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77. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

Rien de plus sensé & de plus Chrétien ; car enfin. […] Voyez son instruction chrétienne pour l’éducation des filles. […] Or, sur ce principe incontestable de la morale Chrétienne, vous n’avez qu’à décider. […] … En assistant aux Spectacles, vous coöpérez à la perte d’un frere, d’un Chrétien, pour qui J. […] Mais si les partisans des spectacles péchent, en les autorisant par leur présence, sont-ils moins coupables, en y coöpérant par argent, ou autrement, & contribuant par là, à entretenir des Chrétiens & Chrétiennes, dans un état habituel de damnation ?

78. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Toutes les actions d’un Chrétien doivent être de nature à pouvoir être rapportées à Dieu et faites pour sa gloire. […] quel est donc l’aveuglement des Chrétiens ?  […] Quelle devrait donc être la sévérité des nations chrétiennes contre les Spectacles !  […] Vous nous demandez sans cesse si les Spectacles et les autres plaisirs publics sont innocents pour des Chrétiens ? […] Il ne s’agit pas d’être plus ou moins parfait, en les négligeant ou en les observant : il s’agit d’être Chrétien, ou de ne l’être pas.

79. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

Devez-vous donc, Chrétiens, vous trouver dans des lieux où règnent tant de démons ? […] Pouvez-vous, Chrétiens, n'en avoir pas horreur ? […] Toutes ces passions sont-elles compatibles avec les mœurs chrétiennes ? […] Demandons aux Païens s'il est permis aux Chrétiens de se trouver aux spectacles. Cet homme n'y va plus, disent-ils ; il est donc Chrétien.

80. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VIII. » pp. 42-43

Ce serait, mes Pères, ce qu’il y aurait de plus raisonnable dans votre Ballet, si la Religion et la Piété que vous faites précéder par un Génie, pouvaient être prises pour quelque chose de Chrétien ; mais ce qui fait que l’on ne le peut, c’est qu’un moment après vous les faites danser. Or ni la Religion ni la Piété Chrétienne ne dansent pas, et quand il leur prendrait envie de le faire, ce ne serait pas dans une Compagnie aussi mal assortie que celle de votre Ballet. […] Car à l’examiner par les règles de l’une et de l’autre, comme nous allons faire, il ne semble pas qu’il soit fort digne d’un Prélat Chrétien.

81. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XII. De l’autorité des Pères.  » pp. 49-51

Ils blâment dans les jeux et dans les théâtres l’inutilité, la prodigieuse dissipation, le trouble, la commotion de l’esprit peu convenable à un chrétien, dont le cœur est le sanctuaire de la paix ; ils y blâment les passions excitées, la vanité, la parure, les grands ornements qu’ils mettent au rang des pompes que nous avons abjurées par le baptême, le désir de voir et d’être vu, la malheureuse rencontre des yeux qui se cherchent les uns les autres, la trop grande occupation à des choses vaines, les éclats de rire qui font oublier et la présence de Dieu et le compte qu’il lui faut rendre de ses moindres actions et de ses moindres paroles ; et enfin tout le sérieux de la vie chrétienne. […] , doit être perpétuel dans un chrétien, du moins en désir et dans la préparation du cœur ?

82. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIV. Troisième réflexion sur la doctrine de Saint Thomas : passage de ce saint docteur contre les bouffonneries. » pp. 85-87

Quoi qu’il en soit, en troisième lieu, il ne faut pas croire que Saint Thomas ait été capable d’approuver les bouffonneries dans la bouche des chrétiens, puisque parmi les conditions sous lesquelles il permet les réjouissances, il exige entre autres choses, « que la gravité n’y soit pas entièrement relâchée : ne gravitas animae totaliter resolvatur  »2. 2. q. 168. 2. c. […] « On rendra compte à Dieu de toute parole oiseuse : id est, verbum joculatorium per quod volunt inde placere aliis : de omni verbo otioso, etc. » Il compte donc manifestement ces trois choses parmi les vices, tria vitia, et reconnaît un vice ou une malice particulière dans les paroles, « par lesquelles on veut plaire aux autres » et les faire rire, distincte de celle des paroles qui portent au mal ; ce qui bannit manifestement la bouffonnerie, ou pour parler plus précisément la plaisanterie, du milieu des chrétiens, comme une action légère, indécente, en tout cas oisive selon Saint Thomas, et indigne de la gravité des mœurs chrétiennes.

83. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

L’Eglise ne l’a point fulminée sans raison ; dans la supposition qu’il s’y fut glissé de l’injustice, il n’est pas permis de la regarder comme non avenue ; hors le cas 1 d’une erreur évidente aux yeux de tout le monde, l’Excommunication, quelqu’injuste qu’elle soit, étant néanmoins prononcée par un Supérieur légitime, lie dans le fort extérieur, selon les Canons2, & quiconque en est frappé, doit se tenir devant les hommes, pour un Chrétien retranché de la Communion des fidéles. […] Outre l’impression générale du Spectacle sur la Religion des assistans, les Acteurs ont souvent sur les lévres le langage de l’impiété : il faut des traits hardis pour réveiller l’attention, & pour flatter le goût peu chrétien du siécle ; c’est un moyen sûr d’être applaudi, & d’en imposer aux sifflets du Parterre. […] Le Théâtre des Grecs n’a rien qui l’égale : il eut été permis à ceux-ci de l’admirer ; mais elle doit inspirer de l’horreur à tout Chrétien qui déteste le blasphéme. […] J’en conviens, mais ce sont des Chrétiens qui leur mettent ces blasphémes dans la bouche : jugeroit-on, en assistant à la représentation de leurs Tragédies, qu’ils n’ont point pensé comme Sophocle & Euripide en matiere de Religion. […] Le danger n’est pas moindre pour la pureté des mœurs, que pour la foi chrétienne ; en attendant la démonstration que je dois vous en faire, je suis, Mademoiselle, &c.

84. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

N’est-ce rien que d’armer des chrétiennes contre les âmes faibles, de leur donner de ces « flèches qui percent les cœurs » Ibid. […] Quelle mère, je ne dis pas chrétienne, mais tant soit peu honnête, n’aimerait pas mieux voir sa fille dans le tombeau que sur le théâtre ? […] Qui ne regarde pas ces malheureuses chrétiennes, si elles sont encore dans une profession si contraire aux vœux de leur baptême : qui dis-je, ne les regarde pas comme des esclaves exposées, en qui la pudeur est éteinte ? […] S’il n’y a rien là que d’honnête, rien qu’il faille porter à la confession, hélas quel aveuglement faut-il qu’il y ait parmi les chrétiens ! […] Mais de là, il ne s’ensuit pas que les commencements soient innocents : pour peu qu’on adhère à ces premières complaisances des sens émus, on commence à ouvrir son cœur à la créature : pour peu qu’on les flatte par d’agréables représentations, on aide le mal à éclore ; et un sage confesseur qui saurait alors faire sentir à un chrétien la première plaie de son cœur et les suites d’un péril qu’il aime, préviendrait de grands malheurs.

85. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

D’où vient la coutume de danser parmi les Chrétiens ? […] Oui, et c’est sur cela que Dieu jugera les Chrétiens plus rigoureusement. […] Parce que les Chrétiens y ont renoncé en recevant le S. […] Pères de l’Eglise enseignant que les danses appartiennent aux pompes de Satan, auxquelles tout Chrétien a solennellement renoncé par la bouche de ses parrains. 2.  […] NDE Comprendre: Les chrétiens ne doivent pas en conclure qu'ils peuvent faire de même.

86. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VI. Ce que c’est que les mariages du théâtre.  » pp. 25-27

Mais il y a encore une autre raison plus grave et plus chrétienne, qui ne permet pas d’étaler la passion de l’amour, même par rapport au licite ; c’est, comme l’a remarqué, en traitant la question de la comédie, un habile homme de nos jourse ; c’est dis-je, que le mariage présuppose la concupiscence, qui selon les règles de la foi est un mal auquel il faut résister : contre lequel par conséquent il faut armer le chrétien. […] Mais aussi que les mariages des théâtres sont sensuels, et qu’ils paraissent scandaleux aux vrais chrétiens !

87. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

Quel rôle joueraient sur le théâtre les vertus chrétiennes, comme le silence, la patience, la modération, la sagesse, la pauvreté et la pénitence ? […] Ceux qui ont voulu faire paraître des saints sur la scène ont été contraints de leur donner un air de fierté incompatible avec l’humilité chrétienne, et de leur mettre dans la bouche des discours plus propres à des héros de l’ancienne Rome qu’à des saints et à des martyrs. […] C’est ainsi que le théâtre nous représente le suicide, qui est en lui-même le plus grand crime qu’un chrétien puisse commettre, comme une action héroïque et comme un devoir, quand on ne peut se soustraire autrement aux rigueurs de l’infortune.

88. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Del Monaco fait ici une belle morale aux Chrétiens qui aiment et qui cherchent des Confesseurs faciles et complaisants ; c’est la source des désordres du siècle. […] Le premier volume, est un Ouvrage séparé des deux autres, intitulé, De la modération Chrétienne du Théâtre, imprimé à Florence en 1645w. […] Le second Ouvrage du Père Ottonelli Jésuite, qu’il a aussi intitulé, De la modération Chrétienne du Théâtre, est aussi imprimé à Florence en 1652. et il l’a partagé en deux Volumes. […] La coutume du pays où il écrit, lui fait sentir la difficulté de faire recevoir la vérité de ces maximes ; il montre ces vérités Chrétiennes qu’il a découvertes dans les bonnes sources, par l’organe des Auteurs et des passages pleins d’érudition. […] Puis il cite en cet endroit les paroles de Tertullien, si dignes d’un Chrétien des premiers siècles, et dont nous ne sentons plus la vérité, parce qu’en nous éloignant de ces temps heureux, nous avons toujours dégénéré de la vertu de nos Pères.

89. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Voilà pourtant le père, le maître, le modèle des Chrétiens, à qui tout doit ressembler, s'il veut se sauver. […] Un Chrétien Comédien ! un Chrétien spectateur de comédie ! […] Les Païens jouaient la religion Chrétienne sur leur théâtre, pour la tourner en ridicule ; des Chrétiens acteurs et spectateurs la jouent encore davantage. Un Païen contrefaisait le Chrétien, ici le Chrétien fait le Païen.

90. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXI. Réflexions sur la vertu qu’Aristote et Saint Thomas après lui ont appelée Eutrapelia. Aristote est combattu par Saint Chrysostome sur un passage de Saint Paul. » pp. 117-123

Quoi qu’il en soit, Saint Chrysostome explique que ces trois sortes de discours, le déshonnête, celui qui est fol, et celui qui est plaisant ou qui fait rire, « ne conviennent pas » à un chrétien ; et il explique : « qu’ils ne nous regardent point » : qu’ils ne sont point de notre état, ni de la vocation du christianisme. Il comprend sous ces discours qui ne conviennent pas un à chrétien, même ceux qu’on appelait parmi les Grecs et les Latins, ἀστεῖα : urbana : par où ils expliquaient les plaisanteries les plus polies. […] Ce Père fait voir les suites fâcheuses de ces inutilités, et ne cesse de répéter, que les discours « qui font rire », quelque polis qu’ils semblent d’ailleurs, asteia, sont indignes des chrétiens, s’étonnant même, et déplorant « qu’on ait pu les attribuer à une vertu » Ibid. […] Voilà donc ce qu’il a pensé de la vertu d’eutrapélie peu connue des chrétiens de ces premiers temps.

91. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Sa vie, sa mort, ses métamorphoses d’ecclésiastique en guerrier, de général d’armée en philosophe, de chrétien en païen, donnerent continuellement la comédie à tout l’empire. […] Qu’on ne dise pas que, toujours païen dans le cœur, il n’a fait semblant d’être chrétien que par crainte. […] Les philosophes n’aiment pas plus les juifs que les chrétiens ; ils ne veulent point de religion révélée, ils combattent les livres de Moïse, des prophetes, les cérémonies. […] Cet évenement, l’un des plus certain de l’antiquité, n’est aujourd’hui contesté que parce qu’il favorise la religion chrétienne. 3°.  […] Julien le tartuffe, du paganisme le singe, le pantomime des philosophes, affectoit l’extérieur de l’austérité religieuse : longue barbe, vêtement grossier, abstinence, proposant pour modèle aux prêtres des idoles la régularité du clergé chrétien.

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