Sa prétendue réformation a causé un mal infini. […] Voilà des désordres dont les comédies de Moliere ont un peu arrêté le cours, car pour la galanterie, les fourberies, l’envie, l’avarice, la vanité, & autres crimes semblables, il ne faut pas croire qu’elles leur ayent fait grand mal. […] Il figureroit mal dans la Phisique avec Descartes & Newton. […] Ce Seigneur, faux libéral, qui prend sur ses gens ce qu’il distribue à ses flateurs, au sortir d’un dîné remarquable par les folies de la dissipation & du luxe, rencontre un pauvre sans être touché de ses maux, est indigné qu’on ait eu la hardiesse de l’offrir à ses yeux. […] Ce n’est que faute d’esprit qu’on ne sait rien voiler, qu’on voile mal, qu’on descend aux équivoques beaucoup plus méprisables que les nudités gauloises don notre délicatesse rougit.
C’était toujours un mal de moins ; si les mœurs étaient exposées, la religion était respectée. […] 307.), appelle pieux et savant Jésuite, Mariana, qui a écrit aussi contre la comédie, croit que c’est un moindre mal de laisser représenter aux Comédiens des pièces profanes et galantes, que des pièces tirées des livres saints. […] Un ancien se voyant loué par un méchant homme, demanda : « Quel mal ai-je donc fait ? […] Quand les Comédiens voulurent la donner, elle tomba dès la première représentation, parce qu’elle fut jouée par des Actrices qui n’étaient pas faites pour elle : Rectos decet collaudatio. » Voltaire, qui déprécie mal à propos cette pièce, et Racine le fils, qui la loue beaucoup, donnent d’autres raisons de sa chute, qui peuvent y avoir contribué. […] un Protestant parlerait-il plus mal, (pag. 658.) que « le Roi doit réduire toute la religion au seul article de la pratique de la charité ».
L’héroïne du poème n’est, selon Fontenelle, « qu’une Princesse assez mal morigénée», le Roi son père un imbécile, son amant une espèce de fou qui fait le bel esprit. […] « Il faut avouer, dit l’Historien du théâtre, que le Cardinal était bien mal servi par ses cinq Auteurs. » La comédie d’Europe vaut mieux. […] ) dit qu’il était passé en proverbe de dire : « Cela est beau comme le Cid. » Si ce proverbe a péri, ajoute Fontenelle, « il faut s’en prendre à la Cour, où c’eût été très mal parler de s’en servir sous le ministère du Cardinal de Richelieu». […] Ce mélange de persécution et de faveur fit faire à Corneille, après la mort du Cardinal, ces vers singuliers, que tout le monde fait, et qui à travers un jeu de mots qui semble puéril, contiennent exactement la vérité : « Qu’on dise bien ou mal de ce grand Cardinal, Ma Muse toutefois n’en dira jamais rien : Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal, Il m’a trop fait trop de mal pour en dire du bien. » Convenons donc avec tout le monde que la véritable raison de tous ces mouvements fut une basse jalousie de l’Eminence : « Il vit avec déplaisir que les pièces où il avait part, ou dont il avait donné les sujets et le canevas, étaient entièrement effacées par le Cid ; par cette raison il fut bien aise qu’on le critiquât, et il fut ravi qu’il y eût d’autres pièces (de Scudéry) à lui opposer. » L’instance fut donc portée et régulièrement poursuivie au Tribunal d’Apollon.
Il appelle les théâtres « la boutique des démons et la source de toutes sortes de maux et de désordres ». […] S’ils aiment, s’ils font le mal ; cela vient de ce qu’ils ne connaissent point le bien, et qu’ils ignorent ce que la vérité demande d’eux. […] Esprit nous défend de suivre la grande troupe de ceux qui font mal « Non sequetis turbam ad faciendum malum. »Exod. c. 23. 2. […] C’est donc une marque qu’elle est si pure et si régulière, qu’il ne peut y avoir de mal de s’y trouver. » Réponse. […] O manière trompeuse avec laquelle il séduit les chrétiens, et les porte au mal.
Cependant quand on fait attention au mal que l’Église aperçoit dans les spectacles, aux soins qu’elle prend d’éloigner ses enfants de tout ce qui peut nourrir des passions dangereuses, et à la condescendance qu’elle doit avoir pour les Chrétiens faibles, qui ne peuvent rompre leurs chaînes, et qui peut-être ne les sentent pas ; on voit alors que l’Eglise doit tolérer ceux qui vont aux spectacles, se contenter de punir les principaux Acteurs, et faire toujours exhorter les Fidèles à fuir les spectacles jusqu’à ce qu’ils soient désertés. L’Ecriture, la raison, et l’expérience nous apprennent que l’Eglise ne peut se dispenser de tolérer des maux. […] Jérémie ceux qui lui firent souffrir tant de maux ; et Zacharie les Scribes et les Pharisiens tels que la sainte Ecriture nous les représente....
On exige d’eux par-delà leurs facultés : on a voulu les asseoir en payant ; et cette politesse mal entendue les a mis à la porte. […] Ainsi le bon goût se déprave, et ce mal (résultant du surhaussement du prix des places) n’attaque pas seulement la jeunesse : on en voit atteints tous les citoyens dont la fortune a souffert. […] Que le mirandum et le terribile, résultant de l’apparition de vos revenants et de vos assassins, cessent d’être regardés chez nous comme un mal endémique !
Il vaut mieux tarir la source du mal. […] C’est mal connoître leur intérêt d’avertir toute la terre de la justesse du portrait. […] Toutefois, s’il le faut, je veux bien me dédire, & pour calmer enfin tous ces flots d’ennemis, réparer dans mes vers les maux que j’ai commis. […] L’optique & la perspective sont mal ménagées, les décorations maussades, & souvent ridicules, les machines sont puériles. […] On l’apprit tant bien que mal, enfin elle a paru deux fois sur le théatre, & n’a jamais réussi : il falloit s’y attendre, quelque bonne qu’elle puisse être.
Quoique la Dame se trouvât assez mal, elle était descendue avec bien de l’incommodité dans cette salle basse, pour accompagner sa Belle-mère : ce qui commence à former admirablement son caractère, tel qu’il le faut pour la suite, d’une vraie femme de bien, qui connaît parfaitement ses véritables devoirs et qui y satisfait jusqu’au scrupule. […] Il lui demande d’abord « ce qu’on fait à la maison », et en reçoit pour réponse que « Madame se porte assez mal » ; à quoi, sans répliquer, il continue : « Et Panulphe ? […] Cela dure jusqu’à ce que le Beau-frère lui demande « un oui ou un non » ; à quoi lui ne voulant pas répondre, le quitte enfin brutalement, comme il avait déjà voulu faire : ce qui fait juger à l’autre que leurs affaires vont mal, et l’oblige d’y aller pourvoir. […] Et sur cela, le Frère lui représente excellemment à son ordinaire, « qu’il sied mal à ces sortes de gens de se vanter des avantages du monde ». […] Le Frère fait dans ces perplexités le personnage d’un véritable honnête homme, qui songe à réparer le mal arrivé, et ne s’amuse point à le reprocher à ceux qui l’ont causé, comme font la plupart des gens, surtout quand par hasard ils ont prévu ce qu’ils voient.
Y a-t-il du mal à aller à la comédie ? […] C’était ce poète qui avait excité le Père à mettre la main à la plume, pour prouver qu’il n’y a point de mal à aller à la comédie.
Il y a encore un autre grand mal qui se commet et tolèrea, principalement en votre ville de Paris, aux jours des Dimanches et fêtes, lequel est d’autant plus grand préjudice à l’honneur de Dieu, et à la sanctification de ses fêtes que aucun autre, et qui est plein d’un si grand abus, que je l’estime (avec les plus sages) suffisant pour attrainerb toutes les malédictions de Dieu sur vous et sur votre Royaume, spécialement sur ladite ville de ParisJeux et spectacles tolérés dans Paris aux jours de fêtes. […] Maux qui adviennent des jeux de l’hôtel de Bourgogne.
» « Quiconque se réjouit d’une action qui est péché mortel, pèche mortellement ; particulièrement dans les choses qui sont mauvaises par elles-mêmes, et non pas parce qu’elles sont défendues ; telles sont les Comédies de notre siècle, car selon l’Apôtre Rom 1. non seulement ceux qui font le mal sont dignes de mort, mais ceux qui approuvent ceux qui le font. […] Il autorise cette proposition par Richard de saint Victorr, qui prouve qu’il y a péché mortel dans une action, lorsque Dieu est offensé grièvement, lorsqu’on fait tort au prochain et à soi-même : Or les Comédiens font ces trois maux, ils choisissent les plus belles Comédiennes qu’ils peuvent trouver, ils les parent magnifiquement avec le fard et l’artifice ; leurs paroles, leurs postures, leurs danses et leurs chansons portent à l’impureté. […] La troisième est, qu’il n’y a pas plus de mal à voir représenter des Comédies qu’à les lire. 1°. […] La quatrième et dernière partie de l’Ouvrage de del Monaco, se réduit à trois remèdes qu’il propose contre les maux causés par la Comédie.
Ils déplorent l’aveuglement de ceux qui croient qu’il n’y a pas de mal à assister avec plaisir et avec applaudissement à des représentations, d’où ils ne peuvent remporter que des imaginations honteuses et des desseins criminels. […] Chrysostome en parlant de ce désordre, c’est que ce mal étant si grand on ne le regarde pas même comme un mal Serm. […] » Mais supposé qu’il n’y ait rien dans les comédies qui puisse blesser l’innocence des jeunes gens, ni exciter en eux des passions dangereuses : supposé que de trente pièces de théâtre il y en ait une qui ne blesse point ouvertement la pureté, et l’innocence : supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements, dans la nudité, et dans les gestes des Comédiennes, qui blesse la modestie, et qui ne réponde à la pureté et à la piété des vierges qu’elles représentent : supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer aux jeunes gens l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur manière de s’habiller, dans tous leurs gestes, et dans toutes leurs actions : supposé que tout ce qui se passe dans ces représentations malheureuses ne porte point au mal ; que les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des comédies, enfin que tout n’y soit point plein de poison, et n’y respire point l’impureté : Vous ne devez pourtant pas laisser d’empêcher vos enfants, de s’y trouver ; Hom.
Malheureusement le secret a été mal gardé. […] Les libertins reçurent mal cette sage critique ; on en plaisanta dans le monde. […] Le Franc dans son discours de reception, a en depuis le même zèle contre les gens sans Réligion dont l’Académie ne croit pas que le nom dépare la liste, il a été plus mal reçu. […] Les Apologistes du théatre, qui le jugent nécessaire pour empêcher de plus grands maux, ont sans doute en vue la vertu de ce spécifique. Ils ne voyent pas qu’en entretenant la passion & le vice il conduit au même mal, dont on le dit le reméde, & qu’il est lui même un très-grand mal, auquel on ne remédie pas.
La conscience est selon eux une chimère gênante, et la vertu une pédanterie qui sied mal à un Cavalier : les vues et les soins d’un avenir sont des idées et des précautions propres du vulgaire : quiconque donne dans ces travers est un homme sans honneur, un homme à noyer. […] Dryden se tire mal de ce mauvais pas. […] C’est que ceux-ci sont en trop petit nombre pour mal faire et de trop petites gens pour être châtiés. […] Mal faire est la fin de la malignité : sera-ce gâter un méchant naturel que de le reformer, s’il est possible ? […] Un homme de bon sens eût cru gâter tout par là ; mais Torrismond, grâces au Poète a de quoi prévenir le mal : l’impiété est un spécifique, qui chez nos Auteurs remédie à tout.
Il ne prétend pas qu’on ne doit jamais mettre sur le Théâtre un Personnage souffrant des maux qu’il ne mérite pas. […] Brumoy la Tragédie corrige la Crainte par la Crainte, & la Pitié par la Pitié, en nous apprivoisant avec la vue de nos maux : ce qui nous rend plus courageux pour les supporter quand ils arrivent. […] Ainsi le premier objet de la Tragédie n’a point été d’accoutumer les hommes, par des exemples si affreux & si rares, à supporter les maux de la vie. […] La Nature nous a donné un cœur compatissant à tous les maux de nos semblables : ce qui nous porte à nous secourir les uns les autres. […] Alexandre tyran de Pheres, se sentant ému à la représentation des Troades d’Euripide, sortit en disant qu’il avoit honte de pleurer les malheurs d’Hécube & d’Andromaque, lui qui étoit insensible aux maux de ses Sujets.
