Thomas, qui de son temps ne connoissoit autre chose, & tous les gens de bien avec lui, ont pu tolérer ces amusemens maussades, plus propres à dégoûter qu’à séduire, aujourd’hui abandonnés au peuple, que ces bouffonneries font rire sans conséquence. […] & à la Somme de Silvester, qui tous par le mot Histrions n’ont jamais entendu des Comédiens proprement dits, tels que les troupes que nous voyons, mais d’une maniere vague & générale des gens qui amusent le public par des jeux indifférens, que la simplicité des temps & le défaut de théatre rendoient alors bien plus nombreux & plus courus, & qui ne méritoient aucune animadversion, pourvu qu’ils ne s’échappassent point à dire ou faire rien d’indécent. […] Je comprends que les gens de bien qu’on forceroit à y aller, que leur charge obligeroit d’y accompagner le Prince, comme Naaman, par l’avis du Prophète Elisée, accompagnoit le Roi de Syrie son maître au temple des Idoles, pourroient, en détestant ce culte sacrilège, élevant leur cœur à Dieu & l’adorant seul, être excusables & acquérir des mérites en faisant les fonctions de leur charge, de même que plusieurs Vierges Martyres ont remporté de grandes victoires jusque dans les lieux infames où les tyrans les faisoient traîner. […] Il en est ainsi à la Chine, au Japon, dans toute l’Inde, où l’on ne connoît point de théatre public, mais où l’on voit des troupes de Balladins qui vont dans les maisons où on les appelle divertir les gens par leurs bouffonneries, présentent un catalogue des pieces qu’ils savent, & jouent sur le champ ce qu’on leur demande. […] Il prétend que les Musiciens & les amateurs de la musique ne sont la plupart que des gens frivoles & dissolus ; il ne permet pas même que les femmes y chantent : La douceur de leur voix, dit-il, est dangereuse & porte à l’impureté : Audire mulierum cantus periculosum, & ad lasciviam invitativum, ideò eavendum.
Il y a bien des gens qui étouffent de mauvais desseins, parce qu'ils manquent d'adresse pour s'en expliquer: et il arrive aussi quelquefois que des personnes sans être touchées de passion, et voulant simplement faire paraître leur esprit, se trouvent ensuite insensiblement engagées dans les passions qu'elles ne faisaient au commencement que contrefaire.
Mais lorsque des vers galants accompagnent la musique (l’Opéra), la séduction est très grande, elle mène à tout : « Carmen compositum cum suavitate cantus deliniens, capit mentes ad quod voluerit impellit. » Les gens de lettres, gâtés par la douceur et l’harmonie des vers, trouvent ensuite insipide la simplicité des saintes Ecritures et de la religion : « Assueti dulcibus et politis carminibus litterati divinarum Scripturarum sermonem simplicem aspernantur. » On ne goûte que ce qui flatte ; et malheureusement tout ce qui flatte séduit : et n’est-ce pas une des sources de l’irréligion parmi les beaux esprits ? […] C’est que la mollesse de leur chant avait, des louanges de Dieu, fait des airs de théâtre ; ce qui dérangeait même à l’Eglise les gens les plus pieux, par mille occasions de dissolution et de péché : « Cantus suavitate velut scenicis cantibus, ad extimulandas libidines, in dissolutionem et peccati occasionem cessit. » Dira-t-on que ces airs tendres et efféminés sont moins dangereux au théâtre, où tout favorise, où rien n’arrête la passion ? […] Elles vous deviendront faciles, si vous fuyez le théâtre, qui est la perte générale du monde : « Si theatra communem universi pestem fugeritis. » Fuyez même les gens qui les fréquentent, « etiam iis addictos ». […] Entre autres ouvrages, il en a fait un sur la Cour, qu’il connaissait bien, intitulé des Désordres ou des futilités des gens de Cour, de Nugis Curialium. […] Personne sans doute ne voudrait imiter les cruautés et les débauches de ce Prince ; mais on n’imite que trop son goût et ses profusions pour les Comédiens : magnificence honteuse, qui prostitue son bien à des gens indignes : « Cœca et contemptibile magnificentia gratiam Histrionibus prostituunt. » Nous avons vu quelquefois des Comédiens plus honnêtes que les autres, si l’on peut appeler honnête un état qui toujours couvert d’infamie, est indigne d’un homme libre : « Hominis liberis indignum indubitanter turpe. » On trouve de ces pièces comiques dans Ménandre, Plaute, Térence, etc.
Oui, ces peintures outrées qui ne corrigent personne ; c’est une vérité reconnue jusques dans les écrits de leurs plus éloquents défenseurs, ont beaucoup contribué encore à augmenter le nombre des méchants en fournissant de bons modèles à la multitude des gens enclins au mal, qui ne les auraient jamais imaginés, et qu’ils se sont fait l’habitude d’imiter ou servilement, ou avec des modifications selon les circonstances. […] S’il restait encore quelque doute, ces remarques n’en doivent plus laisser qu’un moraliste, publiant aujourd’hui qu’il ne faut pas commettre tel excès, voluptueux ou avantageux, dont la multitude des gens qui l’entendent n’ont aucune idée, est aussi imprudent, aussi maladroit que s’il leur disait qu’il ne faut pas aller dans tel endroit prendre son trésor qui y est caché. […] Quand on organise une battue pour la destruction des loups sauvages, on a soin de n’armer que des gens bien intentionnés, ayant la permission et la capacité de porter une arme et de bien ajuster, qui sont conduits par un lieutenant de chasse, et soumis à ses ordres, à qui encore il est défendu sous des peines sévères de tirer sur d’autres bêtes que les malfaisantes qu’il leur est même enjoint d’épargner lorsqu’elles se trouvent au milieu du troupeau, confondues avec leurs innocentes victimes, dans la crainte de blesser celles-ci quoiqu’il soit facile de les distinguer de leurs ennemis, etc. Au lieu de précautions aussi sages qu’il eût été plus convenable encore de prendre en faveur des braves gens que l’auteur de la satire voulait protéger et servir, voilà plus de cent-cinquante ans qu’à son signal répété par les grands veneurs qui lui ont succédé, tous les théâtres battent la générale, soulèvent, arment bons, mauvais, fidèles, mécréants, lettrés, ignorants, sages, débauchés, insensés, habiles et maladroits, pour chasser les loups tartufes.
Il parle de ce ton de force & de véhémence qu’il n’appartient qu’aux gens persuadés d’avoir. […] On a vu des religieuses, à Rome, exécuter elles-mêmes la pièce de George Dandin, en présence de beaucoup de gens qui en furent très-satisfaits. […] Mais ici les gens en place se taisent, ou approuvent & autorisent, par leur exemple, la comédie ; princes, magistrats, évêques. […] Il discuta cette matière en théologien, & les deux religieux l’ont traitée en gens de lettres.
L’artifice du florentin est d’arborer les dehors de l’humanité, de la probité, de la religion, pour endormir ses gens, cacher son jeu. […] Le matérialiste la Metrie a fait contre ses confreres les médecins une satyre sanglante intitulée le Machiavélisme, le brigandage de la médecine, où les traitant tous d’ignorans & de gens sans foi, ne cherchant que leur intérêt, il les accuse de lui sacrifier la santé & la vie des malades. […] Tout le systême de Machiavel, bien analysé, se réduit à trois points : 1°. s’emparer de ce qui est à notre bienséance, royaumes, provinces, terres, autorité ; 2°. employer tous les moyens possibles, sans s’embarrasser de la religion, de la probité, de la conscience, des promesses, des traités ; 3°. en arborer cependant les apparences, en faire profession, tout promettre, pour endormir les gens & venir plus aisement a ses fins : ce n’est que la friponnerie mise à couvert & réduite en systême. Il ne fait que développer, lier méthodiquement sous de grands noms, appuyer de brillans exemples, appliquer à de grands objets la conduite journaliere des malhonnêtes gens de tous états, dans ce qui les intéresse, c’est l’injustice réduite en art.
Les hommes vous insultent, les Anges vous louent ; il en est même parmi les Anges spectateurs de bons & de mauvais, les uns applaudissent à la bonne vie qui irrite les autres, de même que parmi les hommes il est des méchans qui se moquent de la vertu, & des gens de bien qui s’en édifient. […] Il compare les efforts des gens vertueux à ceux des gens qui couroient dans la lice pour obtenir la couronne, & dont un seul la remportoit : Qui in stadio currunt, omnes quidem currunt, unus accipit bravium. […] Les gens vertueux, assidus dans nos temples, vont-ils au spectacle ?
C'étaient des enfants de chœur qui chassaient les chanoines de leurs stalles pour faire l'office à leur place, qui s'habillaient en Evêque et donnaient des bénédictions ; des gens qui menaient à l'Eglise un âne vêtu d'une chape, et chantaient des hymnes en son honneur, des chansons bachiques, des postures grotesques, des mascarades hideuses, des repas sur l'autel, et partout la comédie, dans l'Eglise, où l'on dressait le théâtre pour la jouer. […] » N'insistons plus sur des vérités que personne ne révoque en doute, quoique peu de gens les mettent en pratique. […] Paul, voltigeant de branche en branche, toujours d'un style moqueur, d'un air cavalier, faisant l'agréable, sans égard au caractère des gens, à la nature des choses, à la situation des affaires, à l'assemblage des circonstances ? voudrait-on vivre avec des gens si frivoles ?
Thomas, tiennent et maintiennent notre profession non seulement honorable, ains utile et très nécessairey ; affirmant outre qu’elle se peut exercer illaesa conscientia z, mot qui en son emphase coupe la gorge à nos censeurs contre lesquels il eût suffi, si c’étaient gens qui voulussent recevoir la doctrine ecclésiastique pour règle de leurs opinions. […] Au contraire, pauvres gens, [ne] reconnaissez-vous pas que ces salutaires enseignements, ces louables préceptes et ces doctes exemples qui y sont contenus sont les vrais antidotes à ce poison de flatterie duquel vos semblables ont accoutumé de briguer leurs faveurs, l’absinthe de tels remèdes (venant de notre part) leur étant d’autant plus facile à recevoir que démêlé et détrempé en la douceur du plaisir qui accompagne notre théâtre, ils y sentent moins de fiel et d’amertumeaf. […] Siat vous ne changez les opinions erronées que vous avez conçues de nous et de notre profession, je croirai que votre malicieuse ignorance a de beaucoup surpassé la pieuse science des gens de bien que j’ai allégués en notre défense, en la créance desquelsau je me résoudraiav de continuer cette profession pour y chercher ma perfection, tenant mes labeurs bien employés et mes travaux mieux salariés que je n’oserais espérer, pourvu que le contentement de vos esprits, illustres spectateurs, suive d’aussi près mes souhaits que mon désir suit la recherche de votre bienveillanceaw.
Dominique, fameux arlequin, qui a fait tant rire ; distingue, 1°. un rire excessif & imbecille, des gens qui rient toujours, sans savoir pourquoi ; 2°. un rire sibarite & efféminé, des gens qui craignent la peine d’ouvrir la bouche, & ne sont que sourire du bout des levres ; 3°. un rire sardonien & forcé, qui par malice ou par envie, ne se prête qu’à regret à l’aplaudissement. 4°. […] Les petits maîtres qui embarrassent sur le théatre sont des Sardoniens, ainsi que les acteurs jaloux, & les gens de cabales sont des Megariens qui veulent faire tomber la piéce, qui se tiennent au fond du parterre, pour de là donner le ton. […] Tout cela demande un esprit solide, serieux, attentif, constant, l’antipode de la scéne qui n’est qu’un persifflage reduit en art, dans un ouvrage régulier, exercé par des gens qui s’en font un métier, & y passent toute leur vie. […] Jamais on ne vit de comédien dans la liste des héros, on n’en voit pas même parmi les honnêtes gens, parmi les gens distingués d’une ville, non plus qu’une honnête femme parmi les actrices, ni une actrice parmi les honnêtes femmes. […] Le Journaliste a une crainte singulière, il apprehende qu’on ne lui reproche de n’avoir pas rapporté les endroits les plus voluptueux ; ce n’est pas sans doute de la part des gens de bien qu’il le redoute, il devroit bien plus craindre les reproches qu’ils lui auroient fait s’il les avoit rapportés ; il en mérite pour en avoir rapporté le titre, & avoir montré de l’estime pour une production licencieuse.
Le vulgaire dévorant avec avidité ce moyen qui lui étoit présenté, d’allier ses plaisirs au culte de son Dieu, courut en foule à ces Spectacles ; mais la petite portion des gens éclairés les méprisa, & gémit d’un mélange si monstrueux. […] Ici, il étoit abandonné à une troupe de gens, la plûpart peu estimables, très-intéressés, & qui, dans l’accueil même du public, croyoient ne voir que plus de raisons de le soumettre à leur caprice.
Mais si vous avez un son de voix plus agréable, un langage plus poli, des sentimens plus délicats, cette maniere de flatter les passions est nécessaire, relativement aux gens qui vous écoutent ; la populace n’entendroit rien aux maximes que vous débitez & les sottises des Histrions choqueroient les personnes qui fréquentent vos Spectacles ; il faut un aliment préparé selon le goût respectif des Convives que l’on veut regaler. […] C’en est fait, je renonce à tous les gens de bien, J’en aurai désormais une horreur effroyable.
