Nous ne pouvons plus sentir une grande partie de ses traits fins & délicats, parce que nous sommes trop éloignés du tems où elle fut écrite. […] Il éxcelle sur-tout à décocher avec art les traits fins de la Satire.
Il s’en suit que la Comédie ne saurait peindre trop fortement les caractères qu’elle va chercher dans le monde ; plus leurs traits seront marqués, plus ils seront chargés de ridicules, & plus ils réjouiront les Spectateurs. […] L’esprit a besoin de se délâsser quelquefois ; il ne peut pas s’occuper sans cesse de choses importantes & èxtrêmement relevées ; aussi voit-on le Philosophe & le Savant rire au Théâtre des mêmes traits qui éxcitent la bonne humeur du Peuple.
A ces traits de famille, celui-ci et mon critique pourraient être parents. […] Il aurait dû en saisir le but et en présenter les traits les plus saillants qui le caractérisent.
C’étoit l’homme le plus frivole, en voici un trait. […] Charles, pour donner la préférence à sa maîtresse, y trouvoit mille défauts ; celle-ci, pour justifier son triomphe, enchérissoit sur les plaisanteries ; c’étoient des traits d’enfant. […] Voici quelque trait singulier de cette fête. […] Il peut y avoir en effet bien de traits qui lui appartiennent, mais le total est indigne de lui. […] Ils rapportent au contraire de traits de zele qui lui font honneur, en sauvant l’honneur aux filles, en punissant les attentats, en se sauvant des pieges qu’on lui tendoit par les femmes, qui paroissoient infaillibles dans un homme que la foiblesse livroit à tout.
Convenons donc que tous les Poëtes, à commencer par Homere, nous représentent dans leurs tableaux, non le modèle des vertus, des talens, des qualités de l’ame, ni les autres objets de l’entendement & des sens qu’ils n’ont pas en eux-mêmes, mais les images de tous ces objets tirées d’objets étrangers ; & qu’ils ne sont pas plus près en cela de la vérité, quand ils nous offrent les traits d’un Héros ou d’un Capitaine, qu’un Peintre qui, nous peignant un Géometre ou un Ouvrier, ne regarde point à l’art où il n’entend rien, mais seulement aux couleurs & à la figure. […] En effet, ôtez au plus brillant de ces tableaux le charme des vers & les ornemens étrangers qui l’embellissent ; dépouillez-le du coloris de la Poësie ou du style, & n’y laissez que le dessein, vous aurez peine à le reconnoître : ou, s’il est reconnoissable, il ne plaira plus ; semblable à ces enfans plutôt jolis que beaux, qui, parés de leur seule fleur de jeunesse, perdent avec elle toutes leurs graces, sans avoir rien perdu de leurs traits. […] A travers un verre sphérique ou creux tous les rapports des traits sont changé ; à l’aide du clair & des ombres, une surface plane se releve ou se creuse au gré du Peintre ; son pinceau grave des traits aussi profonds que le ciseau du Sculpteur, & dans les reliefs qu’il sçait tracer sur la toile, le toucher démenti par la vue, laisse à douter auquel des deux on doit se fier. […] Quant à la simplicité des rapports sur laquelle on a voulu fonder le plaisir de l’harmonie, j’ai fait voir dans l’Encyclopédie au mot Consonance, que ce principe est insoutenable, & je crois facile à prouver que toute notre harmonie est une invention barbare & gothique qui n’est devenue que par trait de tems, un art d’imitation.
Tout cela est pris de sa vie donnée en 1724 : ces traits injustes déshonorent plus le théatre que la beauté de ses pièces ne lui fait honneur, ils font l’éloge & justifient les sentimens de ce Héros qu’on a si injustement attaqué. […] X, an. 1669, rapporte ce trait du Gazetier du temps. […] Voilà un trait bien digne d’un Évêque. […] Les Anglois, tout admirateurs qu’ils sont de Shakespear, ne l’ont jamais mis en parallèle avec Nevton, quoiqu’il ait d’aussi grands traits de génie que Corneille, & que la décence qui lui manque ne soit pas un défaut sur le théatre Anglois. […] Shakespear a des traits de génie étonnans, égaux & supérieurs aux plus beaux endroits de Corneille ; mais ce ne sont que des traits momentanés, rien de suivi, rien de soutenu, rien d’achevé ; ces éclairs éblouissans laissent dans la plus profonde obscurité.
L'auteur l'arrête où il veut dans ses personnages par un trait de plume ; mais il ne l'arrête pas de même en ceux en qui il l'excite.
Molière par exemple a saisi d’après dix, vingt, trente, cent avares tous les traits caractéristiques de l’avarice dont il a composé le rôle d’Harpagon ; mais tous ces traits sont vrais. […] La charge ne consiste effectivement que dans le laps de temps dont la brièveté ne laisse pas supposer l’assemblage actuel d’un si grand nombre d’incidents, mais elle n’est pas capable d’altérer la vérité des traits ; c’est au contraire l’assemblage de ces traits vifs et vrais qui rend le tableau plus frappant, et qui force le spectateur d’apercevoir les inconvénients du Vice ou du ridicule que l’on joue : comment donc voulez-vous que cette manière d’instruire soit capable d’entretenir le Vice au lieu de le corriger et que le cœur des méchants en tire parti ? […] Le Cocu imaginaire est déjà plein de traits qui seraient à merveille dans la bouche de votre homme, il pourrait dire comme Sganarelle : « Mais mon honneur me dit que d’une telle offense Il faut absolument que je prenne vengeance. […] Il est certain que nous ne serons pas toujours si sensiblement émus par la nature que par l’art, parce que la nature n’est pas accompagnée toujours de l’assemblage de ces expressions touchantes et de ces traits pénétrants que l’art emprunte d’elle, mais qu’il rassemble et multiplie pour opérer de plus grands effets. […] Là le Grec né moqueur, par mille jeux plaisants Distilla le venin de ses traits médisants : Aux accès insolents d’une bouffonne joie, La Sagesse, l’esprit, l’honneur furent en proie.
S’il restoit encore quelques doutes sur cette matiere, le trait suivant achevera de les dissiper. […] Dans le Prologue, qui est un des plus beaux morceaux de l’antiquité, le Poëte exhala sa douleur d’une maniere fort touchante, Macrobe, qui nous l’a conservé tout entier, nous apprend aussi que ce Chevalier Romain, pour venger sa vieillesse, inséra malignement dans le cours de l’ouvrage quelques traits picquans contre ce Prince. […] Tout le Peuple à ces traits reconnut César, & jetta les yeux sur lui.
Ajoûtez à ces belles règles une multitude d’invectives, de sarcasmes & de grossieretés contre les maîtres, les pères, les maris, de loup-garoux, d’Argus, de Turcs, de vieux foux, de dragons, d’esclaves, de verroux, de grilles, &c. qui ne sont rien moins que des traits d’esprit, jargon dont on déclare gravement qu’il ne faut que rire, que toute la jeunesse apprend par cœur & emploie à tout moment, vous aurez une analyse exacte de l’école du théatre, & des mariages à la Moliere. […] Il seroit inutile de souiller cet ouvrage par un recueil des traits répandus à pleines mains dans toutes les comédies contre le mariage, on n’a qu’à ouvrir les yeux & les oreilles, on ne lira, on n’entendra que des horreurs sur cette matiere. […] Presque aucun mari qui n’ait senti les traits piquans de sa satyre, peu de familles où l’on n’en trouve de père en fils. […] Il seroit infini & inutile de citer des traits des autres Comédiens. […] Dans les descriptions de ces fêtes nuptiales qui ont couru toute l’Europe, & où par-tout l’opéra, le bal, la comédie sont des cérémonies essentielles qui doivent précéder la bénédiction nuptiale, on parle d’un opéra nouveau de l’Abbé Metastasio (Romulus & Tersine), dans lequel, quoique l’ouvrage d’un Ecclésiastique, on chercheroit inutilement quelque trait d’un mariage chrétien, & même afin qu’on ne s’y trompe pas, & qu’on ne soit pas tenté d’y chercher des vestiges du christianisme, on y joignit un ballet, apparemment du même Auteur, dont le sujet étoit : Le Mariage d’Énée avec Lavinie, fait par Venus.
Le Traducteur du théatre Anglois, qui s’est efforcé d’en diminuer l’indécence, en retranchant les traits les plus choquans, y en a laissé bien d’autres qui ne font pas regretter ce qu’il a supprimé. […] On trouve sur le théatre Anglois un trait singulier, qu’on ne s’aviseroit pas d’aller chercher au concile de Constance. […] Et je ne doute pas que leur décence n’ait contribué à les faire tomber : on n’aime que ce qui peint naturellement & fait saisir vivement l’objet des passions criminelles, suit leur marche, excite leurs sentimens, en fait goûter le plaisir, en assure les progrès, aiguise leurs traits émoussés par la satiété, en un mot, allume, ranime, entretient les ardeurs de la concupiscence & le foyer du péché. […] Il est très-comique d’entendre Moliere, dont l’éruditiou n’égaloit pas celle de Scaliger & de Saumaise, disserter gravement (Préface du Tartuffe) sur la distinction entre l’ancienne & la nouvelle comédie, & avancer que les saints Peres, dont il avoit peut-être entendu prononcer le nom dans les Litanies, n’avoient jamais déclamé que contre cette ancienne prostituée qu’il abandonne généreusement à leurs traits, mais non contre la courtisanne moderne, qu’ils auroient canonisée, & proposée à tout le monde comme un exercice de dévotion où lui Moliere prêchoit beaucoup mieux que Bourdaloue, contre laquelle les Prédicateurs ne parloient que par jalousie. […] Le rafinement du siecle en aiguise les traits, la gaze légère de politesse en relève le goût.
Fontenelle en rapporte une foule de traits scandaleux, qu’on me dispensera de rapporter. […] Ce sont ces mêmes pièces, dont le ridicule, la bassesse, la grossièreté, font ordinairement le mérite, qui parurent au Cardinal un trésor précieux, soit qu’il espérât d’y trouver des pièces dont il enrichirait son théâtre, soit qu’il se flattât d’y pouvoir recueillir des traits pour lui et pour ses Poètes gagés. […] Jugeons par ce trait des largesses et du goût du Cardinal : Colletet, un des cinq favoris, n’avait en naissance, en fortune, en talents, en ouvrage, en bonnes mœurs, d’autre mérite que d’avoir su s’insinuer dans le bureau politique. […] C’est celle d’Armand, le Dieu tutélaire des lettres : c’est la voix de cet oracle. » On trouve dans cette pièce des traits bien singuliers : « Les Rois sont au-dessus des crimes … Toutes choses sont légitimes pour les Princes qui peuvent tout … Raison, dont la voix importune vient s’opposer à ma fortune, tais-toi, le conseil en est pris » … quelle morale ! […] Il a même survécu à la critique ; toute belle qu’elle est, elle est peu connue ; le Cid subsiste, quoique sa vogue ait bien diminué, peut-être même que la haine qu’on avait pour le Ministre, et le mépris qu’on faisait de sa basse jalousie, donnèrent un nouveau lustre à ce qu’on persécutait avec tant d’acharnement : « En vain contre le Cid un Ministre se ligue, Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue ; L’Académie en corps a beau le censurer, Le public révolté s’obstine à l’admirer. » Je doute qu’aujourd’hui une tragi-comédie pût produire ni ce mouvement dans le ministère, ni cette jalousie dans les Poètes, ni cet enthousiasme dans le public ; on a trop de goût et de lumières, on a trop vu de bonnes tragédies, pour admirer avec cet excès un petit nombre de traits vraiment sublimes déparés par bien des défauts, et noyés dans un tas de choses médiocres et triviales.