Mais Monsieur le Cardinal de Richelieu, qui faisait toutes ses actions avec un grand discernement du bien et du mal, remit en crédit les Comédies et les Tragédies, en n'y laissant rien de ce qui les avait exposées justement à l'indignation des personnes d'honneur, et à la peine des Lois. […] Je me contente d'avoir expliqué ce qui s'est fait parmi les Anciens, et ce que nous avons fait ensuite des pensées raisonnables qu'ils ont eues, ou en reformant ce qu'ils avaient mal introduit.
Votre Roi, lui dit-il, protège le Luthéranisme en Allemagne, & ne tardera pas sans doute à l’introduire en France ; mais en vous vengeant de lui & de votre femme, servez la religion, communiquez lui le mal auquel on n’a pas encore trouvé de remède. […] C’est un mal nécessaire, disent les apologistes du théatre ; c’est la seule excuse plausible de la tolérance du Magistrat. […] On n’étoit damné ou sauvé qu’à proportion du bien ou du mal qu’on faisoit aux Moines, &c. […] Que le Pape bien ou mal dépose un Prince, jamais il n’arme une main parricide contre lui ; il le laisse vivre comme un autre. […] Il est très-utile qu’un Roi voie souvent la comédie ; elle est l’image de la vie commune, des vices, des vexations des familles, des maux de l’Etat.
» Le mot de Providence revient encore trois autres fois très mal à propos. […] l’aveu du mal qu’elle renferme suffit-il pour en être le correctif ? […] De plus, Sophocle, ainsi que je viens de dire jette en passant quelque maxime saine pour servir comme de contrepoison au mal. […] et parle mal de leur gouvernement. Il faut savoir que Philoctète était un Officier relégué dans une Ile déserte, maltraité de ses propres amis, tout couvert de plaies, accablé des misères de la pauvreté, en proie à tous les maux de la vie, depuis dix années entières.
On vous plaint en même temps, d’avoir choisi un défenseur peu mesuré ; qui en s’attirant personnellement la Censure des Magistrats, a fait plus de mal que de bien à la cause qu’il avait embrasséea. […] Ce grand homme qu’il a cité mal à propos ne lui est pas bien présent à ce qu’il me semble. […] Celui qui pense mal en use dans toute leur étendue.
Les Comédies et les Romans n'excitent pas seulement les passions, mais elles enseignent aussi le langage des passions, c'est-à-dire l'art de les exprimer et de les faire paraître d'une manière agréable et ingénieuse, ce qui n'est pas un petit mal.
Ils comprendront que l’alliance du gouvernement avec le sacerdoce est trop dangereuse et toujours a été la source inévitable de tous les maux qui ont troublé et troubleront à jamais la paix intérieure des Etats. […] La science est un bien commun qui appartient à tous les citoyens ; chacun a droit d’y prétendre selon les circonstances dans lesquelles il se trouve : mais l’ignorance est un mal, le mal ne peut produire que du mal, et tous les raisonnements contraires aux principes de philanthropie ne sont que des paradoxes. […] L’instruction et la science doivent donc diminuer la masse des maux qui affligent l’humanité.
Les Comédies et les Romans n'excitent pas seulement les passions, mais elles enseignent aussi le langage des passions; c'est-à-dire l'art de s'en exprimer et de les faire paraître d'une manière agréable et ingénieuse, ce qui n'est pas un petit mal.
Cette seconde comédie fut assez mal jouée, la Cour n’y applaudit pas : mais on ne siffle pas les princesses. […] Il en parla à sa sœur, qui reçut fort mal ses avis, & se brouilla avec lui. […] Ne sont-ils pas le remede à tous les maux & à tous les désordres d’une ville assiégée & rébelle ? […] Si elles causoient la fin de ma vie, elle me paroîtroient plutôt les instrumens de mon bien que les effets de mon mal. […] Ses femmes la servoient mal, la dévotion n’est pas faite pour désennuyer.
Je ne m’arrête point à quelques textes de l’Evangile, aussi mal choisis que faussement appliqués, par exemple, (p. 206 :) Celui qui croit & qui a reçu le Baptême sera sauvé , pourvû qu’il n’agisse pas contre sa foi, comme on le reproche avec raison, aux Suppôts de la Comedie : la foi ne suffit point sans les œuvres, ainsi que l’Apôtre S. […] Les Curés de Saint-Sulpice ont reçu ces libéralités pour en soulager les Pauvres de la Paroisse ; ils ont très-bien fait de toucher un argent mal acquis pour le faire passer entre les mains des maîtres légitimes.
Ou d’Aubignac s’est mal exprimé, ou son raisonnement est faux. […] Il est un de ceux que les Langues vivantes ont traité le plus mal.
A la vérité le mal que les spectacles produisent, ne se fait pas toujours sentir tout d'un coup. […] D'autres qui passent pour dévots, sont-ils plus dignes de Foi quand ils assurent qu'ils n'y font point de mal ?
Ne sentent-ils pas les maux présents et ne prévoient-ilso pas les maux à venir ?
Si on joue mal, on sera puni pas les sifflets & la désertion du public. […] Le théatre augmente le mal. […] C’est de la source même du mal qu’il faut tirer le remede. […] La jalousie des concubines, qu’on a fort mal à propos menées à l’attelier, forme une scène de fureur qui exprime leurs sentimens par des danses de furies. […] C’est bien mal connoître S.
C’étoit chez vous un crime odieux à la société, toujours sûr de la vengeance des dieux, d’initier le premier âge à la pratique du mal. […] J’avoue de bonne foi que je n’en découvre aucun qui puisse du premier abord combattre le mal avec une sorte d’égalité. […] « Dans de grandes calamités, des égards timides, des ménagemens compassés ne sont propres qu’à donner au mal une consistance invincible. […] S’il est vrai que lorsque les maux sont devenus extrêmes, la Providence ne tarde point de les rapprocher des remèdes, j’ose croire que ce jour n’est pas éloigné. […] La satiété des jouissances déraisonnables concourt à rétablir les droits de la raison ; l’excès du mal ramène vers le bien ceux même qui ne distinguent plus l’un de l’autre.
Un Comédien voulant se marier, dit Madame de Sévigné, quoiqu’il eût un certain mal, son camarade lui dit : Hé ! […] On ne sent le mal de la comédie que par les péchés qu’elle fait commettre & les habitudes qu’elle forme, souvent même les attribue-t-on à une autre cause. […] Celui qui connoît & avoue son mal, n’est pas sans ressource ; tout est perdu dans celui qui l’ignore ou le dissimule. […] On vous menace mal à propos d’une mort éternelle : vaines alarmes, aucun péché, aucune mort à craindre : Nequaquam moriemini. […] Son mal empira, & comme toutes les Facultés de Paris & de Montpellier, non plus que tous les Médecins du Roi, ne suffisent pas pour conserver une vie si précieuse à l’État, il fallut aller chercher du secours hors du royaume.
., n’ont jamais aimé le théâtre, goût bien différent des folies des derniers siècles, qu’on traiterait mal à propos de gothique. […] Tout fut terminé par ces paroles tranchantes et décisives : « Je suis chez moi, tout est à moi ; fille de l’opéra, je suis ma maîtresse, je ne dépends de personne. » Se peut-il, conclut l’Auteur, que d’honnêtes gens soient assez aveugles pour placer si mal leur argent et leur cœur, et consacrer leurs plus beaux jours à des filles de théâtre nées dans le libertinage ? […] On ne le souffre qu’à condition pour eux impossible qu’on n’y représentera jamais aucune action malhonnête, et qu’on n’usera point de paroles lascives et même à double entente, condition bien mal observée. […] Il est donc vrai, aux termes de l’édit, que les Comédiens sont infâmes de droit ; mais ne pouvant être traités comme tels dans le commerce jusqu’à la condamnation, on les menace de leur faire le procès et les couvrir légalement d’infamie, s’ils se conduisent mal, et on leur fait espérer d’arrêter les procédures judiciaires et les laisser jouir de leur réputation, s’ils sont modestes et sages. […] Il ne l’aurait pas dû, puisque la bonté ou la malice morale des actions humaines est uniquement du ressort de la conscience ; il se serait borné à accorder la tolérance, pour éviter un plus grand mal, jamais à en attester l’innocence, qui n’était point de son ressort.
Réglez, dit le Sage, tout votre corps de telle sorte, que nous n'employons point pour faire le mal, les mêmes membres ont nous nous servons pour faire le bien : Comme s'il disait, je vous prie que ces pieds dont vous vous servez pour aller au Temple de Dieu, ne soient point employés pour aller aux Jeux du Théâtre, et aux Spectacles infâmes.
Supputez, par exemple, s’il est possible, les maux que l’amour fait faire. […] On s’attendrit plus volontiers à des maux feints qu’à des maux véritables. […] On sçait bien qu’il y a par-tout mélange de bien & de mal, mais à divers degrés. […] malheureux que nous sommes, ces maux sont notre ouvrage. […] Des hommes fatigués de querelles domestiques, qui ne se trouvent nulle part plus mal que chez eux, où ils essuient les travers & les caprices d’une maison mal composée.
Nos Drames champêtres sont la plus-part froids, insipides, & mal dialogués ; les Personnages en sont aussi quelquefois trop spirituels ; ils mettent trop d’esprit dans leurs naïvetés. […] Ses Personnages pétillent d’esprit ; lorsqu’il leur arrive de dire une naïveté, elle s’accorde mal avec les pointes, les jolies choses, les madrigaux, qu’ils ont ordinairement à la bouche. […] La morale se sert utilement des malheurs des Rois, des faiblesses du Citoyen ; elle s’est réservée d’aller à son but en montrant le bonheur qu’on goûte au Village : elle est contrainte de le supposer, tant les êtres de chaque état ont leur part des maux qui assiègent l’humanité !
Il se trouve dans les Hameaux, comme dans les Villes, des hommes méchans ; c’est le petit nombre : des hommes tièdes, qui ne semblent ni bons ni mauvais, & que les circonstances poussent tantôt vers le bien, & tantôt vers le mal ; c’est le grand nombre : des hommes droits, amis de l’ordre, & de toute chose honnête ; ils sont en plus grand nombre que les tout-à-fait méchans ; & ceux-ci, dans les campagnes, sont admirables ; ce sont les hommes par excellence. […] Représentez-nous des femmes sans modestie, sans vertu, sans pudeur, dont les regards hardis font baisser la vue aux hommes ; qui ne rougissent de rien, ne voient de mal à rien, méconnaissent ou méprisent tous les devoirs de leur sexe : ces originaux-là sont chez vous, il vous est permis de vous en emparer : mais laissez nos Paysans ; ou du-moins ne prenez que ceux de Passy, de Chaillot, de Versailles & de Nanterre, que vous avez corrompus. […] Nos Comédies-Italiennes en cinq Actes, offrent une peinture burlesque des mœurs communes : le tableau qu’elles font, est souvent très-vrai, mais il n’est jamais accompagné de la correction : on se contente de peindre ; on n’ajoute rien qui puisse porter le Spectateur à improuver le mal, & à profiter du bien, lorsqu’il s’en trouve.
Mais si cette fille est si jeune qu'elle ne puisse suivre ni le sujet, ni les intrigues de la comédie, y a-t-il du mal de l'y méner ? […] Il y a du mal de l'accoutumer à ouvrir son cœur à des plaisirs dont les impressions font d'ordinaire des plaies profondes et durables ; et de lui former l'esprit à des intrigues où tout est passion.
Il faut que votre blessure soit bien profonde pour désirer qu’elle le soit encore davantage ; il faut que vous soyez bien familiarisé avec le mal, pour être plus corrompu que le théâtre n’est corrupteur. […] La police extérieure souffre quelquefois de moindres maux pour en éviter de plus grands, si elle occupe pendant deux heures des gens corrompus à des divertissements mauvais pour eux-mêmes, c’est pour les empêcher de commettre ailleurs des crimes plus grands, qui compromettraient la sûreté publique.
Boerhaave (ce Descartes de la Médecine) dit que cette maladie est pire que la mort : il a raison ; car la mort peut ne point faire de mal, et l’hypocondrie livre sa victime à la noire fureur de son bitume corrosif. […] Rousseau6, s’il a quelque intervalle, d’enterrer dans ces moments-là ce que sa bile exaltée aura pu lui faire produire : les pores de tous nos mélancoliques sont ouverts pour recevoir ses poisons : et c’est doubler ses maux que de les communiquer.
Il était à craindre que les fidèles, mal instruits ou trop faciles, ne se laissassent entraîner dans une occasion si séduisante. […] » Quel mal vous faisons-nous en goûtant des plaisirs différents des vôtres ? […] Telle est la vérité, la pureté de la morale Chrétienne, l'exactitude de la crainte, la fidélité de l'obéissance ; elle ne change point : la nature du bien et du mal, du vice et de la vertu sont inviolables, comme la vérité qui les détermine. « 21.° Les Païens, qui n'ont pas la plénitude de la vérité, parce qu'ils n'en ont point le maître, jugent du bien et du mal selon leur caprice, appelant ici bien ce qu'ailleurs ils traitent de mal.
