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205. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « JUGEMENT DE M. DE VOLTAIRE, SUR LES SPECTACLES. » pp. 78-81

Rien ne rend les hommes plus sociables, n’adoucit plus les mœurs, ne perfectionne plus leur raison, que de les rassembler pour leur faire goûter ensemble les plaisirs purs de l’esprit. Les mêmes esprits qui bouleverseraient un Etat pour établir une opinion souvent absurde, anathématisent les plaisirs innocents, nécessaires à une grande ville, et des Arts qui contribuent à la splendeur d’une nation : l’abolition des Spectacles serait une idée plus digne du siècle d’Attila, que du siècle de Louis XIV.

206. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Une troupe de Dieux & de peuples qui sont à leur suite, applaudissent à cette belle œuvre, la célèbrent par leurs chants, & disent : Venez, tendres amours, couronnez ces amans, & régnez avec eux : plaisirs, assemblez-vous, &c. […]   Mars aura les mêmes plaisirs   Sans avoir la peine de feindre. […] Aussi ont-ils une ame spirituelle, libre, raisonnable ; l’homme n’a que l’instinct pour le plaisir : c’est tout l’homme. […] Mais avec tous ces différens goûts les passions sont toûjours les mêmes : la nature n’est pas moins foible, ni l’amour du plaisir moins vif, ni la volupté moins séduisante. […] Grands & petits, bourgeois & peuple, tout y vient pour son plaisir, y est pêle mêle, sans distinction & sans ordre, & c’est toûjours ce qu’il y a de plus vicieux dans les uns & les autres.

207. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Le premier Théâtre des Baladins est sans contredit celui de Nicolet : les Tours-de force que l’on y voit, la Danse-de-corde, les Sauts-périlleux peuvent donner ce plaisir vif qui naît de la surprise, de l’étonnement, unis à la crainte du danger auquel le Baladin s’expose. […] Le plaisir de se voir eux-mêmes. […] quel Français aurait l’âme assez dure, pour voir avec plaisir la dégradation de ceux qui font nos plaisirs ! […] Mon amie, le Français veut qu’autour de lui tout respire le plaisir & la joie ; il ne goûterait dans ses Acteurs ni l’esclavage ni la contrainte. […] Elle paraissait dans certains Rôles de mademoiselle Gaussin, où elle fit toujours le plus grand plaisir.

208. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

et 9.) sur la sobriété, la tempérance, la fuite des grands repas et des parties de plaisir ; (C. […] Une troupe de jeunes Clercs de Procureur ne put manquer de donner dans tous les plaisirs. […] Tout dégénère, surtout en matière de plaisir, quand le théâtre s’en mêle. […] La gaze légère de politesse dont elle se couvre, ne rend que plus dangereux un poison dont on se défie moins, et qu’on avale avec plus de plaisir. […] [NDE] Au XVIIe s. terme employé pour désigner celui qui tenait une maison de bains et de plaisir pour les hommes de bon ton.

209. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

Les gens riches avaient des bandes d’Acteurs pour leur plaisir, et faisaient représenter la comédie chez eux. […] Les Comédiens en France se prêtaient autrefois aux plaisirs du public, et allaient de maison en maison, comme les femmes de Golconde. […] Se donner pour de l’argent en spectacle et aux plaisirs du public, prabere suum corpus, copiam facere sui corporis, fut toujours le métier le plus méprisable. […] Sans doute un Gentilhomme qui ira une fois chanter pour son plaisir à l’Opéra, ne dérogera pas. […] Il aimait beaucoup les plaisirs de la table.

210. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

O ma tendre, mon unique amie, je me figure avec quel plaisir tu le reverras ! […] Mais ce n’est pas sur un profit pécuniaire, que l’on établit l’utilité de la Réformation du Théâtre & du nouveau Règlement : C’est l’épurement des mœurs ; c’est la perspective flateuse de plaisirs inconnus, innocens, inexprimables procurés au Genre-humain, qui en est le louable motif. […] L’usage des plaisirs des honnêtes-gens leur élève l’âme, & leur fait acquérir cette urbanité que le séjour de la Ville ne donne pas seul : les Pièces de Théâtre ébauchent, ce que la conversation de quelques personnes éclairées, qui suivent nos Spectacles, achève à leur égard.

211. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279

Je parle uniquement du pouvoir qu’ils ont pour déterminer l’esprit et le cœur dans la recherche, ou dans la fuite de ces objets, disant, par exemple, que le plaisir est aimable, que l’éclat est à souhaitter, que rien n’est plus terrible que la douleur, etc. […] Comme on y rassemble tout ce qui peut flatter le plus vivement, et le plus agreablement les sens, et que d’ailleurs on s’abandonne avec plaisir à cette impression, il n’y a point de doute que ce ne soit ici l’une des plus seures, et par consequent des plus pernicieuses inventions de l’esprit malin, pour nous rendre encore plus sensuels, et plus éloignés de l’esprit du Christianisme, que nous ne sommes naturellement. […] C’est un monde composé de tous les objets de nos passions, des grandeurs humaines, de tout ce qui paroît pompeux et éclatant, des plaisirs des sens, et des richesses d’iniquité.

212. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. -

La satisfaction de vos besoins et les connaissances utiles vous offraient toujours des plaisirs sans mélange : vous vous contentiez de croire ce que vous sentiez : Et sans vous embarrasser dans ce que vous ne compreniez pas, vous n’interrompiez point le cours naturel de vos esprits, vous ne les rassembliez point inutilement dans votre cerveau, au détriment du reste de vos organes : par l’exercice que vous faisiez, vous les aidiez au contraire à circuler par tout votre corps : vivant tranquilles, vous viviez en santé, vous étiez gais et vigoureux. […] Rousseau veut diriger jusqu’à mes plaisirs, et m’apprendre l’effet qu’ils font sur moi. […] [NDA] C’est ainsi qu’arrivent les réminiscences, les rêves, et tous ces mouvements communicatifs à l’âme, où les plaisirs et les peines sont bien réels.

213. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Celles de la troisième Classe, peuvent donner beaucoup de plaisir ; mais elles ont peu d’efficacité pour la correction des mœurs. […] La seconde manière de produire un plaisir pur est extérieure ; elle s’opérera par les modelemens. […] Ils regardent comme donné au plus doux des plaisirs, le temps qu’ils consacrent à l’estimable & délicieux amusement qu’ils procurent à leurs Compatriotes. […] Cependant comme le plaisir trop continu cesserait d’être un plaisir, il faut des Entr’actes, mais courts, sans contrastes, & qui tiennent au Drame par un fil caché. […] Je ne trouve donc à notre Musique que ce défaut-ci : elle ne me donne point de plaisir.

214. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

L’on ne laisse pas d’y assister avec plaisir, et en grande compagnie ? […] Mais ces Saints Pères ont-ils improuvéc le plaisir qu’on prend en telle rencontre, où les assistants n’ont aucun mauvais desseins ? […] C’est quand on met son plaisir aux choses contraires à la règle de la Doctrine de l’Eglise, comme nous avons déjà dit. […] Les Histoires Saintes n’ont pas été écrites pour donner du plaisir aux peuples, mais pour les porter à imiter les vertus des Saints qui seraient profanés dans des bouches impures, et par des misérables qu’on a bannis du commerce des gens de bien.

215. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

& trouverois-je mon plus grand plaisir à ne me repaître que d’un phantôme ? […] auroit dit le Prince des Orateurs, qui le premier porta le titre plus glorieux encore de Pere de la Patrie, si ce genre de plaisir n’eût pas été réservé pour nous. […] Centre des plaisirs purs & innocens, tu ne serois plus Babylone, & peut-être serois-tu bientôt Jérusalem. […] L’espoir des plaisirs temporels sert à les rendre vertueux , apparemment parce qu’ils sont tout esprit. […] & ne désavoue-t-il pas intérieurement les plaisirs du théâtre d’aujourd’hui ?

216. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « LA PREMIÈRE ATTEINTE CONTRE CEUX QUI ACCUSENT LES COMÉDIES » pp. 1-24

Je réserve à un autre lieu la dignité de ses louanges, et reviens à la plainte que nous devons faire pour les Comiques qu’on accuse de faire revivre les anciennes dissolutions, qui sont bannies des Comédies de ce siècle, qui n’ont rien que le nom, commun à celles du passé : Celle-ci traitée par gens doctes, et savants, se doit plutôt appeller école de modestie et gentillesse, que lieu de honte : C’est pourquoi nos Juges nous les permettent ; nos Pasteurs ne nous le commandent pas, désirant s’il était possible qu’à l’imitation d’un nombre d’âmes, qui dès la terre vivent au Ciel, nous voulussions dénoncer la guerre aux plaisirs du monde, et nous donnant du tout à la contemplation, tirer de l’amertume de nos fautes, ces larmes de douceur qui attachent nos paupières, et nous font unir les jours et les nuits ensemble, souhaitant après saint Paul, notre séparation pour Jésus Christ, et comme dit Eudoxe, mourir et voir le Soleil. […] Philippe de Commines écrit que les Rois de France y ont pris très grand plaisir. […] Mais combien y avait-il d’aise à voir le Catadrome : machine subtile, descendre ses grands ravisseurs, comme l’Aurore son Memnon, Jupiter son Ganymède, Diane son Endymion, c’est ce qui donna occasion à Crésus esclave et captif de Cyrus de lui donner avis de permettre les jeux publics, et Comédies aux Lydiens, qui par plusieurs fois s’étaient révoltés de son obéissance, et que leur esprit y serait retenu ; ressemblant aux enfants qui font état de toutes sortes de plaisirs, et sont bien aises d’être attirés celui-ci par leur Prince. […] Si nous en croyons les anciens Pères, nous verrons qu’ils nous concèdent ceux où le plaisir est limité dans les termes de la modestie. […] Mais s’il est ainsi, comme il est vraisemblable, que l’homme d’entendement ne se laisse jamais vaincre d’un plaisir ridicule, et borne celui qu’il prend et donne aux autres, comme s’il s’était imposé lui-même la loi pour entretenir ceux qu’il veut réjouir, de propos, aussi décent que délectables ; c’est en quoi le docte est reconnu de l’ignorant ; l’un pour toute fin n’a que le ris, et ne se soucie de quel prix il l’achète : et l’autre n’en veut séparer 1’honnêteté.

217. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Quand à l’espèce des Spectacles, c’est nécessairement le plaisir qu’ils donnent, et non l’utilité qui les détermine9 ; si l’utilité peut s’y trouver, à la bonne heure. […] « Tout en est mauvais et pernicieux (de la Comédie), tout tire à conséquence pour les Spectateurs ; et les plaisirs même du Comique étant fondés sur un vice du cœur humain, c’est une suite de ce principe, que plus la Comédie est agréable et parfaite, plus son effet est funeste aux mœurs. […] « Dans une grande ville pleine de gens intrigants, désœuvrés, sans religion, sans principes, dont l’imagination dépravée par l’oisiveté, la fainéantise, par l’amour du plaisir, et par de grands besoins, n’engendre que des monstres, et n’inspire que des forfaits ; dans les grandes villes où les mœurs et l’honneur ne sont rien, parce que chacun dérobant aisément sa conduite aux yeux du public, ne se montre que par son crédit, et n’est estimé que par ses richesses ; la Police ne saurait trop multiplier les plaisirs permis, ni trop s’appliquer à les rendre agréables, pour ôter aux particuliers la tentation d’en chercher de plus dangereux. […] « A Sparte, dans une laborieuse oisiveté, tout était plaisir et spectacle.

218. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  AVERTISSEMENT. DU LIBRAIRE. » pp. -

J’ai relu votre Ouvrage avec un très-grand plaisir. […] le Batteux soutint que les plaisirs & les passions du Théatre ne sont, & ne peuvent être que nuisibles aux mœurs.

219. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVII. Accidents arrivés dans les spectacles. » pp. 150-153

« … … … Fi du plaisir Que la crainte peut corrompre. » La Font. […] « Quelle que soit la cause de ces tristes événements, ne peut-on pas conclure qu’il vaut mieux écouter, dans le calme, la vérité, que d’attendre qu’elle tonne pour nous soumettre à elle » ; et fuir, sans hésiter, des plaisirs illégitimes, plutôt que de s’exposer à ressentir l’amertume du repentir qui les accompagne souvent, et qui les suit toujours ?

220. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

Il en est des Etats comme des Particuliers : ils succomberont infailliblement, si l’amour du plaisir éteint celui du devoir. […] Nous nous réservons aussi à demander si les plaisirs modérés sont en eux-mêmes criminels, & si notre Comédie n’est d’aucune utilité, & d’autres choses qui n’appartiennent pas absolument à l’objet que l’on s’est proposé dans ce premier Chapitre. […] Il ne faut pas perdre de vue que la Comédie est un plaisir. […] On convient que ce n’est point aux Ecclésiastiques à se rendre ouvertement les défenseurs d’un Spectacle qu’ils ne fréquentent pas, qu’ils voyent condamné dans la plupart des Livres qui se présentent à leurs yeux, & dont ils devroient même blâmer le trop grand usage, en le regardant comme un plaisir permis. […] D’ailleurs, le trop grand usage des plaisirs permis est répréhensible, & peut toujours être l’objet de l’attention des Théologiens ; mais, pour le général des hommes, un honnête délassement d’esprit a toujours été reconnu absolument nécessaire.

221. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Le désir de plaire est ce qui conduit le premier, et le second est conduit par le plaisir d’y voir peintes des passions semblables aux siennes : car notre amour propre est si délicat, que nous aimons à voir les portraits de nos passions aussi bien que ceux de nos personnes. […] Mais les Comédiens font céder toutes ces considérations à leur avarice, et les mauvais Chrétiens à leur plaisir. […] Car si quelqu’un vous priait au contraire de lui dire quelqu’une de ces Chansons infâmes, et de ces Odes honteuses et diaboliques, il s’en trouverait plusieurs qui les auraient apprises avec soin, et qui les réciteraient avec plaisir. […] Si vous vous plaisez au Chant et à la Poésie, plaisez-vous à chanter les louanges de Dieu ; il n’y a de plaisir véritable que celui qui est accompagne de la Vertu. […] Et s’ils chantent, il faut, dit saint Augustin, que ce soit des Psaumes, des Hymnes et des Cantiques spirituels, afin que par le plaisir qui touche l’oreille, l’esprit encore faible s’élève dans les sentiments de piété, et qu’etant plus ardemment touché de dévotion par les chants animés de la parole divine, il reçoive avec plus de respect et de douceur les vérités qu’elle renferme et s’en occupe plus utilement.

222. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Les parricides, les incestes doivent être suivis de châtiments proportionnés à la noirceur de ces grands crimes ; mais les disgrâces des personnes moins coupables que malheureuses, font une impression plus douce ; c’est ce qui attire ces larmes de compassion, qui attendrissent l’âme, et qui causent un plaisir si délicat. […] La reconnaissance est aussi l’un des plus grands agréments de la Tragédie, et qui cause le plus de plaisir, lorsque l’esprit, trompé par l’équivoque d’un nom supposé, ou par quelque obscurité embarrassante, vient à lever ce voile, ou à développer cet embarras, qui lui cachait la vérité. […] La Comédie est un assemblage de paroles et d’actions réjouissantes, inventées pour le plaisir du spectateur, et capables de lui délasser l’esprit ; mais il faut supposer que ce qu’on voit, et ce que l’on dit au Théâtre, ne passe pas les bornes d’un divertissement honnête et permis. […] Les Censeurs de la Comédie disent qu’elle a commencé par la superstition, qu’elle a été raffinée par le plaisir, et maintenue par la politique. […] S’il y a eu des temps, où les Docteurs, et même les Saints ont toléré, ou approuvé la Comédie, c’est qu’elle était alors si simple, si informe et si grossière, qu’il fallait plutôt craindre de s’ennuyer, que d’y trouver trop de plaisir.

223. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XX. Silence de l’Ecriture sur les spectacles : il n’y en avait point parmi les Juifs : comment ils sont condamnés dans les saintes Ecritures : passages de saint Jean et de saint Paul. » pp. 72-75

Au reste ce grand silence de Jésus-Christ sur les comédies, me fait souvenir qu’il n’avait pas besoin d’en parler à la maison d’Israël pour laquelle il était venu, où ces plaisirs de tout temps n’avaient point de lieu. […] C’était peut-être une des raisons du silence des Apôtres, qui accoutumés à la simplicité de leurs pères et de leur pays, n’étaient point sollicités à reprendre en termes exprès dans leurs écrits, des pratiques qu’ils ne connaissaient pas dans leur nation : il leur suffisait d’établir les principes qui en donnaient du dégoût : les chrétiens savaient assez que leur religion était fondée sur la Judaïque, et qu’on ne souffrait point dans l’Eglise les plaisirs qui étaient bannis de la Synagogue : quoi qu’il en soit, c’est un grand exemple pour les chrétiens, que celui qu’on voit dans les Juifs ; et c’est une honte au peuple spirituel, de flatter les sens par des joies que le peuple charnel ne connaissait pas.

224. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

de verâ. pœnit. 2.° C’est un état de punition actuelle que le pénitent exerce sur lui-même pour venger Dieu par l’austérité de sa vie, les jeûnes, les macérations, les privations des plaisirs. […] On doit s’interdire même les plaisirs permis, peut-on se permettre ceux qui sont défendus ? […] Peut on innocemment se faire un plaisir de leur péché ? […] Car les passions agissantes, écoutées, senties avec plaisir, quel qu’en soit le motif, ne sont pas autre chose. […] Elle lui répond galamment, plus en Actrice qu’en Rosiere : C’est de plaisir quand je te vois, & de chagrin quand je te quitte.

225. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Enfin, s’il est digne des soins de l’Artisan, & s’il peut donner du plaisir aux Spectateurs. […] Car il ne faut pas qu’il découvre toutes choses, de peur de violer le mystere, & de risquer les plaisirs de la surprise, qui sont les plus doux que donne le Spectacle. […] Le consens aisément au Burlesque : mais je ne puis souffrir des objets épouventables, des masques qui sont horreur : & je ne puis trouver du plaisir en ce qui me fait de la peine. […] On dispose des jours de plaisir : On avance ou l’on recule les Machines. […] Nos Princes nous doivent estre plus chers que nos plaisirs ; & ce ne sera jamais de mon conseil qu’ils s’exposeront à de pareils dangers, quoy que sur la foy de toute la Philosophie.

226. (1753) Compte rendu de Ramire « Compte rendu de Ramire » pp. 842-864

Retranchons, dit-il, du Spectacle tout ce qui en fait le péril, aura-t’-il alors les mêmes charmes pour attirer ; les mêmes plaisirs pour récréer ? […] Quel plaisir peut-on donc trouver à se contraindre si fortement ? […] Cyprien, de perdre quelque chose des intérêts & des plaisirs du Siècle, quelque ignorant qu’on soit, on est toujours assez habile à trouver des raisons & des argumens pour s’en défendre : quàm sapiens argumentatrix ignorantia humana, cùm aliquid ejusmodi de gaudiis & fructibus seculi metuit amittere. […] Dans les sujets les plus édifians ; dans leurs scènes les plus religieuses, le Pécheur s’attendrit sans se repentit, on sent le plaisir de la compassion, sans sentir l’amertume de la componction ; ce n’est pas une pluie qui tombe du Ciel ; c’est une rosée qui s’élève de la terre ; elle ne nourrit que des feuilles maudites ; à l’ombre de l’arbre qu’elle rafraîchit, le vice s’engraisse & la vertu se dessèche.

227. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

« Chez nos dévots aïeux, le théâtre abhorré Fut longtemps, dans la France, un plaisir ignoré, De pèlerins, dit-on, une troupe grossière, En public à Paris, y monta la première, Et sottement zélée en sa simplicité Joua les Saints, la Vierge et Dieu par piété. » Boileau, Art Poétique, Chant III. […] Dans les premiers siècles de notre monarchie, nos rois, occupés à conserver ou à étendre leurs conquêtes, négligèrent longtemps les jeux et les plaisirs. […] Lorsque les grands seigneurs ne furent plus que des courtisans, que le plaisir et l’ambition fixèrent à Paris, on vit cette capitale surchargée d’une multitude de citoyens désœuvrés, dont on crut devoir occuper le loisir, selon le goût du temps, par des représentations pieuses qui furent l’enfance et le bégaiement de nos tragédies, de nos opéras et de nos comédies. […] Mais on reconnut bientôt l’indécence qu’il y avait à faire servir au plaisir du peuple les mystères de la religion, d’autant plus que, pour plaire à la multitude, on les déshonorait par une mixtion de farces scandaleuses.

228. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Ce peuple, enthousiaste de sa liberté jusqu’à croire que les Grecs étaient les seuls hommes libres par nature, se rappelait avec un vif sentiment de plaisir ses anciens malheurs et les crimes de ses maîtres. […] Je n’ai jamais pu concevoir quel plaisir on peut prendre à imaginer et à composer le personnage d’un scélérat, à se mettre à sa place, tandis qu’on le représente, à lui prêter l’éclat le plus imposant. […] malgré mille précautions, une femme honnête et sage, exposée au moindre danger, a bien de la peine encore à se conserver un cœur à l’épreuve ; et ces jeunes personnes audacieuses, sans autre éducation qu’un système de coquetterie et des rôles amoureux, dans une parure immodeste, sans cesse entourées d’une jeunesse ardente et téméraire, au milieu des douces voix de l’amour et du plaisir, résisteront à leur âge, à leur cœur, aux objets qui les environnent, aux discours qu’on leur tient, aux occasions toujours renaissantes, et à l’or auquel elles sont d’avance à demi vendues ! […] Madame Henriette de France, fille de Louis XV, disait à une personne qu’elle honorait de sa confiance, qu’elle ne concevait pas comment on pouvait goûter quelque plaisir aux représentations du théâtre, et que c’était pour elle un vrai supplice.

229. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Que le Compositeur doit chercher à peindre. » pp. 340-344

Je dis plus ; en la privant d’un pareil avantage, nous détruisons une partie du plaisir qu’elle nous fait éprouver ; car c’est directement cette imitation frappante qui nous amuse & nous charme. Il suffit de citer le Soldat Magicien, le Roi & le Fermier, Sancho-Pança, le Sorcier, le Bucheron, dont quelques morceaux de musique nous causent toujours un nouveau plaisir ; parce que le chant, & sur-tout la simphonie, sont des images détaillées de ce que contiennent les paroles.

230. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatrième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 28-32

C’est avec cette créature qu’ils goûtent tous leurs plaisirs : ceux d’une union légitime sont devenus sans piquant & sans saveur ; ils ne sont plus connus que d’un petit nombre d’honnêtes gens, assez heureux pour avoir rencontré de ces femmes rares tendres sans fadeur, plus propres que magnifiques, belles sans hauteur, caressantes sans importunité ; qui, faites pour le plaisir, sont aussi réservées & plus vertueuses que les froides.

231. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VI. Des Poèmes Dramatiques représentés aux Jeux Scéniques. » pp. 135-144

Mais ces Jeux Scéniques des Romains ne furent pas tellement abandonnés au divertissement de la populace, que les Patrices et les personnes d'honneur et de qualité n'y pussent prendre quelque plaisir ; car on y joignit dans la suite des temps trois sortes de représentations plus magnifiques, plus ingénieuses et plus honnêtes. […] entendre l'excès de quelque turpitude, « qu'un Mime ne la pourrait représenter, qu'un Bouffon n'en pourrait faire un Jeu, et qu'un Atellan ne la pourrait prononcer » : car n'y comprenant point ces deux autres sortes d'Acteurs, il montre bien que les choses honteuses ne se mêlaient point aux grâces de leurs représentations, bien que le plaisir n'en fût point banni.

232. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

 » Il est bien vrai que l’on y rend l’avarice ridicule, et que l’on y condamne les débauches des jeunes gens et leurs folles amours ; mais ce n’est point par des railleries que l’on détruit le vice, particulièrement celui de l’impureté ; ce mal est trop grand pour être gueri par un remède si faible, et même souvent on prend plaisir à s’en voir railler. […]  » La pente que nous avons vers les plaisirs est trop forte pour être retenue par la seule honte, et on espère toujours la pouvoir éviter par le secret, dont on tâche de couvrir ses désordres aux yeux des hommes.

233. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Les Grecs qui haissoient la Monarchie ont pris plaisir à voir humilier les Rois sur leur Théâtre, les grandes fortunes renversées ; parce que l’élevation les choquoit. […] Saint Cyprien disoit autrefois1 que l’idolâtrie est la mere de tous les Spectacles, elle y attire les Chrétiens pour les initier à ses mystéres, sous couleur de divertissemens ; elle glisse son venin dans l’ame par les yeux & par les oreilles qu’elle a soin de chatouiller par le plaisir des représentations théâtrales : est-il en effet, ajoutoit ce saint Pere, un spectacle sans idoles, qui ne soit accompagné de quelque sacrifice, où la Scéne ne soit ensanglantée par la mort d’un Atlhéte. Le démon s’appercevant, dit-il encore, que l’idolâtrie à la suite causeroit du dégoût aux personnes raisonnables, a accompagné son culte superstitieux & ridicule, de l’enchantement des Spectacles, afin que frappant les sens d’une maniere agréable & touchante, le plaisir la fit aimer.

234. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

En effet, tel était alors le goût des plaisirs, que lui seul pouvait faire perdre aux Romains cette idée de liberté si chère à leurs ancêtres. […] La Musique était indispensable, puisque le Pantomime était accompagné par des instrumens ; l’Histoire ne l’était pas moins, pour se conformer aux mœurs du Personnage que le Pantomime représentait ; la Philosophie, & les connaissances qui en dépendent devaient orner l’esprit d’un homme, destiné à procurer aux autres la chose la plus précieuse & la plus difficile, du plaisir. […] ) Ce décret prouve assez que les professions chéries, dans les Pays de luxe, sont bientôt honorées, & que le préjugé ne tient pas contre le plaisir.

235. (1715) La critique du théâtre anglais « AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR. » pp. -

Cet Auteur a eu le plaisir de voir combien nos Poètes sont des adversaires méprisables, lorsqu’ils sortent de leur sphère, et qu’ils se mêlent de parler raison. […]  « Heureux, si le Théâtre au bon sens ramené, N’avait point, de l’amour aux intrigues borné Cru devoir inspirer d’une aveugle tendresse Aux plus sages Héros la honte et la paresse : Peindre aux bords de l’Hydaspe Alexandre amoureux, Négligeant le combat pour parler de ses feux, Et du jaloux dessein de surprendre une ingrate Au fort de sa défaite occuper Mithridate : Faire d’un Musulman un Amant délicat Et du sage Titus un imbécile, un fat, Qui coiffé d’une femme et ne pouvant la suivre Pleure, se désespère, et veut cesser de vivre … … … … … … … … … … … … Mais on suppose en vain cet amour vertueux : Il ne sert qu’à nourrir de plus coupables feux L’amour dans ces Héros plus prompt à nous séduire, Que toute leur vertu n’est propre à nous instruire. » Au regard des Anglais, que la paix multiplie chaque jour dans le Royaume, ils seront bien aises d’avoir un excellent Auteur de leur nation traduit dans une langue qu’il leur est nécessaire de savoir pour vivre en un pays étranger avec quelque plaisir et quelque satisfaction. […] On ne présume pas néanmoins d’avoir toujours heureusement rencontré dans la traduction de ces noms, qui sont composés de plusieurs mots et faits à plaisir : tels sont par exemple chez nos Comiques, Le Baron de la Crasse, Comédie.

236. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

On doit juger le même des Romans qui rapportent les merveilleuses intentions de l’amour en ses recherches, ses combats, ses aventures qui renversent et puis rétablissent les espérances, par des rencontres prodigieuses qu’on ne peut lire sans admiration et sans plaisir. […] C’est dites-vous, un plaisir d’y voir les passions naïvement bien représentées, ce plaisir vient de la sympathie et du rapport qui est entre les secrets mouvements de votre cœur, et ceux de ces personnages où vous vous voyez comme dans un miroir, Il semble même qu’ils soient les objets, et que vous en représentiez les espèces, car vous pleurez avec eux dans les disgrâces, vous combattez, vous surmontez, vous jouissez avec eux : les craintes, les espérances, les joies vous sont communes ; vous êtes d’esprit et d’affection dans tous leurs accidents.

237. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Depuis ce temps-là, disent les Poètes ; les choses se sont accommodées : Le travail a commencé d’être moins mélancolique, et le plaisir s’est vu comme forcé de bien faire avec lui. […] C’est une étude de plaisir où nous devenons savants sans peine et sans mélancolie. […] Certainement l’amour de nous-mêmes nous fait prendre plaisir à nous voir, quand ce ne serait que dans un verre. […] Les Gaulois firent moins de tort à Rome en la réduisant en cendres, que Scaurus ne fit en lui préparant avec tant de pompe des occasions de plaisir. […] ils n’y songent guère : comme ils n’ont point connu de plaisir plus charmant que le Jeu, ils ne veulent point de Paradis si on n’y joue.

238. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Ainsi font illusion les noms & les mots à ceux qui, sensibles au rithme & à l’harmonie, se laissent charmer à l’art enchanteur du Poëte, & se livrent à la séduction par l’attrait du plaisir ; en sorte qu’ils prennent les images d’objets qui ne sont connus, ni d’eux, ni des auteurs, pour les objets mêmes, & craignent d’être détrompés d’une erreur qui les flatte, soit en donnant le change à leur ignorance, soit par les sensations agréables dont cette erreur est accompagnée. […] La plus noble faculté de l’ame, perdant ainsi l’usage & l’empire d’elle-même, s’accoutume à fléchir sous la loi des passions ; elle ne réprime plus nos pleurs & nos cris ; elle nous livre à notre attendrissement pour des objets qui nous sont étrangers ; & sous prétexte de commisération pour des malheurs chimériques, loin de s’indigner qu’un homme vertueux s’abandonne à des douleurs excessives, loin de nous empêcher de l’applaudir dans son avilissement, elle nous laisse applaudir nous-mêmes de la pitié qu’il nous inspire ; c’est un plaisir que nous croyons avoir gagné sans foiblesse, & que nous goûtons sans remords. […] Pour nous garantir de toute partialité, & ne rien donner à cette antique discorde qui regne entre les Philosophes & les Poëtes, n’ôtons rien à la Poësie & à l’imitation de ce qu’elles peuvent alléguer pour leur défense, ni à nous des plaisirs innocens qu’elles peuvent nous procurer. […] c’est, je l’avoue, une douce chose de se livrer aux charmes d’un talent enchanteur, d’acquérir par lui des biens, des honneurs, du pouvoir, de la gloire : mais la puissance, & la gloire, & la richesse, & les plaisirs, tout s’éclipse & disparoît comme une ombre, auprès de la justice & de la vertu. […] Quant à la simplicité des rapports sur laquelle on a voulu fonder le plaisir de l’harmonie, j’ai fait voir dans l’Encyclopédie au mot Consonance, que ce principe est insoutenable, & je crois facile à prouver que toute notre harmonie est une invention barbare & gothique qui n’est devenue que par trait de tems, un art d’imitation.

239. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

L’objet du Théatre d’Athenes, comme du nôtre, étoit de donner aux Spectateurs le plaisir de la terreur & de la pitié dramatiques : rien de plus. […] Il a répété souvent dans sa Poétique, qu’elle n’étoit que pour le plaisir. […] Or, est-il utile en bonne morale d’allumer ainsi les passions par amusement, & seulement pour le plaisir de les allumer ?  […] L’amour du plaisir corrompit totalement cette Nation, & parvint à la rendre insensible à tout ce qui préparoit sa ruine. […] Ce Sçavant définit le Roman, une fiction amoureuse écrite en prose avec art pour le plaisir & l’instruction des Lecteurs.

240. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVII. On y risque tout par une seule assistance. » pp. 40-44

On plaça Alipe à l’Amphithéâtre ; il défend à son cœur de prendre part à ces plaisirs criminels. […] Bien loin de les détourner de ce qui se passoit, il les y tint attachés ; buvant la fureur à longs traits, sans s’en appercevoir, & se laissant emporter à ce plaisir barbare & criminel.

241. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XIII. Du temps que l’on perd au bal et à la danse. » pp. 280-284

En effet, s’abandonner alors à la joie, et se plonger sans reserve dans les plaisirs des mondains, c’est faire voir avec la derniere évidence qu’on regarde les maux de l’Eglise avec un œil fort indifferent, ce qui marque une disposition d’esprit tout à fait profane, et trés-opposée à tout ce qu’il y a de plus essentiel à la veritable regeneration. […] Et se peut-il qu’un homme qui fait la moindre attention à quel que ce soit des deux, puisse ni penser aux réjouïssances des mondains, ni y trouver quelque goût et quelque plaisir ?

242. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Du Theatre. » pp. 73-99

Enfin le plaisir reveillant de temps en temps le goust des plus curieux, les obligea de faire des vers bons ou mauvais, jusqu’à ce que l’art & l’intelligence en banirent la negligence & la temerité, & que les Acteurs se piquerent dans leurs ouvrages de beaucoup d’ordre, de soin & de reflexion. […] Mais enfin, soit par le desir de les voir plus souvent, soit par l’ambition qui se coule ordinairement dans les plaisirs : Val. […] Le plaisir toutefois prevalant à toutes ces commoditez, Tert. l. de spec. c. 10. […] Mais enfin les plaisirs l’emporterent sur les loix & sur la severité : L’on perdit la crainte du peril, que les meurs y pouvoient courir ; & les Censeurs mesme, qui devoient estre des obstacles eternels à toute sorte de desbauche & de licence, furent les premiers qui firent d’un nouveau luxe un des devoirs de leur Charge. […] La Musique a fait aussi sans doute une des principales beautez du Theatre : & je ne doute point que le plaisir des Chants n’ayent esté un des principaux objets des Entrepreneurs.

243. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Et ce sont des Chrétiens, concluoit Saint Ambroise, des Chrétiens qui adorent un Dieu crucifié, crucifiant dans sa chair tous les plaisirs du monde, ce sont des Chrétiens qui veulent les accorder avec l’esprit de leur Religion. […] Nous le savons, à vos amusements voluptueux, sur-tout à vos plaisirs secrets, vous ne les associez que trop ; mais voudriez-vous les associer à vos affaires & à vos familles ? […] Oui, l’on ne trouve plus de plaisir aujourd’hui nulle part, qu’où le Seigneur est offensé, que dans ce qui va jusqu’au crime. […] Il faudra donc sur les même regles condamner de même & proscrire tous les amusements, tous les plaisirs du monde ? […] Effacez toutes les histoires, & traitez les Auteurs profanes, ainsi que les saints Peres, de gens austeres, ennemis des divertissements & des plaisirs.

244. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Tout ce qui n’a pour objet que le plaisir, est très-dangereux, il ne pouvoit souffrir qu’à la faveur du théatre, les passions eussent le fatal privilége de parler plus haut que les loix. […] Les figurantes, danseurs, chanteuses de l’opéra & des deux comédies, font assurément plus de mal au public, qu’elles ne donnent de plaisir ou de lustre à la nation ; Freron, Let. […] L’auteur l’avoit retirée, & publiée, dit-il ; il l’a fait représenter sur le théatre de société, elle y a réussi, (cela n’est pas doureux), & quoique ce fût un jour de Palais, grand nombre de Conseillers & d’Avocats préférant leur plaisir à leur fonction, s’y rendirent ; ils ont été surpris de voir la verve poétique réunie au talent de l’orateur, même à ceux de l’acteur ; car il y joua aussi très-parfaitement. […] Vois ces spectres, Dorés, s’avancer à pas lents, Traîner d’un corps usé les restes Chancelants, Et sur un front jauni qu’a ridé la molesse, Étaler à trente ans leur precoce vieillesse, C’est la main du plaisir qui creusa leur Tombeau, Et bienfaiteur du monde, il devient leur bourreau. […] Un seul bal de l’opéra, en 1770, rapporta douze mille livres de profit au directeur ; ceux des trois jours gras valurent quarante mille livres : les François ont-ils droit de se plaindre des impôts, il n’en est point de plus onéreux que les spactacles ; s’ils peuvent tant donner à leur plaisir, doivent-ils se réfuser aux besoins de l’État, & n’est-ce pas une invitation à ce ministere ?.

245. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

On sut ainsi le conserver & se faire tout-à-la fois un nouveau genre de plaisir. […] Ses Opéras se font lire avec plaisir ; on y trouve du feu, du génie, sur-tout beaucoup de sentimens & des morceaux tout-à-fait sublimes. […] La musique devait certainement être analogue au genre des paroles & de l’action ; elle formait donc un Opéra dans le genre de ceux qui nous font actuellement tant de plaisir. […] Le surprenant y fait toujours plaisir. […] Lorsque la douleur occupe la Scène, ils sont arriver une troupe de Bergers, ou de plaisirs personnifiés, qui se livrent à l’allégresse.

246. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

C'est en effet ce qui ne se peut accommoder, et c’est pour cela qu’il condamne même ceux qui pourraient y assister avec modération, et avec quelque espèce de sûreté par rapport à leur dignité, à leur âge ou à leur naturel ; parce que s’ils y cherchent le plaisir, il n’y a point de plaisir sans affection et sans émotion, puisque c’est elle seule qui le procure et qui le fait goûter ; s’ils n’y cherchent pas le plaisir, c’est donc un vain amusement qui les y attire, et dont ils sont coupables. « Si cessat affectus, nulla est voluptas, et est reus jam ille vanitatis. […] La seconde condition est, qu’on ne cherche pas le plaisir par des paroles ou des actions déshonnêtes. […] Nous sommes dans un siècle où on aime la délicatesse, surtout dans le plaisir, et comme je vous ai déjà dit, il y a des gens qui ne cherchent pas tant de nouveaux plaisirs que de nouveaux ragoûts dans le plaisir : ainsi les saletés qui ont été goûtées dans un temps, ne le seraient pas présentement, et quand vous faites dire à votre ami que les Comédiens prient les Auteurs d’éviter ces saletés dans leurs Pièces, ce n’est pas tant par un esprit de pureté et de régularité que pour se conformer au goût du siècle. […] La quatrième précaution est, que dans le plaisir que l’on prend au Jeu ou à la Comédie, on ne dissipe pas entièrement l’harmonie de l’âme. […] Le venin a entièrement gagné son cœur, il faut qu’elle en meure : ainsi cette jeune personne a pris plaisir à la Comédie.

247. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Théodose le jeune & Valentinien défendent de représenter aucuns jeux, soit du Théâtre, soit du Cirque, les Dimanches, les jours de Noël, Epiphanie, Pâques, & les cinquante jours jusqu’à la Pentecôte ; les Fêtes des Apôtres, afin, dit la Loi, que le peuple n’étant point distrait dans ces saints jours par des plaisirs profanes, puisse appliquer tout son esprit au service de Dieu : ils soumettent à cette Loi les Payens & les Juifs. […] Je ne puis, en finissant ce Titre, me refuser au plaisir de transcrire un trait de la Réponse de Rousseau à d’Alembert, qui souhaitoit l’établissement d’un théâtre à Genève. […] Tout en est mauvais & pernicieux ; tout tire à conséquence pour les spectateurs ; & le plaisir même du Comique étant fondé sur un vice du cœur humain, c’est une suite de ce principe, que plus la Comédie est agréable & parfaite, plus son effet est funeste aux mœurs ». […] Le plaisir de gens sans mœurs qui fréquentent d’ordinaire le Théâtre, doit-il se payer par le fruit des sueurs & des travaux du laboureur tombant sous le faix ; du Citoyen religieux, qui compte pour peu le Théâtre ?

248. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

Au contraire, pauvres gens, [ne] reconnaissez-vous pas que ces salutaires enseignements, ces louables préceptes et ces doctes exemples qui y sont contenus sont les vrais antidotes à ce poison de flatterie duquel vos semblables ont accoutumé de briguer leurs faveurs, l’absinthe de tels remèdes (venant de notre part) leur étant d’autant plus facile à recevoir que démêlé et détrempé en la douceur du plaisir qui accompagne notre théâtre, ils y sentent moins de fiel et d’amertumeaf. […] Nos actions sont ouvertes comme nos cœurs : Notre Roi les voit journellement, y prend plaisir et les approuve. […] [NDE] Opposition entre les jésuites, qui flattent les princes, et le théâtre, qui présente aux princes des vérités amères mais que le plaisir de la représentation fait passer. […] [NDE] La captatio benevolentiae est un peu embarrassée : pourvu que votre plaisir corresponde aussi étroitement à mes souhaits que je cherche ardemment à obtenir votre bienveillance.

249. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

En l’autre exemple, il y a des circonstances, qui doivent être bien considérées : Il était question de conserver l’honneur d’une Vierge, non de donner du plaisir à un peuple ; de sauver une pauvre colombe, environnée, comme parle S.  […] puisque en ces choses, on ne propose autre but, que le plaisir, et la volupté, ne suffit-il pas à Satan, d’entrer en nos cœurs, par cette fausse porte ? […] Reste la dernière, mais la plus douloureuse, et la plus importune, et criarde objection, contre les Médecins, qui tâchent de purger le patient de ces humeurs peccantes, voire Païennes ; auxquelles il faut imputer ces brocards nullement Chrétiens, qu’on leur donne, les appelant Saturninsdl, Loups garous, mélancoliques, hypocondriaques, ennemis de tout plaisir, voire de toute société : Faudra-t-il donc, disent-ils, que pour l’opinion de quelque renfrogné acariâtre, nous soyons privés de tout plaisir ? […] dr , et affirme, qu’il n’y a pas même du plaisir pour un homme docte, et grave ; ailleurs les condamne du tout, comme chose vilaine et infâme. […] On prend plaisir par les vilains enseignements de ces joueurs, ou de se représenter ce qu’on a fait au logis, ou d’entendre ce qu’on y pourra faire, l’Adultère s’y apprend, en le voyant jouer ; et quand le mal de l’Autorité publique sert de maquereau aux vices, celle qui peut-être, étant allée chaste au spectacle, s’en revient impudique, etc.

250. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

« Une bonne conscience éteint le goût des plaisirs frivoles ; c’est le mécontentement de soi-même, c’est le poids de l’oisiveté, c’est l’oubli des goûts simples et naturels qui établissent la prétendue nécessité des spectacles. […] Je veux bien supposer que les spectateurs, renvoyés avec cette belle maxime, n’en concluront pas que le crime a donc un prix de plaisir et de jouissance ; mais je demande enfin de quoi leur aura profité la pièce où cette maxime est mise en exemple ? […] Une si douce image amollit insensiblement le cœur : on prend de la passion ce qui mène au plaisir, on en laisse ce qui tourmente. […] Tout est mauvais et pernicieux, tout tire à conséquence pour les spectateurs ; et, le plaisir même du comique étant fondé sur un vice du cœur humain, c’est une suite de ce principe, que, plus la comédie est agréable et parfaite, plus son effet est funeste aux mœurs. […] Sans doute on ne peut que louer l’intention de ceux qui voudraient de bonne foi qu’on réformât les spectacles pour y ménager, à la faveur du plaisir, des exemples et des instructions sérieuses pour les rois et les peuples ; mais qu’ils songent que le charme des sens est un mauvais introducteur des sentiments vertueux.

251. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Cette douleur fait le plaisir (c’est le chef-d’œuvre du théâtre). […] La cruauté révolte bien des gens, le plaisir attire tout le monde ; on rougirait d’imiter l’un, on se fait gloire de se plonger dans l’autre. […] Lorsque après la pièce on voit cet antre profond du théâtre vomir une foule de gens perdus de vices, pleins des folies qu’ils viennent de voir, se repaissant, s’applaudissant de choses, non seulement inutiles, mais pernicieuses et empestées, qui rencontrent des serviteurs de Dieu, ils en ont pitié, et s’écrient qu’ils sont malheureux d’être privés de ces plaisirs. […] Le démon vous propose l’appas des spectacles et des honteuses voluptés, pour reprendre par le plaisir ceux qu’il avait perdus. […] Or tout homme qui se sert de la science et de la vérité par intérêt ou par passion, préfère le plaisir et l’argent à la vérité et à la science.

252. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Ce plaisir est plus doux que celui dont on se prive. […] Ces maux, il est vrai, ne sont pas réels, mais par les spectacles des maux imaginaires, vus avec plaisir, on s’endurcit, on s’accoutume à l’inhumanité. […] Il y a eu dans tous les temps, en bien & en mal, des sociétés de gens qui pensent de même, & que les intérêts, la doctrine, le plaisir, la sympathie lient étroitement. […] Cette troupe est toute théatrale, le fonds n’en est que le plaisir. […] C’étoit un plaisir royal que l’Empereur prenoit tous les jours après ses repas.

253. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Les plaisirs des Rois étaient plus naturels et de moindre dépense. […] les vains plaisirs du Théâtre, lorsqu’il inspire aux Chrétiens de l’horreur pour tout ce qui ressent les plaisirs du monde, et pour tout ce qui peut exciter la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux, et l’orgueil de la vie. […] On ne va pas chercher le plaisir sans l’aimer. Cet amour expose à des chutes ; et ces chutes même irritent le plaisir et la passion. […] Saint Louis était peut-être le seul Prince qui regardait tous ces plaisirs comme de vains amusements.

254. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

L’action, selon Aristote1, suit de près le discours, & on se laisse gagner volontiers par les choses dont on aime l’expression : lorsqu’on déteste un événement, on ne prend aucun plaisir à le voir représenter. […] Que l’on chante, que l’on danse, Rions tous, lorsqu’il le faut, Ce n’est jamais trop-tôt Que le plaisir commence. […] Comment, je vous le demande, Mademoiselle, une ame peut-elle demeurer chaste en écoutant avec plaisir des sentimens aussi corrompus ?

255. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Il dit que l’ignorance de l’esprit de l’homme n’est jamais plus presomptueuse, il ne pretend jamais mieux philosopher, & raisonner, que quand on lui veut interdire l’usage de quelques divertissemens, & de quelque plaisir, dont elle est en possession, & qu’elle se croit legitimement permis. […] Ainsi, par exemple, ces representations profanes, ces spectacles ou assistent tant des mondains oisifs & voluptueux, ces assemblées publiques & de pur plaisir, ou sont reçûs tous ceux qui amene, soit l’envie de paroître, soit l’envie de voir, en deux mots, pour me faire toûjours mieux entendre, Comedies & Bals, sont-ce des Divertissemens permis ou défendus ? […] je l’ai dit : quelques mondains, c’est-a-dire, un certain nombre des gens libertins, amateurs d’eux-mêmes ; & idolátres de leurs plaisirs ; de gens sans étude, sans connoissance, sans attention à leur Salut, de femmes vaines, dont toute la science se reduit à une parure, dont tout le desir est de paroître, & de se faire remarquer, dont tout le soin est de charmer le tems, & de se tenir en garde contre l’ennemi qui les surprend, dès que l’amusement leur manque, & qu’elles sont hors de la bagatelle ; mais ce qu’il y a souvent de plus déplorable, dont la passion cherche a se nourir & a s’allumer, lorsqu’il faudroit tout mettre en œuvre pour l’amortir & pour l’éteindre.

256. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

En un mot, Madame, pour avoir un plaisir parfait à la Comédie, il y faut de bonnes Pièces, et qu’elles soient bien représentées : et c’est ce que vous n’y trouvez plus. […] Il vous semble que les Auteurs qui ne peuvent faire tenir le même langage à leurs Héros, feraient mieux de les choisir dans un Pays où l’on ne les ait pas tant mis en œuvre ; et vous dites qu’un Grand-homme de notre France dont la Vie serait pleine de belles Actions, et qu’on ferait parler comme naturellement les honnêtes Gens y parlent, ferait pour le moins autant de plaisir à voir, que des Héros dont les Noms paraissent tout usés à force de les entendre répéter. […] Sensible à ses Bienfaits, sors de cette langueur : Redonne à ses plaisirs ta première vigueur ; Et promets de ma part une gloire immortelle A qui, pour ce Héros fera voir plus de zèle. » MELPOMÈNE.

257. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE IV. Détail des péchés qu'on commet en allant aux Spectacles. Réponse à ceux qui demandent s'il y a péché mortel, et si tous ceux qui y vont, sont également coupables. » pp. 76-81

2. « De s'exposer sans raison, et pour son seul plaisir au péril de perdre la grace. […] Le péché est encore plus grand pour les personnes qui font profession de vertu, parce que les mondains s'autorisent de leur régularité apparente, et croient se pouvoir permettre des plaisirs que les gens de bien ne se refusent pas. » D.

258. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre II. De deux sortes de Danses, dont il est parlé dans l’Ecriture Sainte. » pp. 6-13

Les unes viennent d’un mouvement de grâce, et sont rapportées au culte de Dieu, comme celles que nous avons marquées au Chap. précédent ; et les autres de l’inclination de la nature vers son propre plaisir, que le S. […] On lit la même chose dans la cinquième Loi du Code Théodosien : « Si quelques Chrétiens, dit cette Loi, veulent imiter la folie et l’impiété des Juifs, et suivre l'étourdissement ou l’aveuglement des Infidèles et des Païens, en profanant comme ces peuples charnels les jours destinés au culte de Dieu, par des recréations mondaines ; qu’ils apprennent que le temps qui est consacré aux prières, et à l’oraison, n’est pas un temps de plaisir et de volupté. » « Si qui etiam nunc vel Judæorum impietatis amentia, vel stolidæ Paganitatis errore atque in sania detinentur, aliud esse supplicationum tempus noverint, aliud voluptatum »l. 5.

259. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

En vérité, un Chrétien se peut-il croire innocent dans le plaisir qu’il prend à voir, à entendre ce qui excite en lui tant de passions différentes ? […] D’ailleurs le plaisir de voir, d’entendre, de goûter ce qui agitait en vous tour à tour différentes passions, ne sont-ce pas autant de tentations ?

260. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

Si Louis le Grand a dansé pèle mêle avec les Acteurs de l’Opéra, c’est que les plaisirs que les Rois goûtent sur le Trône, n’excluent point ceux qu’ils trouvent au milieu de leurs Sujets. […] L’usage moderé que les grands Princes font de ces plaisirs, n’empêche pas qu’on ne les prenne toujours pour ce qu’ils sont. […] Si l’autre moitié sembloit goûter un plaisir barbare à voir couler le sang humain, & même expirer les combattans ; quels reproches ceux-ci ne devoient-ils pas se faire, en refléchissant sur la nature de leurs amusemens ? […] Les Romains comme les François passérent facilement du plaisir de la Comédie, à la recherche de la Comédienne.

261. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Le Roi de Pologne étoit un homme de plaisir, un homme de Théatre, livré à la mollesse, gouverné par les femmes, toujours en fête, & par conséquent peu propre à combattre & à régner. […] Le Roi de Suede, dur à lui-même, se refusoit tous les plaisirs : il ne connoissoit ni la bonne chere, ni le jeu, ni les femmes. […] Charles en fut instruit, & dit froidement : Je n’envie à mon ennemi, ni ses plaisirs, ni ses victoires. […] En effet, dans le fort & le plus grand danger de la guerre, le Czar & Auguste, pour prendre de concert leurs mesures, convinrent d’une entrevue sur la frontiere de la Pologne ; &, aulieu de s’occuper de leurs affaires, ils passent quinze jours ensemble dans les plaisirs, se livrant à tous les excès de la débauche.

262. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

L'art dramatique n'est que l'art de ramasser, de combiner, d'inventer, de lier des folies, et l'art de l'Acteur celui de les peindre, et le plaisir du spectateur de les voir, de les goûter, de s'en amuser, ou l'art d'embellir, de dire et de faire agréablement des extravagances. […]  » Mais tel est le caractère de la nation, la folie l'amuse, on la veut partout : triste effet de la frivolité Française, qui s'ennuyant de la vraie sagesse, et ne sachant pas l'apprécier, parce qu'elle ne juge du prix que par le plaisir, n'estime que la folie qui lui plaît, et malheureusement se répand jusques dans les objets les plus saints. […] Jamais un homme sage ne s'en fit un plaisir, une occupation, un état, stultiloquium. […] Qu'ont-ils de commun avec la scène, où volontairement et sans nécessité on fait le fou, le libertin, le scélérat, tous les jours pour de l'argent, et on va le voir pour son plaisir ? […] Michol en eût été moins offensée, si c'eût été une danse régulière, dont les Princesses se font un plaisir et un honneur, telle que la dansa Hérodias, lorsque dans la suite, par le commerce des Grecs les Juifs donnèrent dans les raffinements du luxe.

263. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Qu'un homme du monde suive la mode, et que sans s'embarrasser des lois sévères de l'Evangile, il s'abandonne aux plaisirs qu'il voit régner dans les sociétés où il vit, c'est le torrent de l'exemple, c'est l'empire du respect humain. […] Il est vrai qu'on y voit ordinairement un petit assaisonnement de condamnation des spectacles ; mais à couvert de ce sauf-conduit, le Journaliste vogue aussitôt du meilleur cœur, sur cette mer dont il a d'abord redouté les écueils, et se livre avec autant de plaisir que de goût et d'érudition à toutes ces discussions intéressantes ; il éclaircit, approfondit, apprécie, approuve, juge communément bien et trop bien ces matières profanes. […] L'Evangile a beau crier, faites ce qu'ils vous disent, et ne faites pas ce qu'ils font, on en appelle des sermons aux pièces, des missions aux décorations, de la morale à la pratique, et l'on court à la comédie comme à un plaisir indifférent qu'on peut goûter sans scrupule. […] La compagnie y est mieux choisie, des amis et des parents viennent écouter les jeunes gens ; ce ne sont pas les libertins, attirés par le goût du plaisir et les objets de la débauche. […] L'esprit du monde se serait-il assez glissé dans une Compagnie où régnèrent toujours les bonnes mœurs, pour vouloir goûter des plaisirs auxquels on a renoncé, et faire venir chez soi ce qu'on ne peut décemment aller chercher au parterre ?

264. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE I. Condamnation de la Comédie par la sainte Ecriture, par les Conciles et par plusieurs raisons. » pp. 7-11

Or c’est l’attrister que de faire son plaisir d’un divertissement où Dieu est tant offensé, et auquel nous avons renoncé dans notre baptême. […] celui de Tours tenu en 1583. défend sous peine d’excommunication de représenter en ces jours aucunes comédies farces et autres semblables spectacles, opposés à la sainteté de la Religion « Comedias, ludos scenicos, et Theatrales et alia hujus generis irreligiosa Spectacula sub anathematis pæna prohibet sancta Synodus. » Ce Concile rendant ensuite raison de son Ordonnance, dit : Qu’il est absurde que des chrétiens attirés par les plaisirs vains et trompeurs que le diable leur présente, soient empêchés d’assister au Service Divin ; et soient détournés de la prière, et de la prédication aux jours qui sont particulièrement destinés à se rendre Dieu propice.

265. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Le Roi prenoit sa part des plaisirs, en contoit aux plus jolies, & sembloit rajeunir. […] Après la campagne de 1691, où le Roi avoit porté les plaisirs au milieu de la guerre, il voulut par un spectacle contraire porter la guerre au milieu des plaisirs. […] Il ne s’occupoit que de son plaisir. […] Les filles de l’Opéra ne se piquent pas de constance ; elles abhorent l’esclavage de la fidelité, & font consister leur plaisir dans le changement. […] Il y a une grande charge à la Cour de Pologne, qui est l’intendance de la comédie, ballets, fêtes, plaisirs du Roi.

266. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Le théatre change à chaque scène ; le spectateur a le plaisir de parcourir de contrée en contrée les quatre coins du globe. […] Je veux des mœurs compagnes des plaisirs. […] L’amour du théatre est une ivresse qui ferme les yeux sur les premiers principes de la religion, & fait dévorer avec plaisir les contradictions les plus absurdes & les plus indécentes. […] J’occupe ma raison du plaisir de mes yeux. […] Ivre de mes plaisirs, ah !

267. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

David en fit autant devant l’Arche, lors qu’elle fut recouvrée des mains des Philistins ; mais ces danses, ces chants se faisoient, par des motifs, & pour des sujets bien differens de ceux des mondains, que l’Eglise a souvent condamnez avec juste raison : c’estoit alors chanter les Victoires que Dieu remportoit sur les ennemis ; c’estoit pour marquer la joye qu’ils avoient de voir le Seigneur exalté, & glorifié, au lieu que les mondains y cherchent leur plaisir, & leur divertissement, & que la vanité, l’immodestie, la licence, & l’impureté sont presque inseparables des bals, des danses, & des cercles de compagnies enjoüées. […] …… Qui sont ceux qui sont avides de ces plaisirs, qui y courent avec fureur ? […] une assemblée de personnes agréables, bien parées, qui ne songent qu’à se divertir a prendre leurs plaisirs ; ils y voyent des femmes, & des filles, qui font tout ce qui peuvent pour se faire admirer & pour plaire ; & des hommes, qui font tout ce qu’ils peuvent pour leur temoigner qu’ils les admirent, & qu’ils les aiment.

268. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

C’est en nous privant volontairement de la jouissance illégitime des créatures et des plaisirs des sens, qui dégradant la noblesse de notre origine, ne peuvent jamais remplir les desirs immenses d’un cœur plus vaste que cet univers et que tous les êtres créés. […] Bornés aux seuls plaisirs d’amusements, leurs plus chères délices, ils s’élèvent avec fureur contre la chimère des vertus chrétiennes dont ils font gloire de fronder l’élévation et la dignité, et leur incompatibilité avec toute fausse modestie. […] Où pourrait-on goûter avec autant d’abondance que de choix les plaisirs de l’esprit libre de tout préjugé et de tout soin incommode dans le sein d’une oisiveté philosophique ?

269. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

 5. « Si la Pièce renferme, dit-il, des choses déshonnêtes et lascives, les Acteurs et les spectateurs pèchent mortellement, parce que c’est prendre plaisir dans les choses déshonnêtes, et s’exposer volontairement à une chose très dangereuse. […] comment peut-il prendre plaisir à voir les impuretés du Théâtre ? est-ce afin qu’en y perdant la pudeur, il devienne plus hardi pour commettre le crime dont il voit avec plaisir l’image et la représentation ?

270. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

Je suis persuadé que notre Philosophe Grec composerait quelque écrit célèbre sur le Spectacle qui nous fait tant de plaisir. […] Un Payen qui suivait les devoirs de l’honnête homme, qui ne s’écartait jamais de ce que lui prescrivaient ses Dieux & la probité, ne valait-il pas ce Chrétien qui semble se faire un plaisir de se moquer de la Religion, & d’afficher les désordres de sa vie ?

271. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IX. Les spectacles nuisent au bonheur et à la stabilité des gouvernements. » pp. 96-101

Leurs folies et leurs maux sont encore aggravés et multipliés par le luxe, la vanité, la passion du plaisir. […] Mais, en supposant que les gouvernements ne puissent pas sans danger supprimer les théâtres, ni en diminuer le nombre, chose qui ne paraît pas croyable, ne courent-ils pas des dangers infiniment plus grands en s’exposant aux atteintes mortelles que leur portent chaque jour des pièces vraiment immorales, qui, à la faveur du plaisir qu’elles procurent, font couler dans l’âme des spectateurs le poison des plus désolantes doctrines, et qui, par des allusions perfides et adroitement ménagées auxquelles l’art des acteurs ajoute encore un merveilleux relief, ne sont propres qu’à nourrir et à fortifier cet esprit d’insubordination qui de nos jours a fait tant de ravages, et qui est encore bien éloigné d’être entièrement anéanti ?

272. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

C’était un bon temps, un beau jour, lorsqu’on réunissait les cérémonies des fous, de l’âne et des cornards, ou lorsque les évêques dansaient ou jouaient à la boule dans les églises ou enfin lorsque les diacres, et ceux qu’alors on appelait sous-diacres, « prenaient plaisir a manger des boudins sur un coin de l’autel, au nez du prêtre célébrant ». […] Au seizième siècle on jouait le dimanche, après diner, de saintes historiettes, avec la farce au bout ; le peuple de Lyon appelait ce théâtre le Paradis, et François Ier y prit un grand plaisir.

273. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Le spectacle public a pour elles des difficultés, il faut quitter leur maison & leurs parties de plaisir pour l’aller chercher, on n’est maître ni de l’heure où on le donne, ni de choisir les pieces qu’on y joue, ni de la compagnie qui s’y rend. […] Quel plaisir d’en avoir à la nouvelle mode ! […] on joindroit le plaisir de la promenade à celui de la comédie. […] Les idées de la morale la plus pure (la plus licencieuse) font sur elles une impression d’autant plus profonde, que l’instruction ne se présente que sous la forme du plaisir (c’est son poison). […] Est-il bien vrai qu’aucun rendez-vous n’y attire, qu’on n’espère point d’y trouver l’objet de sa passion ou d’y faire des conquêtes, qu’on ne prétend point y étaler ses charmes, s’y lier avec des gens de plaisir, y former des parties ?

274. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Comment pouvoir approuver la corruption réduite en maximes dans une foule d’opéras et d’opéras comiques, avec toutes les trompeuses et perfides invitations à tous les plaisirs ? […] n’est-il pas à craindre qu’elle ne soit de celles des sages du monde, qui ne savent s’ils sont chrétiens ou non, et qui s’imaginent, comme dit encore Bossuet, avoir rempli tous les devoirs de la vertu, lorsqu’ils vivent en gens d’honneur, sans tromper personne, pendant qu’ils se trompent eux-mêmes en donnant tout à leurs plaisirs et à leurs passions ? […] Elles viennent de Sanchez et de saint Liguori, et elles ont été récemment reproduites par Mgr Gousset en ces termes : « Il y aurait péché mortel pour les simples spectateurs qui assisteraient à une représentation notablement obscène, pour le plaisir honteux que cette représentation peut occasionner. […] Voyez dans nos opulentes cités la jeunesse énervée, flasque, flétrie, fanée, saturée de plaisirs, de volupté, de musique, de spectacles, de danses, de bals et d’autre chose encore : la source des beaux sentiments est tarie, le caractère est dégénéré et le cœur desséché. […] Si par hasard ces jeunes personnes ne meurent pas, un triste et peut-être un fatal hymen les unira à des vieillards de vingt-cinq ans, déjà tout courbés sous le poids des plaisirs et de la mollesse ; car c’est ainsi, comme ou sait, que se forment les alliances dans les sommités sociales.

275. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Dès que les sociétés furent formées, dès que les hommes devinrent sensibles au plaisir, ils suivirent tout ce que leur inspirait la gaieté. […] La raison & l’expérience nous assurent que les hommes ont de tout tems recherché le plaisir ; les Spectacles, & surtout ceux des prémiers habitans du monde, tels qu’on doit se les représenter, sont les enfans de la joie ; ils ont donc existé dès que l’on a eu des sensations de plaisir, & des sujets d’allégresse. […] Mais les Romains, qui déclinèrent insensiblement dès que leurs conquêtes les enrichirent, eurent un goût vif pour la Comédie, parce qu’elle éxcitait d’avantage au plaisir, & qu’elle avait un certain raport avec leurs mœurs éfféminées & corrompues. […] Lorsque la Paix permit aux Muses de respirer, le repos & les plaisirs amenèrent à leur suite la Comédie, si l’on peut appeller de ce nom le genre monstrueux qui délassa long-tems les Français.

276. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Le prestige de la distribution graduée des ombres et de la lumière, l'imagination, l'habitude, le préjugé, l'amour du plaisir, sont des microscopes qui grossissent les objets, d'une mouche font un éléphant, et d'un homme à galons d'or un homme de mérite. […] Dans leurs maisons, leurs foyers, leurs parties de plaisir, ce n'est plus familiarité, c'est dissolution et débauche. […] Rien ne rapproche plus que le plaisir du vice, parce qu'il dégrade. […] Le théâtre, qui réunit tous les plaisirs vicieux, brise tous les liens, et confond tous les rangs.

277. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

Les Philosophes & les Théologiens du Paganisme, dit un célèbre Auteur(b), voyant la passion que les Peuples avoient pour les Spectacles, donnerent des instructions déguisées, sous l’appas du plaisir. […] Quelle ressource cette Capitale par exemple offre-t-elle au Citoyen timoré & délicat sur le choix des plaisirs ? […] On sent combien une telle autorité doit être respectée ; mais si ce divertissement étoit pur & innocent, il ne mériteroit plus une telle censure ; car si le principe de la vie sérieuse que commande la Religion, étoit porté trop loin, contre la pensée de Bossuet lui-même, il excluroit les plaisirs les plus innocents.

278. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

En effet, comment peut-on accorder ces actions séculières, qui flattent les sens, et donnent du plaisir à la chair, avec les larmes d’une âme vraiment pénitente, qui s’afflige pour rendre honneur à la Justice de Dieu, par la haine qu’elle a conçu contre le péché, et contre elle-même ? […] Concluons donc pour finir ce Chapitre, que ceux qui dansent au temps destiné par l’Eglise à l’exercice de la mortification, pèchent grièvement ; parce qu’ils s’opposent directement au dessein, et aux ordres de cette même Eglise, puis qu’ils cherchent leurs plaisirs sensuels, lorsqu’elle veut que ses enfants gémissent devant Dieu, et entrent dans les afflictions salutaires de la pénitence.

279. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

amants qui se brouillent pour un malentendu, afin de se procurer, ainsi qu’aux Spectateurs, le plaisir du raccommodement. […] C’est faire une question pour le plaisir d’en faire une. […] Ici tout est dangereux, là tout est pur ; c’est un exercice utile à la jeunesse, c’est un plaisir qui contribue à son instruction. […] Comment un Discours qui blâme des plaisirs que le monde chérit, pourrait-il respirer le goût du monde ? […] Comment faites pour le plaisir, et le prêchant sans cesse, ne l’inspireraient-elles pas ?

280. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

T ous les peuples de la terre ont des fêtes publiques et des spectacles ; toutes les nations policées ont des théâtres, qu’elles regardent à la fois comme des lieux de plaisir et d’instruction. […] Ils agissent en cela comme une femme qui seroit à-la-fois prude et galante, pour avoir les plaisirs du vice et les honneurs de la vertu. […] Il est faux d’ailleurs que les priviléges portent sur peu d’individus, puisqu’ils gênent dans leurs plaisirs les amateurs nombreux des spectacles. […] Ceux qui préferent ces plaisirs, sont ordinairement les plus sages et les plus exacts. […] C’est ainsi que plusieurs ouvrages, perdus à jamais pour le public, reparoîtront et augmenteront ses plaisirs.

281. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Mais vous ne cherchez qu’à tout le temps, vous n’avez en vue que vos amusemens & vos plaisirs. Cruels passe-temps, plaisirs momentanés ! […] Le contraste est des plus frappans à Varsovie, où le Roi & toute sa cour, les ministres étrangers, les grands du royaume, les députés des provinces sont assemblés pour régler les affaires de l’Etat, le bal, la comédie, les plaisirs les plus bruyans & les plus frivoles, au milieu de ce Sénat auguste, de ce consistoire des rois, qui, dans la situation la plus triste où la Pologne se soit jamais trouvée, ce qu’elle a de plus sage, de plus grave, de plus intéressé aux malheurs publics, passe son temps à voir des cabrioles & entendre des baladins. […] Le Grand-Maréchal de la Couronne, chef de la police, qui s’étoit ci devant opposé quoiqu’inutilement, à l’introduction du Théatre permanent, s’opposa de nouveau à la proposition : il fit voir que c’étoit une monopole pour s’enrichir sur les plaisirs du public, aux dépens des bonnes mœurs d’une nation déjà si portée au luxe & à la volupté ; que ce seroit même donner aux propriétaires un titre sur la police des spectacles qui se donnoient chez eux. […] Mais que peut la force des raisons, & l’intérêt de la vertu, contre les attraits du plaisir ?

282. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Il viendra un jour où vous demanderez du temps pour faire pénitence : mais Dieu vous le refusera, dit l’Ange de l’Apocalypse, la femme et la Fille sage font toutes deux leur divertissement de leur occupation, et la femme et la Fille insensée font leur occupation de leurs divertissements ; il faut donc se faire une joie et un plaisir de s’occuper toujours ; et de faire son devoir. […] Une assemblée de personnes agréables, bien mises, bien parées, qui ne songent qu’a se divertir, à prendre leurs plaisirs, et à contribuer au plaisir commun, ils y voient des femmes et des Filles qui font tout ce qu’elles peuvent pour se faire admirer et se rendre aimables, et des hommes qui font tout ce qu’ils peuvent pour leur témoigner qu’ils les admirent et qu’ils les aiment. […] Mais, répondrez-vous, il faut donc dire adieu à la joie, et au plaisir ; quand cela serait, il ne faut point tant se récrier ; il n’y aurait rien qui ne fût très conforme au Christianisme, puisque Jésus-Christ allant mourir pour tous les hommes, fit son testament, et comme un bon et sage Père, il laissa au monde la joie et les plaisirs en partage ; mais pour les véritables Chrétiens, il leur a laissé les pleurs et les tristesses. […] Mais, répondrez-vous, toujours vivre sans plaisir, ce n’est pas vivre, j’aimerais autant mourir, car la vie Chrétienne n’est qu’une mort continuelle.

283. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

quel plaisir peut-on trouver à aliéner la réputation & défigurer des faits ? […] Je ne m’y suis jamais trompé, j’ai pris souvent plaisir à les faire connaître, ennemi juré de la canaille, & je le prouve. […] « L’institution de la Comédie en France eut pour cause un délassement d’esprit, un plaisir d’honnête Homme. […] Ces lieux destinés à la débauche, Temples dédiés à la Déesse des plaisirs, ne sont-ils pas tolérés ? […] Un instant de peine peut te procurer une heure de plaisir.

284. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

La France se souviendra avec plaisir que le regne du plus grand des Rois a vu fleurir le plus grand des Poëtes. […] Je ne pouvois, dit-il, dompter ces ames indociles, qu’en me servant de leur penchant pour le plaisir, afin de les captiver & de les instruire. […] La piété d’une part, & la tristesse de l’autre écartoient ces sortes de plaisir. […] Le plaisir ne peut souffrir le joug. […] Herculea étoit tellement une ville de plaisir, qu’on l’appeloit le trône de Venus, sedes Veneris.

285. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Il a permis les histoires, et a pris quelquefois plaisir à les voir représenter avec le respect dû aux choses saintes, mais non pas devant d’autres que lui ; aussi on ne l’a jamais fait céans. […] Les drames religieux amusent sans conséquence des personnes bien disposées, qui n’en abusent pas, et qui dans la retraite, privées de tous les plaisirs, et sans cesse occupées à des exercices de piété, ont besoin de quelque délassement. […] Lazare, qui avaient sacrifié avec plaisir le profit qui leur en revenait. […] Si le Concile n’en parle pas, c’est que ce goût universel de poésie, de bel esprit, de spectacle, ne s’était pas encore répandu dans le monde et introduit dans les Communautés : une éducation moins frivole et moins mondaine n’avait pas tourné les esprits vers la bagatelle et le plaisir ; mais, grâce au nouvel enseignement que vit naître la fin du seizième siècle, et qui s’est si fort accrédité dans les suivants, on voit plus d’acteurs et de beaux esprits que de Chrétiens. […] Ce fut M. de Frontenac, Gouverneur, homme de plaisir, et alors brouillé avec l’Evêque, qui pour le mortifier et se divertir, l’introduisit dans ce pays lointain.

286. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — PREMIERE PARTIE. Quelle est l’essence de la Comédie. » pp. 11-33

En excluant, me dit-on, de la Comédie le ridicule qui tombe sur l’extérieur du vice, ou sa maniere d’être, vous ôtez à la Comédie son plus grand agrément, qui est celui de corriger les mœurs en faisant rire, & de faire passer dans l’ame des Spectateurs d’utiles vérités par le canal du plaisir. […] On me dit qu’en excluant de la Comédie le ridicule qui tombe sur l’extérieur, ou sur le maniere d’être du vice, je prive la Comédie de son plus grand avantage, qui est de faire passer par le canal du plaisir d’utiles vérités dans l’ame du Spectateur. […] Je conviens par la malignité qui caractérise l’esprit humain, que c’est un très-grand plaisir de voir son semblable tourné en ridicule, & de pouvoir se mettre au-dessus de lui : je conviens qu’on jouit avec satisfaction de l’embarras d’un jeune provincial qui se présente d’un air gauche dans un cercle brillant, qui salue d’un air timide, & qui perd contenance : je conviens qu’on est charmé de voir un homme qui se laisse duper comme un sot : pourquoi cela ?

287. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

LA peste désoloit la Provence, on avoit la guerre avec l’Espagne, la Bretagne étoit prête à se soulever, il s’étoit formé des conspirations contre le Régent ; le Royaume, par le systême des billets de banque, étoit dans une confusion qui faisoit tout craindre, & cependant ce fut le regne des plaisirs & du luxe, & de la plus grande licence de la comédie. […] Moliere avance qu’elle fut conçue, composée, apprise, exécutée en quinze jours ; on peut dire de cette fanfaronade, ce que lui-même fait dire au Misantrope : voyons, Monsieur, le tems ne fait rien à l’affaire , les plaisirs publics cachent souvent les desastres particuliers. […] Madame de Maintenon s’ennuyoit beaucoup avec le Roi, qui la tenoit dans une espece d’esclavage, comme elle s’en plaint dans vingt endroits de ses lettres, sur-tout depuis que devenu dévot, ce Prince avoit renoncé aux plaisirs, aux fêtes, aux théatre, dont Madame de Montespan, pendant son regne l’avoit rendu amateur.

288. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

En prémier lieu, le Public ignorerait si les Auteurs de notre Opéra sont contraints de lui présenter avec économie les choses agréables dont ils le font jouir, ou s’ils ne lui donnent point plus de plaisir qu’il ne lui en faut. […] Il est certain que ceux qui travaillent pour le Spectacle moderne ont fait paraître tout-à-la-fois sur la Scène des Pièces en un Acte, en deux, en trois ; depuis peu ils ont poussé jusqu’à quatre : il ne leur manque plus que d’atteindre jusqu’à cinq Actes, pour se vanter d’avoir donné une mesure de plaisirs, ou d’ennui, égale à celle du Poème le plus dans les règles. […] L’éclaircissement de cette grande question, apprendra aux Poètes du nouveau Spectacle s’ils doivent mettre un frein à leur enthousiasme ; il fixera pour toujours les plaisirs de la France.

289. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

Rousseau, à nous priver, parce qu’il peut être dangereux, d’un plaisir qui réunit l’agréable à l’utile, elle propose les moyens de l’augmenter, en même-temps qu’elle en suggère pour honester la profession de Comédien. […] 72 On y traite de l’utilité des Spectacles, & de la légitimeté du plaisir qu’ils procurent. […] Dès que le Spectacle est légitime, la Religion n’en peut improuver que les accessoires, tels que le Drame, l’Etat de Comédien, le Jeu de Théâtre : Si l’on desinconvéniente ces trois objets, les plaisirs du Théâtre cessent d’être contraires à la Religion établie ; nos loix & nos usages ne contrastent plus ; nous pouvons être heureux & vertueux sans inconséquence.

290. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Mais elles échappent à la mémoire des hommes, dont la plupart ne sortent jamais du cercle tracé par la main des plaisirs ou celle de la frivolité. […] N’est-il pas bien cruel de le contempler avec tant de plaisir au théâtre, pour en trouver de si différents dans la société ? […] et l’illustre auteur de Phèdre, a-t-il jamais craint qu’on privât la France du plaisir d’entendre et d’admirer le fameux récit de la mort d’Hippolyte ? […] A quel degré de dépravation n’est-on pas arrivé, quand on cherche le plaisir au détriment de sa propre existence ! […] Quel plaisir a pu prendre l’auteur, à peindre un tableau si dégoûtant, et qui réellement soulève le cœur de tous les hommes honnêtes ?

291. (1698) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse [25 septembre 1698] « Mandement  » pp. 37-43

Nous nous ferons beaucoup de plaisir de profiter dans cette occasion des Règlements si sages et si chrétiens qui ont été faits depuis quelques années sur ce même sujet dans une des Universités du monde la plus fameuse et la plus célèbre, et d’en tirer une partie de ceux que nous croyons devoir faire pour notre Diocèse, et que nous ordonnons que l’on y observe. […] Nous suivons avec plaisir sur le sujet de ces Tragédies l’esprit et les sentiments d’une savante Compagniea, dont un des principaux emplois est l’instruction de la jeunesse. « Qu’elles ne soient faites qu’en latin ; que l’usage en soit très rare ; qu’elles aient un sujet saint et pieux ; que les intermèdes des Actes soient tout latins et n’aient rien qui s’éloigne de la bienséance ; et que l’on n’y introduise aucun personnage de Femme, ni jamais l’habit de ce sexe.

292. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Il pouvoit ajoûter, parce que les fables des uns & des autres portent des coups mortels à la religion & aux mœurs, l’hérétique ouvertement par un parti formé, & un systême réfléchi de doctrine, le Comédien sourdement par l’insinuation du plaisir, le ridicule apparent de la vertu, l’exemple réel du vice. […] Le confident, le valet, la soubrette, l’homme, la femme d’intrigue, ne sont que des imposteurs, inépuisables en fourberies, en déguisemens, en contes faits à plaisir, ourdis avec adresse, soutenus avec assurance, débités avec effronterie & avec serment. […] Ne nous moquons point tant de ce fameux Chevalier errant, il n’a que trop d’imitateurs ; tout ce qu’on voit avec plaisir s’imprime dans un cœur sensible, se retrace dans une imagination vive ; elle est enchantée de ces bosquets délicieux, de ces palais superbes, de ces beautés divines ; on entend ces discours doucereux, on sent ces transports, tout devient théatral & romanesque ; il n’y a de bien & de trop réel que les égaremens de l’esprit & les crimes du cœur. […] , mais même dans les représentations théatrales, où il ne voit, n’entend, ne goûte, ne sent que des mensonges, des perfidies, des friponneries, des intrigues de toute espèce, en avale à longs traits le plaisir, en admire l’adresse, en raconte le succès, en essaie l’imitation ?

293. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

peut-être n’ont-ils appris de nous à tant aimer l’Opéra-Bouffon, que pour le seul plaisir de s’amuser de nos frivolités, & que par la même cause qu’ils imitent nos frisures élégantes, nos charmans colifichets, nos jolis petits riens ! […] J’en suis certain, le Père de notre Tragédie, s’il avait vécu de nos jours, l’aurait aussi été de l’Opéra-Bouffon ; le passage que je viens de rapporter en est une preuve, Boileau nous apprend pourquoi ce Spectacle nous fait tant de plaisir. […] L’Esprit avec plaisir reconnaît la Nature. […] Ils goûteraient le même plaisir, puisque ceux qu’on met sur la Scène en sont les fidèles copies.

294. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

Idolatrie, ainsi que j’ai dit, est la mère de tous les jeux, laquelle afin que les Chrétiens fidèles aillent à elle, les amadoue et flatte par le plaisir des yeux et des oreilles. […] entre lesquels quelquefois un homme est l’hostie, par le larcin du sacrificateur, lorsque le sang découlant du gosier de ce pauvre misérable, tout chaud et tout bouillant reçu dedans une coupe, est jeté sur la face de l’Idole, et cruellement bu, comme si elle avait soif : et entre les plaisirs et passe-temps, que prennent les Spectateurs, ils voient mourir quelques-uns, afin que par tel Spectacle sanglant, ils apprennent à exercer toute cruauté : comme si la rage et furie d'un chacun particulier ne lui suffît point, s’il ne l’apprenait même en public. […] Et ores quead je ne lui objecte point ce que par aventure il a commis, si est-ce qu’il a vu, ce qui n’était pas loisible de faire, et par appétit désordonné a conduit ses yeux, pour regarder un Spectacle d’Idolatrie, ayant été si téméraire, que de mener avec soi le saint Esprit au bourdeau s’il eût pu, pour ce que se hâtant d’aller voir ces jeux publics, et suivant sa coutume, ayant encore avec soi l’Eucharistie, la porter entre les corps des paillardes, méritant plus grièveae damnation d’avoir pris plaisir à contempler tels Spectacles. […] Pourquoi prend-il plaisir ès simulacres et représentations de paillardise et souillure, afin qu’ayant mis bas toute modestie il soit plus hardi à commettre tels crimes ?

295. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Vous auriez représenté au Parlement avec autant de patriotisme & de désintéressement, que vous représentez sur le théatre ; ils auroient vu siéger le bon citoyen avec le même plaisir qu’ils voient jouer l’acteur excellent. […] On donne un avant goût du plaisir futur, on annonce les pieces qui se représenteront après Pâques, c’est un sujet fort dévot de méditation pendant les fêtes. […] J’avoue que je ne voulois entrer à l’opéra que dans la vuë d’imiter mes compagnes, & d’arriver comme elles au bonheur, par la route du plaisir. […] Chez un peuple poli, les mœurs font les plaisirs. Chez un peuple poli, les plaisirs font les mœurs.

296. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

On crut, à la Cour, que la défense du Pape étoit une satyre de ces deux plaisirs du Roi. […] On dit qu’Henri de Guise voyant un tableau où cette histoire étoit représentée, dit je vois toujours avec plaisir, du Guesclin, il eut la gloire de détruire un tyran  ; quelqu’un lui répondit, mais ce tyran n’étoit-il pas son Roi  : mauvaise apologie. […] M. le Président d’Ormesson (exilé pour les affaires du Parlement) a la permission de venir voir chaque semaine son fils, qui est malade, & plusieurs jeunes Conseillers relegués près de Paris, se sont procuré le plaisir des bals masqués de l’opera, pendant le carnaval. […] Les non conformistes qui passent leur tems dans les plaisirs, & ne se font pas scrupule de manquer le Service Divin les jours de Fête, passeront leurs jours dans un grand serieux, sans danser, ni aller à la comédie. […] L’univers a perdu la sublime Emilie, Elle aima les plaisirs, les arts, la vérité.

297. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Il est mort pauvre, après avoir prodigué à son plaisir les trésors que lui prodiguoient les princes. […] La danse est donc le seul plaisir du monde. […] Les artisans dans les villes, qui n’ont point de chêne antique ; sont donc bien malheureux : ils n’ont aucun plaisir. […] Qui peut envier un plaisir si pur, si sain, si salutaire ? […] C’est-là qu’il a joui d’un plaisir délicieux, douce récompense de sa justice & de son affabilité ; c’est-à-dire, des applaudissemens de joie de tout le peuple.

298. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

Et nous devons ajouter pour une seconde réponse, que de ces sujets même les plus consolants, soit l’Histoire de Judith, ou telle autre qu’on voudra prendre, il n’en est aucun où Dieu ne paraisse seul grand, seul aimable, seul digne de nos attentions, où les plaisirs de ce monde ne soient condamnés, et la Pénitence louée : or ces retours, ces réflexions, ces maximes, tout cela n’est point du goût du Théâtre, il faut les passer ou les déguiser. […] On prend ce vase, dit Origène, et charmé de sa beauté, on boit avec plaisir le poison qu’n y a détrempé. […] Est-il temps que cette sainte femme achève l’œuvre de Dieu par la mort d’Holopherne ; il faut encore que l’amant insensé vienne exposer ses craintes et ses soupçons, et que Judith en témoignant plus de plaisir que de peine, lui dise en finissant le quatrième Acte Pag. 79. […] Saint Ephrem, qui a été loué par les plus grands Docteurs de l’Eglise depuis le quatrième siècle, était bien éloigné de croire qu’on pût joindre le plaisir que donne l’Ecriture, avec des assemblées telles que sont celles de l’Opéra ou de la Comédie. […] N’allez donc pas chanter un jour dans l’Eglise et le lendemain dans un lieu de plaisir ; ne soyez pas un jour attentif à la divine parole, pour en aller perdre le fruit au son des instruments ; et ne venez pas faire le pénitent dans l’Eglise, si vous voulez aller là où l’on danse.

299. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « epigraph » p. 

Pour le Roy Lovis qui fait trembler la Terre, Et ne trembla jamais, Qui sçait se faire craindre à coups de Cimeterre, Et se faire adorer à force de bienfaits ; A paru trop aymer les perils de la Guerre, Pour n’aimer pas un peu les plaisirs de la Paix.

300. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « [FRONTISPICE] »

[FRONTISPICE] DISCOURS sur les PLAISIRS POPULAIRES, les bals Et les SpectaclesPrononcé dans l’Eglise française (première succursale de Clichy), sise à Paris, boulevard Saint-Denis, n. 10, PAR L’ABBÉ AUZOU,Curé de Clichy, par élection du peuple, et président de l’Eglise française.

301. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « [frontispice] »

Dans lesquelles en expliquant quelles sont les causes du plaisir que donne la Poësie, et quels sont les fondemens de toutes les Regles de cet Art, on fait connoître en même têms le danger qu’il y a dans la lecture des Poëtes.

302. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

Pollux distingue trois sortes de masques de Théâtre, des Comiques, des Tragiques & des Satyriques : il leur donne à tous, dans la description qu’il en fait, la difformité dont leur genre est susceptible, c’est-à-dire, des traits outrés & chargés à plaisir, un air hideux ou ridicule, & une grande bouche béante, toujours prête, pour ainsi dire, à dévorer les Spectateurs. […] Mais d’un autre côté ces masques fesaient perdre au Spectateur le plaisir de voir naître les passions, & de reconnaître leurs différens symptômes sur le visage des Acteurs.

303. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

Ceux de l'antiquité sont encore vénérables parmi nous, et dignes d'occuper les plus beaux esprits ; les plus sévères en font les innocents plaisirs de leurs études. […] Il y a cinquante ans qu'une honnête femme n'osait aller au Théâtre, ou bien il fallait qu'elle y fut voilée, et tout à fait invisible, et ce plaisir était comme réservé aux débauchées qui se donnaient la liberté de les regarder à visage découvert.

304. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Mais qui peut t’assurer, qu’invincible aux plaisirs, Chez toi, dans une vie ouverte à la licence, Elle conservera sa première innocence ? […] En effet, « le théâtre lyrique n’offre à l’âme que l’ivresse des vains plaisirs et les charmes de la séduction.

305. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

On est convenu depuis long-tems que tels sons, que tels bruits plus ou moins lents, nous èxprimeraient la douleur ou le plaisir. […] Il renferme dans une étroite prison les jolis maîtres d’un art qui lui procure tant de plaisir. […] Athènes, le séjour des arts & des plaisirs, fut celui de ses progrès & de son triomphe. […] On écoute avec plaisir telle sonnate, telle simphonie, & c’est le seul sentiment qu’on éprouve avec force. […] Qu’on dise la vérité ; accueille-t-on un Auteur célèbre avec autant de plaisir & d’enthousiasme, que l’Artiste, dont l’archet moelleux tire d’un violon des sons enchanteurs ?

306. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Elles ne sont jamais non plus comptées par la voix publique, parmi les bonnes : mais le Spectateur, quand même il est instruit de leurs défauts, les leur pardonne, en faveur du plaisir qu’elles lui causent quelquefois dans la chaleur de la Représentation. […] Le Grand-Prêtre sait aussi quand il parle à Joas, se proportionner à la portée d’un Enfant, & on a le même plaisir quand on l’entend rabaisser devant lui la majesté de son langage, que quand on le voit se prosterner à ses pieds. […] C’est cette mélodie que tache d’imiter le Musicien qui compose un Air triste : s’il est bien composé, nous le chantons avec plaisir, en goûtant l’imitation de la tristesse, mais un homme plongé dans une douleur véritable ne le chanteroit pas, & même ne voudroit pas l’entendre chanter. […] Les Plaisirs en personne viennent chanter & danser devant Renaud, & l’ennuient, il les renvoye, parce que quand Armide est absente, tout l’ennuie, tout augmente sa peine. […] Evremond qui voyoit représenter les Chefs-d’œuvres de Quinaut & de Lully, déclare qu’à la Représentation d’un Opera il tombe toujours en langueur, & que le seul plaisir qui lui reste, est l’espérance de le voir bientôt finir.

307. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Les partisans de ce divertissement ne se contentent pas de le vouloir faire passer pour un plaisir indifférent, ils prétendent même qu’il est honnête, et digne des Chrétiens. […] , de plus pernicieux, ni de plus nuisible aux bonnes mœurs, que de s’arrêter à quelque Spectacle ; car alors les vices se glissent plus facilement dans l’âme, par le plaisir qu’on y prend. […] ou enfin à mettre impudemment son plaisir à chanter les louanges des vices avec des vers lascifs, et avec des postures tout à fait ridicules, et impertinentes ? […] Que l’Auteur donc de la Dissertation reconnaisse que l’on détruit un plaisir public, infâme et criminel, par des maximes qui n’ont encore aujourd’hui que trop de causes, et trop de prétextes. […] , de vouloir détruire un plaisir public » ; et saint Chrysostome au contraire dit qu’en renversant les Théâtres on détruit les vices.

308. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « [Épigraphe] » p. 2

[Épigraphe] « Quel renversement de principes, quel scandale pour les mœurs de voir des gens qui contribuent, uniquement par leur métier inutile, à des plaisirs qu’une philosophie solide réprouve, pour avoir un revenu considérable.

309. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « EXTRAIT Du Journal de Trevoux ; Mois d’Avril 1753. Art. XXXIX. » pp. 59-70

Quel plaisir peut-on donc trouver à se contraindre si fortement ! […] Cyprien, de perdre quelque chose des intérêts & des plaisirs du Siécle, quelque ignorant qu’on soit, on est toujours assez habile à trouver des raisons & des argumens pour s’en défendre : quàm sapiens argumentatrix ignorantia humana, cùm aliquid ejusmodi de gaudiis & fructibus saculi meruit amittere . […] Dans les sujets les plus édifians ; dans leurs scènes les plus religieuses, le Pécheur s’attendrit sans se repentir ; on sent le plaisir de la compassion, sans sentir l’amertume de la componction ; ce n’est pas une pluie qui tombe du Ciel ; c’est une rosée qui s’élève de la terre ; elle ne nourrit que des feuilles maudites ; à l’ombre de l’arbre qu’elle rafraichit, le vice s’engraisse & la vertu se dessèche.

310. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

C’est dans le sein des différens plaisirs qu’elles rassemblent qu’on le vit se former. […] Lorsqu’on parvient à résoudre un fameux libertin à se priver d’une partie de ses plaisirs, on s’applaudit d’une aussi petite victoire ; elle en fait espérer une plus grande. […] En un mot, malgré les plaisirs qu’il inspirait, & malgré les gémissemens du Public, ce singulier Spectacle fut entiérement aboli8.

311. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

Quand je vais au Théâtre, le plaisir que je prends aux Drames qu’on y représente me fait verser des larmes. […] Le plaisir qu’il envisage à se faire combler d’applaudissemens, à se voir accueillir du Public avec enthousiasme, le fait bientôt se décider. […] Quel plaisir de les voir dans la chaleur de la composition, suivant à la Lettre le précepte d’Aristote, contrefaire les gestes & l’action d’un Serrurier, d’un Porte-faix, d’un Mendiant !

312. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Nous avons le plaisir de l’émotion, & d’une émotion qui ne va point jusqu’à la douleur, parce que la douleur est le sentiment de la personne qui souffre ; mais qui reste au point où elle doit être, pour être un plaisir. […] Si nous les prenons pour du Tragique, c’est parce qu’on nous l’a donné pour tel, que nous sommes accoutumés à nous en tenir à quelque ressemblance ; & qu’enfin, quand il s’agit de plaisir, nous ne croyons pas toujours nécessaire de calculer exactement ce qu’on pourrait nous donner.

313. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE I. Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie. » pp. 2-17

Apprendra-t-il à être chaste, lorsqu’il se trouve tout transporté, et comme enivré du plaisir qu’il prend à la Comédie ? […]  » Le même Tertullien presse les Chrétiens de fuir les Théâtres, par les périls auxquels ils s’exposent, sur la fin du chap. 27 où il suppose que tout ce qui se passe à la Comédie, soit généreux, honnête, harmonieux, charmant et subtil : « Regardez tout cela , dit-il, comme un breuvage de miel dans une coupe empoisonnée, et considérez qu’il y a plus de péril à se laisser emporter à la volupté, qu’il n’y a de plaisir à s’en rassasier. […] Ce saint Docteur examine d’abord, dans l’Homélie 15. au peuple d’Antioche cette question, si c’est un péché d’aller à la Comédie, par ces paroles : « Plusieurs s’imaginent qu’il n’est pas certain que ce soit un péché de monter sur le Théâtre, et d’aller à la Comédie : mais quoiqu’ils en pensent, il est certain que tout cela cause une infinité de maux ; car le plaisir que l’on prend aux spectacles des Comédies, produit l’impudence, et toutes sortes d’incontinences.

314. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XV.  » p. 470

Les affections même communes ne sont pas propres pour donner le plaisir qu'on recherche dans les Comédies, et il n'y aurait rien de plus froid qu'un mariage chrétien dégagé de passion de part et d'autre.

315. (1675) Traité de la comédie « XV.  » p. 296

Les affections communes ne sont pas même propres pour donner le plaisir qu'on recherche dans les Comédies; et il n'y aurait rien de plus froid qu'un mariage chrétien dégagé de passion de part et d'autre.

316. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXXII.  » p. 492

Si le Chrétien se considère comme pécheur, il doit reconnaître qu'il n'y a rien de plus contraire à cet état qui l'oblige à la pénitence, aux larmes, et à la fuite des plaisirs inutiles, que la recherche d'un divertissement aussi vain et aussi dangereux que la Comédie: et s'il se considère comme enfant de Dieu, comme membre de Jésus-Christ, illuminé par sa vérité, enrichi de ses grâces, nourri de son corps, héritier de son royaume; il doit juger qu'il n'y a rien de plus indigne d'une si haute qualité, que de prendre part à ces folles joies des enfants du siècle.

317. (1675) Traité de la comédie « XXXII.  » p. 327

Si le Chrétien se considère comme pécheur, il doit reconnaître qu'il n'y a rien de plus contraire à cet état qui l'oblige à la pénitence, aux larmes et à la fuite des plaisirs inutiles, que la recherche d'un divertissement aussi vain, et aussi dangereux que la Comédie.

318. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Entendez-vous la scène muette & si énergique des yeux languissamment mourans & noyés dans le plaisir, vivement animés & lançant mille feux ? […] Les Cours, accoûtumées aux plaisirs, aux spectacles de toute espèce, en peuvent être moins frappées. […] Que c’est un mauvais juge de la prétendue expérience de sa force, qu’un homme livré au plaisir ! […] Il semble par l’enchantement de tant de plaisirs réunis, que c’est un paradis terrestre. […] Ceux qui veulent vous éloigner le sçavent bien, ils n’agissent que par envie, les plaisirs leur sont interdits, ils voudroient vous priver de ce que leur état ne leur permet pas de goûter.

319. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

On pourroit impunément les heures entieres avoir l’esprit & le cœur attaché à des intrigues amoureuses, toujours souillé par des images, ému par les sentimens les plus vifs, l’imagination toujours remplie de beauté, de plaisir, d’obstacles, de succès, l’oreille frappée de discours galans, & de sons tendres & harmonieux, toute l’ame occupée de situations attendrissantes & délicieuses, & au milieu de tous ces pieges, les objets les plus immodestes continuellement sous les yeux, sans être séduit par l’erreur, & entraîné par la passion, sans apprendre à cette école à mépriser, à braver la pudeur qui retient, la loi qui défend, le remords qui trouble, le péché qui effraie, en entendant cent fois dire & redire, chanter avec grace, débiter avec assurance, déclamer avec feu, exécuter avec goût cette morale anti-chrétienne, si conforme à la nature, canonisée dans le monde, si agréable à un cœur corrompu, qui fait du crime un mérite, de la résistance un ridicule, de la volupté un besoin, de la passion une nécessité ! […] L’esprit ne va pas immédiatement à l’esprit, il n’y va que par l’entremise des sens, & s’ils trouvent sur leur pas quelque être matériel de leur goût, l’esprit est pris au piege, comme l’oiseau, par l’appas du plaisir. […] On a beau vanter les délices de la campagne, les plaisirs de la solitude, la volupté d’un repas frugal, le murmure d’un ruisseau, la mélodie des rossignols, un homme étourdi du tumulte de la ville & de la Cour, enivré du plaisir du jeu, de la table, du spectacle, entraîné par les amusemens & le torrent des affaires, peut-il soutenir les horreurs d’un désert ? […] Lorsqu’elles se sont vues attaquées sur des amusemens innocens, elles ont compris que honte pour honte il falloit choisir ceux qui leur rendoient davantage : elles se sont livrées au plaisir. […] Les anciens pour se rendre plus forts s’abstenoient de tous les plaisirs ; les nouveaux s’y livrent pour avoir plus de force ; c’est en les goûtant, qu’ils s’aguerrissent ; en les faisant goûter, qu’ils triomphent.

320. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Parce que ce qui est plaisir de sensation, ne s’explique pas par des Passages. […] Cicéron rapporte avec plaisir de quelle maniere le Peuple fut attendri à son sujet, lorsqu’Esopus jouant une Piéce d’Accius, fit ensorte par son jeu que le Peuple appliquât à Cicéron certains Vers qu’Esopus en montrant les Senateurs & les Chevaliers, prononçoit avec peine à cause de l’abondance de ses larmes, cùm omnes Ordines demonstraret … & vox ejus illa praclara lachrymis impediretur. […] Après que j’ai fait voir que le caractere des anciennes Tragédies étoit d’être très-pathétiques, & que les Spectateurs vouloient être vivement remués ; croirai-je que les Représentations de ces Piéces étoient pareilles à celles de nos Opéra, qui ne causent jamais d’émotion, ou qui n’en causent qu’une très-foible, & qui malgré le plaisir de l’oreille qu’elles procurent, ennuyent bientôt, parce que tout Spectacle, où le cœur n’est point remué, paroît froid, & par conséquent ennuye ? […] Les Peuples qui mesuroient leur discours sur la quantité des syllabes & des accens, avoient à l’harmonie une attention bien différente de la nôtre, & y étoient si sensibles, qu’ils sembloient ne demander (sur tout les Grecs) que le plaisir des oreilles. […] Le discours, selon lui, doit toujours obéir au plaisir de l’oreille.

321. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIX. Prétexte frivole du délassement. »

Qui doute qu’il ne soit nécessaire de détendre quelquefois son esprit ; qu’il n’y ait des plaisirs, des jeux innocens ?

322. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXIX.  » p. 490

Quel jugement auraient-ils donc fait de ceux qui, étant encore faibles ne font pas néanmoins difficulté d'aller à la Comédie, qui dissipe plus l'esprit que les plus grandes occupations, et ne peut être excusée, ni par la charité, ni par le zèle, puisqu'on n'y recherche que le plaisir ?

323. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Il ne souffre point l’oisiveté, la molesse, le jeu, les parties du plaisir, en liant à des enfans qu’il faut élever, & des domestiques qu’il faut gouverner, au ménage qu’il faut régler, à un mari qu’il faut satisfaire, à une parenté qu’il faut ménager. […] Le mariage n’est plus qu’un amusement & un plaisir qui couvre & légitime la corruption des mœurs. […] En France on est moins difficile ; & quoique les innombiables Marquis s’y donnent pour Gentils hommes de cinquante degrés, tous les jours pour avoir du pain, ils épousent des roturieres, & pour leur plaisir jusqu’à des Actrices. […] Deux sortes de concubines, une Actrice qu’on entretient pour son plaisir, & une Actrice avec qui à la vérité on se marie, mais en déclarant hautement & expressement que ni elle, ni ses enfans ne seront reçus dans la famille, & n’y auront aucun droit .

324. (1675) Traité de la comédie « XXIX.  » p. 323

 » Quel jugement aurait-il donc fait de ceux qui, étant encore faibles, ne font pas néanmoins difficulté d'aller à la Comédie, qui dissipe plus l'esprit que les plus grandes occupations, et ne peut être excusée, ni par la charité, ni par le zèle, puisqu'on n'y recherche que le plaisir ?

325. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Notre ame plus fidelle que notre mémoire, & accoutumée aux mêmes impressions, s’y ouvre peut-être encore avec plaisir, mais non avec transport. […] Il peut y avoir sans doute dans un spectacle des ames privilégiées, qui, enlevées par un sentiment souvent excité, y trouvent un plaisir nouveau, plus longtems que d’autres. […] Nous saisissons avec plaisir cette occasion de rendre justice aux talents de M.

326. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

Les Comédiens sont souvent admis chez les Grands, j’en conviens, mais comme des instrumens de plaisir ; mais comme des gens capables, par des bouffonneries, ou par le récit de quelques-uns de leurs rôles, de divertir un cercle nombreux. Cet amusement sert d’épisode aux plaisirs, toujours les mêmes, & dès là souvent insipides de la grandeur & de l’opulence. […] J’attribuerai mes plaisirs au maître habile qui le fait si bien parler.

327. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Ils se sont imaginés qu’elle paraîtrait bien plus aimable s’ils en rendaient l’acquisition plus difficile ou plus épineuse, et ce pernicieux dessein leur a réussi si heureusement qu’on ne saurait plus passer pour vertueux que l’on ne se prive de tous les plaisirs qui n’ont pas la vertu pour leur unique objet. […] Ils prétendent qu’elle soit incompatible avec les plaisirs les plus innocents, et ainsi, de cette familière déesse qui s’accommode avec les gens de tous métiers et de tous âges, ils en ont fait la plus austère et la plus jalouse de toutes les divinités. […] Il fallait, pour vous couvrir plus adroitement, exagérer, s’il se pouvait, par un beau discours, la délicatesse et la grandeur de son esprit, le faire passer pour l’acteur le plus achevé qui eût jamais paru, et comme cet éloge nous aurait persuadés que vous preniez plaisir de découvrir à tout le monde ses perfections et ses qualités, nous aurions eu plus de disposition à vous croire, lorsque vous auriez dit qu’il était impie et libertin, et que ce n’était que par contrainte et pour décharger votre conscience que vous le repreniez de ses défauts.

328. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

plaisir, et s'il les en faut croire, avec quelque sentiment de dévotion envers leurs Dieux. Et l'Histoire nous apprend qu'aux Jeux donnés par Messius Edile où Caton assistait, le peuple n'osa demander la danse des femmes nues en la présence de cet illustre et vertueux personnage, et que ne voulant pas s'opposer aux plaisirs publics, il se retira, les abandonnant ainsi à leur propre dérèglement. […] , c'est-à-dire Farceurs, Bateleurs et Bouffons, monstres de la nature ou de la morale, capables de donner quelque impertinent plaisir à la plus vile populace ; Et ce sont là véritablement ceux que l'on nommait Histrions, Scéniques ou Scénatiques, gens de scène ou de Théâtre, pratiquant l'art de jouer, bouffonner, et faire montre de leurs corps, par des postures insolentes, et par de ridicules plaisanteries.

329. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

« Tu scis Domine quia numquam concupivi virum, et mundam servavi animam meam ab omni concupiscentia : numquam cum ludentibus miscui me, neque cum iis qui in levitate ambulant. » Et Job cet homme si droit, et si plein de grâce, marque très expressément, que la danse n’est pas une des moindres parties du dérèglement des pécheurs, lors qu’il dit, « Que leurs enfants s’assemblent, et que dans des assemblées ils jouent, et ils se réjouissent au son du tambour, et des autres instruments, mais qu’enfin ayant passé leur vie dans le plaisir, ils descendent en Enfer dans un instant. » Job. 21. […] « Il faut, dit-il, éviter toute sorte de spectacles, non seulement de peur que nos cœurs qui doivent être purs et paisibles, ne soient corrompus ou troublés par quelque affection vicieuse, mais encore de peur que nous ne nous attachions au plaisir, et qu’ainsi nous ne soyons divertis de Dieu et des bonnes œuvres. » Arnob. advers. […] En effet ces assemblées d’hommes et de femmes, principalement lorsqu’elles ne sont faites que pour se donner du plaisir, ne peuvent être que très dangereuses.

330. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

Et davantage le Magistrat a tellement l’œil à ces ébats que ceux qui disent ou font des actions qui offensent la pudeur ou les bonnes mœurs sont sévèrement châtiés encore que par joyeuseté il y ait toujours quelque personnage destiné à donner du plaisir et à faire rire la compagnie soit par les points et les rencontres de ses mots, soit par ses grimaces, soit par ses sottises et badineries, mais toujours sans préjudice de l’honnêteté et de la modestie. […] Ils me convièrent de prendre place dans leur carrosse pour avoir le plaisir de cette action, je les priai de m’en dispenser parce que la Cour et la Comédie étaient deux Théâtres qui ne m’avaient point pour spectateur. […] Un des plus grands plaisirs de la Scène c’est quand il arrive par le cours de l’action que quelqu’un de ceux qui l’aiment doit être son mari, car alors sans feinte, sans masque et sans déguisement ils la courtisent sur le théâtre et font voir clairement avec combien de passion ils adorent cette beauté, et elle relevant son teintg et baissant ses yeux augmente sa beauté par sa pudeur et sa modestie : et en même temps elle est aimée de tous les spectateurs comme une vivante image de vertu.

331. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Deux Cardinaux soupçonnés d’avoir conspiré contre lui, furent mis à la question ; l’un fut pendu, l’autre racheta sa vie par ses tresors ; mais il en couta la vie à plusieurs coupables ; pour faire oublier leur supplice, le Pape créa 30 Cardinaux, qui selon son goût, l’imiterent dans les plaisirs, les autres Prélats suivirent son exemple, tous les auteurs Catholiques & Protestants, gemissent de la désolation de ce tems, &c. […] Il étoit, ainsi que sa famille, si fort livré à la scene & par consequent à tous les plaisirs, que Bibiana ne lui fit jamais mieux sa cour qu’en composant, & faisant jouer sa comédie. […] Ce Prince n’en fut pas moins livré au plaisir, quoique son regne fut rempli de factions, & de troubles. […] La Cour s’occupoit de jeux, de ballets, de la comédie, qui n’étoit pas encore un art, & de la tragédie dont Corneille fit un art sublime ; ce ne fut qu’un enchaînement de plaisirs, de fêtes, de galanteries, de spectacles, & pour en faire part à tout le monde, il y eut à la comédie un banc distingué, pour l’Académie Françoise, un autre pour les Evêques, Mazarin y ajouta des opéras Italiens qu’il fit exécuter à ses dépens, disoit-il, par des voix venues d’Italie. […] Les Jansenistes que Richelieu & Mazarin avoient voulu reprimer, se vangerent sur leurs plaisirs en les condamnant : les Lutheriens & le Calvinistes en avoient usé ainsi, du tems de Leon X.

332. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Quel plaisir devoit-on trouver à Constantinople de faire de la scène une place de Greve ? […] Sans doute, pour les amateurs du théatre, c’est le comble de l’infamie d’y être insulté, le comble du plaisir d’en voir le spectacle. Ce n’est ailleurs qu’un plaisir médiocre, l’assaisonnement de la scène y donne un goût exquis. […] On peut être sensible a tant de choses, aux injures, aux plaisirs, à la douleur, au froid, au chaud, &c. […] Il se consola dans les bras de la volupté de la perte de son honneur & de sa fortune, se retira dans une maison du fauxbourg Saint-Germain, où il passa en épicurien le reste de sa vie avec une chanteuse des rues, qu’il établit maîtresse de son cœur & de sa maison, & ne s’occupa qu’à rafiner sur les plaisirs.

333. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Avis au lecteur. » p. 

Il en est parmi eux qui, entrainés d’abord par la curiosité, ne continuent d’y aller que par foiblesse, ou par vanité, ou par un malheureux respect humain : Mais qu’on leur mette devant les yeux l’ensemble des Spectacles, la fin qu’ils s’y proposent, leurs effets & leurs suites : Qu’on ait la patience de répondre aux faits controuvés & aux pitoyables subtilités dont ils se servent, pour étouffer les cris de leur conscience justement allarmée ; c’en est assez, le bandeau tombe, la Réligion rentre dans ses droits, & ils renoncent pour toujours aux funestes plaisirs dont ils étoient esclaves.

334. (1675) Traité de la comédie « VIII.  » p. 283

C'est beaucoup lui nuire que de l'accoutumer à regarder ces sortes d'objets sans horreur et avec quelque sorte de complaisance, et de lui faire croire qu'il y a du plaisir à aimer et à être aimé.

335. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XI. Du jeu des Acteurs. » pp. 345-354

Paris a vu depuis peu avec plaisir un Acteur tragique jouer ses rôles avec la plus grande simplicité. […] Il est pourtant naturel que celui à qui l’on tient un discours flatteur, en témoigne sa joye par ses regards, par ses gestes, & par des mouvemens qui éxpriment le plaisir qu’il éprouve.

336. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Les hommes cherchent à se tourner en ridicule dès qu’ils ont la faculté de s’èxprimer : c’est ce plaisir malin qu’on trouve à se moquer de son semblable, & qui nous porte à rire de ses défauts & de ses actions, qui donna naissance à la Parodie dans la région du monde qui fut la plutôt peuplée. […] Vif, enjoué, malin, c’est l’enfant gâté de la folie & des plaisirs.

337. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Huitième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 287-295

Oui, Mademoiselle, c’est avec un plaisir infini, que je vais me revêtir des droits que vous m’offrez : je veux vous traiter comme la sœur de mon épouse : & c’est chez madame D’Alzan, dans son appartement, en sa présence, que je desire de vous entretenir ce soir. […] Je l’ai fait : voici ce que je me dis : Venez, Mademoiselle ; je vous attens ce soir à neuf heures : j’aurai le plus grand plaisir à vous voir chez moi : loin d’être jalouse de l’amitié que mon mari montre pour vous, je ne desire rien tant que de l’augmenter sans cesse.

338. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Je n’ai jamais blâmé qu’avec peine ; rempli de plaisirs, j’approuve avec avidité, et la louange ne me paraît voluptueuse que quand je trouve à la donner. […] Nous nous en approchons avec plaisir, toutes ses actions nous intéressent, elles deviennent en quelque façon personnelles ; il aime comme nous, nous voulons agir comme lui ; la réflexion n’y a point de part.

339. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Le préjugé barbare contre la profession de Comédien, l’espèce d’avilissement où nous avons mis ces hommes si nécessaires au progrès et au soutien des arts, est certainement une des principales causes qui contribuent au dérèglement que nous leur reprochons ; ils cherchent à se dédommager par les plaisirs, de l’estime que leur état ne peut obtenir. […] Le séjour de cette ville, que bien des Français regardent comme triste par la privation des spectacles, deviendrait alors le séjour des plaisirs honnêtes, comme il est celui de la philosophie et de la liberté ; et les Etrangers ne seraient plus surpris de voir que dans une ville où les spectacles décents et réguliers sont défendus, on permette des farces grossières et sans esprit, aussi contraires au bon goût qu’aux bonnes mœurs.

340. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

très bon, très grand, ains homme mortel, impie envers ses parents, et rempli de toute méchanceté, n’ayant épargné ni sa sœur Junon, ni sa fille Vénus : lequel mêmement avait ravi Ganymède de Phrygie, pour en abuser à son plaisir, sous couleur de le prendre pour son échanson. […] Le Géographe Strabon écrit, que la Poésie a été tenue pour la première Philosophie, laquelle prescrit la manière de bien vivre, enseigne les mœurs et affections, commandant avec plaisir et délectation ce qui est à faire : et que mêmes les premiers anciens ont appellé les seuls Poètes, Sages, et Theologiens : à raison qu’iceux comprenaient par mesure et vers la doctrine des choses divines. […] Quant aux fables, lesquelles sont inventées, en partie pour en tirer quelque profit, en partie aussi pour en tirer plaisir et passe-temps, elles ne sont à rejeter. […] qu’Hercule fut grandelet, il s’en alla en un désert, et que deux femmes se présentèrent à lui, desquelles l’une était fort belle, parée de toute sorte de pierreries riches, reluisante de pourpre, et parfumée de senteurs fort odoriférantes, laquelle usant de douces paroles et emmiellées, le demandait pour compagnie, lui promettant de lui donner tous les plaisirs et voluptés qu’il savait souhaiter : l’autre habillée en une bonne dame et sage Matrone, sans parure, sans dorure, sans odeurs, la tête baissée, l’assurait, que s’il la voulait suivre, il souffrirait premièrement beaucoup de travaux et de labeurs : mais qu’enfin il ne serait point mortel, comme l’autre lui promettait, ains serait immortel. […] à raison que dès ma première jeunesse je les ai hantés avec un grandissime contentement et plaisir d’esprit : voire ai moi-même composé quelques Poésies en quatre volumes.

341. (1678) Maxime LXXXI « LXXXI » pp. 39-41

Ainsi on sort de la Comedie le cœur si rempli de toutes les douceurs de l’amour, & l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plûtost à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mesmes plaisirs & les mesmes sacrifices que l’on a veûs si bien representez sur le theatre.

342. (1675) Traité de la comédie « XXXV.  » p. 331

Le péché a ouvert les yeux aux hommes pour leur faire voir les vanités du monde avec plaisir.

343. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

Attachée aux Maximes de l’Évangile, vous ne craignez rien tant que de vous en écarter ; & ayant porté le joug du Seigneur, dès la plus tendre jeunesse, vous ne voudriez pas pour tous les plaisirs du monde, risquer le salut de votre Ame. […] Ce n’est pas qu’il n’y ait des délassemens & des plaisirs, qu’on peut appeiler indifférens ; mais les plaisirs les plus indifférens que la Réligion permette… Appartiennent en un sens à J.C… Tout ce que nous faisons, doit être d’une telle nature, que nous puissions du moins le rapporter à J. […] C. les plaisirs des Théatres ? […] « Parmi les commotions, où consiste tout le plaisir de la Comédie, qui peut élever son cœur à Dieu ? […] Nous y avons nous-même, souscrit avec plaisir.

344. (1675) Traité de la comédie « XXII.  » p. 310

Comme on n'y représente que des galanteries ou des aventures extraordinaires, et que les discours de ceux qui y parlent sont assez éloignés de ceux dont on use dans la vie commune;on y prend insensiblement une disposition d'esprit toute de Roman; on se remplit la tête de Héros et d'Héroïnes ; et les femmes principalement prenant plaisir aux adorations qu'on y rend à celles de leur sexe, dont elles voient l'image et la pratique dans les compagnies de divertissement, où de jeunes gens leur débitent ce qu'ils ont appris des Romans, et les traitent en Nymphes et Déesses, s'impriment tellement dans la fantaisie cette sorte de vie, que les petites affaires de leur ménage leur deviennent insupportables.

345. (1664) Traité contre les danses et les comédies « A MADAME. MADAME LA PRINCESSE DE CONTI. » pp. -

Celles de la Cour, dont votre Altesse est un des principaux ornements seraient opposées, si la sage conduite de notre invincible Monarque n'avait joint l’éclat des vertus à celui de la puissance : Mais quelque ordre qui paraisse dans une Cour plus réformée et plus Chrétienne qu’elle ne fut jamais, votre Altesse jugera sans doute, MADAME, que le grand Archevêque qui a fait le Livre que je vous présente avait à souhaiter une protection sous laquelle il pût apprendre aux hommes avec quelle précaution ils doivent user des plaisirs qui d’eux-mêmes sont légitimes.

346. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre »

On ne parle jamais de Dieu au bal ni à la comédie ; et si, aux festins et aux collations, on parle de Dieu ou des choses divines, de la dévotion ou des personnes dévotes, ce n’est ordinairement que pour se railler et faire des contes à plaisir.

347. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

Elle ne peut assister dans un Bal que pour y contraindre le plaisir, ou pour y participer. […] Voyons un peu maintenant quels sont les plaisirs que vous réservez aux gens mariés. […] Tels sont les plaisirs que vous préférez cependant au spectacle ; la médisance des femmes, l’ivrognerie habituelle des hommes, vous paraissent moins dangereux pour les mœurs que la vue d’un spectacle décent, où la Magistrature aurait eu l’attention d’établir la modestie, le respect et la décence, tant de la part des Acteurs que de celle des spectateurs.

348. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CINQUIEME PARTIE. — Tragédies à rejeter. » pp. 235-265

Racine, dans la Préface de cette Tragédie, nous dit : « Que ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans une Tragédie ; qu’il suffit que l’action en soit grande, que les Acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse, majestueuse qui fait tout le plaisir de la Tragédie. » Je ne crois pas que l’on puisse disconvenir de la vérité de ce principe ; mais, soit dit avec tout le respect dont je suis pénétré pour ce grand homme, ne pourrait-on pas demander si, dans sa Tragédie, on trouve tout ce qu’il juge lui-même être nécessaire dans une Pièce où il n’y a ni mort, ni sang répandu ? […] Racine ajoute ensuite : « Tout s’y doit ressentir de cette tristesse majestueuse qui fait le plaisir de la Tragédie. » C’est encore cette majesté que je ne trouve pas dans la tristesse de Bérénice ; car, en écoutant les plaintes qui lui échappent, loin d’y reconnaître la douleur d’une Reine, je n’ai cru entendre qu’une jeune fille abandonnée de son Amant. […] Je pense donc que le meilleur usage que l’on en puisse faire, c’est de laisser aux curieux le plaisir d’en goûter les beautés à la lecture, plutôt que de s’obstiner à la faire représenter sur aucun Théâtre, quelque correction qu’on y fasse.

349. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre IX. Des mouvements déréglés du corps qui se font dans la danse. » p. 36

Mais si le mouvement du corps est accompagné de quelque sentiment lascif, et impudique ; ou si on s’en sert pour éveiller la sensualité, et pour exciter, ou entretenir quelque mauvais plaisir, ou quelque satisfaction dangereuse dans la chair, et dans les sens ; le même Docteur Angélique nous apprend que c’est un péché mortel ; et saint Bonaventure, Angélus, Roselius, et Sylvestre, après Alexandre de Halès, sont de même avis.

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