La Fontaine eut mieux fait pour sa gloire de ne pas donner au public les amours de Cupidon & de Psiché ; car à quelque trait prês, d’un stile plaisant, naïf, amusant, satyrique à son ordinaire, c’est une misérable rapsodie. […] La fortune de cette fable vint d’abord dans le tems d’Appulée, où le Paganisme étoit dominant, de ce que les amours de Venus & de Cupidon étoient un objet de réligion, comme ceux de Jupiter, de Mars, d’Appollon, de ce qu’il y a quelques traits de morale répandus, qui peuvent être utiles ; & enfin de ce qu’il renferme des choses curieuses sur les mœurs, les usages, la doctrine du tems, ce qui lui a donné du prix parmi les littérateurs ; mais ce qui lui a donné le plus de vogue dans le monde ainsi qu’au satiricon de Petrone, c’est son obscurité. […] Il y a dans les Contes de La Fontaine des traits contre la Comédie que la vérité a sans doute arrachés malgré lui à l’un de ses plus grands & de ses plus licentieux amateurs. […] Cependant ne vous y trompez pas, continue le Religieux Prédicateur de Cythere, les victoires que vous remporterez avec ces armes empruntées, ne sont ni bien certaines ni bien durables ; il vaudroit mieux laisser agir la nature, ses traits sont plus sûrs & plus efficaces que le suc de toutes les herbes & les enchantemens de tous les magiciens. […] Les malheurs inévitables & communs à toutes les femmes, n’épargne pas plus le théatre que la cour & la ville, ils sont même plus présens & plus certains à toutes les femmes qui se fardent puisque le tard lui-même creuse les rides, ternit le tein, le rend livide & plombé, change les traits, rend la peau dure, & precipite la chûte de la beauté naturelle ; à plus forte raison quand le crime, par le feu des desirs, la vivacité des mouvemens, l’épuisement des forces, l’excès du libertinage, portent à tous les organes des corps mortels.
Nos Poètes représentent indifféremment, et les femmes du commun et les femmes de qualité, tout le sexe en un mot sous les mêmes traits de libertinage. […] » Car il est des choses dont le récit est aussi dangereux qu’elles sont criminelles de leur nature ; la description qu’on en fait laisse souvent le trait empoisonné après elle. […] » Le trait est hardi contre Neptune, frère de Jupiter, et Maître d’une partie considérable de l’univers. […] Voici quelques traits de ces deux Acteurs qu’on peut citer sans crainte. […] Il est inégal et extrême dans ses inégalités : tantôt ce sont de basses facéties dont il rassasie les Spectateurs ; et tantôt ce sont mille traits ingénieux dont il l’accable, sans qu’on voie trop à quel propos.
Voici quelques traits que ce corps illustre n’a pas examiné : il y a apparence qu’il a voulu les éprouver. […] Excusons un militaire qui n’est gueres qu’un écho dans ces matieres, & les traits de métaphysique qu’il met volontiers dans ses ouvrages sans les entendre. […] Pourquoi ne pas célébrer ce trait vraiment grand, plus digne du pinceau d’un académicien vertueux, admiré de toute l’antiquité, que cette aventure de théatre qu’un honnête homme devroit ignorer & mépriser. […] Apelles & Campargue, sont peints avec de pareils traits. […] Ce prince sur le champ dégoûté d’une esclave scythe qui le trahit, l’abandonne à son peintre : dégoût & délicatesse qu’on traite pompeusement d’héroïsme, & qui n’est qu’un trait de mépris d’une femme de mauvaise vie.
A ces traits on ne peut méconnaître le théâtre Italien et celui de la Foire, les farces, les pièces à tiroir, que dis-je ? […] En voici deux traits singuliers. […] » Suétone rapporte un trait frappant de la façon insensée de parler et de penser des choses les plus sérieuses, dont il serait injuste de ne pas faire honneur au théâtre.
Mademoiselle Lecouvreur, supérieure peut-être à Baron lui-même, sut rendre pathétique sa voix qui n’était pas harmonieuse ; sa taille n’était pas majestueuse, elle l’ennoblit par les décences ; ses yeux s’embellissaient par les larmes, & ses traits par l’expression du sentiment : son âme lui tint lieu de tout.
Ce n'est pas qu'ils se ressemblent ; mais j'estime qu'ils sont comme deux Sœurs, dont l'une est blanche et l'autre est brune, et qui n'ont rien de commun que certains traits presque imperceptibles qu'elles doivent à la Mère qui les a mises au monde.
Nous y mêlerons bien des traits sur l’histoire ancienne et moderne des spectacles, et nous ne négligerons pas la partie littéraire. […] On prend droit, pour le mieux confondre, des traits que la vérité arrache à ses propres défenseurs, comme l’a si heureusement exécuté M.
Ce ne sont point des traits morts, des couleurs séches qui agissent ; ce sont des personnages vivans, de vrais yeux animés de la passion, de vraies larmes dans les Acteurs, qui en font couler d’aussi véritables dans ceux qui les écoutent.
La plupart des régents Jésuites en donnoient quelques unes, & souvent y mêloient des traits dont les meilleurs comiques se faisoient honneur. […] Je ne sai où il a pris ce trait d’érudition : les Grecs avoient des prix pour les jeux du théatre, comme pour les jeux olimpiques & autres jeux ; mais ils n’avoient pas d’écoles théatrâles établies, comme à Parme, par autorité publique. […] La protection des arts & des sciences dont on fait tant de bruit, est un trait de flatterie, c’est son pere Laurent, qui les protégeoit, & qui étoit en état de les protéger. […] Les noms des acteurs presque tous Italiens ; plus de liberté dans la composition, plus de tabarinage, de farce, reste de son ancienne futilité, & licence, sont les seuls traits qui mettent entr’eux quelque différence. […] Les deux caractères réunis de la Palui & de son rôle, s’aident mutuellement, rendent plus saillants & plus plaisants les traits des personnages ; ils se mocquent en même tems du défaut qu’on joue, & de leurs compatriotes.
Cependant il lui a échapé bien de traits peu favorables, dans ses piéces fugitives, ses dédicaces, ses lettres, ses discours politiques & philosophiques : tous ces traits, il est vrai, peuvent être suspects. […] Cependant ces histoires même n’épargnent pas plus la scene que ses autres œuvres ; il doit en être bien persuadé, pour s’être permis de décréditer son idôle, & d’affoiblir le culte qu’il lui rend depuis si long tems ; la force de la vérité a pu seule les lui arracher contre son inclination & son intérêt, voilà les traits que je veux recueillir, je n’en garantis pas l’exactitude, il peut y avoir bien des choses altérées, sur tout dans ce qui intéresse la Réligion & le Clergé. […] La Réligion de Léon n’étoit point austere, il s’attiroit le respect (non par des vertus, mais) par des cérémonies pompeuses, ses secretaires sembloient professer la philosophie, sceptique, (ce trait est faux) les comédies de l’Arioste & de Machiavel quoiquelles ne respectent pas la pudeur & la piété, furent souvent jouées dans sa Cour, en sa presence, & celle du sacré Collége, par des jeunes gens des plus qualifiés ; (on pouvoit ajouter celles du Cardinal Bibiana qui ne valent pas mieux pour les mœurs) Ce qui offençoit la Réligion n’étoit pas apperçu dans une cour occupée d’intrigues & de plaisirs ; les affaires les plus graves ne deroboient rien à ses plaisirs. […] C’est domage que le théâtre ne fut pas connu de son tems, il en eut été enthousiasmé, & quelle gloire pour lui, quels nouveaux traits à son Panégyrique ! […] sans parler de sa revolte contre son Roi, qui n’est pas un trait bien héroïque, sa disgrace, sa retraite, sa maladie, sa conduite, son imbécillité, sa mort : voilà un Héros !
Pour cent personnes qui frequentent la comédie, mille qui n’y vont pas verront la comédie en figuré, les traits, les attitudes, l’immodestie des Actrices, que plusieurs n’ont jamais vus. […] C’est le grand trait de son tableau. […] c’est un trait de l’Opéra de la foire, qui n’est pas le moins comique. […] Il y a un trait singulier dans un de ces éloges de la Favard. […] L’intigue est mal conçue, on y voit des traits pillés dans les Plaideurs de Racine, & on rapporte une scene assez plaisante entre le Cadi & quelque paysan qui fait le niais, & se moque de lui.
S’il m’était échappé des traits peu ménagés, ce serait plutôt manque de réfléxion de ma part, qu’envie d’offenser qui que ce soit.
(Ce trait est héroïque). […] (Sans doute, ceux qui travailleront à l’éloge de Catinat, pour obtenir le prix de l’académïe, supprimeront ce trait peu glorieux à sa mémoire. […] Ce trait du lutheranisme & de la philosophie dont il faisoit professions, ne fut jamais semé par les mains de l’Evangile, de la bienséance & de l’humanité On aura beau remonter à la loi naturelle, on n’y en trouvera pas l’approbation. […] Voici quelques traits que l’historien a voulu sauver de l’oubli que mérité une vie si dépravée. […] On la conta à la Princesse pour la divertir : elle en fut indignée, & ce trait joint à ce qu’elle savoit déjà, elle n’eut que du mépris pour Maurice.
Ici tout est mis en œuvre pour effacer les traits du vieil homme, l’attacher à la croix, & lui substituer l’image du nouveau : là tout est employé pour défigurer le nouvel Adam, & faire revivre l’ancien.
Toute la piece est pleine de ces traits, & forme un miroir fidele. […] Outre les traits qu’on leur lance, on y introduit une philosophie qui étale tout le venin de sa doctrine. […] Un trait plaisant de M. de Saint-Marc caractérise ce ridicule assemblage. […] En se livrant au public, l’acteur ou l’actrice s’expose à tous ses traits, il est esclave né de quiconque l’achete . […] Voici un trait qui feroit rire, s’il n’intéressoit la Religion : le fils de Veronese, comédien italien, se dit voué à Saint François, & porte l’habit de Capucin.
« Que les tragédies et les comédies qui ne doivent être faites qu’en latin, et dont l’usage doit être très rare, aient un sujet saint et pieux : que les intermèdes des actes soient tous latins et n’aient rien qui s’éloigne de la bienséance, et qu’on n’y introduise aucun personnage de femme ni jamais l’habit de ce sexe. » En passant, on trouve cent traits de cette sagesse dans les règlements de ce vénérable institut : et on voit en particulier sur le sujet des pièces de théâtre qu’avec toutes les précautions qu’on y apporte pour éloigner tous les abus de semblables représentations, le meilleur est, après tout, qu’elles soient très rares. […] C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner que l’église ait improuvé en général tout ce genre de plaisirs : car encore qu’elle restreigne ordinairement les punitions canoniques qu’elle emploie pour les réprimer, à certaines personnes, comme aux clercs ; à certains lieux, comme aux églises ; à certains jours, comme aux fêtes ; à cause que communément, ainsi que nous l’avons remarqué, par sa bonté et par sa prudence, elle épargne la multitude dans les censures publiques : néanmoins parmi ces défenses, elle jette toujours des traits piquants contre ces sortes de spectacles, pour en détourner tous les fidèles.
Il y a des traits trop excellents dans l’Epître à votre Muse (à la morale près de trois ou quatre vers), pour qu’ils ne passent pas à l’admiration de nos neveux, quand même ils seraient retranchés de votre nouvelle édition. […] Brisez, Monsieur, ces plumes hardies, écrasez leurs blasphèmes, non par des raisonnements sérieux et théologiques ; il en paraît tous les jours d’excellents en ce genre, et dont la plupart ne sont point lus par ceux pour qui ils sont faits ; mais par les traits de cette plaisanterie fine et délicate que vous savez manier avec tant d’adresse sous le voile d’une allégorie ingénieuse, souvent plus persuasive que des arguments doctement froids et méthodiquement léthargiques.
Orphée par la douceur de son Luth apaisea insensiblement trois hommes transportés de colère, et fait le second trait du caractère du Prélat.
L es plus beaux traits d’une sérieuse morale sont souvent moins puissants pour instruire et corriger les hommes que des portraits ridicules de leurs défauts.
Pas un trait poétique, pas une seule étincelle de génie ne jaillit de ces grossières profanations des mystères de la Foi ; les moralités, les farces, et toutes les plates compositions qui suivirent, présentent la même stérilité de pensée, de sentiment et de poésie. […] Soumis aux commotions de son époque, le poète y puisa ces traits si profondément pervers, qu’un talent inimitable rend encore plus odieux par leur contact avec des caractères si beaux, si grands, si parfaitement héroïques. […] Les grands eurent leur tour, et furent mis en scène chargés de leurs vices, de toute leur immoralité, percés des traits malins de Figaro.