Le mêlange qu’on s’y permet du sérieux & du burlesque, du sublime & du plat, révolte les gens qui ont la moindre lueur de raison. […] Voilà ce que disent les gens sensés.
encore le frivole prétexte, que font valoir une infinité de gens. […] On trouve en effet mille gens, qui s’éloignent de la religion chrétienne, plutôt par la crainte d’être privés des divertissements, que par la crainte de perdre la vie. […] » Plût à Dieu que nous ne fussions pas même obligés de demeurer dans le monde avec ces gens-là : cependant dans cette fâcheuse nécessité, nous devons en être séparés dans les choses mondaines. […] On les expose à la vue de tout le monde ; à gens de tout âge, de toute dignité. […] qu’il vaudrait bien mieux ignorer, quand les méchants sont punis, et ne savoir pas que des gens de bien périssent ; si toutefois ils peuvent tous être appelés gens de bien.
Tout cela étant constant, je demande quel jugement on doit faire des Théâtres, et si on les peut tenir pour honnêtes, puis que ceux qui y montent sont marqués comme gens infâmes, et indignes de tenir rang entre les Citoyens. […] Combien que nous ayons déjà répondu à cette objection, néanmoins vu que c’est là le fort de ces gens, nous récapitulerons nos réponses là-dessus. 1. […] Vu que c’est là-dessus que ces gens triomphent, il importe que nous fassions voir un peu plus particulièrement à quel point ils s’y mécomptent. […] Bernard de Girard Du Haillan, L’Histoire de France [1576], (Genève), P. de Saint-André, 1580, livre XI, p. 921 : « Il chassa de sa cour les Bastelleurs, Farceurs et toutes sortes de gens, qui ne servent qu’à donner plaisir et à corrompre les mœurs. […] Il s’agit de Francesco Patrizi qui, dans le chapitre II, 6 de son De Institutione reipublicae libri novem que Vincent invoque au chapitre XI, récuse toute idée de représentation mais admet que les gens de lettres lisent les pièces (f. 123v de la trad.
Impia gens ! […] Les gens vertueux ne cesserent d’en représenter les dangers ; & ils furent enfin écoutés. […] Mais je ne crois pas que des gens occupés puissent y trouver un délassement convenable & même physique. […] Néanmoins il y a des gens qui prétendent que le jeu de la scene en devient plus insipide. […] Il y a des gens qui ont de faux préjugés à l’égard de ce saint Evêque.
Regardent les Comédiens comme des gens manifestement infames, & ordonnent de leur refuser publiquement la Communion . […] C’étoit peu, sans doute, d’excommunier pareilles gens. […] C’étoit donc encore peu, sans doute, d’excommunier pareilles gens. […] Il est donc incontestable, que tous les Comédiens, sans distinction, avoient toujours été, & étoient encore alors réputés infames ; n’étoit-ce pas encore peu d’excommunier de pareilles gens ? […] De gens infames, même selon les loix des hommes !
Et n’est ce pas une chose bien terrible de voir combien elle est capable de corrompre les plus gens de bien à la reserve d’un très petit nombre ? […] Que s’ils ne peuvent nous le prouver, ne ferons nous pas, ô mon Cher, ce que font les gens qui étant tombés dans de violentes passions, viennent à connoître le danger où ces passions les peuvent jetter ? […] « La Tragédie est l’imitation d’une Action : or toute Action suppose des gens qui agissent, & les gens qui agissent ont nécessairement un caractere, c’est-à-dire des mœurs & des inclinations qui les font agir : car ce sont les mœurs & l’inclination [c’est-à-dire la disposition de l’esprit] qui rendent les actions telles ou telles, & par conséquent les mœurs, ou le sentiment [ou la disposition de l’esprit] sont les deux principes des Actions. […] Il faut de nécessité que ce soient des actions qui se passent entre amis, ou entre ennemis, ou entre gens qui ne soient ni l’un ni l’autre. […] [Il n’y a que le moment même où nous lui voyons répandre du sang, où nous pouvons ressentir cette simple émotion que la Nature ressent en voyant tuer un homme] nous n’aurons point non plus une grande pitié pour des gens indifférens qui voudront se tuer les uns les autres.
Ce sont comme des gens retranchés dans un cloaque, dont l’horreur seule défend toutes les approches. […] Tous les gens d’Eglise sont ici compris en peu de paroles. […] Il y a donc des gens qui sont aussi bons juges que bons modèles du bel esprit, et qui n’en ont pas plus la connaissance que l’usage. […] Quelle conduite étrange, de perdre d’honneur des gens par les endroits mêmes par où ils valent ? […] Combien de gens inconsidérés ont été la proie de ces sirènes !
Voici comme les païens se plaignaient de leurs parents chrétiens chez Minutius Félix, avocat de Rome : Vous ressemblez à des gens de l’autre monde, tous en souci et comme hors de vous-mêmes ; vous vous privez des récréations honnêtes, vous n’allez point aux spectacles, on ne vous voit point aux assemblées célèbres et pompeuses ; vous fuyez les festins publics, vous ne portez point de bouquets, et vous n’usez point de parfums13.
Si les financiers ne sont plus grossiers ; si les gens de cour ne sont plus de vains petits-maîtres ; si les médecins ont abjuré la robe, le bonnet, les consultations en latin ; si quelques pédants sont devenus hommes, à qui en a-t-on l’obligation ? […] Les excès de la comédie la firent toujours condamner par les gens de bien, même païens. […] Il ne s’y rassemble que des libertins, des coquettes, des gens oisifs, sans mœurs, sans piété.
Ce n’est point un conte, c’est une vérité manifeste et connue de bien des gens. […] Cependant il devrait être satisfait de voir que Sganarelle a le fond de la conscience bon, et que, s’il ne s’explique pas tout à fait bien, les gens de sa sorte peuvent rarement faire davantage. […] Les gens qui ne sont point préoccupés ne l’en blâmeront jamais et les véritables dévots n’y trouveront rien à redire.
De là leur furent données, les couronnes, et les sacrifices leur furent faits, et après y avoir bien bu, les hommes ivres s’y démenaient comme gens troublés de leurs sens, et qui étant alors possédés des diables, commencèrent les danses furieuses de Bacchus. […] Les Béthuliens firent grande fête après la mort, fuite et défaite des gens d’HolopherneJudith, 16. [16, 20]. […] De telles manières de gens Salomon entend parler disant : « Le fol malin fait le mal comme en riantEs Proverbes 10. [10, 23].
Pourquoi, disent-ils, ferons-nous scrupule d'aller à la Comédie, puisque les gens qui font profession de piété y vont bien ?
Pourquoi, disent-ils, ferons-nous scrupule d'aller à la Comédie, puisque des gens qui font profession de piété y vont bien ?
Des gens éxcités par les vapeurs bacchiques, devaient donner carrière aux bons mots ; ils folâtraient en sautant sur les traces du Dieu. […] L’autre, surnommée Tabernaria parce qu’elle n’était décorée que de maisons simples de pauvres gens, a quelque ressemblance avec notre Opéra-bouffon ; mais ce n’est pas ici le lieu de le prouver. […] Pour moi je crois qu’on lui fait trop d’honneur ; les gens un peu instruits savent que long-tems avant lui, on composait déja des Drames passables. […] Ce n’a point été le travail continu d’une foule de gens d’esprit qui a conduit les Lettres de progrès en progrès, de clartés en clartés ; un seul homme de génie, ou deux tout au plus, ont suffi pour les couvrir de gloire.
Il y a des gens qui aiment si fort les odeurs, qu’ils font parfumer jusqu’à leurs livres ; une bibliothèque odorante fera peu de savans, elle sent moins le savant que la femme. […] Excès de sensualité dont à la longue la santé est altérée ; il est plus ordinaire de parfumer les lettres, certaines gens s’en font un devoir de politesse, sur tout en écrivant aux femmes, & les femmes n’y manquent pas en écrivant à leurs amans. […] Qu’on juge combien doit sentir mauvais la conduite, la réputation des gens de théatre qui sentent si bon, capitis odor, vitæ fœtor. […] Les gens à tabac ont de même sans cesse la tabatière à la main, manie ridicule, jeu puérile comme un enfant qui remue son hochet, & dont par une autre puérilité on veut faire un air d’élégance ; on est enfant à tout âge. […] Toute odeur étrangère m’est suspecte, disoit Martial, je me défie des gens qui entent si bon, hoc mihi suspectum quod oles bene posthume semper .
des gens d’esprit peuvent-ils s’occuper d’une matiere si usée & si triviale, depuis long-temps épuisée, où l’on ne peut mettre aucun sel que par la licence & le crime ? […] Accoutumés à respecter & imiter leurs parens, ils regardent la comédie comme un bien ; quand les parens les y ménent, quand ils y voient des grands, des gens en place, des vieillards, des gens d’esprit, ils se font de leur goût, de leur attachement, & un devoir & un mérite. […] Qu’il y a donc loin des talens à la vertu, de l’admiration à l’édification, des applaudissemens des hommes aux jugemens des gens de bien ! […] Les gens de bien sont pleins de confiance.
Les valets, les soubrettes, les confidents ne sont que des fourbes vendus aux vices de leur maître, dont il emploie l'industrie, suit les conseils, applaudit les bons mots, récompense les honteux services : gens échappés à la potence, et très dignes d'y monter. […] Je plains les Auteurs et les Acteurs des tragédies pleines d'horreur qui font agir et parler des gens qu'on ne peut écouter ni voir sans souffrir. […] Le scandale des grands, des supérieurs, des gens de mérite, est plus funeste que celui du peuple : on fait gloire d'imiter des vices qui semblent ennoblis. […] Pour apprivoiser les gens de bien, que le tableau trop crû du vice effaroucherait, on fait des éloges de la vertu, on débite quelque sage maxime ; mais tout cela est noyé dans une infinité de mauvaises choses qui à peine le laissent apercevoir, et bientôt en effacent l'idée. […] Dans l'école et la morale du théâtre au contraire, il faut étaler et embellir les forfaits, exercer les gens dans les lieux infâmes, les lier aux mauvaises compagnies, pour les rendre vertueux.
» Dira-t-on que je grossis les objets pour intimider les gens de bien, en appelant des passions les mouvements naturels que produit une représentation ? […] Les gens grossiers, avancés en âge, accoutumés au théâtre, n'y trouvent qu'un plaisir médiocre ; il faut réveiller leur goût trop usé, par des nouveautés, des raffinements, des passions violentes, charger les portraits, outrer le ridicule, pour tirer l'âme de sa langueur. De là tant de gens s'ennuient au spectacle, courent sur le théâtre, voltigent dans les loges et les coulisses, n'écoutent pas, s'en vont à la moitié de la pièce ; les aliments simples à peine les effleurent, il faut piquer le palais par des liqueurs fortes. […] Tout n'est pas aussi heureux que Mithridate, qui se rendit inaccessible au poison à force d'en prendre, et peu de gens voudraient en faire l'essai. […] » Bien des gens m'abandonneront le théâtre Anglais et demanderont grâce pour le Français.
L'Auteur a cru sans doute pour la récréation des gens dévots devoir donner une farce à laquelle Arlequin n'aurait osé penser. […] L'Officier qui donne les ordres, le Soldat qui monte la tranchée, le Magistrat qui juge un procès, le Médecin qui visite un malade, une mère qui instruit ses enfants, sont gens très sérieux et font des actions très sérieuses. […] Examinez ces gens du théâtre, si même il est possible, car comme des Protées, ils prennent toute sorte de formes et échappent de tous côtés, tout en eux se ressent de cette frivolité. […] Sont-ce des gens raisonnables ? Non : ce sont des enfants qui jouent, ce sont des gens de théâtre.
« On prétend que l’utilité de cette piéce sera très-grande, parce qu’elle accoutumera le monde à se mieux précautionner contre les friponneries des Procureurs, & parce qu’elle corrigera de leurs mauvaises habitudes les Procureurs mal-honnêtes gens ; rien n’étant plus propre, dit-on, à guérir les maladies de l’ame, qu’une Comédie qui en représente finement le ridicule. […] Quantité de personnes disent fort sérieusement à Paris, que Moliere a plus corrigé de défauts à la Cour & à la Ville, que tous les Prédicateurs ensemble ; & je crois qu’on ne se trompe pas, pourvu qu’on ne parle que de certaines qualités qui ne sont pas tant un crime, qu’un faux goût, ou un sot entêtement : comme vous diriez l’humeur des Prudes, des Précieuses, de ceux qui outrent les modes, qui s’érigent en Marquis, qui parlent incessamment de leur noblesse, qui ont toujours quelques poësies de leur façon à montrer aux gens, &c.
dit qu'elle commençait toujours par l'honneur des Dieux, et que c'est un sentiment de Religion de nommer le Théâtre un Temple ou un Sanctuaire et la procession qui se faisait dans Athènes aux Bacchanales pour sacrifier à Bacchus le Bouc dont on avait honoré le Poète vainqueur en la dispute de la Tragédie, était estimée si religieuse, que Plutarque se plaint de ce que la pompe orgueilleuse de son temps avait corrompu la simplicité de son origine ; Car il n'y avait au commencement qu'une cruche pleine de vin, et un cep de vigne au-devant du Bouc, suivi de celui qui portait une corbeille pleine de figues, avec quelques marques de l'impudence de cette superstition ; mais par le cours des années la pompe en était devenue si superbe, que sans s'arrêter aux vieilles cérémonies, on y voyait une infinité de gens masqués, grand nombre de vases d'or et d'argent, de riches habits et des chariots magnifiques, dans la croyance qu'ils honoraient ainsi plus dévotement que leurs aïeux cette Divinité chimérique : Et comme l'institution et la célébration de Jeux du Théâtre n'avait point d'autre fondement que la dévotion des Païens envers leurs Dieux, ils y ont presque toujours représenté leurs personnes, et les miracles qu'ils avaient faits. […] En quoi certes il ne faut pas dire que les Anciens se moquaient de ceux qu'ils adoraient comme Dieux, en représentant des actions que l'on pouvait nommer criminelles, comme des meurtres, des adultères et des vengeances, ni qu'ils avaient dessein d'en faire des objets de Jeux et de risée, en leur imputant des crimes que l'on condamnait parmi les hommes ; Car toutes ces choses étaient mystérieuses, et bien que le petit peuple, ignorant et grossier fut peut-être incapable de porter sa croyance au-delà des fables que l'on en en contait ; il est certain que leurs Théologiens, leurs Philosophes, et tous les gens d'esprit en avaient bien d'autres pensées, et tout ce que nous lisons maintenant de la naissance de leurs Dieux et de toutes leurs actions avait une intelligence mystique, ou dans les secrètes opérations de la Nature, ou dans les belles Maximes de la Morale, ou dans les merveilles incompréhensibles de la Divinité.
