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216. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Mais indépendamment de ces raisons générales de sagesse, ceux-mêmesj qui voudraient le plus accorder à tout le monde la lecture des Ecritures, doivent convenir qu’elle n’est pas faite pour le théâtre ; que c’est la défigurer, l’avilir, la déshonorer ; que bien loin d’en faire la nourriture de l’âme fidèle, on en fait l’amusement de la frivolité, souvent du vice et de l’impiété ; qu’au lieu de servir à la sanctification des fêtes, elle en devient la profanation ; que les Pères, en conseillant cette lecture aux âmes bien disposées, n’ont jamais entendu qu’on dût la livrer au parterre, la couper en actes, la cisailler en scènes, la travestir en comédies, la faire jouer par des hommes et des femmes sans mœurs, avec des habits, des gestes, des discours pleins de mollesse et de dissolution. […] Pour une pareille raison, malgré le grand nom de Corneille, et de grandes beautés, Théodore, vierge et martyre, n’eut aucun succès, et ne s’est jamais relevée de sa chute. […] Les Pères et les interprètes donnent plusieurs raisons de la conduite de Jésus-Christ et de S. […] Quand les Comédiens voulurent la donner, elle tomba dès la première représentation, parce qu’elle fut jouée par des Actrices qui n’étaient pas faites pour elle : Rectos decet collaudatio. » Voltaire, qui déprécie mal à propos cette pièce, et Racine le fils, qui la loue beaucoup, donnent d’autres raisons de sa chute, qui peuvent y avoir contribué. […] La comédie, qui ne cherche qu’à s’amuser de dévotion, comme de tout le reste, est demeurée en possession de ce chef-d’œuvre, non par piété, ce qui lui est fort indifférent, mais parce que le public, qui l’admire avec raison, y apporte de l’argent.

217. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

C’est un homme sage, un eleve de Fenelon, qui parle toujours raison, religion & vertu. […] En voici deux raisons. […] Hamilton avoit une raison personnelle de haïr le Théatre. […]             La rime en est à l’agonie,             Et la raison au desespoir. […] S. on leur faisoit l’affront de leur distribuer des rôles subalternes, ils les dédaigneroient avec raison, & la piece iroit mal.

218. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Christine avoit raison de dédaigner ce frivole encens, c’étoit pour elle une ironie, elle n’avoit ni dans le corps ni dans l’esprit ces grâces qui attirent les hommes, elle avoit pris sagement le parti de ne pas accepter des hommages qu’elle sentoit ne pas meriter. […] Quand la Reine vint à l’Académie, elle fut fort, étonnée de ne pas l’y voir, & en demanda la raison ; on lui apprit que la requête des Dictionnaires, ouvrage ingénieux, mais très-mordant, lui avoit fait des ennemis dans ce Corps où la faveur forme le scrutin plus que le mérite. […] Annat Jésuite, Confesseur du Roi, alla lui en faire des excuses ; elle lui dit d’un ton moqueur avec sa brusquerie ordinaire : Je serois fachée de vous avoir pour ennemis, sachant vos forces, j’aimerois mieux avoir quetelle avec un Prince Souverain qu’avec vous ; par cette raison je veux bien être satisfaite, mais je vous assure qu’en cas de confession & de comédie, je ne vous choisirai jamais. […] Des raisons de politique peuvent autoriser à se taire, à différer l’éclat d’une abjuration, & à ne pas faire des actes extérieurs de la Religion qu’on veut embrasser ; mais aucune raison n’autorise à faire des actes positifs contraires de la Religion qu’on croit fausse. […] Voilà les puissantes raisons qui m’empêchent de me réjouir de cette prétendue extirpation de l’hérésie, je ne comprends pas ce zèle & cette politique qui me passent, & je suis ravie de ne la comprendre pas.

219. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Ignorance humaine, combien fais-tu valoir tes vaines raisons ; surtout lorsqu’il s’agit de la perte de quelque plaisir ! […] La raison de cette ignorance est, qu’en ne connaissant Dieu qu’imparfaitement, on ne saurait distinguer sa volonté d’avec l’intention de son adversaire. […] En effet, s’il a donné le nom d’assemblée à une petite multitude de Juifs ; à combien plus forte raison ne doit-on pas appeler de ce nom ces prodigieuses assemblées de païens ? […] comme certains esprits ne se rendraient qu’avec peine à ces vérités, tâchons de les convaincre par d’autres raisons. […] C’est avec raison, dit-il, que je m’en suis saisi : je l’ai trouvée chez moi.

220. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

Cyprien qui parlent de la scène payenne, & qui la condamnent par les mêmes raisons que nous employons contre la moderne, malgré sa prétendue réforme. […] N’a-t-il pas bonne grace de dire que jusqu’à lui on n’avoit fait du spectacle que de foibles apologies, que personne n’avoit exposé les raisons avec soin ? […] L’Etat souffre le mal pour des raisons que je respecte. […] Tout cela porte à faux ; Gresset étoit applaudi & méritoit de l’être, & le dépit de se voir condamné par un Auteur célèbre, qu’on ne peut accuser d’ignorance ni de foiblesse, n’ôte rien à la solidité de ses raisons & à la vérité de sa morale. […] Au défaut de raisons solides, j’appelois à mon secours tous les grands & frêles raisonnemens des apologistes du théatre.

221. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Ces nouvelles Satyres, furent nommées par cette raison Exodia, d’un mot Grec qui signifie fin, & furent associées aux Piéces nommées Atellanes, d’Atella Ville de Toscane. […] Quelle dépense pour un Edifice qui devoit être détruit trois mois après, & que Pline appelle par cette raison, Theatrum temporarium ! […] Que de raisons devoient animer les Poëtes a travailler pour le Théâtre ! […] Ce jugement nous étonne, parce que nous sommes accoutumés à mettre Plaute & Terence au nombre des excellens Poëtes ; je dirai bientôt la raison qui a fait parler ainsi Quintilien. […] Horace a sans doute raison dans sa seconde critique ; mais comment le défaut qu’il trouve dans les modes de Plaute, pourroit-il nous frapper aujourd’hui, puisque du tems même d’Horace tout Romain n’étoit pas bon Juge de cette partie de la Poësie ?

222. (1666) Réponse à la lettre adressée à l'auteur des Hérésies Imaginaires « Ce I. avril 1666. » pp. 1-12

Mais vous avez vos raisons. […] C'est une grande faute de jugement, que de demander partout le même caractère et le même air : et c’est avec beaucoup de raison que l’auteur des Hérésies imaginaires, bien loin de « vouloir attraper ce genre d’écrire », comme vous lui reprochez à perte de vue, a pris une manière plus grave et plus sérieuse. […] D'ailleurs, je crois qu’on aurait de la peine à vous faire entendre raison sur le sujet de l’auteur des Hérésies imaginaires. […] Croyez-vous que la lecture de leurs ouvrages soit fort propre à faire mourir en nous le vieil homme, à éteindre les passions, et à les soumettre à la raison ? […] Jésuites, intitulé la Déroute et la confusion des Jansénistes, ou Triomphe de Molina, Jésuite, sur saint Augustin : poème en vers libres de Le Maistre de Sacy (1654) ; Les Chamillardes : trois lettres « À Monsieur Chamillard, docteur de Sorbonne, sur sa Réponse aux raisons que proposent les religieuses de Port-Royal contre la signature du Formulaire », parues anonymement en 1665, attribuées à Barbier d’Aucour ; Onguent pour la brûlure, ou le secret pour empêcher les Jésuites de brûler les livres : poème de Barbier d’Aucour (1664).

223. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

C’est pourquoi ce qui fera preuve par rapport à Moliere, le fera à plus forte raison, par rapport aux autres Auteurs comiques qui l’ont tous pris pour leur modele. […] Un misanthrope blâmera sans raison les défauts des hommes, & n’aura point d’idée juste des vertus contraires aux défauts qu’il censure ; sans cela même il ne seroit plus misanthrope ; & bien loin de fuir les hommes méchans, il resteroit parmi eux pour les faire rentrer dans le chemin de la vertu. […] Rien en cela que de naturel : dira-t-on que quelques propos bizarres d’Alceste forment le fond du caractere du misanthrope, tels que ceux-ci : « J’ai un procès, je crois avoir raison, je voudrois pour la beauté du fait perdre ma cause… » & celui-ci, « Votre sonnet ne vaut rien, j’aime bien mieux la chanson, si le Roi m’avoit donné Paris sa grand’ville, &c.. » & cet autre, lorsqu’il est près d’être conduit chez les Maréchaux de France, pour l’injure qu’Oronte le faiseur du sonnet, prétendoit avoir reçue de lui : « Je n’en démordrai point, les vers sont exécrables ; » & plusieurs autres endroits de même nature que je pourrois citer ; croira-t-on, dis-je, que quelques petits ridicules prêtés à Alceste, soit dans ses manieres, soit dans ses paroles, donnent beaucoup d’éloignement pour son caractere ?

224. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Si cet abus a fait des progrès, c’est aux Savans à le déraciner ; c’est à eux à ramener leurs concitoyens aux vrais principes, au bon goût & à la raison. […] On ne la communique à ses amis que pour jouir de leurs applaudissemens ; si par hasard on fait quelques observations sur les caractères des personnages, on a toujours eu de bonnes raisons pour les leur donner ainsi. […] N’est-ce pas là la raison qui rend nos Auteurs si ennemis du travail & de l’étude ?

225. (1825) Des comédiens et du clergé « Table des matières, contenues dans ce volume. » pp. 409-427

. ; ils ne doivent avoir avec eux aucune, mais aucune femme, ni servante, pag. 347, 348 et 350 ; on en donne la raison plausible, pag. 351 et 352 ; les prêtres qui faussent leurs serments envers les souverains et qui attentent à leur vie sont anathématisés par les conciles, pag. 331 ; Henri III reproche au clergé de France de l’avoir fait assassiner, pag. 333* et suiv. […]   Femmes ; aucunes femmes, ni servantes ne doivent habiter dans les presbytères, avec les prêtres ou curés, pag. 347, 348 et 350 ; on en donne la raison plausible, pag. 351 et 352. […] Servante ; aucune servante ou femme ne peut habiter dans un presbytère, avec les prêtres ou curés, pag. 347, 348 et 350 ; on en donne les raisons plausibles, pag. 351, 352.

226. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

Lise a raison ; son tein soutient mal le grand jour : Mais B***, M***, mais d’E***, dont l’amour Arrondit l’embonpoint, et calqua la figure, Sur le moule piquant des Grâces d’Epicure ; Sont faites pour orner ce superbe jardin, Qu’au siècle des Beaux-Arts un compas à la main, Le Nôtre dessina pour décorer le Louvre. […] A sa main jadis rude, aujourd’hui satinée, Pour de bonnes raisons si souvent savonnée : A son air, à son geste, à ce regard mutin, A ce joli sourire, à cet air libertin, Sous un nom emprunté je reconnais Victoire, Elève d’un Couvent d’une illustre mémoire, Des bras de la Paris un Abbé l’enleva ; Au faîte des grandeurs un Comte l’éleva ; De Varenne parée en pompeux équipage, Du luxe de nos jours fut la brillante image : De même que l’insecte une fois papillon, Ne jouit qu’un instant de sa belle saison, En un jour élevée, en un moment déchue, On la verra bientôt barboter dans la rue. […]  Le soir chez mes amis devenu Parasite, J’entendrai Darnoncourt pénitent Sybarite, Regrettant les erreurs de sa belle saison, Peindre l’art de jouir en prêchant la Raison ; Et nouveau Sectateur des Lois de la Nature, Prétendre en fait d’amour, quoiqu’en dise Epicure ; Que l’instant qu’on oppose aux plus pressants désirs, Mûrit la jouissance, et triple les plaisirs.

227. (1865) Mémoires de l’abbé Le Gendre pp. 189-194

Le oui et le non ont des raisons si apparentes que je n’ai garde de décider. […] Ces raisons sont fortes ; cependant, comme elles ne sont pas sans réplique, M. l’archevêque, aussi fin que les jésuites qui cherchaient à l’embarrasser, ne voulant s’exposer ni aux railleries des gens du monde, ni aux reproches des dévots, trouva un tempérament qui fut de ne point condamner la lettre, mais de punir le théatin qui en était l’auteur.

228. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

C’est peut-être par cette raison que les citations des Anciens, en matière de Théâtre, ont jeté les Commentateurs dans une confusion terrible. […] En un mot, si la politique des Gouvernements de toute l’Europe s’oppose à la suppression du Théâtre par de bonnes raisons, je n’en entrevois aucunes qui doivent empêcher qu’on ne donne généralement les mains à une bonne réformation.

229. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

A toutes les raisons données à l’appui de mon opinion, je puis en ajouter encore une plus décisive ; celle que toutes les vertus qui ont été mises notamment sous la sauvegarde et protection de l’art dramatique, ont été les plus persécutées, et ont le plus perdu ; je n’en vois pas une clairement qui y ait gagné, et je vois très-bien, au contraire, que les plus ingénieusement défendues, que les mieux prêchées ou vengées sur la scène, sont les plus généralement abandonnées dans le monde ; je vois qu’on n’a fait qu’aiguiser les traits de toutes les passions contre elles, ou contre ceux qui les pratiquaient. […] Et même, les plus ardents de ces privilégiés le voyaient ainsi long-temps avant que la révolution n’eût blessé leurs intérêts particuliers, par une influence philosophique qu’ils rendent comptable, pour cette raison, de tous les dommages et de tous les désordres passés et à venir. […] Dans l’intervalle qui nous sépare de l’époque de cette déclaration, qui serait très-certainement mieux accueillie aujourd’hui qu’alors, de bons publicistes, académiciens, et même religieux, ont soutenu avec raison, contre l’avis de quelques autres, que les lois sévères indispensables à cet effet pouvaient être exécutées au théâtre comme à la ville. […] Une pareille conduite, que je veux bien croire néanmoins l’effet de l’imprévoyance ou de l’erreur dans les cas présents, n’est-elle pas souvent une suite de cette manie effrénée dont j’ai parlé, qui porte les hommes qui en sont possédés à tourner en ridicule leurs concitoyens, quelqu’attitude qu’ils prennent, à les tourmenter sans fruit, en les livrant sans raison à la dérision, au mépris et à la haine les uns des autres, et à troubler ainsi le bonheur commun ? […] J’engage les lecteurs qui ne sentiraient pas assez la faiblesse des raisons par lesquelles on veut prouver que les auteurs ne font pas cause commune ici avec les acteurs, à se rappeler les discussions et les dernières lois sur la liberté de la presse.

230. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Mais ces plaisirs ne dégénèrent-ils pas en désordres, et l’usage immodéré du vin ne trouble-t-il pas, n’altère-t-il pas la raison que Dieu a donnée à l’homme pour le distinguer des autres créatures qu’il a soumises à son empire ?… Sans doute, mes frères, vous ne supposez pas que, flatteur du peuple, je veuille excuser ses plaisirs en ce qu’ils pourraient avoir de condamnable et de contraire aux lois de la décence et de la raison. […] Oui, mes chers auditeurs, il y a autant de distance entre le sommeil, ou plutôt l’assoupissement momentané de la raison, et la sale et dégoûtante ivrognerie, qu’entre la volupté que l’on goûte au sein d’un heureux ménage, et l’infâme débauche ; qu’entre les vertus et la bienfaisance de notre Fénelon, de notre Vincent-de-Paul, et l’atroce charité d’un Saint-Dominique et de ses disciples. […] Ainsi donc, riches, renoncez à vos festins sensuels, à vos réunions corruptrices… Princes : pourquoi ces fêtes brillantes dans lesquelles les femmes disputent entre elles de grâce, d’élégance, de toilettes et peut-être de coquetterie, fêtes qui ne sont autre chose que les pompes du démon auxquelles les chrétiens ont renoncé à leur baptême… C’est en vain que vous allégueriez la raison politique, la raison d’Etat qui vous force à protéger, autant qu’il peut dépendre de vous, tous les arts et toutes les industries qui font fleurir une nation ; c’est en vain que vous prouveriez que ces fêtes ont pour résultat de faire circuler dans toutes les veines du corps social l’argent qui en est le sang, pour le faire parvenir de mains en mains jusqu’à celles du pauvre. […] [NDE] L’empereur Constantin Ier, converti au christianisme, a fait mettre à mort son fils Crispus et sa femme Fausta pour des raisons assez obscures.

231. (1825) Des comédiens et du clergé « Préface. » p. 

Ne préjugez point du titre de cet ouvrage ; lisez-le d’un bout à l’autre, et ouvrez votre âme à la vérité ; la conviction est fille de la raison.

232. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

Il est donc certain que les Anciens auraient fait quitter la masque à tous leurs Comédiens, sans une raison bien forte qui les en empêchait : c’est que leurs Théâtres étant très-vastes & sans voûtes ni couverture solide, les Comédiens tiraient un grand service du masque, qui (outre les usages qu’on a vus) était encore fait de manière à servir de porte-voix, & leur donnait moyen de se faire entendre de tous les Spectateurs, quand d’un autre côté ce masque leur fesait perdre peu de chose. […] Concluons que les Anciens avaient les Masques qui convenaient le mieux à leurs Théâtres, & qu’ils ne pouvaient pas se dispenser d’en faire porter à leurs Acteurs, quoique nous ayions raison à notre tour de faire jouer nos Acteurs à visage découvert.

233. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

C’est de quoi je ne tombe pas d’accord, et pour produire la pièce qui a reçu le plus de louanges et qui a été l’admiration de toute la France ; N’est-il pas vrai que Chimène exprime mieux son amour que sa piété, que son inclination est plus éloquente que sa raison, qu’elle excuse mieux le parricide qu’elle ne le condamne, que sous ce désir de vengeance qu’elle découvre, on y remarque aisément une autre passion qui la retient, et qu’elle paraît incomparablement plus amoureuse qu’irritée ? […] C’est pourquoi je détournerai toujours les Chrétiens de la Comédie ; Je leur conseillerai d’éviter un écueil qui étant plus dangereux qu’agréable, fait faire souvent un triste naufrage à la Chasteté : Et me retranchant dans la raison de S.

234. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

L'on devrait, avant que de répondre à ces gens-là, leur enseigner ce que c’est que les ouvrages qu’ils veulent reprendre, et l’on devrait par cette même raison apprendre à l’auteur de ces Observations ce que c’est que le théâtre, avant que lui faire aucune réplique. […] Je sais bien que si les vrais et faux dévots paraissent ensemble, que s’ils avaient un même habit et un même collet et qu’ils ne parlassent point, on aurait raison de dire qu’ils se ressemblent ; c’est là justement où ils ont une même apparence. […] Voilà un hypocrite. » Il est impossible de s’y tromper, et si je ne craignais d’être trop long et de vous ennuyer par des raisons que vous devez mieux savoir que moi, je parlerais encore longtemps sur cette matière.

235. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Ici toute autre raison manque hors celle qui se tire de la nature des choses. […] Mais on pourrait trouver aisément les raisons de cette exception. 1°.  […] Dans tout autre temps on n’aurait pas besoin de le demander ; mais dans ce siècle, où règnent si fièrement les préjugés et l’erreur sous le nom de philosophie, les hommes, abrutis par leur vain savoir, ont fermé leur esprit à la voix de la raison, et leur cœur à celle de la nature.

236. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Ils me diront ces raisons, et d’autres encore, et j’en serai fâché pour vous, car votre belle humeur tient à peu de chose, la moindre mortification la suspendra, et vous retomberez dans la mélancolie de votre Confrère. […] Ce n’est pas que je condamne sa mauvaise humeur ; il a ses raisons, c’est un homme qui s’intéresse sérieusement dans le succès de vos affaires, il voit qu’elles vont de pis en pis, et qu’il n’est pas temps de se réjouir. […] Cette raison parut convaincante, la Compagnie fut congédiée, Molière s’en retourna bien étonné de l’empressement qu’on avait eu pour le faire venir, et de celui qu’on avait pour le renvoyer...

237. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Plus je cherche à pénétrer les raisons qui l’ont fait écrire, moins je puis les trouver. […] Je ne dirai pas, comme notre Allobroge, qu’un Prédicateur opère un grand prodige de faire ce que la raison & la nature ont fait avant lui. […] … vous avez raison. […] la raison, ce feu divin qui l’élève au-dessus de lui-même lorsqu’il sait l’écouter, & que l’excès du vin lui fait perdre. […] & sera-t-il le seul qui pourra donner carrière à son humeur acariâtre à contre têms, & moi me taire ayant raison ?

238. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

Plus j’y réfléchis, moins je conçois les raisons qui nous ont fait accuser d’être mauvais Musiciens, & de parler un idiôme tout-à-fait incapable de se prêter aux modulations & aux mouvemens de la musique. […] Favart a faite de la Serva-Padronna, nous prouve depuis long-tems que notre Langue est aussi mélodieuse, aussi chantante que l’Italienne, puisqu’on n’a fait aucun changement à l’éxcellente musique de cette Pièce, pour l’assujettir à des paroles Françaises ; cette vérité, qui est sous les yeux de tout le monde, détruit sans ressource les critiques & les sophismes de ces hardis Ecrivains, qui refusant de se rendre à la raison, doivent céder à l’évidence. […] Afin de mettre les Lecteurs en état de juger tout de suite si j’ai raison, il me suffit de les prier de se ressouvenir d’un ou de deux chef-d’œuvres de nos rivaux, dans le genre le plus simple & le plus chantant qu’il sera possible de trouver. […] La raison en est toute simple. […] Père firent venir devant eux les deux Musiciens opiniâtres ; ils leur ordonnèrent de déclarer les raisons qui les portaient à agir avec si peu de retenue.

239. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Avertissement. »

Ces Messieurs crurent qu’on ne pouvait les résoudre, sans en venir au fond, et sans examiner la question principale, qui est celle de la Comédie même ; ce qu’ils ont fait en appuyant leur résolution par les raisons qui font le corps de cet Ouvrage.

240. (1807) Préface pour une édition des deux lettres à l'auteur des Imaginaires « [EN-TETE]. PREFACE. Pour une édition des deux Lettres à, l’auteur des Imaginaires , etc. » p. 77

[NDE] Dans cette préface restée inédite, Racine explique les raisons pour lesquelles il n’a pas publié la « Seconde Lettre de Monsieur Racine aux deux apologistes des Hérésies imaginaires », réponse aux deux lettres attribuées à Barbier d’Aucour et à Goibaud-Dubois qui répondaient elles-mêmes à son attaque contre l’auteur des Hérésies imaginaires.

241. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Dès qu’on s’écarte des bornes de la sainte morale pour suivre des exercices qui n’en sont ordinairement que les signes, on hâte les graves progrès du fanatisme, qui dévore le cœur d’une ardeur sacrilège, et nous mène au crime ; on néglige insensiblement la raison pour embrasser la cause, et on ne recherche plus l’exercice de la sainte vertu qui nous porte à faire le bien, pour s’appliquer à fuir les moyens qui peuvent nous conduire au vice ; devenant ainsi inutile à la société et à soi-même, et ressemblant parfaitement à ces hommes que Le Dante, dans ses chants, nous peint indignes du paradis, parce qu’ils n’ont rien fait pour le mériter, et que l’enfer même refuse d’admettre parmi les siens, parce qu’il n’aurait aucune gloire de les posséder. […] L’on pourrait ajouter que les sacrements sont, non seulement plus chers les uns que les autres, mais que leur prix augmente aussi en raison des accessoires qui les accompagnent, et de l’autel où on les reçoit.

242. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

S’il a le talent d’amuser, c’est une raison de plus : s’il ne l’a pas ; il profitera de celui des autres. L’homme n’a jamais de raison pour se séparer du commerce. […] L’esprit en devient-il plus léger, la raison plus active, le caractére plus liant, les mœurs plus douces ? […] Quand les Spectacles n’auroient sur toutes les récréations d’usage, que l’avantage de l’amusement : n’est-ce pas une raison puissante de préférence en leur faveur. […] Parce qu’un fils est prodigue, débauché, libertin, qu’il manque à son pere, & qu’il obtient grace ; ce seront des raisons pour moi d’essayer au même prix de pareilles avantures ?

243. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Il faut de nécessité que ces mouvements brutes s’apprivoisent et se rangent à la raison. […] A moins que de prendre toutes ces raisons une à une la réponse n’en sera pas bien nette. […] Quand il est question de faire une chose, dont les mauvaises suites sont évidentes, il ne faut que la raison pour nous dire, n’y touche pas. […] Le Danseur le peut ; il a la raison et ne s’en sert point : On a plus blâmé Charles IV. […] pour les deux raisons qu’en apporte S.

244. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

C’est, Messieurs, que les raisons qui engagerent de tout temps les Conciles & les Docteurs à les proscrire avec tant de sévérité, conviennent à tous également & sans exception. Or ces raisons les voici : rien en général de plus contraire que les spectacles à l’esprit du Christianisme, à la profession du Christianisme, aux exercice du Christianisme. […] Avouez donc du moins que ce sont tous les spectacles en général, ceux de nos jours comme ceux de leur siecle, que condamnent les saints Docteurs ; puisque les mêmes raisons, qui les ont engagés à condamner les uns, conviennent également aux autres : & puisqu’ils ont trouvé ceux de leur siecle contraires à l’esprit, à la profession, aux exercices du Christianisme, convenez que ceux-ci le sont encore. […] J’ajoute que quand même on pourrott le regarder comme indifférent en lui-même, encore ne pourroit-on sans crime y assister, à raison seulement du risque où s’y trouve toujours l’innocence. […] Et quand il seroit vrai, ce que vous dites à présent, que vous êtes toujours sortis innocents du spectacle, encore faudroit-il conclure avec un grand Docteur : Premiérement, qu’à raison du scandale, autorisant par votre exemple des personnes qui peut-être y périront, & dont Dieu vous redemandera les ames ; secondement à raison du danger auquel vous vous exposez, danger moindre si vous voulez, pour vous que pour d’autres, mais toujours vrai danger pour vous, c’est toujours un vrai péché, un péché grief pour vous, qui que vous soyez, d’y assister.

245. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Surpris d’un changement si subit, on lui en demanda la raison, il raconta son avanture : Puis-je, dit-il, laisser mon sort entre les mains d’un danseur de corde ? […] L’illustre Chancelier d’Aguesseau pensoit bien différamment, dans son discours sur l’imitation par rapport à la tragédie ; il parle fort au long contre les spectacles, il dit entr’autres ces belles paroles, les caractères, les sentiments, les pensées, les expressions des personnages mis sur la scéne, tout conspire à reveiller, à réflecter les inclinations que nous avons pour la gloire, les richesses, l’amour, la veangeance, qui sont les mobiles du cœur humain ; les passions feintes que nous y voyons nous plaisent, par la même raison que les réelles, parce qu’elles en mettent de réelles dans notre ame, ou parce qu’elles nous rappellent celles que nous avons éprouvées : Rapiebant me spectacula plena miseriarum mearum. […] C’est la raison qu’on donne en Italie, de la tolérance des courtisannes. […] Ami Lecteur en sçais tu la raison, Ce que l’on aperçoit de sa folie extrême, Mon cher Lecteur vous vous trompez vous même, C’est que ce fou logeoit aux petites maisons, Rien de si sot que nos petits-maîtres, & nos amateurs de comédie, rien de si ridicule que leur persiflage. […] L’auteur de ce livre montre plus d’humeur que de raison.

246. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Plusieurs raisons y ont contribué. 1°. […]  19, n’approuve point, à la vérité, ce genre de comédie, par une raison littéraire, s’il paroît quelque observation qui blesse l’amour propre des auteurs, ils courent aux armes ; que seroit-ce, si on exposoit leurs fautes, leurs vices, leurs foiblesses sur le théatre ? Il a raison, ce seroit une guerre cruelle ; mais c’est trop foiblement combattre une doctrine opposée à toutes les loix de la Réligion & de la société. […] Nos réflexions, dont les premiers volumes parvenus à Cahors, ont fourni une ample matiere, par la multitude des raisons, des autorités, des anecdotes qu’on y trouve. […] La beauté, comme de raison, regne sur le cœur d’un riche Abbé, & grand Prélat ; les autres se bornent à la Magistrature.

247. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Tout n’est que vertu morale, loi naturelle, pur pélagianisme, qui attribue tout à la force de la volonté & de la raison, & trouve tout en soi-même : éducation toute profane, où le christianisme n’entre pour rien. […] Faites des lectures solides qui fortifient la raison. […] Que vous en êtes éprise, puisque malgré la religion, la raison, la nature, vous ne pouvez vous résoudre à les tenir cachés ! […] Qui aime le péril y périra, à plus forte raison qui le cherche, qui le fait naître. […] La raison de la différence est sensible.

248. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Sa raison étoit que toute Poësie en stile élevé devoit être appellée Tragédie, & celle en stile plus simple devoit être appellée Comédie. Par la même raison un homme qui traduisit en Vers Italiens, les Epîtres d’Ovide, intitula sa Traduction, Comedia de l’Epistole d’Ovidio [Maffei des Traduct.] […] Les Clercs de la Bazoche donnerent des Piéces qu’ils intitulerent Moralités, & les Enfans sans souci, Société dont Marot étoit un digne Confrere, donnerent d’autres Piéces intitulées sotties ou sottises, parce qu’on y représentoit les sottises humaines : & par cette raison le Chef des Enfans sans souci s’appelloit le Prince des Sots. […] Au lieu d’avouer qu’il avoit jusques-là admiré des sottises, & protegé de médiocres Poëtes, le Cardinal se ligua, dit Boileau, contre le Cid, c’est-à-dire, contre le Poëte, que les Muses faisoient naître pour l’honneur de la France, & même de l’Europe, puisque jusqu’à lui on n’avoit encore vû sur aucun Théâtre paroître la Raison.

249. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XV. » p. 68

La retraite si brusque de ces Génies marque qu’ils sont fort mécontents, et peut-être ont-ils raison.

250. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Raisons qu’ils ont d’aimer l’Estat Monarchique dans le Monde. […] Le goust change, & l’emporte souuent sur la raison. […] Mais elle n’a pas esté imprimée pour de certaines raisons, & l’original apostillé de Monsieur de Lyonne est dans la Bibliotheque de Monsieur Colbert. […] Ie parleray donc premierement des raisons qu’ont les Comediens d’aimer passionnement la Monarchie dans le Monde, & de la haïr mortellement dans leur Corps. […] Raisons qu’ils ont d’aimer l’Estat monarchique dans le Monde.

251. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Ces frémissemens, ces émotions secrettes, qui préparent aux reconnoissances, ne sont qu’un échaffaudage puérile, qui révolte la raison. […] C’est une raison de plus pour engager les Auteurs dramatiques, je ne dis pas à rejetter absolument les reconnoissances ; elles ont plu, & il y a apparence qu’elles plairont toujours, quoiqu’en dise la Philosophie moderne ; mais à en user sobrement & de loin en loin. […] Ordre inutile, puisque cette Princesse croyant son courroux calmé, avoit une raison de l’en venir remercier.

252. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

La raison en est, je crois, qu’on lui fit prendre à Athènes une forme peu convenable. […] Il est encore une autre raison qui l’empêche peut-être de faire en France autant de progrès qu’elle en pourra faire en Allemagne. […] Il nous manque le sens froid, & peut-être la raison des Allemands.

253. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Tout y concourt à séduire l’âme et à l’amollir : le cœur conduit par les oreilles et par les yeux, s’attache à tout ce qui le charme ; la raison, suspendue par tant d’enchantements, se tait. […] Revenus de leurs égarements par une grâce singulière, le théâtre ne sera pas autre qu’il est, leur raison, leur religion sera la même. […] pour condamner de si profanes divertissements, pourquoi chercher ailleurs d’autre raison que les spectacles mêmes.

254. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Guyot de Pitaval, qui rapporte ce trait, ajoute plaisamment : c’est un bonheur que Gacon ne se soit pas avisé d’être Avocat, il auroit eu le talent de perdre les meilleures causes ; son éloquence auroit été plus utile à ses adversaires, qu’à ses cliens, les mauvais logiciens comme lui sont la terreur du bon sens, & le fleau de la raison. […] La raison & la foi disent unanimement tous les supérieurs en tout genre, que leurs mœurs n’affoiblissent pas votre obéissance, faites ce qu’ils vous disent, mais ne faites pas ce qu’ils font. […] Ceux qui sont moins dévots, disent que le théatre étant alors fermé, c’est une raison pour l’ouvrir, & avoir tous les dévots de la Ville, qui sont en grand nombre, & par-là autoriser le théatre, & leur vendre la liberté d’y jouer, sous les auspices de la charité. […] L’émotion excessive des organes, fut-elle même causée par le plaisir, fatigue, incommode, deplaît, & nuit en effet, A plus forte raison, l’émotion causée par la douleur & la crainte. […] Ainsi justifieroit on les liqueurs empoisonnées qui sont perdre la raison.

255. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Il y a équilibre quand les poids de la balance sont en raison réciproque. […] Sa famille n’avoit pas jugé à propos sans doute, pour des bonnes raisons, de le donner au public. […] Si l’on veut dire que les gens sérieux ou fort occupés s’accommodent moins des pieces sérieuses on a raison, ils ne cherchent dans le spectacle qu’un délassement dont ils ont besoin : par conséquent des pieces divertissantes. […] Moliere a raison ; il n’y a qu’à l’entendre, & substituer le mot de vice à celui de vertu ; jamais Prédicateur n’eut plus d’auditeurs que lui, jamais sermon n’eut plus de lecteurs que ses pieces, jamais morale n’a été mieux reçue ni mieux pratiquée que la sienne. […] Tous deux avoient raison.

256. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVII. Profanation de la sainteté des fêtes et du jeûne introduite par l’auteur : ses paroles sur le jeûne. » p. 97

que la comédie partage avec Dieu et avec l’office divin les jours de dimanche ; et l’autre où il abandonne à ce divertissement même « le temps de carême : encore, continue-t-il, que ce soit un temps consacré à la pénitence, un temps de larmes et de douleurs pour les chrétiens ; un temps, où, pour me servir des termes de l’écriture, la musique doit être importune, et auquel le spectacle et la comédie paraissent peu propres, et devraient ce semble être défendus. » Malgré toutes ces raisons, qu’il semble n’avoir proposées que pour passer par-dessus, malgré le texte de l’écriture dont il les soutient, il autorise l’abus de jouer les comédies durant ce saint temps.

257. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « Approbation des Docteurs »

Approbation des Docteurs Le but que s’est propose l’Auteur du Livre qui porte pour titre, Histoire et Abrégé des Ouvrages Latin, Italien et Français, qui ont paru dans ce Siècle, pour et contre la Comédie et l’Opéra, est de détruire les raisons de ceux qui croient ces Spectacles permis, et d’appuyer celles de ceux qui les condamnent ; ce qu’il fait par des réflexions solides tirées de l’Ecriture des Pères, et de la conduite de l’Eglise dans tous les temps.

258. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — IV.  » p. 458

Le mariage règle la concupiscence, mais il ne la rend pas réglée ; elle est toujours déréglée en elle-même et ce n'est que par force qu'elle se contient dans les bornes que la raison lui prescrit.

259. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

La raison s’éleva contre des divertissemens si peu dignes d’hommes sensés. […] Ici, il étoit abandonné à une troupe de gens, la plûpart peu estimables, très-intéressés, & qui, dans l’accueil même du public, croyoient ne voir que plus de raisons de le soumettre à leur caprice.

260. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

L’Eglise ne l’a point fulminée sans raison ; dans la supposition qu’il s’y fut glissé de l’injustice, il n’est pas permis de la regarder comme non avenue ; hors le cas 1 d’une erreur évidente aux yeux de tout le monde, l’Excommunication, quelqu’injuste qu’elle soit, étant néanmoins prononcée par un Supérieur légitime, lie dans le fort extérieur, selon les Canons2, & quiconque en est frappé, doit se tenir devant les hommes, pour un Chrétien retranché de la Communion des fidéles. […] C’est qu’ils se laissoient emporter à la fougue de leur imagination, c’est qu’un Auteur dramatique sacrifie tout & la raison & la probité & la foi, à la satisfaction d’éclore une prétendue belle pensée.

261. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

La raison en serait-elle qu’alors la Parodie se trouve dans son élément ? […] Le mêlange qu’on s’y permet du sérieux & du burlesque, du sublime & du plat, révolte les gens qui ont la moindre lueur de raison.

262. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

La simplicité qui accompagne ordinairement la Comédie, est aussi la raison du plaisir qu’elle nous procure. […] Mais quelque raison que l’on puisse donner de l’intérêt qu’on prend aux Poèmes tragiques, le Philosophe s’étonnera toujours que l’on chérisse des Ouvrages qui nous remplissent de douleur, qui nous arrachent des cris & des larmes : car enfin il ne paraît pas naturel de trouver des délices à s’affliger.

263. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Des Duo, Trio & Quatuor. » pp. 329-339

Rousseau a bien raison lorsqu’il parle de la forte(73) : « L’Auteur de la Lettre sur Omphale a déjà remarqué que les duo sont hors de la Nature ; car rien n’est moins naturel que de voir deux personnes se parler à la fois durant un certain tems, soit pour dire la même chose, soit pour se contredire, sans jamais s’écouter ni se répondre ». […] Que l’on compare ce qu’on éprouve à la première Scène du Tartuffe ou d’Iphigénie en Aulide (74), avec ce qu’on ressent au début froid de tel Drame comique, & au début grave & pompeux de telle Tragédie ; & l’on avoura que j’ai raison.

264. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

c’est sans le vouloir qu’il le fait : c’est par sa raison, sa vertu, son attachement, qu’il m’inspire un respect, une confiance, qui tiennent plus de la fille que de l’épouse. […] C’aurait été encore ici une des raisons pour établir des Spectacles à Génève ; ils n’appauvriraient pas la République.

265. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

Une de leurs principales raisons était, qu'ils portent à la corruption des mœurs, et qu'on n'y voit que des objets de passion. […] L'Esprit de l'Eglise dans ses Conciles n'est pas différent de celui des Pères, ou plutôt les Pères ont parlé comme l'Eglise ; qui a condamné les spectacles pour les mêmes raisons tant particulières que générales.

266. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE IV. Deux conséquences que les Pères de l’Eglise ont tirées des principes qui ont été établis ci-devant. » pp. 82-88

juge après cela si le Théologien a raison de dire, comme il fait, « non seulement il n’y a point de péché à assister les Comédiens, mais encore, c’est une action de justice de leur donner, comme l’on y est obligé, la récompense de leur ministère ». […] Or la raison souffre-t-elle qu’on fasse son divertissement du péché des autres, qu’on les porte à offenser Dieu, et qu’on se rende complice du mal qu’ils font ?

267. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279

En gros l’un des plus justes, et des plus raisonnables soins que nous puissions prendre, est celui de nous rendre maîtres de nos passions, quelles qu’elles soient, de les mortifier, de les réprimer, de les étouffer mesme, si nous le pouvons, et de nous mettre dans un tel état, que nous nous conduisions, non par ces mouvemens brutes et aveugles, mais par la pure lumiere de la foi, et de la raison. […] C’est ce que l’experience nous apprend assés, et j’en donnerois les raisons physiques si je ne l’avois fait dans un autre endroit.

268. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. -

Avant que de suivre ses impressions, il faut en rendre raison, les disséquer, les évaluer, les soumettre au ton du jour. […] Boerhaave (ce Descartes de la Médecine) dit que cette maladie est pire que la mort : il a raison ; car la mort peut ne point faire de mal, et l’hypocondrie livre sa victime à la noire fureur de son bitume corrosif.

269. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Du moins, tel est mon sentiment, et mes raisons sont dans cet écrit. […] A ces raisons il s’en joint une autre plus cruelle et que je voudrais en vain dissimuler ; le public ne la sentirait que trop malgré moi.

270. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Sauf le profond respect que nous professons pour d’aussi graves autorités que celles de saint Liguori et de Mgr Gousset, nous ne pouvons partager leur opinion, pour les raisons que le lecteur a dû voir et apprécier plus haut. […] Ces théologiens, contre l’opinion d’un grand nombre d’autres, donnent pour raison que, dans l’espèce, cette simple assistance n’est point une grave coopération à l’entretien de la profession des acteurs ; ce qui ne nous parait pas exact : car qu’est-ce qui appelle sur le théâtre les acteurs, les entretient dans leur état, dans leur luxe, etc., si ce ne sont les spectateurs ? […] Les mêmes auteurs affirment qu’il n’y a nul péché à assister aux spectacles non obscènes, si pour cela il y a quelque raison de nécessité, d’utilité ou de bienséance d’état, decentia statûs, comme ils disent, en supposant toujours qu’il n’existe ni danger particulier ni scandale. On donne pour raison qu’on a alors un motif suffisant qui permet de coopérer d’une manière éloignée aux péchés des autres, ou de s’exposer soi-même à quelque péril. […] C’est ce que l’on ne peut admettre sans distinction, et certes ce ne peut être le sévère Collet, et avec beaucoup de raison, qui serait d’avis de les absoudre tous en masse, in globo et sans distinction.

271. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

 83, il dit avec raison, que les mauvais exemples des Dieux sont pernicieux pour ceux qui les adorent ; que le respect & l’estime qu’on a & qu’on doit avoir pour eux fait trouver saint & bon ce qui est détestable. […] Rien de plus sûr de plaire ; mais rien de plus pernicieux & de plus révoltant aux yeux d’une raison éclairée, que de faire consister tout le bonheur dans le plaisir des sens. […] Adieu, ma Muse est presqu’à bout, la pauvreté n’est pas robuste (il a raison). […] A chaque raison on trouve une raison contraire Ibid. lib. […] Mais, ajoute-t-il, il est d’autres passions que la raison condamne ; parmi celles-ci, il en est qui ont quelque chose d’horrible, on peut les mettre sur la scene pour en donner horreur, comme les Lacédémoniens montroient à leurs enfans des esclaves ivres qu’ils faisoient même enivrer à dessein pour leur donner des leçons de sobriété.

272. (1675) Traité de la comédie « V.  » p. 279

Elle retient toujours quelque chose du dérèglement qui lui est propre ; et ce n'est que par force qu'elle se contient dans les bornes que la raison lui prescrit.

273. (1675) Traité de la comédie « XXX.  » p. 324

Si on regardait la vie Chrétienne par cette vue, on connaîtrait aussitôt combien la Comédie y est opposée ; et il ne faudrait point de raisons pour en convaincre ceux qui seraient persuadés de ces vérités capitales de notre Religion, comme il n'en faut point pour convaincre un Chartreux instruit dans sa règle, que ces divertissements profanes lui sont défendus.

274. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXX.  » p. 491

Si on regardait la vie chrétienne par cette vue, on connaîtrait aussitôt combien la Comédie y est opposée ; et il ne faudrait point de raisons pour en convaincre ceux qui seraient persuadés de ces vérités capitales de notre religion; comme il n'en faut point pour convaincre un Chartreux instruit dans sa règle, que les divertissements profanes lui sont défendus.

275. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « AVERTISSEMENT »

Au reste je ne combats plus dans ma Réfutation celui qui a désavoué la Lettre avec édification du Public ; mais celui qui en est le véritable Auteur, et non pas tant l’Auteur même que les raisons dont il se sert pour soutenir une si méchante cause.

276. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Jean-Jacques n’avait-il pas bien raison de s’écrier : « Je vous avoue que leur majesté m’étonne. […] Lui seul, sans l’appareil de l’autorité civile, sans invoquer la terreur des peines qu’elle a droit d’infliger aux coupables, lui seul les ramènera tous à des sentiments de justice et de raison. […] Mais il ne s’agit point ici d’examiner lequel du peuple de Rome ou de celui d’Athènes eut raison d’honorer ou de flétrir leur profession. […] » Avec combien de raison et de justice, disait l’abbé Mauri, dont la cour de Rome a récompensé les talents précieux, en l’appelant aux premières dignités de l’église, oui, avec combien de raison et de justice il disait dans son panégyrique de S. […] « Je voudrais bien savoir, messieurs, dit madame Floridor, quelles bonnes raisons vous pourriez apporter pour soutenir le vieux préjugé qui flétrissait l’état de comédien. » Quelles bonnes raisons !

277. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Vous auriez raison, si les démarches passionnées qui précedent les mariages du théâtre pouvoient être innocentes ; mais la galanterie en est le seul pivot, & cette galanterie est souvent très-licencieuse. […] Bossuet, lorsque Louis XIV, en revenant de la comédie, lui demandoit, en riant, s’il est permis d’y aller : Il y a de grands exemples pour, & de fortes raisons contre. […] Il y trouva son sentiment sur les spectacles, prouvé par la raison, & confirmé par les autorités les plus respectables.

278. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

Ce prétexte est grand, il est spécieux, il impose beaucoup, il permet de tout dire impunément, et quand celui qui s’en sert n’aurait pas raison, il semble qu’il y ait une espèce de crime à le combattre. […] C'est justement dire qu’il l’est, sans en donner la preuve, et soutenir en même temps, par des raisons convaincantes, qu’il ne l’est pas. […] « Il devait pour le moins, continue ce dévot à contretemps, en parlant de l’auteur du Festin de Pierre j , susciter quelque acteur pour soutenir la cause de Dieu et défendre sérieusement ses intérêts. » Il fallait donc pour cela que l’on tînt une conférence sur le théâtre, que chacun prît parti et que l’athée déduisît les raisons qu’il avait de ne croire point de Dieu.

279. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre I. Que les Spectacles des Anciens ont fait partie de la Religion Païenne. » pp. 2-35

Mais pour savoir si cette rigoureuse défense a dû passer jusqu'à notre temps, il faut voir quelles ont été leurs raisons. […] C'est donc avec raison qu'ils avaient accoutumé de vouer à leurs Dieux les Jeux, et de les célébrer en leur honneur pour en obtenir quelques grâces, et le plus souvent pour les remercier de celles qu'ils en avaient reçues. […] Aussi les Siciliens dressèrent-ils un Temple et sacrifièrent à Philippe de Crotone par la même raison.

280. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre IX. Des mouvements déréglés du corps qui se font dans la danse. » p. 36

le défaut de modération dans le mouvement du corps, et les agitations indiscrètes et excessives, ne soient contraires à la raison, et par conséquent à la vertu, qui ne souffre rien de déréglé.

281. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXI.  » p. 480

Il s'ensuit de là que tous ceux qui n'ont point besoin de divertissement, c'est-à-dire que la plupart de ceux qui vont à la Comédie, ne le peuvent faire sans péché, quand il n'y aurait point d'autre raison qui rendît la Comédie défendue.

282. (1675) Traité de la comédie « XXI.  » p. 309

Il s'ensuit de là que tous ceux qui n'ont point besoin de divertissement, c'est-à-dire que la plupart de ceux qui vont à la Comédie, ne le peuvent faire sans péché; quand il n'y aurait point d'autre raison de la croire défendue.

283. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XVI. Les pièces comiques et risibles rejetées par les principes du même Platon. » p. 64

D’ailleurs les pièces comiques étant occupées des folies et des passions de la jeunesse, il y avait une raison particulière de les rejeter ; « de peur, disait-il, qu’on ne tombât dans l’amour vulgaire »De Rep. 10.

284. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

La raison & l’expérience nous assurent que les hommes ont de tout tems recherché le plaisir ; les Spectacles, & surtout ceux des prémiers habitans du monde, tels qu’on doit se les représenter, sont les enfans de la joie ; ils ont donc existé dès que l’on a eu des sensations de plaisir, & des sujets d’allégresse. […] S’il paraît que le genre tragique se soit plutôt perfectionné chez les Grecs que le comique, ce n’est pas une raison d’en conclure qu’il est beaucoup plus ancien. […] Ils pourraient bien alors avoir raison ; encore serait-il facile de prouver qu’ils ne prennent pas d’assez loin l’origine de la Tragédie. […] Je crois découvrir la raison qui fit réussir les Drames comiques à Rome, tandis que le sérieux ne jouissait que de faibles succes.

285. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

Ainsi le Poète du Théâtre moderne aura raison de placer toujours une Ariette, un Duo, dès l’ouverture de la Scène. […] Ce précepte de Boileau ne sçaurait trop être entendu : Que l’Action marchant où la raison la guide, Ne se perde jamais dans une Scène vuide. […] Mais Aristote soutient que les meilleurs dénouemens tragiques sont ceux qui pénètrent l’ame du Spectateur d’un profond chagrin, & je crois qu’il a raison. […] Aristote le condamne sans réserve ; & les Auteurs de Poétique, ou plutôt ses Commentateurs, n’ont pas manqué de soutenir la même chose ; mais avec beaucoup de raison.

286. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Il y aura en cet endroit beaucoup de personnes qui assureront qu'ils n'ont jamais reçu aucune impression mauvaise par la Comédie; mais je soutiens, ou qu'ils sont en petit nombre, ou qu'ils ne sont pas de bonne foi, ou que la seule raison par laquelle la comédie n'a pas été cause de la corruption de leurs mœurs, c'est parce qu'elle les a trouvés corrompus, et qu'ils ne lui ont rien laissé à faire sur cette matière. […] Les anciens, voulant donc instruire les peuples, et la forme de leur culte n'admettant que des sacrifices, et des cérémonies sans aucune exposition, ni interprétation de leur religion, qui n'avait point de dogmes certains: ils les assemblaient dans les places publiques (car ils n'avaient pas encore l'usage des théâtres, qui ne furent même inventés qu'après qu'on se fut servi quelque temps de chariots pour faire que les Acteurs fussent vus de plus loin) et ils leur inspiraient par le moyen des spectacles les sentiments qu'ils prétendaient leur donner, croyant avec raison qu'ils étaient plus susceptibles de recevoir une impression forte, par l'expression réelle d'une personne considérable, que par toutes les instructions qu'ils eussent pu recevoir d'une autre manière plus simple et moins vive. […] Il est tous les jours ému par l'éloquence des Orateurs, il le doit être à plus forte raison par la représentation des Comédiens : ils y ajoutent même tout ce qui les peut aider à ce dessein, leur déclamation, leur port, leurs gestes et leur ajustement. […] Mais comme dit le grand Evêque que je viens de citer : « Pour changer leurs mœurs et régler leur raison, Les Chrétiens ont l'Eglise, et non pas le théâtre. » L'amour n'est pas le seul défaut de la Comédie, la vengeance et l'ambition n'y sont pas traitées d'une manière moins dangereuse.

287. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

.° Par une raison admirable : c’est rendre service au public de retirer ces beaux morceaux de la poussiere où ils étoient ensevelis . […] Tous les auteurs, tous les drames ne sont pas également repréhensibles ; mais dans le spectacle public l’assemblage de ce qu’on y voit & qu’on y entend, la compagnie, les objets, les exemples, font un très-grand danger pour les mœurs dans les pieces même les plus châtiées ; à plus forte raison dans les autres, qui font incomparablement le plus grand nombre. […] Son Ingrat, son Ambitieux n’ont pas réussi pour cette raison. […] L’Ambitieux n’est pas propre pour la même raison ; aussi n’ai-je prétendu faire qu’une tragi-comédie d’un goût nouveau, qui alliat les traits sublimes de la tragédie avec le plaisant de la comédie. […] Je suis émerveillé , dit avec raison l’auteur dans la préface, ce qui redouble ma surprise, c’est que quelques beaux esprits se vontent d’en être les auteurs.

288. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

A plus forte raison s’interdit-on la représentation, plus dangereuse que la lecture, de toutes ces pieces : licence de représentation qui doit être sans bornes, puisque la plûpart des scènes Italiennes, comme on peut voir dans Ghérardi, ne sont ni apprises par cœur, ni composées, mais de simples esquisses, une sorte de canevas, sur lesquels chaque Acteur & chaque Actrice fait toutes les postures, & dit tous les mots qui lui viennent dans la tête, eh, quelle tête ! […] Ils ont tous raison, parce que le danger est toûjours respectif. […] Par cette raison, il y a très-peu de chose à dire sur le théatre Allemand. […] Il a raison ; les Romains l’étoient aussi peu : Tertullien & S. […] Il dit encore : Ce qui doit le plus flatter M. du Belloy est sans doute l’estime des Anglois, qu’il appelle une raison suprême.

289. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

Les honnêtes gens n’envient point aux Comédiens une pareille fortune, ils n’y découvrent que de nouvelles preuves et une nouvelle raison de roture. […] Il fut de nouveau exilé par Louis XIV en 1655 pour les mêmes raisons. […] « Liberalitates illas omni reipublica valde suspectas, quæ civitati nullum ornatum, nullam plebi utilitatem, solam dumtaxat voluptatem et delectationem afferant et otio favent, placuit tolli: » Et dans le beau panégyrique de ce Prince, Pline le loue d’avoir chassé les Comédiens de Rome, et inspiré au peuple le dégoût du théâtre, l’aversion pour ces molles et indécentes représentations, qu’il applaudissait dans les autres Empereurs : « Idem populus scenici aliquando Imperatoris spectator et applausor, nunc in Pantomimos adversatur artes effeminatas damnat, et indecora studia. » Les mauvais Princes même, dans des instants de raison et de vertu, rendaient justice à l’infamie de ce métier. […] Enfin Néron lui-même, c’est tout dire, agit contre eux dans un de ces moments, de ces éclairs de raison qui le rendaient à lui-même et aux bonnes mœurs (Suét. […] Cet ouvrage singulier, plein d’esprit et de raison, a été traduit en Français ou plutôt en Gaulois (dans le seizième siècle), d’une manière pleine de grâce dans sa naïveté.

290. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

La raison même prescrit des règles dans le choix, et met des bornes dans l'usage des divertissements. […] Rassemblez toutes les défenses et les raisons particulières qui proscrivent en détail chacun d'eux, lorsqu'on les goûte séparément, vous en formerez un corps d'armée de vertu contre l'armée des vices dont le théâtre est le champ de bataille. […] Je ne sais si l'Auteur est Comédien de profession, ou enthousiaste du théâtre ; mais il a raison de dire qu'il fait voyager son élève dans un pays peu connu, il ne connaît ni les habitants ni le gouvernement, ni les productions de celui-ci. […] Cette maturité de raison paraît dans les paroles vraies, justes, précises, décentes, sans exagération, sans déguisement, dictées par la droiture et le bon sens d'un style simple et naturel, éloigné de l'affectation, des pointes, des jeux de mots, soit singulièrement assortis, soit détournés de leur signification ordinaire ; dans l'air, le ton grave dont on parle, qui donne du poids au discours et de la dignité à la personne, fait écouter et respecter. […] Au reste, nulle maxime chrétienne, nulle règle évangélique, nul rapport à Dieu, nul mérite pour l'éternité ; patriotisme, humanité, magnanimité, quelques grands mots, l'Evangile du théâtre ne passe pas, n'atteint pas la loi naturelle, et n'est bon qu'à nourrir l'orgueil et la corruption, mais ne corrigera aucun vice, ni ne donnera aucune vertu, encore même ces faibles étincelles de raison étouffées sous un tas de cendres, sont à peine aperçues un instant.

291. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Av Roy. » pp. -

Je sçay bien que tous ses momens sont precieux & destinez à de sublimes pensées, d’où Elle ne descend que par raison, ou ne se détourne que par necessité.

292. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre VIII. De la Mascarade. » p. 196

Ainsi toutes ces differentes choses ne laissent pas de faire un certain tout de raport qui plaist à la raison, & qui ne couste à l’intelligence, que la notion de l’Idée generale, & dans le détail que la simple operation des sens.

293. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VII. Paroles de l’auteur et l’avantage qu’il tire des confessions.  » pp. 28-29

Le troisième enfin est la lecture des comédies qui ne nous est pas défendue comme en pourrait être la représentation : et je proteste que par aucun de ces chefs je n’ai pu trouver dans la comédie la moindre apparence des excès que les Saints Pères y condamnent avec tant de raison ».

294. (1704) Des Bals et Comedies « Des Bals et Comedies. » pp. 31-33

Paul, ceux qui y consentent, et à plus forte raison ceux qui y contribuent ne méritent pas moins d'être punis, que les auteurs.

295. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Chacun des auteurs l’a désignée par des circonstances particulieres, comme des broderies differentes sur le ménu fonds ; les mœurs n’ont rien gagné, ni la raison n’est pas plus satisfaite par ces différentes décorations. […] tout ce qui est contenu dans les annales & les archives galantes de l’univers, toutes les affaires amoureuses des quatre parties du monde, & tout cela sans bouger de son fauteuil, où tout venoit lui rendre hommage, & lui protester, comme de raison, qu’elle étoit la plus belle, qui fut sous le soleil. […] Les malheurs inévitables & communs à toutes les femmes, n’épargne pas plus le théatre que la cour & la ville, ils sont même plus présens & plus certains à toutes les femmes qui se fardent puisque le tard lui-même creuse les rides, ternit le tein, le rend livide & plombé, change les traits, rend la peau dure, & precipite la chûte de la beauté naturelle ; à plus forte raison quand le crime, par le feu des desirs, la vivacité des mouvemens, l’épuisement des forces, l’excès du libertinage, portent à tous les organes des corps mortels. […] Tout est journalier, dit-on, on a raison : que c’est une triste vérité ! […] La sagesse prétendue, tant vantée du divin Ulysse consiste, à ne pas perdre la raison, & ruiner la santé par des excès outrés.

296. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

L’auteur croit avoir trouvé des raisons politiques de leur usage ; en cela bien différent d’Aristote, qui, dans sa politique, L. […] Voici les raisons de politiques qui ne valent pas mieux que ce qu’on veut leur faire autoriser. […] Dans le procès qu’elle eut avec son mari, qui la reclamoit, elle l’accuse d’être dévot, & en prend une raison de divorce. Ni les loix, ni les canons n’avoient prévu cette raison de séparation, ils avoient encore moins prévu les deux preuves qu’elle rapporte de ce crime ; 1°.  […] Elles ne peuvent pas plus porter au bien que la nudité au mal, & on a raison, le Concile de Trente, Sess.

297. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

La morale de l’Evangile est trop pure, pour tolérer aucun vice ; à plus forte raison pour lui prêter des armes. […] L’Abbé de V. se défend d’avoir travaillé avec Favard ; il peut avoir raison, leur style est fort différent ; mais qu’on ne s’y trompe point, ce n’est pas à raison de l’indécence frappante qu’un Ecclésiastique compose & fasse jouer des comédies. […] Mauvaise raison : le monde entier ne peut rendre innocent ce que Dieu condamne. […] Les raisons sont communes, dangers extrêmes pour les mœurs, galanteries, discours libres, indécences des Actrices, mauvaises compagnies, &c. […] On s’accoutume à tout, & la coutume émousse tous les plaisirs, comme elle adoucit toutes les douleurs ; c’est la vraie raison de l’inconstance des modes.

298. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

En voici la raison qui est comique. […] Garrik a raison, le théatre est idolâtre : les auteurs sont les dieux à Londres, à Paris les actrices sont les déesses qu’on adore. […] Dans le cinquieme discours, il blâme avec raison, comme une grande folie, qu’on n’ose point faire des actes de religion devant le monde, prier Dieu soir & matin, au commencement & à la fin des repas, parler des choses saintes, en un mot tous les exercices du Christianisme. […] Comme il est impossible d’observer sur la scène le costume anglois, à plus forte raison le françois, par la variation continuelle des modes ; d’une reprise à l’autre de la même piece, d’une semaine, d’un jour à l’autre, les habits & les décorations ont changé. […] Mais le Spectateur trouve avec raison que ces braves champions firent une très-grande faute contre les regles sacrées de la chevalerie & les usages les plus constans du théatre, c’est qu’ils ne combattirent pas pour leur Dulcinée.

299. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Ils ne laissent point la liberté de réfléchir ; l’âme, frappée par la force du tableau vivant, entraînée par le torrent de l’action, et l’ivresse du plaisir, n’est plus à la raison, à elle-même. […] On ne va à la comédie que pour s’amuser, on ne s’y remplit que de passions de bouffonnerie, la foule ne goûte et n’est capable de goûter que les folies qui la font rire ; elle attend la soubrette avec impatience, quand le héros parle raison sur la scène, vouloir en faire une école de bon goût, c’est une chimère. […] Un homme sage daignera-t-il y perdre son temps, et acheter à si grands frais quelque ligne avouée par la raison et le goût ? […] A voir ces écrivains se déchirer les uns les autres, on peut dire, comme de Pétrin et de Colasse : Apollon, toujours équitable, Prétend qu’ils ont raison tous deux. […] Bouhours (Manière de bien penser, dial. 1), condamne avec raison le fameux vers de Lucain, Victrix causa diis placuit, ced victa Catoni.

300. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Il paraît bien que suivant la Logique de certains esprits, une raison prise de l’Athéisme en vaut plus de dix établies sur l’Evangile. […] En est-on meilleur ami lorsqu’on a moins de raisons qui engagent à l’être ? […] pour tourner contre lui l’usage de leur raison, et les talents dont ils lui sont redevables ? […] Les Dieux que tous les mortels ont plus raison de respecter, sont précisément ceux que Ballion méprise davantage. […] Le Chœur dit dans un autre Poème de ce Tragique qu’il faut être dépourvu de raison pour ne pas révérer les Dieux.

301. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

La raison en est simple. […] La raison veut qu’on fasse les premiers efforts pour composer un bon ouvrage, & on remplira toute l’attente du public.

302. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Vous vous effrayez avec raison des foudres de l’Eglise, le glaive de l’Excommunication vous épouvante : quand même il ne s’appesantiroit pas réellement sur vous ; avez-vous moins lieu de craindre ? […] Nous ne nous proposons pas, dit M. de la Mothe en son discours sur la Tragédie, d’éclairer l’esprit sur le vice & la vertu, en les peignant de leurs vraies couleurs, nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mêlange de l’un & de l’autre, & les hommages que nous rendons quelquefois à la raison, ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées.

303. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

Il opère un grand prodige de faire ce que la nature et la raison font avant lui ! […] Fanatisme n’est pas une erreur, mais une fureur aveugle et stupide que la raison ne retient jamais.

304. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

C’était avec grande raison que Dion Chrysostomeh reprochait aux Citoyens d’Alexandrie de ne pas avoir parmi eux quelque Poète comique qui reprît leurs vices, comme en avaient les Athéniens. […] [NDA] On pourrait répondre que ces avantages se trouvent, pour la plus grande partie, dans les Pièces comiques du Théâtre Français, surtout dans les Pièces de caractère ; mais, en supposant même que ces caractères soient traités d’une manière propre à la correction des mœurs, il sera toujours vrai de dire, par les raisons que nous avons déjà expliquées dans le premier Chapitre de cet ouvrage, que ces mêmes Pièces sont ternies et en quelque sorte dégradées par mille traits de licence et de corruption ; en sorte que, si elles contiennent quelque instruction, elles renferment infiniment plus de mauvais principes et de dangereux exemples.

305. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

En voici la raison : il s’étoit associé avec un littérateur habile qui lui en fournissoit. […] Sa vie ne fut depuis qu’un tissu de calamités & de foiblesses, qui altererent la raison de l’amant berger, jusqu’à le faire réelement Berger à l’honneur de sa Silvie, & le firent traiter avec raison comme un insensé. […] Il n’en fut pas moins la victime de l’infortune, qui le dérange a si fort que, malgré des talens & des lumieres fort au-dessus du commun, ses traits d’esprit & de raison ne sont que des éclairs rapides qui percent dans les sombres ténebres d’une mélancolie qui tient à la folie. […] Heureux si, comme le Tasse, cet homme de théatre peut retrouver sa raison, détester ses erreurs, & terminer par une sainte mort la vie la plus dissipée & la plus frivole. […] Pour cette raison, je n’ai été attentif qu’à remarquer son ton de voix, ses gestes, ses expressions pour les imiter.

306. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

La raison n’est donc pas d’accord avec la folie. […] M. le Batteux, la religion & la raison ne parlent pas de même. […] Ces raisons sont communes à tous les écoliers. […] On se moque avec raison des contes des fées, des mille & un jour, du château de cristal, quoique plein de morale aussi bonne que les fables. […] La fable dans le sens où on le présente aux enfans, est une action, un discours d’animaux, ou des choses inanimées, à qui on prête une raison, une langue qu’ils n’ont pas.

307. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « I. Occasion et dessein de ce Traité : nouvelle Dissertation en faveur de la Comédie. » pp. 1-3

L’autorité Ecclésiastique s’est fait reconnaître : par ses soins la vérité a été vengée, la saine doctrine est en sûreté, et le public n’a besoin que d’instruction sur une matière qu’on avait tâché d’embrouiller par des raisons frivoles à la vérité et qui ne seraient dignes que de mépris s’il était permis de mépriser le péril des âmes infirmes : mais qui enfin éblouissent les gens du monde toujours aisé à tromper sur ce qui les flatte.

308. (1675) Traité de la comédie « XXXI.  » pp. 325-326

N'est-ce pas une preuve sensible que leur conscience dément leurs fausses lumières, et qu'ils sont eux-mêmes convaincus au fond de leur cœur du mal qu'il y a dans la Comédie, quoiqu'ils tâchent de se le dissimuler par les faibles raisons que leur esprit leur fournit.

309. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IX. Défauts que les Etrangers ont coutume de reprocher à notre Tragédie. » pp. 231-259

Homere admirable par tant de raisons, me le paroît sur tout, par cette dignité qu’il a répandue dans sa Poësie : le Sujet de l’Iliade dans lequel il trouve parmi ses Personnages Paris, Helene, & Venus, lui fournissoit bien des occasions de parler d’amour ; au lieu que le Siége de Jérusalem n’en présentoit naturellement aucune au Tasse. […] Notre Jason n’a pas besoin de raisons politiques ; son excuse est toute prête ; c’est l’Amour : Je vois mon crime en l’une, en l’autre mon excuse. […] C’est ainsi qu’il parle dans Corneille : & Longepierre lui fait dire, Oui, transporté d’amour & voyant ce que j’aime J’oublie & mon devoir, & Médée, & moi-même ; Je m’enyvre à longs traits d’un aimable poison : L’Amour devient alors ma suprême raison. […] Belle raison de consolation pour son frere !

310. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

mars 1764.) s’est avisée, à propos de rien, d’en faire l’apologie, et d’une manière fort maladroite : « On ne conçoit pas, dit-elle, comment il se trouve des esprits assez chagrins pour désirer l’anéantissement de l’opéra, où tous les arts imitateurs se réunissent et se combinent pour s’emparer de l’âme par tous les sens. » Le Journal de Trévoux, qui annonce cette Gazette (avril 1764), en rapportant cet endroit, ajoute avec vérité : « On pourrait répondre sans chagrin, que la raison donnée en faveur de l’opéra est peut-être la meilleure qu’on puisse fournir pour son anéantissement. » Qu’y a-t-il en effet de plus dangereux et de plus mauvais que ce qui s’empare de l’âme par tous les sens ? […] il remonte jusqu’au Pape, qu’il prétend amateur et approbateur de la comédie, et par un trait d’érudition qu’on ne soupçonnerait pas en lui, jusqu’au Pape Alexandre III, qu’il dit avoir eu chez lui un théâtre dont il faisait les honneurs, et où, comme de raison, il occupait la première place. […] Alexandre appelle avec raison putidissima fabula, a dû être du goût d’un Comédien. […] Il y aurait plus d’apparence de raison de citer les pièces de théâtre représentées devant Léon X et Clément VII, tous deux de la maison de Médicis.

311. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

N’eût-il que son apostasie, jamais le vrai sage ne regardera comme un grand homme un parjure, un lâche, un rébelle à son Dieu, qui abandonne la vraie religion pour adorer des faux dieux, contre les lumieres les plus évidentes de la raison naturelle. […] Louis en rougissoit : il ne voulut jamais accorder le titre de reine à la veuve Scarron, ni même souffrir qu’elle en portât le nom, qu’il ne fut plus permis de prononcer : il lui donna celui de Maintenon, qui présente les idées les plus nobles de la raison & de la vertu, comme le disoit le duc du Maine, dont on lui avoit confié l’éducation. […] Je suis à l’école de la raison.

312. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Avis au lecteur. » pp. -

Et l'autre par une nécessité de raison qui l'obligeait d'expliquer ses sentiments sur cette matière à l'un des plus illustres et des plus vénérables Magistrats du Royaume.

313. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XVIII. Sentiment d’Aristote.  » pp. 66-68

Mais laissons, si l’on veut à Aristote, cette manière mystérieuse de les purifier, dont ni lui ni ses interprètes n’ont su encore donner de bonnes raisons : il nous apprendra du moins qu’il est dangereux d’exciter les passions qui plaisent ; auxquelles on peut étendre ce principe du même philosopheAristote, Politique, 8. 4.

314. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — V.  » p. 459

 » Ces esprits qui servent à Dieu de ministres ne sont pas stables, et il trouve des défauts dans ses Anges mêmes ; à combien plus forte raison des âmes enfermées dans des corps, comme dans des maisons de boue, seront-elles sujettes à la corruption et au péché ?

315. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Ceux des spectateurs qui n’ont pas les mêmes droits, mais qui ne savent pas moins ce qui se passe dans les foyers, sont dans la même disposition que les premiers ; ainsi les uns & les autres sont prévenus contre le piége qu’on tend à leur raison. […] Voilà assurément une des raisons pour laquelle on a plus de plaisir, quand on va au Spectacle pour la premiere fois.

316. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

La fureur des Duels vient de l’opinion fausse que l’on doit conserver son honneur aux dépens de la vie de quiconque ose le flétrir, & pour le réparer, qu’il est indispensable de tuer un agresseur : or, cette opinion, aussi contraire à la raison qu’à l’Evangile, est préconisée dans le Cid, & c’est un pere qui donne cette horrible leçon à son fils :               contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs ou tue… On n’est pas moins choqué d’entendre dire à Chimene, s’adressant au meurtrier de son pere qu’elle va bientôt épouser : Tu n’as fait le devoir que d’un homme de bien. […] On pourroit vous adresser, Mademoiselle, ainsi qu’à votre troupe, & à tous ceux qui accourent en foule pour vous entendre, ces paroles de l’Evangile, avec bien plus de raison qu’aux filles de Jerusalem : Ne poussez pas des gémissemens sur les autres, réunissez toute votre compassion sur vous-mêmes, & reservez toutes vos larmes pour pleurer votre propre infortune.

317. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Je ne dis pas que ç’a été une Morale fondé sur des raisons propres & particulieres : je vous l’ai déja fait remarquer, & je le répête, ils n’employoient point d’autres raisons que nous, ils n’en avoient point d’autres ; ce qu’ils disoient contre le Théatre & contre ces Assemblées mondaines d’ou nous tachons à vous retirer, c’est ce que nous vous disons ; & tout ce qu’ils disoient, c’est ce que nous avons le même droit qu’eux de vous dire.

318. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XII. Du Dimanche et des jours des Fêtes. » pp. 54-66

Il faut maintenant que nous pesions sérieusement les raisons qui font voir qu’on ne peut pas danser sans péché les jours des Dimanches, ni les jours des Fêtes. […] Eusèbe écrit que Constantin a fait beaucoup d’ordonnances touchant la piété avec laquelle les fidèles doivent célébrer le jour du Dimanche, et les Fêtes des Saints Martyrs, et qu’il a commandé qu’on quittât toutes les occupations extérieures et mondaines ; afin qu’on pût dans cette liberté, et dans ce repos fréquenter les Eglises, et prier avec plus d’assiduité et de ferveur ; et nous rapporterons encore plus bas plusieurs autres ordonnances des Empereurs sur ce sujet ; par lesquelles il paraît évidemment qu’il n’y a rien de si contraire aux lois divines et humaines, et à la raison même, que d’employer à la volupté, et au plaisir, des jours qui sont consacrés au culte de Dieu, et institués pour ne vaquer qu’aux choses divines.

319. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Qu’on ne me dise pas que des amours qui causent tant de tourments à ceux qui en sont possédés, et qui les portent à tant d’extravagances, sont plus propres à corriger de cette passion qu’à l’exciter : Cela pourrait se dire avec quelque vraisemblance, si, après tous ces tourments, et toutes ces extravagances, les Amants finissaient par être réellement malheureux : En ce cas les Spectateurs pourraient concevoir de l’aversion pour une passion qui ne produit que des peines dans sa fin, comme dans son progrès : mais malheureusement l’amour de Théâtre, et surtout celui de la Comédie, a toujours un succès heureux ; et le Spectateur en conclut avec raison, que les maux soufferts par les Amants, pour arriver à ce succès favorable, loin d’être une juste punition due à une passion condamnable, sont plutôt une persécution injuste suscitée à la vertu qui finit par en triompher. […] Puisque les Modernes ne savent parler que de l’amour sur la Scène, ce qui est la marque certaine, ou d’une corruption générale, ou d’un défaut de génie dans le plus grand nombre des Poètes ; outre qu’ils ne devraient jamais traiter cette passion que dans la vue d’instruire les Spectateurs ; ils pourraient encore joindre à cette passion, devenue instructive, plusieurs autres espèces d’intérêts que la raison et les devoirs autorisent : ainsi on pourrait traiter des sujets de l’amour conjugal, de l’amour paternel, de l’amour filial, de l’amour de la Patrie : voilà des intérêts tendres et vifs, qui seraient nouveaux et très convenables au Théâtre ; intérêts qui peuvent avoir leurs degrés, suivant les circonstances dans lesquelles on peut les saisir, et suivant les différents caractères des hommes que l’on introduirait sur la Scène : par exemple, l’imprudence, la faiblesse, la fermeté, la complaisance, la colère, et toutes les autres passions qui s’associent dans le cœur humain à la passion dominante, ne feraient-elles pas paraître, dans la personne qui serait occupée de quelques-uns de ces sentiments, une infinité de caractères marqués et différents entre eux, qui seraient combattus par la force du raisonnement et par l’ascendant du caractère ?

320. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TRAITÉ. DE LA POËSIE. DRAMATIQUE. ANCIENNE ET MODERNE. Plan de ce Traité. » pp. 5-7

Après avoir dit les raisons d’un égarement qui fut général, je ferai voir que nous avons repris les premiers, & montré aux autres le bon chemin, & que la majesté que l’Amour a longtems fait perdre à la Tragédie, lui a été rendue par Athalie, Piéce conforme à tous les Principes d’Aristote, comme je le prouverai.

321. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VII. De ceux qui sont aux autres occasions de ruine, et de péché. » pp. 30-32

et la lumière même naturelle de la raison, nous devons laisser et omettre toutes les choses qui ne sont pas nécessaires au salut, lorsque le prochain en peut être scandalisé, c’est-à-dire, lorsque ce que nous ferions lui pourrait donner quelque occasion de ruine, et de péché, à cause de son infirmité.

322. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre X. Que c’est une chose vicieuse et un dérèglement manifeste de danser fréquemment. » pp. 37-40

Il est vrai, que Sylvestre n’approuve point ce sentiment, touchant la grièveté de ce péché, croyant que le fréquent usage d’une chose qui de soi n’est pas mortelle, ne peut pas faire qu’elle le soit : mais ces Auteurs appuient très solidement leur avis par cette raison qu paraît claire, et convaincante.

323. (1677) L’Octavius « Paragraphe XII du texte latin » pp. 42-46

Partant s’il vous reste quelque peu de sagesse et de pudeur, cessez de contempler les Cieux et de rechercher les Destins du monde;  songez à vous et regardez à vos pieds ; c’est assez principalement pour des gens sans lettres, rudes et mal polis, s’il ne vous est pas donné de connaître les choses de la terre, à plus forte raison de discourir de celles du Ciel.

324. (1675) Traité de la comédie « VI.  » pp. 280-282

 » Si ces esprits qui servent à Dieu de ministres ne sont pas fermes, et s'il trouve des défauts dans ses Anges mêmes ; à combien plus forte raison des âmes renfermées en des corps, comme en des maisons de boue, seront-elles sujettes à la corruption et au péché ?

325. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Un discernement exquis et sûr qui saisit les choses du côté de la nature, et de l’usage, ne l’abandonne jamais : une force de raison soutenue et une vivacité d’imagination modérée, règnent également dans ses ouvrages : son bel esprit ne s’évapore point en idées vaines et chimériques, et sa fureur poétique ne l’entraîne jamais au-delà des règles. […] Je laisse les Poètes pour entrer dans les preuves tirées de la raison et de l’histoire. […]  » Nous voyons en quel rang le Sacerdoce était parmi les Juifs ; et jusqu’où la raison toute seule apprenait aux Païens à le révérer. […] J’avoue que je ne sais pas de profession dans le monde qui ait été plus considérée que l’état Ecclésiastique, et qui ait pour cela des privilèges mieux établis ; et de meilleures raisons pour les maintenir. […] Il faut être bien aveugle et bien ignorant pour fouler ainsi aux pieds et la raison et les règles de l’art.

326. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « introduction » pp. 175-177

Quelque bonne et indubitable que soit la cause que je défends, je ne le puis faire avec succès, si le Saint Esprit ne vous fait sentir la force de mes raisons qui sont les siennes.

327. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 3 : Livre VI, chap. 15] » pp. 663-664

Il en donne la raison bien apparente. « Fata obstant, tristique palus inamabilis unda Alligat et novies Styx interfusa coercet.

328. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVII.  » pp. 471-473

Meurs ou tue. » Et cependant en les considérant selon la raison, il n'y a rien de plus détestable ; mais on croit qu'il est permis aux Poètes de proposer les plus damnables maximes pourvu qu'elles soient conformes au caractère de leurs personnages.

329. (1675) Traité de la comédie « I. » pp. 272-274

Mais comme la plupart des raisons dont on se servira s'étendent naturellement à la lecture des Romans, on les y comprendra souvent, et l'on prie ceux qui le liront de les y comprendre quand on ne le fera pas expressément.

330. (1675) Traité de la comédie « XVII.  » pp. 297-299

Meurs ou tue. » Et cependant en les considérant ces sentiments selon la raison, il n'y a rien de plus détestable.

331. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Peut être est-ce par raison d’économie, la dépense d’une poudre d’or seroit considérable, on l’emploie pourtant sur les lettres, dans la cire d’Espagne, &c. […] Sur des raisons si sages, un Arrêt du Parlement daté du 20 Juin 1761, a jugé la question, en faveur des Coëffeurs de Marseille, contre les Perruquiers qui leur avoient fait un procès. […] C’est un Quaker à la vérité qui parle, mais c’est la raison & la religion qui lui dictent la Morale. […] Ciceron se moque avec raison, de Gabinius. […] On a raison de donner pour attribut des masques à Thalie, son empire n’est qu’un assemblage de masque, qui en tombant, laissent l’homme le plus célébre à sa médiocrité.

332. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

J’examine ailleurs les raisons & les ouvrages de ces insignes Auteurs, je n’envisage ici que la sainteté de leurs personnes ; la sagesse hésitera-t-elle à prononcer ? […] Malgré la richesse des habits qu’elle y étale, aux yeux de la raison, de la religion, de la vertu, il n’est point de plus mauvaise compagnie, ni de plus fort préjugé contre le spectacle qui la rassemble, & est assez corrompu pour s’en faire aimer. […] Bossuet dont nous avons déjà parlé, lorsque Louis XIV revenant de la Comédie lui demandoit en riant, s’il est permis d’y aller : Il y a de grands exemples pour, & de fortes raisons contre. […] La calomnie ne sauve pas, & cependant le péché se commet avec sécurité ; la mort vient, & sans avoir égard à la malignité qui fait la raison & la ressource unique du théatre, & aux vaines défaites qui rejettent sur sa femme, sur son mari, sur l’usage du monde, sur les biens, le péché que l’on a commis en mangeant le fruit défendu, Dieu prononce son jugement souverain, & l’enfer l’exécute à jamais. […] Dubois, ancien Acteur, par un accident assez commun dans la troupe, a été obligé de faire en secret une retraite chez un Chirurgien de Paphos pour des raisons à lui connues.

333. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Ils avoient bien raison d’avoir la plus grande inquiétude sur un si grand danger pour les mœurs, & de vouloir y veiller par eux-mêmes. […] Voici des raisons puissantes, dit-il, pour la conservation du théatre : Il faut que nos Souverains se montrent au peuple. […] Riccoboni a raison de les appeler licencieuses. […] Il a raison ; ces Catons ont besoin d’un autre Caton qui veille sur eux. […] Voilà bien des raisons pour avoir des caprices.

334. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

On voit assez que Lucien plaisante, & il pouvoit avec raison railler les mauvais Comédiens, qui ne faisoient que pousser de grands cris : ce que ne faisoient pas les bons Comédiens, puisqu’Aristote dit que quand Théodore jouoit, ce n’étoit point Théodore qu’on croyoit entendre, mais le Personnage qu’il représentoit. […] Jusques-là il a raison : mais comment le concilier avec lui-même, lorsqu’il soutient que cette Déclamation pareille à la nôtre, étoit notée, & composée par des hommes consommés dans la science des Arts Musicaux, dont la profession étoit de noter & de faire représenter les Piéces Dramatiques des Poëtes ? […] Lorsque Quintilien demande pourquoi Cicéron a mis per hosce dies, & non pas per hos dies, il répond qu’il est plus aisé d’en sentir la raison que de la dire. […] Par cette raison, je comprens que Roscius qui jouoit aussi dans les Tragédies se faisoit accompagner dans sa vieillesse par des Fluttes plus lentes, tardiores fecerat tibias, quand il avoit besoin d’être accompagné. […] Par cette raison les Anciens employoient indifféremment ces mots, qui nous embarrassent quelquefois, jouer Andromaque, chanter Andromaque, & danser Andromaque.

335. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Un enfant du Marais, au courant du répertoire ordinaire des Théâtres secondaires, n’est point embarrassé aujourd’hui pour raisonner, si l’on veut bien nommer raison les traits que sa mémoire lui fournit ; il y en a même qui n’ont pas d’autre éducation, et dont les parents s’applaudissent d’une intelligence, qui fait naître souvent dans la société des scènes comme Molière en a si bien tracé dans ses comédies des Précieuses ridicules et des Femmes savantes. […] En prodiguant des secours aux deux blessés, je voulus, par de bonnes raisons, les remettre dans la bonne voie, je pris pour texte de mon sermon les bravades et leurs suites… L’esprit de Bossuet et de Fléchier revivait dans mon éloquente péroraison. […] c’est encore une manie du siècle, frappe ma vue ; parbleu, me dis-je, voilà de quoi faire venir l’eau à la bouche d’un gastronome qui cherche l’appétit, à plus forte raison d’un homme pour qui tout est bon, car il n’est, comme on dit : chair que d’appétit. […] Les interprètes de toutes les horreurs du genre ne veulent plus, avec raison, être regardés comme des enfants, et une riche draperie remplace une légende qui, vous en conviendrez, ne serait plus de circonstance. » Je remerciai mon Cicérone, et j’arrivai devant l’ancien Opéra, aujourd’hui théâtre de la Porte Saint-Martin. […] En côtoyant les rues basses, je tirai mille conjectures des derniers mots du commissionnaire, lorsqu’arrivé au boulevard de Bonne-Nouvelle, jadis si sombre dans son renfoncement, et que, pour plus d’une raison, le commissaire du quartier eût dû, depuis longtemps, faire éclairer, surtout au coin de l’escalier, projeté vis-à-vis la rue Hauteville, un vif éclat de lumières me fit doubler le pas ; oh !

336. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Mlle de Guise » pp. -1

Divine main, perle d’élite, Belle dont le rare mérite Sert aux cœurs de douce prison ; Si l’œil qui te voit ne s’engage, C’est l’âme qui faut de courage, Ou l’Esprit manque de raison.

337. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XV. La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe.  » pp. 61-63

Et la raison qu’il en rend, c’est qu’il n’y a rien sur la terre ni dans les choses humaines, dont la perte mérite d’être déplorée avec tant de larmes.

338. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 13

C’est le prophète Amos qui pèse cette raison : Malheur à vous qui cherchez les viandes exquises et les vins délicieux, et vous n’avez point de pitié des misères du peuple17 !

339. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Cette piece, que bien des gens donnent pour un chef-d’œuvre, louée & blâmée précisément par la même raison, parce qu’elle aattaque la religion & les mœurs, a éprouvé bien des vicissitudes. […] 3.° C’est une indécence, même entre gens de la lie du peuple, & à plus forte raison entre gens qui ont de la naissance & de l’éducation, que ces injures des halles, ces termes grossiers dont toute cette piece est farcie, coquin, fat, fou, sot, garniment, diable, peste, Dieu me damne, la fondre m’écrase, &c. […] 3.° L’inutilité de la défiance & de la fuite, que la religion, la raison & l’expérience recommandent : D’abord j’appréhendai que cette ardeur secrette Ne fût du noir esprit qu’une surprise adroite, (qu’est-ce qu’un esprit blanc ou noir ?) […] Une servante dévergondée qui vient avec la gorge découverte (comme sont toutes les Actrices), à qui on représente & on a raison de représenter qu’elle devroit être plus modeste, & qui répond avec une impudence cynique (théatrale) : Vous êtes donc bien tendre à la tentation, Et la chair sur vos sens fait grande impression.

340. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

On pouvoit avoir raison. […] Ma raison impuissante ou vain la repoussoit dans mon ame expirante. […] Elle lui représente que si elle étoit mariée à un autre, il n’auroit aucun droit, à plus forte raison étant unie à Dieu. […] Mais en vain la raison opposoit son murmure au besoin d’aimer, au cri de la nature.

341. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

Les Modernes suivant plutost le luxe que la raison, ont voulu des plaisirs de prix & qui coûtassent également de l’argent, du soin & du sang. […] Les Poëtes en ont assez aimé & fait valoir cette conjecture qui faute de raison & d’authorité aura telle force qu’elle pourra. […] Ie ne sçay, si ce fut par épargne ou par quelque raison de medecine, que Pline veut qu’ils fussent nourris de pain d’orge, dont le sobriquetL. 17 c. 7. […] Il faut encor observer que quoy que les Ieux du Cirque fussent tres-frequents, les grands ne se donnoient que de cinq en cinq ans, soit pour les rendre conformes aux Olympiens, soit par quelque raison de Religion, de Politique ou d’œconomie.

342. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Il y a beaucoup de personnes qui assurent qu’ils n’ont jamais reçu aucune impression mauvaise par la Comédie ; mais je soutiens ou qu’ils sont en petit nombre, ou qu’ils ne sont pas de bonne foi, ou que la seule raison par laquelle la Comédie n’a pas été cause de la corruption de leurs mœurs, c’est parce qu’elle les a trouvés corrompus, et qu’ils ne lui ont rien laissé à faire sur cette matière. [...] […] Il est tous les jours ému par l’éloquence des Orateurs, il le doit être à plus forte raison par la représentation des Comédies : ils y ajoutent même tout ce qui les peut aider à ce dessein, leur déclamation, leur port, leurs gestes et leur ajustement. […] Mais, comme dit le grand Evêque que je viens de citer ae : "Pour changer leurs mœurs, et régler leur raison, les Chrétiens ont l’Eglise, et non pas le Théâtre" : l’amour n’est pas le seul défaut de la Comédie, la vengeance et l’ambition n’y sont pas traitées d’une manière moins dangereuse. […] Il veut prouver ensuite que la représentation des Poèmes dramatiques ne peut être défendue par les raisons des anciens Pères de l’Eglise, et il apporte pour autoriser sa proposition, les jeux du Cirque que le grand Constantin et le grand Théodose firent faire pour le divertissement du peuple : mais on verra dans la Section suivante la réponse de saint Ambroise.

343. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Ce fut un des premiers fruits de la raison corrompue & égarée par les ténebres de l’idolâtrie. […] On leur reprochoit avec raison de ne nous présenter sous des noms anciens que des Héros formés sur l’urbanité galante de nos mœurs. […] Ils étoient remplis de conversations trop longues, & qui par cette raison devenoient trop ennuyeuses à la lecture. […] L’Auteur, qui n’étoit pas alors Evêque, s’étoit sans doute permis la composition de ce Roman, par des raisons que vraisemblablement par la suite il auroit abandonnées. […] Il paroît que c’est pour cette raison qu’un même sujet a été souvent traité différemment par différens Poëtes, & quelquefois par le même.

344. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Ce qui rend si pernicieux la lecture du Satiricon de Petrone & des Dialogues de l’Arétin, & qui, à plus forte raison, rendroit insoutenable la représentation animée sur la scène. […] Dans le siecle passé, Moliere lui-même, que cette raison n’auroit pas arrêté, n’osa point traiter ce sujet : il eût été odieux & révoltant. […] On croit impunément pouvoir braver les mœurs, & que de la raison le souverain empire releve un homme libre au-dessus des clameurs de ce peuple insensé qui crie au nom des mœurs. […] Le Gouvernement a raison de laisser subsister l’infamie prononcée contre les comédiens, l’honnêteté publique l’exige ; c’est la loi de tous les temps, fondée sur l’opinion universelle. […] Personne ne pourra, sans des raisons valables, dont l’examen & la décision nous seront soumis, refuser celui qui lui aura été destiné , art. 53.

345. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

Enfin, en nous peignant les foiblesses & les ridicules de la vie humaine ; ils corrigent les mœurs & ramènent les esprits à la raison. […] Cherchons-en les raisons dans ce cœur lui-même, dans une resistance trop foible au milieu d’une corruption genérale, pour mettre un frein à ses égaremens, mais toujours assez forte pour faire comprendre la honte qui les suit.

346. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

On fait paroître à la table du Duc un ecclésiastique qui blâme avec raison le peu de charité de ce seigneur, qui entretient cet extravagant, & s’en fait, avec toute la maison, un aussi extravagant divertissement Mais, pour pouvoir se moquer de lui, on lui fait tenir des discours peu mesurés, & une conduite brutale. […] Dom Quichotte, comme de raison, prend sa défense, & combat pour elle à outrance.

347. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

David en fit autant devant l’Arche, lors qu’elle fut recouvrée des mains des Philistins ; mais ces danses, ces chants se faisoient, par des motifs, & pour des sujets bien differens de ceux des mondains, que l’Eglise a souvent condamnez avec juste raison : c’estoit alors chanter les Victoires que Dieu remportoit sur les ennemis ; c’estoit pour marquer la joye qu’ils avoient de voir le Seigneur exalté, & glorifié, au lieu que les mondains y cherchent leur plaisir, & leur divertissement, & que la vanité, l’immodestie, la licence, & l’impureté sont presque inseparables des bals, des danses, & des cercles de compagnies enjoüées. […] On a raison d’appeller des joueurs dans ces assemblées, afin que l’ame étant occupée par l’oreille, les yeux ne s’offensent pas de tant de mouvement irreguliers : cela veut dire, qu’une folie en couvre une autre.

348. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Une autre raison encore, c’est que le Dialogue étant l’image d’une conversation simple, il s’écarterait de sa nature, si l’on le rendait trop guindé ou obscur. […] Quoi, je ne tirerais pas raison d’une impie qui m’a presque donné la mort !

349. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Ainsi les Pedans nez dans les Colleges & absorbez dans le Grec & le Latin, ne sont pas capables de juger des beautés modernes, & qui pis est, ils inspirent quelquefois ce mauvais goust à leurs Echoliers, & l’impriment si fortement ; qu’il dure mesme malgré eux contre celuy des honnestes-gens & du beau monde, & sans que la raison fortifiée par les années puisse en purger l’infection, ny en guerir l’aveuglement. […] Cependant, puisque le plaisir est l’objet naturel & primitif des Spectacles, sitost qu’on s’aperçoit que l’on ne plaist plus, il faut que le Poëte face iudicieusement sa retraite, qu’il se resolve de bonne foy à quitter une Place qu’il ne peut tenir, & qu’à l’exemple d’un Ancien, il cesse par raison, sans attendre de s’y voir forcé par sa foiblesseMaluit desinere quam deficere.

350. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVI. Des périls auxquels on s’expose en allant au bal. » pp. 97-118

« Quod non licet aspicere, quod non licet desiderare. » Et si vous voulez encore savoir ce que la raison naturelle a découvert aux Païens même sur ce sujet ; Sophocles ayant dit un jour par admiration d’un jeune homme qui passait devant lui : « ô le beau jeune homme !  […] Et on ne doit pas excepter dans cette occasion les personnes grossières et de la campagne, à cause de leur simplicité ; parce que encore bien qu’il semble d’une part qu’elles ne pussent pas être si sujettes à cette sorte de péchés que ceux qui vivent dans les villes, et principalement ceux qui y mènent une vie oiseuse et faineante ; Il est pourtant assuré de l’autre, que leurs passions naturelles sont plus facilement émus, aussi bien que dans les animaux privés de raison, à la présence des objets qui les peuvent exciter.

351. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Les personnages de femme qu’on exclut absolument de la comédie pour plusieurs raisons, et entre autres pour éviter les déguisements que nous avons vu condamnés, même par les philosophes, la réduisent à si peu de sujets, qui encore se trouveraient infiniment éloignés de l’esprit des comédies d’aujourd’hui, qu’elles tomberaient d’elles-mêmes si on les renfermait dans de telles règles. […] C’est aussi pour cette raison, que parmi tant de graves invectives des saints pères contre le théâtre, on ne trouve pas que jamais ils soient entrés dans l’expédient de le réformer.

352. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la discipline ecclesiastique, et des obligations imposees par les saints conciles dans la vie privee des pretres.  » pp. 341-360

Les ecclésiastiques du second ordre se croient également autorisés à négliger la volonté des conciles dans la pratique de leurs devoirs, par la seule raison qu’ils voient leurs évêques s’en écarter eux-mêmes. […] -C., devait nécessairement être donné par les ministres propres de son Eglise ; et à bien plus forte raison, l’observation des canons des saints conciles est un objet sacramentel pour les ecclésiastiques.

353. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

Mais d’autres Confesseurs sans avoir égard aux raisons ci-dessus alléguées, peuvent-ils les absoudre, sous prétexte qu’on la joue à Paris, à Rome, et ailleurs ? […] On voit par tout ce qui vient d’être dit, combien est frivole et mauvaise l’excuse que les Comédiens en question apportent pour justifier leur long séjour parmi les hérétiques, où ils sont privés du culte que l’Eglise Catholique rend à Dieu, et qu’elle ordonne de lui rendre les Dimanches et Fêtes ; car ils n’allèguent point d’autre raison que leur Profession qu’ils exercent en ce Pays-là, et le gain considérable qu’ils y font : comme si une Profession que l’Eglise réprouve pouvait rendre un tel gain légitime, et excuser devant Dieu le violementc qu’ils font du précepte de l’Eglise, qui leur ordonne d’entendre la Messe les jours de Dimanches et Fêtes, sans considérer que volontairement ils se sont jetés dans cette nécessité, et qu’il ne tient qu’à eux d’en sortir.

354. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  TABLE. DES MATIERES. Et des Personnes dont il est parlé dans les deux Volumes. » pp. 567-614

Exposition de ses raisons pour la condamnation des Spectacles, 440. […] Corruption de la raison, b, 543, 544 Rousseau vengé, b, 550 Rousseau (Jean-Jacques). […] Condamnés par l’expérience & la raison, 428-448. […] Raisons qui condamnent les Théatres, a, 440. […] Condamnés par la nature, la raison & l’expérience, b, 430-438.

355. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Il annonce la lettre d’un Docteur de Sorbonne qui fait la censure théologique de cette épître, comme pleine de mauvais principes, et avec raison. […] La raison est simple. […] » La raison en est simple encore : on aime le théâtre ; a-t-on pu le censurer et le dépouiller de ses beautés ? […] Et je serai toujours persuadé que si on a dû supprimer les livres des Casuistes qui enseignent cette doctrine, on doit, à plus forte raison, abolir un spectacle où on en donne publiquement des leçons. […] Quel trône subsisterait, si ces sortes de raisons suffisaient pour chasser un Roi et sa famille, et changer la constitution d’un Etat ?

356. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre V. Il n’est point de Drame sans Mœurs. » pp. 139-141

Ils auraient plus de raison que n’en avait ce Paysan, qui, étant à la représentation d’un Opéra-Sérieux, ôtait bonnement son chapeau, & tremblait de crainte, à chaque éclair qu’il apperçevait, & au bruit factice du tonnèrre.

357. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

Plus il est prouvé que le genre naissant des Drames tant applaudis de nos jours s’est écarté des règles reçues, & soulève contre lui la critique & la raison, plus il est démontré que les Acteurs qui le soutiennent & le font valoir, ont des talens rares & supérieurs.

358. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Douzième Lettre. De madame d’Alzan. » pp. 250-253

Mais oui, ma sœur, vous avez raison : on devrait exécuter ce Plan de Réforme.

359. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VI. Ce que c’est que les mariages du théâtre.  » pp. 25-27

Mais il y a encore une autre raison plus grave et plus chrétienne, qui ne permet pas d’étaler la passion de l’amour, même par rapport au licite ; c’est, comme l’a remarqué, en traitant la question de la comédie, un habile homme de nos jourse ; c’est dis-je, que le mariage présuppose la concupiscence, qui selon les règles de la foi est un mal auquel il faut résister : contre lequel par conséquent il faut armer le chrétien.

360. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIV. Réponse a l’objection qu’il faut trouver du relâchement à l’esprit humain : que celui qu’on lui veut donner par la représentation des passions est réprouvé même par les philosophes : beaux principes de Platon. » pp. 58-60

La raison de ce philosophe était qu’en contrefaisant ou en imitant quelque chose, on en prenait l’esprit et le naturel : on devenait esclave avec un esclave ; vicieux avec un homme vicieux ; et surtout, en représentant les passions, il fallait former au-dedans celles dont on voulait porter au dehors l’expression et le caractère.

361. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

Comme elles font valoir la force au détriment de la raison, le courage au détriment de la prudence, l’homme le plus fougueux, le plus impétueux et le plus violent y paraîtra aimable, et plaira davantage par sa fureur, par sa haine et par sa rage, que celui qui n’a que la vertu pour briller.

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