Molière veut peindre l’avare ; chacun des traits doit ressembler, c’est-à-dire, que l’avare ne doit agir et penser sur la scène que comme il pense et agit dans la société. […] Ce n’est là que rapprocher les traits qui doivent former son image. […] Dès qu’il échappe au Poète ou à l’Acteur quelque trait qui n’est pas dans la nature, c’est-à-dire, quelque trait qui contredit ou qui force le caractère. […] Je dis plus : un seul trait qui dans une pièce décente réveillerait une idée obscène, indisposerait tous les esprits. […] J’en ai dit assez, j’en ai trop dit peut-être, et encore n’ai-je pas relevé tous les traits qui dans cet ouvrage mériteraient d’être discutés.
Ces deux Auteurs ont en effet des traits de ressemblance : ils dialoguent finement, ils peignent agréablement, ils donnent parfaitement du ridicule ; chacun est unique en son genre. […] Il est vrai que tous les deux outrent les caracteres, & ne peignent point d’après nature ; l’un en faveur du parterre, qu’il faut frapper par de grands traits, amuser par des tabarinages, & faire rire en grimaçant, pour le mieux affecter & puiser dans sa bourse ; l’autre pour plaire à son parti, qui vouloit décrier les Jésuites. […] La comédie du Fâcheux n’est qu’un amas de traits des mêmes caracteres, mais sans conduite. […] On rapporte de lui quelques traits de générosité, mais il étoit naturellement avare, & ne travailloit que pour amasser de l’argent ; il sacrifioit les finesses & la beauté de l’art, pour attirer plus de monde à ses pieces par des bouffonneries. […] Il leur lança ses traits dans les Précieuses ridicules, & dans les Femmes savantes, deux de ses meilleures pieces, parce que la vengeance les a dictées : Facit indignatio versum.
Mais alors de ce Dieu l’étonnante magie Sur ce brillant tableau répand des traits de vie.
Louis XII ayant trouvé des Conseillers au Parlement jouant à la paume, leur en fit de sévères réprimandes, et les assura que s’il les y trouvait encore, il ne les reconnaîtrait plus pour Conseillers, et n’en ferait pas plus d’état que du moindre cadet de ses Gardes. » Tous ces traits qu’on a inséré dans un nouveau livre (l’Esprit de Lamothe le Vayer), sont rapportés dans le Journal des Savants, février 1764. […] Nous en avons vu nombre de traits ; en voici un qui nous avait échappé. […] Nous avons plus fait, nous nous sommes enfermés dans des édifices, moins vastes à la vérité, mais plus commodes, où à l’abri de tout, aussi agréablement que sûrement et proprement, nous pouvons goûter à longs traits, par tous les temps et les heures entières, de jour et de nuit, tout le poison de la volupté. […] Il fit pourtant bien des lois et des traits de justice pour contenir les Acteurs.
Certains Lecteurs pourront s’intéresser à quelques traits que je vais ajouter. […] Voici un nouveau trait de l’illustre Archevêque, qui nous rappelle une anecdote intéressante.
La violence ou l’énergie déplacée, les contre-temps, les doubles ententes, le vague, les traits envenimés, les tableaux et les tours ingénieux, les attraits licencieux, l’éclat, la coquetterie, si je puis parler ainsi, en un mot, l’art séduisant des critiques du théâtre dont la malignité est en effet le moyen ordinaire, souvent le principe, depuis long-temps a produit cet effet, en attirant et captivant la foule qu’il a agitée à l’excès et égarée. […] Si cette considération ne renfermait pas une réponse suffisante, et que je fusse obligé d’en faire une au libelliste froid qui, à la vue de la plus grande misère, et du pouvoir commun à tous les hommes d’être immoral, m’a contesté l’affaire et le besoin pur d’écrire sur l’indigence et l’immoralité, et de traiter des moyens d’en détruire les causes, je pourrais y ajouter, qu’ayant vu dès mon enfance la maison de mon père, administrateur des pauvres, continuellement assiégée ou remplie de malheureux pleurant, souffrant la faim et le froid, marqués de tous les traits de la misère, ces tristes scènes, ont fait naître et laissé dans mon cœur un sentiment pénible que je n’ai pu soulager que par la composition de ce Traité ; et que ma mission fut, par conséquent, de la nature de celle que nous recevons tous de la pitié, pour tâcher de retirer notre semblable d’un abîme où nous le voyons périr.
Les dignités & les richesses remplissant rarement la chaire ; ce trait pouvoit tomber sur Mr. de Harlai, qui prêchoit quelque-fois avec 100000 liv. de rente ; mais il n’étoit pas Tartuffe ; tout le monde le connoissoit. […] Les discours, les regards, les lectures, les maintiens découvrent la nudité, décelent la corruption : le cœur s’exale par les yeux, les levres, les oreilles, la plume ; tout parle de son abondance, tout retrace sa phisionomie & ses traits. […] La grossiéreté de l’indécence révolte même le libertinage, ces traits à côté des mysteres, réveillent & piquent-même l’indifférence, & blessent souvent-même la vertu. […] Sous quelque visage que s’offre la nudité, & que se montre le crime, par quelle voix qu’il se fasse entendre, ne lance-t-il pas toujours les traits ? […] Il abandonna le gouvernement de ses états, & courant les bois comme Nabuchodonosor, il appelloit à grands cris Mariamne, comme si elle eût été vivante : il en fut malade à l’extrémité, ne guérit jamais parfaitement, & devint sombre, farouche, de mauvaise foi, d’une humeur insupportable ; mourut enfin misérablement, & termina sa vie par un trait de cruauté sans exemple dans l’histoire.
Ce trait pouvoit être puni, & occasionner une guerre. […] On rapporte sur la comédie un trait vraisemblablement copié de Louis XII, comme Henri IV pere du peuple, & sur le même objet, sur les finances. […] Voici un autre trait qui tient sept à huit pages ; c’est une conversation de table, du Roi avec Croquer, son Maître d’Hôtel, la Reine sa femme, & quelques amis avec qui il soupoit, au retour de la chasse. […] X. de Newton, l’algebre, & le compas qui calcule les attraits d’une femme, sont des traits d’un sublime qui échape aux regards des mortels. […] Il se donne pour une ame stoïque, qui, loin de se venger de ses ennemis, ignore s’il en a, & dans le même tems, il lance contre Rousseau & Freron les traits les plus injurieux.
Peut être étoit-ce un trait de malignité. […] Il n’y a là ni sel ni vérité, c’est du bouffon du Pont-neuf ; cent autres traits pareils le feroient renvoyer à l’antichambre, si les esprits dans les Etats de Thalie n’étoient exaltés jusqu’à l’enthousiasme. […] Moliere adoucit les traits qui la caractérisent. […] Le Mercure, dans l’extrait qu’il donne de ce livre, juillet 1774, ajoute un trait singulier, dont il atteste la vérité. […] Quelquefois les mascarades représentent un combat, un tournois, une foire, un mariage ; d’autres fois un trait d’histoire, les Jeux Olimpiques, les Bacchanales, les Gladiateurs, un Triomphe.
Toutes les histoires de Marseille et de Provence, qui rapportent un trait si honorable, en font unanimement l'éloge. […] En voici un trait remarquable. […] Ce qui est mauvais et indécent n'est permis à personne, dit Gonzalès, qui rapporte ce trait (C. […] Ce fut une faveur d'y être admis, et un nouveau trait qui devait servir un jour à la canonisation de la Fondatrice. […] Ces traits sont rapportés dans la vie de Madame de Maintenon.
« On y boit à longs traits l’oubli de ses devoirs. » Henriade, chant IX.
Dieu se plaît, pour ainsi dire, à prendre le pinceau pour former à nos yeux des traits dont n’approchèrent jamais les crayons de Raphaël & de Michel-Ange. […] La scène tragique y va puiser ses plus beaux traits. […] quel courage dans les Pères de l’Église pour annoncer sur les toîts avec tous les traits de l’éloquence les vérités les plus combattues & les loix les plus sévères ; ces Anachorettes qui étonnent les déserts dans leur pénitence ; ces Vierges qui édifient & le monde dont elles fuyent les dangers, & le cloître dont elles embrassent la rigueur, par la délicatesse de leur pureté.
On ne finiroit point, s’il falloit rapporter tous les traits répandus dans ses œuvres ; nous nous bornons aux principaux. […] n’êtes vous pas saisi d’horreur & de crainte de regarder le Saint des Saints des mêmes yeux dont vous venez de voir le crime, d’entendre des mêmes oreilles les infamies de la scène & les divines Ecritures, & de recevoir l’hostie adorable dans le même cœur qui vient de boire à longs traits un poison mortel ? […] Embrasé de la concupiscence que le théatre a allumé, épris des objets que vous y avez vu, vous méprisez, vous insultez, vous maltraitez cette épouse simple & modeste, non qu’elle l’ait mérité, mais parce que vous ne voyez votre maison qu’avec dégoût, que vous ne soupirez qu’après ces objets criminels ; le son de leur voix retentit encore à vos oreilles, leurs traits, leurs graces, leurs attitudes sont encore gravés dans votre cœur ; à plus forte raison avec quelle répugnance venez-vous à l’Eglise, avec quel ennui entendez-vous la parole de Dieu, sur-tout si on vous parle de modestie & de pureté ?
Elles avoient une toute autre fin que l’instruction : elles faisoient allusion à quelques traits repréhensibles, soit dans le Gouvernement, soit dans les Généraux, soit dans les Magistrats.
Enfin, Monsieur, souvenez-vous que l’amour d’Hérode pour Marianne, dans Joseph, est peint avec tous les traits les plus sensibles de la vérité ; cependant, qui est le fou qui a jamais pour cela défendu la lecture de Joseph ?
Plus l’aveuglement est grand, plus le zèle évangélique doit éclater : la vérité doit se faire entendre et lancer tous ses traits.
Cette Pièce est tirée d’une nouvelle de Boccace15 que tout autre que Molière n’aurait jamais tenté de mettre sur le Théâtre, et la copie a conservé les traits et les motifs empoisonnés de l’original.
Cependant le vice, qui se fait un aliment de tout, y trouve des traits séduisans. […] La jarretiere est une partie essentielle de la toilette de Terpsicore, que les Danseurs étalent avec tant de grace sur la scene, beaux rubans, tissus admirables, broderie superbe, boucles brillantes, variété des couleurs, des nœuds, des glands, des houpes, jolis grelots, qu’on fait voltiger galamment, qui lancent de tous côtés des traits vainqueurs, & à chaque pas produisent un effet merveilleux. […] Il nous apprend que la chaussure de Judith fut un des traits qui au premier coup d’œil ravirent le cœur d’Holopherne. […] C’étoit pourtant un débauché, qui avoit vieilli dans la volupté, dont la satiété & le palais blasé ne devoit sentir que les traits les plus piquans.
Voici ce trait singulier, qu’on sera bien aise de voir : « De schola Epicuri deterrimos allectatores, sordidissimosque et impurissimos lusiones, omni flagitio ac libidine fœdatos, omnis virtutis ac decori hostes capitalissimos sine honore, sine existimatione, sine sensu, ore, manu, lingua, mente inquinatos, vita turpes, prebris ac obscenitate verborum infames, Ecclesiæ decretis, Imperatorum legibus notatos atque incisos, a quibus scimus in puerorum, juvenum, virorum, senum, virginum, uxorum, viduarum mentibus, rationis lumen extingui, omnemque speciem honesti rectique et mortalium animos deturbari, non dicam ex urbe ejiciendos, sed è finibus humanæ natura extirpandos. » Les Magistrats n’ont pas besoin qu’on traduise ce latin. […] On ne connaît qu’un trait trop singulier pour le passer sous silence. […] Il y a cent autres traits de ce personnage singulier (Boisrobert), qu’on trouvera dans Guipatin, Loret, Scarron, Ménage, les lettres de Costar, de Chapelain, et surtout dans l’histoire du théâtre, à l’occasion des diverses pièces de cet Auteur, et fort au long, Tom. […] Héliogabale n’en sortait presque pas, il y jouait avec la plus grande indécence, et l’on compte parmi les traits les plus marqués de sa folie, d’avoir fait un Comédien Préfet du Prétoire.