Je ne prétends pas néanmoins que ma traduction soit tout à fait littérale : ce serait me faire gloire de parler Anglais en Français ; d’ailleurs on me convaincrait aisément d’imposture sur cet article : les habiles gens à Londres entendent communément le Français ; bien différents de nos Ecrivains qui presque tous ignorent l’Anglais. […] Je confesse que j’ai usé en ces rencontres et en quelques autres pareilles, du privilège accordé à tout Traducteur ; ce privilège étant aussi établi et aussi consacré que ce qu’on appelle, le Droit des Gens.
Il y eut de tout temps d’honnestes gens qui ont fait profession d’aimer les belles choses. […] Car encore qu’il soit honteux de les ignorer, il n’est pas toûjours glorieux de les trop bien sçavoir : & il y a pour les gens de qualité des mesures à garder, des degrez où ils s’en doivent tenir, & des bornes qu’ils ne doivent point passer. […] Quel soulagement seroit-ce aux Verprez & aux Baptistes, s’ils rencontroient des gens capables d’executer leurs pensées, & de bien former un pas qu’ils auroient enseigné ? […] Nous voyons en certaines gens encore quelque chose au de-là de la propreté. […] Il est des gens qui ont toûjours ou le dos voûté ou la teste penchée, ou une démarche affectée, ou enfin quelque action particuliere : Il faut sçavoir gourmander ces sortes d’actions, se contraindre dans ce moment, & ne rien laisser échaper qui puisse découvrir ce que vous estes.
: s’il est si beau « d’être plaisant sur un théâtre, que n’ouvrez-vous cette porte aux gens libres ?
Si l'on ne parlait jamais de ceux qui se battent en duel, que comme de gens insensés et ridicules comme ils le sont en effet ; si l'on ne représentait jamais ce fantôme d'honneur qui est leur idole, que comme une chimère et une folie ; si l'on avait soin de ne former jamais d'image de la vengeance que comme d'une action basse et pleine de lâcheté, les mouvements que sentirait une personne offensée seraient infiniment plus lents: mais ce qui les aigrit et les rend plus vifs, c'est l'impression fausse qu'il y a de la lâcheté à souffrir une injure.
Si l'on ne parlait jamais de ceux qui se battent en duel, que comme des gens insensés et ridicules, comme ils le sont en effet ; si l'on ne représentait jamais ce fantôme d'honneur qui est leur idole, que comme une chimère et une folie ; si l'on avait soin de ne former jamais d'image de la vengeance que comme d'une action basse et pleine de lâcheté; les mouvements que sentirait une personne offensée seraient infiniment plus lents.
Précisément ce qu’il voudrait trouver partout, des leçons de vertu pour le Public, dont il s’excepte, et des gens immolant tout à leur devoir tandis qu’on n’exige rien de lui. […] « Dans une grande ville pleine de gens intrigants, désœuvrés, sans religion, sans principes, dont l’imagination dépravée par l’oisiveté, la fainéantise, par l’amour du plaisir, et par de grands besoins, n’engendre que des monstres, et n’inspire que des forfaits ; dans les grandes villes où les mœurs et l’honneur ne sont rien, parce que chacun dérobant aisément sa conduite aux yeux du public, ne se montre que par son crédit, et n’est estimé que par ses richesses ; la Police ne saurait trop multiplier les plaisirs permis, ni trop s’appliquer à les rendre agréables, pour ôter aux particuliers la tentation d’en chercher de plus dangereux. […] « En certains lieux les Spectacles seront utiles pour rendre les gens riches moins mal-faisants ; pour distraire le peuple de ses misères ; pour lui faire oublier ses Chefs en voyant ses Baladins ; pour maintenir et perfectionner le goût quand l’honnêteté est perdue ; pour couvrir d’un vernis de procédés la laideur du vice ; pour empêcher, en un mot, que les mauvaises mœurs ne dégénèrent en brigandage.
Le même Saint Augustin reprenait des gens qui étalaient beaucoup d’esprit à tourner agréablement des inutilités dans leurs écrits : « Et, leur disait-il, je vous prie qu’on ne rende point agréable ce qui est inutile : Ne faciant delectabilia quae sunt inutilia » v : maintenant on voudrait permettre de rendre agréable, ce qui est nuisible ; et un si mauvais dessein dans la dissertation n’a pas laissé de lui concilier quelque faveur dans le monde.
voilà pourquoi tant de gens sortent du Théâtre avec la tranquillité, la froideur qu’ils avoient en y entrant. […] On ne trouvera guère de ces imaginations que dans des gens qui n’ont point encore vu le Théâtre, ou qui n’en ont qu’une foible idée.
Les gens du bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables Incrédules peuvent à leur aise se mocquer de ma démarche ; je serai trop dédommagé de leur petite censure & de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés & vertueux, si les Ecrivains dignes de servir la Religion, si les ames honnêtes & pieuses que j’ai pu scandaliser, voient mon humble désaveu avec cette satisfaction pure que fait naître la vérité dès qu’elle se montre.
Croit-on que Georges Dandin, les Fourberies de Scapin, l’Amphitrion, &c. favorisent les gens de bien, & punissent les méchans, bonis faveat ? […] Qu’ils se gardent bien de débiter des galanteries, des paroles licencieuses ; eussent-ils les suffrages d’une vile populace, jamais ils n’obtiendront ceux des gens de conditions.
Bien des gens ont de la peine à comprendre, quel plaisir peut donner un Spectacle qui agite l’âme, qui l’importune avec inquiétude, qui l’effraie, & qui n’offre que des craintes & des alarmes. […] A Mexico, avant que la barbarie Européenne eût détruit un Peuple libre, & sur lequel elle n’avait point de droits, on dansait dans les cours du Temple la Mitote ; cette Danse consistait à figurer deux cercles l’un dans l’autre : l’intérieur était formé par les Grands ; l’extérieur par des gens les plus graves d’entre le Peuple, & les Instrumens étaient au milieu.
Des gens plongés dans des emplois laborieux, accablés d’affaires, soit publiques, soit particulières ; agités par les flots tumultueux de mille soucis, emportés par le tourbillon de la fortune. […] leur sied-il bien d’aller se confondre avec des gens oisifs et corrompus dont l’imagination dépravée par l’oisiveté et l’amour du plaisir ne se repaît que d’aventures scandaleuses, que de fables obscènes, n’engendre que des monstres et n’inspire que des forfaits ?
Les pièces dramatiques font les délices des gens de goût, nulle fête n’est bien solennisée sans elles ; en être le spectateur, c’est un devoir ; amateur, un mérite ; auteur, quelle gloire ! […] Du moins le sentiment des gens livrés au monde et au théâtre ne sera pas suspect.
Mais cet Empereur qui étoit fait pour protéger de pareils gens, les fit ensuite revenir. […] « Des Bourgeois copiant ridiculement les gens de qualité. […] Rousseau a éclairé sur les mauvais effets des Théatres une foule de gens à Geneve. […] Plaisante correction du vice que celle qu’en font des gens qui y sont les plus livrés ! […] Et cependant ces gens sont pourvus de charges, sans qu’ils songent aux moyens de les bien remplir … ….
Partant s’il vous reste quelque peu de sagesse et de pudeur, cessez de contempler les Cieux et de rechercher les Destins du monde; songez à vous et regardez à vos pieds ; c’est assez principalement pour des gens sans lettres, rudes et mal polis, s’il ne vous est pas donné de connaître les choses de la terre, à plus forte raison de discourir de celles du Ciel.
Il parle du Théatre, il ne pouvoit guere s’en défendre, en faisant venir son Héros à Athenes, mais ce n’est qu’en passant, & comme d’un mal que bien des gens jugent nécessaire, par un ancien préjuge, que je crois faux, mais qu’il est presque impossible de déraciner dans une capitale opulente & voluptueuse, où la plupart des gens oisifs & frivoles ne savent que faire de leur temps. […] Il avoit l’oreille harmonique, & sentoit la cadence des vers, comme bien des gens, sans savoir ni danse ni musique, battent naturellement la mesure, & sautent en cadence. […] Cet homme avoit de l’esprit ; il y a des traits ingénieux, & des saillies agréables, mais ils sont noyés dans un cas d’expressions basses, d’images grossieres, de conversations de guinguettes, entre gens les plus vils, quoiqu’il eut de la naissance & une éducation qui auroient dû l’en rendre incapable ; mais malheureusement la fréquentation de ses compagnons de débauche, des femmes de mauvaise vie, de la lie du peuple, & des Comédiens de son tems, à qui il faisoit jouer ses pieces, le dégraderent. […] C’en est assez, c’en est trop sur un homme si peu digne d’occuper les gens de bien & les gens de lettres ; mais un éleve de la scene, dont le caractere bouillant a mis au jour ses défauts ouvertemens & sans masques, ne devoit pas être oublié dans ses fastes, après avoir joué un rôle si vrai & si développé. […] Il est vrai que ce ne sont que des rimes avec quelques pensées agréables, & des mascarades variées par la diversité des habits de gens qui viennent des quatre coins du monde pour offrir des hommages à Celimene, à Ludovise, à Laurette, à Finemouche, à la Mouche au miel, &c.
Christine forcée de descendre fait un grand discours pour excuser son abdication, pour montrer sa résolution & sa fermeté, & consoler des gens qui s’en réjouissoient, & tous le mouchoir à la main, essuyoient leurs yeux qui n’étoient point mouillés, tandis qu’ils mouroient d’envie de rire & s’épuisoient réciproquement en éloges. […] L’Abbé Menage dont elle avoit entendu parler, qui lui avoit adressé des vers, & qui connoissoit toute la république des lettres, fut chargé d’être son nomenclator ; il ne manquoit pas lorsque quelqu’un se montroit de dire à Sa Majesté son nom, ses qualités, ses talens, ses ouvrages avec de grands éloges ; elle en fut fatiguée, & ne pouvoit croire un si grand nombre de gens savans, elle dit en se moquant de lui : ce Monsieur Menage connoît bien des gens de mérite. Cependant cet homme si connu des gens de mérite, & lui-même si bon littérateur n’étoit point de l’Académie Françoise, quoiqu’il n’y en eut point qui le méritassent mieux que lui. […] Quelqu’un dit que quand Charles IX venoit chez Ronsard aux assemblées des gens de lettres, tout le monde étoit assis ; la question fut décidée, & sans demander permission on s’assit, dès que la Reine fut assise on lui fit des complimens sans nombre, on lui récita des vers, on lut quelque pièce. […] Il n’y pense que trop : l’irréligion est aux yeux de Voltaire le plus grand mérite, & une horreur pour les gens de bien.
Saint Jean Chrysostome, parce qu’elles sont des obstacles à la conversion des ames & à leur salut ; saint Augustina, parce que c’est un crime énorme que de donner son bien aux Comédiens qui sont des gens infames, que plus un homme est vertueux & plus il doit s’éloigner du theâtre ; & que l’on n’eût jamais approuvé les Comédies & les crimes qu’elles representent sur le theâtre, si les mœurs des hommes qui estoient soüillez des mesmes vices ne l’eussent soufferte ; saint Isidore de Damiéteb, parce que les Comédies d’elles-mêmes & de leur nature, ne peuvent estre que pernicieuses & nuisibles ; saint Bernardc, parce qu’elles ne sont que vanité ; enfin Jean de Salisberi Evêque de Chartresd, parce qu’elles sont propres à entretenir les vices, & sur tout l’oisiveté, qui est l’ennemie de l’ame & qui la dépoüille de toutes ses inclinations vertueuses, & qu’en y assistant on participe aux crimes des Comédiens, à qui l’Eglise a interdit la sacrée Communion. […] Les Ordonnances Roïaux, & les Arrests des Parlemens défendent tres expressement les masques, dont certaines gens abuseroient pour commettre plus aisément & plus impunément de méchantes actions. […] Il se trouvera des gens qui se plaisent si fort à cela, qu’ils ne croïent pas qu’il y ait au monde un plus grand divertissement que de courir ainsi masquez par les maisons. […] Mais il est à craindre que ces sortes de divertissemens ne donnent lieu à quantité de crimes énormes, en Espagne, en Italie & dans les autres païs, où les gens sont plus adroits & plus rusez, à cause de la subtilité des esprits. […] L’Orateur Demosthéne invectivant contre les gens de la suite de Philippe Roi de Macédoine devant le peuple d’Athenes, ne leur fait point de plus grand reproche que de dire, qu’après avoir bien bû, ils ne firent nul scrupule de danser, & qu’ils chasserent de leur compagnie les personnes de probité qui y estoient, parce qu’elles ne pouvoient souffrir la danse.
