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158. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [I] » p. 418

Notre Jurisprudence tient néanmoins toujours pour certain que les Comédiens dérogent ; mais il en faut excepter ceux du Roi, qui ne dérogent point.

159. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

C’était la coutume qu’on en annonçait la mort à l’Exarque de Ravenne qui gouvernait l’Italie sous l’Empereur qui tenait son Siège à Constantinople : Et voici comme ceux qui représentaient alors le S.

160. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « PRÉFACE. » pp. 3-6

Mais comme les raisons contenues dans la Lettre, dont il s’agit ici, quoique frivoles et peu solides, sont néanmoins assez plausibles ; et que le nom fastueux de Théologien Illustre, non moins par sa qualité, que par son mérite, est capable d’imposer aux esprits faibles, et peu éclairés ; des personnes qui tiennent un rang assez considérable dans l’Eglise, ont jugé à propos de le donner au Public.

161. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Car enfin le théâtre ressuscite et perpétue le système depuis longtemps aboli du paganisme ; on y représente les mêmes événements, les mêmes Divinités y règnent, on leur adresse les mêmes vœux, on leur offre le même culte, on leur tient le même langage ; mêmes idées, mêmes sentiments, mêmes tableaux, mêmes cérémonies, tant de pièces, de Proserpine, Amphytrion, Iphigénie, Isis, Bacchus, Atys, Cybèle, etc. […] Denis, oui, c’est là que j’adore  L’esprit, les grâces, les appas : Je les aimai vivants, je les encense encore. » Est-ce un Chrétien qui tient ce langage ? […] Est-ce à un Chrétien qu’on le tient ?

162. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des Sentences mélées à l’action Théatrale, chez les Anciens & les Modernes. » pp. 153-158

L’Abbé d’Aubignac les définit : des propositions générales, qui ne tiennent à l’action théatrale que par application & par conséquence ; où l’on ne trouve que des discours qui sont seulement propres pour instruire le spectateur aux régles de la vie civile, & non pas pour expliquer quelques intrigues du théatre.

163. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « JUGEMENT DE M. DE VOLTAIRE, SUR LES SPECTACLES. » pp. 78-81

Cette vicieuse apreté tient plus au juge qu’à la faute….

164. (1580) De l’institution des enfants « De l’institution des enfants. Essais, I, 26 [fin] »

En cela Andreas Goveanush, notre principal, comme en toutes autres parties de sa charge, fut sans comparaison le plus grand principal de France : et m’en tenait-on maître ouvrier.

165. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Jamais curieux ne fut assez sot pour tenir ce langage ; il faut être plus sot que lui pour le lui prêter. […] Petrarque est entré dans Rome sur un char de triomphe, aux acclamations du peuple Romain, comme les Scipions, les Paul Emile, le grand Pompée, il a reçu au Capitole la couronne poëtique ; il n’a tenu qu’à lui de la recevoir à Paris, où elle lui fut offerte en même tems. […] La nature, la société, la coutume, la vanité-même, & les passions, en arborent partout les trophées, aussi bien que la Réligion, qui ne cesse de crier, tenez-vous prets, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. […] Tout nous conduit à cette grande vérité, qu’il faut se tenir pret à mourir, le moins qu’on y pense.

166. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

C’est le grand mérite auprès des femmes, leur cœur tient rarement contre l’élégance, & ne connoît point de plus grandes affaires. […] Elles peuvent à peine se tenir, & marcher sur deux batons. […] On aime les petits pieds & les grands talons On en met aux souliers d’une hauteur énorme, qui donnent une haute taille, & obligent de tenir le pied si droit qu’il fait presque une ligne perpendiculaire avec la jambe. […] Le Prophête tient le même langage aux Apotres ; qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent l’Evangile de la paix !

167. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

Esprit, qui la vivifie ; ils n’ont plus aucune part a ses prières : mais ils sont comme des sarments desséchés, qui ne tiennent plus au cep, qui n’en reçoivent plus le suc et la sève ; et ainsi ils ne sont plus bons qu’à être jetés au feu, comme nous dit l’Evangile. […] tenu en 303. ordonne que si un de ces conducteurs de chariots, ou de ces gesticulateurs veulent embrasser la Foi, ils renoncent à leur métier avant qu’on les reçoive, et promettent de ne l’exercer jamais. […] tenu en 314. ordonne que les Chrétiens qui sont Cochers du Cirque, ou Comédiens, soient séparés de la Communion tandis qu’ils exerceront ce métier. […] Tenez pour constant, dit-il, que plusieurs femmes y ont entièrement perdu leur chasteté ; que plusieurs s’en sont retournées chez elles bien moins résolues de la garder, qu’elles ne l’étaient auparavant et que pas une n’en est jamais revenue plus chaste et plus pure, qu’elle n’y était allée. » La Comédie produit encore une infinité d’autres méchants effets que je ne fais que toucher.

168. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Mais en cela il ne parle que comme les gens de bien, et ce n’est pas seulement sur le Tartuffe, c’est sur la comédie en général, où il n’avait pas le même intérêt, que ce dénicheur des Saints, qui n’était pas superstitieux, a tenu le langage de la piété. […] Qui peut supporter, disait-on, la témérité d’un Histrion qui plaisante de tout ce qu’il y a de plus saint, tient école de libertinage, et rend la majesté de Dieu le jouet d’un valet de théâtre, qui en rit et en fait rire ? […] De là on passe aux objets des passions, on tient aux femmes le même langage, on a pour son plaisir, son trésor, les mêmes sentiments, et ce n’est plus un jeu, ce sont les vraies Divinités du cœur. […] Mais dans tout ce qui regarde la religion, le mensonge et le fiel tiennent la plume chez Voltaire.

169. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

., mais surtout par le caractère de ceux qui s’y montrent, gens en place faits pour édifier, gens graves et réguliers, dont la réputation y donne un nouveau poids, un père, une mère, un maître, qui en donne l’exemple à ses enfants, ses élèves, les y laisse aller, leur fournit de l’argent ; par le caractère de ceux à qui l’on tient, famille chrétienne, communauté régulière, corps respectable, fonctions publiques, profession distinguée, etc. […] Un Magistrat, père du peuple, vengeur des crimes, protecteur des bonnes mœurs, interprète des lois, oracle d’une province, dont la sagesse, la modération, la décence font le caractère, qui tient à un Corps respectable, qui remplit les plus importantes fonctions, sur qui le public a les yeux fixés, à qui il doit son respect et sa confiance, est sans doute plus que personne obligé d’édifier : les scandales portent des coups mortels sur les cœurs. […] Cette satire, énorme par sa longueur, insolente par ses horreurs contre une tête couronnée alliée à la maison royale, fut bien reçue par l’Antipape, irrité contre Jeanne, qui tenait pour Urbain son compétiteur, et par toute la France, qui s’était déclarée pour Clément. […] [NDE] Au XVIIe s. terme employé pour désigner celui qui tenait une maison de bains et de plaisir pour les hommes de bon ton.

170. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Il oublia que les Comédiens étant excommuniés, il ne pouvait pas leur donner cette marque authentique de communion, les recevoir en corps dans son Eglise, et faire à leur intention un service en faveur d’un Poète, qui à la vérité fut plus modeste qu’un autre, puisque la teinte sombre et lugubre de ses pièces inspire plutôt l’horreur et la crainte que la tendresse, mais Auteur tragique, uniquement connu et honoré comme tel dans cette occasion, et dans la vue de marquer par là qu’on ne tenait pas la Troupe pour excommuniée. […] Il n’y a que des Comédiens qui puissent tenir cette conduite et ce langage. […] Il y eut information contre elle, Beloc et Bourlet, Procureurs au Châtelet, ses amants, qui lui avaient tenu la main, et qui furent emprisonnés. […] Ici le for intérieur et le for extérieur tiennent des routes différentes.

171. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

des mouvemens de l’ame, des gestes du cœur, des allures, des sentimens dont le jeu des organes n’est que l’image ; c’est que le théatre transporte l’homme hors de lui-même, une Reine même en présence de toute une Cour n’y peut pas tenir, elle en oublie les loix de la décence, & n’est plus sa maîtresse. […] Ce répentir la rendoit sombre, rêveuse, mélancolique, de mauvaise humeur, brusque, capricieuse jusque dans la compagnie du Roi, de la Reine, au milieu de la plus agréable comédie après avoir ri aux éclats, elle tomboit dans une profonde rêverie d’oû l’on avoit de la peine à la tenir, même le Roi & la Reine. […] Enfin on se sépara au grand contentement de toute la Suède, elle mit à sa place son successeur présomptif aux acclamations de toute la nation, celui-ci fit semblant de refuser, recula de quelques pas, protesta qu’il seroit inconsolable de l’éloignement de sa bienfaictrice, qu’elle gouvernoit toujours encore plus que lui ; en un mot fit toutes les grimaces de la modestie, accepta pourtant malgré lui ce qui lui tardoit de tenir ; elle partit. […] Jeu de mots qui ne signifie rien en lui-même, comme s’il y avoit un Être qui tient le milieu entre les deux sexes ; elle devoit aimer les arbres qui ne sont point femmes, c’étoit assez maladroitement écarter le soupçon du vice, elle affectoit une grosse voix, marchoit avec précipitation, rioit à gorge déployée, elle faisoit profession de mépriser les femmes à cause de leur ignorance & de la frivolié des choses dont elles ont coutume de parler, & de la futilité de leur caractère ; mais elle prenoit plaisir de s’entretenir avec les hommes, & sur des choses mauvaises plutôt que sur des bonnes, sa conversation étoit fort licencieuse, pleine de gros mots & de juremens ; car quoiqu’elle entendit & parlât assez bien le François, elle avoit retenu, je ne sais quoi de grossier qui sentoit son Suédois & l’indécence de ses manières. […] Macede, Jésuite qui étoit à la suite de l’Envoyé de Portugal en Suède, jeta dans son cœur les premières semences de la Catholicité ; que ce père fut chargé de faire tenir une lettre à son général dans laquelle elle lui demandoit deux Jésuites habiles pour achever de l’instruire, qu’ils devoient venir en Suède déguisés en Marchands, pour ne point donner d’ombrage.

172. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Toute la Comédie avec lui terrassée, En vain d’un coup si rude espera revenir, Et sur ses brodequins ne pût plus se tenir. […] Despréaux, qui par une prudence toute particuliére ayant commencé son portrait de son vivant, ne voulut l’achever qu’après sa mort, releve extraordinairement cette facilité merveilleuse qu’il avoit pour faire des vers, & s’adressant à lui-même, il lui dit avec une franchise des premiers siécles4, ——— Que sa fertile veine Ignore en écrivant le travail & la peine ; Qu’Apollon tient pour lui tous ses trésors ouverts Et qu’il fait à quel coin se marquent les bons Vers…..

173. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Les premieres tiennent au tempérament, aux usages, au goût dominant des Nations. […] Quant au but qu’il se propose de plaire, ce n’est que par une complaisance qui tient de l’adulation, que par une sotte vanité qui fait préférer les mœurs de son siécle à ces grands moyens, qui produisent le beau de tous les tems, que les Poëtes ont tout raporté au goût dominant de leur pays.

174. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Mais prétendez-vous que je vous tienne grand compte de votre abandon ; il est à mon avis plus sensé qu’il n’est généreux. […] Pour moi, je me tiens déjà à demi battu, quand je considère à quel illustre ennemi j’ai à faire : mais au moins j’aurai toujours un avantage, qu’il n’est pas en votre pouvoir de me contester ; c’est celui, Monsieur, d’être avec plus de respect et de dévouement que personne, Votre très humble, et très obéissant serviteur.

175. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Du mandemant de Monseigneur l’Archeveque de Rouen. » pp. 379-401

Elle n’existe que par la Charte, et elle ne peut aller au-delà des principes politiques, consacrés par la Charte ; se tenir intra, voila sa position légale ; se porter extra, c’est enfreindre la loi commune. […] Pour apaiser la sévérité de M. l’archevêque de Rouen envers les fidèles que son mandement veut réprouver, en fulminant contre eux, et sans l’aveu du Gouvernement, une pénalité dont les effets deviendraient inévitablement civils, nous lui adresserons les propres paroles du garde des sceaux de Montholon 13 qui, au nom du roi et des Etats-Généraux de Blois, tenus le 16 octobre 1588, dit au clergé : Avant de chercher à réformer les autres, commencez par vous réformer vous-mêmes.

176. (1825) Des comédiens et du clergé « Table des matières, contenues dans ce volume. » pp. 409-427

Dans les états de Blois tenus en 1588, le roi Henri III fait signifier au clergé qu’il ait à rentrer dans la discipline qui lui est propre, pag. 332*. […] Etats de blois tenus en 1588 et dans lesquels la nation et le roi Henri III font signifier au clergé de rentrer dans la discipline imposée par les lois ecclésiastiques, pag. 332*.

177. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Le moral n’est qu’un mot, tenons-nous au physique. […] Le moral n’est qu’un mot, tenons nous au physique. […] Le bonheur, comme on sait, tient aux opinions. […] Palissot est heureux qu’on s’en tienne au refus de sa piece. […] Les Comédiens Français ont absolument perdu de vue, & ce qu’ils sont, & ce qu’ils doivent aux Auteurs ; ils ont oublié que, formés par leur esprit, enrichis par leurs veilles, ils tiennent d’eux toute leur existence.

178. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Monseigneur de Nemours » pp. -

La petite barque qui nage Sur un ruisseau tient le naufrage Assuré dans une grand’Mer.

179. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 1 : Livre II, chap. 3] » pp. 104-105

 » tient que les Assyriens la portèrent les premiers en la guerre.

180. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Enjoint à l’Académie Françoise d’y tenir la main, & lui fait défenses de s’écarter de cette regle, en quelque cas & sous quelque prétexte que ce soit. […] Fait au Conseil du Roi, tenu à Versailles, sa Majesté y étant, le 21 septembre 1771 signé Phelipeaux. […] Ce sont des Évêques, dira-t-on, que leur état oblige à tenir ce langage. […] Il est trop difficile de tenir la balance entre deux grands hommes si parfaits pour être pesés par de si jeunes mains. […] de la Harpe y tienne le sceptre.

181. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre X. Des Incidens & des Episodes. » pp. 159-164

« Tous les Savans en l’Art, dit l’Abbé d’Aubignac, nous apprennent que les Fables polymythes, c’est-à-dire, chargées d’un grand nombre d’incidens, ou sont vicieuses, ou ne sont pas des meilleures. » C’est parce qu’elles sont toutes occupées par les actions, qui ne laissant point de place au discours, tiennent le sujet comme étouffé, sans air & sans mouvement.

182. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIII. » pp. 62-65

Il est donc clair que la conduite que vous faites tenir à votre Héros en qualité d’Esculape ne montre point qu’il s’appliquera à la guérison des âmes malades, mais au plus à celle des corps.

183. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE V. Que la circonstance d'aller aux Spectacles un jour de Fête, et de jeûne est une circonstance aggravante. Que ceux qui les fréquentent ne sont pas disposés à approcher des Sacrements. » pp. 83-87

Il faudrait insérer ici une partie des décrets des Conciles tenus en France après le Concile de Trente, Si je voulais rapporter tout ce qui regarde la condamnation du Théâtre, et des spectacles, dans les jours que l'Eglise ordonne de sanctifier, sans parler des anciens Canons, ni des décisions des Pères.

184. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIII. Première et seconde réflexion sur la doctrine de Saint Thomas. » pp. 82-84

« Je veux bien, dit d’Aubignac, qu’en cet endroit, saint Thomas parle des histrions au sens des derniers siècles, et qu’il comprenne sous ce nom les acteurs des poèmes dramatiques ; Car, si l’on n’entendait par ce terme que les Mimes et les Farceurs, son autorité serait encore plus avantageuse aux autres, que l’on ne pourrait pas condamner contre la résolution de ce grand Théologien, qui serait favorable à ceux-là même que les Grecs méprisaient, que les Romains tenaient infâmes, et que jamais on ne leur doit comparer. »

185. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Il est dans la plupart des piéces, soit pour faire un contraste, soit pour lier une intrigue, des rôles infames, dont on ne peut faire les actions, avouer les sentimens, tenir le langage, par conséquent qu’on ne peut ni représenter, ni composer sans avoir perdu toute honte. […] Malheureusement la plupart des auteurs & des acteurs ne sont rien moins que des gens de condition ; ils n’en ont ni n’en savent donner les allures, & en tenir le langage, ils y sont tout neufs, & on voit bien qu’ils sont peu familiers avec la bonne compagnie. […] Qu’on ne se rassure pas sur quelque discours honnêtes, quelques maximes utiles, débitées par des bouches impures, quelques traits de vertu, vraie où apparente, semés çà & là dans une piéce, qui semblent tempérer l’horreur du désordre, & jetter un voile sur l’indécence du tableau, trop superficiel, trop rapide pour faire quelque impression, trop foible pour tenir contre le vice qui domine ; bien loin d’arrêter le mal, souvent ils l’augmentent. […] Un éloge & un panégyriste qui n’en tiennent aucun compte ? […] Se tient-on de bout, parle-t-on en vers, fait-on tant de gestes ?

186. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Il tint parole ; & après avoir montré cette curiosité à tout le monde, il le vendit cherement à un libertin qui en fit l’objet de sa dévotion. […] Ces miseres ont encore fait gémir la presse dans les Œuvres de Scarron & dans la Vie de Mignard : tant l’esprit du Théatre met d’importance à tout ce qui tient du comique, Mignard n’avoit pas besoin de ces illustrations, & l’auteur de sa Vie en les méprisant auroit dû les aprécier ce qu’elles valent. […] Il a trouvé le merveilleux secret d’une colle ou pommade attractive d’une odeur très-agréable, qui a la propriété de faire tenir les toupets postiches sur la tête, de maniere qu’ils imitent parfaitement la naissance des cheveux, & font allusion à la chevelure la mieux plantée. […] Elle les tient en respect ; & comme on pourroit appercevoir cette colle, le grand Caumont pour mieux tromper les yeux, lui a donné une couleur de chair. […] Tous les arts ont les plus grandes obligations au Théatre, & lui doivent leur perfection : obligations dont la vertu lui tient bien peu compte.

187. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Du reste, ils ne s’en tiennent pas à des paroles seulement : ils traduisent l’habit comme le ministère en ridicule : la farce se joue sous des dehors religieux et symboliques de chaque fonction sacrée : l’abus frappe par là davantage, le mépris de la Religion s’insinue avec plus de facilité, et la basse idée qu’on inspire du Sacerdoce revient naturellement à l’esprit, si tôt qu’un Prêtre s’offre à nos yeux. […] du reste il tient assez son rang et se comporte en honnête homme. […] Si l’on s’avisait dans un Royaume de se rire des fonctions de la Magistrature, de vouloir abolir la profession de Courtisan, et de ne tenir aucun compte des Officiers de la Couronne ; cette conduite avertirait suffisamment le Prince de prendre garde à soi : il n’aurait que trop sujet de croire que sa personne est méprisée, qu’on traite son autorité de fantôme ; et que ses peuples sont prêts de se choisir un autre Maître, ou de se gouverner à leur fantaisie. […] La félicité de cette vie ne tient pas peu à la créance d’une autre. […]  » On avait pour les Prêtresses d’Argos une telle considération que l’on datait les Epoques, de leur nom et de leur temps ; et que dans la Chronologie elles tenaient lieu d’Empire, de Règne etc.

188. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

L’intrigue en est ordinairement fort simple ; maison fait naître de petits incidens qui tiennent en haleine les Spectateurs, & donnent à la Pièce une certaine durée. […] On me demandera comment je prétens qu’on mette dans notre Opéra plus d’action que de paroles, si un rien lui tient lieu d’intrigue ? […] Il faut qu’ils ne tiennent que des discours absolument nécessaires : le langage du ménu Peuple est vif, coupé, il ne disserte jamais.

189. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Mais si nous considérons en quel point est aujourd’hui la Comédie, nous trouverons qu’elle n’a aucune marque de l’antiquité, et ceux qui la professent, témoignent par la probité de leur vie, et par la représentation de leurs actions, qu’elle est entièrement dépouillée de toutes les qualités, qui pouvaient la noter d’infamie, et son mérite, l’ayant montée au plus haut degré de sa perfection, s’est mise dans une telle considération, auprès des Rois et des Princes, qu’elle leur tient lieu d’une sérieuse occupation ; Aussi se fait-elle avec tant de modestie, par l’innocence de ses poèmes, qu’elle dépite l’envie d’en offenser la réputation ; Je dirai de plus qu’elle est tellement Civile en ses diversités, qu’elle contraint les plus Religieux de lui donner des louanges, et chacun confesse que la force de ses charmes est si grande, qu’il faut être privé de sens commun pour en choquer la bonne odeurk ; Si l’on regarde le nombre de ses qualités, on verra, que c’est le tableau des plus agréables passions, la parfaite image de la vie humaine, la vraie histoire parlante, la pure philosophie visible, l’entretien des bons esprits, le trône de la vertu, l’exemple de l’inconstance des choses, l’ennemie de l’ignorance, le modèle de l’Orateur, le raccourci de l’éloquence, le Cabinet des plus riches pensées, le trésor de la moralité, le miroir de la justice, le magasin de la fable ; bref j’en dis peu pour n’en pouvoir dire assez, et j’ai de trop faibles Eloges, pour la moindre de ses parties : Et quoique ce Pédant l’attaque par les plus rudes invectives de sa haine, elle est un puissant rocher, contre l’orage de ses malédictions, une tour, pour résister aux écueils de sa médisance, une muraille de bronze contre ses calomnies, un boulevard pour s’opposer à ses accusations, un bouclier contre ses impostures, un rempart capable de dissiper la foudre de passion, elle est enfin à l’épreuve de ses machines, et conservera sa renommée malgré l’effort de ses intentions. […] A La Haye où son Altesse le Prince d’Orange tient sa Cour, il y a une troupe de Français qui représentent quatre fois la semaine, et où la plupart de la Noblesse, tant de l’une que de l’autre Religion assiste, sans aucun scrupule. […] C’est un discours rampant et vide de sens, plein d’autant de vanité que son auteur a de présomption et qui n’a rien qui soit bastantw d’ébranler le moindre esprit, ses raisons sont si mal rangées, ses paroles si confuses, et ses termes si grossiers, qu’ils tiennent de la froideur de son tempérament, et de la qualité de son jugement ; Bref, il aurait besoin de se faire relever de la folie, comme d’un acte de sa Minorité, ou faire un voyage au pays d’Anticyre pour se purger le cerveau d’un peu d’elléborex.

190. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Un Rat d’une grosseur prodigieuse, portant une barbe vénérable, adonisé avec soin, dansait sur la corde tendue ; il tenait dans ses petites pates un balancier, & se présentait avec autant d’assurance que Spinacuta, ou le plus hardi danseur de corde : sa grace & sa gentillesse charmaient tout le monde. […] Non-seulement Polichinel & ses autres confrères de bois, représentaient les piéces de l’Opéra-Comique ; mais encore les infortunés Acteurs de ce Spectacle si souvent renversé jouaient avec eux ; ils se tenaient cachés derrière la toile, & parlaient tandis qu’on fesait mouvoir les Marionnettes.

191. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

Je répondis que je m’en tiendrais aux bontés de Mademoiselle ***. […] La conduite qu’elle tint fut aussi sage qu’extraordinaire ; elle résolut de se donner ce qui lui manquait.

192. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

malgré mille précautions, une femme honnête et sage, exposée au moindre danger, a bien de la peine encore à se conserver un cœur à l’épreuve ; et ces jeunes personnes audacieuses, sans autre éducation qu’un système de coquetterie et des rôles amoureux, dans une parure immodeste, sans cesse entourées d’une jeunesse ardente et téméraire, au milieu des douces voix de l’amour et du plaisir, résisteront à leur âge, à leur cœur, aux objets qui les environnent, aux discours qu’on leur tient, aux occasions toujours renaissantes, et à l’or auquel elles sont d’avance à demi vendues ! […] L’immodestie tient si bien à leur état, et elles le sentent si bien elles-mêmes, qu’il n’y en a pas une qui ne se crût ridicule de feindre, au moins de prendre pour elle les discours de sagesse et d’honneur qu’elle débite au public.

193. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Je pourrais, Messieurs, vous faire le même compliment que vous me faites, je pourrais vous dire qu’on vous fait beaucoup d’honneur de vous répondre ; mais j’ai une plus haute idée de tout ce qui sort de Port-Royal, et je me tiens au contraire fort honoré d’entretenir quelque commerce avec ceux qui approchent de si grands hommes… Toute la grâce que je vous demande, c’est qu’il me soit permis de vous répondre en même temps à tous deux, car quoique vos Lettres soient écrites d’une manière bien différente, il suffit que vous combattiez pour la même cause, je n’ai point d’égard à l’inégalité de vos humeurs, et je ferais conscience de séparer deux Jansénistes. — Aussi bien je vois que vous me reprochez à peu près les mêmes crimes, toute la différence qu’il y a, c’est que l’un me les reproche avec chagrin, et tâche partout d’émouvoir la pitié, et l’indignation de ses Lecteurs, au lieu que l’autre s’est chargé de les réjouirb. […] Ils me diront ces raisons, et d’autres encore, et j’en serai fâché pour vous, car votre belle humeur tient à peu de chose, la moindre mortification la suspendra, et vous retomberez dans la mélancolie de votre Confrère.

194. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIII. Si les Comédiens doivent prendre le titre de Compagnie. » pp. 122-128

Entre ces Compagnies, les Cours Souveraines, en qui reside une portion de l’autorité Royale, tiennent, sans contredit, le premier rang.