Non seulement la Comédie et les Romans rendent l'esprit mal disposé pour toutes les actions de religion et de piété; mais ils le dégoûtent en quelque manière de toutes les actions sérieuses et ordinaires.
Non seulement la Comédie et les Romans rendent l'esprit mal disposé pour toutes les actions de Religion et de piété, mais ils le dégoûtent en quelque manière de toutes les actions sérieuses et communes.
La Grammaire Françoise de l’Abbé Gitard, ridicule, extravagante même à ne la considérer que par le style, n’en est pas moins un ouvrage utile & même estimé dans son genre : c’est un diamant mal enchassé. […] Il y a quinze ans qu’il l’a connoissoit plus mal encore ; cependant, dès ce tems là, il remarqua & reprit des fautes de langage, qui ne sembloient pas permises à des gens qui faisoient profession publique de la parole. […] Il y a peu de drames aussi mal versifiés qu’Inès de Castro.
Que penseroit-on d’une personne à qui on auroit confié le soin d’un malade ; & qui au lieu de lui faire prendre des remedes propres à le soulager, lui accorderoit tout ce qui peut augmenter son mal ? […] Rien sans doute ne rend une ame plus mal disposée au recueillement & à l’oraison, que de pareils spectacles ; & rien ne prouve mieux leurs dangers, que l’opposition qu’ils ont avec la priére continuelle dont l’Apôtre nous fait un précepte. […] Or les Comedies & les Romans ne rendent pas seulement nos esprits mal disposez pour de saintes occupations, mais elles nous donnent du dégoût pour les actions serieuses.
Et joueroient mal si on les y forçoit. […] Une tragédie de Racine vaut-elle moins pour être mal jouée ? […] L’équivoque palliatif de la gaze qui couvre le vice de la morale, qui, quelquefois y est semée, aigrit le mal, & le rend sans reméde, en faisant croire à des dupes, ou à des gens qui l’affectent, & font semblant de penser, qu’il n’existe pas.
Ce n’est pas un des Pères, mais tous d’un consentement unanime ; ce n’est pas pour un temps, mais de siecle en siecle ; ce ne sont pas des gens foibles, mal instruits, peu éclairés, mais les plus grands hommes ; ce n’est pas par voie de conseil & de perfection, mais comme un précepte rigoureux ; ce n’est pas pour certains états, mais pour tout le monde, non par des raisons particulieres, mais par les mêmes raisons que nous employons. […] Qui est plus en état de juger s’il y a du mal, les Peres, les Conciles, les Saints, vos Pasteurs, ou vous ? […] Or pouvez-vous douter du danger du spectacle, vous qui connoissez la corruption de votre cœur, & qui soutenez si mal au jugement de votre conscience le parti que vous défendez devant le monde ?
Or tant s'en faut que la Comédie y puisse servir, qu'il n'y a rien qui rende l'âme plus mal disposée, non seulement aux principales occupations Chrétiennes, comme la prière, mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu'on les veut faire dans un esprit de Chrétien, c'est-à-dire recueilli et attentif à Dieu, qu'il faut tâcher, autant que l'on peut, de conserver dans les actions extérieures; ainsi comme le besoin que nous avons de manger ne fait pas qu'il nous soit permis de manger des viandes qui ne servent qu'à affaiblir le corps; de même le besoin de se divertir ne peut excuser ceux qui cherchent des divertissements qui ne font que rendre leur esprit moins propre à agir Chrétiennement.
On a juré de réprimer les désirs charnels qui combattent contre l’ame ; de s’abtenir de l’apparence même du mal ; de haïr les péchés qui paroissent les plus légers, qui sans tuer d’un seul coup, ne laissent pas d’affoiblir & de préparer souvent aux chutes les plus déplorables.
Et cette doctrine est toute dans la prudence et dans la justice ; car si on ne donne point de bornes au plaisir, et si l’on ne prescrit des règles aux hommes pour leurs divertissements ; l’inclination qu’ils ont à la volupté, corrompra bientôt les mœurs : et suivant la pensée de Cicéron même, en imitant le bien, elle gâtera et introduira le mal ; comme on ne le voit que trop dans l’exemple même des danses.
La doctrine générale qui en résulte, c’est que la bonne éducation des filles consiste à leur donner une entiere liberté, les laisser courir seules, sur leur bonne foi, le bal, la comédie, les compagnies, & voir qui bon leur semble, comme la Léonor, dont cette conduite indulgente a fait une héroïne, tandis que la vigilance & la retraite ont fait de sa sœur Isabelle une intrigante & une effrontée ; que le soin & l’attention à éloigner les jeunes gens des dangers du crime, ne servent qu’à leur en donner plus d’envie, & leur faire chercher les moyens de se satisfaire, & que la sévérité même qu’on a pour eux, les autorise à secouer le joug, & leur est une excuse légitime ; que ces sévères instituteurs en sont toûjours la duppe, & se couvrent de ridicule ; que malgré toutes leurs mesures, l’amour, inépuisable en ressources, rend inventifs les plus innocens, & trouve enfin mille moyens pour réussir ; qu’après tout c’est un vain scrupule de se refuser à la galanterie, mal commun, dont personne n’est exempt ; qu’il est de la sagesse de ne pas être plus sage que les autres ; qu’on ne peut compter ni sur les femmes, ni sur les filles ; qu’il faut s’y attendre, s’en faire un jeu, & n’avoir pas l’inutile foiblesse de s’en embarrasser. […] Et qu’il est aux enfers des chaudieres bouillantes Où l’on plonge à jamais les femmes mal vivantes. […] Non, des coups du hasard aucun n’étant garant, Cet accident de soi doit être indifférent, Et qu’enfin tout le mal, quoique le monde glose, N’est que dans la façon de recevoir la chose. […] Rien : je passe condamnation ; j’ai trop mal réussi pour me pouvoir défendre (il sentoit sa blessure). […] Parce que c’est le fond de toutes les comédies, qu’on croit pouvoir en couvrir les désordres, & en est un des plus grands, & que c’est l’action la plus importante de la vie & qui se fait le plus mal.
Parmi bien de vains efforts qu’il faisoit pour se dégager, il raconte que dans les Ouvrages qu’il a donnés il insinue la nécessité de réformer les abus du théatre, mais que crainte de déplaire, il avoit si bien enveloppé ses idées, que personne ne s’en étoit apperçu, & ne lui en savoit mauvais gré ; qu’enfin il lève le masque, puisque retiré du théatre il peut le faire sans risque ; & propose à découvert la nécessité de la réformation. rIl avoue sincèrement que la vraie réformation seroit de le supprimer tout-à-fait, il convient de tout ce qu’on a écrit contre lui, mais que ne lui appartenant pas de le prendre sur ce ton, & de fronder l’autorité publique, qui le tolère par des raisons qu’il doit respecter, & ne pouvant d’ailleurs espérer qu’on frappe jamais un si grand coup, il se tourne du côté de la réforme, pour diminuer du moins le mal, & tirer quelque bien du spectacle, ce qu’il ne croit pas impossible. […] Les François, qui en ont peu, ont mis tout naturellement en jeu les valets & les soubrettes ; & pour mieux jouer leur rôle, les représentent toujours vicieux, avec un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, ne sachant que conseiller le mal, & s’employer pour l’exécuter. […] Le Poëte, au lieu d’en rougir, s’en applaudit, en est admiré, & enfin les coupables sont heureux, au lieu d’en être punis ; d’où l’on conclud que ce n’est point un mal, mais une persécution, & qu’on peut en espérer la récompense, comme d’une vertu persécutée. […] Si l’Auteur de cette tragédie y a fait paroître beaucoup d’esprit & d’imagination, il les a bien mal employés. […] Au moindre scandale elle sera congédiée avec demi-pension, qui même sera supprimée, si elle se conduit mal après sa sortie.
Tel vicieux qu’il soit, il veut qu’on le ménage, & qu’on feigne de le prendre pour ce qu’il n’est pas ; il se révolte quand on le traite en libertin ; ainsi qu’il est des malades qui s’éfforcent de cacher le mal qui les ronge, & qui s’emportent lorsqu’on leur soutien qu’ils ont perdu la santé. […] Soyons sur nos gardes à la représentation des Drames ou respirent la tendresse & le plaisir ; ou plutôt que les Auteurs ayent quelques égards pour la faiblesse humaine, en ne mettant rien dans leurs Ouvrages qui puisse l’ébranler ni la porter au mal. […] Soyons certains pourtant, que s’ils avaient écrits de nos jours sur la Comédie-mêlée-d’Ariettes, il n’auraient eu garde de manquer à faire sentir combien l’indécence sied mal au Théâtre, ainsi qu’ailleurs. […] Ainsi l’on voit qu’il est mal placé, puisque le jugement de la Reine Berthe est définitif, & qu’il ne laisse rien à contester après lui ; il n’est seulement ici que pour faire un méchant jeu de mots : c’est comme si l’on disait à la vieille ; la Cour vous donne ce qui vous récréra, vous divertira ; on vous permet de vous amuser ; on vous permet la récréance avec ce beau jeune homme. […] Lorsque l’on nous raconte qu’il est chez les Etrangers un Théâtre dont les Drames sont aussi licencieux, nous ne manquons pas de nous en étonner, & de mal augurer de l’esprit & des mœurs de la Nation qui adopte de pareilles Pièces.
il n’y a point de mal, on y apprend à vivre dans le monde ; mais prenez garde qu’il n’y a rien d’innocent dans ces divertissements qui sont souvent des occasions prochaines de péché à ceux qui s’y trouvent, sans avoir mauvaise intention, parce que les comédiens d’aujourd’hui sont semblables à ceux dont parle Sénèque, qui corrompaient de son temps les mœurs, sous le beau prétexte de les reformer, et qui sous couleur de reprendre le vice, l’insinuaient adroitement et avec artifice dans les esprits des spectateurs, et qui voulant corriger les hommes en les divertissant, les perdent en les faisant rire, et meurent par cette fausse joie, comme ceux qui ont mangé de l’herbe Sardoniquec, selon la remarque des Naturalistes. […] Je n’ose pas vous parler des offenses que souffre la pudeur ; j’ai cru néanmoins qu’il n’était pas mal à propos de vous en dire quelque chose qui vous fasse mieux juger des injures qu’on y fait à cette vertu. […] Dira-t-on, après cet exemple, que l’assemblée des bals est innocente, et qu’il n’y a point de mal ? […] Il répond qu’il ne faut pas avoir tant d’égard à l’éloignement de cette femme, qu’à la proximité de la convoitise, qui était au milieu de son cœur : « Mulier erat longe, sed libido erat prope. » Après cela jugez du mal, que les approches des Filles mondaines font dans un bal, et combien elles en font faire. […] Une flamme mal éteinte est facile à rallumer.
Discorso veramente mal fondato, e pregiudiziale alla dottrina del Santo, e de’ suoi Consultori, e Dottori Sinodali, o famigliari. […] benché le parole oscene, dice egli, non siano di peccato mortale, quando sono dette senza mal fine ; nulla di meno in Commedia, per esser luogo pubblico si fa peccato per la sfacciataggine, e per lo mal esempio, quale ai molti serve per scellerato documento. […] Troppo farebbe, che fra tante persone libere, e comode a poter far male, non se ne trovasse più d’una spropositata, e forse manigolda: : io ho gran dolore, che vi siano Comici mal costumati. […] Deh venga il cancro a chi dice male di quelli, che insegnano a questi Giovani di fare Azioni di tanta consolazione, e tanto gusto. […] Quelli accessori, dice egli, tanto smascherati danno talvolta occasione di mal trattare l’Arte.
Nous exhortons tous les Fidèles que la Providence nous a confiés de s'abstenir de ces faux et malheureux plaisirs du Siècle, où quand on s'abuserait assez pour croire que l'on n'y fait aucun mal, on ne saurait se défendre de celui qu'y font les autres, et comme les complices du péché selon St.
Que ceux et celles qui ne sentent point que les Romans et les Comédies excitent dans leur esprit aucune de ces passions que l'on en appréhende d'ordinaire ne se croient donc pas pour cela en sûreté, et qu'ils ne s'imaginent pas que ces lectures et ces spectacles ne leur aient fait aucun mal.
Que ceux donc qui ne sentent point que les Romans et les Comédies excitent dans leur esprit aucune de ces passions que l'on appréhende d'ordinaire, ne se croient pas pour cela en sûreté, et qu'ils ne s'imaginent pas que ces lectures et ces spectacles ne leur aient fait aucun mal.