Pourquoi dans toutes les comédies des Comtes, des Marquis, des Comtesses, en un mot des gens de qualité ? […] Malheureusement la plupart des auteurs & des acteurs ne sont rien moins que des gens de condition ; ils n’en ont ni n’en savent donner les allures, & en tenir le langage, ils y sont tout neufs, & on voit bien qu’ils sont peu familiers avec la bonne compagnie. […] On intrigue pour eux, on les comble sans reserve, d’éloges, d’honneurs & de présens : gens qu’il ne faut encourager qu’en raison de leur dépendance, (ou plutôt qu’il faudroit chasser) & qu’autant qu’ils ne s’écartent pas de leur devoir. […] Mais il y a quelques honêtes gens parmi les comédiens, & quelques réligieux vicieux : cela peut être ; mais si quelques traits de vertu doivent couvrir au théatre, un tas de désordres, une foule de vertus ne devroient elles pas couvrir dans la Réligion, quelques vices, aussi rares que les vertus des comédiens ? […] Le public appelleroit de son jugement, & les gens de bien s’en moqueroient.
D’un autre côté, il est des gens de bien dont la délicatesse outrée ne peut souffrir qu’on parle des vices publics, des gens d’Eglise, & nommément de leur liaison avec le théatre où ils deviennent scandaleux. […] Hist. d’une société de gens de lettres sur le mot Tubies. […] Lopez de Vega, autre Auteur Espagnol, ressemble à Calderon, tous deux militaires, tous deux gens de condition, estimés dans le monde, ce qui n’est pas commun dans l’Empire de Thalie, l’un Chevalier de Malthe, l’autre de St. […] On répandit qu’il étoit mort d’une colique dans un de ses voyages près de Geneve ; ce bruit s’accrédita & fut répandu dans tous les Dictionnaires ; on se trompoit, dans la vérité il se déroba in cognito, & se fit Religieux pour mieux travailler à son salut ; il y fut inconnu ; ce ne fut que quelques années après qu’il y fut découvert, comme le rapporte dans son supplément le Dictionnaire d’une Société de gens de lettres, qui d’abord avoit adopté ce bruit populaire. […] Les Abbés Comédiens sont galans & caustiques ; ils sont gens à deux faces ; on ne seroit pas surpris de voir jouer ce double personnage à Dorat, qui en effet dans le même-temps, joue les deux rôles, mais qui le pardonnera à un Grand Vicaire que deux Prélats donnent pour une espece de saint, qui, par vertu, a refusé des Evêchés.
Si donnons en mandement aux Gens de notre Cour de Parlement de Paris, etc.
Mais il s'est trouvé des gens dans celui-ci, qui ont prétendu pouvoir allier sur ce point la piété et l'esprit du monde.
Car pourquoy, dira-t-on, se feroit-on un point de conscience d’assister à ces spectacles, puisque les gens d’une vertu plus reguliere, & d’une probité plus reconnuë, ne font point de scrupule de s’y trouver ? […] Mais que feront tant d’autres gens, qui n’ont ni la foiblesse des premiers, ni l’obligation des seconds, & qui n’ont à répondre que d’eux-mêmes ? […] De tout cela, Messieurs, je conclus, qu’il y a bien des gens, qui ne peuvent sans peché frequenter ces spectacles, quelque innocens qu’on les fasse ; puisqu’ils sont pour quelques-uns une occasion prochaine d’y tomber, pour les autres un juste sujet de scandale qu’ils donnent au prochain, & pour les autres enfin, une perte de temps & d’argent qu’ils sont obligez d’employer à des choses plus necessaires & plus importantes. […] SI l’on ne peut dire absolument, que les spectacles dont nous avons parlé, soient criminels, mais seulement par rapport aux personnes & aux circonstances, qui font que bien des gens ne peuvent les frequenter sans peché ; je n’useray pas, Messieurs, de tant de restrictions, pour vous convaincre qu’ils sont du moins dangereux, & à l’égard de toutes sortes de personnes. […] Je continuë donc de parler de ceux que la seule passion du plaisir a inventez, qui sont les mêmes qui deviennent criminels à l’égard de certaines personnes, & qui ne sont jamais sans danger à l’égard des autres, tels que sont les bals, comedies, balets, & les autres de cette nature, qui sont en usage dans ce siecle, & qui sont presque l’unique occupation des gens de qualité en ce temps de divertissement ; & je soutiens encore une fois, qu’ils sont dangereux à l’égard de tout le monde ; c’est à dire que s’ils ne font pas une occasion prochaine de peché à l’égard de tous, le danger est toûjours assez grand, pour porter tous ceux qui craignent l’offense de Dieu, à les fuir ; vû que d’ailleurs il est bien rare que la bienseance, ou leur devoir leur impose une espece d’obligation d’y assister.
Après avoir montré combien l’oisiveté & la perte du temps abrégent la vie déjà assez courte, il ajoute ironiquement, mettriez-vous au nombre des gens oisifs ceux qui tous les jours passent plusieurs heures entre les mains des Baigneurs ? […] Dans une petite brochure intitulée, Etrennes fourrées ou pelisses simpatiques, un Etranger qui alla à la comédie en hiver, prétend deviner les humeurs, les inclinations, les caracteres des gens qui sont dans les loges, par les diverses fourures qu’ils portent. […] Il multiplie les passions, l’ambition, la cupidité, la vanité, le libertinage, la frivolité, la molesse, & rend par conséquent une infinité de gens inutiles, à charge, & pernicieux à l’Etat, en corrompant leurs mœurs, sur lesquelles il a la plus grande influence. […] Mais la beauté, la jeunesse, les graces, les gens raisonnables sont pour lui. […] Il est des gens qui rougissent trop par timidité, d’autres qui ne rougissent pas assez par impudence.
De l’aveu de tout le monde, le théatre dès son origine & pendant plus de mille ans, jusqu’à l’Empereur Constantin, a été très-dangereux & très-mauvais, non seulement à cause de l’idolâtrie qui s’y trouvoit souvent mêlée, & dont les Payens ne pouvoient lui faire un crime, mais sur-tout par rapport aux bonnes mœurs, qui y étoient constamment blessées, ce qui l’a toûjours fait condamner par tous les gens de bien, même payens. […] Pour cette foule innombrable de dramatiques aussi obscurs dans le temple des Muses que dans le sanctuaire des vertus, que dira-t-elle contre le préjugé légitime qui nous fait regarder comme l’école du vice un art & un métier où les maîtres & les élèves sont des gens sans mœurs ? […] Il ne s’y rassemble que des libertins, des coquettes, des gens oisifs, sans mœurs, sans piété. […] Il est plaisant d’entendre des gens de théatre parler de la perfection de l’Évangile, de la sainteté du baptême, de préceptes & de conseils, eux qui ont appris le catéchisme dans Moliere. […] Des gens que toutes les loix ont déclarés infames, peuvent-ils se déshonorer mutuellement, ou plûtôt ne le font-ils pas tous les jours ?
Tout le monde va masqué, & ceux qui paroissent gens de bien, que ne se permettent-ils pas dans les ténèbres ? […] On promène tout le jour cette boëte sur un cheval ou un charriot, jetant de toutes parts des vers à l’honneurs de celle à qui on le destine, & on le lui fait donner par des gens masqués, dans l’endroit où il y a le plus de monde. […] Ne font ce pas encore de ridicules mascarades, si souvent & avec raison jouées sur le théatre, que le luxe & le faste que tout le monde arbore, & qui confond tous les états, le Bourgeois Gentilhomme qui tranche du grand Seigneur, la Soubrette, l’Actrice habillée en Princesse, le laquais en carrosse qui appelle ses gens ? Que sont pour la plupart des gens les meubles superbes, les étoffes précieuses, les diamans, les rubans, &c. ? […] Il est une autre sorte de masque moral, cher & familier au théatre, qui donne les plus efficaces leçons d’hypocrisie dans tous les autres gens de bien : hypocrisie de probité, de fidélité, de pudeur, de respect, de soumission, de douceur, &c.
Car pourquoy, dira-t-on, se seroit-on un point de conscience d’assister à ces spectacles, puisque les gens d’une vertu plus reguliere, & d’une probité plus reconnuë, ne font point de scrupule de s’y trouver ? […] Mais que feront tant d’autres gens, qui n’ont ni la foiblesse des premiers, ni l’obligation des seconds, & qui n’ont à repondre que d’eux-mêmes ? […] De tout cela, Messieurs, je conclus, qu’il y a bien des gens, qui ne peuvent sans peché frequenter ces spectacles, quelque innocens qu’on les fasse ; puisqu’ils sont pour quelques-uns une occasion prochaine d’y tomber, pour les autres un juste sujet de scandale qu’ils donnent au prochain, & pour les autres enfin, une perte de tems & d’argent qu’ils sont obligez d’employer à des choses plus necessaires & plus importantes. […] Si l’on ne peut dire absolument, que les spectacles dont nous avons parlé, soient criminels, mais seulement par rapport aux personnes & aux circonstances, qui font que bien des gens ne peuvent les frequenter sans peché ; je n’useray pas, Messieurs, de tant de restrictions, pour vous convaincre qu’ils sont du moins dangereux, & à l’égard de toutes sortes de personnes. […] Je continuë donc de parler de ceux que la seule passion du plaisir a inventez, qui sont les mêmes qui deviennent criminels à l’égard de certaines personnes, & qui ne sont jamais sans danger à l’égard des autres, tels que sont les bals, comedies, balets, & les autres de cette nature, qui sont en usage dans ce siecle, & qui font presque l’unique occupation des gens de qualité en ce tems de divertissement ; & je soutiens encore une fois, qu’ils sont dangereux à l’égard de tout le monde ; c’est-a-dire que s’ils ne sont pas une occupation prochaine de peché à l’égard de tous, le danger est toûjours assez grand, pour porter tous ceux qui craignoit l’offense de Dieu, à les fuir ; vû que d’ailleurs il est bien rare que la bienseance, ou leur devoir leur impose une espece d’obligation d’y assister.
exhorter les Princes & les Magistrats à chasser les Comédiens, les Baladins, les Joueurs de Farces & autres pestes publiques, comme gens perdus & corrupteurs des bonnes mœurs, Conc.
Je demande à ces gens délicats, qui ont tant de peine à écouter les ouvrages de nos Compositeurs, s’il résulte d’un langage aussi rimé une harmonie agréable ? […] Des chûtes si fréquentes forment une èspèce de charivari, sur-tout pour ces gens que le moindre bruit peu harmonieux choque & fatigue. […] Les habiles gens que j’ai eu soin de consulter, m’ont tous répondu, qu’on sentait bien ce que notre Mélodie & nos Accompagnemens avaient de particulier ; mais qu’on ne saurait l’exprimer. […] Cette inimitié que fait naître dans les deux partis la crainte de se voir surpasser, & que les gens à talens ne ressentent que trop, ne s’éteindra jamais, selon toute apparence.
Nous ne faisons point icy de distinction de ces divers genres de Ieux, parce que l’Idée vulgaire & universelle les confond ordinairement, & que ces connoissances trop fines pour le Peuple & pour les gens de Cour, l’embarassent beaucoup plus qu’elles ne les instruisent, & qu’ils s’en rebutent plûtost que d’en profiter. […] La troisiéme, une grande passion, & la quatriéme, quelque chose d’aplicable au Siecle & aux gens qui y sont la principale figure.
Le Tartuffe de Moliere ne mérite pas moins le mépris des gens de bien. […] On ne connoissoit auparavant que très-peu d’alliances de l’ancienne noblesse & de la haute robe avec les gens riches. […] Il fut plus fréquent d’abord par air, ensuite par goût, rapprocha les gens dans les loges, & précipita la décadence du goût & des mœurs. […] Les rois portent des couronnes, les militaires arborent des trophées d’armes, les gens du palais s’affublent d’une vaste robe, les bergers portent la houlette : c’est le costume. […] Cette danse figurée, fort au-dessus de la danse ordinaire où l’on ne fait que battre des entrechats, aller de gauche à droite, s’élancer en avant, en arriere, tourbillonner sur soi-même, faire des évolutions, comme des gens en délire.
L OVIS PAR LA GRACE DE DIEV Roy de France & de Navarre : A nos Amez & Feaux Conseillers les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maistres des Requestes ordinaires de nostre Hostel, Prevost de Paris, ou son Lieutenant Civil, Baillifs, Seneschaux, Prevostes, & tous autres nos Iusticiers & Officiers qu’il appartiendra : Salvt.
Les autres prennent hautement sa défense dans toutes ses parties : enfin des gens plus raisonnables prétendent qu’il faut regarder la Comédie sous deux points de vue tout à fait différents.
Il concluait donc à rejeter tout ce genre de « poésie voluptueuse, qui, disait-il, est capable seule de corrompre les plus gens de bien ».