Ne quittons pas ces deux affaires, sans recueillir des plaidoyers des Avocats des traits réjouissants qui servent à caractériser le théâtre. […] Il faudrait transcrire en entier son plaidoyer, si on en voulait rapporter toutes les beautés ; bornons-nous à un trait. […] Des traits de ce caractère ne feront pas révoquer les lois qui déclarent les Comédiens infâmes. […] Finissons par trois traits qu’on trouve dans l’édition des conciles de Baluze, qui font voir le mépris et l’horreur qu’a toujours eu l’Eglise pour les Comédiens.
La jeunesse au contraire crie, & s’échape en traits malins. […] Comment pouvons-nous voir, sans rougir, ces ruses qu’ils sont contraints de mettre en usage pour échapper aux traits de notre malignité ?
Corneille est admirable, parce qu’il n’étoit environné que de très-mauvais modeles, & ces mauvais modeles étoient estimés & récompensés ; il eût à combattre sur-tout ses rivaux, l’Academie & le Cardinal de Richelieu ; la quantité de piéces indignes de lui, qu’il fit quelques années après, n’empêcha pas de le regarder comme un grand homme, c’est le privilege du genie de faire impunément de grandes fautes, il s’étoit formé tout seul : Voilà son vrai merite, car les trois quart de ses poëmes son médiocres, & la moitié au-dessous du médiocre ; mais il a des traits sublimes, & ne les doit qu’à lui-même. […] Un trait singulier, les prologues de l’opéra vanterent beaucoup dans le tems, l’embassade du Doge de Genes, pour faire des excuses au Roi, au nom de la République, forcé à cette humiliante démarche, par les Galliotes à bombe, & une escadre nombreuse, qui avoit déjà brûlé la moitié de la Ville, prise au dépourvu, par M. du Quesne, & ménaçoit l’autre ; Voltaire rapporte aussi cet événement dans son tems, mais en historien sans exagération.
Ou bien quelque angélique essence Qui ne veut souffrir la puissance Du lance-foudre Jupiter : Ou l’Amour d’une cause feinte Qui de son trait donne une atteinte Aux immortels pour l’irriter.
La Charité qui doit faire le quatrième trait du caractère du Héros, n’a rien qui la fasse reconnaître sous le Symbole d’Esculape, si fameux, dites-vous, pour ses guérisons merveilleuses.
Les yeux, les mains, les mouvemens, les traits du visage, tout sert à peindre le cœur, qui s’échappe de tous côtés. […] Ce ne sont pas là mes couleurs, ce ne sont pas mes traits, ce n’est pas mon portrait, je ne m’y retrouve pas. Ce sont les couleurs du vice, les traits du péché, le pinceau du mensonge. […] Une muraille de boue qu’on recrépit, un sépulchre hydeux, qu’on blanchit, on ne sait s’il faut aimer l’enduit superficiel, qui en impose, ou haïr les traits trop rudes, qu’il dérobe à nos regards : Faciem incertam gestent novis semper coloribus speculo conciliante adumbratam, ne appareat fœditas innata, super inducitur spuria venustas mentiente larvâ. […] C. ajoute bien de nouveaux traits à cette négligence, dont on leur fait une loi.
Ce n’est ni la preuve la plus décisive des bonnes mœurs, ni les traits les plus glorieux de la vie des héros. […] Il n’est pas plus permis de présenter l’impureté par les mouvemens & les gestes, que par les paroles & les tableaux ; il n’est pas plus permis de la regarder sous ces traits que sous d’autres : c’est un vrai scandale. […] Leur vie est pleine de traits comiques, de caracteres plaisans, d’intrigues toutes faites : la mine est inépuisable, il seroit aisé de l’exploiter. […] Mettre tous ces traits sur la scène, n’est-ce pas la satyre la plus sanglante ? […] Le Mercure, ami de l’auteur, adoucit quelques traits de la piece : il change le bouge au charbon en cabinet de toilette, la débauche de la servante en subornation pour changer de maître (grand intérêt pour le public, bien digne des frais de l’hypocrisie !
La beauté ne dépend pas de nous ; mais la parure qui l’embellit & la remplace, est notre ouvrage, le chef-d’œuvre de notre goût ; elle en aiguise les traits, & fournit des armes, qui toutes légères qu’elles sont, ne portent pas moins des coups mortels. […] C’est précisément le contraire de la modestie, qui tenant tout dans une parfaite modération, prend le ton & rend les traits de toutes les vertus, & singulierement de la chasteté. Ce seroit une erreur de penser que la modestie ne rejette que les grossieretés ; elle exclud jusqu’aux plus légères nuances du vice, sur-tout elle brille par les traits de la pureté la plus délicate, de la pudeur la plus sévère. […] La réserve donne un air de nouveauté ; l’habitude émousse les traits & affadit les graces. […] On s’armeroit contre des brigands impies qui viendroient à main armée piller l’Eglise, & on souffre le brigandage d’une femme mondaine, qui armée des traits bien plus meurtriers de l’immodestie, vient jusqu’aux pieds du trône du Tout-puissant lui enlexer des trésors bien plus précieux, l’adoration & l’amour de tous les cœurs !
« Voulez-vous copier la Nature, (dit Horace dans son Art Poétique,) étudiez-là dans le cœur & dans les mœurs mêmes des hommes de différens états ; tous les traits que vous tirerez alors d’après elle, seront des traits vifs & animés8. » Ces paroles semblent avoir été faites en faveur des Poètes qui se destinent à la composition des Pièces du nouveau genre.
Une Pièce de Théâtre, disent-ils, est un trait de la vie humaine mis en action ; or dès l’instant que cette action attache le Spectateur, son succès est décidé ; le Poète est parvenu à ce qu’il souhaitait.
Nous rapportons ailleurs ce trait célebre de l’Histoire de Bentivoglio. […] Un autre trait aussi singulier & aussi théatral, c’est l’empire que la Princesse avoit pris sur le Duc de Longueville son mari, l’homme le plus doux, le plus moderé, & qui l’aimoit malgré ses hauteurs. […] Malgré le teint & les traits de son visage dont la beauté la déceloit, il fit semblant de la croire, la reçut dans son bord, & la conduisit à Rotterdam, d’où traversant la Flandre, elle alla joindre M. […] Elle fait les plaintes les plus ameres du gouvernement, lance les traits les plus vifs contre le Ministre, & en donne les idées les plus noires. […] L’historien, d’après Mad. de Sévigné, qu’il donne pour garant de la vertu de ce Prince, rapporte un trait singulier, qui, à la vérité, ne le fera pas canoniser, mais qui, dit-on, consola un peu sa pieuse mere.
Bien loin de les détourner de ce qui se passoit, il les y tint attachés ; buvant la fureur à longs traits, sans s’en appercevoir, & se laissant emporter à ce plaisir barbare & criminel.
J’ai prouvé, si je ne me trompe, que le Théâtre est pernicieux dans l’état où il est aujourd’hui : il y aurait, dit-on, de l’inconvénient à le supprimer : mettons tout en usage pour le réformer au point d’en faire un amusement aussi utile qu’agréable ; car je suis persuadé que le Théâtre serait bien moins redoutable à la vertu, et qu’il produirait même un bien réel à la société, si, en y laissant les traits enjoués et les saillies d’esprit qui peuvent exciter à rire, on en faisait une Ecole de bonnes mœurs et, pour ainsi-dire, une Chaire publique où l’on débiterait, aux personnes de tout sexe, et de tout âge, les maximes de la plus saine morale, avec gaieté et sans les effrayer par l’appareil de l’austérité, et du pédantisme.
Qu’importe qu’on ne voie, qu’on n’entende plus directement dans les Spectacles rien qui puisse alarmer la pudeur & salir l’imagination, si tout y est d’ailleurs destiné à séduire l’esprit & à corrompre le cœur ; si le voile qu’on y jette sur des objets honteux en eux-mêmes, n’est qu’un artifice pour insinuer plus sûrement dans les ames le poison d’un amour profane & criminel, & percer de ses traits envénimés ceux que la grossièreté & l’indécence des paroles seroient capables de révolter ? […] L’incrédulité a mêlé son poison à tant d’autres qui les infectoient déja : on n’y néglige aucune occasion d’ébranler les fondemens de la foi, de lancer sur la Religion, sur ses Ministres, sur ses Mystères, les traits les plus malins ; & ce sont ces traits impies qui attirent les applaudissemens des spectateurs ; ce sont ceux qu’on retient avec plus de facilité, qu’on répète avec plus de complaisance. […] plus vous comprenez l’importance & la dignité de cette fonction, plus aussi vous devez, mes Frères, éloigner de vous tout trait de ressemblance avec ce monde ennemi de Jésus-Christ.
C’est un tableau de l’ame, dont les couleurs sont les traits. […] Sans consulter les livres de phisionomie, on lit le vice sur les joues, écrit avec les traits les plus vifs. […] C’est un art chez les femmes de faire, de choisir & de placer les mouches ; on en fait de toutes sortes de figures, rondes, ovales, triangulaires, en croissan, en fleche, de toute grandeur ; invisibles, petites, médiocres, grandes : on en fait de plusieurs couleurs, selon la nature du teint ; la plupart sont noires, on les place de mille manieres : solitaire, simétrisée, en couronne, en ligne, en grand nombre, en petit nombre, selon le goût ou les desseins qu’on se propose, & les conquêtes qu’on médite ; on en met sur toutes les parties du visage, jusques sur le bout du nez : ces emplacements sont de la derniere importance, pour favoriser & faire mieux sortir les traits de la phisionomie, la fraîcheur & le coloris du teint ; chacune selon sa figure, sa grandeur, sa situation produit un effet bien différent, qu’on étudie avec le plus grand soin ; elles donnent un air galant, modeste, sérieux, enjoué, triste, majestueux, effronté, ce qui leur a fait donner des noms différents, qui formeroient un Dictionnaire de Toilette. […] En voici un trait : un philosophe opulent avoit chargé un marchand rubanier de lui ramasser des échantillons de tous les rubans qui paroissoient, il les coloit sur les feuilles de plusieurs grands livres, pour transmettre à la postérité ce monument singulier de folie, & orner sa bibliotheque d’un vaste traité, par échantillons, de la Rubanomanie.
peut-elle ne pas prévoir que sa parure excessive lancera des traits mortels dans les cœurs ? […] Le trait le plus célebre est celui de Jesabel. […] Des troupes ambulances d’acteurs, dont tout est plein, & qui pour de l’argent font ce qu’on veut, suivent la biere du mort jusqu’au tombeau, & par une scene mouvente représentent en chemin sans s’arrêter ce qu’ils jugent à propos, analogue autant qu’ils peuvent à la nature de la fête & au caractere du défunt, des choses lugubres & tragiques, des traits graves pour les Magistrats, des mouvemens vifs pour la jeunesse, pésans pour un âge avancé, des exploits guerriers pour les Militaires. […] Dans les Bagatelles de l’Abbé Coyer, Lettre à une jeune Dame, on voit un trait qui mérite d’avoir ici sa place.
Le seul défaut, mais léger, est un style trop élevé pour des paysannes, & des traits de la sable qu’elles ne connoissent pas : tels que le jugement de Paris & la pomme d’or donnée à la plus belle des déesses. […] On fait venir un homme d’affaires du Seigneur, très-inutile & très-déplacé, uniquement pour donner sur le théatre des traits licentieux de libertinage. […] Ce trait de satyre porte à faux : ces trois sortes de libertins ne vont point s’établir dans un pauvre village fort éloigné de Paris, où ils savent que la vertu regne. […] Le menuët, trop ingénieux pour une paysanne, mais vrai & honnête pour une mere, dit : Un étang répete au sein de ses eaux ce verdoyant rameau où le pampre s’enchaîne ; un jour pur, un azur sans nuage l’y réfléchit : mais tandis qu’on admire cette onde où le ciel se mire, un zephir vient ternir la surface de la glace, d’un souffle il confond les traits, l’éclat de tant d’objets s’efface.
