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137. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « TABLE DES CHAPITRES ET DES SECTIONS. »

Idée que M. l’Abbé Fleury a donnée de la Comédie, dans Les Mœurs des Chrétiens. page 66.

138. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIV. » pp. 66-67

Car l’idée de Poète Panégyriste de votre Héros ne convient point du tout à sa Majesté et ne lui ferait point honneur.

139. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Qu’importe, le Théatre est si puissant qu’il renverse toutes les loix, qu’il change toutes les idées, décide tous les interêts. […] Le seul titre technique d’hypocondriaque présente une idée dégoutante de maladie qui seul devoit la faire tomber. […] On ajoute cependant que lui-même faisoit fort peu de cas de son ouvrage, qui n’étoit qu’une traduction en prose fort mauvaise (car il écrivoit mal) ; qu’il n’y avoit que quelques endroits brillans, quelques descriptions, qu’il avoit essayé de traduire en fort mauvais version témoin le poëme du Val-de-Grace, dont personne ne peut soutenir la lecture, quoiqu’il eût la liberté toute entiere, n’étant point gêné par les idées de l’auteur qu’il traduisoit. […] Ne jugeons pas des idées de son siecle passé par l’enthousiasme du nôtre.

140. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

C’étoit dans leur idée faire son panégyrique, au jugement des gens sages c’étoit une satyre. […] Il ne faut pas moins que toutes les idées qui ont introduit l’irréligion, pour combler d’éloges un païen qui a été l’horreur de tous les siecles. […] Louis en rougissoit : il ne voulut jamais accorder le titre de reine à la veuve Scarron, ni même souffrir qu’elle en portât le nom, qu’il ne fut plus permis de prononcer : il lui donna celui de Maintenon, qui présente les idées les plus nobles de la raison & de la vertu, comme le disoit le duc du Maine, dont on lui avoit confié l’éducation.

141. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Je conseille au Poète qui voudra composer une véritable Comédie, telle qu’on en conçoit l’idée, de préférer un sujet purement gai. […] On personnifierait l’idée que nous avons des Riens ; dans chaque Scene on verrait des Riens qui prendraient des formes différentes. […] Que fait naître l’idée d’un pauvre ouvrier ?

142. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Les productions utiles coûtent : saisir avec précision une vérité, développer avec netteté un grand principe, suivre avec ordre le fil des conséquences, analyser avec exactitude une matière importante, ce ne fut jamais le chef-d’œuvre d'un esprit léger et superficiel qui ne sait qu'effleurer les objets, incapable de réfléchir, de comparer, de combiner les idées. […] Ce sont de vrais Satyres, de vraies Sirènes ; le sage Ulysse les aurait plus redoutées dans le cours de ses navigations que celles qui lui firent boucher avec de la cire les oreilles de ses matelots, selon les sublimes idées du bonhomme Homère. […] L'élève du théâtre a dû aller bien secrètement à l'école, et en déguiser bien adroitement les leçons, s'il a fait quelque cas de sa réputation : la seule idée que ses talents étaient l'ouvrage des Comédiens l'eût décrédité sans retour.

143. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [F] »

Voyez les détails que l’on donne à ce sujet, dans le troisième Volume Des Idées Singuliéres, sur l’accent noté pour la Déclamation ; (sous presse).

144. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Ce défaut vient d’une légéreté d’esprit qui refuse d’approfondir les idées, & qui s’arrête à leur superficie ; je suis cependant bien éloigné de penser que les François soient incapables de goûter tout ce qui n’est qu’essentiel & qui ne porte pas l’empreinte de la frivolité. […] Fausse idée où sont nos Auteurs comiques, que les caracteres propres à la Comédie sont épuisés.

145. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

Corneille a prétendu justifier le Théâtre par le discredit de sa Théodore qui frappoit l’esprit de l’affreuse idée d’une prostitution à quoi cette Sainte étoit condamnée. […] La religion de cette femme n’est point un titre dans l’idée du Poëte ; Pulcherie tient le même langage, malgré qu’on la peint vertueuse, & qu’elle est chrétienne, elle ne respire que la vengeance, s’obstine à la mort de Phocas1.

146. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Je ne sçaurois croire que ce soit là le vrai sentiment de l’Auteur ; & Aristote même me fournit dans sa Poëtique dequoi combattre son opinion, par l’idée qu’il y donne de la Tragédie, & des différentes parties qui n’en forment qu’un seul tout. […] c’est parce que leur raison n’étant encore ni assez développée, ni assez parfaite pour mettre en ordre leurs idées afin de produire quelque chose d’eux-mêmes, & de faire de nouvelles découvertes, ils sont obligés de s’arrêter à ce qu’ils ont vû faire aux autres. […] L’Auteur a raison de trouver qu’Aristote ne nous donne qu’une idée très-imparfaite de ces causes, lorsqu’il semble les réduire au seul désir d’apprendre & de s’instruire, qui est commun à tous les hommes. […] De là vient que les jugements que lon porte sur les Auteurs, & en général sur le caractere, la conduite, les discours des autres hommes plaisent plus à l’amour propre que ceux qui n’ont pour objet que les idées des choses mêmes. […] L’esprit qui se plaît à agir, comme je l’ai déja observé, croit agir davantage quand il découvre des rapports, que quand il apperçoit les premieres idées des choses.

147. (1715) La critique du théâtre anglais « DESSEIN DE L’OUVRAGE. » pp. -

La fin du Poème dramatique est de porter à la vertu et d’éloigner du vice ; c’est de montrer l’inconstance des grandeurs humaines, les revers imprévus de la fortune, les suites malheureuses de la violence et de l’injustice ; c’est de mettre en jour les chimères de l’orgueil et les boutades du caprice, de répandre du mépris sur l’extravagance, et du ridicule sur l’imposture ; c’est en un mot d’attacher à tout ce qui est mal, une idée de honte et d’horreur.

148. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Est-ce dans la tête d’un Philosophe que tombent de pareilles idées ? […] Heureusement elles sont en petit nombre, et l’idée de la fatalité s’évanouit avec l’illusion Théâtrale. […] Quelle est d’abord l’idée qu’il attache à ce nom d’amour ? […] Qu’ils ne s’en inquiètent pas ; il faudrait avoir d’étranges idées de l’amour. […] Voilà une façon de sentir dont je n’avais pas même l’idée.

149. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

(C’est une idée risible, qu’une musique en forme en Ecosse au 16e siécle : il n’y en eut même en France que long tems après ; & une musique Italienne chez un peuple barbare ?) […] Cette idée me rappelle le Colisée bâti sur le modéle de celui de Rome. […] L’institution d’un Ordre de Chevalerie, pour célébrer une obscénité plus grossiere que celle de la jarretiere, & dont il a fallu changer l’idée, n’est-elle pas un sacrilége ? […] Cette idée est du dernier ridicule : le grand N… ne l’est pas moins. […] Cette idée est burlesque.

150. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

ce n’est pas lorsqu’elle se présente à nous sous l’idée du libertinage que la passion est la plus redoutable ; c’est au contraire lorsqu’elle se déguise sous le masque de l’honnêteté, lorsqu’elle prépare de loin la pente du précipice, & qu’elle cache sous des dehors imposans les désordres honteux auxquels elle veut nous conduire. […] S’il est dangereux de se former l’idée de la vertu sur ces héros de l’antiquité payenne qu’on introduit sur la scène tragique, est-il plus sûr, mes Frères, de prendre pour règle de sa conduite & de ses mœurs les maximes qu’on débite dans cet autre spectacle, qui est destiné à représenter les actions les plus ordinaires de la vie ; je veux dire la comédie ? […] Or, voilà, mes Frères, la véritable idée que l’on doit avoir des comédies les plus estimées. […] Elle y éprouve, si elle est véritablement Chrétienne, des scrupules & des remords combattus, il est vrai, & trop souvent vaincus par l’idée du plaisir, par les discours séducteurs de pécheurs endurcis qui insultent à sa simplicité. […] Si le Poète, peu fidèle aux règles de son art, vous présentoit l’idée de certains désordres auxquels le monde, tout corrompu qu’il est, attache encore une juste ignominie, il révolteroit votre délicatesse, & l’horreur qu’il vous inspireroit, détruiroit en vous le sentiment du plaisir.

151. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

 1769, traite fort bien cette idée neuve qui paroît vraie. […] Le pittoresque de la musique ne forme qu’un tableau des mouvements de l’ame, jamais des conversations ni des idées spirituelles de la poésie, des regles, des axiômes, &c. […] Il faut être entousiasmé du théatre, jusqu’au délire, pour donner de soi-même l’idée qu’en donne Marmontel, Préface de Cléopatre. […] Il eût pu n’en pas faire la confidence au public, & ne pas donner une idée si peu favorable de sa personne. […] C’est l’idée que donne, de cet événement comique & tragique, l’Avocat général, qui l’a le mieux connu, & dont la sincérité lui fait le procès à lui-même sur ses désordres, dans un tems où depuis plusieurs années la passion & la cabale avoit quitté la plume & le burin.

152. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Cette idée de cheveux noirs sur cette tête d’or, semble plutôt indiquer le sens physique d’une tête chargée & ornée d’or, que le sens moral d’une tête pleine de sagesse ; quoique l’une n’exclue pas l’autre, je suis surpris que dans l’excès & le rafinement du luxe, où le théatre donne, il n’ait pas employé cette parure, riche & brillante, sur-tout dans le rôle des Princes & des Princesses, dont plusieurs sont employées, notamment dans le rôle de Salomon. […] Ce seroit une idée aussi fausse qu’impie, d’avancer que les rayons de lumieres qui paroissoient sur le visage de Moyse, n’étoient que la poudre d’or qu’il mettoit dans ses cheveux, & qui brilloit au rayon du soleil ; erat corona facies Moysi . […] Aussi, quelle idée nous donne l’histoire de ces monstres ? […] Ce passage des funérailles à la toilette, & de la toilette aux funérailles, en rappellant l’idée de la mort, devroit fournir matiere à bien de réflexions, si la vanité laissoit la liberté de réflechir. […] Rousseau a imité l’un & l’autre, & a appliqué la même idée au guerrier accablé par l’adversité.

153. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Pour ne pas troubler ses études, par l’amour d’une femme, & l’embarras du ménage, & pour mieux rappeller l’idée de la science Mathématique & Astronomique de la mere, il appelle son fils naturel Astrolabe. […] Il ne seroit jamais sorti de l’obscurité où il étoit depuis sa mort, si le plaisir de faire un roman licencieux, & de décrier le Clergé, sous le nom d’un homme célebre, ne l’avoit scandaleusement ressuscité, pour en faire l’aliment du vice ; ainsi que son Héloïse, encore plus inconnue, que le même dessein a peint des plus belles couleurs, pour donner de la vogue à ses infamies ; qu’on juge de son mérite par l’idée qu’elle donne d’elle même dans ses lettres. […] Ce nom est risible, Philinte, Araminte, Ergaste, Valere, &c. sont des noms de personnages de comédie, imaginés par des poëtes dramatiques, dont Abaillard n’eut jamais l’idée. […] Abaillard avance qu’Héloïse qui faisoit le bel esprit, & avoit lu quelques poëtes, récita à haute voix, pendant la cérémonie de sa profession, quelques vers de Lucain, sur la mort de Pompée, dont elle faisoit l’application à ses amours, à ses malheurs, à sa profession forcée, qu’elle faisoit par désespoir ; c’est donner une bien mauvaise idée de sa vertu, de la prudence, de la décence de son amant ; mais l’écrivain de la lettre à Philinte en donne-t-il une bien avantageuse de lui-même, en rapportant la traduction de ces vers, pris de la tragédie de Corneille, sur la mort de Pompée. […] La Réligion ne peut que condamner cette idée, parce qu’elle défend sévérement la calomnie, & même la médisance, & qu’elle en ordonne la réparation : elle défend jusqu’au jugement téméraire, qui n’est qu’une médisance secrette, qu’on se fait à soi-même.

154. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

La faveur n’y eut point de part, sa vertu reconnue méritoit la préférence : peut-être même avoit-elle inspiré cette idée à son frere, & peut-être avoit-elle des droits qu’elle céda sur le Fief de la Rose détaché de leur patrimoine. […] Voici quelques vers de cette Epître qui en donneront une idée. […] Le mémoire historique que Favart a mis à la tête de sa farce, est plein de fautes & d’idées théatrales. […] Jamais on n’a vu à Salenci ce rafinement de poësie & de musique : on ne connoît pas même dans le monde cette maniere antithetique de s’entretenir, où plusieurs personnes qui chantant & pensant tout-à-la sois, ne devroient point s’entendre, se combattent & s’accordent par les idées & les consonnances. […] Cette idée me rappelle un établissement singulier d’un Corps ecclesiastique qui fonde à perpétuité une somme pour marier une pauvre fille chaque année : mais, bien différent de S.

155. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

C’est une satyre cruelle qu’on fait passer sous son nom : mais qui, à la bien prendre, donne de Ninon la plus mauvaise idée. […] Il a des titres bisarres & des idées singulieres : rayons du soleil de justice, bouquet de fleurs célestes, discours sentencieux, selon le goût du temps : du reste rempli de piété, morale solide, connoissance de l’Ecriture sainte. […] Il y a fort à craindre pour ceux qui y assistent, qu’ils n’en rapportent de mauvaises idées, dont ils soient contraints de gémir, comme S. […] Il est vrai qu’aucune n’a passé pour un chef-d’œuvre, & que la seule idée de pieces de collége les feroit tomber. […] Cette comparaison est communément une injure ; parce que, dans les idées communes & trop justes, rien n’est plus méprisable que la profession des comédiens.

156. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Affoiblir les idées & l’horreur que le christianisme nous donne de l’impureté, & faire disparoître l’infamie par des adulations, des fables, des impiétés, des crimes, est-ce respecter l’Evangile & les mœurs ? […] Peut-on en avoir, peut-on en donner des idées si monstrueuses ? […] A propos du pauvre Saxe, il avoit quelque-fois des idées singulieres. […] Si on appelle un tel personnage grand homme, les idées de notre siecle sont bien différentes de celles du genre humain, de la religion & de la vertu. […] Pour se former une idée des richesses que la passion avoit accumulées, il faut connoître l’Electeur son pere.

157. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

La Comédie a un grand avantage au-dessus des instructions philosophiques, contenues dans une infinité de bons ouvrages, en ce qu’elle expose sous les yeux un tableau animé des passions humaines, & qu’elle ébranle fortement les sens, pour porter par leur canal la conviction jusqu’au fond du cœur : car telle est la loi de l’union de l’ame avec le corps, que toutes nos idées ont pour cause premiere les objets sensibles, lesquels ne peuvent parvenir jusqu’au siége intellectuel sans y avoir été portées par les sens qui veillent sans cesse autour de l’ame pour l’avertir de ce qui se passe hors d’elle.

158. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XV. La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe.  » pp. 61-63

Voilà ce que dit celui qui n’avait pas ouï les saintes promesses de la vie future, et ne connaissait les biens éternels que par des soupçons ou par des idées confuses : et néanmoins il ne souffre pas que la tragédie fasse paraître les hommes « ou heureux ou malheureux » par des biens ou des maux sensibles : « Tout cela, dit-il, n’est que corruption »De Rep. lib. 10.

159. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — A SA MAJESTÉ IMPERIALE ELISABETH PREMIERE, IMPERATRICE DE TOUTES LES RUSSIES. » pp. -

J’offre donc à Votre Majesté Impériale les idées que de longues réflexions m’ont inspirées sur les moyens de réformer le Théâtre.

160. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

Les pieces qu’on représente réveillent sans cesse à l’Actrice l’idée de son amant : comme elles roulent toutes sur l’amour, on en sent plus vivement l’impression ; on s’applique ce qu’on chante, on déclame, on substitue l’amant à l’Acteur ; on se voit en lui, on lui parle ; on entre dans le sentiment du rôle qu’on joue, on le réalise en soi-même, on en réussit mieux, & on le fait mieux passer dans l’ame des spectateurs. […] Ce seul titre l’annonce, son état ne laisse pas même l’idée de la vertu. […] Quelle idée donnent les Administrateurs des mœurs du public & des leurs ! […] Les têtes de ce pays sont toutes musiciennes, & dans leurs idées suivent assez la marche des notes, croches & doubles croches.

161. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Quelle esperance pourra avoir cette personne, que le raison de la celeste lumiere éclairera son esprit dans l’oraison, & que la dureté de son cœur sera amollie par l’operation du Saint Esprit, tandis qu’elle ne remporte de la Comedie qu’une tête pleine de douces & charmantes idées, remplie de toutes les passions folles & imaginaires, que la declamation d’un Comedien folâtre lui a pû représenter ? […] Après avoir vû cette passion si bien depeinte sur le Theatre avec toutes les couleurs de la parole, d’une expression douce, & de la declamation ; cette Fille commence à sortir de la sainte ignorance où elle éroit, & ce que la nature ne lui avoit pas encore appris, des Comediens & des Comediennes le lui apprennent comme les nouveaux maîtres de son prémier malheur, Ce métier apris à une si mechante école est secondé par les inclinations naturelles, & il ne laisse que les idées d’une douce passion ; ces idées lui reviennent souvent, & elles attaquent son innocence : il faut un miracle de la droite du Seigneur pour qu’il ne lui arrivent de grandes chûtes, qui, quoiqu’elles ne se commettent qu’interieurement, déviennent presque incurables, & entrainent la plûpart, qui les font, à la damnation éternelle. […] Faute de crainte, on n’a point d’idée du malheur qui peut arriver à l’ame, & par consequent point de mouvement d’aversion pour le mal : faute de défiance, loin de se ténir sur ses gardes, & de se mettre en disposition de repousser l’ennemi du salut, on y apporte une imagination vive, un esprit dissipé, un cœur volage, des sens ouverts & subtils, dispositions fatales & propres à donner de l’entrée au peché.

162. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Nous ne faisons point icy de distinction de ces divers genres de Ieux, parce que l’Idée vulgaire & universelle les confond ordinairement, & que ces connoissances trop fines pour le Peuple & pour les gens de Cour, l’embarassent beaucoup plus qu’elles ne les instruisent, & qu’ils s’en rebutent plûtost que d’en profiter. Il est peu de Nations, & de Siecles où ce plaisir ait esté plus en vogue plus en commerce & plus parfait, que parmy nous : & nos beaux Esprits y ont travaillé si heureusement, que nous pouvons sans trop de presomption, nous vanter d’avoir élevé le Theatre beaucoup au de-là des vieilles Idées, & des efforts des anciens Poëtes.

163. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Qu’ils osent assurer que les sensations, c’est-à-dire, les idées que reçoit l’âme matérielle, suivant leur système, par les organes des sens, puissent combiner des sentiments si déliés, si spirituels, et les juger ! […] Quelles admirables idées !

164. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Ce contraste choque toutes les idées reçues. […] Mais si l’on ne savoit jusqu’où se porte parmi nous le vil esprit d’imitation, d’asservissement aux idées bonnes ou mauvaises, qui ont quelque succès, eût-on jamais imaginé que cette piece, qui fit dans le temps une nouveauté agréable, eût produit le Courier de Henri IV, la Bataille d’Ivri, la Réduction de Paris, &c ? […] Voici le jugement qu’a porté sur le drame du sieur Durosoi (Affiches, Décembre 1775.) le sieur Querlon, homme d’esprit & de goût : On ne concevroit pas l’espece d’un drame lyrique en prose, si l’on ne savoit que ces idées inconciliables annoncent simplement une piece en prose, mélée d’ariettes. […] Voltaire s’est peint lui-méme dans son héros : il a voulu étayer sa morale & sa religion par un grand nom, sans s’apercevoir qu’il affoiblit, qu’il renverse son appui, par l’idée qu’il en donne. […] Quelles idées nous donnent-ils d’un Prince qui se respecte si peu ?

165. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Il porte l’aveuglement jusqu’à ne pas sentir qu’il se condamne lui-même, dans l’idée qu’il donne des spectacles. […] C’est braver toutes les idées du théatre. […] Son ame est sans idée, & n’a que des désirs ; vous vivez, vous aimez & j’aime. En bonne philosophie, a-t-on des désirs sans idées ? […] Il fait tenir au pape Paul IV, toutes les fois qu’il donnoit audience aux ambassadeurs, pour les rendre ridicules, un langage qui n’est pas même dans les idées ultramontaines.

166. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — I. Fin principale de l’Incarnation du Verbe. » pp. 5-6

Telle est l’idée que les saintes Ecritures nous donnent d’un Juste : & qu’on n’oublie pas qu’il faut l’être dans un degré plus ou moins grand, pour entrer dans le Royaume des cieux.

167. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VIII. Les intrigues sont la vraie fin de la comédie. » pp. 15-17

Croit-on que le feu qu’elles auroient jetté dans un cœur deja trop disposé par lui-même à aimer en quelque maniére que ce soit, s’éteindroit par l’idée seule de l’honnêteté nuptiale ?

168. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Privilege du Roy. » pp. -

Nous a fait remontrer, qu’il auroit composé un Livre intitulé, l’Idée des Spectacles Anciens & Nouveaux, qu’il desireroit donner au public, s’il nous plaisoit luy en accorder la permission, & iceluy faire imprimer, requerant nos Lettres à ce necessaires : A ces causes, desirant favorablement traiter l’Exposant : Nous luy avons permis & octroyé, permettons & octroyons par ces Presentes, de faire Imprimer le dit Livre par l’un de nos Imprimeurs par nous choisis & reservez, que bon luy semblera, en tel marge, volume & caractere, & autant de fois qu’il voudra, durant le temps de sept années, à commancer du jour qu’il fera achevé d’imprimer ; pendant lequel temps, faisons tres-expresses deffences à tous Imprimeurs, Libraires & autres personnes de quelque qualité & condition qu’elles soient, de l’imprimer ou faire Imprimer, vendre & distribuer en aucun lieu de nostre Royaume, Païs & Terres de nostre obeïssance, sans le consentement dudit Exposant, ou de ceux qui auront droit de luy : à peine de deux mille livres d’amande, aplicable un tiers à l’Exposant, un tiers à Nous, & l’autre tiers à l’Hôpital General de nostre Ville de Paris, de confiscation des Exemplaires contrefaits, & de tous despens, dommages & interests ; à la charge qu’il en sera mis deux Exemplaires en nostre Bibliotheque, un en celle de nostre Cabinet, de nostre Chasteau du Louvre, & un autre en celle de nostre Amé & Feal, le Sieur Seguier, Chevalier, Chancelier de France, avant que de l’exposer en vente, & que ces Presentes seront registrés sur le Livre de la Communauté des Marchands Libraires & Imprimeurs.

169. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Douzième Lettre. De madame d’Alzan. » pp. 250-253

Je me plais dans cette idée ; elle me console & m’encourage… Ma sœur, est-elle bien vraie ?

170. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XI. » pp. 55-57

En vérité, mes Pères, il paraît que vous n’avez seulement pas l’Idée de la douceur Chrétienne et que vous ignorez en quoi elle consiste.

171. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Sans doute que l’Auteur de Don Sébastien ne compte pas trop de se voir un jour à ce terrible spectacle : l’idée bouffonne qu’il prête à une de nos plus effrayantes vérités ne peut s’adapter qu’à un homme qui tâtonne dans les ténèbres de la nuit et qui ne sait ce qu’il fait. […] Ces propriétés de la matière et du mouvement sympathisent-elles avec la nature de l’amitié selon l’idée que nous en avons tous ? […] Il faudra donc que tout homme soit ou ami ou ennemi malgré lui et aussi longtemps à point nommé qu’il plaira aux Atomes : chaque changement dans l’Impulsion et dans la figure dérangera la première impression et y substituera une idée nouvelle. […] Ne conçoit-il pas une haute idée des dons du Ciel ? […] Sérieusement c’est une grande puérilité que cette idée de La Famine ; et Cléora paraît encore plus manquer de jugement que de nourriture.

172. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « Stances à Madame Isabelle, sur l’admiration où elle a tiré la France » pp. -

Il dit qu’après que la matière Eut reçu sa forme première, Et rendu l’image en effet, Dieu fit descendre ses idées Dans le sein des Anges guidées Pour former cet esprit parfait.

173. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

Mais les vrais habits auroient écarté l’idée de l’état religieux à qui on en vouloit, & on a mieux aimé sacrifier la vérité historique, aussi-bien que la vérité chrétienne, au plaisir de le livrer au mépris. […] Quelle idée cependant donne-t-on du mariage, pour en dégoûter ? […] 3.° Enfin on décrie l’état religieux, & par de grossieres invectives, & par des calomnies contre les Religieuses, & par des idées fausses de l’état dans ceux-mêmes qui l’ont embrassé avec le plus de liberté & de vocation : Ces sermens odieux doivent-ils jamais être entendus par les Dieux ? […] Quelle idée de toutes les Religieuses !

174. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

Les Romains avoient la même estime & la même idée du Théâtre ; ils reconnoissoient sa puissante influence sur les mœurs. […] Je dois d’abord, disoit-il à MM. de l’Académie Françoise, déclarer que je ne souhaite point qu’on perfectionne les Spectacles où l’on ne représente les passions corrompues que pour les allumer… Il ajoute : il me semble qu’on pourroit donner aux Tragédies une merveilleuse force, suivant les idées très-philosophiques de l’Antiquité, sans y mêler cet amour volage & déréglé qui fait tant de ravages ***.

175. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre X. Des entrées faites aux Rois & aux Reines. » pp. 205-208

S’ il est quelque chose parmi nous qui puisse estre comparée aux triomphes Romains, & remplir en quelque façon les idées qui nous en restent, ce sont sans doute les Entrées que les bonnes Villes font à leurs Souuerains ; la depense, la magnificence, & la foule du peuple & des aclamations r’appellent dans le souvenir, & representent assez fortement ces anciennes & fastueuses Pompes dont on recompensoit les Vertus & les Succez des grands Hommes.

176. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVIII. Doctrine de l’écriture et de l’église sur le jeûne. » pp. 98-101

C’est confondre toutes les idées que l’écriture et la tradition nous donnent du jeûne.

177. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

La manière particulière dont il parle des Tragédies et des Comédies, nous fait voir qu’il en avait une autre idée que vous, et qu’il les croyait plus honnêtes que les autres Spectacles. […] Voilà sans doute une belle idée que vous nous donnez de la Comédie, et qui ne la connaîtrait que par là, n’en pourrait avoir qu’une grande estime. […] et ne condamnerez-vous point notre théâtre à moins que selon votre idée, il ne soit entièrement semblable à celui des Gentils ? […] Détruisez cette idée si vous pouvez, mais je vous en défie tant que les choses seront sur le même pied, et tant que la cause de l’infamie subsistera en eux. […] Tout ce qui se passa à la mort de Molière, suffit pour vous en convaincre, et la sépulture de Rosimond, dont on a dans le monde l’idée plus fraiche, ne vous perrnet pas d’en douter.

178. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Il est essentiel de donner une idée de la quatrième scène du second acte : cette scène par excellence, où, dit-on, Molière a peint tant de vices, et où il s’est plu à les rassembler sous le même point de vue. […] Combien de jeunes gens très assidus aux spectacles ne conserveraient aucune idée des bonnes mœurs, s’ils n’étaient soutenus, ou par des prédications saintes et éloquentes, ou par des sentiments d’honneur naturels, ou par une éducation avantageuse ? Combien d’autres au contraire, plus assidus aux prédications, conserveraient mieux les bonnes idées qu’ils y reçoivent, et en retireraient plus de fruit, s’ils n’étaient attirés aux spectacles par d’appât du plaisir ? […] L’idée qu’en donne M. […] Cette idée a même été suivie, et elle a fourni des Pièces à deux Théâtres de Paris9.

179. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

C’est tout au contraire que cette Pièce favorise leur tour d’esprit, qui est d’aimer et rechercher les idées neuves et singulières. »u S’il était vrai que le Public eût tant de goût pour les idées neuves et singulières, les vôtres sur la Musique Française et sur le spectacle seraient généralement adoptées, et pour réfuter votre opinion il suffirait sans doute de vous montrer le peu de partisans que ces idées ont acquis, mais avec des gens de votre espèce ce n’est pas assez que l’évidence pour les convaincre, il y faut joindre encore le raisonnement. […] Vous faites présumer si bien par votre ingénieux Discours sur l’inégalité des conditions v, que les hommes sont bons naturellement, qu’on peut vous l’objecter à vous-même pour vous convaincre que ce n’est pas parce que les idées d’Arlequin Sauvage sont neuves et singulières qu’on s’en laisse toucher ; mais que c’est parce qu’elles sont naturelles à tous les hommes, qu’elles représentent les premiers sentiments que la nature a gravés dans leur cœur, qu’on les écoute avec tant de plaisir et qu’on les saisit avec tant d’avidité. […] Le spectacle leur offre ce modèle, il est donc très sage de les exhorter à venir souvent l’y voir, pour leur faire contracter l’habitude de ces idées qu’ils n’admirent en lui que parce que la nature leur a donné les dispositions nécessaires à les admirer. Au surplus ce qu’Arlequin Sauvage dit des nations civilisées n’est ni singulier ni nouveau, mais il est sage et naturel ; ce sont des idées exprimées très anciennement, vous les retrouverez dans les Livres Sacrés et dans ceux des Philosophes : elles sont présentées d’une manière sinon édifiante du moins plus agréable, et c’est par l’agrément que le spectacle unit à la morale qu’il fait quelquefois dans le cœur des hommes une réformation que la Religion ni la philosophie n’ont pu faire. […] Il est facile de se persuader que l’affreux Damien, ni les abominables Jésuites, auteurs de l’attentat contre Sa Majesté Portugaise, ni la Marquise de Tavora, n’auraient jamais eu les idées funestes qui les ont conduits au supplice si justement mérité, s’ils avaient vu souvent représenter les Tragédies de Cinna, de Brutus, de Venise sauvée, de Catilina, et de La Mort de César z.

180. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Dans cette idée, il donna au public les raisons qu’il avoit de condamner la comédie, & de vouloir en dégoûter les autres : mais ces raisons étoient ridicules. […] « Ce ne sont pas, dit-il, les pièces de cette espèce que je propose de réformer, mais c’est, à l’exemple de celles-ci, que je voudrois qu’on réformât les autres. » Quelle idée ! […] Voilà ce qu’il pense des tragédies, même de celles où le crime est puni : en quoi, je le trouve d’accord avec La Mothe, qui dit : « Quelque sorte que soit la leçon que puisse présenter la catastrophe qui termine la pièce, le remède est trop foible & vient trop tard. » Mais on a combattu l’idée de M.

181. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

Il est beaucoup de dates d’année dans les Poèmes ; mais il ne m’en revient non plus aucune dans l’idée. […] Ce n’est pas par un mot ou par un seul Vers, qu’on amène les événements & les passions : il faut que le prémier Acte d’un Drame offre une idée parfaite de ce qui doit arriver, & de ce qu’on va dire. […] Les Anciens ni les Modernes n’en ont jamais eu l’idée.

182. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

C’est sur-tout dans ce moment que ce petit Ouvrage peut être utile, pour fixer les idées de la plûpart de nos Littérateurs.

183. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XII. Des Spectateurs. » pp. 355-358

Les Anciens étaient loin d’avoir une pareille idée ; les chœurs de leurs Pièces supposaient toujours qu’une foule de Peuple était présente.

184. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « V. » pp. 23-26

Mais qui ne voit en même temps que rien ne peut être plus impie et plus injurieux à Dieu que de le faire parler et agir sous la forme et le nom de Jupiter qui est un personnage réel qui ne peut ramener à l’esprit que des idées les plus infâmes et les plus honteuses.

185. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre III. L’amour profane est la plus dangereuse de toutes les passions. » pp. 29-31

« Le comte de Bussy, cet ingénieux courtisan, nous dit que la passion de l’amour est la plus dangereuse de toutes les faiblesses, et qu’on revient plus aisément des sottises de l’esprit que de celles du cœur : en effet, le cœur s’attache, au lieu que l’esprit ne s’occupe point toujours des mêmes idées.

186. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « JUGEMENT DE M. DE VOLTAIRE, SUR LES SPECTACLES. » pp. 78-81

Les mêmes esprits qui bouleverseraient un Etat pour établir une opinion souvent absurde, anathématisent les plaisirs innocents, nécessaires à une grande ville, et des Arts qui contribuent à la splendeur d’une nation : l’abolition des Spectacles serait une idée plus digne du siècle d’Attila, que du siècle de Louis XIV.

187. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à rejeter. » pp. 313-318

Je n’en dirai pas d’avantage, parce que si je voulais expliquer les raisons qui me forcent à rejeter l’Ecole des Maris, je serais obligé de rappeller les endroits les plus dangereux de cette Pièce ; et je ne crois pas qu’il me convienne de faire revivre des idées que je condamne.

188. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Comment a-t-on pu réunir deux idées qui s’excluent mutuellement ? […] Il en convient ; & il est surprenant qu’avec des idées si peu favorables de ses ouvrages, il ait voulu s’exposer au grand jour de l’impression, qui dans une personne de son rang le livre à toute l’Europe Ma cervelle est assez bizarre pour barbouiller des vers aussi faux que mauvais. […] Ce ne sont point de bons mots, des traits fins, des idées plaisantes ; ce sont de vrais sarcasmes & des injures grossieres. […] Sans doute, c’en est une contre ses idées & sa conduite.

189. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

La ressemblance de goût & d’idée, qui lui avoit gagné le Cardinal, lui gagna aussi le Duc d’Orléans. […] Plaute & Terence donnent les mêmes idées sur les esclaves, état plus ignoble encore. […] Quelque disproportion qu’il paroisse y avoir entre un grand Prince tout occupé du gouvernement des peuples, & une comédie qui ne semble faite que pour l’oisiveté, il n’est pas difficile de rapprocher ces deux idées. […] Cette idée burlesque est digne de l’Arlequin de la foire.

190. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

Je dis donc premièrement que la Comédie n’est pas une chimère ni une idée purement métaphysique ; et cela étant, c’est une vision qu’on puisse, selon la pensée du Théologien, la considérer indépendamment de toutes circonstances, bonnes ou mauvaises. […] Est-ce un Religieux, est-ce un Prêtre et un Professeur en Théologie, qui parle et qui nous donne une telle idée des Chrétiens ? […] Ils ne remplissent donc aucunement l’idée qu’on doit avoir d’un véritable Chrétien. […] Le premier est une grande dissipation d’esprit : car elle le remplit des idées de toutes les choses qu’on y a vues et entendues.

191. (1666) Réponse à l'auteur de la lettre « letter » pp. 1-12

La Religion Chrétienne qui règle jusqu’aux désirs et aux pensées, ne condamne-t-elle pas ces vastes projets d’ambition, ces grands desseins de vengeance et toutes ces aventures d’amour qui forment les plus belles idées des Poètes ? […] mais le Poète a bien d’autres idées dans l’imagination, il sent toutes les passions qu’il conçoit, et il s’efforce même de les sentir afin de les mieux concevoir. […] [NDE] Comme le signale Laurent Thirouin dans son édition (dans Traité de la Comédie et autres pièces d’un procès du théâtre, Honoré Champion, 1998), on trouve cette idée chez Saint Augustin, Confessions, livre III chap.2 : « […] et si calamitates illæ hominum vel antiquæ vel falsæ sic agantur, ut qui spectat non doleat, abscedit inde fastidiens et reprehendens » g. […] [NDE] L’idée est récurrente dans La Cité de Dieu.

192. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

 » Lui à qui le Sage déclare qu'il vaut mieux aller dans une maison de deuil que dans une partie de plaisir, parce que dans l'une l'homme y apprend sa fin et celle des choses de la terre, et dans l'autre il en perd l'idée : « J'ai regardé le ris comme une erreur, et j'ai dit à la joie, pourquoi me trompez-vous ? […]  » Mais laissons ces idées lugubres, toute vraies qu'elles sont : le théâtre s'embarrasse-t-il de l'Evangile ? […] sublimes, admirables, divins, ces hommes et ces femmes, supérieurs à l'humanité, passent toutes nos idées, on ne peut rien ajouter à ces prodiges. […]  » La seule idée de légèreté révolterait dans cette personne divine : je rougis de le dire, même pour en faire sentir l'indécence.

193. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Cette idée de M. […] Voici l’idée que M. […] Darnaud est aussi sort attaché à cette idée. […] Ces idées de M. […] Voici l’idée que M.

194. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Riccoboni en avoit rempli plusieurs portefeuilles, tout cela est très-peu de chose ; c’est proprement l’acteur qui compose, il a plus besoin de génie, d’exercice, de fécondité que l’auteur, pour remplir sur le champ ces idées seches, & imaginer à propos des choses plaisantes, analogues à la piece ; on sent combien doit être licencieux un dialogue abandonné à l’imagination libertine d’un comédien, & d’une actrice qui peuvent impunément dire tout ce qui leur vient dans l’esprit, pour faire rire le parterre. […] C’est se jouer du public, de crier au miracle, l’homme est naturellement imitateur & critique : qu’il prenne un moment la peine d’arranger les idées que la malignité lui suggere, il sera une comédie. […] Tant de prix académiques de tant d’especes : Science, Eloquence, Poésie, Musique, Peinture, Sculpture, Chirurgie, Agriculture, Dessein, & notamment prix Dramatique, établi depuis quelques années, & accordé pour la premiere fois, au sieur du Beloy ; bourgeois de Calais ; & ces innombrables académies ou écoles, pour toutes sortes d’objets, ont bien pu faire naître dans une Cour toute Française, l’idée d’une école dramatique, pour la représentation ; on y joindra bien tôt aussi l’académie de musique, de la danse, de poésie, on en fera une Université théatrâle, avec les quatre facultés, les assemblées de ce corps gravissime de l’amplissime Recteur, des savantissimes Professeurs, des illustrissimes Docteurs, de ces méritissimes Licenciés, Bacheliers, comédiens, formeront une jolie scéne, qu’ouvrira un bedeau avec sa masse ; on n’y oubliera pas les écolieres & les régentes des actrices, qui ne sont pas moins nécessaires que les acteurs, soit qu’on les incorpore dans les classes & les corps des acteurs ; soit qu’on en fasse une université fémelle, séparée avec ses facultés, ses suppots, ses appartenances, ce qui seroit plus décent, mais qui exerceroient moins les uns & les autres, que s’ils prenoient leurs leçons & faisoient ensemble leurs exercices académiques. […] Les deux idées qui regnent le plus en Italie, sont l’idée de l’antiquité & celle de la Réligion ; toutes les deux sont fondées. […] Apostole Zeno rendit service au théatre Italien, non du côté des mœurs, il le laissa comme il l’avoit trouvé ; mais dans la partie litteraire, il reforma la scéne Italienne, comme Corneille avoit réformé le théatre François, en le soumettant aux bonnes regles ; introduisant le goût & l’imitation des anciens, la majesté des tragédies & la finesse des comédies Grecques, Romaines, & Françaises, qu’on ne connoissoit guere avant lui ; il y fit usage des chœurs, de la musique & de la danse, mais il les amenoit à propos, les lioit naturellement à ses piéces & fit comprendre qu’elles ne devoient être qu’accessoires ; & certainement depuis son regne les théatres innombrables de Venise, la Patrie, ne sont pas devenus plus chastes ; ainsi il reforma encore deux théatres en Italie, l’un régulier selon les idées de Zeno puisées dans l’antiquité, l’autre libre selon le caprîce des auteurs & des acteurs qui continua selon l’usage.

195. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

Tout se borne chez lui à la bienfaisance envers les hommes ; rien sur le culte de Dieu, nulle idée de foi, d’espérance, de charité, d’humilité ; nul respect pour les choses saintes, dont il ne parle pas, moins encore pour les Ministres de la Divinité, qu’il décrie & méprise ; plusieurs aventures amoureuses, l’enthousiasme pour la beauté des femmes, &c. […] Cette multitude infinie de particules de matiere qui se remuent en tout sens, dans le vuide, & qui par des combinaisons infinies composent enfin les corps que nous voyons, cet arrangement immense de tourbillons, grands & petits, qui forment un soleil dans leur centre, & entraînent autour de lui des planetes, selon les idées de Copernic. […] Il s’étoit fait, pour rendre ces folles idées, un jargon philosophique des termes qu’il avoit retenus, & que personne n’entend, & qu’il n’entendoit pas lui-même. […] on fait représenter devant lui, pour le tromper, une prétendue Comédie en deux ou trois scenes, où la fille se marie, & ce mariage subsiste ; idée qui a été plusieurs fois imitée. […] Par hasard & par goût il avoit étudié Lucain, Poëte analogue à ses idées ; il se l’incorpora, & porta Lucain sur le théatre.

196. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Mais on ne fait guère de Comédie qui n’ait pour but la représentation, autrement ce serait l’idée de la Comédie qui ne se trouve point : ainsi la pratique en est déjà selon vous très vicieuse. […] Premièrement, Monsieur, vous savez mieux que moi que la Peinture est la cadette de la Poésie, et par conséquent qu’elle doit toucher moins sensiblement que son aînée ; et d’ailleurs, quelle idée voulez-vous que réveillent, même dans l’âme d’un débauché, des attitudes toutes modestes.

197. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

On y voit en effet que leurs Auteurs, au lieu d’avoir songé à réformer les fausses idées des hommes, y ont la plupart accommodé leurs fictions ; & conséquemment ils ont souvent donné de grands vices pour des vertus. […] Il n’y avoit dans ces Poëmes aucune idée de Poëme dramatique. […] Les Francs, c’est-à-dire, cette ligue de Peuples Germains, habitant le long du Rhin, qui s’emparerent des Gaules, n’avoient pas la moindre idée des Jeux de Théatre que la domination Romaine y avoit établis. […] On n’a une idée des Romans de la Grece, que par la bibliotheque de Photius, où l’on en trouve les noms & quelques extraits. […] Jodelle [mort en 1573] fut le premier qui rappella les idées de l’art dramatique par ses Tragédies de Cléopatre & de Didon.

198. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  AVERTISSEMENT. DU LIBRAIRE. » pp. -

Elles sont toutes les deux analogues à la Lettre que ce célebre Académicien donna au Public en 1759, & qui est rapportée toute entiere, page 477 de ce Volume, comme un monument précieux, & capable de fixer les idées sur l’effet moral de nos Spectacles.

199. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

C’est l’idée que nous en donne M. […] Pouvons-nous avoir une meilleure idée de nos Comédies ? […] Je crois, Monsieur, avoir assez justifié mes idées sur les Spectacles. […] Chaque siecle a eu sa maniere de couvrir les idées propres à flatter la volupté. […] On frissonne à la seule idée des horreurs dont on pare la Scene Françoise….

200. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Le juste respect dû à la religion, aux bonnes mœurs et aux lois, en doit écarter jusqu’à la seule idée. […] Elle tient à un renversement d’idées non moins affligeant que douloureux dans l’ordre moral. […] C’est ainsi que presque partout le théâtre altère les idées justes, apprend à braver les convenances sociales, à tout sacrifier à nos passions. […] Ne nous abusons pas par de vaines idées de perfection : trop d’austérité dans les principes peut avoir son danger ; l’histoire elle-même en fait foi. […] Comme tout y entretient la confiance et la sécurité, tout y respire aussi la noblesse des sentiments et des idées.

201. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre X. Des Incidens & des Episodes. » pp. 159-164

N os Auteurs n’ayant point en eux-mêmes assez de force pour conduire une action simple jusq’au cinquiéme Acte, la remplissent d’épisodes, & d’incidens mal liés au sujet, d’idées entortillées, de mouvemens inarticulés, qui n’offrent qu’un corps monstreux, dont les membres, sans jeu, sans proportion, ne peuvent que fatiguer le spectateur.

202. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XV. Des nouveautés & de leur nombre. » pp. 2-7

Elles effacent peu-à-peu les idées trop récentes, & reveillent la curiosité assoupie.

203. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IX. La Comédie donne des leçons de toutes les passions. » pp. 18-21

Quelle idée des disciples d’un Dieu humilié, d’un Dieu anéanti se formeroient-ils de l’orgueil ?

204. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre prémier. Qu’on ne doit pas se figurer que la composition des nouveaux Drames soit aisée. » pp. 116-120

Ce qui leur inspire une pareille idée, c’est que n’y voyant que des choses communes, ils concluent qu’elles doivent venir aisément dans la tête d’un Auteur.

205. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE V. Que la circonstance d'aller aux Spectacles un jour de Fête, et de jeûne est une circonstance aggravante. Que ceux qui les fréquentent ne sont pas disposés à approcher des Sacrements. » pp. 83-87

Ceux-là ont une idée bien fausse de la Pénitence Chrétienne, qui croient qu'elle ne perd rien de son mérite parmi les divertissements du Théâtre.

206. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIII. Première et seconde réflexion sur la doctrine de Saint Thomas. » pp. 82-84

Secondement lorsqu’il parle dans cet endroit du plaisir que ces histrions donnaient au peuple « en paroles et en actions », il ne sort point de l’idée des discours facétieux accompagnés de gestes plaisants : ce qui est encore bien éloigné de la comédie.

207. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

On y apprend à se dégoûter des vrais Biens, et à n’en avoir que de faibles idées. […] Cet homme si expert et si distingué dans son art, dit encore « que les sentiments qui seraient les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du spectateur même le plus indifférent. » La voie la plus sûre, selon lui, pour faire tomber le goût de nos Spectacles, c’est d’élever les jeunes gens de manière qu’ils ne s’exposent jamais à y aller. […] Mais, si l’idée de l’innocence embellit, quelques instants, le sentiment qu’elle accompagne, bientôt les circonstances s’effacent de la mémoire, tandis que l’impression d’une passion si douce reste gravée au fond du cœur. » « On prétend nous guérir de l’amour par la peinture de ses faiblesses. […] On frissonne, à la seule idée des horreurs dont on pare la scène française. […] 38. » « Enfin, quelle idée peut-on se former des Spectacles, si l’on en juge par le caractère des personnes qu’on se propose principalement d’y amuser, et qui abondent dans les grandes villes ?

208. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Cette idée est très-comique, ébauchée par Moliere dans le Bourgeois Gentilhomme, & sur laquelle on pourroit faire de jolies farces. […] Il vient de se faire une révolution sur la perruque qui donnera sans doute quelque nouvelle idée sur les habits. […] Le tableau animé de la danse est même plus pernicieux que les couleurs mortes de la peinture, ou les contours de la sculpture ; ou plutôt il réunit tous ces dangers dans le développement du corps, & si on ajoute les charmes de la musique, & l’indécence des actrices, à l’idée de leurs exploits. […] Ces idées sans doute inspirent le courage, la valeur, & annoncent les victoires de l’Amour & les mysteres de Cythere, au lieu des lauriers de Mars. […] La salle de Spectacle de Versailles, à moins de l’avoir vue, on ne sauroit se faire une juste idée de sa beauté.

209. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Les auteurs tragiques sont donc obligés, s’ils veulent exprimer une idée forte, de tourmenter leur génie pour la couvrir du voile de l’allégorie. […] On n’y peut guere exposer les grandes vérités qui intéressent la nation entiere, et l’éclaireroient sur ses droits ; on n’ose y débiter que des leçons d’une morale usée et commune ; la soumission aveugle au despotisme des rois y est réduite en principes, et fortifiée par des exemples ; on y déploie toutes ces idées gothiques et chevaleresques, qui n’ont pour fondement que des préjugés, et les vertus publiques qu’on y loue le plus, sont des traits d’un courage souvent inconsidéré, ou d’un faux honneur, qui, dans les états despotiques, tient lieu de vertus7. […] Cette forteresse, en tombant, a laissé échapper des idées de liberté, qu’elle sembloit tenir captives : ces idées se sont étendues à tout ; mais relativement au théâtre, l’esprit de curiosité a plus fait que la connoissance des principes. […] Le lord Chesterfield prononça dans la chambre des pairs un discours sur le bill des théâtres, qui est parfaitement écrit, et plein d’excellentes idées.

210. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

L'idée générale qu'on peut former de la Comédie, c'est-à-dire du Poème Dramatique, n'est autre chose que la représentation naïve d'une action, ou pour mieux dire d'un événement, dans sa substance et dans ses circonstances. […] Dans cette idée générale, il n'est ni bon ni mauvais ; il est susceptible de toutes sortes de sujets et de toutes sortes de circonstances; et tant qu'il demeure dans cette indétermination, qui n'a d'être que dans l'esprit des hommes et dans les livres de Poétique, il n'est digne ni d'approbation, ni de blâme. […] L'idée qui y est attachée par l'institution des hommes, est ce qui nous en peut faire connaître la nature; car, ce qu'on entend par le mot de Comédie n'est autre chose que la représentation d'une aventure agréable et gaie, entre des personnes communes.

211. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Leur supplice, si nous le voyions réellement, exciterait bien en nous une compassion machinale ; mais comme l’émotion que les imitations produisent n’est pas aussi tyrannique que celle que l’objet même exciterait, l’idée des crimes qu’un Personnage de Tragédie a commis, nous empêche de sentir pour lui une pareille compassion. […] Enfin l’idée de force & de grandeur qu’on attache à leur nom, augmente infiniment la terreur & la compassion.

212. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

Les Francs, qui s’emparèrent des Gaules, n’avaient pas la moindre idée des spectacles que la domination romaine y avait établis. […] Le caractère de ces représentations, dont les pèlerins de la Terre-Sainte avaient donné l’idée, procura à la compagnie de leurs inventeurs le privilège d’être érigés en confrérie pieuse.

213. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Je pourrais, Messieurs, vous faire le même compliment que vous me faites, je pourrais vous dire qu’on vous fait beaucoup d’honneur de vous répondre ; mais j’ai une plus haute idée de tout ce qui sort de Port-Royal, et je me tiens au contraire fort honoré d’entretenir quelque commerce avec ceux qui approchent de si grands hommes… Toute la grâce que je vous demande, c’est qu’il me soit permis de vous répondre en même temps à tous deux, car quoique vos Lettres soient écrites d’une manière bien différente, il suffit que vous combattiez pour la même cause, je n’ai point d’égard à l’inégalité de vos humeurs, et je ferais conscience de séparer deux Jansénistes. — Aussi bien je vois que vous me reprochez à peu près les mêmes crimes, toute la différence qu’il y a, c’est que l’un me les reproche avec chagrin, et tâche partout d’émouvoir la pitié, et l’indignation de ses Lecteurs, au lieu que l’autre s’est chargé de les réjouirb. […] Pour moi je n’en avais pas une idée si haute, je croyais que ces sortes d’Ouvrages n’étaient bons que pour désennuyer l’esprit, pour l’accoutumer à la lecture, et pour le faire passer ensuite à des choses plus solides.

214. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIII. La Comédie considérée dans les Acteurs. » pp. 26-29

L’idée la plus juste qu’on puisse donner d’un Acteur, est celle d’un homme qui s’empoisonne lui-même & qui empoisonne les autres.

215. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. Si la Musique Française est plus agréable que la Musique Italienne. » pp. 287-291

On admire les Ouvrages de M. de Voltaire, sans être né Poète, sans avoir aucune idée des règles de la versification.

216. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Que le Compositeur doit chercher à peindre. » pp. 340-344

On veut donc que l’Ouverture donne une juste idée du genre de l’action qui fait le sujet d’un Poème lyrique, & qu’elle soit travaillée avec beaucoup de soin ; on désire d’y trouver de l’èxpression, du génie, & non de vains bruits.

217. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXV. Quatrième, cinquième et sixième réflexion : passage exprès de Saint Thomas, et conciliation de ses sentiments. » pp. 88-92

Comment concilier ces deux passages, si ce n’est en disant, que lorsqu’il l’excuse, ou si l’on veut, qu’il l’approuve, il le regarde selon une idée générale abstraite et métaphysique : mais que lorsqu’il le considère naturellement de la manière dont on le pratique, il n’y a point d’opprobre dont il ne l’accable.

218. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

On voulut faire passer le libertinage du Tasse pour un amour spirituel & platonique, qui n’avoit en vue que la beauté en général, comme tous les jours le théatre prétend excuser sa licence par les idées risibles de son innocence, disant que ses galanteries ne sont aucune impression, qu’en en revient aussi chaste qu’on y est entré. Idées démenties par les désirs, les conversations, les actions, les passions de ses amateurs, & qui ne peuvent en imposer à personne. […] C’en étoit une en effet ; & le Tasse, par une autre imbécillité, s’imagina que, pour faire excuser sa passion & obtenir sa liberté, il falloit entrer dans les idées du Duc, s’avouer insensé, & attribuer tout à sa folie, qui par une nécessité invincible, lui avoit arraché ses sentimens. […] N’en voila que trop pour donner une idée d’un livre détestable, & de l’esprit du théatre qui l’a enfanté. […] Le nouvel Ovide a pris l’ancien pour modele : même doctrine, même licence d’idées & d’images, peintures aussi lascives ; il le copie, le traduit souvent, l’imite par-tout, c’est même son caractere.

219. (1691) Nouveaux essais de morale « XXI. » pp. 186-191

Voilà ce qu’un véritable Théologien qui a une juste idée de la Religion de Jésus-Christ, trouve sans peine.

220. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XV. Les spectacles éteignent le goût de la piété. » pp. 133-137

Quelle idée peut-elle avoir du vrai bonheur, quand, amusée ainsi par des objets frivoles, elle y place toute sa félicité, et qu’au lieu d’apaiser sa faim par une nourriture solide, elle s’empoisonne par le mensonge et l’erreur ?

221. (1802) Sur les spectacles « RÉFLEXIONS DE MARMONTEL SUR LE MEME SUJET. » pp. 13-16

On va, dit-on, se délasser à la farce, un spectacle raisonnable applique et fatigue l’esprit ; la farce amuse, fait rire, et n’occupe point ; oui, je conviens qu’il est des esprits qu’une chaîne régulière d’idées et de sentiments doit fatiguer.

222. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE IV. Des Femmes de Théâtre. » pp. 42-48

Je sais bien que toutes ces réflexions ne s’accordent point avec l’idée que l’on s’est faite du Théâtre, presque généralement.

223. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Le fleuve suivit la pente & reprit son cours, la comédie devint intolérable ; toutes les nations où elle se produisit furent indignées ; les ordonnances des Rois, les plaintes réitérées des États généraux, les arrêts des Parlemens, le châtiment, le bannissement, la suppression de différentes troupes, enfin les idées communes, le langage ordinaire, qui par un consentement unanime de tous les peuples & de tous les siècles, depuis la Chine & le Japon jusqu’en Portugal & en Écosse, a fait du nom de Comédien une injure proverbiale, une expression de mépris, de folie & de vice, peuvent en convaincre les plus incrédules. […] en a-t-il quelque idée ? […] Il donne ainsi l’idée de son mérite, dont l’Affiche du 3 juillet 1765 fait un pompeux panégyrique, & qu’elle transmet à la postérité : Mon corps dont la structure a cinq pieds de hauteur Porte sous l’estomac une masse rotonde, Qui de mes pas tardifs excuse la lenteur, (il est en effet très-important au public de savoir que Panard avoit un gros ventre.) […] Depuis la mort de Panard il est arrivé au théatre une aventure réjouissante, qui en peint les mœurs & l’idée qu’en a le public.

224. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Le contraste de ce qu’on cache & de ce qu’on montre, les rencontres, les paroles, les idées qu’à tous momens il fait naître dans l’imagination, continuellement occupée d’objets très-libres, au moment de succomber à la tentation, ne font qu’enseigner & autoriser des moyens de séduction très-faciles, affoiblir l’horreur qu’on doit en avoir, en les tournant en plaisanterie. […] Mais ces déguisemens flattent le goût du vice, réveillent l’idée d’un autre sexe, enhardissent à secouer le joug de la pudeur. […] Il règne une autre sorte de masque très-commun, qui a donné à l’Abbé Coyer l’idée de son Année merveilleuse, dans laquelle les femmes doivent devenir hommes, & les hommes devenir femmes. […] C’est l’idée qu’on m’en a donnée ; je la souhaite vraie, & je rends par-tout avec plaisir hommage à la vertu.

225. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Le fonds, comme vous voyez, est bien intéressant ; vous n’avez pas d’idée des détails ; la mère de Colette dit : « je veux qu’elle ait un mari à son aise ; si elle épouse un gueux, ne la voilà t’elle pas bien propre ? […] L’association, dans l’Amour quêteur, de Cupidon avec des religieuses, n’est-elle pas une idée bien saine ? […] Lorsqu’Antoinette d’Autriche arriva en France, on crut qu’il n’y avoit rien de mieux pour lui donner une première idée de notre politesse, que d’envoyer jouer devant elle, sur sa route, les acteurs de l’Ambigu-Comique. […] Ils ne peuvent que concevoir une haute opinion d’eux-mêmes et se former une fausse idée de ce qui constitue le vrai mérite, lorsque les femmes perdues, avec lesquelles ils vivent habituellement, et qui souvent deviennent éprises d’eux, les louent sur quelques minces avantages qu’ils possèdent, ou même sur quelques défauts que des femmes estimables n’ont pas toujours le courage de haïr, savoir, l’étourderie, le faste, l’arrogance, les grands airs.

226. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

Le christianisme diminua un peu la grossièreté de ce scandale, pour ne pas révolter les idées de vertu que la religion répandit. […] Sa corruption est si notoire, que la charité la plus délicate ne serait pas obligée de suspendre son jugement, et d’adoucir ces idées communes ; on aurait beau y apporter des mœurs pures, elles seraient bientôt dépravées. […] Elles sont naturellement bienfaisantes ; cependant elles n’accordent pas le don des richesses à ceux qu’elles aiment, elles les gardent pour elles. » Point d’Actrice qui ne travaille de toutes ses forces à confirmer cette idée ; les registres de la police sont chargés de leurs exploits ; la Salpetrière, les Madelonnettes, le Refuge, sont peuplés de ces héroïnes ; dans tous les quartiers où elles habitent, les voisins chantent leurs louanges. […] Ne donnassent-elles que des pièces pieuses, cette nation vendue à l’iniquité, serait infiniment pernicieuse ; la plupart des pièces sont licencieuses : la société, la seule vue de ces femmes est un souffle empesté qui détruit toute idée de vertu.

227. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Et dans ce cas, c’est une idée nette de la cause, c’est une vraisemblance entiere, qui rendent l’effet intéressant. […] Nous n’y voyons qu’une crédulité foible, qu’une terreur imaginaire, que nos idées sur la nature des songes, excepté ceux que la Religion a consacrés, ont bientôt détruites.

228. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

Delà l’idée d’une Poèsie plus correcte & plus sublime. […] Les hommes avaient l’idée remplie des objets de la campagne ; ils n’avaient point encore eu le tems d’oublier la vie que leurs Pères y menaient.

229. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

En rapporte-t-on des idées plus pures, des façons de parler moins libres, des manières d’agir plus chrétiennes ? […] Et les idées licencieuses d’une multitude de libertins, à qui il plaît de n’approuver que ce qui flatte, prévaudront-elles à la morale de l’Evangile, et à la doctrine des Saints ?

230. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

« Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celles des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle ; il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires, qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une pièce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscénités, dont les maximes tendent toujours au vice et à la corruption, dont les sentiments ne respirent que langueur et mollesse, et où tout cela est animé par des airs qui, étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir et à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, où on en diminue l’horreur par la manière de les peindre : il suffit de considérer, avec tous les saints docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisants, d’immodesties criantes, de regards indécents, de discours impies, animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantements diaboliques. […] « Pour bien comprendre ce que nous venons d’avancer, il ne faut que considérer quelles impressions font sur l’âme les images les moins animées par elles-mêmes, et quel est le sentiment naturel qui accompagne la lecture d’un événement profane, la vue d’une peinture immodeste ou d’une statue indécente : si ces objets, tout inanimés qu’ils sont, se retracent naturellement à l’esprit, si on ne peut même en sentir toute la beauté et toute la force sans entrer dans la pensée de l’auteur ou dans l’idée du peintre, quelle impression ne font pas les spectacles, où ce ne sont pas des personnages morts ou des figures muettes qui agissent, mais des personnages animés, qui parlent aux oreilles, qui, trouvant dans les cœurs une sensibilité qui répond aux mouvements qu’ils ont tâché d’y produire, jettent toute une assemblée dans la langueur et la font brûler des flammes les plus impures !

231. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Les idées que nous donne Lucain des Grands Hommes, sont véritablement plus belles, et nous touchent plus que celles que nous donne Virgile des Immortels. […] Il nous restait à mêler un peu d’amour dans la nouvelle Tragédie, pour nous ôter mieux ces noires idées que nous laissait l’ancienne par la superstition et par la terreur.

232. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Madame de Chantal, dans ses réponses, parle en deux endroits de ces pièces sous le nom d’histoires, pour ne pas employer le mot et donner l’idée profane de comédie (Tit. des menues licences, n. […]  210.) ; mais il le brode plaisamment, en donnant deux plans de comédie ; l’un sur les misères de la vie, où la fièvre, la colique, la faim, la concupiscence, seraient les acteurs ; l’autre sur la vie quadragésimale, où l’huile, accompagnée des racines, légumes, et autres aliments du carême, se battrait contre les œufs, le beurre et le fromage, et les mettrait en fuite : idée qu’il a prise du combat des andouilles entre le carême, dans le Pantagruel de Rabelais. […] Ces pièces mutilées, ces acteurs si bizarrement vêtus, ce mélange de gravité et de bouffonnerie, formaient un spectacle plus grotesque que le théâtre de la foire ; c’étaient de vrais jeux d’enfants, dont le ridicule faisait le mérite, et écartait tout danger et toute idée de passion.

233. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

C’est un Comédien, dit-on, et cette idée de comédie est si méprisable et si opposée à la sainteté de la religion, qu’on ne croit pas pouvoir leur donner de plus grand ridicule. […] Ce n’est pas assurément à des Orateurs formés par de tels maîtres, que l’Eglise et la magistrature, la religion et la justice, la droiture et la vertu, ont jamais dû leur gloire ; la seule idée que leurs talents étaient l’ouvrage du théâtre, les eût décrédités sans retour ; on eût dit comme Boileau, « et dont les Cicéron se font chez P. […] Je suis pourtant persuadé que les innombrables pièces que les Jésuites ont données dans leurs collèges ; l’idée et le goût du théâtre, qu’ils ont partout inspiré, sans doute sans le vouloir, aux enfants, à leurs familles, au public ; cette espèce de décision pratique de gens très respectables, qui lève insensiblement tous les scrupules ; la connaissance des Auteurs, la lecture des livres dramatiques, qu’ils ont facilitée et accréditée ; ces danses, ces décorations, ces habits, ce jeu, qu’ils ont pompeusement mis sous les yeux ; que tout cela est une des causes imperceptibles de leur suppression.

234. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

Et l’un et l’autre est une preuve admirable de la misère et de la corruption de l’homme, et en même temps de sa grandeur, puisque l’homme ne s’ennuie de tout, et ne cherche cette multitude d’occupations, que parce qu’il a l’idée du bonheur qu’il a perdu, lequel ne trouvant pas en soi, il le cherche inutilement dans les choses extérieures, sans se pouvoir jamais contenter, parce qu’il n’est ni dans nous ni dans les créatures, mais en Dieu seul. […] Les femmes, voyant les adorations qu’on ne cesse d’y prodiguer à leur sexe, se pénètrent tellement de ces idées nouvelles, s’enfoncent tellement dans cette nouvelle atmosphère, que bientôt elles prennent en dégoût les affaires de leur famille et les choses de la vie commune : lorsqu’elles rentrent chez elles, l’esprit plein de ces brillantes extravagances, tout leur déplaît, et surtout leurs maris qui, occupés de leurs affaires, ne sont pas toujours d’humeur à leur prodiguer ces complaisances ridicules dont elles sont les objets dans tous les romans, dans toutes les pièces de théâtre et dans tous les ouvrages où une vie idéale est substituée à la vie véritable. […] Ils ont une forte tendance à corrompre et à vicier l’esprit par des plaisanteries immorales, ou en donnant des idées fausses sur l’amour, l’honneur et tout ce qui a rapport à la conduite de la vie.

235. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Tout cela fait rire, mais ces idées tragiques sur le duel (tom. […] Cette idée burlesque, & cette décision extravagante, sont apparemment des fruits naturellement produits d’une herbe impure ; ils ne sont surement pas le fruit d’un bon arbre. […] fut-il jamais d’idée plus folle ? […] Si ce Pape a suivi les fausses idées de son siecle sur les prétentions de la Cour de Rome, il ne faut pas plus lui en faire un crime qu’aux mille Evêque qui composerent le concile de Latran qu’il assembla, & à tout le Clergé séculier & régulier de son temps, aux Rois même, & aux plus puissans Princes qui s’y soumirent, comme le Roi de France, le Roi d’Angleterre, le Comte de Toulouse, &c. […] Cette idée burlesque est enjolivée par des circonstances qui ne le sont pas moins.

236. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Alors on vit s’élever à Athènes ces superbes & vastes Théâtres, qui ne rendoient le son de la voix aux spectateurs, qu’à l’aide des vases d’airain placés dans les intervalles des amphithéâtres : Théâtres dont nous n’avons qu’une idée aussi imparfaite que de la musique que les chœurs y exécutoient. […] Nous sommes en effet encore bien éloignés de l’ancienne urbanité des Grecs & des Romains, & nos salles n’ont rien moins que l’éclat brillant qu’entraîne avec soi l’idée d’un Spectacle. […] Il semble que plus on s’éloigne des premiers tems & de leur premiere simplicité, & plus on ne disserte sur la nature, le principe & l’origine de chaque chose, que parce qu’on en a perdu l’idée primitive. […] Notre scène lyrique, encore dans l’enfance du théâtre(a), semble s’être ressentie plus que les autres de la contradiction entre le systême de l’opinion & le sentiment du préjugé, quoiqu’avec beaucoup moins de fondement, & l’on diroit que l’on n’a point encore eu jusqu’à présent une juste idée de ce genre. […] Pour avoir une juste idée de cette ville fameuse, voyez la dissertation sur les causes & les degrés de la décadence des loix de Lycurgue, par M.

237. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

C’est, tout au contraire, que cette Pièce favorise leur tour d’esprit, qui est d’aimer et rechercher les idées neuves et singulières. […] Mais voulez-vous savoir combien ces usages, contraires aux idées naturelles, sont choquants pour qui n’en a pas l’habitude ? […] Il faudrait avoir d’étranges idées de l’amour pour les en croire capables, et rien n’est plus éloigné de son ton que celui de la galanterie. […] La plume tombe des mains à cette idée. […] Cette seule idée fait frissonner.

238. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — [Introduction] » pp. -1

Quelle idée ne se formera pas dans trois mille ans d’ici, la savante postérité de Moliere & de Voltaire, de l’inépuisable littérature de la scéne !

239. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Parallèle du Poème épique avec les Pièces du nouveau genre. » pp. 107-112

Plusieurs Pièces du Théâtre moderne me confirment dans cette bizarre idée.

240. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

La Parade subsistait encore sur le Théâtre Français du temps de la minorité de Louis le Grand ; & lorsque Scarron, dans son Roman-comique, fait le portrait du vieux Comédien La Rancune, & de mademoiselle de La Caverne, il donne une idée du jeu ridicule des Acteurs, & du ton platement bouffon de la plupart des petites Pièces de ce temps.

241. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VII. » pp. 36-41

Mais à en juger par l’idée que nous en donne le Ballet allégorique, on ne saurait douter que ce ne soit une ambition démesurée qui lui ait fait mépriser sa première Epouse pauvre, mais chaste pour jouir des embrassements d’une autre plus riche, mais illégitime, selon l’expression de S.

242. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVI. Sentiment de Saint Antonin. » pp. 93-96

« La comédie est un mélange de paroles et d’actions agréables pour son divertissement ou pour celui d’autrui, etc. » On ajoute ici dans le texte le terme de comédie, qui n’y est pas : Saint Antonin parle en général « des paroles ou des actions divertissantes et récréatives » : ce sont les mots de ce saint qui n’emportent nullement l’idée de la comédie, mais seulement celle ou d’une agréable conversation, ou en tout cas des jeux innocents : « tels que sont, ajoute-t-il, la toupie pour les enfants, le jeu de paume, le jeu de palet, la course pour les jeunes gens, les échets pour les hommes faits », et ainsi du reste, sans encore dire un seul mot de la comédie .

243. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Vous avez pensé dans ces spectacles aux objets que vous y voyiez, et à ce qu’on y disait ; vous en sortiez avec un esprit rempli d’idées profanes qui vous ôtaient le goût des choses de Dieu et de vos devoirs, qui vous dissipaient jusques dans vos prières.

244. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XIII et dernier. De l’utilité de l’art théâtral, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs. » pp. 223-228

Ils s’y montrèrent sublimes dans toutes les grandes expressions, dans ces tableaux frappants des infortunes humaines, dans ces actions terribles et déchirantes qui arrachent le cœur, ainsi que dans la représentation des sentiments les plus tendres, que nos actrices expriment avec une perfection et un charme, dont on peut à peine se faire une idée.

245. (1731) Discours sur la comédie « Préface de l'Editeur. » pp. -

Il n’était pas possible qu’un écrivain qui avait adopté ses idées, eût la complaisance de souscrire à une censure si humiliante.

246. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

Vous prétendez que j’ai voulu faire des dupes, lorsque j’ai avancé que les pères y avaient dansé ; vous trouvez trop fort de faire danser des vieillards de soixante-dix et quatre-vingt ans, vous comparez avec malice les pères du concile « aux impotens que renferment les hôpitaux des deux hémisphères » et vous croyez triompher en assurant que je n’ai pas la moindre idée de la manière dont les conciles étaient composés. […] Mais vous, Monsieur, qui vous scandalisez à la seule idée que des personnes graves aient pu danser (ce qui toutefois n’est pas rigoureusement nécessaire pour qu’il n’y ait point de péché mortel à aller au bal), avez-vous oublié l’antiquité de la danse ?

247. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Quand à Bender, réfugié chez le Turc, & presque son prisonnier, il soutint un siége dans sa maison avec quelques domestiques contre une armée ; quand pour ne pas rendre visite au Grand Visir, il fit le malade, & demeura dix mois dans un lit, sans vouloir se lever ; quand allant à Varsovie, il déclare à la République de Pologne, qu’il prend la qualité de Protecteur du Royaume, comme Cromvel voulut l’être en Angleterre ; quand on voit trente mille hommes attaquer serieusement la maison où il est logé, pour en faire le siége, & le Roi, au milieu de toutes ces attaques, jouer tranquillement aux échets, & selon sa coutume & ses idées guerrieres, qui le faisoient s’exposer à tout comme le moindre soldat, faire marcher le roi du jeu comme un pion, à droite & à gauche, sans précaution ; ce qui le faisoit échouer à tout moment, & perdre la partie : on pense comme cet officier qui se trouva auprès de lui au moment de sa mort, & qui dit, la comédie est finie, allons souper, comme Auguste mourant à ses amis, j’ai bien joué mon rôle, la piece est finie, battez des mains . […] Il ne pensoit pas au Théatre, dont ses sujets n’avoient point d’idée.

248. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Voilons ce tableau, ne réveillons pas des idées qu’on est trop heureux d’ignorer. […] y en connoît-on le nom, y en a-t-on l’idée ?

249. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CINQUIEME PARTIE. — Tragédies à rejeter. » pp. 235-265

Voilà ce que produit l’amour ; comme cette passion est égale dans tous les cœurs, il est bien rare que le Spectateur puisse s’en former une idée convenable à la majesté tragique. […] Une pareille idée est bien terrible, et je m’en rapporte aux Spectateurs, de quelque nation qu’ils soient.

250. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Les partisans des spectacles manqueront toujours de la possession de bonne foi ; le Christianisme foudroiera toujours contre un amusement dont l’effet est de nuire aux mœurs, en donnant des idées de crimes, opposées à celles que donnent la raison & la Religion. […] Quelle idée peut-on se former des spectacles, si l’on en juge par les personnes qui les fréquentent ? […] Ne suffit-il pas d’ouvrir les yeux pour se détromper de cette idée ?

251. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

La foule y fut très-nombreuse, & la recette les dédommagea abondamment des places gratuites dont ils avoient fait une aumône à ces pauvres gens ; on l’esperoit bien de ce charitable artifice, cette idée est neuve. […] Il y eut d’abord sur le tard un très-bon soupé, où les principaux paroissiens furent invités ; après le repas, les convives se rendirent sur la terrasse du presbitere, & ceux de la campagne dans la cour, & aux environs, pour voir tirer un fort beau feu d’artifice, dont ces bonnes gens n’avoient aucune idée ; il réussit parfaitement, surtout un grand arbre Chinois, & un soleil dont les feux également vifs & variés, firent (qui en doute) l’admiration des spectateurs, qui, jusqu’alors pour tout feu de la Saint Jean avoient brûlé quelques bottes de paille, ou quelques sarmens. […] Le Grec & le Barbare, le Japonnois, le Siamois y attachent également une idée d’opprobre, que nos loix appellent infamie.

252. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Je n’ai dessein ici que d’en donner une légere idée, & je reviens à Eschyle. […] Il ne faut pas juger de ces choses suivant nos idées, mais suivant les idées particulieres à certains Peuples.

253. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

Ils comprimèrent les ennemis des idées absurdes par l’appareil de la terreur, et ils parvinrent enfin à s’en défaire au moyen de lois inquisitoriales qui leur procurèrent la jouissance d’assouvir leur haine par des exécutions sanguinaires et par des assassinats judiciaires. […] Les prêtres des anciennes religions firent en conséquence tous leurs efforts pour égarer et fatiguer l’esprit humain, par les idées théologiques les plus incohérentes, les plus inconcevables ; par des fables ridicules, par des mystères absurdes et inexplicables. […] Ils se sont ainsi dépeints d’après nature, et ils ont donné en même temps une idée du caractère qui les distingue et de la morale corrompue qu’ils prêchent et qu’ils ont observée avec tant de persévérance depuis que le monde existe, dans toutes les religions et malheureusement sans en excepter aucune.

254. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

Cette idée… elle est cruelle, n’est-il pas vrai, ma sœur ?

255. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IV. Du Clergé considéré comme protecteur et fondateur des Comédiens du troisième âge en France, et comme en ayant lui-même exercé la profession. » pp. 113-119

Le concile d’Elvire en Espagne, qui est de l’an 300, ne concernait que les histrions obscènes, et les cochers de cirque, qui entretenaient parmi le peuple toutes les idées du paganisme et rappelaient les gestes et les pantomimes des païens.

256. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CONCLUSION, de l’Ouvrage. » pp. 319-328

En effet l’invention du Théâtre qui aujourd’hui (faute d’y réfléchir) n’est pas regardée avec l’admiration qui lui est dûe, cette invention, dis-je, supposait dans l’esprit où elle a pris naissance, des idées confuses du merveilleux, où les grands Hommes ont peut-être toujours voulu atteindre, mais où ils n’ont pû réellement parvenir qu’après un nombre infini de réfléxions, d’examens et de rapports combinés, qui supposent nécessairement de longues études, une tête bien faite, et surtout un génie supérieur.

257. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Fuir les occasions, les rechercher ; mortifier ses sens, les satisfaire, s’occuper de la présence de Dieu, l’oublier ; veiller sur soi, se dissiper ; penser aux fins dernières, en écarter l’idée ; s’humilier et se détacher de tout, nourrir l’orgueil, l’ambition, la cupidité ; pardonner, se venger ; plaire à Dieu, plaire au monde, etc., voilà deux morales dont la religion et la comédie présentent le contraste perpétuel. […] Il faut que l’opposition du théâtre à l’esprit de Dieu soit bien entière, puisqu’on n’y saurait souffrir que les faits y paraissent avec leurs vraies couleurs ; les sentiments, les idées, les règles de la sainteté n’y sont goûtées qu’avec l’assaisonnement du vice : les vertus ne peuvent monter sur la scène que masquées. […] Le serpent a beau par ses artifices écarter l’idée du crime, et y répandre des traits de ressemblance avec la Divinité ; instruire par ses chutes passées, la vertu se fiera-t-elle dans le centre du crime à de frivoles promesses qui la trompèrent dans le séjour de l’innocence ? […] Ces rôles comportent de l’humilité, de la modestie, de la religion, de la charité, en un mot, les vertus chrétiennes : en ont-ils l’idée ?

258. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Les Païens qui n’avaient rien qui les rappelât à la raison, qui n’avaient nulle connaissance de leur état, qui corrompaient toute l’idée que chacun a de la perfection, qui se fabriquaient des Religions uniquement propres à entretenir les passions, ont excellé dans cet art ; et regardant l’homme ou par l’excellence de sa nature, ou par le ridicule de sa conduite, sans pénétrer jusqu’à la source de nos maux, ils ne débitaient que des bouffonneries, ou des vertus chimériques. […] De misérables créatures y affectent la puissance et la majesté divine ; elles veulent faire servir toute la Nature à leurs passions ; on n’y réveille que des idées profanes, on n’y travaille qu’à enchanter les âmes par les sens. […] Il lui siérait mieux, ce me semble, de prouver son sentiment par la connaissance de l’homme, et par les vraies idées de la Religion, que par des comparaisons qui loin d’éclaircir la matière, présentent à l’esprit plusieurs cas à la fois, et des cas qui demandent qu’on compare une infinité de circonstances, si on veut les décider avec quelque exactitude. […] Voilà ce qu’on appelle les justes idées de la Morale ; Les Philosophes n’ont qu’à proscrire leur axiome, Objecta movent potentiam.

259. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Il y a plusieurs traits singuliers qui marquent sa frivolité, sa fureur pour le théatre, & le peu de cas qu’elle faisoit des savans ; elle engagea Descartes à composer une comédie pour la divertir, c’étoit une idée extravagante. […] Elle avoit à sa Cour deux Savans distingués, Meibonius qui venoit de donner au public un traité sur la musique des anciens Grecs, & Naudé qui en avoit donné une sur la danse des Romains ; elle voulut que Meibonius chantât à la Grecque, & Naudé dansât à la Romaine selon les principes de leurs ouvrages ; ils ne savoient ni chanter ni danser, elle ne vouloit que se moquer d’eux : ainsi l’un avec la voix cassée, rauque & tremblante ; l’autre avec ses pas lourds, traînans & sans cadence, lui donnèrent la farce sur son théatre, Naudé n’en fit que rire, Meibonius s’en offensa, il sut que l’Abbé Bourdelot avoit suggéré cette idée burlesque ; il l’attend quelques jours après, lui donne des coups de bâton, & sans prendre congé de la Reine, monte à cheval & se retire. […] Idée fausse, dans un Royaume héréditaire le successeur est tout désigné par sa naissance ; ainsi en Angleterre l’union des maisons rivales d’York & de Lancastre par un mariage, termina une guerre qui avoit bouleversé l’État pendant tant d’années. […] Elle se fit donc un honneur de son abdication forcée, & se donna pour une Héroïne ; cette idée romanesque, son unique ressource, analogue à son caractère & aux chimères de grandeur dont elle se repaissoit ; elle s’imagina que toute l’Europe l’admireroit comme un prodige, le changement de Religion en relevoit le prix, il lui donnoit un air de martyre, cependant elle voulut conserver l’éclat, les honneurs, les richesses de la royauté ; après l’avoir quittée, & même en exercer l’autorité souveraine de vie & de mort, elle trouva d’abord assez de condescendance pour entrer dans ses vues, & des flatteurs pour la combler d’éloges ; mais le prestige cesse, les vices, les défauts parurent, & après quelques éclairs de grandeur, elle tomba dans le mépris, fut oubliée, & mourut dans l’obscurité. […] Son mérite littéraire étoit très-médiocre, comme elle avoit entendu parler de tout, elle avoit retenu des mots & des idées superficielles de chaque science, elle disoit un mot à chaque Savant qui la visitoit sur l’objet de son talent, delà se mettoit en train d’en discourir & faisoit son éloge ; le savant Charmé la prenoit comme un oracle, & lui supposoit une capacité universelle, elle parloit de tout avec la hardiesse la plus tranchante, la hardiesse d’un protecteur, d’un demis-avant & d’un demi savant-couronné chez un peuple qui ne savoit rien, c’est-à-dire, quelle traitoit les sciences avec le même despotisme que le gouvernement, cet air d’oracle, ce despotisme littéraire lui réussit d’abord.

260. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Il change jusqu’au langage de la Religion, quoiqu’il en emprunte les idées : la charité est bienfaisance ; la douceur, la patience, l’humilité sont des affections sociales ; les penchans au bien, les remords de la conscience un instinct naturel. […] Cette idée conduit à croire l’ame matérielle ; mais je veux croire que l’Auteur n’a pas voulu insinuer cette absurdité. […] Voici l’idée qu’il en donne : Sans s’arrêter aux coups que cette frenesie de l’amour porte à la vigueur des membres & à la santé du corps, Je tort qu’elle fait à l’esprit est encore plus grand, quoique moins, redouté. […] Il parcourt cette paperasse qui lui étoit inconnue, écrite en italien qu’il n’entend pas y trouve une foule de lacunes, se confirma dans ses idées, & la livre sans peine à l’officieux historien qui veut la donner au public ; & en retire un reçu, pour pouvoir le présenter aux enfans de sa femme, si cette piece étoit insérée dans l’inventaire. […] Montagne est un Pyrrhonien qui doute de tout, un cinique qui se moque de tout, un libertin qui sans aucune descence parle licencieusement & même grossiérement de tout ; c’est l’idée qu’en donne Pascal, Nicole, Malebranche, plus grands Philosophes que lui ; trois grands hommes qui valent mieux que lui, même du côté de l’esprit, & sont de tout un autre poids dans la morale & la religion ; il établit la vérité contre l’athéïsme & diverses erreurs.

261. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

Dore s’entend toujours par Donné δορος ; ainsi le tout ensemble offre un sens très-complet ; Dieu-Donné, Donné par Dieu ; si l’on veut en faire une division, l’ame est encore satisfaite des idées qu’elle y rencontre.

262. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

Le ton qui règne dans la Comédie a fait naître, sans doute, à l’Auteur l’idée de son sistême si peu fondé.

263. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Cette idée s’étendra, on la portera sur des tabatieres, des pommes de canne, des boutons d’habit, des éventails. […] Tout y étoit traité avec une simplicité & une sorte de familiarité absolument contraire à nos idées. […] Cette idée est contraire au principe d’Horace, généralement reçu : Si vis me flere, dolendum est prius ipsi tibi.

264. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Si les spectacles, considérés sous ce point de vue, ont un défaut à mes yeux, c’est d’être pour nous une distraction trop légère et un amusement trop faible, précisément par cette raison qu’ils se présentent trop à nous sous la seule idée d’amusement, et d’amusement nécessaire à notre oisiveté. […] Il a fallu, ce me semble, pour imaginer un pareil genre de divertissement, que les hommes en eussent auparavant essayé et usé de bien des espèces ; quelqu’un qui s’ennuyait cruellement (c’était vraisemblablement un Prince) doit avoir eu la première idée de cet amusement raffiné, qui consiste à représenter sur des planches les infortunes et les travers de nos semblables pour nous consoler ou nous guérir des nôtres, et à nous rendre spectateurs de la vie, d’acteurs que nous y sommes, pour nous en adoucir le poids et les malheurs. […] Mais si avec quelques Philosophes on n’attache l’idée de passion qu’aux affections criminelles, il faudra pour lors se borner à dire, que le Théâtre les corrige en nous rappelant aux affections naturelles ou vertueuses, que le créateur nous a données pour combattre ces mêmes passions. […] On vous a vus si souvent, pour des motifs très légers, par vanité ou par humeur, heurter de front les idées de votre siècle ; pour quel intérêt plus grand pouvez-vous le braver, que pour l’avantage de ce que vous devez avoir de plus cher au monde, pour rendre la vie moins amère à ceux qui la tiennent de vous, et que la nature a destinés à vous survivre et à souffrir ; pour leur procurer dans l’infortune, dans les maladies, dans la pauvreté, dans la vieillesse, des ressources dont notre injustice les a privées ? […] Sans force de corps, sans talents, sans étude qui puisse les arracher à leurs peines, et les leur faire oublier quelques moments, elles les supportent néanmoins, elles les dévorent, et savent quelquefois les cacher mieux que nous ; cette fermeté suppose en elles, ou une âme peu susceptible d’impressions profondes, ou un courage dont nous n’avons pas l’idée.

265. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

Il nous a montré dans le Père de Famille & dans le Fils naturel l’idée que nous devions nous former de ce genre.

266. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

Ce Poème quelque succès qu’il ait eu n’est qu’un essai qui ne donne tout au plus qu’une faible idée de la perfection à laquelle des génies plus élevés que le mien pourraient à peine parvenir.

267. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

 » Lorsque ceux avec qui nous conversons, expriment vivement leurs affections, ils nous les communiquent ; l’image de leurs actions, que nous voyons, le son des paroles qu’ils prononcent d’un ton élevé, excitent en notre âme des idées qui sont suivies des mêmes mouvements dont ils sont agités.

268. (1731) Discours sur la comédie « MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L’EVEQUE DE NIMES, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 352-360

Vous croyez peut-être, Mes très chers Frères, qu’il est bon d’amuser et d’étourdir, pour ainsi dire, les craintes et les inquiétudes des peuples, et de leur mettre à la place de tant de tristes objets qui les environnent, des idées qui les divertissent.

269. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Ce ne peut être qu’une idée de théatre, de comparer à Anacréon l’illustre M. […] Voilà une belle idée d’une grande Reine. […] Si l’on avoit traduit le poëme latin de l’Institution d’un Prince, composé avant son délire, où il y a de bons principes ; des idées chrétiennes, quelques expressions heureuses, on eût pardonné à l’auteur, quoique la sagesse ne consulte gueres de tels oracles : mais qu’après plus d’un siecle, un poëte s’avise de ressusciter un fou, chassé de la cour, perdu de débauches, sans honneur & sans religion, pour en faire le Mentor d’un jeune Roi, & lui donner les plus pernicieux conseils, cette entreprise a sans doute été formée dans les jardins enchantés où des Yvetaux chantoit ses amours. […] On n’a point d’idée d’une exécution si parfaite & d’une si prodigieuse variété.

270. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Pierre Casimo, peintre Florentin, dans le seiziéme siécle, avoit des idées extraordinaires, se plaisoit à peindre des monstres, des sayres, des Bacchantes ; il avoit un talent décidé pour le comique & les mascarades. […] Cette idée me fait souvenir d’un livre intitulé la Danse de Macabré, où dans plus de cent estampes, on voit la mort qui prend quelqu’un par la main, & le fait danser ; à commencer par le Pape & l’Empereur, par l’Imperatrice, le Roi & la Reine, jusqu’au plus petit berger, & à la moindre paysanne ; à chacun desquels la mort annonce qu’il faut mourir. […] Il y a un autre livre intitulé le faut mourir, en vers & en dialogue, comme le premier, dont il semble avoir pris l’idée & le plan ; mais dont la poésie est plus correcte, quoiqu’encore assez médiocre.

271. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

L’écusson des Sénateurs Romains (le Croissant) qu’ils faisoient broder sur leurs souliers, a donné la premiere idée des armoiries, & quantité de familles y arborent un croissant (la noblesse de Cythere grave le chiffre des amans qui sont les vrais écussons de la vanité). […] à l’Opéra, se donnent aussi une grandeur démesurée, qu’on s’imaginoit mieux représenter les Dieux, les Héros & les Rois, que le peuple, par une fausse idée, suppose être fort au-dessus des autres hommes. […] C sur la croix, la mort prochaine des agonisans, forment dans un Chrétien qui baise les pieds du crucifix, & reçoit le Sacrement de l’Extreme-Onction, des idées bien differentes, mais bien utiles, & plus justes que celles que les pieds d’une danseuse inspirent aux amateurs du théatre.

272. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Castel & tout le monde prit alors ces idées pour des plaisanteries & des chimères. […] Pour expliquer toutes ces mervilles on a donné au public l’admirable Traité de la Chymie du goût & dé l’odorat par un Marchand de liqueurs & de parfums, qui par ses idées burlesques essaye de donner du débit à sa marchandise ; le reste de son livre a son utilité, c’est un recueil des espèces différentes de liqueurs & des parfums, de leurs bons ou mauvais effets, de leur composition, recette, manipulation, distillation, &c. ce qui se trouve dispersé dans quantité d’autres ouvrages, & qu’il a réuni dans celui-ci, y ajoutant ses propres découvertes ; ce livre peut aider ceux qui composent les Traités des Arts & des métiers que donne l’Académie des Sciences. […] Une Actrice, une coquette, un petit maître ne peuvent soutenir cette idée désolante, & mettent tout en œuvre pour étaler la fraîcheur, les grâces, la douce haleine de la jeunesse : vains efforts !

273. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

On seroit étonné de voir la sainteté d’une si vénérable assemblée si peu respectée, si on ne savoit que les Comédiens ne respectent rien ; mais on auroit tort de tirer avantage de son silence, pour autoriser le théatre, soit dans le mystère donné à l’Empereur, auquel vrai-semblablement grand nombre de Prélats assistèrent, parce que ce spectacle, jusqu’alors inconnu, fut regardé dans les idées du siecle comme un acte de religion, soit pour les Batteleurs & les Courtisannes, qu’on ne le soupçonnera pas sans doute d’avoir approuvé, parce que ces saintes assemblées, uniquement occupées des affaires de religion, n’ont jamais prétendu avoir inspection sur la police. […] Breuve frappante de la rareté des théatres, de la piété des Magistrats, de l’idée qu’en ont les peuples. […] On ne trouvera pas que Sophocle fût acteur, même de ses pieces ; ce n’est qu’une idée de théatre.

274. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

En effet, c’est là où le Démon règne avec empire ; c’est là qu’il corrompt les âmes les plus pures par des idées dangereuses, par des gestes dissolus, par des postures lascives, et par des paroles indécentes et malhonnêtes dont on fait gloire ; si bien que c’est un dangereux écueil pour la pureté des Filles, qui le doivent éviter avec soin, si elles ont de l’amour pour Dieu et pour leur salut. […] car quelles idées voulez-vous que tous ces commerces impriment dans l’imagination ? […] Vous avez raison, c’est la juste idée que le saint Evangile, saint Paul, et tous les Pères nous en ont donné.

275. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

« On ne pût souffrir, dit Fontenelle dans la vie de son oncle, la seule idée du péril de la prostitution, quoiqu’on sût qu’il n’aurait point d’effet. » Il attribue la délicatesse du public au goût de décence que Corneille avait inspiré. […] En se retranchant dans cet asile, quelle idée donnent-ils de tout le reste ! […] Voici une idée singulière de l’Abbé de Saint-Pierre (Ann. politiq. an.

276. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Mais Montaigne jugeait du goût et des idées du public par les siennes, et appelait passetemps bien réglés une liberté pareille à celle qu’il se donne dans son livre, où l’obscénité, l’irréligion et la hardiesse des sentiments sont répandues à pleines mains, et souvent d’une manière plus révoltante que dans nos comédies, dont le grand nombre est plus châtié que ses essais. […] Chacun s’en forme des idées à sa mode, où le goût et l’intérêt sont plus consultés que la raison et l’Evangile. […] Beaumon, parce qu’ils sont bien moins habiles, la prétendue approbation de l’autorité civile, par l’inspection de la police, les arrêts du Parlement, les lettres patentes, qu’ils disent avoir en foule, mais qui n’existent que dans leurs idées.

277. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

Il est bien plus étonnant que de pareilles idées n’aient inondé Rome et tout l’empire ; mais le Romain, naturellement grand, sage, vertueux, a toujours méprisé les Comédiens, et dans le temps même où la Grèce et l’Asie, portant l’ivresse jusqu’au comble, ne rougissaient pas d’honorer le théâtre, ce fonds de grandeur, de sagesse et de vertu, non seulement a laissé dans la roture cette vile engeance, mais l’a authentiquement couverte de la tache ineffaçable d’une infamie légale. […] Cette idée comique fournirait la matière d’une jolie pièce sous le titre du Comédien Gentilhomme ou de la Comédienne Demoiselle Les divers rapports de l’Etat avec les différents rôles de Princesse, de Soubrette, de Colas, de Pierrot, de Poète, de Scaramouche, etc., feraient naître plus d’incidents et plus amusants que le Bourgeois Gentilhomme de Molière. Sans doute l’Auteur de la brochure aura mis son idée à profit, car c’est un versificateur que l’Arlequin de Berlin, qui propose au Gouvernement cet admirable système, bien digne de son inventeur.

278. (1675) Traité de la dévotion « Chapitre III. De la trop grande sensibilité aux plaisirs de la terre ; troisième source de l’indévotion. » pp. 58-65

Ils jettent dans l’esprit des idées, et dans le cœur des mouvements de vanité qui ruinent les saintes dispositions que nous voulons établir dans une âme dévote.

279. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

Ce qu’ils nous disent confusément et par lambeaux, quand ils nous font la description de leurs Théâtres, nous laisse, il est vrai, dans l’incertitude sur bien des articles, et ne nous donne pas une idée précise de la construction et des usages de la Scène ; mais c’est ce qui arrive tous les jours aux Ecrivains même les plus exacts, lorsqu’ils parlent de quelque chose que tout le monde a sous les yeux : il est rare qu’en pareil cas un Auteur se donne la peine d’en faire un détail circonstancié, parce que les vivants en sont instruits.

280. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Le faux de la galanterie est très-nuisible aux femmes ; il les trompe sur leur propre mérite & sur celui de leurs amans ; il leur donne d’elles-mêmes les plus flatteuses idées. […] Une tête si pleine d’impostures conserve-t-elle quelque idée de probité ?

281. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Une pareille idée tombe d’elle même. […] La manière dont il s’exprime laisse du moins entrevoir son idée ; qu’on en juge : « Ce n’est que le sang froid qui applaudit au Théâtre à la beauté des Vers. » La conséquence que j’ai tirée n’est-elle pas naturelle ?

282. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Ce qui se pratiquait aux funérailles des Grands & même des Empereurs, où un Personnage couvert d’habits semblables à ceux du mort, ayant sur le visage un masque qui lui ressemblait parfaitement, précédait le corps, & représentait sans ménagement les actions de sa vie les plus connues, de quelque nature qu’elles fussent, semble donner une idée de ce que l’on pouvait exprimer dans ces Pièces, qui, devraient être fort libres, ou même des Satyres sanglantes & personnelles]. […] Mais une Nation douce & polie, où chacun se fait un devoir de conformer ses sentimens & ses idées aux mœurs de la Société ; où les préjugés sont des principes ; où les usages sont des loix ; où l’on est condanné à vivre seul, dès qu’on veut vivre pour soi-même ; cette Nation ne doit présenter que des caractères adoucis par les égards, & que des vices palliés par les bienséances.

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