Si on ne parlait des duellistes que comme des gens insensés, comme ils le sont en effet, si on représentait ce faux honneur comme une chimère et une folie, et la vengeance comme une action lâche, comme un crime énorme, les mouvements de colère que sentirait une personne offensée seraient infiniment plus lents ; mais ce qui les rend si vifs, c’est qu’on s’imagine qu’il y a de la lâcheté à souffrir une injure.
La comédie est la satyre du genre humain ; & la comédie françoise, qui, par la crainte du bâton, n’ose point nommer les gens, se dédommage en les désignant. […] Il applique cette réflexion au nom de grand qu’on attache à des gens qui n’ont qu’une grandeur populaire. […] Je suis assailli de gens de guerre, de prêtres, de moines. […] Celles d’Italie n’étoient composées que des gens frivoles, souvent vicieux qui s’assembloient pour s’amuser. […] Il en sentoit parfaitement les excès, il se contentoit de la lire, & n’en donnoit point de copie, ni ne voulut la faire imprimer, Tous les gens de bien lui auroient fait le procès ; sa fortune auroit couru quelque risque.
Acteurs & actrices, dieux & déesses, métamorphoses d’Ovide, contes de la Fontaine, etc. on ne voit, on ne parle, on ne pense, on n’aime, on ne respire que le théâtre, nul vestige de Réligion ; c’est par prudence, dit-on, une image dévote occasionneroit des railleries impies, cela peut être ; le théâtre a monté le monde sur le ton cinique, surtout contre la piété & les gens pieux. […] Il en est comme des gens vertueux, dont on ne peut souffrir les exemples & la présence : on n’aime que son semblable, le mal gagne peu-à-peu jusques dans le cloître. […] C’est la juste application de ce qu’on disoit injustement des Jesuites, abstulit hinc Jesum, venerisque insignia ponit impia gens, alium non colit illa Deum. […] Doutez-vous des effets que ses objets produisent, examinez le caractère de leurs adorateurs, sont-ce les gens de bien qui les placent, les contemplent, les admirent ? […] Le prophete Ezéchiel & l’auteur du livre de la Sagesse, gens fort sérieux & très peu amateurs du théatre, pensent bien différemment.
On voit des gens pleurer & se prosterner à la vue de l’idole. […] Ils étoient toujours bien reçus, & les gens graves obtenoient difficilement audience. […] On distingue à la démarche le prince du peuple, les rustres & les gens polis, les déesses & les mortelles, les actrices & les honnêtes femmes. […] Il n’avoit fréquenté que des gens grossiers comme lui, jusqu’à ce qu’il parut à la Cour où il put un peu se façonner : il le fit pourtant très-peu, l’habitude l’entraîna toujours. […] Le spectacle fut troublé par des gens inquiets & turbulents, qui, dans une si grande foule, ne se trouvoient pas placés à leur aise, & selon leur mérite, ils voulurent monter aux galeries, & furent repoussés.
finit une longue légende d’impiétés et de plaintes par ces paroles : « Sa DignitéTitre employé par les petites gens. […] Mais, en quelle contrée du monde et par quelles gens ces impiétés se commettent-elles ? […] » La clémence est traitée de faiblesse par bien de gens ; et la bonté divine qui devrait les porter à la componction, ne fait que les endurcir davantage. […] Ainsi, est-il des gens qui ont toujours assez d’esprit pour tourner ingénieusement les mauvaises choses, pour répandre des grâces sur la laideur même, et pour donner, s’il faut ainsi dire, à leur poison le goût d’un baume agréable. […] Titre employé par les petites gens.
L ouis, par la grace de Dieu, Roi de France & de Navare : A nos amés & féaux Conseillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Conseil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils & autres nos Justiciers qu’il appartiendra, Salut : Notre amé André-Charles Cailleau, Libraire a Paris, Nous a fait exposer qu’il désireroit faire imprimer & donner au Public un Ouvrage qui a pour titre L’Art du Théatre en général.
Si elle en avait été d’une part moins évaporée et moins mêlée d’objets tristes, elle aurait parû de l’autre plus naturelle et plus raisonnable et aurait moins choqué les gens de bien.
Louis par la grâce de Dieu Roi de France et de Navarre, à nos aimés et féaux Conseillers les Gens tenants nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Conseil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenants Civils et autres nos Justiciers qu’il appartiendra, Salut.
Mais depuis qu’on l’a enfermé dans des Villes où il y a tant de désœuvrés d’une part, et tant de gens trop occupés de l’autre ; ceux-ci ont besoin de spectacles, pour se délasser ; et ceux-là pour alléger le poids de leur existence.
L’Artiste qui leve un plan & prend des dimensions exactes, ne fait rien de fort agréable à la vue ; aussi son ouvrage n’est-il recherché que par les gens de l’art. […] Apprenons par cet exemple à nous défier de ces gens universels, habiles dans tous les arts, versés dans toutes les sciences, qui sçavent tout, qui raisonnent de tout, & semblent réunir à eux seuls les talens de tous les mortels. […] Cette habitude de soumettre à leurs passions les gens qu’on nous fait aimer, altère & change tellement nos jugemens sur les choses louables, que nous nous accoutumons à honorer la foiblesse d’ame sous le nom de sensibilité, & à traiter d’hommes durs & sans sentimens ceux en qui la sévérité du devoir l’emporte, en toute occasion, sur les affections naturelles. Au contraire, nous estimons comme gens d’un bon naturel ceux qui, vivement affectés de tout, sont l’éternel jouet des évenemens ; ceux qui pleurent comme des femmes la perte de ce qui leur fut cher ; ceux qu’une amitié désordonnée rend injustes pour servir leurs amis ; ceux qui ne connoissent d’autre regle que l’aveugle penchant de leur cœur ; ceux qui, toujours loués du sexe qui les subjugue & qu’ils imitent, n’ont d’autres vertus que leurs passions, ni d’autre mérite que leur foiblesse.
Les gens d’honneur avaient ce spectacle en horreur. […] Quel est le Jugement par lequel on couvre de confusion des gens pour une profession qui les rend recommandables ? […] Les spectacles du Théâtre n’eurent plus rien qui ressentît les gens d’esprit. […] [NDA] Justin fit une loi par laquelle il permettait aux gens de famille d’épouser des Comédiennes. […] Et là venaient gens de toutes parts criant Noël, et les autres pleuraient de joie.
Il est plus rare encore que les mariages qui s’y font, soient jamais heureux ; ce n’est pas là que se rendent les gens sages : & quel est l’homme sage qui n’aime mieux épouser une fille modeste, retenue, pieuse, qu’une danseuse, fût-elle aussi légère que la Camargo, aussi voluptueuse que la Sallé ? […] Ce ne sont pas seulement les danseurs, c’est comme dans tout péché celui qui y participe, qui se rend coupable, & les violons & les chanteurs qui par leurs airs dirigent la danse, & ceux qui prêtent leurs maisons ou leurs habits ; les pères, les maîtres qui le permettent à leurs inférieurs ; & les Magistrats & gens en place qui les tolèrent, & les Pasteurs qui n’instruisent pas leur peuple ; ceux qui engagent, qui conseillent, qui applaudissent, qui regardent. […] Les gens de bien, dans l’impossibilité de dissiper ces ténèbres, & de corriger ces abus, sont réduits à gémir en secret, & à prior pour les aveugles qu’ils ne peuvent dessiller. […] Eh qui sont ces gens déguisés, ramassés au hasard, que le plaisir attire, qui en font des rendez-vous, qui y forment les plus criminelles intrigues, qui sont-ils ? […] Je ne parle pas des désordres de toute espece & sans nombre qui s’y commettent, folles dépenses en habits, en décorations, en rafraîchissemens ; dérangement des domestiques, des enfans, des voisins ; jalousies, vivacités, querelles, filouteries, insultes, diffamations de bien des gens, indécences de certaines mascarades impies, satyriques, scandaleuses ; parties de plaisir, qui précèdent ou qui suivent, &c.
En répandant sur les gens de bien un vernis d'hypocrisie et de ridicule, on affaiblit leur exemple, on fait mépriser leurs pratiques de piété et rejeter leurs avis. Tartuffe n'a corrigé aucun hypocrite, et a fait craindre et abandonner la vertu à une infinité de gens. […] Mais est-il de l'intérêt public de rendre les gens tristes et sombres ? […] Qu'ils sont dégoûtants, ces gens langoureux et plaintifs, à qui rien ne peut plaire, toujours rêveurs, silencieux, mécontents, inquiets, ils ne savent que faire des lamentations. […] On voit par expérience que la société des gens tristes inspire la tristesse, que la vue des objets affligeants répand l'amertume.
Il leur recommande fortement de ne pas souffrir que leurs enfants aillent à la comédie, de les châtier, s'ils y vont, et de prier pour eux comme pour des gens qui courent à leur perte : « Quotiescumque filios vestros ad spectacula currere pestifero amore cognoscetis, castigate eos, et abundantius pro eis Domino supplicate, quia illos videtis in luxuriosa oblectamenta et insaniam cecidisse. […] Ils y apprennent à plaisanter, à faire les bouffons, à tourner tout en ridicule, à copier les gens, à composer des farces à leur façon, à les jouer entre eux. […] Cependant j'étais trop jeune pour m'attacher à ma Chimène ; d'ailleurs elle était à toute heure entourée de gens moins jeunes et plus riches que moi, et prévoyant bien que si j'osais lui parler d'amour sans lui faire des présents, je n'en serait traité que comme un Ecolier, je cherchai des amours plus aisées. […] Les loges grillées, destinées, dit-on, pour les gens honteux ou timides, et où chacune avec son élève se rendent pour trente sols, les figurantes du second ordre furent plus que jamais fréquentées. […] Les garçons sont destinés à des emplois qui les obligent à parler en public, les gens d'Eglise, de robe ou d'épée ont besoin de l'exercice de la déclamation : les filles sont destinées à la retraite, leur vertu est d'être timides, leur gloire d'être modestes.
Ce célébre Académicien, dit le Grand Vocabulaire, tom. 9 pag. 138, cet homme illustre, qui mourut en 1738, régretté de tous les gens de Lettres. […] C. déclara, que les secrets de son Royaume sont cachés : ce sont des gens invulnérables, qui peuvent passer des jours entiers, à entendre des chants & des vers passionnés & tendres, sans en être émus : & des gens d’une si éminente vertu, ajoute-t il, n’écoutent pas ce que dit St. […] Ce sont prémierement, des gens désœuvrés, dont l’imagination est dépravée par l’oisiveté, la fainéantise, & l’amour du plaisir. […] Ce sont en second lieu, comme tout le monde en convient, des gens corrompus, qu’il faut empêcher de mal faire. […] Illicites & criminels, parce qu’on n’y fait la Cour qu’au plus fort, c’est-à dire, aux gens dont le cœur est gâté.
Il en chasse les Spectateurs, en les avertissant, que ibid ce genre de Poësie voluptueuse est seul capable de corrompre les plus gens de bien ; parce que n’excitant que la colére ou l’amour, ou quelqu’autre passion, elle arrose de mauvaises herbes, qu’il falloit laisser entiérement dessécher .
Louis par la grâce de Dieu Roi de France et de Navarre : A nos aimés et féaux Conseillers, les Gens tenant nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Conseil, Prévôt de Paris, Baillis, Sénéchaux, leurs Lieutenants Civils, et autres nos Justiciers qu’il appartiendra, Salut : Notre aimé le sieur … … ….
On sait que les personnes graves décrièrent les Spectacles, et qu’elles tâchèrent de les faire supprimer : On sait aussi que les gens de Lettres et les Poètes, de leur côté, cherchèrent à persuader, par leurs dissertations, que le Théâtre était utile, et que les Anciens l’avaient regardé comme une école pour la correction des mœurs : c’est une différence d’opinion qui dure encore.
Il en rapporte plusieurs morceaux, ne la cite jamais que pour adopter les sentimens de l’Auteur ; & lorsqu’il en vient aux différens parallèles qu’on a faits de Corneille & de Racine, il ajoute : bien des gens trouveront que personne n’a mieux touché au but dans cette question que M. le Franc.
Je me trouvai l’autre jour chez vôtre ami Monsieur *** Nous parlâmes sur le fatal present de la Comedie qu’on a fait à la ville : cependant, me dît-il, les fauteurs de la Comedie soûtiennent, que saint Thomas leur est favorable, en ce qu’il semble dire, que la profession des Comediens n’est pas mauvaise de sa nature, & que l’on peut même contribuer à leur subsistance, pourvû que ce soit d’une maniere moderée : j’aurois souhaité, que nôtre cher ami nous eût donné la solution à cette objection ; car quoique je sois convaincu, que cet Ange de l’Ecole n’a jamais approuvé les Comedies, telles qu’on les représente aujourd’hui ; cependant il faut le montrer à ces gens, qui se saisissent de toute couleur pour couvrir leur passion.
A nos aimés et féaux Conseillers les Gens tenant nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Conseil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenants Civils, et autres nos Justiciers qu’il appartiendra, Salut.
[c] Il était loisible même d’en faire métier aux gens d’honneur en Grèce : Aristoni tragico actori rem aperit : huic et genus et fortuna honesta erant ; nec ars, quia nihil tale apud Graecos pudori est, ea deformabat.