Mais la religion des Princes Payens émoussoit tous ces traits. […] Voilà la vertu des amateurs du théatre ; le rassasiement du vice, qui en émousse les traits usés. […] votre esprit s’ouvrira, vos manieres se poliront, votre stile sera plus noble, votre mémoire s’enrichira de mille traits brillans, vous serez fêté par-tout comme une Divinité, par les agrémens & les connoissances que vous acquerrez : Eritis sicut Dii scientes bonum & malum. […] Ce n’est pas chez Vulcain que se livrent les combats, mais c’est chez Vulcain que Vénus & l’amour font faire & aiguiser les traits qu’ils lancent dans les cœurs.
Des valets que vous avez chassés, engoués comme tous ceux de leur espèce de ces ridicules théâtres, se sont plûs à leur en vanter les pièces, à leur en citer des traits, à allumer leur curiosité. […] L’histoire d’un œil de verre déposé dans un gobelet et avalé, par mégarde, avec une médecine, est le trait saillant du Café des halles Selon le narrateur, un apothicaire en posture pour donner un lavement au malade, est fort surpris, et même effrayé, ne sachant pas ce qui s’est passé, d’appercevoir un œil brillant dans un endroit où il ne s’attendoit guère à trouver rien de pareil. […] La pitié se mêle chez eux à la colère, lorsque sur les fronts de ces enfans, ils remarquent, à travers l’audace et la malice qui déjà renforcent leurs traits, un reste touchant d’ingénuité, douce vertu de cet âge. […] Leur teint est livide ; leurs yeux sont caves ; l’audace et la menace sont peintes dans tous leurs traits.
Attentif à profiter du goût des hommes pour les vanités du monde, il les leur présente sous la forme des Spectacles les plus séduisants, et il triomphe de leur défaite, dans le temps même qu’ils s’imaginent être à l’abri de ses fureurs et de ses traits. « Et ostendit ei omnia regna mundi, et gloriam eorum. […] Il veut nous prémunir contre ses traits, et nous prévenir de la séduction avec laquelle cet Ange artificieux nous déguisera les dangers du Théâtre et ses horreurs. […] Oui, le Théâtre est le tableau du monde, et un tableau qui, par les traits dont il est rempli, est plus dangereux que le monde même. […] Il est difficile de ne pas trouver dans leurs fictions Romanesques, dans leurs morceaux les plus saillants, quelque trait, ou contre la divinité même, ou contre le culte qu’on lui rend.
Mais dans cette supposition même, le comédien n’est qu’un organe artificiel, qui n’amuse que par des traits d’emprunt, que par des beautés qui ne sont pas en lui. […] Mais s’il le tient d’ailleurs ; que de situations à créer, que de circonstances à élaguer, que de contrastes à former, que de traits à rapprocher, que de caractères à refondre !
Qu’on nous donne des piéces que les oreilles chrétiennes puissent entendre : qu’on les représente avec la décence qui convient à des chrétiens : que la vertu y soit peinte avec les graces, le vice avec les traits qui leur sont propres ; on ramenera les spectacles à la fin de leur première institution, & les Loix n’auront plus à condamner des abus qui deshonorent notre siècle, qui font gémir la Religion & la pudeur. […] Je ne puis, en finissant ce Titre, me refuser au plaisir de transcrire un trait de la Réponse de Rousseau à d’Alembert, qui souhaitoit l’établissement d’un théâtre à Genève.
Et ces farces exécrables dont en France on fait un dessert de ciguë aux représentations tragiques et sérieuses, mériteraient sans doute une sévère punition du Magistrat parce que les mauvais propos et abominables que l’on y tient ne corrompent pas seulement les bonnes mœurs et n’apprennent pas seulement au peuple des mots de gueule, des traits de gausseries et des quolibets sales et déshonnêtes mais le porte à l’Imitation des friponneries et sottises qu’il voit représenter et qui par ses yeux (lesquels sont plus vifs que l’ouïe) passent dedans son cœur. […] Mais la couronne de cet agréable divertissement a été un coup du ciel un trait du Saint Esprit.
« L’effet serait moins infaillible, si la passion était représentée dans sa difformité et avec des couleurs propres à en inspirer toute l’horreur qu’on en doit avoir : mais sous quels traits a-t-on coutume de l’offrir ? […] On n’est pas longtemps à chérir ce que l’on voit représenté avec tant d’art ; le cœur ouvert à la séduction reçoit bientôt le trait qui le blesse ; et tel qui était chaste avant d’entrer au spectacle, n’en sort point sans cesser de l’être.
Ce valet de la comédie recommande au président l’auteur qui va lire sa piéce, parce qu’il l’a servi autre fois, & qu’il en a reçu des instructions pour ses gages : se faire recommander par un valet, payer ses gages en leçons sur l’art dramatique, c’est sans doute une peinture vraie de la maniere dont les poëtes payent leurs dettes, & dont les comédiens rendent la justice distributive sur leur tribunaux ; mais ces traits sous lesquels le sieur Abbé Schrone se peint lui même, lui sont-ils bien honorables ? […] Terpsicore auroit du y paroître : M. de la Harpe avoue qu’il y a bien des scénes épisodiques, forts étrangeres, qu’il eût mieux valu rapeller les chefs-d’œuvres du héros, & les traits brillans de ses piéces ; c’est en effet le seul mérite d’un poëte, dont les mœurs & la réligion ne feront jamais l’apothéose. […] Un Etourdi, un Misantrope, un Avare, un Tartuffe, un faux Savant, un Médecin, un George Dandin, un Bourgeois Gentilhomme passent en revue, tiennent des discours, & font des actions qui les caractérisent, & donnent une idée de la piéce, dont ils sont le sujet ; ils ajoutent même des traits de la façon de l’auteur, souvent assez heureux, ce qui forme un spectacle assez varié ; comme le Facheux, la Femme d’intrigue, & tant d’autres drames à tiroir. […] Si jamais on fait une nouvelle édition de l’Avare, il faut y faire entrer parmi les traits d’Arpagon, l’annonce du projet de la statue, faite par le Kain, au nom de la troupe. […] L’Abbé Ribalier après l’avoir examinée, répondit par écrit : Que les propos des incredules étoient semés de toute part dans cette piéce, qu’on y attaquoit les vœux monastiques, qu’on y lançoit les traits les plus piquans contre un engagement aussi respectable, & que le dessein général de cette tragédie étoit de décrier plusieurs principes & maximes du Christianisme.
Enfin un dernier trait achèvera de prouver la ressemblance des Drames modernes avec les chefs-d’œuvres des Homère & des Virgile.
Les circonstances et l’appareil de la comédie, les décorations agréables et enchantées, la vue des Actrices, leurs parures, leur enjouement, leurs voix insinuantes, les airs tendres et passionnés des Acteurs, les tours délicats sur la pudeur et l’amour profane, les traits satiriques, lâchés en passant sur la vertu ; tout cela ne fait-il aucune impression sur les cœurs ?
Saint Jérôme auroit-il encore adopté plusieurs traits des Comédies de Turpilius, Poëte qui vivoit au tems de Pompée ? […] Il y a encore dans les Comédies les plus morales de Moliere, quelques traits que l’on n’approuveroit pas, comme quand Arnolphe dit à Agnès, dans l’Ecole des Femmes. […] Combien de jeunes gens, peu assidus aux Prédications les plus saintes & les plus éloquentes, ne conserveroient aucune idée des bonnes mœurs, s’ils n’étoient attirés aux Spectacles par l’appas du plaisir ; & il faut avouer que lorsqu’un trait de morale s’y rencontre, il frappe d’autant plus que l’on s’attendoit moins à l’y trouver.
Il faut le demander à ce brillant écrivain, homme d’Etat qui, d’un seul trait de plume, jugea sans appel, à mon avis, un grand personnage qui jadis fut si épris du pouvoir absolu. […] Si je réalise le projet que j’ai formé de donner aussi une biographie de Bonaparte, j’aurai soin, sans doute, que les ombres, si nécessaires à la perfection d’un tableau, y soient ménagées de manière qu’elles puissent servir à faire valoir les traits saillants qui méritent le plus grand jour. […] On peut en raconter tout à la fois des traits de clémence et de cruauté : en effet le fanatisme de la gloire les rend toujours altérés de la soif de l’or et insatiables de sang humain.
Ce n’était pas là pourtant le motif principal de mon Ouvrage ; si on le lit relativement à l’intention que j’ai eue d’annoncer de loin ce que j’avais à dire sur la Réformation, on y trouvera nombre de traits qui tendent à ce but : je m’apperçus dans le temps que personne n’y avait fait attention, et je compris qu’il fallait parler plus clairement.
A ces traits personne ne connoîtra un danseur & une danseuse. […] Il fut absous dans la pénitence ; ses larmes, ses regrets touchêrent le cœur de Dieu, sa confession obtint sa grace : à quels traits sur ce théatre, dans cette danse, reconnoîtrez-vous un pénitent ? […] Voici un trait qui les caractérise ; il ne vient pas d’une main suspecte. […] Cet exercice fût-il innocent, ne s’y mêlât-il pas des circonstances criminelles, ce qui est impossible, les excès qu’on y commet, le temps qu’on y perd, la peine qu’on y prend, l’argent qu’on y dépense, la passion avec laquelle on s’y livre, non-seulement sont des péchés, mais encore aux yeux de la raison des traits insensés & ridicules.
Elle le surprend quelquefois regardant son portrait qu'il avait conservé, et portait sur son cœur (par dévotion), le baisant, l'arrosant de ses larmes, sans jamais lui dire un mot, lui faire un signe, se laisser connaître ; et pour comble de prodige, (car tout est prodige dans l'empire de l'amour) cet amant imbécile, qui la voit, qui l'entend toujours à ses côtés, qui connaît au premier mot d'Orvigni le beau-frère de sa maîtresse, qu'il n'avait presque pas vu, ne connaît pas celle dont il avait les traits toujours présents, et qui l'avait connu au premier son de sa voix au milieu de cent autres. […] Mais aucun de ces ouvrages ne fait honneur à la religion, malgré l'écorce de quelques traits de piété qu'on y a semés, et qui ne garantissent pas mieux la sainteté de l'Ecrivain que le cilice et la cendre ne garantissent, selon lui, la vertu des Solitaires de la Trappe. […] Le cœur fait la fortune des pièces ; la vertu y trouve mille obstacles à vaincre ; le vice, d'intelligence avec lui, jouit du plus grand crédit ; la passion est toujours belle, on ne peut plaire qu'avec ses traits. […] J'alimente mon feu, il vit de mes soupirs, il brûle de mes larmes, ses traits se gravent dans mes larmes : puérilité de précieuse.
Il y a un trait contre les spectacles dans le testament de Juda, le plus distingué des enfans de Jacob, qui seul prouveroit qu’il n’est pas de celui dont il porte le nom. […] Il raconte quelques traits comiques quî ne sont pas indifférens. […] Ce petit conte est fait à plaisir, pour lancer un trait malin contre les gens d’église. […] Enchassés dans son éloge comme des traits qui le peignent, n’est-ce pas supposer que ce qu’il a fait étoit infecté de ses sentimens ? […] Cette farce rappelle le trait de la fameuse comédie des Courtisannes, qui troubla si fort la troupe des comédiennes par la vérité des portraits.
Ces traits sacrés étoient lancés avec force par d’habiles mains. […] Les traits enflammés de la rage, la pâleur & le frémissement du désespoir, qu’ils déguisoient avec tant d’art, se manifestent à vos regards. […] Non ce n’est qu’une ébauche ; ébauche toutefois trop véritable, & dont je n’ai pas dû achever les traits. […] Quelle étude pour lancer le moindre trait avec justesse ! Et combien de cœurs à la fois sont souvent blessés par un seul trait artificieusement lancé !
Aux yeux de quelques personnes qui n’y feraient point assez d’attention, cette production, à cause d’une sorte de similitude dans le titre, pourrait offrir des traits de ressemblance avec l’ouvrage du cardinal Maury, qui, en nous donnant un excellent traité de l’Eloquence de la Chaire et du Barreau b, s’est récemment acquis de nouveaux droits à la reconnaissance publique et aux faveurs de la renommée.
« La volupté nous séduit, Son poison abrutit l’âme De l’insensé qui la suit ; Les provinces ravagées Et les villes saccagées Doivent leurs maux à ses traits. » Parnasse Chrétien, tom.