195. (1574) Livre premier. Epître dixième. Cyprien à Eucratius son frère « Epître dixième. » pp. 30-31

Je supplie Dieu, frère très cher, qu’il te tienne toujours en sa sainte grâce.

196. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Vous ne vous en tenez pas à des imputations générales. […] La seule chose que j’oserais blâmer dans le rôle du Misanthrope, c’est qu’Alceste n’a pas toujours tort d’être en colère contre l’ami raisonnable et Philosophe, que Molière a voulu lui opposer comme un modèle de la conduite qu’on doit tenir avec les hommes. […] Essayons néanmoins, pour les apprécier avec justice, sans adulation comme sans humeur, d’oublier en ce moment combien leur société est aimable et dangereuse ; relisons Epictète avant que d’écrire, et tenons-nous fermes pour être austères et graves. […] Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que l’éloignement où nous tenons les femmes de tout ce qui peut les éclairer et leur élever l’âme, est bien capable, en mettant leur vanité à la gêne, de flatter leur amour-propre. […] Mais quand la lumière sera plus libre de se répandre, plus étendue et plus égale, nous en sentirons alors les effets bienfaisants ; nous cesserons de tenir les femmes sous le joug et dans l’ignorance, et elles de séduire, de tromper et de gouverner leurs maîtres.

197. (1646) Science du chrétien « Des comédies. » pp. 638-643

Si vous tenez ferme dans cette volonté, je vous assure déjà de la victoire sur ce sixième ennemi : mais ce n’est pas assez, il faut qu’un cœur Chrétien soit le vainqueur de tout ce qui peut attaquer sa chasteté.

198. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE IV. Des Femmes de Théâtre. » pp. 42-48

La pudeur est l’apanage des femmes ; et c’est en supposant que cette vertu fait presque leur essence, que les hommes ont réglé la forme de vie que le sexe devait tenir.

199. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PLAN. DU THEATRE. et autres Règlements, Qui sont la suite de ce qu’on a déjà vu, page 106 de l’Ouvrage. » pp. 329-337

On ne placerait jamais ni bancs, ni chaises sur le Théâtre : personne ne pourrait s’y tenir debout, parce que ce sont là autant d’inconvenients pour la représentation.

200. (1643) La discipline des Eglises prétenduement réformées « Chapitre XIV. Des règlements ou avertissements particuliers » pp. 381-625

Les Blanquese aussi ne peuvent être approuvées, soit qu’elles se fassent par la permission du Magistrat, ou autrement : Et les Magistrats fidèles sont exhortés d’y tenir la main.

201. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Laurens tint au Tyran un pareil langage : Voici les trésors de l’Eglise , dit-il, en montrant les pauvres. […] Ils tiennent conseil sur l’arrangement de leurs cheveux : De singulis capillis consilium initur. […] Il faut que les femmes se lavent & se tiennent propres ; mais il ne faut leur permettre aucune affectation de parure. […] Elle est cette vaisselle qu’il faut tenir propre ; mais tous les affiquets sont inutiles & pernicieux pour elle.

202. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Combien de femmes qui veulent tenir bon contre le temps, & qui s’accrochent à tout pour n’être pas emportées par le torrent ? […] Tous les autres moralistes Protestans, Vincent, Daneus, le Faucheur, Saurin, &c. tiennent le même langage que les Catholiques, toutes les sectes sont réunies contre le théatre. […] Mais des Auteurs judicieux peuvent-ils tenir un langage si peu sensé ? Non il n’y a que des romanciers & des gens de théatre qui le tiennent.

203. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

.° On y est enhardi à tout commettre ; on rassure par les exemples, on affermit par la doctrine, on encourage par le ridicule donné à la vertu & les éloges prodigués au vice, on invite par le succès tôt ou tard favorable à l’amour malgré les obstacles, & que les coulisses ne sont pas long-temps attendre ; quelle modestie tiendra contre tant de batteries ! […] la piété connoît-elle le langage qu’on y tient ? […] J’ai vu ce jeune homme au spectacle, je vais au-devant de lui avec la parure d’une Actrice, occurrit ei ornatu meretricio, femme volage, babillarde, inquiette, qui ne peut se tenir sur ses pieds : Venez, je vous cherche, je vous prépare mille délices, je suis toute parfumée d’ambre & de bergamote, ma chambre est délicieusement meublée, mon lit est jonché de fleurs, je suis libre & seule chez moi : Intenui lectulum meum, sttravi tapedibus. […] Les Sages du monde, jusqu’aux Poëtes, tiennent le même langage : témoins ces fameux vers de Boileau que tout le monde sait, parce qu’ils disent exactement la vérité.

204. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Peut-on tenir ce langage ? […] L’homme de théatre est admis dans les plus nobles sociétés ; ses vains talens lui tiennent lieu d’ayeux & de mérite ; recherché, comblé de largesses, il s’en énorgueillit. […] Ce sont bien plutôt les Grands, les petits-Maîtres, qui veulent tenir le sceptre de la littérature, & qui l’offrent à leurs Divinités. […] Mais on ne s’y tient pas.

205. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

faisons… défenses… à tous Comédiens de représenter aucunes actions malhonnêtes, ni d’user d’aucunes paroles lascives ou à double-entente, qui puissent blesser l’honnêteté publique, & sur peines d’être déclarés infâmes, & autres peines qu’il écheoira : enjoignons à nos Juges, chacun en son district, de tenir la main à ce que notre volonté soit religieusement exécutée ; & en cas que lesdits Comédiens contreviennent à notre présente Déclaration, nous voulons & entendons que nosdits Juges leur interdisent le théâtrea, & procédent contr’eux par telles voies qu’ils aviseront à propos, selon la qualité de l’action, sans néanmoins qu’ils puissent ordonner plus grandes peines que l’amende ou le bannissement : & en cas que lesdits Comédiens règlent tellement les actions du théâtre qu’elles soient du tout exemptes d’impureté, nous voulons que leur exercice, qui peut innocemment divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudicier à leur réputation dans le commerce public ; ce que nous faisons afin que le desir qu’ils auront d’éviter le reproche qu’on leur a fait jusqu’ici, leur donne autant de sujet de se contenir dans les termes de leur devoir des représentations publiques qu’ils feront, que la crainte des peines qui leur seroient inévitables, s’ils contrevenoient à la présente Déclaration. […] Ceux de Mayence, Tours, Rheims, Châlons-sur-Saône, tenus en 813, défendent aux Evêques, Prêtres & autres Clercs, à peine de suspense & d’être mis en pénitence, d’assister à aucuns spectacles.

206. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

J’ai toujours cru les bals dangereux, disait un des plus beaux esprits de son temps, et le Courtisan le plus poli de son siècle :* j’ai toujours cru les bals dangereux ; ce n’a pas été seulement ma raison qui me l’a fait croire, ç’a encore été mon expérience ; et quoique le témoignage des Pères de l’Eglise soit bien fort, je tiens que sur ce chapitre celui d’un Courtisan doit être d’un plus grand poids. […] Ainsi je tiens qu’il ne faut point aller au bal quand on est Chrétien, et je crois que les Directeurs feraient leur devoir, s’ils exigeaient de ceux dont ils gouvernent les consciences, qu’ils n’y allassent jamais.

207. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

C’est cependant sur le théatre réformé par les Princes Chrétiens, que tombent les anathemes des Conciles tenus depuis la paix de l’Eglise. […] Cette idée, peu propre à rassurer les Disciples d’un Dieu crucifié, les avertit de se tenir sur leurs gardes. […] Parce qu’elles en font métier, & se donnent tous les jours en spectacle pour de l’argent, tiennent école de galanterie, & font tout ce qu’elles peuvent pour exciter la passion. 4. excuse.

208. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

la rebuter par des paroles dures, l’affliger encore d’avantage par des expressions farouches, ce procédé n’aurait-il pas tenu de la férocité et de la barbarie ? Je conviens que le Poète pouvait se dispenser de mettre dans la bouche de Pauline le mot d’amour, qui force Polyeucte à lui faire la réponse que nous venons de voir ; mais on ne doit pas oublier qu’elle est Payenne ; elle a recours, pour persuader son mari, aux plus fortes armes dont elle pouvait faire usage : si Pauline avait été Chrétienne, Corneille ne lui aurait pas fait tenir un pareil langage ; ou, s’il l’eût fait, on aurait pu, avec justice, le lui reprocher. […] A l’égard de Zénobie (qui se croit veuve depuis le bruit qui a couru de la mort de Rhadamiste) elle tient une conduite irréprochable, et qui peut servir de modèle ; puisqu’elle se fait un devoir de rester fidèle à un époux qui, aussitôt après son mariage, étant forcé de fuir précipitamment, oblige sa femme à fuir avec lui ; et qui, par jalousie et pour empêcher qu’elle ne passe dans les mains de son rival qui les poursuivait, la précipite dans une rivière.

209. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

Voilà en peu de mots ce que l’on peut dire de plus obligeant et de plus avantageux pour Molière : et certes, s’il n’eût joué que les Précieuses, et s’il n’en eût voulu qu’aux petits Pourpoints et aux grands Canons, il ne mériterait pas une censure publique, et ne se serait pas attiré l’indignation de toutes les personnes de piété : mais qui peut supporter la hardiesse d’un Farceur, qui fait plaisanterie de la Religion, qui tient École du Libertinage, et qui rend la Majesté de Dieu le jouet d’un Maître et d’un Valet de Théâtre, d’un Athée qui s’en rit, et d’un Valet plus impie que son Maître qui en fait rire les autres. […] L’impie qui est l’organe du Démon, tient les mêmes maximes ; il insinue d’abord quelque proposition libertine, il corrompt les mœurs, et raille ensuite des Mystères, il tourne en ridicule le Paradis et l’Enfer, il décrie la dévotion sous le nom d’hypocrisie, il prend Dieu à parti, et fait gloire de son impiété à la vue de tout un peuple. C’est par ces degrés que Molière a fait monter l’Athéisme sur le Théâtre, et après avoir répandu dans les âmes ces poisons funestes, qui étouffent la pudeur et la honte ; après avoir pris soin de former des Coquettes, et de donner aux filles des instructions dangereuses ; après des Écoles fameuses d’impureté, il en a tenu d’autres pour le libertinage, et il marque visiblement dans toutes ses Pièces le caractère de son esprit : il se moque également du Paradis et de l’Enfer, et croit justifier suffisamment ses railleriesDans sa Critique.

210. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Quels langages leur font-elles tenir ? […] Le tableau des nudités entrepris d’abord par le crime est le plus parfait, lorsque la passion a tenu le pinceau. […] Les portraits des actrices, aujourd’hui aussi multipliés qu’autrefois les images des Saints, étalés dans les carrefours & les boutiques, faisant une branche considérable du commerce des estampes, tous ces portraits sans exception fixent les yeux du vice par leur immodestie, & tiennent, comme de raison, une place distinguée dans le régne de l’indécence. […] Si ces amans savoient que la personne qu’ils aiment entend derriere la tapisserie les discours qu’ils tiennent à son portrait, ils seroient fondés à les tenir ; mais pensent-ils qu’elle les entend ?

211. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Il ne tient pas à l’anglomanie des dramatiques françois, qu’on ne rende les pareils honneurs à Corneille, Racine, Moliere. […] L’auteur qui rapporte ce trait, l’embellit en protestant ennemi des Papes, exagere beaucoup ce défaut naturel, que la fréquentation & le goût du théatre avoit nourri dans ce Pontife depuis sa jeunesse, & met dans la bouche de ce prêtre les discours les plus insolens, qui n’ont jamais été tenus à des Papes, & n’ont jamais dû l’être ; quoique le théatre, qui gâte les hommes les plus sages, eût fait du tort à celui-ci. […] Malgré cette pompeuse érudition, le Spectateur ne trouve de bon dans la danse que d’enseigner à marcher avec liberté, à se présenter avec grace, à se tenir avec décence dans les compagnies : tout le reste n’est que futilité. […] Il siffla une gavote de la maniere la plus sérieuse : mais il ne put tenir contre les postures de l’Arlequin. Le troisieme tint bon en sifflant une senate, & remporta le prix.

212. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Un ballet qui tient à l’action est une espece de scene moins fatiguante, qui entretient l’attention & l’intérêt. […] Ne soyons pas les dupes de la charlatanerie typographique, retranchons les vignettes, les culs de lampe, les titres des actes & des scenes, les noms des acteurs répetés dix fois dans chaque page, dont chacun étant d’un plus gros caractère emporte trois ou quatre lignes ; supprimons les demimots, monosyllabes, oui, non, mais, les phrases commencées & interrompues qui ne signifient rien, les liaisons triviales entrez, sortez, allez, dont chacune tient fierement sa ligne, & honorée du nom d’un acteur, (cette réduction est équitable) il ne faut pas un génie bien trancendant pour enfanter ces prodiges. […] C’est à peu-près l’opera, à l’exception des exploits militaires, dont les acteurs, actrices, auteurs, amateurs ne se piquent pas, quoiqu’ils aient les habits, & tiennent les discours des plus grands guerriers. […] Montpellier n’est pas la seule ville où se tiennent ces Vauxhall bourgeois. […] Mais Montpellier a des prérogatives singulieres ; quoique le comerce y soit florissant, le goût du plaisir y domine ; on le respire avec l’air, il influe sur la grave assemblée de nos Seigneurs les Etats de Languedoc qui s’y tient ordinairement.

213. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Ce n’est pas qu’il faille que le Héros soit parfait en toutes choses, car cela est impossible ; il faut qu’il se sente des faiblesses de l’humanité, afin que le spectateur craigne qu’il ne lui arrive quelque malheur ; car si c’était un homme accompli en toutes choses, et d’une vertu parfaite, on serait affranchi de cette crainte, qui tient l’auditeur en suspens, et qui lui cause une certaine inquiétude, qui l’intéresse dans toutes les aventures du Héros. […] Cet enchaînement d’actions et de passions tient toujours l’esprit en haleine, et le fait entrer dans tous les sentiments de l’Acteur. […] C’est une faute que les critiques reprochent à Euripide dans son Hécube ; les plaintes que fait cette mère infortunée, après avoir trouvé le corps de son fils Polydore, que le perfide Roi de Thrace avait fait égorger, attendrissent tout le monde ; il fallait s’en tenir là. […] Pour bien peindre les mœurs, il faut connaître au juste, ce qui convient à chaque état, à l’âge, au sexe, au rang que l’on tient. […] Ces ennemis déclarés des spectacles, veulent que l’on s’en tienne aux décisions des Conciles, qui ont souvent fulminé contre les Comédies.

214. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

On peut donc facilement extraire de ce Répertoire général un Répertoire particulier de tous les rôles d’un même genre pour en composer un Emploi dont on charge un sujet quelconque : ce Répertoire particulier serait joint à son engagement et signé de lui, en sorte qu’il serait tenu d’en remplir tous les rôles sans exception et perdrait le droit de former aucune prétention sur l’emploi des autres, comme on n’en pourrait former aucune sur le sien. […] J’indique encore bien d’autres moyens pour prévenir tous les abus qu’on a pu jusqu’à présent reprocher avec justice au spectacle ; et vous avouerez peut-être qu’en se bornant aux moyens que j’indique ici, les Comédiens seraient forcés de tenir une conduite régulière : alors, n’ayant plus de reproches à leur faire, à quel titre les mépriserait-on ? […] Ceux d’entre eux qui ont un peu de sens commun s’en tiendront à dire : « C’est qu’ils sont excommuniés ». […] Tenez, par exemple : tout Arlequin que je suis, je ne suis plaisant qu’au Théâtre ; et quoique des gens du plus haut rang m’aient fait l’honneur de m’admettre plusieurs fois à leur table, ils ne m’ont jamais trouvé bouffon  : je me suis toujours piqué de n’y être que raisonnable, et je ne me suis point aperçu que cela les ait refroidi à mon égard. […] Il ne tiendrait qu’à moi de me faire honneur dans votre esprit : le moindre petit écolier de Droit, un Clerc de Procureur même pourrait selon vous sans trop d’effort de génie composer un Code ; rien n’est à votre avis plus aisé.

215. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — [Introduction] » pp. -1

En Egypte, & chez bien d’autres peuples, les Prêtres étoient chargés de tenir un régistre fidele des actions du Prince, & des affaires de l’Etat ; c’étoit le même incovénient, le Sanctuaire n’est point inaccessible à la flatterie, & lui-même s’en repait quelquefois.

216. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Parallèle du Poème épique avec les Pièces du nouveau genre. » pp. 107-112

Mercure vient au bruit du tonnerre annoncer à un pauvre Bucheron, de la part de Jupiter, qu’il ne tient qu’à lui d’être heureux.

217. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

Ce Spectacle tient des anciennes Comédies, (dont on a parlé Note Comédie, nombre 8.) composées de simples Dialogues, & presque sans action, dont les Personnages étaient pris dans le bas-peuple ; les Scènes se passaient dans les Places ou dans les Cabarets, suivant qu’elles étaient Plataires ou Tabernaires.

218. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE IV. Détail des péchés qu'on commet en allant aux Spectacles. Réponse à ceux qui demandent s'il y a péché mortel, et si tous ceux qui y vont, sont également coupables. » pp. 76-81

Au lieu que maintenant que nous ne les connaissons pas, nous sommes plus obligés de nous tenir sur nos gardes, et de tâcher de nous avancer dans la vertu… La règle de ce Père qui ne regarde pas précisément la matière dont nous parlons, peut bien y être appliquée.

219. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIX. Si un Evêque peut défendre qu’on ne danse les jours des Fêtes, ou même en quelque temps de l’année que ce soit. » pp. 146-153

Je dis bien davantage, si un Evêque veut remplir son ministère, répondre au rang qu’il tient dans l’Eglise, et s’acquitter dignement de sa charge ; il est dans l’obligation d’user souvent de la puissance que Dieu lui donne pour faire des nouveaux règlements.

220. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXIII. Passages de Saint Basile sur le sérieux de la vie chrétienne. » pp. 132-135

Conformément à cette sentence, il permet, avec Salomon, « d’égayer un peu le visage par un modeste souris » ; mais, pour ce qui est de ces « grands éclats et de ces secousses du corps », qui tiennent de la convulsion ; selon lui, elles ne sont pas d’un homme « vertueux et qui se possède lui-même »Constit. mon. 12.

221. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Au retour de sa dernière Campagne étant à Pézenas, où il tenait les États de Languedoc, il eut quelques conférences avec M. […] , que les maladies étant endurées en esprit de pénitence, nous tiennent lieu des peines du Purgatoire. […]  : « Le Sénat donna ordre à ses Députés de dire au Consul, que s’il ne pouvait pas venir à Rome pour tenir les assemblées, il nommât dans le territoire de Rome un Dictateur pour les tenir : et comme le même ordre portait, que si le Consul s’était retiré à Tarente, le Préteur Q. Claudius conduisît les troupes en un lieu d’où il pût plus aisément défendre un plus grand nombre de villes alliées » ; Le Consul voyant que le Préteur ne pourrait se trouver à Rome pour faire les Jeux, il élut Manlius Dictateur pour tenir les assemblées et pour faire les Jeux : mais c’était principalement pour tenir les assemblées, selon l’ordre du Sénat. […] Qu’ils défendent donc exactement toutes les coutumes superstitieuses des Païens. » Et le Concile de Calchut en Angleterre tenu l’an 787.

222. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

Au reste, que les Rois jouent la Comédie, je tiendrai la scène pour très-honorée. […] Laberius étant allé ensuite prendre place parmi les Chevaliers, ils se tinrent de telle sorte qu’il n’en trouva point.

223. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Vous les tenez pour des gens infames. […] Ces réglemens ayant été mal exécutés, cet Empereur bannit1 les Comédiens de toute l’Italie ; cette Sentence fut renouvellée plus d’une fois2, selon Tacite de qui je tiens ces particularités remarquables.

224. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

Ce qui sert le plus à la tenir en bride, est une certaine horreur que la bonne éducation & le Christianisme en inspirent. […] Quelque attention qu’ils ayent à se tenir sur leurs gardes, à peine peuvent-ils se préserver de l’infection du mauvais air qu’ils y respirent : quelles peuvent être les plaies & les chutes de ceux qui menant une vie toute sensuelle, s’exposent à des dangers dont les plus forts n’entreprendroient pas de se tirer ?

225. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Une vaste sale qui mugit, des Orateurs qui tiennent tout en suspens, rendent tout problématique, excitent toutes les passions ; enfin un morne silence, & un oracle qui se fait entendre ; il décida des biens de l’honneur de la vie. […] Le sort qu’éprouvent les associés à la construction du Colisée avoit été prévu, les frais sont devenus si exorbitans qu’ils n’ont pu y subvenir, les fournisseurs ont fait tout saisir, on ne voit point quel parti on pourra tenir d’une si folle entreprise, & l’on ne sait s’il ne faudra pas tout démolir pour vendre les matériaux.

226. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

En un mot tous les Prédicateurs, anciens & modernes, ont tenu le même langage. […] Ce n’est pas dans les Vies des Saints qu’on trouvera des amateurs du théatre ; ils furent tous ses ennemis, non-seulement ceux que l’amour de la solitude ensevelit dans les déserts, ceux que le zèle transporte au-delà des mers, ceux que la charité dévoue au service des pauvres, mais ceux même que leur état, leur grandeur ou leur dépendance tiennent enchaînés au milieu du monde, & qui versent des larmes sur les fleuves de Babylonne.

227. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

si vous vous representiés chaque jour devant les yeux le détachement du monde, la fuite de ses pompes & de ses plaisirs, la haine de vous-même, la mortification de vos sens, la vie de la Foi, que vous avés embrassées, la conformité avec Jesus-Christ, qu’il exige de vous comme son membre & son enfant, si vous le compreniés bien, qu’il faut aimer Dieu de tout vôtre cœur sans retour, ni partage, que vous ne pouvés sans crime porter ailleurs vos affections & vos desirs, que toute pensée, toute parole, toute œuvre qui ne se rapporte point à lui, est l’œuvre de Satan, & par consequent criminelle, qu’un simple regard qui ne tend pas à lui & à sa gloire, lui deplaît, l’offense ; qu’une seule demarche quelque innocente qu’elle paroisse, si elle ne se fait pas selon la charité, nous rend rebelles & coupables : si vous les compreniés bien, dis-je, ces verités, vous gemiriés sans cesse, vous viendriés souvent au pied du Tribunal vous declarer coupable devant Jesus-Christ vôtre Juge, dont le Confesseur tient la place. […] Ce sera cet homme de qualité, cet homme riche, qui dans sa grandeur & son opulence se tiendra toûjours humble & detaché des choses de la terre, qui compatira aux besoins de ses freres.

228. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

Combien vous vous seriez épargné de peine Monsieur, si vous vous en étiez tenu au seul obstacle que vous pouviez opposer raisonnablement à l’établissement de la Comédie Française à Genève : il vous a fallu suer pour entasser un nombre d’invectives suffisant pour faire un volume ; il vous a fallu gagner des migraines, à faire des calculs graves et politiques, aussi faux que les principes qui vous les ont fait entreprendre. […] Il tiendra Registre, Journal apparemment, de la façon dont chacun aura dansé ; et, par un acte déposé scrupuleusement au Greffe, on saura que tel jour, Mademoiselle une telle a dansé un peu trop légèrement, que tel autre jour, Monsieur un tel a laissé échapper un pas de Menuet un peu trop libidineux ; on saura que dans tel Bal Mademoiselle N. a choqué la modestie par un port de bras trop tendre, et que Monsieur N. a payé l’amende pour avoir fait connaître par un coup d’œil trop décidé qu’il avait pour sa figurante, en ce moment, un sentiment plus que patriotique.

229. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Il y a plusieurs autres erreurs et abus, que monsieur Saint Pierre déclare là plus au long, desquels nous en tenons et observons aussi quelques-uns. […] A la fête de la Circoncision (qui est le premier jour de l’an) les leçons de matines sont prises d’une Homélie de Maximeah anciennement Evêque de Trènes, celui qui tint longtemps caché chez lui Saint Athanase fugitif d’Alexandrie, laquelle Homélie il a faite des Calendes de Janvier, y reprenant toutes les observations Gentiles qu’aucuns Chrétiens retenaient et imitaient encore des deux espèces dont nous venons de parler, savoir est et de divination, et des jeux mondains et séculiers, faisant mention entre autres des déguisements qu’on fait des sexes, savoir est des hommes en femmes et des femmes en hommes, et autres : mais on peut voir aujourd’hui que ce sont les moindres maux qu’on y commet.

230. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Vous me feriez damner, ma mère, je vous di… C’est tenir un propos de sens bien dépourvû. […] 10.° La conduite & le langage qu’on fait tenir à Tartuffe, sont de la plus scandaleuse indécence. […] N’y a-t-il que les dévots qui tiennent cette conduite & ce langage ?

231. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

Sa longueur estoit de trois stades & demy, c’est à dire 1890 pieds, & sa largeur d’un stade, & plus, c’est à dire de 960, en sorte qu’il pouvoit tenir dans les bâtimens d’alentour 150000 hommes. […] Neantmoins tant que l’ignorance a pû durer parmy eux, on s’en est tenu aux armes naturelles, au poing, aux genoux, aux pieds & aux dents : mais la connoissance les rendant plus ingenieux pour nuire les vns aux autres, leur donna l’art & l’invention de fortifier ces premiers secrets, d’armer les poings de gantelets, au commencement faits de simple* cuir, & ensuite de fer. […] Maphée autheur moderne dõne aux Ialofes peuples d’Afrique la gloire de ces sortes d’agilité, car il asseure qu’ils sautent de cheval en cheval tout en courant, & mesme que nonobstant toute la vitesse des plus legers coureurs, les Cavaliers se tiennent non-seulement debout sans tomber, mais que par une agilité & par une prestesse presque incroyable, ils ramassent à terre des petits cailloux, sans arrester ny eux ny leur chevaux, & sans retarder en rien leur course.

232. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

On voit le gouvernement britannique diminuer ses armées plutôt que de les augmenter, et cependant il trouve le secret de tenir à lui seul en échec la puissance colossale de la sainte alliance qui, par son impopularité, a apporté en naissant le germe de sa destruction. […] Ils tiennent également en tutelle les ministres d’état, qu’ils surveillent, nomment et changent à leur gré. […] Il était enfin livré à une agitation pour ainsi dire perpétuelle, et qui, je le présume, tenait autant à sa constitution physique qu’à son moral.

233. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

On n'aurait qu'à rimer la plupart des conversations que l'Auteur fait tenir, ce serait de très belles scènes. […] Les innombrables Poètes de la Société, au-deçà comme au-delà des monts, depuis les plus célèbres jusqu'aux plus obscurs, Porée, Brumoy, la Rue, Catrou, etc. d'après Corneille, Racine, Crébillon, Voltaire, ont sans scrupule dans leurs poèmes tenu le même langage. […] Croira-t-on une anecdote vraie que je tiens des Jésuites même ?

234. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre IV. Il faut que le nouveau Théâtre se fonde sur la Vérité & sur la Nature. » pp. 133-138

Le genre qui lui convient ne renfermant aucune apparence de Sublime, ne devant nous montrer que des personnages bas & vils, dont les discours se ressentent du rang qu’ils tiennent, l’esprit se révolterait de s’occuper long-tems de choses fausses & méprisables.

235. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CONCLUSION, de l’Ouvrage. » pp. 319-328

La passion d’amour fait impression sur tous les hommes, et non seulement une impression vive, prompte et indélibérée, mais encore une impression durable et permanente, pendant que les autres passions ne font qu’une impression passagère, comme si la passion d’amour, plus homogène et naturelle à l’homme, tenait de plus près que toute autre à l’humanité.

236. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

C’est aussi cet esprit de société, répandu en torrent, ou sans mesure ni ménagement, qui, de l’aveu ingénu du plus éloquent panégyriste de Molière, a produit l’abus de la société et de la philosophie, qui est cause que la jeunesse a perdu toute morale à quinze ans, et toute sensibilité à vingt ; qui fait aussi qu’après avoir perdu l’honneur, on peut aujourd’hui le recouvrer rentrer dans cette île, du temps de Molière escarpée et sans bords, c’est-à-dire, jouir de la considération, de tous les avantages et priviléges de la vertu Comparez les temps et jugez, dis-je, vous verrez de plus que, malgré les cent cinquante mille pièces de théâtre environ qui nous ont passé sur le corps, ou plutôt sur l’âme, depuis la restauration des lettres, pour nous perfectionner, nous nous sommes toujours détériorés de plus en plus ; vous verrez que les rares petits coins de la terre civilisée qu’on pourrait encore proposer pour exemples d’innocence et de vertus, sont précisément ceux où il n’a jamais paru ni théâtre, ni comédie, ni beaucoup des gens qu’ils perfectionnent dans les villes ; et vous en inférerez que pour mettre le comble à la dépravation, surtout aujourd’hui que les hommes corrompus sont presque partout en grande majorité, et que jouer les vices au théâtre, c’est à peu près comme si on jouait l’anglomanie en Angleterre, il ne manquerait plus que de livrer de même à la justice précipitée du public malin, qui a besoin de rire, qui ne se rassemble que pour cela, à ce tribunal confus, incohérent et enthousiaste, composé de toutes sortes de gens, qui tient ses assises dans toutes sortes de lieux, qui passe en sections du théâtre dans les salons et dans les réduits, sur les places publiques et aux coins des rues, où il délibère d’après ses passions discordantes, propres on empruntées, qui dénature on change les actes d’accusation, qui juge cent fois in idem, dont la jurisprudence est incertaine et si versatile qu’il désavoue habituellement ses jugements, lesquels, en effet, sont cassés en grande partie, et souvent, après des années de la plus cruelle exécution, quelquefois dans un autre siècle, par le public mieux éclairé, sage et impartial, dont les arrêts méritent seulement alors toute confiance et respect ; il ne manquerait plus, dis-je, que de traduire à ce tribunal les hypocrites des autres vertus dont il reste plus de lambeaux, en ajoutant aux tartufes de religion, de mœurs, de bienfaisance, etc., les tartufes de justice, d’indulgence ou de pitié, de patience ou de modération, de modestie, de grandeur d’âme, d’amour filial ; et vous n’aurez aucun doute non plus qu’une satire en comédie dirigée contre une hypocrite de tendresse maternelle, comme il y en a effectivement, sur qui, par le jeu d’un Brunet ou d’un Potier, qui représenterait la marâtre, on livrerait à la risée publique le ton, les soins empressés, les caresses, les émotions ou les tendres élans du cœur d’une mère, ne portât une atteinte funeste à la plus précieuse des vertus, et ne détruisit en peu de temps l’ouvrage du génie supérieur qui a défendu si éloquemment la cause de l’enfance et mis à la mode, en les faisant chérir, les premiers devoirs de la maternité. […] Il ne faudrait qu’y tenir la main sans relâche. […] L’importance de mieux régler l’emploi de ce fléau sur la scène, est d’autant plus grande, que non-seulement les méchants, mais aussi des auteurs très-estimables en ont fait l’usage le plus préjudiciable ; car, je le demande encore une fois aux plus grands partisans même de son utilité et de son indépendance accoutumée, l’auteur du Tartufe, qui, en considération du mal réel qu’il avait intention d’arrêter, du vice odieux qu’il voulait combattre, peut être justifié ou excusé d’avoir saisi l’arme du ridicule, tandis qu’un si grand nombre d’individus foulaient aux pieds avec scandale et paisiblement lès censures, la religion, toutes les vertus, et d’aller combattre d’abord ceux qui les recommandaient du moins à l’extérieur par des exemples et des discours ; et les combattre de manière encore à frapper également les bons et les méchants, à frapper ceux qui se cachaient de peur de scandaliser l’innocence et la vertu, comme ceux qui se cachaient seulement de peur d’être pris et pendus ; cet auteur, dis-je, est-il aussi excusable d’avoir employé cette arme cruelle dans ses critiques éclatantes et solennelles d’égarements, ou travers innocents qui accompagnent même les plus sublimes vertus, qui tiennent à la faiblesse humaine, lesquels n’ont pas plutôt disparu que d’autre les remplacent par une succession aussi nécessaire que celle des pensées frivoles qui assiègent continuellement les esprits forts et les faibles ? […] Malgré le dernier résultat de ce grand procès, cette nominative et rude attaque a plus épouvanté et tiendra plus en respect les chefs de tontine que vingt comédies vagues, fussent-elles intitulées : les Tontinéries ou Tontinières, représentant la mauvaise foi, la honteuse avidité, les faux calculs, les jeux cupides, en un mot, les iniquités de ces administrations et d’autres prises en masse auxquelles ne président point des Larochefoucaulds.

237. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Voici un autre trait qui tient sept à huit pages ; c’est une conversation de table, du Roi avec Croquer, son Maître d’Hôtel, la Reine sa femme, & quelques amis avec qui il soupoit, au retour de la chasse. […] Qui peut tenir contre les charmes de Fretillon ? […] Il ordonna aux Evêques de le publier dans les Eglises, & aux Juges d’y tenir la main, comme d’une grande conséquence pour le bonheur du peuple & le maintien de la Religion Anglicane ; deux fins justes & salutaires qu’il se propose. […] Ces deux grandes ames inséparablement unies, par la conformité des goûts, & des sentimens, & l’assiduité du commerce, tiennent beaucoup au théatre ; le Poëte comme auteur, la Dame comme actrice.

238. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Il y tint table ouverte pour toute la Noblesse des environs. […] On tient chaque nuit dans ces maisons une espece de bal, où ces filles dansent tour-à-tour avec les Matelots au son de toute sorte d’instrumens. […] Il se tient derriere le fauteuil du Roi dans les assemblées ; il a les entrées par-tout & les honneurs de premier Gentilhomme de la Chambre ; il a toute inspection & autorité sur les Acteurs, Actrices, Danseurs, Tabarins, armée brillante, dont il est Général. […] Au reste le bal se tient en Pologne sans grands préparatifs.

239. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Les jeunes gens qui jouissent d’une santé florissante, ne s’apperçoivent pas des altérations qu’elle y cause, le plaisir fait tout oublier ; mais il est impossible que la multitude, la continuité, la rapidité de ses mouvemens ne dérange l’économie du ressort de cette frêle machine dont la durée tient à si peu de chose. […] Les jeunes gens, les gens du monde sont dans une si grande ignorance, une si fausse conscience, un préjugé si aveugle, que bien loin de traiter la danse de péché, ils se font un honneur, un mérite, un devoir d’en fréquenter, d’en tenir les assemblées, & d’y paroître avec tout l’éclat & toutes les graces qu’ils peuvent se donner. […] Si vous êtes forcé d’y aller, & combien faut-il que la nécessité soit pressante, demeurez-y peu, tenez vous-y dans la plus grande modestie, préparez vous-y par la méditation sur la mort, le jugement & l’enfer. […] Chacun y apporte sa marchandise, on l’y étale, on l’y fait valoir, on l’y livre ; les emplettes s’y font à vil prix ; c’est même un marché d’esclaves, comme il s’en tient dans l’Orient, où l’on expose les hommes en vente ; on y vend les ames pour un moment de plaisir, avec cette différence malheureuse, que bien loin d’en gémir, elles aiment leur esclavage, courent se livrer à leur tyran, & se forgent à elles-mêmes leurs chaînes : Saltationes sunt dæmoniorum comercia.

240. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Ce n’est pas se réjouir dans le Seigneur d’en faire une matière d’amusement ; le véritable objet de la joie Chrétienne, c’est le souvenir de ses miséricordes, la vue de ses bienfaits, l’espérance de la félicité éternelle : « Lætatus sum in his quæ dicta sunt mihi, in domum Domini ibimus. » Ce n’est pas, il est vrai, un langage à tenir aux Comédiens ; ils le prendraient pour un délire. Je le tiens à ceux qui par un esprit de religion voulant des pièces pieuses, doivent être pleins de ces sentiments. […] Les femmes des Quakers dans leur fanatisme seraient plus propres à inspirer la vertu, que toutes les Actrices de Paris ; ces femmes ont des mœurs, une Actrice a des vices ; elles ont un extérieur pieux, l’Actrice n’a que le rouge, les nudités, la coquetterie ; ces femmes ne parlent que de bonnes choses, elles sont sincères, zélées, fidèles, l’Actrice ne tient que des discours galants, passionnés, dissolus, elle prend toute sorte de formes pour plaire, séduite et corrompre. […] Qu’ils peignent toutes les passions, à la bonne heure ; ils les sentent, ils y sont livrés, leur cœur en est le premier théâtre, de l’abondance du cœur la bouche parle, la nature agit et tient le pinceau ; les intrigues, les galanteries font tout le tissu de leur vie ; ils font sur la scène ce qu’ils font ailleurs.

241. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Tenir ce langage à un affligé, ce n'est pas le consoler, c'est le désespérer. […] On transporte la malade du caveau à l'infirmerie, de l'infirmerie au caveau, on l'y met sur la cendre (ce qui est contre le costume e, puisque c'est dans l'infirmerie qu'on l'y couche, et non au caveau, où on ne pourrait guère transporter un mourant sans risque) ; la Communauté, de plus de cent Religieux, a le temps de s'y assembler (ce qui est faux encore, elle ne pourrait y tenir) ; la malade a toute sa raison, sa liberté, sa voix, puisqu'elle parle pendant demi-heure, sans doute pour se dédommager d'avoir tant gardé le silence, et se fait entendre à tout le monde. […] Le bon Abbé, les bras croisés, comme une statue, laisse tenir à la Communauté par une femme le discours le plus scandaleux, sans l'interrompre, sans la reprendre, ni rien dire à ses Moines pour en empêcher le mauvais effet, et laisse mourir son Moine sans lui donner le moindre secours spirituel, ni lui dire le moindre mot de consolation, ni faire aucune prière pour les morts. […] Si les Bérénice, les Chimène, les Cléophile, etc. et celles qui les représentent, faisaient leur confession aussi sincèrement qu'Adelaïde, elles tiendraient le même langage ; leur fierté, leur pruderie, leurs prétendus grands sentiments, ne sont que le rouge qui cache les rides et la pâleur de leur âme.

242. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

L’émotion tient lieu du saisissement, l’étonnement de l’horreur ».

243. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

La lecture des Romans et de la Comédie fait le même effet sur les esprits et sur les cœurs : Mais la Comédie a cela de plus, que comme elle est faite pour la représentation, la lecture en est encore plus dangereuse, parce qu’en lisant on s’imagine voir et entendre les Acteurs ; et ainsi la lecture même tient quelque chose de la force de la représentation.