Les gens de talent et de goût diront sans doute que c’est un grand malheur de ne pas trouver des expédients pour corriger ces deux Pièces, qui du côté de l’art et du génie, sont des modèles si parfaits et si propres à servir d’Ecole aux Poètes : peut-être même me reprochera-t-on de ne l’avoir pas tenté ; mais je réponds qu’après les avoir examinées avec soin je les ai trouvées telles que je les avais d’abord envisagées, c’est-à-dire non susceptibles d’aucune correction ; quant aux Poètes qui les regretteront, je les exhorterai à les étudier dans leurs cabinets, à condition néanmoins qu’ils proposeront ces deux Comédies, autant comme des modèles à fuir par rapport aux mœurs, qu’à imiter par rapport au talent.
Les gens du siècle, dit l’Ecriture, se réjouiront ; et vous, vous serez tristes : demeurons donc dans la tristesse, pendant que les Païens se réjouissent, afin que lorsqu’ils commenceront à pleurer, nous commencions à nous réjouir, et de crainte qu’en nous réjouissant avec eux, nous ne pleurions un jour avec eux-mêmes. […] « C’est, dit-il, un péché mortel, si ces représentations se font par exemple, avec des paroles sales et avec des actions déshonnêtes, ou avec des enchantements ; parce qu’à ces sortes de gens on leur refuse la participation du Corps de Jésus-Christ, comme il est rapporté dans le Chapitre Pro dilectione dist. 2 de Consecr. […] dist. 86, Où saint Augustin dit que c’est un grand péché de donner de l’argent à ces sortes de gens, il veut dire aux Comédiens, pour leur peine, parce qu’on les entretient dans leur crime ; et c’est un péché qui paraît mortel, parce que par là on coopère à une action qui est péché mortel. […] Le Rituel de Sens au Titre de la Communion des malades page 90, parle des Comédiens en ces termes : Mais il faut prendre garde surtout de ne la pas donner à des indignes, ce qui ne se peut faire sans scandale, tels que sont des Usuriers publics, des Comédiens et des Farceurs, des Concubinaires et des gens notoirement criminels. […] S’il n’est pas permis d’aller à la Comédie, au moins quelquefois, dira-t-on, il ne reste presque plus de divertissement dans une grande Ville comme Paris, où il y a beaucoup de gens qui sont occupés à des travaux purement d’esprit.
de millions de gens qui y trouvent leur perte & leur désespoir. […] La religion, la décence, l’amour de la patrie font gémir tous les gens de bien. Le spectacle , dit-on hautement, ne peut être fréquenté que par des gens qui se mettent au-dessus de toutes les bienséances ; & qui, après avoir perdu l’honneur & la liberté, ne conservent que les richesses qu’ils y ont acquisent, & ne sauroient en faire usage que pour se plonger dans le tumulte des plaisirs bruyans, se cacher à eux-même, par cette diversion, tout l’odieux de leur conduite, & empêcher la nation de faire attention à ses malheurs. […] & autres personnes de différens états & conditions, & une troupe de musiciens, de fiacres & autres gens de la plus basse espece, vous avez fait bien avant dans la nuit, à la lueur des flambeaux, une irruption dans la maison du Sérénissime Prince Weroninski, Nonce du même Palatinat de Braclaw, dont sont les Princes Czerseverstizki, & que m’y étant présenté à vous ; Amplissime Seigneur Poninski, vous m’avez attaqué par des paroles injurieuses à mon honneur, à ma réputation, vous avez même fait effort pour porter la main sur ma personne, & m’avez calomnié en ces termes : Voici mon ennemi, toujourt contraire à mes sentimens, que je méprise comme indigne d’être mon ami.
Mais la hardiesse à avancer des faits si faux, ne peut se trouver que dans des gens de Théatre : il va même jusqu’à les débiter du ton le plus tranchant. […] Je me transporte dans les temps fortunés de l’âge d’or, où la scène de la Nature non corrompue charmoit les cœurs des gens de la campagne, inaccessibles à la corruption (ce sont des saints). […] Quels sont ces gens de la campagne ; dont le cœur est inaccessible à la corruption ? […] La bonne éducation ne le permet pas, les gens mariés même se rendroient ridicules s’ils les prenoient devant le monde.
Les gens de condition se croiroient ailleurs déshonorés par ce mélange, ils diroient comme Patris : Retire-toi, coquin, va pourrir loin d’ici, Il ne t’appartient pas de m’approcher ainsi. […] Entre autres il y a deux choses singulieres : un serpent représenté par un homme habillé en Arlequin : une simphonie, tantôt gaie, tantôt lugubre, dans un temps où il n’y avoit ni instrumens de musique, ni gens pour en jouer ; on donne des habits blancs à Adam & Eve, & à la scène 6 on dit qu’ils sont nuds, &c. […] Ce sont les réflexions judicieuses d’un homme d’esprit sur les gens de lettres, rapportées dans le Mercure d’octobre 1765. (2. […] Si dans son fameux paradoxe sur la corruption des mœurs, causée par les sciences, Rousseau se fût borné à la science du théatre, il eût avancé une vérité que l’expérience de tous les siecles & le sentiment de tous les gens de bien eussent démontrée.
Dans celle de M. de Crébillon les gens sans humeur voient un Scélérat sublime peint tel qu’était Catilina, et qu’il faudrait peindre un Cromwell : car les Scélérats ont leurs héros comme les gens vertueux. […] Voilà ce que d’habiles gens, des connaisseurs délicats, remarquent au premier coup d’œil ; « au lieu que nous autres petits Auteurs, en voulant censurer les écrits de nos maîtres, nous y relevons, par étourderie, mille fautes, qui sont des beautés pour les hommes de jugement. »by C’est donc votre fautebz de n’avoir pas senti pourquoi M. de Crébillon a conservé au caractère d’Atrée toute la noirceur qu’il a trouvée dans l’original Grec, à très peu de chose près ; c’est votre faute de n’avoir pas senti pourquoi ce Sophocle Français a mis, dans la bouche de ce monstre ce vers terrible qui vous révolte si fort ; c’est votre faute enfin de ne pas savoir que plus un Scélérat est heureux, plus il est en horreur à tous ceux qui le connaissent. […] J’ai joué, comme je vous l’ai déjà dit, le rôle de Séide dans cette pièce ; M. de Voltaire avait lui-même composé notre Auditoire de gens qu’il avait prié d’apporter un œil connaisseur et critique sur la pièce et sur les Acteurs, plutôt que leurs dispositions à se laisser toucher par les beautés d’un Poème.
Il ne s’agit plus de combattre ici contre le sophisme armé d’une plume d’or, et secondé par l’éloquence, et la prévention des sots : il s’agit de justifier ma profession aux yeux des gens d’une piété éclairée et de leur prouver que la conduite de Mr. […] Il est beaucoup plus raisonnable d’amuser et d’instruire le Public que d’être au service de gens qui à l’orgueil du Pharisien ne joignent assurément pas les remords justifiants du Publicain leur Confrère. […] Rousseau, j’y ai trouvé des gens qui jouaient des Rôles de fripons et qui auraient été très fâchés qu’il y eût dans le monde de plus honnêtes gens qu’eux. […] J’en appelle aux gens de bon sens : je leur demande si une éducation un peu suivie inspire beaucoup de goût pour l’esclavage rebutant d’une profession Mécanique ; s’il n’est pas sage, prudent et même religieux de s’adonner à ce à quoi on est le plus propre, s’il n’est pas du devoir d’un fils d’être pressé d’ôter à sa famille dont il a autant lieu de se louer que je l’ai de la mienne, le fardeau de son entretien. […] Dieu, l’humanité, la probité, la charité, leur prescrivent en qualité de Chrétiens d’être pour ainsi dire des Anges de paix : ils doivent rejetter toute cause non seulement mauvaise mais même équivoque ; et ces gens à qui leur Religion prescrit d’employer leurs lumières à maintenir l’union et la paix entre leurs frères, n’auraient pas de pain s’ils n’y entretenaient la discorde.
On l’abandonne aux gens de cabinet. […] Ceux qui font profession de littérature, n’ayant à plaire qu’à des gens qui n’ont point d’idées saines, sont convaincus de leur supériorité, & leur font goûter sûrement tout ce qui sort de leur plume.
Outre que la représentation, pour nous renfermer dans le Théatre, en mettant sous les yeux tous les ressorts, toutes les machines d’un Drame, affecte plus distinctement que la lecture ; il nous semble que le public est, dans son état naturel, éclairé par un guide plus fidéle que celui des Gens de Lettres. […] C’est elle, en comblant sans reserve, d’éloges, d’honneurs, & de présens, des gens qu’il ne faut encourager qu’enraison de leur dépendance, & qu’autant qu’ils ne s’écartent pas de leurs devoirs.
Mais, me dira-t-on, les gens âgés ! — Les gens âgés ne font point de pièces de théâtre : réservez-leur quelques banquettes, mais favorisez le jeune homme qui respire le feu du talent, et se grandit d’un pied, quand il voit à la scène ce que le jeu d’un grand acteur pourrait un jour ajouter à sa gloire.
Et croyez-moi, ce sont peut-être les seules gens qui vous étaient favorables. […] Vous pouviez employer des termes plus doux que ces mots « d’empoisonneurs publics », et de « gens horribles parmi les chrétiens ».
Vous devez de même, Monsieur, être entendu par les gens sensés & par toutes les personnes de bonne foi, qui, averties par l’expérience, voudront se rappeller les scrupules qu’elles ont éprouvés les premieres fois qu’elles ont été à nos Théatres, avec les justes préventions qu’une bonne éducation leur avoit inspirées contre ces amusemens si funestes à la vertu.
Racine & les tragiques font excuser les vices & aimer les vicieux ; Moliere & les comiques font mépriser la vertu & hair les gens vertueux.
Riccoboni reproche encore aux Spectacles, de n’être que l’occupation oisive de ceux qui n’en ont pas ; d’offrir aux gens occupés un délassement qui n’en est pas un ; d’apprendre trop tôt a la jeunesse l’usage de son cœur, &c. […] Voici une belle vérité : mais l’application en est nulle ; & je répéterai mille fois, qu’il ne s’agit pas d’amuser le petit nombre des hommes sages, mais le grand nombre de ces insensés, plus faibles que méchans, dont la conscience est une sentine, où ils ne peuvent se résoudre à demeurer long-temps : toute autre instruction que celle qu’assaisonne le plaisir serait infructueuse pour ces gens-là. […] Je partage cette humeur, Mademoiselle ; vous avez raison : j’ai vu pleurer sur des chimères ces mêmes gens, qui refusent au Moissonneur errant dans leur Ville en attendant sa location, le quart d’un sou qu’il leur demande pour subsister. […] Il y a apparence qu’elle devait être bien imparfaite, puisqu’Aristophane, au milieu d’Athènes, dans le centre de la politesse, ne donna d’abord, en suivant le même genre, que d’indignes Satyres, où les gens de bien étaient sacrifiés à la basse jalousie. […] Laissons à leurs sombres idées le reste des Misomimes ; il est des gens qui n’ont jamais connu la nature ; toujours guindés au-dessus de l’humanité, ils se font un fantôme de vertu, dont la base est la misanthropie, unie à l’absurdité.
Ce n’est donc qu’un mensonge, pour jetter de la poussiere aux yeux des gens de bien, qui voudroient se laisser duper. 2°. […] Les plus braves gens, jouent à la guerre des comédies très inutiles & très-dangereuses. […] Bien des gens font une fête après cinquante ans de mariage, & l’on vient de célebrer la centième année de Moliere, à l’exemple des jeux séculaires des romains. […] Négligence de sa famille, dissipation de son bien, duel donné, comédie satyrique, épigrammes malignes contre bien des gens, obscénités innombrables, censures perpétuelles du clergé, des prêtres, des moines, de l’Eglise, des choses saintes, la plupart triviales & plates. […] Ce petit conte est fait à plaisir, pour lancer un trait malin contre les gens d’église.
Cependant comme le coup est imposant, que le bruit frappe & fait peur, que peu de gens savent l’origine de la poudre, & n’apperçoivent pas de tels anacronismes en artillerie, on s’y est accoutumé, & content d’être ému, on fait grace. […] L’Auteur n’est pas de l’avis des saints Peres, des Synodes Protestans, de tous les gens de bien, de Boileau, de Fagan, de Ricoboni, & du plus grand nombre des Dramatiques, qui ne veulent point qu’on profane l’Ecriture en la mettant sur le théatre. […] C’est la manie des gens sans religion ou sans lumiere de ramener tout au ton & à l’esprit du siecle, jusqu’à changer les principes, les idées & le langage. […] Les Echevins, gens de bien, instruits des défenses de la représenter faites ailleurs, & craignant le scandale, menacerent de la prison le Directeur de la Troupe. […] Les Acteurs & les Actrices sont des corrupteurs, les amateurs des débauchés, les spectateurs des gens frivoles, bien-tôt libertins.
Les Juifs n’avaient de spectacles pour se réjouir que leurs fêtes, leurs sacrifices, leurs saintes cérémonies : gens simples et naturels par leur institution primitive ; ils n’avaient jamais connu ces inventions de la Grèce : et après ces louanges de Balaam, « il n’y a point d’idole dans Jacob, il n’y a point d’augure, il n’y a point de divination »Num.