Les Poètes qui ont retranché Créon de cette Tragedie n’ont pas senti de quelle importance était ce personnage, sans lequel ils ne peuvent suivre la maxime généralement embrassée et établie par les premiers Maîtres de l’art : ils prétendent, ces Maîtres (mais en ce point je ne sais si leur avis est bien sûr) ils prétendent, dis-je ; que lorsque le Héros de la Pièce doit succomber à une infortune qu’il n’a pas méritée, il faut adroitement mettre des bornes à la compassion des Spectateurs, en la diminuant par quelque trait qui donnent atteinte ou à la vertu, ou au caractère de ce personnage. […] Je changerais donc entièrement le caractère de Créuse : loin de la faire amoureuse de Jason, ce serait une fille modeste, soumise aux volontés de son père : tout au plus, je lui donnerais de l’ambition et de la vanité ; et ce serait par ces motifs qu’elle consentirait à devenir la femme d’un Héros tel que Jason ; non sans de grandes agitations, par la crainte que ce même Héros ne vint à l’abandonner un jour comme il abandonnait Médée ; enfin je lui mettrais à la bouche mille traits contre la cruauté des hommes de son temps, qui, après avoir abusé de la simplicité et de la bonne foi des filles, ont recours au divorce pour les quitter et les rendre malheureuses à jamais. […] Peut-être ai-je eu tort de l’avoir tant estimée ; et, en effet, il n’est pas impossible que les traits surprenants et les coups de Théâtre, fréquents dans cette Pièce, m’aient fait illusion ; puisque les Acteurs ne courent pas moins le risque d’être séduits, que les Spectateurs.
je vous demande pardon, je ne m’attendais pas à ce trait ; je vous suis obligé, me voilà totalement convaincu… la peste ! […] L’Histoire fournit des traits moins reculés de la bienveillance des Grands pour les Poètes & les Acteurs. […] On aurait ignoré ce trait, sans le Maréchal qui se fit un honneur de divulguer cet acte de générosité, appanage des grandes ames. […] Le talent le plus sublime ne peut illustrer une profession, si réellement elle est méprisable ; il est mille traits chez cette nation, qui prouvent l’état qu’ils font des Acteurs. […] Je ne puis m’empêcher d’epitomer une partie des traits mémorables de cette Ville, pour donner une idée de sa grandeur dans tous les têms, & des hommes illustres qu’elle a vu naître ; ce sera rappeller à ceux qui en savent l’histoire, des traits qui peut-être sont échappés à leur mémoire, & ceux qui les ignorent m’en sauront peut-être bon gré.
Les comédiens, pour marquer leur reconnoissance & leur regret par un trait de leur métier, formerent le convoi depuis le palais jusqu’au tombeau ; &, dans tout le chemin, ils jouerent réellement la comédie, en représentant toutes ses actions, en vrais pantomimes, contrefaisant sa voix, copiant ses manieres, imitant son style, couvert de l’habit impérial, comme Moliere joua Georges Dandin & Pourceaugnac avec leur habit. […] On a de lui des mots ingénieux, des traits de justice & de générosité ; mais encore plus de mauvais que de bons, de bouffonneries, de mauvaises pointes, de sarcasmes amers, qu’il se permettoit ou plutôt qu’il se plaisoit à lâcher contre tout le monde, sur-tout contre les chrétiens, qu’il n’appelloit que galiléens.
Cet Auteur éprouve le sont de ceux qui entreprenent actuellement de mettre sur la Sçène Comique des caractères qui lui sont inconnus ; ils peignent les faibles originaux de leur socièté, ou bien ils dérobent, sans s’en appercevoir, quelques traits d’un caractère qui nous est déja familier. […] Les Grecs croyaient sans doute, que les divers malheurs qu’éprouvèrent Œdipe & la maison d’Agamemnon, inspiraient plus de terreur & de surprise, qu’aucun trait d’Histoire qu’on aurait pu mettre au Théâtre.
Mais quand il se rencontrera quelques traits de Morale, ou quelques-unes de ces sentences qui expriment des vérités du Christianisme, comment ferez-vous pour lui montrer que les Poètes n’en ont eu nullement l’esprit ? […] Je veux qu’en lui montrant des peintures on lui dise les raisons pour lesquelles un trait de plus ou de moins, telle ou telle attitude change si notablement les idées des spectateurs.
Dans une année, où la main de Dieu vient de s’appesantir sur nous, en nous ôtant la récolte qui fait la principale ressource du païs : dans un tems de calamité, où nous ne devrions penser qu’à fléchir sa colére par des œuvres de pénitence, n’attirez pas par de nouveaux crimes, de nouveaux traits de vengeance.
Si les peintures immodestes ramènent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, et que pour cette raison on en condamne l’usage, parce qu’on ne les goûte jamais autant qu’une main habile l’a voulu, sans entrer dans l’esprit de l’ouvrier, et sans se mettre en quelque façon dans l’état qu’il a voulu peindre : combien plus sera-t-on touché des expressions du théâtre, où tout paraît effectif : où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion : de vraies larmes dans les acteurs, qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent : enfin de vrais mouvements, qui mettent en feu tout le parterre et toutes les loges : et tout cela, dites-vous, n’émeut qu’indirectement, et n’excite que par accident les passions ?
Moliere en offre un grand exemple ; L’auguste image de ses traits, Inspire à l’œil qui le contemple, De la tendresse & du respect. […] Un Suetone auroit fait une jolie histoire des exploits, & de la vie domestique de ces Princes & des Princesses de la même vertu : on croit que que’que malin a joué ce tour aux comediens & à Moliere, pour se moquer d’eux & de lui : quoiqu’il en soit, c’est dans cette source que l’auguste Abbé de Schrone a puisé les traits augustes de Moliere. […] Cette chanson est du moins dans l’esprit de la fête, dans le caractère du héros, j’ aime mieux Moliere, ou que j’aime mieux Moliere ; ce refrain est assurément plus convenable que tous les traits augustes, que la couronne des mœurs, que l’immensité, que l’éternité, que l’espace attendus, que l’immensité resserrée, l’aîle du tems qui plane, la demeure du sort, & tout ce fatras où l’auteur ne s’entend pas lui-même, & dont Moliere seroit bien étonné de se voir offrir le burlesque hommage : Quid dignum tanto feret hic promissor hiatu, Parturient montes, nascetur ridiculus mus. […] Que l’œil s’ouvre & petille à leurs traits indécents, Le lecteur est pour toi, tu parles à ses sens.
Tacite a là dessus un trait singulier. […] Un Auteur dramatique ressemble à celui qui parcourroit la vie des Courtisannes ou l’histoire des voleurs, & ramasseroit quelque bonne parole, quelque trait de vertu qu’il trouveroit épars dans ce bourbier, à peu près comme une poule va bequetant, & ramassant les grains qu’elle trouve dans le fumier, & de ce recueil concluroit que la société de ces voleurs & de ces courtisannes est utile, un très-bon sermon, & qu’on a tort de les condamner. […] Ce seul trait fait le procès au théatre ; il justifie les anathemes de l’Eglise. […] On s’égare dans un vaste tableau, on en saisit difficilement l’ensemble, tous les traits portent coup dans une mignature.
On n’y peut guere exposer les grandes vérités qui intéressent la nation entiere, et l’éclaireroient sur ses droits ; on n’ose y débiter que des leçons d’une morale usée et commune ; la soumission aveugle au despotisme des rois y est réduite en principes, et fortifiée par des exemples ; on y déploie toutes ces idées gothiques et chevaleresques, qui n’ont pour fondement que des préjugés, et les vertus publiques qu’on y loue le plus, sont des traits d’un courage souvent inconsidéré, ou d’un faux honneur, qui, dans les états despotiques, tient lieu de vertus7. […] Ceux qui avancent cette assertion, n’ont jamais assisté à un spectacle gratis ; les traits gais et touchans, les belles situations, y sont toujours saisis avec justesse et promptitude, et vivement applaudis. […] Si le peuple n’alloit pas à ces spectacles, leur établissement cesseroit bientôt, et ne pourroit causer aucun ombrage ; mais, loin que le peuple cherche les farces, il est certain que, dans les petits spectacles, les traits de vertu et de courage les plus exagérés, exprimés avec le plus d’emphase et d’invraisemblance, sont ceux qu’il entend avec le plus de plaisir. Les gens du monde, dégoûtés du beau, ne viennent à ces spectacles que pour ces traits dont la licence et la trivialité forcent le rire, et ce sont eux qui se plaîgnent de ce que la morale s’introduit même dans les petits spectacles, et de ce qu’elle y est ennuyeuse, tandis que le peuple témoigne sa satisfaction de la maniere la moins équivoque16.
Il est accablé d’éloges de cette espèce, où l’on glisse quelque trait contre l’Eglise en général pour les colorer d’une apparence qui les rende croyables : Ibid. p. 37. […] n’oublie pas de lancer aussi son trait contre le Clergé. […] Ni Juif, ni Gentil, ni Turc, ni Chrétien, ni Genève, ni Rome ne se dérobent à leurs traits. […] de les peindre sous des traits qui n’y ont pas le moindre rapport ?
Vos traits seront toujours hors de portée ; il n’est donc pas plus ridicule à moi d’entreprendre de le défendre, qu’à vous de l’attaquer ; et puisque je me suis mis en charge, j’entre en fonction et je commence. […] « Je dois régir en Dieu l’Univers prévenu ; Mon Empire est détruit, si l’homme est reconnu. » ch Vous me siffleriez sans doute d’avoir ajouté un trait noir de plus au caractère de Mahomet ; mais si l’Auteur et le Public m’applaudissaient, croyez-vous que je ferais beaucoup d’attention à votre mauvaise humeur ? […] [NDE] « Ainsi ils apparaîtront sous de meilleurs traits. » bq.
« Franchement, il est bon à mettre au cabinet. »df S’il faut de pareils traits à la Philosophie pour vous la rendre agréable, vous êtes fondé à regarder Alceste comme un sage, mais les autres vous regarderont vous et lui comme deux… etc. […] Si Alceste se fût contenté de dire brusquement, « Votre Sonnet ne vaut rien », son caractère y aurait perdu ces traits admirables, on n’aurait vu qu’un homme grossier, on n’aurait pas vu Alceste, et cette grande véracité que vous lui prescrivez n’est guère le propre que des rustres, des ivrognes, ou des insolents parvenus : au lieu qu’Alceste est un homme de naissance, à qui les sottises offensantes doivent coûter quelque peine à proférer. […] C’est une farce surchargée de traits si burlesques, qu’on ne pense pas à en tirer la morale qui en résulte, à savoir, que des Testateurs avares et cacochymes sont bien fous de s’imaginer que les empressements de leurs Légataires aient d’autre principe que l’intérêt de ceux-ci.
Les autres passions ne sont pas plus privilégiées que l'incontinence : qui leur a donné le droit de faire boire à longs traits dans leur coupe ? […] L'imagination du spectateur est souvent froide, engourdie, distraite ; celle de l'Auteur, communément belle, vive, cultivée, a formé ce tableau vivant, et en anime tous les traits, pour frapper les yeux et le cœur. […] Le spectacle est un délire mis en art, un temps d'ivresse où l'on avale à longs traits la liqueur enchantée, sans s'apercevoir de sa honteuse dégradation, tant la raison s'éteint dans cette coupe fatale.
Il se ligue avec tous les ennemis du bon ordre, et par l'esprit frivole qu'il donne, leur assure le plus grand succès ; légèreté qui voltige sans choix et sans discrétion, indifférence qui néglige et ne fait que glisser rapidement sur les plus grandes affaires, vivacité qui offense par mille traits piquants qui font rire aux dépens du prochain, d'autant plus cruels que le bon mot qui les aiguise en rend la plaie plus profonde, épanchement perpétuel hors de soi-même, qui regarde sa maison et son cœur comme une prison insupportable. […] Ce n'est pas moi, c'est l'Ecriture qui les peint sous ces traits : « Homo inutilis graditur ore perverso, annuit oculis, digito loquitur, terit pede. […] Voici un trait de ce Plutarque que Molière (Femmes savantes), croyait n'être bon qu'à enfermer des rabats. « Les Poètes comiques, dit-il, (comment discerner le flatteur de l'ami ?)