… Dans leur fureur mal déguisée ils te disent : « Les sciences mondaines, les arts industriels et frivoles te créent tous les jours de nouvelles richesses ; les productions profanes de l’intelligence humaine, de nouvelles jouissances ; mais aussi, tout ce que tu appelles progrès de la civilisation, tout oppose de nouveaux obstacles au salut de ton âme. […] N’aura-t-il à espérer aucun adoucissement à ses peines ; aucun soulagement à ses fatigues, aucune distraction à ses maux ? […] Mais condamnerons-nous sans retour notre frère pour un jour d’intempérance passagère, et blâmerons-nous celui qui, cherchant dans le vin, ce présent du ciel, un moment d’oubli des misères humaines, n’a point su s’arrêter à cette douce ivresse, oublieuse des maux et créatrice d’heureuses illusions ? […] Je ne vous le donnerai pas non plus pour modèle à vous jeunes gens de notre France si polie, si élégante, car sans doute il dansait mal ; puisque, suivant la Biblem : « Mical, sa femme, voyant le roi David qui sautait et dansait, se moqua de lui et le méprisa dans son cœur. » Mais permettez-moi, mes chers auditeurs, d’emprunter à une plume que vous reconnaîtrez sans douten, la défense d’un plaisir si cher et si utile à la jeunesse. […] Nous vous supplions d’ouvrir leurs yeux à la véritable lumière, afin qu’ils reconnaissent que votre morale s’adresse aux hommes vivant en société, et non à l’homme s’isolant de la société à laquelle il appartient, afin qu’ils ne proscrivent plus les distractions, les plaisirs qui apportent quelque soulagement à leurs maux.
Les Argiens l’estimaient tant, qu’ils établirent une peine contre ceux qui en parleraient mal. […] Qu’on peut dire de la Musique autant de mal que de bien. […] On a dit autant de mal que de bien de la musique. […] La musique, dont on dit tant de bien & tant de mal, a toujours été d’un grand secours aux Amans ; c’est par elle que l’amour triomphe souvent des rigueurs d’une belle. […] Il m’est échappé de mal parler de la musique dans ce Chapitre ; je sens qu’on a lieu d’en être surpris.
Charlemaigne, que ceste maniere de masquer est deriuee du Paganisme & insensiblement escoulee aux esprits des Chrestiens qui les a en fin renduz insensez (face Dieu que non insensibles & endurcis en leur mal sans espoir de guarison.) […] & les Peres s’estans apperçeuz que ce mal estoit incurable & que les remedes l’empiroient au lieu de le guerir, s’aduiserent de diuertir l’vsage des masques que l’on faisoit en habit de fols, de Satyres, Comediens & Trajediens, ou en forme d’animaux, d’idoles & de monstres, & en leur place de representer la natiuité du fils de Dieu, le reueil de l’Ange aux Pastres, la Circoncision, l’estoille les trois Roys & semblables histoires. […] (dit le Dieu eternel) à ceux qui s’oublient de tant : pour destourner ce mal il n’y a que d’instruire les ieunes gens aux arts mecaniques, de bien faire nourrir & instituer aux bonnes moeurs & aux bonnes lettres les enfans de maison. […] quiconque voudra s’attacher à quelques obseruances payẽnes il est à craindre que le nom de Chrestien luy soit infructueux, außi celuy qui caressera les fols & fera bonne chere aux masques, sans doute il se rend participant du peché, il ne suffit pas (mes freres) que vous vous absteniez de ce mal, mais en quelque endroit que vous le rencontriez, reprenez, corrigez & chastiez le , Petrus Chrysol. ser. […] car quiconque n’arrestera le mal & a le pouuoir, il l’auctorise, qui preste consentement aux masquarades les approuue, & est autant coulpable que ceux qui masquent.
Je crois, Madame, que vous ne feriez pas mal de lire quelqu’un de ces Auteurs, puisque vous voulez, dites-vous, vous dire à vous-même les raisons pourquoi vous riez ou vous pleurez à la Comédie. […] Parmi les Modernes j’estime infiniment Vida, de Crémone, Poète, et Evêque d’Albe : Ces deux qualités paraissent assez mal assorties ; il a composé sur la poétique trois petits livres en vers, à l’imitation d’Horace. Le Livre que Castelvetro a écrit sur cette matière, est merveilleux, et il le serait encore davantage, sans l’affectation qu’il fait paraître à combattre mal à propos le sentiment d’Aristote : Ronsard, du Bellay, Peletier qui commençaient à avoir quelques idées de l’Art poétique, en ont écrit ; mais quelques éloges qu’on ait donné de leur temps à leur poésie, elle nous fait pitié maintenant. […] Le Théâtre qui avait été enseveli sous les ruines d’Athènes et de Rome, s’est relevé de notre siècle avec beaucoup d’éclat ; si l’on donnait les mêmes récompenses à nos Poètes, que donnaient les Grecs et les Romains à ceux qui excellaient en ce genre d’écrire, nous en aurions eu sans doute un plus grand nombre ; mais ce travail immense est trop mal récompensé, et ne conduit plus comme autrefois, aux honneurs suprêmes, ni aux premières dignités de l’Etat. […] Un homme féroce et sanguinaire se repaît de spectacles cruels ; les plaintes, les cris, les gémissements des malheureux ne sauraient l’attendrir ; il n’est point touché des maux qu’il fait souffrir aux autres, et il goûte une joie barbare, quand il voit les autres tomber dans de grandes infortunes.
Si vous leur prescrivez quelque espéce de travail, ils s’en acquittent mal, ou font le contraire. […] Si vous avez en vûe quatre ou cinq de ces jeux, pour les employer dans la représentation de votre Poëme, il arrivera infailliblement, ou que vous mettrez trop près l’un de l’autre des objets qu’il auroit fallu éloigner, ou que vous en séparerez d’autres qui devoient se rapprocher ; ou enfin que pensant sans cesse à ces divers jeux, vous ferez mal parler un personnage qui refroidira l’action.
Je dirai tout autant de mal de la Comédie ; on s’est imaginé qu’elle reformoit les mœurs, en tournant le vice en ridicule : quelle étrange réforme est celle du Théâtre ! […] Voilà les désordres dont les Comédies de Moliere ont un peu arrêté le cours ; car pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité & choses semblables, je ne crois pas que ce comique leur ait fait beaucoup de mal, & l’on peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie, que ces piéces ; parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les peres & meres prennent de s’opposer aux engagemens amoureux de leurs enfans.
Si la volupté, dit Platon, a été l’amorce de plusieurs maux, il faut que la volupté soit l’appât de plusieurs biens ; de sorte que la volupté détruise la volupté. […] Car, je le répète, tant que les Poèmes dramatiques resteront tels qu’ils sont aujourd’hui, ils pourront bien corriger en quelques points, mais ils feront plus de mal que de bien, ainsi que je l’ai remarqué dans l’examen de l’Avare de Molière.
Fourberies, mensonges, faux témoignages, et tout ce qui peut lui servir pour venir à ses fins est mis en œuvre par Laurette : et son rôle est d’autant plus indécent, qu’elle agit toujours, non seulement par le motif d’un bas intérêt, mais encore par une forte inclination pour le mal. […] Sans cette correction je n’hésiterais pas à mettre cette Pièce au rang de celles qui doivent être rejetées, parce que je sens vivement tout le mal que le mauvais exemple de Laurette peut causer.
Quand le dessein principal serait de condamner la tyrannie, en faisant voir ses progrès toujours orageux, et sa fin ordinairement misérable, ces noires pratiques salissent toujours l’esprit des assistances ; elles y laissent les idées d’un mal, dont la passion se peut servir en mille rencontres, et qu’il était meilleur d’ignorer. […] ils mettent le feu à la paille, pourquoi s’étonner si elle brûle ; La justice s’arme afin de punir les auteurs et les complices d’un enlèvement qui blesse l’honneur de quelque illustre famille, elle poursuit avec rigueur et avec toutes les notes d’infamie ces âmes perdues qui corrompent la pudicité des autres ; Néanmoins on permet que les Romans qui sont des bouches toujours ouvertes à persuader le mal, aient libre entrée dans les maisons, dans les cabinets pour y débaucher tous les esprits, pour leur inspirer des affections illicites, avec les moyens d’y réussir ; on punit le corrupteur d’une chasteté particulière, cependant on tolère, l’on agrée, on loue ces méchants livres qui sont les professeurs publics d’une passion, dont la fin est l’incontinence, le péché, le déshonneur, le désordre des familles et des Etats.
Mais ce qui est bien plus important, c’est le mêlange profane du bien & du mal, de la vertu & du vice ; & cette idée fausse, contraire à l’oracle de Saint Paul, de ne pas faire du mal pour procurer du bien, non sunt facienda mala ut eveniant bona , cette alliance très-peu religieuse est réprouvée par le saint apôtre, II Cor. 6. […] Dès-lors plus de frain, de retenue ; le vol, le mensonge, l’adultere, le parjure, tous les crimes se debordent, & attirent enfin sur la malheureuse Jérusalem tous les maux dont le Dieu de l’univers menace enfin les peuples corrompus. […] N’est-ce pas commencer de faire le mal par des imaginations obscènes, pour quelque morale qu’on dit vouloir enseigner ? […] Par ce choix des acteurs, les pieces seront mal jouées. […] Ce seroit un fort petit mal, ou plutôt un grand bien.
Il erre dans le fait, puisque saint Cyprien en parlant de la danse de David, n’a jamais dit, « Que ce ne fut point un mal de danser et de chanter ». […] C’est donc bien mal à propos que le Docteur fait comparaison des Comédiens de profession avec les jeunes gens que l’on exerce dans les Collèges, et qu’il prétend que les uns ne sont pas plus infâmes que les autres. […] Il serait à souhaiter que notre Docteur n’en eût point pris d’autre, au lieu de s’étendre si fort et si mal à propos sur son premier motif de persuasion. […] On ne devrait pas même lire l’Ecriture sainte, puisqu’elle est la cause innocente de toutes les Hérésies, qui, selon saint Jérôme, naissent pour l’ordinaire d’une parole mal entendue ou malicieusement expliquée.» […] Pour dire du bien des Comédiens, il ne fallait pas pour cela penser du mal ni marquer sa méchante humeur contre ceux qui n’en sont pas idolâtres : car enfin ce n’est point un péché de n’aller pas à la Comédie et de ne pas faire l’éloge des Comédiens ; et ainsi le Docteur pouvait se taire là-dessus et se contenter de montrer l’innocence des Comédies par l’innocence des Comédiens ; ce qu’il entreprend ici de faire, et qu’il exécute assez mal.
Contemplez tous les maux de l’usure, qui, au mépris des lois naturelles et positives, dévore la fortune publique et celle des particuliers. […] « C’est, dit-il, mal raisonner contre la religion, de rassembler dans un grand ouvrage une longue énumération de maux qu’elle a produits, si l’on ne fait de même celle des biens qu’elle a faits. […] Ainsi peu importe que l’acteur joue bien ou mal. […] Ce qui peut vraiment lui nuire, à ce public, c’est l’art de l’émouvoir, de le transporter hors de lui-même, d’enflammer toutes ses passions, de leur donner une direction vers le mal. […] Les uns seulement du côté du bien, les autres du côté du mal.
Abstenez-vous de tout ce qui a apparence de mal. […] Le mal seroit moins grand s’il avertissoit. […] d’ailleurs un mal en excuse-t-il un autre ? […] Avec de pareils remedes, on rend incurable le mal qu’on prétend guérir ». […] Les coups de Théatre n’ont jamais été amenés avec plus de mal adresse.
[Introduction] Il est étrange, Mes Révérends Pères, que vous ayez si mal profité des Avis que l’on donna l’année passée à vos Confrères de Luxembourg sur leur scandaleuse Procession ; et que l’on soit obligé de vous en donner de semblables sur ce que vous venez de faire à Aix qui n’est pas moins indigne de Chrétiens, de Religieux et de Prêtres.
Par tous ces principes des saints pères, sans examiner le degré de mal qu’il y a dans la comédie, ce qui dépend des circonstances particulières, on voit qu’il la faut ranger parmi les choses les plus dangereuses ; et en particulier on peut juger si les pères ou les saints docteurs qui les ont suivis, et Saint Thomas comme les autres, avec les règles sévères qu’on vient d’entendre de leur bouche, auraient pu souffrir les bouffonneries de nos théâtres, ni qu’un chrétien y fît le ridicule personnage de plaisant.
« Mourir sans tirer ma raison, Rechercher un trépas si mortel à ma gloire, Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison...
Comment pourrait-elle donc allier avec une crainte si juste de maux effroyables qui la menacent les vaines réjouissances du monde, et repaître son esprit de vains fantômes dont les Comédies le remplissent ?
Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point; parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme sentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui était ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces Vers: « Mourir sans tirer ma raison : Rechercher un trépas si mortel à ma gloire ; Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison; N'écoutons plus ce penser suborneur. » Et la raison en est que les passions ne s'excitent pas seulement par les objets, mais aussi par les fausses opinions dont l'esprit est prévenu.
Comment pourrait-elle donc allier avec une crainte si juste des maux effroyables qui la menacent, les vaines réjouissances du monde, et repaître son esprit des chimères dont les Comédies le remplissent ?
N'est-ce pas une preuve sensible que leur conscience dément leurs fausses lumières, et qu'ils sont eux-mêmes convaincus au fond de leur cœur du mal qu'il y a dans la Comédie, quoiqu'ils tâchent de se le dissimuler par les faibles raisons que leur esprit leur fournit.
male feriate heautontimorumenos. […] Atque ut hæc non semper eveniant quæ semper timere necesse est, quam multi male agere gestiunt, ne nihil agant ? […] Scitum est quas in dicendo partes aptæ decoræque actioni, cui pene totum se debere profitebatur, dederit Demosthenes ille Græcorum Oratorum vertex : neque levius de ea judicium est aut ejus adversarii Æschinis, qui ex histrione factus orator, et per id in Rep. spectatissimus, in æmulo suo male formatos gestus arguebat, quo culmen eloquentiæ nondum attigisse monstraret : aut Romanorum, ut M. […] Nam si latet sub formæ venustate nævus articuli ; et pictores quædam in tabulis de industria negligunt, quo magis id quod præcipue spectari volunt emineat : quid est causæ cur omnia in theatris ad vivum resecentur, et histrionum caput ob male curatam reduviam in discrimen vocetur ?
Veut-on de bons Arlequins, Que l’on vienne aux…. » Mais de toutes ces pièces de Communauté, mal à propos voudrait-on en conclure la justification du théâtre public, lors même qu’on y donne des pièces pieuses, ni même encore l’apologie des pièces de Collège, qui, quoique moins dangereuses que celles du théâtre public, ne sont pas toujours exemptes de reproche, comme nous dirons dans la suite. […] Il rapporte, en finissant, le décret 17 d’un Concile de Cologne en 1549, qui défend absolument aux Religieuses, et par conséquent, ajoute-t-il, aux Religieux, de voir représenter des comédies ni d’en faire représenter dans leurs monastères, parce qu’il n’y a rien à gagner, et beaucoup à perdre, bien du mal à craindre, et nul bien à espérer, quand même ces pièces seraient sur des sujets de piété : Quæ spectacula, etiam de rebus sacris, parum boni, mali plurimum, relinquere in sanctimonialium mentibus possunt. […] Ce n’est pas la première fois que des spectacles pieux ont enfanté les théâtres profanes, sans doute contre l’intention des Missionnaires, qui ne pensaient pas que les suites de leur zèle feraient plus de mal que le principe n’avait fait de bien. […] Il en fut offensé, et en usa mal avec l’Evêque, qui avait ordonné l’exclusion.
Il est vrai qu’il y a quelque chose de galant dans les Ouvrages de Molière, et je serais bien fâché de lui ravir l’estime qu’il s’est acquise : il faut tomber d’accord que s’il réussit mal à la Comédie, il a quelque talent pour la farce, et quoiqu’il n’ait ni les rencontres de Gaultier-Garguille, ni les Impromptus de Turlupin, ni la Bravoure du Capitan, ni la Naïveté de Jodelet, ni la Panse de Gros-Guillaume, ni la Science du Docteur, il ne laisse de plaire quelquefois, et de divertir en son genre : il parle passablement Français ; il traduit assez bien l’Italien, et ne copie pas mal les Auteurs : car il ne se pique pas d’avoir le don d’Invention, ni le beau Génie de la Poésie, et ses Amis avouent librement que ces Pièces sont des « Jeux de Théâtre, où le Comédien a plus de part que le Poète, et dont la beauté consiste, presque toute dans l’action » : ce qui fait rire en sa bouche, fait souvent pitié sur le papier, et l’on peut dire que ses Comédies ressemblent à ces femmes qui font peur en déshabillé, et qui ne laissent pas de plaire quand elles sont ajustées, ou à ces petites tailles, qui ayant quitté leurs patins, ne sont plus qu’une partie d’elles-mêmes. […] L’hypocrite et le dévot ont une même apparence, ce n’est qu’une même chose dans le public, il n’y a que l’intérieur qui les distingue, et afin de « ne point laisser d’équivoque, et d’ôter tout ce qui peut confondre le bien et le mal »c, il devait faire voir ce que le Dévot fait en secret, aussi bien que l’hypocrite. […] [NDE] L’auteur cite le premier Placet présenté par Molière au Roi pour défendre son Tartuffe : « Je n’ai point laissé d’équivoque, j’ai ôté ce qui pouvait confondre le bien avec le mal », voir Molière, Œuvres complètes, éd.
Malheureusement le mal en lui l’emporta sur le bien en tout genre. […] Quoi de plus mal assorti que ce premier mariage ? […] C’étoit unir le vice à la vertu, la difformité aux graces, la modestie à la licence, le bon esprit & la bouffonnerie, le bon sens & la frivolité, une religion édifiante & la profanation du plus saint état, les dégoûts de la vieillesse la plus rebutante & tous les charmes de la plus brillante jeunesse, dans la personne d’un libertin scandaleux, que ses folies avoient rendu perclus de tous ses membres, incapable de remplir les devoirs du mariage, & réduit à vivre de quelques pensions viageres mal payées, & de quelques mauvais livres qu’il appelloit le marquisat de Quinet, du nom de Quinet son libraire.
Et qui voudrait si mal penser de ces sages Romains, ces grands Politiques qui bâtissaient des lois pour conserver leur République, que de croire qu’ils eussent voulu flétrir d’aucune note d’infamie des personnes qui ne sont pas moins nécessaires aux autres que le Soleil l’est aux fleurs, et le sel à la vie. […] Que si on veut fonder ce déshonneur sur le plaisir que la Comédie engendre naturellement, c’est ne connaître pas l’essence du plaisir et très mal raisonner : car GUILLOT-GORJU au contraire soutient que c’est le plaisir qui rend la Comédie agréable et louable, sans lequel elle n’aurait rien pour la distinguer des actions pénibles et sérieuses. […] La douce violence qu’elles souffrent de ne pouvoir rire autant qu’elles voudraient est le seul mal qu’elles peuvent objecter aux Comédiens.
Telle est la source des maux innombrables qui si souvent se renouvelèrent par les entreprises d’un clergé orgueilleux et intolérant. […] Ils sont par conséquent soumis, comme les autres citoyens, à la loi commune ; mais il ne faut pas oublier qu’ils tiennent aussi à un autre chef suprême, au souverain pontife, auquel ils ne doivent obéir que pour le spirituel ; mais combien n’y en a-t-il pas eu parmi les prédécesseurs de ce dernier, qui, éblouis par la nature de leur dignité et par l’éclat de leurs fonctions, comme vicaires de Jésus-Christ, ont abusé de la majesté de la religion pour prétendre mal à propos à une supériorité directe sur les rois ! […] Il faut donc éviter des mesures, qui tendraient à concéder aux ecclésiastiques une autorité civile et des fonctions mixtes, spirituelles et temporelles, une espèce de magistrature, enfin, comme nous l’avons déjà dit, qui produirait un mal d’autant plus alarmant, qu’il est d’une nature susceptible de s’accroître continuellement en cherchant à tout envahir.
Mais le bon accueil que ce premier Ouvrage a reçu de toutes les personnes d'honneur et d'esprit, me persuade que celui-ci ne sera pas mal venu.
La vanité l’empêche de voir que les objets de la nature étant finis, nos pensées le sont aussi, & que ce que nous pensons sur un objet, a pu l’être de même par des milliers d’hommes : cette obstination des Auteurs à ne vouloir marcher sur les traces de personne, produit un très-grand mal, en ce qu’elle empêche que les sujets ne soient traités sous toutes les faces possibles. […] Il en est de cette coutume comme des modes que chacun suit par bienséance, & dont tout le monde dit du mal en particulier ; on voudroit bien qu’une telle mode fût abolie, mais on n’ose pas l’abandonner le premier.
Il n’est guères de situation plus pénible, quand on pense, que de voir sa conduite en contradiction avec ses principes, & de se trouver faux à soi-même & mal avec soi. […] L’unique regret qui me reste, c’est de ne pouvoir point assez effacer le scandale que j’ai pu donner à la Religion par ce genre d’Ouvrages, & de n’être point à portée de réparer le mal que j’ai pu causer, sans le vouloir.
Des hommes fatigués de querelles domestiques, qui ne se trouvent nulle part si mal que chez eux, où ils essuient les travers et les caprices d’une maison mal composée.
Car cette doctrine qui est rapportée par Angélus et par Sylvestre, est véritable et constante, que si quelqu’un fait quelque action, qui ne soit pas mauvaise de sa nature, et même que tout le monde puisse faire licitement, prenant la chose en elle-même ; si toutefois dans la condition présente du temps, et à cause de la corruption, et dépravation des mœurs, cette même action, qui de soi serait innocente, est devenue une cause, ou une occasion de mal, et de péché, il est tenu de s’en abstenir ; et s’il ne le fait pas, il offense Dieu.
La fin du Poème dramatique est de porter à la vertu et d’éloigner du vice ; c’est de montrer l’inconstance des grandeurs humaines, les revers imprévus de la fortune, les suites malheureuses de la violence et de l’injustice ; c’est de mettre en jour les chimères de l’orgueil et les boutades du caprice, de répandre du mépris sur l’extravagance, et du ridicule sur l’imposture ; c’est en un mot d’attacher à tout ce qui est mal, une idée de honte et d’horreur.
Partant s’il vous reste quelque peu de sagesse et de pudeur, cessez de contempler les Cieux et de rechercher les Destins du monde; songez à vous et regardez à vos pieds ; c’est assez principalement pour des gens sans lettres, rudes et mal polis, s’il ne vous est pas donné de connaître les choses de la terre, à plus forte raison de discourir de celles du Ciel.
La guerre profession Illustre, quoy que source de bien des maux. […] La guerre Profession Illustre, quoy qu’elle soit cause de bien des maux. […] Sans venir aux mains, la guerre produit assez d’autres maux, & la marche d’vne armée desole souuent tous les lieux où elle passe. […] Le Soupé mal apresté. […] Toutes choses sont saines à vn corps bien sain, & à vn corps mal conditionné les meilleures viandes se tournent en mauuaise nourriture.
Une autre source de nos maux est la mauvaise éducation de la jeunesse. […] Les animaux même sentent l’harmonie, Ce Menuisier avoir de la facilité à trouver les rimes, c’est-à-dire des mots qui ont une semblable terminaison, qu’il consoit bien ou mal au bout de quelques autres mots, tel que cet homme d’Horace qui faisoit deux cents vers stans pede in una . […] On diroit nécessaire de donner ces jeux pour éviter de plus grands maux. […] S. on leur faisoit l’affront de leur distribuer des rôles subalternes, ils les dédaigneroient avec raison, & la piece iroit mal. […] Ce bon Prince pour remedier à tant de maux, fit un voyage en Campanie & de grande largesses aux malheureux qu’il y trouva.
Il n’est guère de situation plus pénible, quand on pense, que de voir sa conduite en contradiction avec ses principes, et de se trouver faux à soi-même, et mal avec soi. […] Les gens du bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables incrédules peuvent, à leur aise, se moquer de ma démarche : je serai trop dédommagé de leur petite censure et de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés et vertueux, si les écrivains dignes de servir la Religion, si les âmes honnêtes et pieuses que j’ai pu scandaliser, voient mon humble désaveu, avec cette satisfaction pure que fait naître la Vérité, dès qu’elle se montre… L’unique regret qui me reste, c’est de ne pouvoir assez effacer le scandale que j’ai pu donner à la Religion par mes Ouvrages, et de n’être point à portée de réparer le mal que j’ai pu causer sans le vouloir. […] Il ne croit pas que Molière ait fait beaucoup de mal à ces désordres ; et l’on peut même assurer, dit-il, qu’il n’y ait rien de plus propre à inspirer la coquetterie, que les pièces de ce Comique ; parce qu’on y tourne continuellement en ridicule les soins que les pères et mères prennent de s’opposer aux engagements amoureux de leurs enfants. […] » « Le mal qu’on reproche au Théâtre, n’est pas seulement d’inspirer des passions criminelles ; mais de disposer l’âme à des sentiments trop tendres qu’on satisfait ensuite, aux dépens de la vertu. » « Quand il serait vrai qu’on ne peint au Théâtre que des passions légitimes,37 s’ensuit-il de là que les impressions en sont plus faibles, que les effets en sont moins dangereux ? […] J’entends dire qu’il attaque les vices ; mais je voudrais bien que l’on comparât ceux qu’il attaque, avec ceux qu’il favorise… Son intention étant de plaire à des esprits corrompus, ou sa morale porte au mal ; ou le faux bien qu’elle prêche est plus dangereux que le mal même, en ce qu’il fait préférer l’usage et les maximes du monde à l’exacte probité en ce qu’il fait consister la sagesse dans un certain milieu entre le vice et la vertu, en ce qu’au grand soulagement des spectateurs.