Ils se relevèrent quelque temps après sous une autre forme dont il ne s’agit pas ici ; mais comme l’on ne voit pas que Saint Thomas en ait fait aucune mention, l’on peut croire qu’ils n’étaient pas beaucoup en vigueur de son temps, où l’on ne voit guère que des récits ridicules d’histoires pieuses, ou en tout cas certains jongleurs, joculatores, qui divertissaient le peuple, et qu’on prétend à la fin que Saint Louis abolit, par la peine qu’il y a toujours à contenir de telles gens dans les règles de l’honnêteté.
« Il n’y a peut-être point de gens, dit Bayle, qui puissent se donner plus de carrière, en fait de maximes impies et libertines, que ceux qui composent des pièces de théâtre ; car, si on voulait leur faire un crime de certaines licences qu’ils prennent, ils ont à répondre qu’ils ne font que prêter à des profanes ou à des personnes dépitées contre la fortune les discours que le vraisemblable exige.
Je ne puis comprendre comment des gens sages ont pu vouloir leur donner ce goût, soit-en les menant aux spectacles, soit en les faisant représenter chez eux & par eux-mêmes. […] Ce raisonnement s’applique aussi facilement aux gens de bien ; ils font des fautes sans doute, ils pensent quelquefois imprudemment, nul n’est parfait sur la terre ; faut-il pour cela les éviter, les condamner, les tourner en ridicule ? […] Ils feroient eux seuls un spectacle très-séduisant, & bien des gens même n’en cherchent point d’autres, par leur assemblage. […] Qu’on en juge par le caractere de ceux qui fréquentent les mauvais lieux ; on n’y voit aller que des gens sans mœurs ; ou si une premiere fois on y vient innocent, on n’en revient que corrompu, & bientôt tout-à-fait dépravé, si l’on continue. […] Elle entend dire que son amant s’est noyé, elle tombe évanouie, on l’emporte chez elle ; elle revient quelque temps après les cheveux épars, & se laisse tomber sur le gazon, contre l’usage des gens de la campagne, qui ne donnent point ces sortes de signes de douleur.
Je prétends qu’il y a des divertissements dans le monde, qui passent pour légitimes et que l’opinion commune des gens du siècle autorise, mais que le christianisme condamne, et qui ne peuvent s’accorder avec l’intégrité et la pureté des mœurs. […] Je ne dis pas que ç’a été la morale de gens foibles et instruits, bornés dans leurs vues et timides ou précipités dans leurs décisions : outre leur sainteté qui nous les rend vénérables, nous sçavons que c’étoient les premiers génies du monde ; nous avons en main leurs écrits, et nous y voyons la sublimité de leur sagesse, la pénétration de leur esprit, la profondeur et l’étendue de leur érudition. […] je l’ai dit ; quelques mondains, c’est-à-dire un certain nombre de gens libertins, amateurs d’eux-mêmes, et idolâtres de leurs plaisirs ; de gens sans étude, sans connoissance, sans attention à leur salut ; de femmes vaines, dont toute la science se réduit à une parure, dont tout le desir est de paroître et de se faire remarquer, dont tout le soin est de charmer le temps et de se tenir en garde contre l’ennui qui les surprend, dès que l’amusement leur manque et qu’elles sont hors de la bagatelle ; mais, ce qu’il y a souvent de plus déplorable, dont la passion cherche à se nourrir et à s’allumer, lorsqu’il faudroit tout mettre en œuvre pour l’amortir et pour l’éteindre. […] Quel spectacle, de voir un cercle de gens occupés d’un jeu qui les possede, et qui seul est le sujet de toutes les réflexions de leur esprit et de tous les desirs de leur cœur ?
Il en est de cette société muette avec des images, comme de la société, avec les brillants, les gens frivoles du monde, qui ne connoissent que les modes, les jeux, les spectacles, les Breloques ? […] Parce qu’elle est un péché, & que le péché est opposé à la sainteté ; si l’immodestie étoit une chose indifférente, elle pourroit au gré des peintres, être comme la couleur des habits, attribuée aux gens de bien, comme aux autres. […] Qui sont de nouveaux écueils pour l’innocence, & qu’on ose les vendre douze livres ; & il se trouve des gens assez imbéciles, ou plutôt assez libertins pour l’acheter.
Je trouve encore d’autres défauts dans la Pièce dont il s’agit ; c’est que le titre me fait attendre un Fermier : j’ai lieu de croire qu’il sera peint tel que je me représente les gens de la campagne ; & point du tout. Au lieu de voir des Paysans, mes yeux ne parcourent que des gens armés, & un inspecteur des gardes-chasse. […] Il suppose qu’il court une Chanson nouvelle, dont on à remis une copie au prétendu Devin, homme censé dans le cas d’être visité par des gens à même de la savoir ; le Devin la donne aux deux Personnages de la Pièce, simples Paysans, qui n’auraient pu chanter une Chanson aussi spirituelle sans blesser la vraisemblance.
Ne croyons pas qu’à Londres, où il y a tant de Gens de Lettres, & où les Poëtes Grecs sont si connus, le Théâtre Anglois soit approuvé de tout le monde. […] C’est-à-dire, qu’après les premiers complimens faits à l’Auteur par un petit nombre de Gens de Lettres, elle seroit demeurée ensevelie dans l’oubli. […] Ce récit peu favorable à la Mérope Italienne, & le jugement qui en est porté dans les Observations de l’Abbé Desfontaines, dans celles de Lazarini imprimées à Rome en 1743, & dans une Lettre écrite à M. de Voltaire qui se trouve dans ses Œuvres, fera demander pourquoi une Piéce qui produisit si peu d’effet à la Représentation, & dans laquelle les Critiques ont relevé tant de défauts, fut quand elle parut, si vantée par les Gens de Lettres de l’Italie, & même parmi nous.
, qui vont à la Comédie, il y en a quelques-uns, qu’il serait indécent et scandaleux d’y voir assister, comme sont les Religieux et surtout les plus réformés, et je vous avoue que j’aurais de la peine à les sauver du péché mortel, aussi bien que les Evêques, les Abbés et tout les gens constitués en dignité Ecclésiastique : non pas qu’ils assistassent à des spectacles mauvais, mais parce qu’étant consacrés à Dieu, ils doivent se priver des divertissements du siècle, outre que leur présence en ces sortes de lieux pourrait causer du scandale. […] Charles bien des gens parlaient de la Comédie comme quelques-uns en parlent encore aujourd’hui, pro nihilo putant ? […] Quand on entend parler des Pères de l’Eglise comme des gens « qui s’abandonnent à la rigueur, qui se gendarment24, qui se déchaînent25 », car c’est ainsi que l’Auteur parle toujours des Pères) ne semble-t-il pas qu’il les regarde comme des Auteurs peu judicieux, qui n’écoutant point la raison, décident de tout sans modération et sans connaissance ; et que les Scholastiques au contraire sont de sages maîtres, dont les lumières, la sagesse, les tempéraments, et l’autorité doivent nous régler.
Mais il ressemble à tant de gens sortis de la fange, qui s’élèvent bientôt par leur mérite, & font oublier ce que leur origine a de vil & de bas. […] Les couplet qu’on devait chanter étaient sur des airs connus, on en répandait des copies dans le Partèrre & dans les Loges ; l’Orchestre jouait l’air, des gens apostés exprès, confondus parmi les Spectateurs, commencaient à chanter, le Public les accompagnait en chorus.
Combien de gens ont lu sa Lettre, qui ne l’eussent pas regardée, si le Port-Royal ne l’eût adoptée, si ces Messieurs ne l’eussent distribuée avec les mêmes éloges qu’un de leurs Ecrits. […] Il leur faut des gens connus et des plus élevés en dignité, je ne suis ni l’un ni l’autre, et par conséquent je crains peu ces vérités dont vous me menacez, il se pourrait faire qu’en me voulant dire des injures, vous en diriez au meilleur de vos amis, croyez-moi, retournez aux Jésuites, ce sont vos ennemis naturels.
On verra dans le cours de cet Ouvrage que l’envie des succès d’autrui n’est pas l’éguillon qui m’a guidé : si ma fortune était moins bornée, la preuve serait aisé à donner : mon bien serait celui des enfans des arts ; au surplus, j’ai pour garands ceux qui me connaissent : souvent avili par des gens méprisables, c’est l’ordinaire, en état de leur faire payer cher leurs infâmes menées, j’en ai dédaigné les moyens, on le sait… un mot m’eut mis à même d’en avoir satisfaction, Mais me venger est au-dessous de moi.
» Que si la raison seule peut faire avoir ces sentiments, combien en doit-on plutôt avoir de semblables dans l’école de Jésus Christ, qui est une école de mortification et de renoncement à tous ces vains plaisirs ; Et que peut-on concevoir de plus indigne de la Religion d’un Dieu mourant sur la Croix, que de prétendre honorer un de ses Pontifes par une troupe de baladins, que Cicéron aurait pris pour une troupe de fous ou de gens ivres.
Le licite et le régulier le ferait languir s’il était pur : en un mot, toute comédie, selon l’idée de nos jours, veut inspirer le plaisir d’aimer : on en regarde les personnages, non pas comme gens qui épousent, mais comme amants : et c’est amant qu’on veut être, sans songer à ce qu’on pourra devenir après.
Dés là donc tout ce temps est un temps perdu, ce qui, comme on l’a déja veu, n’est pas peu de chose, sur tout pour des gens qui en auroient tant d’autres plus utiles et plus pressantes à faire.
Au peuple près & aux gens de la campagne, tout le monde en porte, & plusieurs à l’excès, & il y en a grand nombre de l’un & de l’autre sexe, pour qui chaque jour il faut moins de farine en pain, qu’il ne lui en faut en poudre. […] Nous n’en parlons que pour faire voir combien dans tous les tems, les gens vicieux, étoient jaloux de leur parure, comme les femmes l’ont été de leurs cheveux, les gens vertueux au contraire l’ont toujours négligée, & contens d’une propreté honnete, dont la bienséance fait un devoir à tout le monde, ont toujours méprisé & condamné comme une foiblesse, un grand danger pour la vertu, & même un vrai péché, cette affectation de nourrir, de friser, de poudrer, de teindre, d’arranger, de parfumer ses cheveux, qui fait presque la moitié de la vie, de tous les libertins, de tout état, de tout sexe, jusques dans le Sanctuaire. […] D’où son venues nos perruques, on les appelloit Galerum, elles couvroient les cheveux naturels, & déguisoient les gens, comme font les perruques.
Bien des gens ayant vu au théatre une paysanne recevoit une couronne de roses, pour prix de sa sagesse, par les suffrages des habitans de son village, doutoient qu’une cérémonie si respectable eût lieu en France. […] Cet éloge vrai renverse tout le plan des deux farces de Favard & de Pezai, qui toutes deux degradent, & les filles, & leurs parens, & en font des gens de théatre. […] Pourquoi aller chercher un village & un saint Evêque, qu’on défigure & qu’on profâne, & faire parler des paysans comme des gens de cour ? […] Voilà le risque que courroit la Rose, si elle étoit abandonnée au choix du Seigneur : lui ou ses gens, sans égard pour la vertu, ne la donneroient qu’a leurs maitresses, & engageroient les filles dans le désordre pour l’obtenir.
Mais s’ils étoient Comédiens avec de l’esprit, ils n’étoient pas gens d’esprit, parce qu’ils étoient Comédiens. Les Comédiens sont souvent admis chez les Grands, j’en conviens, mais comme des instrumens de plaisir ; mais comme des gens capables, par des bouffonneries, ou par le récit de quelques-uns de leurs rôles, de divertir un cercle nombreux.
Notre légèreté, notre futilité, notre enfance de raison, voila la vraie, la principale cause des succès de la Comédie-Ariette, genre tout-à-fait monstrueux, & que les efforts des plus habiles gens ne pourront faire rentrer dans la nature. […] Gens des Villes, pour connaître le Paysan, il faut avoir vécu long-temps avec lui son égal.
Le moyen que je conseille approche bien plus de la Nature, que le Vaudeville : des gens joyeux peuvent chanter tous ensemble quelques mots, & non un grand nombre de couplets. […] Il est absurde de faire chanter tout-à-coup des gens qui ne se sont servis que de la parole pendant tout le cours de l’action. […] Les gens délicats, ou trop difficiles, lui font aussi-bien des reproches.
La cruauté révolte bien des gens, le plaisir attire tout le monde ; on rougirait d’imiter l’un, on se fait gloire de se plonger dans l’autre. […] Il est indigne d’un honnête homme de reconnaître des Dieux qui se plaisent aux hommages des gens infâmes. […] Lorsque après la pièce on voit cet antre profond du théâtre vomir une foule de gens perdus de vices, pleins des folies qu’ils viennent de voir, se repaissant, s’applaudissant de choses, non seulement inutiles, mais pernicieuses et empestées, qui rencontrent des serviteurs de Dieu, ils en ont pitié, et s’écrient qu’ils sont malheureux d’être privés de ces plaisirs.
Dans les Pièces de cette dernière espèce (s’il y en avait) les gens sages ne trouveraient rien qui pût les scandaliser ; parce que ceux même qui sont les moins scrupuleux, n’y verraient rien qui pût les exciter au mal. […] Quant à ce qui regarde l’instruction, la passion d’amour appartient autant à la Tragédie, à la Tragicomédie, à la Comédie Héroïque, qu’aux autres espèces de Pièces où l’on introduit des gens de qualité, des Bourgeois, des gens du peuple, des paysans, etc.