244. (1804) De l’influence du théâtre « PREFACE. » pp. -

C’est ainsi qu’après avoir parcouru successivement tout ce qui peut tenir à la gloire comme à le décadence de la Chaire, du Théâtre et du Barreau, et « en comparant chacune de mes idées avec l’idée éternelle du vrai et du juste, j’ai vu qu’il n’y avait de bien que ce qui était utile à la société et conforme à l’ordre, de mal, que ce qui leur était contraire. »(Eloge de Marc Aurèle.

245. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Les filles de l’opéra ont tenu un concile dans les coulisses (la Coupée y présidoit), pour instituer une confrairie où n’entreroient que les miladis de l’ordre qui auroient 40000 livres en pierreries. […] La scène du tragicomique tremblant qu’on ne réveille la mère, qu’il a l’art de tenir si bien endormie, est presque la seule où il ait dû la réveiller. […] L’Acteur est un cocher qui tient les rênes de ses chevaux lors même qu’il les fait aller à toute bride : l’homme passionné est le cheval lui-même emporté par son feu, sans réflexion.

246. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Plus elle est charmante, plus elle est dangereuse ; plus elle semble honnête, plus je la tiens criminelle. » Il cite l’exemple de Chimène dans le Cid, alors si admiré et si honnête : « Elle exprime mieux son amour que sa piété, son inclination est plus éloquente que sa raison, elle excuse plus le parricide qu’elle ne le condamne ; sous ce désir de vengeance qu’elle découvre, on remarque une autre passion qui la retient, elle paraît incomparablement plus amoureuse qu’irritée ; prête à épouser le meurtrier de son père, l’amour qui triomphe de la nature, va la rendre coupable du crime de son amant. […] Que l’Angleterre amuse un peuple factieux, toujours agité comme la mer qui l’environne, le gouvernement Français n’a nul besoin de Molière pour aider à tenir les rênes de l’Etat. […] Il y a grand péril à divertir le peuple par des plaisirs qui peuvent produire un jour des douleurs publiques, il nous faut bien garder d’accoutumer ses yeux et ses oreilles à des actions qu’il doit ignorer. » L’Académie avait alors fort peu d’Auteurs dramatiques ; aujourd’hui qu’elle en foisonne, je doute qu’elle tînt le même langage.

247. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Ils nous représentent les Jeux du Cirque d'une manière mystérieuse : au lieu d'y voir la course des Chariots, représentez-vous le cours du siècle, et du temps qui passe ; considérez l'espace de votre vie ; et au lieu du terme et du bout de la carrière, regardez la fin du monde ; au lieu des partis du Cirque, défendez le parti de l'Eglise ; attendez avec vigilance le signal que Dieu vous donnera pour vous présenter devant son Tribunal: Tenez-vous prêts au son de la Trompette, et à la voix de l'Ange qui vous avertira: Considérez la victoire, et la couronne des Martyrs, comme l'objet de votre gloire. […] On peut justement appeler les Théâtres, et la carrière des courses publiques, une Chaire de pestilence ; Car tout ce qui se fait en ces Lieux est plein de confusion et d'iniquité : Ces assemblées ne fournissent que trop de sujets d'impureté, où les hommes et les femmes étant ensemble, s'occupent à se regarder : C'est là où se tiennent de pernicieux conseils, lors que les regards lascifs excitent de mauvais désirs ; et les yeux étant accoutumés à regarder impudemment les objets qui sont auprès d'eux, se servent de l'occasion qui se présente pour satisfaire leur cupidité.

248. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

point de tragédie où quelque Acteur ne parle des Rois, des Grands de l'Etat, d'une manière à se faire mettre à la Bastille, s'il tenait dans le monde les mêmes propos : point de comédie où quelqu’un ne prenne la même licence contre son père, son mari, son maître. Quel sage Gouverneur laisserait tenir à ses élèves ou leur permettrait d'entendre de pareils entretiens ?

249. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Il cite les Canons 62 & 67 du Concile d’Elvire tenu l’an 305 ; le Canon 5 du premier Concile d’Arles, tenu l’an 314 : & ce Canon fut confirmé par le deuxieme Concile d’Arles, tenu l’an 452 : le sixieme Concile général tenu à Constantinople en 680, est aussi très-sévere contre les Théatres publics : le quatrieme Canon du Concile de Bourges, tenu l’an 1584, ne l’est pas moins. […] Caffaro ; mais on doit s’en tenir au désaveu qui en fut fait par ce Religieux Théatin. […] Tous les Censeurs du Théatre pourroient tenir ce dernier propos. […] La corruption du goût tient plus qu’on ne pense aux mœurs. […] n’a fait que prêter son génie poétique à cette morale sensuelle, & que de cœur il tient à la philosophie de Despréaux, dont on va citer ici quelques vers pour faire opposition.

250. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE II. » pp. 18-28

La seule différence que je remarque entr’elle & une brigade de Forçats, est que ceux-ci ne sçauroient rompre leurs chaînes, & il ne tient qu’à vous dès aujourd’hui de vous remettre en liberté.

251. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

C’est là que la vertu peut tenir son école.

252. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Or le temps marqué pour la pénitence comprend les jours des Litanies, et des Quatre-Temps, et tous les autres jours dans lesquels les fidèles sont tenus de jeûner.

253. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

J’avouerai qu’à l’examiner dans toute la sévérité de la règle, la critique est raisonnable ; mais s’il fallait s’en tenir à cette parfaite unité qu’on me demande, on aurait à reprocher ce défaut presque à tous les Ouvrages de Théâtre.

254. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

Comme la nature nous a faits les uns pour les autres, elle nous a liés par cette sympathie ou communication réciproque de nos passions ; de sorte qu’une personne vicieuse qui nous parle fortement, ne manque point de nous tourner l’esprit et le cœur comme le sien, et par consequent de nous infecter de son venin, à moins que nous nous tenions attachés à la vérité pour n’être pas ébranlés par ses paroles, et que nous n’excitions en nous-mêmes des passions opposées à celles qu’elle nous inspire.

255. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver sur le Théâtre de la Réformation. Avant Propos. » pp. 118-127

Je me suis, il est vrai, conformé à ces règles dans ce que j’ai donné ; mais il est aisé de voir que ce qui m’a déterminé à tenir cette conduite, c’était le désir d’éviter la singularité, et la crainte d’être le seul de notre siècle qui osât opposer une digue à la prévention générale : j’ajoute que je n’ai suivi ces règles que lorsqu’elles m’ont paru conformes aux préceptes de la raison autant qu’à ceux des Maîtres de l’Art ; aussi lorsqu’il m’est arrivé de citer quelque dogme du grand Maître, j’ai toujours dit : Comme le veut Aristote ou plutôt la raison : la nature : le bon sens : le vrai : et autres termes semblables, ainsi qu’on peut le vérifier dans mes Ecrits.

256. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Les petits maîtres qui embarrassent sur le théatre sont des Sardoniens, ainsi que les acteurs jaloux, & les gens de cabales sont des Megariens qui veulent faire tomber la piéce, qui se tiennent au fond du parterre, pour de là donner le ton. […] A quoi a-t-il tenu que nous ne l’ayons déchiré comme les Bacchantes dechirerent Orphée ? […] On aime ce qui nourrit la corruption du cœur, pardonne t-on ce qui la combat, quoiqu’on sache dans le fonds à quoi s’en tenir ? […] tiennent un rang distingué : autour d’elles sont rangés ses officiers, ses ministres, ses conseillers les soutiens de son empire, marchands de mode, coëffeurs, parfumeurs, danseurs, sauteurs, baladins & tous ceux dont le cerveau timbré a donné des preuves d’extravagance ; ou s’ils ne sont point encore connus par quelque délire, donnent du moins des espérances pour l’avenir.

257. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

J’approche , disoit-il, mes gands & mes mouchoirs parfumés de mes moustaches ; l’odeur y tiendra tout un jour. […] Cette Princesse fameuse par sa beauté & par ses galanteries, mariée successivement à deux Rois à qui elle porta la plus riche dot ; au Roi de France qui la répudia, & qui aima mieux perdre une belle province que de vivre avec elle, au Roi d’Angleterre qui la tint quinze ans en prison : cette Princesse passa sa vie dans les fêtes, les jeux, les spectacles, donna elle-même les plus scandaleux, & rapporta en France & en Angleterre le luxe & la galanterie asiatique ; elle faisoit des amans par-tout, jusques chez les Mahométans où l’on prétend qu’elle fut aimée de Saladin, allumant par-tout le feu de la guerre ; en France pour se vanger de la jalousie de Louis, en Angleterre pour se vanger des amours de Henri qui cessa de l’aimer, & lui préféra des maîtresses ; elle arma ses enfans contre leur père, & fit naître une guerre civile ; elle courut de tous côtés : en Syrie poursuivre son mari, disoit-elle, en Allemagne pour délivrer son fils Richard ; deux fois en Espagne pour aller chercher ses belles-filles. […] Source intarissable de mauvaises odeurs elles fait du corps de l’homme un cloaque qu’il faut couvrir d’un nuage d’ambre gris ; Le crime le tient toujours dans l’ordure, il ne peut trop se parfumer, le vice transpire par tous les pores, c’est un cadavre embaumé, un momie que l’art du baigneur comme celui des Égyptiens remplit d’aromates ; que la décoration n’en impose pas.

258. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Aussi ne le crois-je pas assez profondément méchant pour ourdir cette chaîne diabolique ; c’est une troupe de libertins qui donnent les plus mauvais exemples, tiennent les plus mauvais discours, offrent les objets les plus dangereux, mais n’agissent qu’au hasard, par goût & par passion, sans avoir en vûe aucun plan raisonné de conduite. […] Jamais Comédien n’a tenu ce langage. […] Mais il est écrit pour les amateurs du théatre, comme pour les autres : Tenez-vous toûjours prêts, je viendrai, comme un voleur, le moins que vous y penserez, vous ne savez ni le jour ni l’heure.

259. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Les gens de bien & les mondains, dans leurs condamnations ou leurs apologies, tiennent le même langage, & partent du même principe. […] On donne au-delà du Rhin des embellissemens à la scène, qu’on ne connoît pas à Paris ; c’est un théatre, ou plûtôt une place immense, où l’on fait rouler les carrosses des Dieux & des Héros, & les charrettes du peuple, où l’on tient des foires, où un régiment de Cavalerie fait des évolutions sur de vrais chevaux, non sur des haquenées de carton, &c. […] Aucun Concile n’a défendu les théatres des Payens, ils ne subsistoient plus lorsqu’on les a tenus ; on n’a interdit que ceux des Chrétiens.

260. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Ce siecle qui s’agite pour le plaisir comme on s’agite à une bonne table pour réveiller l’appétit, a produit un nouveau genre, le comique larmoyant, qui semble tenir aux mœurs de plus près. […] Voici du délire : Ecoute, toi qui te prépares à courrir la carriere de Corneille, si la simplicité des mœurs, la force d’être insensible aux ridicules que t’attirera le mépris ou l’ignorance des petites choses, l’austérité de la vertu, l’impatience de toute domination, le dédain de l’or, l’opiniâtreté au travail, sont des affections inséparables de ton jeune cœur, si un pouvoir impérieux te tient enfermé seul avec la gloire & la vertu, si un respect soudain s’empare de tous tes sens, & les prosterne devant ses effigies sacrées, releve-toi, adore Corneille, quand le feu de ton génie s’emparera de ton ame, quand dans le délire de l’extase tes sens seront fermés à tout autre sentiment qu’à celui de l’admiration, quand tous les objets anéantis autour de toi, tu ne verras plus, tu n’entendras plus, ne respirant qu’à peine, les yeux fixés au ciel, & cherchant le temple de mémoire, le nom de Corneille au dessus de celui des Homeres & des Sophocles, écrie toi, j’ai du génie ; Corneille, adopte moi pour ton fils, c’est moi qui suis ta postérité, digne rejetton d’une si noble tige, je laisserai mon nom comme le tien, la gloire de mes descendans, & l’honneur de ma patrie au-dessus des Monarques les plus vantés, &c. […] Les suppôts du Thêatre tiennent le même langage.

261. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IV. Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l'Eglise. » pp. 90-103

Le grand Théodose après ses victoires, donna des jeux au Peuple dans Milan durant plusieurs jours, auxquels il ne put assister, parce qu'il était malade, et obligea son fils Honorius d'y tenir sa place, ce qu'il fit, sans les interrompre par la maladie de son père, qui mourut peu de jours après.

262. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXX. Profanation du dimanche : étrange explication du précepte de la sanctification des fêtes. » pp. 109-116

[NDUL] Ce concile de Reims se tint en 1583.

263. (1865) Mémoires de l’abbé Le Gendre pp. 189-194

Je serais même récusable, car d’inclination j’aurais du goût pour y aller si la bienséance le permettait à un homme de ma profession, aussi connu que je suis et dans la place que je tiens.

264. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

Tous les ans au mois de mai se tiennent les grands jours : les peres & les meres de familles, s’assemblent devant le Juge qui reçoit leur suffrage ; celui qui pendant l’année s’est attiré quelque reproche est exclus du droit de le donner. […] Dans ces grands repas les jeunes gens voltigent autour de la table, derriere les femmes qui sont assises, qu’ils croyent de la politesse de les servir, ce n’est qu’un exercice d’impureté, pour leur tenir des discours licencieux & prendre des libertés indécentes, jetter des regards criminels qu’elles favorisent, qu’elles attirent par l’immodestie de leurs habits, & la situation où elles s’offrent à leurs esclaves.

265. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Ce phantôme, pour obtenir un autre phantôme, a eu des aventures, tenu des discours, formé des intrigues, commis des crimes, qui n’ont pas plus de réalité ; il a combattu des ennemis & des rivaux imaginaires, a été applaudi par un Prince, par un peuple aussi chimériques. […] Mais moi qui tiens avec Aristote & Horace que la poësie n’a pour but que le divertissement (sans s’embarrasser des bonnes mœurs), j’avoue qu’il est ici bien moins à estimer que dans la premiere comédie, puisqu’avec toutes ses mauvaises habitudes il a perdu toutes ses-graces, & quitté la meilleure partie de sis agrémens, lorsqu’il a voulu se corriger de ses défauts (les mensonges sont des agrémens & des graces).

266. (1541) Affaire du Parlement de Paris « Procès-verbal de l’action intentée devant le Parlement de Paris par le procureur général du Roi aux “maîtres entrepreneurs” du Mystère des Actes des Apôtres et du Mystère du Vieil Testament (8-12 décembre 1541) » pp. 80-82

A aussi ledit procureur général présenté autre requête à ce que, pour les causes susdites, les anciens entrepreneurs soient tenus mettre et délivrer, de leur gain et deniers procédant desdits jeux des Actes des Apôtres, la somme de huit cents livres parisisbb en la boîte aux pauvres par provision, et sauf après avoir vu par la cour l’état de leurs frais et de leur gain en ordonner plus grande somme, si faire se doit, ainsi qu’il fut en pareil cas ordonné contre les maîtres de la Passion bc. […] Ils font du théâtre par esprit de lucre, comme ils tiendraient une taverne ou un négoce.

267. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

voir deux hommes s’enserrer l’un dedans l’autre, et se tenir embrassés déshonnêtement ? Tiens-toi en tel combat, regarde bien qui sera victorieux, tant que tu voudras, si est-ce que là toute honte et modestie est vaincue.

268. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XI. De l’excommunication considérée comme injuste et par conséquent nulle, de la part des prêtres qui anathématisent les Comédiens, morts sans les secours spirituels de l’Eglise. » pp. 186-211

Cette question tient aux plus hautes considérations, puisqu’elle intéresse la vie et la liberté des rois, que les ultramontains placent sous l’autorité des papes. […] Si l’auteur que je réfute, n’était que mauvais logicien, on se bornerait à le plaindre de son peu de jugement, mais il tient à un parti formidable, qui sent qu’avec la force en main, on peut se passer de tout, et même se moquer de l’art de raisonner, ce qui n’arrive que trop souvent à la secte jésuitique.

269. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

« L’auteur de la vérité, dit Tertullien, n’aime point le mensonge : et tout ce qui tient de la fiction passe devant lui pour une espèce d’adultère. […] Je sais bien que les Pères ont insisté particulièrement sur ce qu’il n’y avait point de spectacle, qui ne fût dédié à quelque fausse divinité, et qui ne tint dans son origine ou dans son exécution, quelque chose de l’idolâtrie.

270. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Je tiens ce conte de deux de ses compagnes qui virent jouer le violon. […] Ils tinrent parole. […] De l’autre côté, il y a au milieu une femme seule debout, les cheveux épars ; une de ces femmes tient d’une main une flêche, de l’autre un miroir où elle se regarde, l’autre femme tient d’un côté un cœur & de l’autre un peigne. […] Cependant cette Princesse ingrate favorisa le Calvinisme, causa les guerres de religion, procura tous les édits qui donnoient la liberté de conscience, fit tenir malgré le Pape Pie IV le Colloque de Poissi, où la religion fut mise en probleme, & comme si le Calvinisme en fut sorti triomphant, elle lui fit deux jours après donner la liberté de conscience.

271. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

Cette foule de gens prêts à les déprimer, qu’ils voyent comme en perspective, leur en impose, les fait tenir sur leur garde, & leur fait peser avec soin les èxpressions & les pensées dont ils se servent.

272. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

Mais cette prémière condition est bien difficile à remplir : il faut encore que les décorations tiennent à l’action, en sorte qu’elles soient amenées naturellement des événemens.

273. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « X. » pp. 47-54

Car ils pourront sans scrupule absoudre toujours ceux dont la vie est une vicissitude continuelle de Confessions et de crimes, si on s’en tient, comme fait votre M.

274. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Le caractère de l’opéra, dit La Bruyèreaw, est de tenir les esprits, les yeux et les oreilles dans un égal enchantement.

275. (1705) Traité de la police « Chapitre II. De l’origine des Histrions, des Troubadours, des Jongleurs, et des autres petits spectacles qui ont précédé en France l’établissement des grandes pièces de Théâtre, et des Règlements qui les ont disciplinés. » p. 436

Les Conciles de Mayence, de Tours, de Reims, et de Châlon-sur-Saone qui furent tenus l’an 813. défendirent aux Evêques, aux Prêtres et aux autres Ecclésiastiques, d’assister à aucuns de ces spectacles ; à peine de suspension, et d’être mis en pénitence.

276. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

Mais si nous en voulons juger sans prévention, nous avouerons que plus elle est charmante, plus elle est dangereuse ; Et j’ajouterais même que plus elle semble honnête, plus je la tiens criminelle.

277. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

A s’en tenir même à ses malins portraits, cet homme dont les comédies annoncent de l’aménité dans le caractère, semble dans cette histoire pétri de fiel, le répand à grands flots sur tout ce qu’il rencontre, & va même le chercher au loin sans nécessité. […] Le Pape ne prétend pas être le maître des couronnes, & les donner comme son bien ; il ne fait que déclarer que le peuple dans telles circonstances n’est pas tenu d’obéir à son Roi, & en conséquence le délie du serment de fidélité. […] Alors le Pape ne peut déclarer ce qui ne peut être, ni dispenser d’un serment auquel on ne peut cesser d’être tenu. […] Je ne sais si le Chancelier de l’Hôpital, homme grave & sévère, a tenu ce langage ; mais je sais que l’illustre Daguesseau, un de ses successeurs, vraiment digne de cette grande place, pensoit bien différemment.

278. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

 » Si l’on tenait la main à l’exécution de ce Règlement authentique, le Théâtre moderne rentrerait dans le devoir, ou bien les spectacles seraient abolis. […] Dryden, les motifs de s’entr’aimer, s’il en est encore, seront bien faibles ; et les nœuds qui nous uniront ensemble ne tiendront presque à rien. […] Tout ce que dit Rasor jusqu’ici est d’un caractère de libertin et de misérable au naturel : mais il rentre ensuite couvert d’une haire et tient le même discours que la Tribulation dans le Chimiste. […] paraît une imitation de celle d’Hillus ; avec cette différence que l’une est beaucoup plus hardie que l’autre, et n’a rien de la légèreté de la jeunesse qui puisse lui tenir lieu d’excuse.

279. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Est-ce là un petit mal, quand il serait vrai qu’on s’en tiendrait là ; mais souvent on va plus loin, et si une jeune fille qui est sous la conduite de sa mère, ne s’engage à rien de plus qu’à ce que je viens de dire ; jugez un peu ce que peuvent faire celles qui ont plus de liberté, et pour ne pas parler seulement d’elles, jugez de combien de désordres ces spectacles peuvent être cause en tant de jeunes gens à demi corrompus, principalement quand ces beaux sentiments d’Amour sont dans la bouche de personnes bien faites, et de la vertu desquelles on n’est pas trop persuadé. […] Non, car comme l’usage n’est pas pour ces Pièces, je m’en tiens là, et je ne veux pas me donner la peine d’examiner, si ces sujets ont quelque chose d’incompatible avec les lois de la Tragédie. […] Cette vertu semblerait tenir du miracle, et rien n’est moins supportable qu’un miracle dans une Tragédiead. […] Je voudrais pour lui voir finir glorieusement sa course, qu’il s’en tînt désormais à la Politique, en quoi il est inimitable ; ou qu’il choisît un dessein illustre dans lequel n’ayant point à représenter les tendresses de l’amour, il pourrait se donner tout entier aux sentiments Héroïques ; car c’est là proprement son caractère.

280. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Il ne tiendra pas à votre Supérieur que vous ne la répariez, ou par la pénitence ou par une rétractation. […] Ces personnes vous auraient sans doute tenu un autre langage sur la Comédie que celles que vous avez consultées, qui avec l’horreur qu’elles ont pour le péché, ne laissent pas d’y assister. […] Je ne sais pas de quel endroit du troisième Concile Synodal, tenu l’an 1568, vous tirez ce que vous dites, que « ce Cardinal approuva dans ce Synode les Comédies modestes et honnêtes ». […] Enfin, ajoute-t-il, que dirai-je de ces Bouffons qui tiennent école de la débauche, qui par de feints adultères, enseignent à en commettre de véritables, « qui docent adulteria dum fingunt, et simulatis erudiunt ad vera ». […] Eux qui se vantent tant de la protection du Roi, l’ont-ils pu demander, ou l’ont-ils pu obtenir par une chose qui leur tient si fort à cœur.

281. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Etroitement liées à cette règle primitive, source de toutes les autres lois, qui n’en sont que le développement, elles ont dans tous les temps employé toute leur autorité, qu’elles tiennent de la religion même, pour empêcher toutes les représentations théâtrales, si l’ascendant du vice l’eût permis, ou pour en arrêter les désordres.

282. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Quelques-unes de ces Pieces sont des copies animées de l’innocence & de la sainteté ; quelques-unes sont des tableaux vivants des passions les plus noires & les plus criminelles ; quelques-unes tiennent le milieu de ces extremitez, & sont des images éloquentes des vertus, & des vices. […] Que le Ciel parle pour retirer un homme d’un poste si dangereux, l’esprit est si partagé entre les yeux, les oreilles, & soy-mesme, qu’il n’a point d’attention pour tout ce que la grace peut luy representer ; le plaisir tient les sens & l’esprit tellement attaché, qu’il ne luy laisse ny la pensée, ny presque la liberté de se retirer, de se rendre à soy-mesme, & de rentrer dans le devoir. […] Puissances du monde, les personnes vertueuses ne sont pas seulement la gloire & l’exemple de l’Estat, elles en sont encore l’appuy ; leurs jeûnes, leurs veilles, leurs aumônes, leurs prieres, leurs Communions arrestent les fleaux que Dieu déchargeroit, & retiennent les foudres qu’il lanceroit sur les Estats ; il n’en est presque pas le maître ; ils tiennent son bras avec une violence qui luy est si agreable, qu’il ne peut se resoudre de luy rien refuser, ny de déplaïre à une contrainte dont il reçoit tant de satisfaction. […] C’est du saint Esprit, que Tertullien & tous les Peres tiennent cette réponse. […] Les Magistrats y tiennent la main, ils sont observer cette Ordonnance, quoy que les Auteurs ne puissent estre suspects que ce soit saint Augustin, que ce soit mesme l’Escriture sainte, parce que les Heretiques y peuvent avoir inseré quelque erreur, qu’ils peuvent en avoir retranché quelque verité, qu’il s’y est peut-estre glissé quelque faute par la negligence des editions precedentes.

283. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Cette liberté occasionneroit des rivalités & des troubles qui nuiroient au spectacle, & donneroient de nouveaux embarras à la police, pour maintenir l’ordre & peut-être pour tenir la balance, sans partialité, entre les rivales. […] Qui peut y tenir ? […] Ces trois acteurs enivrés de volupté, avec les regards, les attitudes, les sentimens de la passion la plus effrénée, forment sous les crayons de l’académicien une scène infame, un vrai tableau d’Arétin, où le vice le plus impudent a tenu le pinceau. […] Il enchérit beaucoup sur son guide Saint-Lambert, il remplit l’attelier d’Apelles d’enfans déguisés en amours, qui y font des jeux & des groupes, & des femmes qui le servent à demie-nues, qui lui tiennent sa palette, essuient ses pinceaux, les lui présentent, déguisées en graces & en nymphes : ce qui ne fut jamais dans aucun attelier, & ne fait qu’embarrasser le peintre ; mais qui augmente la licence & en multiplie les objets, Alexandre vient accompagné de ses guerriers & de ses concubines, menant sa Campargue par la main pour la faire peindre. […] Il fait tenir au pape Paul IV, toutes les fois qu’il donnoit audience aux ambassadeurs, pour les rendre ridicules, un langage qui n’est pas même dans les idées ultramontaines.

284. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Les romans & les comédies seroient bien lugubres, si le poison en terminoit toujours l’intrigue ; & si toutes attaquoient les choses saintes, qui pourroit tenir à ces horreurs & ces blasphêmes ? […] Dans ce moment tout est en mouvement, dans un couvent tout a les yeux sur la Novice & sur sa famille, tout l’assiege, tout s’empresse autour d’elle, un Clergé nombreux, un Officiant distingué, ordinairement le Supérieur de la maison, une assemblée choisie & nombreuse, des domestiques empressés, un peuple curieux ; l’intérieur plus agité encore, une fête brillante, un évenement intéressant, la Novice plus agitée que personne, dans un moment qui décide de sa vie ; comment imaginer un parloir tranquille, inaccessible, où personne ne paroisse, où le père & la mère tiennent leur fille, envoyent chercher un Curé, que ce Curé parle en particulier à la Novice, & fort long-temps, rende compte de son entretien, qu’elle entre & sorte cinq ou six fois toute troublée, sans que personne s’en apperçoive, elle dont tout s’occupe, que son amant s’y glisse, & sans doute force l’entrée, car il faut bien que pour agir en repos on ait consigné la porte, qu’il y fasse des folies, & qu’enfin cette fille vienne s’empoisonner & mourir sans que personne se montre ? […] Amans, qui dans le passage de la mer rouge, par son Moyse sauvé, Met pour le voir passer les poissons aux fenêtres, Et fait voir un enfant qui va, saute, revient, Et joyeux à sa mère offre un caillou qu’il tient. […] Que chez des Payens, des barbares, des scélérats, des enfans qui n’ont vu que des exemples & reçu des leçons de crimes, on puisse tenir ce langage ; mais que dans la religion Catholique, au milieu de Paris, dans un Couvent, parmi de gens de condition, une jeune fille qui a été élevée religieusement, a toujours vécu pieusement, tout-à-coup se livre à des fureurs dont elle n’a pas l’idée, & dont elle doit avoir horreur, c’est choquer gratuitement toutes les règles de la décence & de la vraisemblance. […] On lui fait tenir des discours ingénieux au-dessus de la portée d’une fille de seize ans, des vers bien tournés, élégans, figurés, un style, des sentimens, des idées, des termes, qu’elle ne peut avoir puisé que dans les romans, dont cependant elle ne doit avoir lu aucun, puisqu’elle a toujours vécu dans une grande piété.

285. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

La fortune du Théatre tient à peu de chose. […] Il est vrai qu’elle tient ici peu de place ; qu’il est traité décemment par la fille, mais petit & puérile dans l’amant. […] Tel est l’enthousiasme dramatique ; un Poëte, plein de son sujet, s’imagine que tout en est, tout en a été, tout en sera aussi occupé que lui & tient dans l’univers la même place que dans son imagination. […] Ces traits ne tiennent à aucune religion en particulier. […] Il faut que les Acteurs se tiennent de profil, pour faire voir le contour des membres, sans quoi on ne verroit qu’une masse noire.

286. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Un Marquis françois, accompagné de l’Olive, son valet, rode autour de la maison où le barbare Violento tient sa propre sœur, Inés, étroitement renfermée ; il s’agit d’être introduit auprès de la belle. […] Il falloit ne pas venir ici, ou il falloit t’y tenir caché. […] Consultez les registres de votre police, vous verrez s’ils s’en tiennent à l’intention.

287. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

Demandez-luy en-suitte le chemin qu’il a tenu pour arriuer au Spectacle, vous le verrés confus, & forcé d’auoüer que les lieux infames, la conuersation des femmes prostituées, la veuë des débauches publiques, & des nudités scãdaleuses, le deshonneur & l’infamie, & tout ce qui se peut imaginer de lascif & de plus honteux dans vne ville ? […] Dans ces lieux où les débauches fleurissent auec excés, quelle posture peut tenir vn Chrestien à qui les seules pensées du vice sont des crimes ; quelle satisfaction a t’il de voir l’impureté dans son throsne ; prend-il plaisir à voir tant d’objets & de marques d’infamie, pour estre puis après moins honteux & plus libertin ; & ne considere t’il point que pour auoir souuent veu faire le mal, on apprend à le faire aussi par coustume.

288. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Delà encore, cet essain toujours renaissant de Poëtes épiques, tragiques, comiques, lyriques, graves, badins, galans, élégiaques, sérieux, burlesques, dont la seule nomenclature formeroit un gros Volume ; mais dont les productions oubliées, pour la plûpart, ne méritent de tenir place que dans les Archives de la flatterie & de la sottise. […] C’est bien le cas de dire, comme Horace : Non possis oculo quantum contendere Lynceus Non tamen idcirco desperes lippus inungi : Nec quia desperes invicti membra Glyconis Nodosâ nolis corpus prohibere chiragrâ Est quodam prodire tenus si non datur ultra.

289. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Il y est dit que la Congrégation du Concile tenu à Rome renvoya les Comédiens ; que dans le grand Jubilé de 1701 les Comédiens ayant encore prétendu être absous sans restriction, MM. les Curés de Paris ayant tenu ferme, ils s’avisèrent de présenter une Requête au Pape Clément X, (c’est une faute apparemment d’impression, Clément XI fut élu en 1700 :) dans laquelle rien ne fut oublié ; et que ce Pape ayant fait examiner la Requête, elle fut rejetée, et la discipline des Curés confirmée.

290. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

L’homme de génie, guidé par un sentiment pur, par un enthousiasme qui tient de l’instinct, suit les principes de son art, quoique leur influence soit insensible.

291. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

Tout cela peu conforme au goût régnant de la philosophie, qui se joue de tout, & qui tient à l’irréligion, fort innocent dans son principe, utile même à des peuples dont la piété pure & simple s’en nourrissoit avec fruit ; il l’est encore, pourvu qu’on en écarte tout ce qu’une imagination bisarre voudroit introduire de puérilités & de bouffonneries, comme elle avoit fait dans ces fameuses fêtes des Foux, justement abolies, qui n’étoient qu’un théatre ambulant dans les processions, adoptées dans les solemnités, scandaleusement transportées dans le sanctuaire.

292. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

c’est sans le vouloir qu’il le fait : c’est par sa raison, sa vertu, son attachement, qu’il m’inspire un respect, une confiance, qui tiennent plus de la fille que de l’épouse.

293. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Huitième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 287-295

Il s’est relevé, troublé, indécis : je n’ai pu soutenir plus longtemps mon personnage ; je me suis précipitée dans ses bras : — Oui, mon ami, me suis-je écriée, je suis Florise… & votre épouse… Votre amante, votre maitresse, votre amie ; celle qui veut tout tenir de vous, ne dépendre que de vous : je vous ai plu sous un nom emprunté, par des talens que vous ne me soupçonniez pas… que faut-il encore ?

294. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VI. » pp. 27-35

Grégoire7, qui a toutes les vertus nécessaires au Sacerdoce, le reçoive y étant contraint, et que celui qui ne les a pas ne le reçoive pas quand même on l’y voudrait contraindre. » Le Concile tenu à Aix en 816 s’est servi de ces paroles de ce Saint Pape pour établir la nécessité de la vocation contre les Ecclésiastiques ambitieux, et qui s’ingèrent d’eux-mêmes dans les charges.

295. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75

La morale du Théâtre est une morale licencieuse qui ne tient par aucun endroit à celle de l'Evangile.

296. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Dans les âmes comme dans les corps, il y en a qu’on ne sent pas encore, parce qu’elles ne sont pas déclarées, et d’autres qu’on ne sent plus, parce qu’elles ont tourné en habitude ; ou bien qu’elles sont extrêmes et tiennent déjà quelque chose de la mort, où l’on ne sent rien.

297. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE IV. Deux conséquences que les Pères de l’Eglise ont tirées des principes qui ont été établis ci-devant. » pp. 82-88

C’est sur ce principe que le Concile de Paris, tenu en 829. sous Louis le Débonnaire, exhorte ce Prince à ne les pas entretenir ; et il les met en parallèle avec les impudiques, « impudicos et histriones non nutrire. » C’est sur ce principe que Philippe Auguste les chassa de sa Cour les regardant comme les ministres du diable, dit Rigord son Historien ;V.

298. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Vous douteriez des vérités saintes que vous avez crues fermement jusqu’ici, vous vous accoutumeriez à parler un langage doucereux et romanesque, et à tenir des propos dont votre innocence ne rougirait plus : vous deviendriez une femme sans principes et sans mœurs.

299. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

Il a paru de nos jours plusieurs Ouvrages excellents sur cette matière qui tendent à la même fin : Mais, comme la perfection est un bien qu’il est plus facile de désirer que d’obtenir, on est souvent obligé de s’en tenir aux motifs et aux remontrances qui peuvent engager à réformer en quelque chose les désordres ; puisque ce serait en vain que l’on entreprendrait de détruire la racine même de la corruption.

300. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

En lisant ce passage isolé, plus d’un lecteur sera surpris du zèle qui l’a pu dicter : en le lisant dans son article, on trouvera que la Comédie qui n’est pas à Genève et qui pourrait y être, tient la huitième partie de la place qu’occupent les choses qui y sont.

301. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

La femme galante dont le Sage fait le portrait, tient ouvertement ce langage : inebriamur uberibus . […] Eh où se tient-il ce langage du vice plus énergiquement, plus élégamment, plus constamment, plus dangereusement que sur le théatre ? […] Quelle main est assez ferme pour tenir la balance ? […] Elle est supérieure à tout ce qui a paru jusqu’à présent : elle adoucit la peau, tient le tein frais, & donne aux plus laides une beauté parfaite (la Clairon sur ses vieux jours s’en loue fort).

302. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Elle l’habille richement, la pare de ses propres mains, frise ses cheveux, attache les rubans, tient le pinceau, regle les nuances du rouge, fait sa toilette, ne rougit pas d’être sa femme de chambre. […] Au lieu de la tenir dans une modestie, qui lui conserveroit son affection, écarteroit ou décourageroit ses rivaux, il les appelle, leur ouvre les avenues, leur offre la proie, pique leur faim & leur soif ; peut-il se plaindre des succès de son ouvrage ? […] que ne se tient-elle modestement dans son état naturel ? […] On tient les grandes scéances au théatre, & des assemblées de tous côtés.

303. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Avril 1514c il a été défendu à tous Marchands de plus vendre ou tenir masques, & même à Paris ou au Palais. » « Par Arrest de la Cour de Roüen du 28.  […] On y remarque d’abord une curiosité surprenante, qui fait que les femmes veulent sçavoir tout ce qui se passe ; qui sont ceux qui sont du régale ; quel rang ils y tiennent ; comment ils sont vêtus ; si leurs habits sont magnifiques Et tout cela cause en elles des jalousies, des caquets, des médisances, des diffamations. […] Il ne nous en a pas donné pour sauter avec impudence comme des chameaux : car ce ne sont pas seulement les femmes qui sautent d’une maniere honteuse, les chameaux le font aussi ; mais il nous en a donné pour nous tenir ferme dans les Cœurs des Anges. […] Voici les propres termes de ce Synodea : « A cause des danses & dissolutions qui croissent & pullulent par toutes les Eglises, a esté avisé que les Consistoires seront exhortez au nom de Dieu de bien pratiquer l’article du Synode de Figeac, & d’en faire lecture publiquement au nom de Dieu & en l’autorité de cette Compagnie, & les Colloques & Synodes chargez de censurer les Consistoires qui n’y auront fait, & n’y feront leur devoir. » Le Synode de Figeac, dont il est ici parlé, fut tenu en 1579.

304. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

ne tiendront-ils jamais aucun compte à un Chrétien d’être religieusement honnête homme ? […] Gresset, cet art que les Prophètes ont rendu si respectable, cet art si justement appelé par les Païens le langage des Dieux : le mauvais usage qu’on en a pu faire ne doit pas le faire proscrire, ou bien il faudrait par la même raison, ne plus méditer sur les Saintes Ecritures ; puisque les hérétiques en ont abusé par les sens forcés qu’il leur a plu de donner à quelques passages : je sais bien que des spectateurs impies, au lieu de s’en tenir au sens naturel d’une pensée croient souvent voir une impiété enveloppée dans un vers très innocent en soi, ils veulent croire, par exemple, que nos Ministres Ecclesiastiques sont attaqués et la Religion outragée dans ces deux vers de la Tragédie d’Oedipe de Mr. de Voltaire, Nos Prêtres ne sont pas ce qu’un vain peuple pense : Notre crédulité fait toute leur Science. […] Aucun de mes Censeurs n’a dit ni écrit, quoique les Officiers français enchantés de la grandeur d’âme de leur vainqueur l’aient dit à tout le monde, que ce Monarque ayant à sa table quelques Généraux français prisonniers, il leur tint ce propos qui prouve bien que je puis aimer ma Patrie sans lui déplaire. […] Elle chantait dans un Prologue le rôle de la Victoire, et tenait une Couronne de Laurier qu’elle alla présenter au Maréchal de Saxe qui voulut la refuser : le Public applaudit avec ardeur en criant prenez la, Monseigneur, vous la meritez bien.

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