La Comédie considérée en elle-mesme. Pour mettre quelque ordre dans ces preuves, considérons la Comédie en elle-même, dans ses Acteurs & dans ses Spectateurs, & on verra clairement que de quelque côté qu’on l’envisage, elle n’est propre qu’à produire ces pernicieux effets.
C'est encore un très grand abus, et qui trompe beaucoup de monde, que de ne considérer point d'autres mauvais effets dans ces représentations, que celui de donner des pensées contraires à la pureté, et de croire ainsi qu'elles ne nous nuisent point, lorsqu'elles ne nous nuisent point en cette manière : comme s'il n'y avait point d'autres vices que celui-là, et que nous n'en fussions pas aussi susceptibles. Cependant si l'on considère les Comédies de ceux qui ont le plus affecté cette honnêteté apparente, on trouvera qu'ils n'ont évité de représenter des objets entièrement déshonnêtes, que pour en peindre d'autres aussi criminels, et qui ne sont guère moins contagieux.
On ne considère pas, comme dit saint Paulin, que par la grâce de ce sacrement ils ont été ensevelis avec Jésus-Christ, qu'ils ont fait vœu d'embrasser sa Croix, de n'être plus vivants à eux-mêmes ni au monde, mais de faire vivre Jésus-Christ en eux. On ne considère pas que la vie Chrétienne doit être non seulement une imitation, mais une continuation de la vie de Jésus-Christ; puisque c'est son esprit qui doit agir en eux, et par eux, en imprimant dans leur cœur les mêmes sentiments qu'il a imprimés dans celui de Jésus-Christ.
C'est encore un très grand abus, et qui trompe beaucoup de monde, que de ne considérer point d'autres mauvais effets dans ces représentations, que celui de donner des pensées contraires à la pureté, et de croire ainsi qu'elles ne nous nuisent point, lorsqu'elles ne nous nuisent point en cette manière ; comme s'il n'y avait point d'autres vices que celui-là, et que nous n'en fussions pas aussi susceptibles. Cependant si l'on considère les Comédies de ceux qui ont le plus affecté cette honnêteté apparente, on trouvera qu'ils n'ont évité de représenter des objets entièrement déshonnêtes, que pour en prendre d'autres aussi criminels, et qui ne sont guère moins contagieux.
On ne considère pas, comme dit S. […] On ne considère pas que la vie chrétienne doit être non seulement une imitation, mais une continuation de la vie de Jésus-Christ, puisque c'est son esprit qui doit agir en eux, et par eux, et imprimer dans leur cœur les mêmes sentiments qu'il a imprimés dans le cœur de Jésus-Christ.
A quoi me sert un Oreste furieux, ainsi qu'Euripide le représente, ou un autre qui vient nous entretenir du meurtre qu'Alcméon fît de sa mère, ou bien celui qui porte un masque, ou qui fait des grimaces ayant l'épée au côté, et jetant des cris, ou celui qui s'habille d'une manière indigne d'un homme; laissons les fables d'Agesilaus, et du Poète Ménandre; pourquoi perdrais-je le temps à admirer dans les fables un Joueur de flute, et pourquoi m'arrêterais-je à considérer un Antigenide Thébain, disciple de Philoxene, qui faisait ce métier ? […] Quant aux Comédies, si nous considérons l'origine du Théâtre, qui est le lieu où elles sont représentées, nous trouverons que c'est le Temple de Venus. […] Regardez tout cela comme un breuvage de miel dans une coupe empoisonnée; et considérez qu'il y a plus de péril à se laisser emporter à la volupté, qu'il n'y a de plaisir à s'en rassasier. […] C'est une grande sensualité à des Chrétiens de chercher leurs plaisirs en ce monde; ou plutôt, c'est une étrange manie de considérer, comme un véritable plaisir, les voluptés de ce siècle. […] Ils nous représentent les Jeux du Cirque d'une manière mystérieuse : au lieu d'y voir la course des Chariots, représentez-vous le cours du siècle, et du temps qui passe ; considérez l'espace de votre vie ; et au lieu du terme et du bout de la carrière, regardez la fin du monde ; au lieu des partis du Cirque, défendez le parti de l'Eglise ; attendez avec vigilance le signal que Dieu vous donnera pour vous présenter devant son Tribunal: Tenez-vous prêts au son de la Trompette, et à la voix de l'Ange qui vous avertira: Considérez la victoire, et la couronne des Martyrs, comme l'objet de votre gloire.
Du Clergé, considéré comme fondateur et protecteur des Comédiens du troisième âge en France, et comme en ayant lui-même exercé la profession. […] De l’excommunication considérée comme injuste et par conséquent nulle, de la part des prêtres qui se croient en droit d’anathématiser les Comédiens morts sans les secours spirituels de l’Eglise.
Il est impossible qu'on considère le métier de Comédien, et qu'on le compare avec la profession Chrétienne, qu'on ne reconnaisse qu'il n'y a rien de plus indigne d'un enfant de Dieu et d'un membre de Jésus-Christ que cet emploi. […] Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice ; qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies: on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion: et ainsi il faut avouer que c'est un métier profane et indigne d'un Chrétien ; que ceux qui l'exercent sont obligés de le quitter comme tous les conciles le leur ordonnent ; et par conséquent qu'il n'est point permis aux autres de contribuer à les entretenir dans une profession contraire au Christianisme, ni de l'autoriser par leur présence.