Les Monfleuri étoient des gens de condition, que la furent du théatre dégrada ; ils en rougissoient, & pour ne pas déshonorer leur famille, ils changerent leur nom. […] Un édit exprès enrégistré dans tous les Parlemens, qui casseroit toutes les anciennes & gothiques diffamations, tous les requisitoires des Gens du Roi, & les arrêts sans nombre qui ont flétri & défendu la comédie, ne vaudroit jamais trois salles royales & plusieurs millions. […] Ce sont des gens de bien, dit on ; on sait bien que non, & que le grand nombre des amateurs du théatre sont sans religion & sans mœurs ; ils en ont peut-être l’apparence, du moins quelqu’un. […] Il y a eu dans tous les temps, en bien & en mal, des sociétés de gens qui pensent de même, & que les intérêts, la doctrine, le plaisir, la sympathie lient étroitement. […] Les Mexiquains imitoient toutes les nations qu’ils connoissoient, surtout les gens disgraciés de la nature, bossus, boiteux, nains, les contrefaisoient les uns les autres, ce qui faisoit des comédies très-divertissantes.
Il faut avoir soin de conserver toujours aux gens le même caractère, c’est-à-dire, qu’un Héros ne soit pas intrépide dans une occasion, et lâche dans une autre ; un Philosophe prudent, et étourdi ; une femme vertueuse et coquette, selon les occurrences. […] Il est vrai que les Pères ont terriblement déclamé contre la Comédie ; et que l’on trouve en plusieurs endroits, des Satires sanglantes contre les Chrétiens relâchés, qui assistaient aux Spectacles : Mais l’on peut dire que les Comédies de ce temps-là ne ressemblaient guère à celles que l’on représente aujourd’hui sur nos Théâtres ; c’étaient des spectacles de turpitude, où l’on n’observait nulle bienséance, et où la pudeur était offensée par des postures et des représentations indécentes ; au lieu que les Comédies d’aujourd’hui, bien loin de blesser les bonnes mœurs, contribuent à réformer les vices ; nous l’avons connu par expérience, depuis trente ans : L’air précieux avait infecté Paris et les Provinces ; on s’était fait un jargon ridicule et plein d’affectation, qu’on avait toutes les peines du monde à entendre : On affectait des manières qui jetaient les gens hors de leur naturel, et qui les travestissaient absolument : Toutes les raisons qu’on apportait pour faire sentir le ridicule de cet air précieux, ne faisaient que blanchira : La Comédie de Molière, qui exposait à la risée du public les Précieuses ridicules, les ramena au bon sens ; et les fit rentrer, malgré elles, dans leur naturel. […] Peut-être que si les Pères, qui ont fait des déclamations si fortes contre les pièces de Théâtre, eussent trouvé la Comédie, telle que nous la voyons aujourd’hui, peut-être l’eussent-ils tolérée, comme on la permet maintenant ; ou du moins ils en auraient parlé avec plus de modération ; ils n’auraient pas fait des invectives si sanglantes contre le Théâtre, ni défendu sous des peines si sévères, d’y assister : Quelque dépravées que soient nos mœurs, si l’on jouait maintenant les Comédies que l’on représentait du temps des Pères, il n’y aurait personne qui n’en fût scandalisé ; et l’on ne trouverait que des misérables, et des gens de la lie du peuple, qui osassent s’y montrer. […] La Danse, compagne ordinaire des spectacles, vient à peu prés de la même source : d’abord elle était toute naturelle, et telle qu’elle s’est conservée parmi le petit peuple ; mais comme l’on raffine toujours, on en fit un art, et on y mêla une infinité de pas très subtils, et d’agréments, qui ne purent être pratiqués que par un fort petit nombre de gens ; et qui ne contribuent pas peu à amollir et à corrompre le cœur par les postures qui font la principale beauté de la Danse. […] Saint Louis, plein de zèle pour la véritable piété, chassa de son Royaume tous les Comédiens, comme gens pernicieux et capables de corrompre les bonnes mœurs de ses Sujets.
Rien ne corrige les méchans : l’Auteur de cette Parade (Paliss… de M…) en a fait une seconde, où il a embrassé le même Citoyen qui avait obtenu son pardon, avec un grand nombre de gens de bien, parmi lesquels on nomme un de ses Bienfaiteurs.
Ce n’est pas que sur le pied où en sont aujourd’hui les choses, il ne soit difficile que sa Sainteté en fasse éclater son juste ressentiment avec fruit ; mais le Héros n’en sera que plus à plaindre, et les gens de bien, mes Pères, au lieu de prendre part à la joie profane de votre ridicule Ballet, gémiront de voir un homme qui selon l’expression de l’Ecriture, « abandonne son propre lieu, et devient comme un oiseau qui quittant son nid », court risque d’être foulé aux pieds des passants.
Il peut y avoir des gens qui achetent des livres dans la seule vue de faire une bibliothéque ; mais il n’est pas croyable que ceux qui lisent, n’aient d’autre dessein que de lire. […] Il y a quinze ans qu’il l’a connoissoit plus mal encore ; cependant, dès ce tems là, il remarqua & reprit des fautes de langage, qui ne sembloient pas permises à des gens qui faisoient profession publique de la parole.
Vous entreprenez beaucoup, quand vous prétendez qu’on doit s’abstenir des danses, des bals, & des comédies : c’est un usage que bien des gens ne condamnent pas, & une ancienne coûtume : pourquoi ne sera-t-il pas permis de la suivre ? […] Ils ont beau dire qu’ils ne prétendent pas consentir au péché de ceux qui s’en servent, ils ne laissent pas d’être coupables : car s’il n’y avoit point d’artisans qui fissent & vendissent des masques, on n’en verroit pas tant dans les rues & dans les bals, au grand scandale des gens de bien.
Vous les tenez pour des gens infames. […] Platon, le maître d’Aristote, est bien plus rigoureux, il a banni tout-à-fait le Théâtre de sa république : nous ne recevons, dit-il2, ni la Tragédie ni la Comédie en notre Ville, ce genre de poësie voluptueuse est capable de corrompre les gens de bien, par ce que n’excitant que la colere ou l’amour, ou quelqu’autre passion qu’elle arrose les mauvaises herbes qu’il falloit laisser entierement secher*.
La foule y fut très-nombreuse, & la recette les dédommagea abondamment des places gratuites dont ils avoient fait une aumône à ces pauvres gens ; on l’esperoit bien de ce charitable artifice, cette idée est neuve. […] que ces gens-là voulant se donner un air de littérature & de beaux esprits, & se mettre à la mode de Paris, ont bâti un théatre qu’ils décorent du grand nom de Théatre National, qu’ils y représentent des pieces, qu’un d’entr’eux, qui fait des vers, a composé une tragédie, qu’ils ont jouée ; mais quelle piece, mais quel succès, mais quels applaudissements ! […] Une infinité de gens furent précipités dans l’eau, & y périrent ; ceux qui se sauverent furent la plupart estropiés, & toute la ville dans la plus grande désolation.
Ce qui n’est qu’un goût & un ton pour bien des gens, peut être une passion dans un jeune homme sans expérience. […] Dans ce livre, qui n’a guère plus de dévotion que les ouvrages & la conduite des gens de théatre, on trouve ordinairement amicus, amica, frater & soror, à la place d’amant & de maîtresse, qu’ils ne se font aucun scrupule d’employer. […] On joue encore dans ce goût en Espagne ; le Roi y vient, les gens de qualité y sont invités par billets.
N’est-il pas, comme on l’a prouvé si souvent, utile par le plaisir qu’il donne, par la morale que renferment ses Pièces, par les occupations dangereuses & le jeu ruineux qu’il fait éviter à tant de gens ; par cette politesse, cette urbanité, qu’il introduit parmi le Peuple, sur lequel tout ce qu’il voit au Théâtre impressionne toujours beaucoup ? […] Je vois même un avantage considérable à donner de-temps-en-temps cet amusement aux Provinces éloignées ; il consiste en ce que le Spectacle dramatique, quoique momentané, retiendra chez eux les gens aisés, qui ne se verront pas dans la nécessité de venir le chercher coûteusement à la Capitale. […] Des loix sévères, réprimantes, ne seront jamais aimées par des Histrions ; on en a donné la raison plus haut : il faut donc trouver des Acteurs que leur condition, leur état, leurs espérances obligent à penser différemment de ces gens-là.
Dans l’autre ce sont des gens connus et choisis ; point de mélange de sexe, les états mêmes sont séparés pour mieux proportionner l’instruction, Ecoliers, Artisans, Messieurs, Ecclésiastiques. Les Congréganistes sont communément des gens de bien ; ils ne vont régulièrement à des exercices peu amusants, que par principe de piété, ils n’y font que de bonnes œuvres. […] C’est si bien un métier et des plus serviles, qu’on n’y a jamais employé que des esclaves, tandis que l’esclavage a été souffert, et depuis qu’on l’a aboli, on n’y a jamais vu que des gens de la lie du peuple, ou si quelquefois le libertinage a fait entrer un honnête homme dans quelque troupe, il n’a fait que se dégrader en y entrant ; et je demande aux plus grands amateurs s’ils voudraient se déshonorer jusqu’à se faire Comédiens, ou souffrir que leurs femmes, leurs enfants, leurs parents s’en fissent ?
Leur dessein est de refuser tous ceux qui seraient bas, trivials, & qui ne peindraient que des gens de la lie du Peuple.
C’est un grand malheur pour un État lorsqu’il se trouve beaucoup de gens dans la Capitale qui peuvent y vivre sans rien faire : ces dangereux frelons y corrompent les mœurs ; la contagion gagne les conditions occupées, & de la Ville, elle s’étend jusqu’aux Provinces les plus reculées.
Si le clergé de France persiste à vouloir excommunier les gens de théâtre, et si des prêtres leur refusent les prières et la sépulture en terre sainte, ils se trouvent, ainsi que nous l’avons déjà dit, en contradiction manifeste avec le souverain pontife à Rome, qui protège les comédiens sans les excommunier, et dont les prédécesseurs eux-mêmes ont fait élever à grands frais des théâtres qui font l’amusement de la capitale du monde chrétien.
Comme je n’ai en vue que le bien de la République, je m’expose volontiers à la critique de ceux qui ne se piquent pas de beaucoup de délicatesse sur les règles des bonnes mœurs ; étant persuadé au surplus que les gens de bien me sauront quelque gré de mon travail : leur approbation, si je parviens à l’obtenir, suffira pour me satisfaire.
La passion pour le Théâtre va si loin en France, que les mères les plus austères, celles qui évitent avec le plus de soin le Théâtre public et qui par conséquent n’ont garde d’y laisser aller leurs filles, ces mêmes mères assistent, sans aucun scrupule, avec leurs filles aux représentations des Comédies de Molière, lorsqu’elles se font dans quelques maisons particulières et que les Acteurs sont ou des Bourgeois, ou des Seigneurs : Souvent même on les voit applaudir à des parades bien moins châtiées que les Comédies en forme ; marque évidente d’une inconséquence dans la conduite, qui n’est malheureusement que trop commune parmi des gens d’ailleurs très respectables.
la modestie & le recueillement des gens de bien à l’Église, les nudités, l’effronterie des Actrices sur la scène, la piété des cantiques, la sainteté des Sermons, & l’orgueil du tragique, la licence du comique ; l’un est l’ouvrage de la grâce, & mène à la vie, l’autre est le chef-d’œuvre du vice, & conduit à la mort. […] Cette pensée est ancienne & commune, Martial en a fait quelque épigramme ; elle est très-vraie, & bien des gens en font sentir la vérité. […] Le Saint-Esprit dit ailleurs parlant des gens sans religion : leurs filles sont magnifiquement parées & ornées comme des temples filiæ eorum compositæ circum ornatæ ut similitudo templi , d’où est venue la façon proverbiale de parler : parée comme un autel ; le mot compositæ peut aussi signifier leurs filles sont belles, bien faites ; le mot temple doit se rapporter aux temples des idoles qui étoient richement ornés ; car du temps de David le temple de Salomon n’étoit pas bâti, ou au tabernacle qui étoit fort orné d’or, d’argent, de pierres, d’étoffes précieuses. […] Basile essuyèrent de pareils reproches, & y firent les mêmes réponses ; dans tous les siècles le passions ont aveuglé les personnes les plus respectables, & fait gémir les gens de bien, & rire le monde de leurs excès & de leurs excuses.
mériteront-elles moins les anathèmes de tous les gens de bien ? […] Les gens les plus distingués furent l’objet de leur malignité, ils avoient l’effronterie de jouer les Sénateurs même. […] Dans ce tableau on voit une grande salle (le bal de l’opéra) jonchée de fleurs, éclairée par des lustres ; d’un côté des filles qui dansent, d’un autre des gens à table, d’autres enfin qui écoutent des instrumens de musique (un Wauxhal) ; Comus au milieu, couronné de roses, comme tous les autres, la joie dans les yeux, le souris sur les lèvres, enivré de plaisir, se soutenant à peine sur ses pieds, s’appuyant d’une main sur un épieu, tenant nonchalamment de l’autre un flambeau allumé qu’il laisse pancher. […] Pour éluder la loi, on porte dans sa poche un faux nez qu’on s’applique en entrant, pour se déguiser ; mais des gardes sont chargés de prendre à l’entrée les gens par le nez pour voir s’ils ont un nez postiche.