Ce Spectacle n’a peut-être pas eu dans la Grèce, & chez les Romains la même forme qu’il a de nos jours ; il me suffit de montrer qu’on ait pu l’accueillir du tems d’Éschyle ; qu’importe de sçavoir l’air & les traits qu’il avait alors ?
Ils avalent à longs traits ses plaisirs, et rien ne leur semble plaisant que ce qui flatte la chair et le sang qui bouillonne encore dans leurs veines.
Sur l’échafaud l’on y dresse des autels chargés de Croix et ornements Ecclésiastiques, l’on y représente des Prêtres revêtus de surplis, même aux farces impudiques, pour faire mariages de risées : L’on y lit le texte de l’Evangile en chant Ecclésiastique, pour, (par occasion,) y rencontrer un mot à plaisir qui sert au jeu : Et au surplus il n’y a farce qui ne soit orde sale et vilaine, au scandale de la jeunesse qui y assiste, laquelle avale à longs traits ce venin et poison, qui se couve en sa poitrine, et en peu de temps opère les effets, que chacun sait et voit trop fréquemment.
Impiétés trop affreuses pour n’être punies que par quelques faibles traits de ma plume ! […] Venons aux traits de bel esprit ou de bon sens qui brillent dans M. […] pétillent de ces traits ingénieux et sensés. […] Il y a encore un merveilleux trait dans sa Dédicace à M. de Montague. […] Chaque fonction de Comédien est un trait de ressemblance avec ces deux Patrons, et de dévouement à leur service.
Une circonstance remarquable par sa rareté, qui prouve combien est reconnue la vertu de ces deux filles, combien leur caractere est aimable, combien leur réputation est établie, c’est que toutes les filles de la paroisse, leurs compagnes dont plusieurs avoient concouru pour le prix, bien loin d’être jalouses, de former des plaintes, de lancer de traits malins, applaudirent à leur triomphe, les accompagnerent pendant tout le jour, vêtues de blanc, chantant leurs louanges, couronnées de myrthe, (ce qui soit dit en passant, est assez mal choisi, & peu à l’honneur du cortege, puisque le myrthe est l’arbre de Venus. […] Le dernier renferme un trait de satyre contre le siecle & semble dire la vertu, n’est plus qu’un nom dans les villes.
L’agréable lasse à la fin ; on s’ennuie bientôt des traits plaisans qui nous divertissaient. […] Plaçons encore ici quelques uns des traits de satire qu’on ne cesse de lancer contre notre Théâtre.
» Et pour se venger, il lança dans le cours de la pièce les traits les plus piquants contre César. […] C’est toujours Belphégor qui règne ; il ne forme pas à la vérité des armées bien fortes, ses traits, pris dans le carquois de l’amour, ne blessent que les cœurs, ne triomphent que de la vertu ; mais la campagne serait-elle tolérable, si on n’allait les recevoir et les lancer aux pieds d’une Actrice, où l’on trouve depuis long-temps l’innocence et la pudeur terrassées ?
Ce seul trait est une preuve de sa sagesse, et doit avoir été une source de bénédiction. […] Disons encore un mot de ce trait qu’on fait tant valoir : on le trouve dans la Police de Lamarre (Tom.
Le zèle représenté par Hercule, fait le premier trait du caractère : mais il fallait, mes Pères, que vous en fussiez bien transportés vous-mêmes pour nous faire une si étrange peinture de la Ville ou du Diocèse d’Aix, en y faisant régner l’erreur, la violence, la discorde, l’impiété, la dissimulation, la calomnie, afin de donner matière à votre Hercule d’exercer son zèle et d’employer sa massue à chasser ces vices ou à les terrasser.
Augustin, qui rapporte ce trait, de civit. […] Ces deux traits sont ordinaires. […] Ce trait est copié de Brantome, Madame de Limeuil , dit-il, étant à l’agonie, se fit jouer par son Menetrier la marche des Suisses , avec cette différence, que Madame de Limeuil mourut en entendant sa chanson, & que celle ci en guérit. […] Les Espagnols ont introduit leur théatre, & en perfectionnant la scene, ils l’ont corrompue ; ils ont aiguisé les traits des passions & servi le poison dans des coupes dorées : attaque moins bruyante, mais blessure mortelle du cœur ; comme si dans nos villages au lieu des danses tumultueuses, des exercices & des jeux fatigans des fêtes locales, on faisoit jouer des comédies, & on donnoit des bals masques ou parés pour amuser les villageois ; ce seroit porter le dernier coup à la dépravation de leurs mœurs.
L’imagination de notre Poète s’échauffe en avançant dans son travail ; et voici un trait singulier du feu qui l’anime : « Je ne serais pas plus surpris d’entendre le son subit de la trompette qui appelle au souverain Tribunal les mortels endormis, et qui les fait chercher avec précipitation où sont leurs membres. […] Juvénal n’est pas supportable dans quelques-unes de ses Satires : souvent il coule de sa plume des traits si libres que c’est encore une question ; si l’état des mœurs de Rome, ou le reproche de ces mœurs, si le siècle d’alors ou le satirique du siècle étaient plus licencieux : ce Poète prêche le vice même contre lequel il devrait invectiver, et parle moins en nourrisson des Muses qu’en partisan de la débauche. […] » Pourquoi donner ce tour impertinent à un trait de l’histoire sacrée ? […] Mais, ce n’est pas ce trait-là de Sénèque, c’est son impiété qu’imitent nos Auteurs modernes.
En voici un nouveau trait. […] Moliere se seroit bien gardé de mettre un tel homme en butte aux traits de l’humeur satyrique d’Alceste. […] Je vous avoue que je ne m’attendois pas au trait que vous lancez ici contre eux. […] Il n’y a personne qui ne reconnoisse à ce dernier trait que l’animosité, l’humeur et; l’esprit de contradiction ont été vos guides. […] Ce trait de modestie ne s’accorde pas avec tous les éloges que vous croyez mériter et; que vous vous prodiguez.
., trouvera en ce dernier trait un exemple de l’excommunication encourue par le seul fait, dont-il s’avise de contester la légitimité ; on voit une censure de cette espéce au sexte des Décrétales2.
Traits de son Eloge de Louis Racine, b, 535. […] Traits de son Oraison funebre du Maréchal du Muy, b, 510 Belloi (M. de), Evêque de Marseille. […] Beau trait de sa Lettre circulaire aux Evêques, 255. […] Trait de son Eloge par M. […] Trait de son Discours, à l’occasion du mariage de Louis XVI, b, 169 Riccoboni (Louis).
C’est là, dit Fléchier, que le démon forge des traits de feu qui enflamment la convoitise, que la mort entre par les sens. […] Louis XV, qui à ce trait, que les courtisans lui donnaient pour indubitable, ne reconnaissait pas son saint, prit le parti de lui faire écrire pour apprendre de lui ce qui en était. […] En 1838, il parut à Schaffouse une brochure, qui dépeint en traits vigoureux les pernicieux effets du théâtre moderne sur les mœurs, la Religion et le bien-être des familles.
On y reçoit des lettres, on y lit des Romans, on y donne de rendez-vous ; les adorateurs qui l’assiegent, auxquels on étale negligemment les charmes, y offrent leurs cœurs, & les brûlent à ces charmantes flammes ; on y reçoit des faveurs, on y prend des libertés, auxquelles l’état où l’on se montre invite, & qu’il facilite, en faisant semblant de refuser ; on loue, on admire, on éleve jusqu’aux cieux la beauté, les graces, les talens, les succès Dramatiques de la nouvelle Thalie, on avale à longs traits, on est ennyvré de la fumée de tant d’encens ; c’est un Ministre qui donne audience, c’est un Roi sur son Trône, qui reçoit des hommages, c’est une Déesse élevée sur l’Autel, à qui l’on rend un culte religieux, à quoi pense donc l’indiscret Daillion, d’abréger des momens délicieux, qu’on ne sauroit faire trop durer. […] Cette religion y subsiste encore sans altération, Barclai en composa une apologie ; en voici un trait fort singulier. […] C’est pour une femme un grand sacrifice, ses cheveux sont un de ses plus chers ornements ; la punition la plus sensible d’une femme adultere, usitée chez plusieurs nations, c’est de la raser ; & la premiere démarche d’une personne qui se consacre à Dieu, dans l’état réligieux, c’est de couper les cheveux : le même objet sert ainsi à punir le crime qu’il avoit engagé à commettre, & à pratiquer la vertu, à qui il faisoit courir bien des risques ; on peut à ces traits distinguer les personnes vertueuses de celles dont la vertu est équivoque, le soin, la parure des cheveux étant l’enseigne du vice & de la vertu.
Voici un trait vrai qui lui échappe & le démontre : La chûte de l’Empire Romain, préparée peut-être par le théatre, n’a-t-elle pas bien vengé les bonnes mœurs ? […] La régularité, l’austérité des Actrices, des ordres tout-puissans qui s’opèrent subitement ; les Grands à ces traits sont vraiment des Dieux. […] Il se plaignit beaucoup de la violence qu’on lui faisoit, & lança des traits piquans contre César.
En voici des traits. […] Voici quelques traits du plaidoyer de cet éloquent Avocat. […] Les comédies de Plaute et de Térence sont pleines de ces traits, toujours les verges à quelque esclave.
Qu’on juge par ces traits des saintes assemblées du théâtre. […] 18.) ; mais presque à chaque article il lance quelque trait contre le théâtre, et recommande vivement de s’en éloigner. […] Son ouvrage est excellent, très bien écrit, plein d’érudition et de bonne morale, de beaux endroits des Auteurs de toute espèce, des traits d’histoire bien choisis, etc.
Les grands du monde y vont avaler le poison à longs traits. […] Cette bête sur laquelle elle est montée, est le théâtre, sur lequel pompeusement étalée elle donne ses lois, lance le feu de ses regards et les traits perçants de la lubricité de ses gestes, et enlève par les sons harmonieux de sa voix.
Des traits de lumiere qui perçoient, de tems en tems, ce cahos informe, & le desir de mériter un applaudissement plus flatteur, découvrirent une route, où le talent pût entrer sans rougir.
10 Il est une autre classe de Spectateurs sur lesquels l’amour semble avoir épuisé tous ses traits.
Il n’y a, Messieurs, aucune de ces Piéces où il n’y ait du venin ; nous oserions même vous assurer qu’à chaque page, pour ainsi dire, il a des propos indécens, ou des erreurs, ou des impiétés : j’en citerai seulement quelques traits.
Mais quand je le vois reparaître sous une autre forme, son ton, ses traits & sa voix, qu’il m’est facile de reconnaitre, me découvrent le Comédien, par ce qu’il n’est pas naturel qu’on se métamorphose dans le monde en une autre personne.
Cependant, au travers de ces taches, on voit briller dans l’un et dans l’autre des traits éclatants de lumière qui ont pour objet la correction des mœurs.
Ariste, de son côté, débite quelques traits honorables pour les femmes ; mais on ne tarde pas à lui faire dessiner & sancier* la conduite d’une franche Coquette, que personne ne voudrait avoir pour femme ou pour fille. […] Ces traits affreux du Tableau, qui représentent un Fils, qui tue son Père, épouse sa Mère, & se trouve le père de ses Enfans ; un Brigand favorisé de la fortune, qui trompe un Fils & lui fait égorger son propre Père ; un Frère dénaturé, qui fait boire à son Frère le sang… ces traits feront toujours frissonner le Peuple le plus doux & le plus humain qui soit sur la terre : mais les Drames qui les lui retracent, ne les lui font pas connaître ; il a vu ces traits dans la Fable & dans l’Histoire : si donc la Tragédie les lui peint abominables, ces peintures lui sont utiles, parce que ce Peuple, un jour, malgré sa douceur, pourrait tomber dans ces forfaits, & n’en sentir toute l’horreur, qu’après les avoir commis : la Tragédie l’instruit aux dépens des siècles passés, pour le préserver du malheur de l’être jamais aux siens. […] Vous étiez présente, ma sœur, lorsqu’on a raconté ce trait. […] L’Auteur qui rapporte ce trait (Jean Villani, liv. […] [Ajoutez à ce trait celui d’Angérone, déesse de la Peine, toujours placée sur le même autel, à côté de l’image du Plaisir : quelle leçon !]