Ils ne font le mal qu’à demi. » Je le veux bien ; c’est une preuve que du moins ils ne sont pas aguerris à mal faire. […] Ces fureurs sont très mal supposées dans l’Alexandrie : il n’est guère de peuples plus superstitieux que les Egyptiens, ni qui eussent plus vivement ressenti ces outrages faits à la Religion. […] Un bon poste peut être mal gardé ; mais la plainte doit alors tomber sur la négligence de l’Officier, et non sur son poste qui n’en est pas moins bon pour cela. […] [NDE] On ne trouve pas ce mot dans les dictionnaires et on voit mal une référence au roi de Perse Cambyse.
Les figurantes, danseurs, chanteuses de l’opéra & des deux comédies, font assurément plus de mal au public, qu’elles ne donnent de plaisir ou de lustre à la nation ; Freron, Let. 5. 1762, le Journaliste est croyable dans le mal qu’il avoue du théatre, dont il est amateur. […] Cette passion passe de la capitale dans les provinces, le mal se glisse par-tout ; les gens dont l’état demande plus de gravité, ne sont pas plus sages que les autres : le Magistrat, l’Ecclésiastique, l’homme de guerre se disputent la gloire d’épuiser leur bourse, de perdre leur honneur, & d’altérer leur santé. […] Paris ne peut long-tems s’en passer, sans éprouver les incovénients d’un vuide toujours dangereux pour le désœuvrement d’une jeunesse nombreuse, qui peut s’occuper plus mal, qu’en se portant au spectacle. […] Quel mal fait une plaisenterie si elle est gayée ?
Ce n’est guere faire l’éloge du remede, ni du malade qui se met librement dans le cas d’avoir besoin d’un si dangereux secours pour prévenir un mal qu’il se procure. […] Bourdoise, les courtisans qui hantent le beau monde craignent de passer pour mal propres & peu ajustés, & ne veulent imiter que les femmes & les Marquis, non les vrais Ecclésiastiques, qui ne doivent hanter que des gens sortables à leur état, & ne faire paroître que simplicité aux habits, modestie aux gestes, retenue aux paroles. […] Hæc violas lasciva jacit foliisque rosarum Dimicat, & calathos inimica per agmina fundit ; Inde è blanditiis virtutibus halitus, illis Inspirat tenerum labefacta per ossa venenum, Et male dulcis odor domat, ora & pectora, &c. […] Il blâme en particulier les bonnes odeurs dont on les parfume, si dangereuses à ceux qui les voient, & ne peuvent plaire qu’à des esprits mondains & frivoles : Tu quoque odoratis vaga vestibus atque capillis naribus agnoscis quà gradiare velis, nec multis splendore tuo male sollicitatis, peccantis nequam sis caput illecebræ unguentum sanctis unum est, quod nomine Christi diffusum casto spirat odore Deum , &c. […] Rien n’est plus sale que la corruption du péché ; il représente l’état du genre humain depuis le péché originel comme une fosse profonde où les hommes rouloient de vice en vice, d’erreur en erreur, mal extrême d’où le Sauveur l’a délivré par sa mort, & délivre chaque pécheur par la grace du Baptême & de la pénitence, espece de bain salutaire où tout est lavé.
Il définit mal les Gladiateurs, quand il dit que c’était ceux qui combattaient les bêtes ; ils se battaient entre eux. […] Il mourut, il y a quelque temps, au Parlement de… un Avocat dont les premières années avaient été aussi mal employées. […] « Ce Poète se convertit à la fin de sa vie , dit l’Abbé d’Olivet, l’idée de Lully, mort l’année précédente sans beaucoup de préparation (c’est-à-dire subitement et fort mal), l’avait frappé ; il en profita, et marqua du regret d’avoir empoisonné l’Opéra par une morale efféminée. » Il avait même quitté l’Opéra deux ans auparavant, malgré les instances de Lully, et les quatre mille livres par pièce qu’il lui donnait et qu’il offrait d’augmenter. […] On fit plusieurs mauvaises épigrammes sur le refus de la Chambre des Comptes, dont la pointe consistait dans l’équivoque du mot Auditeur, quoique fort mal à propos, puisqu’on dit Spectateur, non pas Auditeur de Comédie. […] Elle se réconcilia avec Monchindre Paphetin, revint triomphante sur la scène, et fit passer son mari du grade de Moucheur de chandelles à la haute dignité d’Acteur, qu’il remplit assez mal.
Je ne vous dirai point ici, mes Frères, que vous privez les pauvres de leur substance, lorsque vous dépensez pour les Spectacles ; que vous perdez un temps dont toutes les minutes sont le prix même du sang de Jésus-Christ, et des moyens de salut ; que vous entraînez par votre exemple, des personnes qui se font peut-être un devoir de vous imiter ; et que, quand même les Spectacles ne vous feraient nulle impression, vous répondez devant le Seigneur du mal qu’ils peuvent causer à ceux qui vous suivent, ou que vous y conduisez. […] Vous nous soutenez toujours qu’il n’y a point de mal ; mais qui, de vous ou des successeurs des Apôtres que vous devez écouter comme Jésus-Christ, et que vous ne pouvez mépriser sans le mépriser lui-même, jugera cette question. […] Alors on craignait jusqu’à l’ombre du mal ; alors on regardait le Théâtre comme une source empoisonnée, et ceux qui en étaient les Acteurs comme les Sacrificateurs du Démon. […] qu’importe à l’humanité, mes Frères, qu’on pleure la mort de César ; qu’on s’afflige des malheurs d’Iphigénie ; qu’on plaigne le sort d’Andromaque ; qu’on gémisse sur des infortunes Romanesques, si l’on est insensible aux maux de son prochain ; si, au sortir même du Théâtre, on brusque les pauvres au lieu de les assister ; si l’on envisage d’un œil sec les misères qui les environnent et les plaies qui les couvrent ? […] Que résulte-t-il de ces maux, si ce n’est des malheurs plus grands encore ?
Il y avoit trois Bagues qu’il falloit emporter, & elles estoient disposées en sorte que l’on ne pouvoit manquer l’une des trois, sans donner atteinte à deux grands morceaux de bois qui l’entouroient, lesquels estoient attachez à des sceaux plein d’eau, qui estoient ainsi renversez sur les courans qui rencontroient mal, & qui ne donnoient pas juste dans la Bague.
Or ni la Religion ni la Piété Chrétienne ne dansent pas, et quand il leur prendrait envie de le faire, ce ne serait pas dans une Compagnie aussi mal assortie que celle de votre Ballet.
Elles ne brouillent pas nos maisons et familles, ains composent et redressent ce qui pourrait y être de déréglé et mal ordonné.
Les Espagnols n’y reüssiroient pas mal quelquefois, s’ils ne tomboient souvent dans un défaut dont je vays parler. […] Le succez n’en est jamais mediocrement beau ou laid, car un incident bien ou mal preparé, charme ou choque. […] Ce qui dépend de la matiere n’est pas de si peu d’importance, que je ne croye devoir donner cét avis, à ceux qui sont preposez aux Balets, de prendre soin de la fabrique des Masques, sur tout de celles du Roy, des Princes, & des Seigneurs ; car il n’est rien de si dangereux qu’un Masque essayé sur des visages suspects, & que de dancer sous un Masque mal propre, & qui peut avoir servy à quelque homme mal sain. […] Le Poëte determiné sur le lieu de la Scene, hazarde bien plus librement certaines choses qui dépendent de la decoration ou des Machines, qu’alors qu’il doit agir en des endroits raboteux, mal tournez, & irreguliers. […] Le lieu fut mal aisé à choisir : Et feu M. le Cardinal en partant de Paris pour aller travailler à la Paix sur la Frontiere, avoit pretendu de faire un Theatre de bois, dans la Place qui est derriere son Palais.
Voilà donc l’amour justifié ; car vous voyez que, s’il est innocent, il n’en doit résulter aucun mal, si ce n’est par un abus fatal. […] S’il étoit prouvé qu’il n’eût pas fait de mal d’ailleurs, oseriez-vous dire qu’il n’a pas fait un grand bien ?
Enfin, un Acteur voit clairement que la Tragédie ou la Comédie qu’il va jouer, fera bien ou mal reçue : & cette certitude est le fruit de l’usage qu’il a du Théatre. […] Ce seroit mal connoître l’essence de cette cruelle satiété, que de prétendre qu’un Acteur peut s’y soustraire quand les circonstances l’exigent.
Car outre ce que la fecondité de leur ventre couste à la beauté de leur visage ou de leur taille ; c’est un mal qui dure plus depuis qu’il a commencé qu’il ne tarde à revenir depuis qu’il a finy. […] A l’egard du premier, il seroit a besoin de regler cette trop grande égalité qui regne parmy eux, & qui leur fait souvent preferer les mauvais avis aux meilleurs ; qui fait naistre dans une Troupe un orgüeil intraitable, & des opiniatretez seditieuses & mal fondées.
Puis après il dit : « que le diable est auteur des danses, et que celui qui a appris la fornication et l’idolâtrie, c’est le même qui a appris à danser ; et celui-là n’a pas mal rencontré, qui a dit, que la danse est un cercle où le diable fait le centre et le milieu, et ses Anges la circonférence. » Je ne puis omettre ici en passant le sentiment sur ce sujet d’un grand personnage, qui vivait il y a plus de trois cents ans, c’est de François Pétrarque, un des plus grands esprits de son siècle. […] Les filles vont à la danse pour s’y donner de la vogue ; mais c’est en effet pour y recevoir de l’infamie : c’est dans ces rencontres que les yeux s’y trouvent aussi libres que les mains, les paroles à double entente s’y font entendre distinctement ; la confusion de la compagnie y laisse dire beaucoup de choses que la retenue ne permettrait pas ailleurs : les attouchements qu’on croit illicites en d’autres occasions, semblent devenir ici nécessaires : la foule favorise l’effronterie des plus mal intentionnés ; d’ailleurs la nuit qu’on choisit ordinairement pour les danses, comme étant l’ennemie de la pudeur, et la confidente des crimes, donne du courage aux plus timides pour exécuter hardiment leurs plus pernicieux desseins : c’est ainsi qu’on donne une nouvelle carrière au libertinage, et qu’on fait passer le crime en recréation.
Qui ne voit donc que la comédie ne se pourrait soutenir, si elle ne mêlait le bien et le mal, plus portée encore au dernier qui est plus du goût de la multitude ? […] » pourquoi me transportes-tu comme un insensé, et pourquoi me viens-tu persuader que j’ai sujet de me réjouir, quand je suis accablé de maux de tous côtés ?
L’homme se fut estimé heureux par l’exemption de tous les maux et des besoins de cette vie. […] Quel lieu plus propre à oublier voluptueusement et aussi parfaitement les biens et les maux de l’autre vie, et l’Auteur de notre être, que dans cette société d’Epicuriens choisis et délicats ?
Il y a des Pièces entières qui sont de ce style, et d’autres qui ne causent pas moins de mal, à ce que l’on pense, par le mépris des lois du Mariage et de toutes les bonnes mœurs, ce qui est leur principal sujet ; Et pour montrer que ce ne sont point de misérables Farces faites à la hâte, comme celles que les Saltimbanques et Charlatans jouent aux places publiques, elles sont faites toutes exprès par des Auteurs dont les noms sont aux affiches et aux Livres imprimés, comme voulant en tirer de la gloire, et l’on trouve de ces belles Pièces autant en Vers qu’en Prose. […] Beaucoup de personnes de grand esprit et d’une véritable vertu, tiennent que la Comédie est un passe-temps honnête où l’on peut apprendre le bien aussi tôt que le mal.
Ce n’est point ici une déclamation vague, ni un zèle mal entendu. […] J’avoue qu’une vie intérieure & mortifiée s’accorderoit mal avec ces divertissemens mondains. […] S’il ne produit pas les mêmes effets dans les Ouvrages de Corneille, cet Auteur en est moins excusable, puisqu’ayant introduit l’amour dans toutes ses Tragédies, il a deux torts en cela, l’un, d’avoir fait ce qu’il ne devoit pas faire ; l’autre, de l’avoir mal fait. […] Quel dommage qu’il ait si mal employé son génie ! […] Les Ministres ne feroient pas mal de parcourir quelquefois, dans leurs momens de loisir, les Scènes de ce Favori avec Hydaspe & avec Zarès.
