (1731) Discours sur la comédie « PRIVILEGE DU ROI. »

Notre bien aimée la Veuve Delaulne Libraire à Paris, Nous ayant fait remontrer qu’elle souhaiterait faire imprimer et donner au Public un Discours sur la Comédie, Histoire Critique des pratiques superstitieuses, qui ont séduit les peuples et embarrassé les savants, par le P. le Brun de l’Oratoire. […] Donné à Paris le treizième jour du mois de May, l’an de grâce mil sept cent vingt-neuf, et de notre Règne le quatorzième.

493. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 19-20

.), il est dit qu’un jour Notre Seigneur lui fit voir, en extase, un bon nombre d’âmes religieuses qui brûlaient dans des flammes effroyables, et qui étaient tombées dans ce malheur infiniment déplorable, pour avoir mal usé des récréations que la religion donne. […] que ce qui est permis aux religieux pour une sainte récréation, leur donne la mort de l’âme, et leur cause une peine épouvantable et d’une éternelle durée !

494. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à rejeter. » pp. 313-318

L’ECOLE DES FEMMES, Cette Comédie est le contrepied de la précédente : dans l’Ecole des Maris c’est l’esprit qui sert la passion, et dans l’Ecole des Femmes c’est la passion qui donne de l’esprit : l’une et l’autre de ces Pièces semblent être imaginées tout exprès pour gâter le cœur et pervertir l’innocence de la jeunesse la mieux élevée ; les filles d’esprit et les innocentes y trouvent également des leçons très dangereuses sur un point qui ne devrait jamais être traité devant les jeunes gens, et moins encore sur le Théâtre que partout ailleurs. […] La simple lecture de cette Pièce fait sentir qu’elle ne peut être admise sur un Théâtre où les mœurs sont respectés, d’autant plus que la représentation donne encore plus de force aux mauvais exemples qui n’y sont que trop répétés.

495. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

Ce genre inconnu aux Anciens, & à qui elle a donné l’être, à de grandes beautés. […] Le Poéte & le Comédien s’animerent d’une ardeur mutuelle ; l’un substitua la régularité du plan, une diction noble, l’éclat des pensées, aux licences extravagantes, aux sujets peu convenables, à un badinage grossier ; l’autre, au lieu de la bouffonnerie trivialle, des contorsions, des grimaces, donna à son jeu une action honnête, une déclamation aisée, des gestes expressifs. […] enfin pour forcer le public à donner à leurs productions, des applaudissemens qu’ils leur refusent !

496. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XI. Du jeu des Acteurs. » pp. 345-354

Il est vrai que ce que je recommande ici est d’une éxécution très-difficile ; mais les Acteurs consommés donnent l’éxemple ; le jeune Comédien, qui, voudra se distinguer dans son art, n’a qu’à s’éfforcer de les imiter. […] On peut dire que l’Acteur met la dernière main au Drame ; il lui donne un vernis qui attire tous les yeux, mais qui malheureusement s’enlève trop-tôt : il en fait vivement sentir les passions, la force des pensées ; les sentimens qui l’animent passent dans l’ame des Spectateurs. […] « Il faut, dit-il, écrire la Pantomime toutes les fois qu’elle fait tableau ; qu’elle donne de l’énergie ou de la clarté au discours ; qu’elle lie le Dialogue ; qu’elle caractérise ; qu’elle consiste dans un jeu délicat qui ne se devine pas ; qu’elle tient lieu de réponse ; & presque toujours au commencement des Scènes. » Les Poètes du nouveau Théâtre qui affectent d’écrire la Pantomime, ne la marquent-ils que dans les circonstances si judicieusement prescrites par M.

497. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la suprématie de la puissance séculière sur la puissance ecclésiastique ; des erreurs et des crimes du clergé et des anathèmes fulminés par les conciles contre les prêtres et les séculiers qui attentent à l’autorité et à la vie des souverains. » pp. 331-345

Les désordres infinis du clergé de France excitèrent les craintes de la nation et du roi Henri III, aux états de Blois, tenus en 1588 ; le garde des sceaux de Montholon prononça dans cette assemblée, au nom de ce prince, un discours dans lequel on remarque le passage suivant : « Sa majesté demande donc d’abord au clergé puisqu’il est chargé de la réformation des autres, qu’il commence par se réformer lui-même, et donner bon exemple aux autres ordres de l’Etat. » Cette mercuriale, justement méritée et justement appliquée, devait porter le clergé à écouter la parole royale et le vœu de la nation, et à rentrer de lui-même dans les principes de l’Evangile et dans les dogmes apostoliques, qui indiquent et ordonnent aux ministres du culte une soumission entière à la volonté du prince ; mais loin de produire un effet aussi salutaire, aussi conforme aux préceptes de la religion, cette mercuriale ne fit qu’allumer le feu de la vengeance dans le cœur du clergé, et le prince qui l’avait ordonnée fut cruellement assassiné l’année d’ensuite par Jacques Clément prêtre et dominicain ! […] « Le clergé pour qui j’ai eu tant d’égards, auquel j’ai cherché à m’associer, jusqu’à avilir dans cette vue la majesté royale, s’est laissé aveugler, il y a déjà longtemps, par un faux zèle pour la religion, et donne aujourd’hui au peuple français l’exemple de la révolte. » Quelle leçon pour les rois ! […] -C., il peut les priver de leur royaume, donner leurs états à un autre prince, et dégager leurs sujets de l’obéissance qu’ils lui doivent, et du serment qu’ils lui ont fait11. » Et après la mort de ce monarque, Busenbaum, célèbre jésuite, ne craignit pas de publier dans un de ses ouvrages : « Que l’action de Jacques Clément, dominicain, est une action mémorable, par laquelle il avait procuré à sa patrie et à sa nation le recouvrement de sa liberté ; que le massacre du roi lui fit grande réputation, et qu’étant d’une complexion faible, une vertu plus grande soutenait son courage. » De tels préceptes et de tels récits excitent l’indignation de tous les hommes de bien, en même temps qu’ils méritent toute la répression de l’autorité séculière.

498. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

Cailhava fit paroître sa brochure, intitulée Causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir ; ce qui engagea M. le Chevalier du Coudray à donner la sienne, qui parut sous le titre de Lettre à Madame la Comtesse de Turpin 2. […] Ces Messieurs & ces Dames ne jouent que huit Piéces nouvelles par an, soit tragiques, soit comiques ; tandis qu’ils pourroient en donner vingt-quatre ; ils doivent même cette déférence, cette soumission aux Auteurs qui les font vivre, & au Public qui les soudoye. […] Sauvigny à Bordeaux, où l’on représenta Gabrielle d’Estrées, Tragédie en 5 Actes, en vers ; & M. *** à Rouen, où l’on donna le Siége de Rouen, Tragédie en cinq Actes, en vers. […] » Nous sommes persuadés que Lyon, Marseille, Bordeaux, Rouen, fourniroient dès-à-prèsent des Parterres très-éclairés, & peut-être des Acteurs très-capables de donner aux premieres Représentations l’éclat qui peut en faire sortir les beautés.

499. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  AVERTISSEMENT. DU LIBRAIRE. » pp. -

Notre Avertissement du premier Tome a fait connoître que l’Ouvrage dont nous donnons une nouvelle Édition, a été honoré de suffrages très-flatteurs de la part de personnes en place, qui, par état, sont dans le cas de s’intéresser avec plus de zele aux mœurs. […] Elles sont toutes les deux analogues à la Lettre que ce célebre Académicien donna au Public en 1759, & qui est rapportée toute entiere, page 477 de ce Volume, comme un monument précieux, & capable de fixer les idées sur l’effet moral de nos Spectacles.

500. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-4

Il pensa bien differemment dans la suite ; encore même dans la Préface de Phedre reconnoît-il une partie de la vérité ; & son fils, élêve de ses dernières années, où il avoit embrassé la piété, lui rend dans ses remarques un hommage sincère & funeste, qui farde le vice & défigure la vertu, école pernicieuse qui en donne & des leçons & des modèles ! […] Dieu a fait à l’homme une grande grace, de lui donner une pudeur naturelle qui inspire l’horreur du crime & en éloigne, & une estime, un penchant, un respect pour la vertu, qui nous réunit avec ceux qui la pratiquent.

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