Il est impossible de considérer le métier de Comédien, et de le comparer avec la profession Chrétienne, qu'on ne reconnaisse qu'il n'y a rien de plus indigne d'un enfant de Dieu et d'un membre de Jésus-Christ que cet emploi. […] Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice : qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs, l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies; on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion.
On doit faire attention à ces différentes manières dont les comédiens sont considérés dans les canons et décrets des saints conciles déjà cités. […] Il ne faut que de la bonne foi pour saisir cette question, afin de prononcer si les acteurs de comédie, eu égard à la religion, doivent être considérés à l’égal des autres citoyens et comme ayant, aux mêmes conditions, les mêmes droits aux prières et aux honneurs de l’église. On doit encore considérer que le prêtre qui exige d’un acteur l’abjuration de la profession de comédien, témoigne par là même qu’il blâme tout à la fois les gouvernements séculiers, et le gouvernement papal, d’avoir constitué et honoré cette profession et lui avoir enfin donné une existence légale.
Il n’y a point de sujet qui mérite d’être plus attentivement considéré que celui duquel nous allons parler dans ce Chapitre, où nous ferons voir, et comme toucher au doigt, que ceux qui vont maintenant au bal s’exposent à beaucoup de périls d’offenser grièvement Dieu, et par conséquent pèchent mortellement. […] Ces principes étant ainsi établis, considérons le mélange qui se fait dans le bal des hommes avec les femmes. […] Et il n’y a point d’homme raisonnable qui n’entre dans ce sentiment, s’il considère sans préoccupation et devant Dieu, avec quelle facilité les hommes et les femmes du monde tombent dans des péchés intérieurs, c’est-à-dire, de pensée et d’affection, et combien peu d’attention ils font à eux-mêmes pour n’y tomber pas, ou même pour les remarquer lorsqu’ils y sont tombés. […] Quel jugement porterons-nous encore de ceux qui ne font le bal, et n’assemblent du monde que dans ces intentions, soit qu’ils se regardent eux-mêmes, soit qu’ils veuillent par ce moyen satisfaire aux inclinations de quelque personne qu’ils considèrent, ou qu’ils aiment ?
Puissé-je de mes yeux voir tomber cette foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre; Voir le dernier Romain en son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir. » Si l'on dépouille l'image de cette passion de tout le fard que le Poète y prête, et qu'on la considère par la raison, on ne saurait rien s'imaginer de plus détestable que la furie de cette fille insensée, à qui une folle passion fait violer toutes les lois de la nature. […] On s'est servi à dessein de ces exemples, parce qu'ils sont moins dangereux à rapporter: mais il est vrai que les Poètes pratiquent cet artifice de farder les vices en des sujets beaucoup plus pernicieux que celui-là; et si l'on considère presque toutes les Comédies et tous les Romans, on n'y trouvera guère autre chose que des passions vicieuses embellies et colorées d'un certain fard, qui les rend agréables aux gens du monde.
Puis-je de mes yeux voir tomber cette foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre; Voir le dernier Romain en son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir. » Si l'on dépouille l'image de cette passion de tout le fard que le Poète y prête; et qu'on la considère par la raison, on ne saurait s'imaginer rien de plus détestable que la furie de cette fille insensée, à qui une folle passion fait violer toutes les lois de la nature. […] Et si l'on considère presque toutes les Comédies et tous les Romans, on n'y trouvera guère autre chose que des passions vicieuses embellies et colorées d'un certain fard qui les rend agréables aux gens du monde.
Si l’on considère le but de nos Spectacles, & les talens nécessaires dans celui qui sait y faire un Rôle avec succès ; l’état de Comédien prendra nécessairement dans tout bon esprit ; le degré de considération qui lui est dû. […] Les Comédiens étaient autrefois considérés comme infâmes, & par cette raison, on les a regardés comme incapables de rendre témoignage.
Parmi des paroles de facéties on y glisse quelquefois des paroles sales, non pas expressément et à découvert, mais équivoques, à double entente, et la pointe qui en est l’équivoque fait que l’esprit de ceux qui l’entendent, s’y attache plus longtemps pour en considérer et admirer la subtilité. […] Après s’être gaussé des choses séculières, on se raille des choses les plus saintes, de la confession, de la prédication ou des images, des cérémonies de l’Eglise et des personnes sacrées ; on y mêle les paroles même de la Bible, on profane ce qu’il y a de plus saint et de plus auguste en l’Eglise ; les serviteurs, les servantes et d’autres personnes qui ont l’esprit faible, entendant ainsi parler avec mépris des choses saintes, perdent le respect, la vénération et l’estime qu’ils en avaient ; ils s’accoutument à les considérer comme des choses profanes, indifférentes et de petite conséquence, ils tombent en un état d’insensibilité et d’endurcissement ; ce qui fait qu’ils se confessent, qu’ils communient, qu’ils prient Dieu et qu’ils entendent les sermons par manière d’acquit.