86,) avec beaucoup d’application & d’exactitude, qui ait trait à la Comédie, hors une interdiction vague aux Clercs de s’y produire, comme Acteurs, & de représenter dans les Eglises. […] Ce trait prouve qu’il n’est point au fait du langage des Canons, je le renvoye aux élemens de la Théologie.
Qu’il considère combien la Calomnie est préjudiciable à la réputation des hommes, et comme elle opprime la vertu des plus justes actions, que sa rigueur a troublé les plus grands des siècles passés, qu’elle a décoché ses traits contre les plus vertueux, qu’elle a été le fusil de la division des choses, qu’elle a ruiné l’harmonie de l’amitié des hommes, qu’elle a pris l’innocence à partie, qu’elle a essayé de corrompre toute la terre, bref qu’elle n’a rien exempté du joug de son pouvoir, puisque Dieu même a subi la force de sa tyrannie ; par le blasphème des Juifs, qui l’appelaient séducteur, corrupteur des lois, ennemi de l’Etat, un séditieux, un larron, et autres impiétés opposées diamétralement à l’éclat de ses belles vertus. […] Amant où sa plume n’ait tiré quelque trait d’invective, pour forger des armes contre les plaisirs de la vie ; Et immoler la Comédie sur l’autel de sa passion.
.), rapporte un trait singulier d’après Evagre (Histor. […] Ce trait ne vient pas d’une main suspecte à Thalie, c’est le Jésuite l’Empereur qui le rapporte dans la vie de M.
Il a cru dire un bon mot dans l’antithèse « des tragédies qui font rire, et des comédies qui font pleurer », et lancer un trait de satyre contre « le comique larmoyant » de Nivelle. […] Lucien dans ses dialogues est plein de traits mordants, mais trop justes, contre tous les Officiers de Thalie.
Dans un nouveau voyage d’Italie, amusant par ses Anecdotes, dont je ne garentis pas la vérité, on trouve des traits réjouissans sur le théatre ; un Ecclésiastique est l’entrepreneur de l’opéra de Florence, un autre à une salle d’escrime, où il enseigne à faire des armes. […] J’obtins une place à force de crédit, je comptai dès-lors ma fortune assurée ; nous sommes sur le théatre ce que les fermiers-généraux sont dans les finances, la plupart commencent avec rien, nous commençons de même ; ils s’intéressent dans plus d’une affaire, nous n’avons jamais assez d’une intrigue ; ils doivent l’alliance des grands à leurs richesses, nous la devons à nos appas ; ils sacrifient leurs amis à l’intérêt, nous lui sacrifions nos amans ; un trait de plume leur vaut 100000 livres, une faveur accordée nous en vaut quelquefois d’avantage ; ils font des traités captieux, les notres sont équivoques ; le goût du plaisir nous mene à la prodigalité, le faste les rend dissipateurs : deux choses nous différencient, ils s’endurcissent pour thésauriser, nous nous attendrissons pour nous enrichir ; ceux qu’ils ruinent les maudissent, ceux que nous ruinons nous adorent. […] La ville de Verone dont il a écrit au long l’histoire, idolâtroit son citoyen, entr’autre hommage, elle lui dressa une statue avec cette inscription simple, mais profonde, au Marquis Maffei vivant, elle est dans le goût de celle que Montpellier dressa au feu Roi, à Louis XIV après sa mort ; l’une & l’autre idée est également vive, la flatterie ne loue guere après la mort un Prince qu’on n’a plus intérêt de ménager, l’envie ne souffre guere qu’on loue pendant la vie un grand homme qui peut effacer ses rivaux, la vérité seule dicte ces éloges, Maffei eut la modestie de faire ôter la statue de la salle de l’Académie où on l’avoit placée, & où on la remise après sa mort, ce trait lui fait honneur, on doit, dit-on, en ériger une à Voltaire dans la salle du spectacle, avec la même inscription à Voltaire vivant, je doute qu’il la refuse, il y a même bien de l’apparence qu’il a mis une bonne somme dans la souscription que ses amis ont ouverte pour fournir aux frais.
L’Auteur de la nature a distingué la vertu d’avec le vice par des traits si marqués, qu’il est facile d’en reconnaître la différence dans les conjonctures qui sont de quelque importance pour nous. […] Lusitèle, autre jeune homme de naissance, s’exhorte et s’encourage contre le dérèglement : son entretien avec Philton est très moral et parfaitement bien ménagé : ensuite il lance des traits piquants et pleins de feu contre le libertinage. […] » Le trait est digne d’un homme sans façon.
Quand les plus célébres Poëtes ont médité les principes de l’art toute leur vie ; quand ils ont passé les jours & les nuits à consulter les Anciens, à se nourrir des beautés de leurs ouvrages ; quand ils ont puisé les plus grands traits de leurs Poëmes dans ces sources ; quand après des refléxions profondes, des veilles opiniâtres, & avec un génie brillant, ils se sont à peine crus en état de porter ce noble fardeau, & n’ont proposé leurs découvertes qu’avec modestie, & que comme des doutes ; nous verrons des enfans sans principes, sans connoissances, s’abandonner à une yvresse aveugle, & se croire supérieurs à tout ce qu’exige le Théatre ?
Combien de grands traits, de beautés se sont présentés à la plume, que la crainte que le Comédien ne les rejettât, ou qu’il ne développassent pas son mérite à son gré, a fait sacrifier !
Thomas qui rapporte ce dernier trait, entre volontiers dans l’idée de Saint Chrysostome, il juge les Spectacles3 vicieux par le scandale qu’ils donnent ; on y reçoit des leçons de cruauté & d’incontinence.
Quelle doctrine pour la jeunesse en ce trait du malade imaginaire !
Martial a beau exagerer celle qu’il fit dans l’Amphitreatre : Les plus hardis traits, & les plus notables efforts ne passerent point ce qui a esté dit de Tite.
Toutefois sans débattre d’avantage du mot, et laissant arrière les divers motifs de ces « drôles » comédiensn, représentons quelques traits de leur jeu et de ce qui s’en ensuivit.
[NDA] On pourrait répondre que ces avantages se trouvent, pour la plus grande partie, dans les Pièces comiques du Théâtre Français, surtout dans les Pièces de caractère ; mais, en supposant même que ces caractères soient traités d’une manière propre à la correction des mœurs, il sera toujours vrai de dire, par les raisons que nous avons déjà expliquées dans le premier Chapitre de cet ouvrage, que ces mêmes Pièces sont ternies et en quelque sorte dégradées par mille traits de licence et de corruption ; en sorte que, si elles contiennent quelque instruction, elles renferment infiniment plus de mauvais principes et de dangereux exemples.
Ce n’est pas dans la solitude que la vertu fait briller ses traits les plus forts ; c’est un feu dont la rapidité s’accelere par la communication générale. […] Le ridicule les surprend : leur amour propre est étonné de leur propre difformité ; ils n’étoient pas en garde contre ce trait inattendu : le mépris & l’indignation les auroient révoltés. […] C’est en leur faveur qu’elle doit réunir ses traits les plus vifs, pour les préserver des excès auxquels ils peuvent s’emporter. […] Il est redoutable au crime dont il démasque la difformité ; il est avantageux à la vertu, en réunissant sous le point de vûe les plus précis les traits qui la rendent aimable.
Nos yeux impriment dans nos cœurs Les traits du Dieu que l’on adore. […] Non, toujours les mêmes, les accens de ta voix plus qu’humaine, nous ravissoient toujours : mais le charme de nos oreilles ne nous empêchoit pas d’appercevoir en toi les traits d’une ame naturellement Chrétienne, qui voudroit n’avoir plus qu’à publier les miséricordes du Très-haut . […] Qu’opposes-tu, siecle fécond en ressources, bonnes ou mauvaises, réelles & prétendues ; qu’opposes-tu à ces vrais armés des traits de l’eloquence ? […] qui appartenant à la politique, à la morale & à la Religion Catholique, ont toujours été, sont & seront toujours l’objet de ma persuasion & de ma croyance , que n’ai-je pu écrire de mon sang les paroles que j’ai empruntées d’eux, & qui comme autant de traits de feu, me pénètrent (p. 24.) […] J’Ai trop cité l’Article Geneve de l’Encyclopédie pour pouvoir me dissimuler de l’avoir lû dans son entier : encore moins puis-je m’empêcher de désavouer un trait d’autant plus deshonorant pour la Nation, qu’il part d’une main qui d’ailleurs l’honore davantage : le voici. » Le Traitant qui insulte à l’indigence publique & qui s’en nourrit, le Courtisan qui rampe & qui ne paye point ses dettes ; voilà l’espéce d’hommes que nous honorons le plus.
Aux agrémens, aux traits naïfs & piquans, au ton de décence & de vérité, qui n’agueres caractérisaient leurs Ouvrages & en faisaient la fortune, ils ont substitué les misérables calembours, la plate bouffonnerie, l’obscénité révoltante, amorce perfide dont on avait jusqu’alors ignoré l’usage, & si qui, contre leur attente, peut-être, eut la réussite la plus complette. […] Ces caracteres si vrais, & si bien développés, ces traits si bien prononcés, si finement exprimés, ces bons mots, ces plaisanteries si délicates, si heureusement placées, ces plans vastes & sublimes, ces intrigues filées avec tant d’art, conduites avec tant d’adresse jusqu’au dénouement, toutes ces merveilles de l’Art sont presqu’oubliées pour l’Avocat Savetier, Madame Tintamare, Jacquot parvenu, & sur tout, les Battus payent l’amende 10. […] Mais est-ce à ces traits que vous reconnaîtrez les enfans de nos Bourgeois qui hantent les Trétaux ? […] Entrez, pourrait-on leur dire, entrez dans la carriere, quoique semée des lauriers d’une homme inimitable ; paraissez sur la scene, mais avec des traits redoutables au vice. […] Les Enfans sans souci pousserent l’insolence au point de jouer le bon Roi Louis XII, sur leurs Trétaux ; & ce qu’il y a de plus étonnant, sans doute, c’est que ce Prince, qui assista à une représentation de la Piece, n’est témoigna aucune humeur, aucun mécontentement : c’est par ces sarcasmes que le Peuple se vengeait des Grands de l’Etat, & la main qui lançait ces traits piquans restait souvent cachée.
Nous allons en consigner ici quelques traits ; ils sont tirés de différentes Pieces de Poésies insérées dans le Recueil de l’Académie Françoise, de l’année 1671. […] Ramire y joint encore de ces grands traits d’éloquence qui ont signalé le zele des Basile & des Chrysostôme. […] Nous avons déjà rapporté127 quelques traits de cette Lettre, & nous aurons occasion d’en citer d’autres. […] « L’Auteur de la nature a distingué la vertu d’avec le vice par des traits si marqués, qu’il est facile d’en reconnoître la différence dans les conjonctures qui sont de quelque importance pour nous. […] On rentre chez soi avec un cœur blessé, qui porte encore le trait empoisonné.
On y voit la passion la plus généralement répandue et la plus à craindre s’élever sur les ruines de toutes les vertus, dominer dans presque tous les cœurs et fonder les principaux intérêts ; on y voit les faiblesses et les crimes qu’elle traîne à sa suite, déguisés, palliés par les tours ingénieux d’une morale aussi fausse que séduisante, justifiés, autorisés par de grands exemples, ou présentés sous des traits qui les font paraître plus dignes de compassion que de censure et de haine ; on y apprend à nouer les intrigues d’amour ou à en parler le langage, à en adopter les prétextes ou en répéter les excuses ; on y voit les autres passions les plus ardentes et les plus dangereuses, ces passions qui sont les secrets mobiles du cœur humain et qui enfantent tous nos malheurs, l’orgueil, l’esprit de domination, le ressentiment des injures prendre un air de noblesse et d’élévation qui semble les rapprocher de la grandeur d’âme et du vrai courage. […] Ayant à plaire au public, il a consulté le goût le plus général de ceux qui le composent ; sur ce goût il s’est formé un modèle, et sur ce modèle un tableau des défauts contraires, dans lesquels il a pris ces caractères comiques, et dont il a distribué les divers traits dans ses pièces.