Quand il venait à considérer que ces personnages qu’on représentait sur les théâtres étaient la plupart ou bas ou même vicieux, il y trouvait encore plus de mal et plus de péril pour les comédiens, et il craignait que « l’imitation ne les amenât insensiblement à la chose même » Ibid.
Le mal que causent les spectacles s’étend beaucoup plus loin qu’on ne pense ; ils n’attaquent pas seulement la pudeur et la foi, ils favorisent encore l’orgueil, l’ambition, la jalousie, la vengeance, le désespoir.
Puissent tous ses voisins ensemble conjurés Saper ses fondements encor mal assurés, Et si ce n'est assez de toute l'Italie, Que l'Orient contre elle à l'Occident s'allie.
Puissent tous ses voisins ensemble conjurés Saper ses fondements encor mal assurés.
Peut-on douter maintenant, que la secte jésuitique ne fasse aujourd’hui tous ses efforts, pour reproduire et reconstituer partiellement une véritable inquisition, sous des formes mal déguisées. […] toutes les capitulations sont violées ; que d’excès, que de violences et de crimes, ne démontrent-ils pas que tous les maux en Espagne sont l’ouvrage du fanatisme ! […] La rage éclate dans votre livre des crimes de la presse, les hurlements épouvantables que vous y poussez, y retentissent dans chaque chapitre, et presque à chaque page. » Cet ouvrage immodéré, assez mal écrit, dicté avec une fureur aveugle, dépourvu de logique, ne prouve-t-il pas que ce coryphée des doctrines de Montrouge, est malheureusement attaqué d’hydrophobie et de lycanthropie ?
Mais quand on a une fois avancé un systême, il faut bien le suivre, & pour soutenir que les Spectacles sont absolument mauvais en eux-mêmes, dans leur essence & dans leur principe, il faut le démontrer, bien ou ou mal. […] S’il doit résulter quelque mal d’une de ces choses, les autres peuvent produire les mêmes effets. […] Je n’ai jamais conçu , dit-il peu après, pourquoi l’on s’effarouche si fort de la danse & des assemblées qu’elle occasionne, comme s’il y avoit plus de mal à danser qu’à chanter. Il n’y a aucun mal à danser ni à chanter, mais il y en a à déclamer : quelle contradiction ! Il y a du mal à toutes ces choses, & il n’y en a aucun ; elles sont bonnes en elles-mêmes, l’abus seul en est dangereux, il peut même être ridicule.
& qu’il connaît peu ses intérets, lorsqu’il employe un art mal entendu, à profaner en lui, la noble simplicité de la nature ?
Saint Charles Borromée fit ordonner, dans un concile provincial, que les prédicateurs reprendraient avec force le déréglement de ces plaisirs publics, que les hommes, séduits par une coutume dépravée, mettaient au nombre des bagatelles où il n’y a point de mal ; qu’ils décrieraient avec exécration les spectacles, les jeux, les bouffonneries du théâtre, et les autres divertissements semblables qui tirent leur origine des mœurs des Gentils, et qui sont contraires à l’esprit du christianisme ; qu’ils se serviraient de tout ce qui a été dit de plus pressant sur ce point par Tertullien, saint Cyprien, saint Chrysostôme et Salvien1 ; qu’ils développeraient avec soin les suites et les effets funestes des spectacles ; et qu’enfin ils n’oublieraient rien pour déraciner ce mal et faire cesser cette corruption. […] Voici ce qu’il en dit dans son Introduction à la vie dévote : « Les jeux, les bals, les festins, les pompes, les comédies en leur substance, ne sont nullement choses mauvaises, ains indifférentes, pouvant être bien et mal exercées ; toujours néantmoins ces choses-là sont dangereuses : et de s’y affectionner, cela est encore plus dangereux. […] On voit, d’après cela, que le passage de saint Thomas prouve assez mal ce que l’on prétend établir, savoir que l’on ne doit pas regarder comme absolument mauvaise la profession des acteurs et des actrices.
Au dedans de nous, le Souverain Etre a mis une lumière innée, qui ne nous égare jamais, à moins qu’elle ne soit obscurcie par quelques préjugés, elle nous montre que tout divertissement qui nous donne beaucoup de plaisir, sans préjudicier à notre conservation, ni faire de mal à nos semblables, est légitime & permis. […] » On peut représenter les effets de la nature, une rivière débordée, des rochers escarpés, des plaines, des forêts, des villes, des combats d’animaux ; mais ces objets, qui ont peu de rapport avec notre être, qui ne nous menacent d’aucun mal, ni ne nous promettent aucun bien, sont de pures curiosités ; ils ne frappent que la première fois, & parce qu’ils sont nouveaux : s’ils plaisent une seconde fois, ce n’est que par l’art heureusement exécuté. […] Pour remédier au mal, recherchons-en les véritables causes. […] Un pareil dessein, s’il était exécuté, mettrait le comble au mal ; puisqu’un Peuple corrompu, au lieu des amusemens où les passions sont quelquefois chatouillées, excitées, réveillées, chercherait des divertissemens où il pût les assouvir.
Je veux pour un instant que le Théâtre ait quelque chose de nuisible ; il suffit qu’il empêche un plus grand mal, pour qu’on doive l’estimer. […] Que de maux se succéderaient les uns aux autres !
Ensuite les jeunes gens y introduisirent des railleries en Vers assez mal faits, et accompagnés d'une Danse composée de mouvements assez malhonnêtes, et enfin y employant des Acteurs du Pays, au lieu que l'on avait accoutumé jusque là de les emprunter de l'Etrurie, ils formèrent les Satires avec plus de règle, tant pour la Poésie que pour la Danse, et qui n'étaient que Mimes imparfaits ou bouffonneries, mais avec peu d'art en la composition des Vers », dont ils n'avaient rien appris des Grecs, parmi lesquels Sophron s'était rendu célèbre dès cents ans auparavant, par les Mimes qu'il avait composés pour hommes et pour femmes ; et cette Poésie s'acheva si lentement que durant plus de six-vingts ans, depuis cette institution des Jeux Scéniques, on ne parle d'aucun Poète Romain. […] Un Moderne en a fait une autre aussi grossière, et qui ne peut trouver d'Apologie, bien qu'elle soit dans une Apologie du Théâtre ; Il veut prouver que les Acteurs de l'ancien Théâtre étaient honnêtes gens, et que leur vie n'était point licencieuse comme on se l'imagine ; et sans distinguer les Jeux Scéniques des représentations du Poème Dramatique, ni les Mimes des Acteurs de la Comédie et Tragédie, il dit sur les paroles du grand Pline très mal entendues, que Luceïa et Galéria, donc il fait par une insigne bévue deux excellentes Comédiennes, s'étaient trouvées capables de monter sur le Théâtre ; la première durant cent ans, et l'autre à la cent quatrième année de son âge qu'elle y fut remise comme une merveille ; et posant pour maxime indubitable que la voix ne se peut jamais conserver dans la débauche, il conclut que ces prétendues Comédiennes, ayant conservé la leur si longtemps, avaient été fort honnêtes femmes, et ensuite que toutes les autres leur ressemblaient.
« Je n’aime point qu’on ait besoin d’attacher incessamment son cœur sur la scène, comme s’il était mal à son aise au-dedans de nous. […] Ce spectacle est adopté en Allemagne comme en France, d’abord pour contribuer à l’éducation de la jeunesse ; en second lieu pour occuper pendant deux ou trois heures du jour des libertins qui pourraient employer mal le temps qu’ils donnent à cet amusement ; en troisième lieu pour procurer un amusement honnête à des gens sages qui, fatigués de l’application que leurs emplois exigent, ont besoin de ranimer les forces de leur esprit par un délassement utile à l’esprit même.
Augustin fait perdre à Alipe le goût du Théâtre, Alipe retourne au Théâtre 166. rejette les dons du Comte Boniface, 294 Aurèle (Marc) Empereur, tâche de diminuer la passion des Spectacles, 63 Aurélien Empereur, donne des Jeux Scéniques, 70 B Saint Basile appelle le Théâtre une école d’impureté, 159 Bayle dit que le Comique n’a point fait de mal à la galanterie, 29 Biel (Gabriel) veut qu’on refuse l’Eucharistie aux Histrions, 202 Boileau Despréaux, portrait qu’il fait de l’Opéra, 24 S. […] Soufferts dans un Etat, pour éviter de plus grands maux, 281.
» C'est donc l’autorité des Magistrats qui concourt à ces grands maux, et à la perte des âmes, par la permission et le consentement qu’ils donnent à ces farceurs et bateleurs : c’est leur permettre d’arracher les âmes d’entre les mains de Dieu, pour les rendre les esclaves du diable. […] Si Dieu ordonne aux Juges par la bouche du même Prophète de prendre le parti des pauvres, contre l’oppression des méchants, et si pour leur infidélité à cet ordre, il dit, que « les fondements de la terre sont ébranlés », c’est-à-dire, les Provinces et les Royaumes dans le trouble et le renversement, par l’occasion que leur faiblesse ou leur lâcheté donne à l’insolence, aux vols, aux pillages, et aux meurtres, appuyés sur l’espérance de l’impunité ; que leur dira-t-il, s’il se trouve que non seulement ils aient été l’occasion de la perte des âmes, mais qu’ils y aient actuellement contribué, comme en effet ils y contribuent, puisque c’est par leur ordre que les Théâtres sont dressés, que ceux qui corrompent les mœurs, y paraissent effrontément, et que Dieu y est outragé publiquement et impunément : qui pourra, je vous prie, mettre à couvert les Juges de si grands maux, vu que c’est leur criminelle tolérance qui en est la source ?
C’étoit courir après des chimeres & autoriser un mal réel. […] Il avoit peu besoin de justification, à l’exception d’une ou deux, toutes ses piéces n’ont pu faire grand mal, à peine ont-elles eu deux ou trois représentations, il crut se donner un air d’importance, en justifiant ce que personne n’accusoit. […] Boursaut, dont le talent bien inférieur n’avoit pas fait tant de mal, & n’en devoit plus faire, s’y prit avec plus d’adresse & de décence ; il ne se donna pas pour casuiste, comme les autres qui font rire par leur ton de Théologien ; mais il fit imprimer la lettre du P. […] Il est affligeant pour un chrétien de voir ces contradictions entre deux pouvoirs qui ont des droits sur notre obéissance ; on en concluroit mal qu’on ne peut en conscience y assister ; mais puisqu’il ne dépend pas de nous de rétablir l’harmonie, que nous ne pouvons faire que des vœux, il faut, autant qu’il est en nous obéir avec droiture & simplicité aux deux puissances. […] On résolut de s’exposer à tout, plutôt que de souffrir un si grand mal.
Médire, c’est dire du mal : or dans ce sens le Spartiate est un imbécile, de se fâcher contre quelqu’un qui loue au lieu de médire : si c’est un reproche fin au panégyriste de ce que, par des louanges hyperboliques, il s’empêchait d’être cru, ce n’est plus blâmer la louange, c’est blâmer seulement une exagération préjudiciable à l’éloge : en ce sens, le Spartiate est un homme d’esprit, sans que cela prouve qu’il n’était pas permis à Lacédémone de dire du bien d’une honnête femme. […] Ce Peuple malheureux que des flatteurs perfides Aiment à voir trembler sous vos mains homicides, Loin d’oser murmurer des maux qu’il a soufferts, Semblait s’accoutumer sous le poids de vos fers : Le sacrilège affreux, la flamme et le carnage N'ont cessé dans nos murs que par son esclavage. […] Déjà las de trembler, son trop juste courroux, Des maux qu’il a souffert, se fut vengé sur vous, Seigneur, mais le respect qu’il conserve à la Reine, Dans vos fers accablants le retient et l’enchaîne. […] Vous direz peut-être que ces Héroïnes ne doivent leur gloire et leur réputation qu’à la sagesse de leurs Conseils ; je vous réponds moi, qu’un mauvais Conseil peut bien tromper un bon Roi, et l’empêcher de faire le bien auquel il est porté, mais que les meilleurs Ministres n’empêcheront jamais un méchant Prince de faire du mal, un Monarque sans génie d’être petit en tout, un Monarque imbécile de faire des sottises. « Le Sexe faible, hors d’état de prendre notre manière de vivre, trop pénible pour lui, nous force de prendre la sienne trop molle pour nous, et ne voulant plus souffrir de séparation, faute de pouvoir se rendre hommes, les femmes nous rendent femmes. »em Voilà donc ces hommes qu’il faut craindre d’avilir : ils n’ont pas la force d’être hommes, et vous voulez qu’on les ménage ; vous trouvez mauvais qu’on leur fasse parler raison par des femmes parce que selon vous les femmes n’ont pas de raison ; mais suivant l’idée que vous nous donnez des hommes, ils ne sont pas plus raisonnables que les femmes ; et pour s’assujettir à la vraisemblance rigoureuse que vous exigez, on ne se permettra plus de mettre en scène que des fous pour ne pas donner mal à propos de la raison aux hommes, puisqu’ils n’ont pas la force de résister au sexe le plus faible, et de s’empêcher de devenir femmes.
Je ne puis vous exprimer le plaisir que cette Lettre m’a donné : car outre que tout le monde doit être édifié des sentiments humbles et chrétiens dont elle est pleine, je vois avec joie que quelques mots un peu trop forts qui m’avaient échappé dans les Discours ne tombent que sur un Fantôme, et sur un Auteur inconnu, qui pour défendre la Comédie, s’est servi mal à propos du nom ou du moins des qualités d’un Prêtre et d’un Religieux tel que le R.
Ce mystere a esté mal entendu par les derniers Poëtes, & particulierement par quelques Poëtes estrangers ; qui à vous dire le vray, sont les vrays Antipodes du bon sens, & sçauent en perfection l’art de mettre les choses hors de leur place. […] Ils imitent mal, pour vouloir imiter trop éloquemment ; & quittent l’ordinaire & le bon, pour chercher le rare & le mauuais. […] Il semble ou qu’on les a achetez à la Fripperie, ou qu’on les a desrobez dans la garderobe de quelque Prince : Et si je voulois fauoriser les Poëtes qui les appliquent si mal, je dirois de leur raisonnement & de leurs Discours, ce que dit Socrate de l’Apologie, qui auoit esté faite pour luy ; Elle est bonne, mais elle n’est pas bonne povr Socrate : Aussi les choses qu’ils conçoiuent, peuuent estre belles, mais elles ne sont pas belles pour Chremes ny pour Micio : Elles n’appartiennent point à ceux qui s’en seruent.
Pour trouver ce remede efficace, il faut imiter la conduite d’un Médecin courageux & prudent, qui remonte à la source du mal, & qui ne s’arrête point aux topiques lorsqu’il a quelque lieu de craindre les progrès de la maladie. […] Mais il ne suffit pas de connoître la nature du mal, il faut indiquer le remede, & les moyens les plus sûrs d’en faire l’application. […] Si l’on prenoit soin d’inculquer de bonne heure, aux jeunes gens, qu’ils ne sont point faits comme de vils animaux, pour se procurer des sensations voluptueuses ; que leur raison est le flambeau qui doit les éclairer ; que cette raison a besoin d’être épurée ; qu’elle dicte des devoirs ; que la satisfaction qui provient des actions vertueuses, ou conformes à la raison, est le plus grand de tous les plaisirs & le seul permanent ; qu’un homme, qui néglige sa raison, est plus à plaindre que celui qui renonceroit volontairement à l’usage de ses yeux ; qu’il est aussi impossible d’être heureux, avec une ame souillée de vices, que de se bien porter avec un corps couvert d’ulceres ; que la Science est la source des biens, l’ignorance la source de tous les maux, &c.
Riccoboni a traité son art plus mal encore que La Mothe n’a traité celui des vers. […] Il étoit quelquefois touché jusqu’aux larmes, en considérant le bien qu’on pourroit retirer du théâtre, & les maux ordinaires qui en résultent. […] Ils sont très-peu reconnoissans du zèle de leur Démosthène : ils se plaignent qu’il les a mal peints, qu’il n’a crayonné que les mœurs de la populace.
» Ce serait mal entendre l'Apôtre de croire qu'il défend de jamais parler des choses impures, et de jamais dire aucun mot de badinage et de plaisanterie. […] C'est dans cette vie le bonheur de l'homme et l'adoucissement de ses peines : la sagesse au contraire rend malheureux et sauvage : « Souvent de tous nos maux la raison est le pire. » Suis-je plus sage que les autres en écrivant contre la folie, et la folie théâtrale, que le même Boileau appelle heureuse ? […] Ce serait mal connaître les danses des Juifs de les comparer à celles de nos théâtres.
Il faut avoir une grande expérience pour les employer à propos ; il faut être consommé dans l’étude des Poëtes, & avoir mûrement observé leurs ouvrages, & réfléchi sur l’objet du théatre, sur le goût des spectateurs, & sur la nature des applaudissemens que l’ignorance accorde au tissu, à l’éclat emprunté des maximes mal enchassées.
En tout cas les Souverains la permettent : & ici, mon Pere m’y amene, ou ma Parente Madame de *** que l’Auteur lui-même, s’il la connoissoit, n’oseroit condamner d’une vie peu Chrêtienne : aussi n’y peut-il pas être grand mal ; car je ne vois nulle part dans la lettre, que la Comedie soit qualifiée de pêché mortel.
La vertu convertit tout en bien, et le vice tout en mal.
Puisque le mal diffère du bien, il faut sans doute exprimer l’un d’une manière qui le différencie de l’autre ; ce serait le moyen de les confondre en effet que de les confondre dans le langage : toutes les mauvaises qualités doivent être désignées par des termes capables d’en inspirer de l’horreur.
Quels sentiments auraient eus des fidèles, les païens eux-mêmes, s’ils avaient vu qu’avec cette loi si pure, si sainte et si parfaite, qui condamne jusqu’à la pensée du mal, qui oblige de tendre sans cesse à la perfection, ces fidèles eussent eu besoin d’un commandement particulier pour n’aller pas aux spectacles ?
.), il est dit qu’un jour Notre Seigneur lui fit voir, en extase, un bon nombre d’âmes religieuses qui brûlaient dans des flammes effroyables, et qui étaient tombées dans ce malheur infiniment déplorable, pour avoir mal usé des récréations que la religion donne.
Ce frivole ornement est non seulement inutile, mais encore embarrassant par les frais auxquels elle expose, & par les inconvéniens de son usage, dans la poussiere, dans la boue, s’accrochant à tout, si on la laisse traîner, à moins d’entretenir un caudataire, qui la porte, & suive son maître comme une ombre, le gêne, ou l’expose à tomber en la levant mal. C’est acheter cher une vanité mal entendue. […] Quelques Ordres de Chevalerie passent ces bornes, & donnent à leur grand Commandeur le droit de queue au bout du manteau, ce qui figure mal avec le casque & l’épée. […] C’est que dans le monde, où tout n’est que décoration & comédie, on fait un objet important des choses les plus indifférentes, lorsqu’on s’imagine que bien ou mal elles servent la vanité.
Encore si ces funestes suites se bornoient à vous, le mal seroit moins grand, & ne causeroit pas tant de regret : mais le poison de voir influence se répand dans tous les états ; il est la source des excès & des désordres dont tout le monde se plaint, & de ces nombreuses banqueroutes, dont tout le monde souffre. […] Les maux que vous aurez causés rejailliront sur vous-mêmes. […] Le mal gagne dans la Germanie. […] La comédie, ce grand remede à tous les maux, qu’on fe hâta d’établir au plus vîte dans cette île, ne l’a pas encore purgée de cette engeance peccante.
qu'est-ce que la cruauté, que de voir avec plaisir le mal d'autrui ? […] Toute âme en doit être saisie. » Ces portraits et ces éloges, qui embellissent le Mercure, me rappellent le passage de l'Ecriture : « Lætantur cum male fecerint, exultant in rebus pessimis. […] Tous les faiseurs de dialogue usent de cette adresse ; un interlocuteur ingénieux soutient le sentiment de l'Auteur, et sort victorieux de la dispute ; un sot contretenantk ne dit que de faibles raisons, qu'on réduit en poudre, et qu'il dit mal. […] Un effet inévitable du mélange du bien et du mal, c'est de faire perdre les idées justes des vrais devoirs, du vrai bonheur, du vrai malheur de l'âme, et d'y substituer un système tout différent, dont on est fort satisfait, parce qu'il est conforme à la nature.
C’est se jouer du signe de la Redemption, de l’unir aux objets dont elle a reparé le mal. […] Les maux qu’elles font ne sont pas si eclatans, elles n’ébranlent pas les empires, mais elles jettent le désordre dans les familles, ruinent les fortunes, l’honneur, la santé de leurs amans. […] Jamais, dit le texte sacré, on ne parla mal d’elle. […] 3.° Il est dit de cette Héroïne qu’elle s’étoit toujours si bien conduire, que malgré la malignité, la calomnie & la médisance par-tout si répandue, on n’avoit jamais parlé mal d’elle ; tout le monde au contraire faisoit son éloge. […] Il n’y a pas grand mal qu’on les trompé à leur tour, comme elles trompent le public.
C’est pourquoi on instruisait ces misérables à faire des armes, bien ou mal ; cela était indifférent, pourvu qu’ils aprissent à s’entre-tuer. […] Pour nous, il ne suffit pas que nous ne fassions point le mal, il faut encore que nous n’ayons aucun commerce avec ceux qui le font. […] Témoignage sensible de leur aveuglement : ils aperçoivent mal, ce qu’ils pensent bien apercevoir : ils s’imaginent que c’est une serviette, et c’est l’image du Diable précipité du ciel dans l’enfer. […] Païens, qui n’ont point cette plénitude de la vérité, parce qu’ils ne veulent pas connaître celui qui est le docteur de la vérité ; les Païens, dis-je, jugent du bien et du mal selon leur caprice. […] être surpris de l’inconstance de ces hommes aveugles, qui ne jugent du bien, ou du mal, que selon leur bizarre imagination ?
Car pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité, & les autres crimes semblables ; il ne faut pas croire, selon l’observation du même Auteur, qu’elles leur ayent fait beaucoup de mal. […] Il faut avouer qu’il parloit assés bien François ; qu’il traduisoit passablement l’Italien : qu’il ne copioit point mal ses Auteurs, mais on dit peut-être trop legerement, qu’il n’avoit point le don de l’invention, ni le génie de la belle Poësie2, quoique ses amis même convinssent que dans toutes ses Piéces le Comédien avoit plus de part que le Poëte, & que leur principale beauté consistoit dans l’Action.
Néanmoins comme je crains de mal parler, je me servirai souvent des expressions des autres ; c’est-à-dire, je ne ferai aucune difficulté de transcrire des lignes, des phrases, des pages même de nos Héros de la Littérature, de nos Défenseurs de l’Art Dramatique, de nos Athletes intrépides du tripot Comique, qui sont, sans les nommer, MM. […] Néanmoins le tripot Comique a le droit, quoique mal acquis, d’accepter ou de refuser les Drames ; & l’Homme de Lettres ressemble à un Vassal de Fief qui va faire foi & hommage à son Seigneur suzerain.
Elle a attendu pendant dix ans, dans le silence du respect, que la nation se prononçât sur ses pertes, et lui accordât quelques indemnités pour la somme de maux qu’elle avait supportés depuis trente-quatre ans. […] Cette conduite de l’archevêque de Rouen prouve, à l’évidence, que les prêtres mal conseillés ne veulent reconnaître et consulter aucune autre autorité que la leur, et qu’ils évitent avec le plus grand soin de faire aucune démarche qui tendrait à les ranger sous l’autorité du souverain légitime.
Lise a raison ; son tein soutient mal le grand jour : Mais B***, M***, mais d’E***, dont l’amour Arrondit l’embonpoint, et calqua la figure, Sur le moule piquant des Grâces d’Epicure ; Sont faites pour orner ce superbe jardin, Qu’au siècle des Beaux-Arts un compas à la main, Le Nôtre dessina pour décorer le Louvre. […] déjà tout finit, et la vive Camilleh Pour le séjour des Dieux abandonnant la Ville, Des trois Grâces suivie, et son fils dans les bras, Va priver les Mortels de ses riants appâts : Vénus toutefois prête à quitter sa toilette, Adressa ce discours à plus d’une Coquette : "Il n’est qu’un seul moyen de parer la Beauté, C’est l’Amour : ce miroir sans cesse consulté, Ne vous y trompez pas, apprend mal l’art de plaire, Le cœur conseille mieux dans l’amoureux mystère ; Belles qui m’écoutez, quand vous saurez aimer, Mon fils vous montrera comme on peut enflammer."
J’ai lu jusqu’ici vos Lettres avec assez d’indifférence, quelquefois avec plaisir, quelquefois avec dégoût, selon qu’elles me semblaient bien ou mal écrites. […] Cependant on vous a vus de tout temps louer ou blâmer le même homme selon que vous étiez contents ou mal satisfaits de lui.
Voilà l’un des plus grands maux du théatre, de l’aveu de son oracle ; il fait excuser l’inceste & la calomnie, il fait plaindre & aimer Phedre & Medée, les femmes les plus scélérates de l’antiquité.