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170. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

C’est un homme du monde, qui a le double mérite, & d’oser dire la vérité, & de sçavoir la bien dire. […] La Vérité ne sera jamais annoncée, sans quelques triomphes sur les efforts du vice. […] Et, s’ils sont sinceres, ils peuvent dire avec vérité : J’ai vu & j’ai été vaincu, Vidi & perii. […] Et ce caractere de vérité les rend infiniment plus touchantes. […] L’objet de ceux qui embrassent cet état, doit être de servir d’organe à la vérité, & de soutien à l’innocence.

171. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 3 : Livre VI, chap. 15] » pp. 663-664

 » Mais ces Poètes mêmes quand sérieusement et à la vérité ils se sont mis à parler des Ames, ils n’auraient pas cru qu’elles pussent retourner.

172. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — X.  » pp. 464-465

Elles sont bien aises qu'on s'attache à elles, qu'on les regarde avec des sentiments, non seulement d'estime, mais de tendresse ; et elles souffrent sans peine qu'on le leur témoigne par ce langage profane que l'on appelle cajolerie, qui est l'interprète des passions, et qui dans la vérité est une sacrilège idolâtrie.

173. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Les choses ne sont réellement que ce qu’elles sont selon la vérité de Dieu et le jugement qu’il en porte. » Tertull. des Spectacles, ch. 1. […] La mauvaise coutume ne peut pas prévaloir sur la vérité, car une coutume, qui n’a pas la vérité pour fondement, est une vieille erreur. […] Monseigneur de La Motte répondit au roi « qu’à la vérité il aimait les pauvres, mais pas cependant jusqu’à la folie. » Vers 1760, Monseigneur Caisotti, évêque d’Ostie en Italie, engagea tous les curés et les prédicateurs de son diocèse à le seconder à prémunir leurs paroissiens et leurs compatriotes contre les spectacles. « C’est là, dit l’évêque de Namur en 1815, c’est là que règne seul l’ennemi de Dieu, le prince des ténèbres ; ces lieux, la vive école des passions, où les auteurs, les acteurs, les spectateurs conspirent tous à les exciter, où l’on ne les représente dans tous leurs charmes ou dans toute leur force que pour les rendre moins odieuses ; que dis-je ! […] Pères, qui tous ont condamné le théâtre. « C’est lire trop négligemment les Pères, dit cet illustre écrivain, que d’assurer qu’ils ne blâment dans les spectacles de leur temps que l’idolâtrie et les impudicités, c’est être trop sourd à la vérité que de ne pas sentir que leurs raisons portent plus loin, ils blâment dans le théâtre, l’inutilité, les passions excitées, la prodigieuse dissipation, etc.

174. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

C’est le fruit de la science du bien & du mal (il y manque à la vérité le fruit de vie). […] Juvenal quoique moins galant, ne connoît pas moins le monde, & dût-on rabattre quelque chose de ses mordantes expressions, il ne reste que trop de vérités pour faire le procès à la comédie. […] Les Sages du monde, jusqu’aux Poëtes, tiennent le même langage : témoins ces fameux vers de Boileau que tout le monde sait, parce qu’ils disent exactement la vérité. […] Grigri, petit Roman de Cahusac., où parmi bien des indécences, on trouve de jolis portraits, des traits ingénieux, & des vérités, parlant de l’amour de théatre, prouve dans un chapitre exprès, qu’au spectacle il n’y a ni ne peut jamais y avoir un véritable amour, mais galanterie & débauche. 1.° On n’y cherche qu’à plaire, ce qui émousse le sentiment. 2.° On n’y étale que de la volupté, ce qui la partage, & l’effet de la volupté est plus rapide. 3.° On y offre le plaisir trop rapide, ce qui l’anéantit ; la pente naturelle y mène, & la passion satisfaite, le sentiment est éteint. 4.° On en éloigne le sentiment, en montrant le sexe méprisable par mille défauts & ridicules, on l’estime moins, comment aimeroit-on ? […] Le Mercure est son Secrétaire, à la vérité moins spirituel que Fontenelle, mais bien plus prodigue d’encens.

175. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Mais je les prends moins en Théologien et en Casuiste qu’en homme raisonnable, qui n’a besoin, pour les combattre, que des faits et du raisonnement, et qui, indépendamment des droits de la Religion, ne cherche qu’à faire valoir ceux de la vérité. […] On a joué jusqu’à présent les Curieux, les Menteurs, les Joueurs, les Distraits, etc. tant d’autres caractères que l’on a ou trop flattés ou trop outrés ; en les rapprochant de la vérité, ils en offriraient de nouveaux. […] Veut-il faire entendre que l’ouvrage le plus solide, dicté par la raison, par la vérité, et par la religion, est l’effet du caprice ? […] Il ne croit pas qu’il y ait au monde une personne assez simple pour prendre des chansons pour des vérités. Il n’est cependant que trop vrai qu’elles ont toujours fait, et qu’elles feront toujours des impressions dangereuses sur l’esprit des jeunes gens, par qui l’habitude fait souvent adopter comme des maximes sûres ces principes voluptueux ; et que le dérèglement qu’elles inspirent, leur fait prendre aussi souvent des chansons pour des vérités, que les vérités mêmes pour des chansons.

176. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XII. De l’autorité des Pères.  » pp. 49-51

C’est être trop sourd à la vérité de ne sentir pas, que leurs raisons portent plus loin.

177. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — A SA MAJESTÉ IMPERIALE ELISABETH PREMIERE, IMPERATRICE DE TOUTES LES RUSSIES. » pp. -

La Russie en tirerait un nouvel éclat du côté des beaux Arts, et donnerait aux autres Empires un exemple, ou plutôt un modèle qu’ils seraient d’autant plus engagés à suivre, qu’admirant déjà les vertus de Votre Majesté Impériale, ils feraient gloire de soumettre leurs préjugés à la vérité qu’elle leur ferait connaître.

178. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

Sans marcher sur leurs traces, voyons s’il est possible de raisonner juste, & de discerner la vérité, qu’ils ont environnée de tant de nuages. […] Favart a faite de la Serva-Padronna, nous prouve depuis long-tems que notre Langue est aussi mélodieuse, aussi chantante que l’Italienne, puisqu’on n’a fait aucun changement à l’éxcellente musique de cette Pièce, pour l’assujettir à des paroles Françaises ; cette vérité, qui est sous les yeux de tout le monde, détruit sans ressource les critiques & les sophismes de ces hardis Ecrivains, qui refusant de se rendre à la raison, doivent céder à l’évidence. […] Rousseau contre notre musique, font plutôt honneur à son esprit qu’à la vérité. […] C’est ainsi que parle cet Auteur judicieux & éclairé, qui démontre si bien la vérité de mon sistême.

179. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Je veux que chacun se prouve à soi-même cette vérité, en ne consultant que la nature & la raison ; & que l’honnête-homme puisse se justifier l’emploi des heures qu’il donne aux plaisirs innocens. […] L’homme isolé, sauvage, est vicieux sans honte, comme sans remords : l’homme en société, a pour aimer l’honnête & le beau, un aiguillon puissant, dans l’approbation de ses semblables : c’est donc une grande vérité que celle-ci, Il n’est pas bon à l’homme d’être seul . […] Le Spectacle est un amusement permis de droit divin & de droit humain : il se trouve par-tout dans la nature ; le plus beau de tous est le Ciel lui-même : la majestueuse étendue des mers, la variété des sites & des campagnes, la sombreté des forêts, l’éclat des montagnes de neige, l’émail des prairies, nous en offrent de moins beaux à la vérité, mais plus à notre portée : les Armées, les Combats, les Assemblées, les Fêtes, les Cérémonies des Religions en sont un autre genre plus rapproché de l’homme : enfin, il y a des Spectacles proprement dits, que l’homme social se prépare, qu’il assaisonne de tout ce qui peut flatter cette avidité de voir qui lui est naturelle : les uns consistent en courses, en combats d’hommes & d’animaux, & sont purement matériels ; les autres (& c’est de ceux-ci dont il est question) satisfont la vue par les décorations d’un Théâtre, le jeu des Acteurs, en même-tems que par le Drame ils parlent au cœur & à l’esprit. […] A la vérité, lorsqu’Auguste voulut amollir les Romains par le plaisir, il abusa des Spectacles, des Arts, des Sciences en tout genre qu’il protégea ; il parut encourager un Pylade, un Bathylle, dont les Mimes licencieuses achevèrent d’anéantir la pudeur, la décence, & même la pudicité Romaine : mais en sera-t-il moins vrai, que la Tragédie Grecque était plus propre à échauffer le patriotisme, qu’à corrompre les mœurs ?

180. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

« La charité n’est point ambitieuse, ne cherche point ses propres intérêts ; elle ne se pique point ; elle ne s’aigrit de rien ; elle n’a point de mauvais soupçons ; elle ne se réjouit point de l’injustice ; mais elle se réjouit de la vérité. […] Ils semblent redouter de connaître la vérité ; ils brûlent les livres des philosophes, qu’ils condamnent sur des ouï-dire, car souvent ils ne les ont pas lus, et ne veulent pas les lire, on leur en fait un cas de conscience. […] Si elle offre un sens spécieux, c’est-à-dire qui ait, dans quelques-unes de ses parties, une apparence de vérité, ce sens spécieux, ne pourrait être invoqué qu’en faveur des gouvernements démoralisés qui se sont placés dans la cruelle nécessité de ne pouvoir gouverner leurs sujets opprimés, que par la crainte et la terreur. […] Cette vérité incontestable est appuyée de faits innombrables qui abondent dans l’histoire ancienne et moderne des peuples et dont aujourd’hui la malheureuse Espagne nous offre les preuves les plus tristes.

181. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

La comédie doit être un tableau de la vie humaine, un exemple pour la conduite des mœurs, un image de la vérité ; je vois cependant qu’elle ne représente aujourd’hui que des extravagances, qu’elle propose & autorise de mauvaises actions, & qu’elle est presque toujours l’image d’une sale volupté. Voilà l’exacte vérité prononcée par une bouche non suspecte.

182. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

1   Dans le nombre si considérable de livres que chaque jour voit éclore, mon attention se porte ordinairement sur ceux dont le titre me promet le développement de quelque pensée à peu près neuve ou de quelque vérité encore contestée. […] Diverses considérations qui peuvent toutes se résumer par ce mot : la faim, donnent encore chaque jour à la vérité naissance à une foule de compositions littéraires ; mais qu’on y prenne garde, le métier se gâtera ; on aura beau manier les ciseaux avec habileté, le public finira par se lasser de ces découpures des anciens livres ; il trouvera qu’on lui fait payer trop cher des titres imprimés en caractères anglais, et des marges de quatre poucesa.

183. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Voilà la vérité et la vertu. […] Ce serait mettre de pair la vérité et le mensonge, le régicide et le patriotisme. […] La vérité de l’histoire y est absolument défigurée pour la rendre plus horrible par une multitude de noirceurs. […] Un Historien, enchaîné par la vérité des faits, glisse rapidement sur ces événements affligeants pour l’humanité, dont il ne rappelle le souvenir qu’avec peine. Quel homme, qui librement et par choix altère la vérité pour entasser toutes les horreurs qu’il peut s’imaginer !

184. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — I. Fin principale de l’Incarnation du Verbe. » pp. 5-6

Développons ces importantes vérités.

185. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VIII. Les intrigues sont la vraie fin de la comédie. » pp. 15-17

Bossuet développer ces importantes vérités.

186. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

C’est une vérité qu’on ne saurait révoquer en doute ; & voilà un hommage qu’il m’est bien flatteur de rendre au mérite.

187. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Douzième Lettre. De madame d’Alzan. » pp. 250-253

C’est de notre premier aspect que dépend l’illusion ; si l’amour semble croître par l’habitude à se voir, dans la vérité, ce n’est que le dévelopement, & l’affaiblissement peut-être de ce premier sentiment d’étonnement & d’admiration qu’une Beauté nonconnue avait d’abord causé.

188. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « IX. » pp. 44-46

 » Je souhaite, mes Pères, que cette vérité ne regarde pas votre Héros, et que le caractère si défectueux et si indigne d’un Evêque que vous en faites ne soit pas moins une fable, que la fable même d’où vous dites que vous avez tiré les symboles clairs et expressifs qui représentent toutes ses vertus.

189. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Le choix des objets & la vérité de la peinture caractérisent la bonne Comédie. […] Le Comique bas ; ainsi nommé, parce qu’il imite les mœurs du bas-peuple, peut avoir, comme les tableaux Flamands, le mérite du coloris, de la vérité & de la gaieté. […] Malheur à ceux pour qui ce principe est une vérité de sentiment : mais si en effet le fond du naturel est incorrigible, du-moins le dehors ne l’est pas.

190. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

Si la vérité s’étendait jusqu'à parler de tout, elle eût eu mauvaise opinion de ses fidèles : car même il est plus utile bien souvent de taire quelques choses èsp commandements, que les exprimer : et souventesfoisq ils admonestent, lorsqu’ils sont retranchés de l’écriture : et aussi encore qu’ils soient écrits, on n’en sonne mot, pource qu’en lieu des préceptes, la sévérité parler ce que l’écriture a omis. […] Le Chrétien exorcise impudemment les diables en l’Eglise, puisqu’il loue leurs voluptés ès Spectacles : et vu qu’il a une fois renoncé au diable, et qu’au baptême tout le droit qu’il y avait, a été retranché : à la vérité puisqu’après Jésus-Christ il va au diable au Spectacle, il renonce à Jésus-Christ, comme il avait fait au diable. […] Une personne qui se connaîtra enfant de Dieu, jamais ne se donnera de merveilles des œuvres humaines : Et à la vérité, celui qui peut admirer autre chose que Dieu, se précipite du haut degré et sommet de sa noblesse.

191. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

La coutume du pays où il écrit, lui fait sentir la difficulté de faire recevoir la vérité de ces maximes ; il montre ces vérités Chrétiennes qu’il a découvertes dans les bonnes sources, par l’organe des Auteurs et des passages pleins d’érudition. […] Puis il cite en cet endroit les paroles de Tertullien, si dignes d’un Chrétien des premiers siècles, et dont nous ne sentons plus la vérité, parce qu’en nous éloignant de ces temps heureux, nous avons toujours dégénéré de la vertu de nos Pères.

192. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

 ; enfin parce que l'état d’un Chrétien en cette vie est de fuir toutes sortes de plaisirs, et de faire consister toute sa joie dans les larmes de la pénitence, dans le pardon de ses péchés, dans la connaissance de la vérité, et dans le mépris même des plaisirs les plus innocents et les plus légitimes. […] Est-ce l’artifice avec lequel le Poète y a su déguiser la vérité, en y mêlant des fictions fabuleuses, et des incidents assez heureusement imaginés Chap. […] « L’auteur de la vérité, dit Tertullien, n’aime point le mensonge : et tout ce qui tient de la fiction passe devant lui pour une espèce d’adultère.

193. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Il y a là un jeu de mots difficile à rendre en François, mais un sens très-vrai, & sur tout une vérité de morale que l’expérience rend sensible, qu’on goûte une vraie satisfaction à ne pas satisfaire ses passions . […] Hercule, pour plaire à Omphale, dépouille la peau de lion, & s’habille en petit maître ; il fit plus, il s’habilla en femme, se mêla avec les femmes de la Princesse, prit la quenouille & le fuseau, & fila avec elles, fort mal-adroitement à la vérité, le fuseau est bien différent de la massue qu’il avoit accoutumé de porter, mais plus malheureusement encore pour sa gloire. […] Il n’ignoroit pas les désordres infinis qu’ils occasionnoient ; il avoit honte de sa tolérance, & tâchoit de l’excuser, comme on l’excuse aujourd’hui, par les raisons qu’on donne pour des sentences d’une sage politique. 1.° J’écoute les bouffons & les fous, parce que j’apprends d’eux quelques vérités que mes courtisans ne me diroient pas. Moyen misérable de connoître la vérité. Des boussons, des Comédiens disent-ils la vérité, la connoissent-ils ?

194. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Cela est contre la vérité. […] Tout cela pèche contre la vérité. […] Il ne manque à cette belle histoire que la vérité. […] Les amateurs du théatre ont-ils cette vérité devant les yeux ? […] Que la vérité est puissante !

195. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « II. » pp. 9-11

Il n’avait à la vérité ni le zèle d’Hercule, ni la douceur d’Orphée, ni la vigilance d’Argus, ni la charité d’Esculape, ni la science d’Apollon, dont vous composez le caractère du Héros de votre Ballet ; mais il possédait en un degré éminent les qualités que doit avoir un Evêque selon S.

196. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  dénombrement du clergé de france avant et depuis la révolution.  » pp. 346-350

On jugera par le dénombrement de l’ancien clergé de France, qui va suivre, combien la cour de Rome avait de zélés serviteurs dans le royaume, avant la révolution, et combien l’autorité de nos princes devait être entravée, lorsque le clergé formait et soutenait d’autres prétentions ; puissant par le nombre, puissant par les richesses de ses revenus, et plus puissant encore par l’influence de ses fonctions, le clergé à lui seul pouvait singulièrement contrarier la volonté du prince, lors même qu’elle se dirigeait vers le bien-être de ses sujets ; aujourd’hui à la vérité, tout est diminué dans le clergé, le nombre, les richesses, et même l’influence de l’opinion ; il faut encore ajouter que les lois constitutionnelles rendent au prince et à son gouvernement une suprématie d’autorité, qui n’en reconnaît ou n’en craint pas d’autre dans l’Etat, mais encore ce clergé s’élève actuellement à environ 50.000 individus, qui jouissent de plus de 30.000.000 fr. de revenus, et ces individus pourraient un jour, si on leur permettait de dériver de la ligne tracée par nos lois, chercher à ressaisir une autorité qu’ils n’ont perdue qu’à regret.

197. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XII. La représentation des pièces de théâtre est plus dangereuse que la lecture. » pp. 108-110

Ce qui rend la représentation d’une pièce de théâtre beaucoup plus dangereuse que la lecture, c’est que le lecteur n’est sensible qu’aux grâces du style, qu’à la beauté des pièces : au lieu que le spectateur est exposé à tous les charmes d’une déclamation animée, de ce langage muet, si éloquent, si persuasif, si séduisant, qui, par un geste, parle aux yeux et pénètre le cœur, donne de la vivacité aux passions, de la force aux discours, qui exprime dans toute leur énergie les mouvements de l’âme que le poète n’a fait que rendre faiblement ; qui fait illusion sur la fausseté des pensées et des maximes, qui fait applaudir au mensonge avec plus de chaleur qu’on applaudirait à la vérité.

198. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

» D’où il suit deux choses : la première que les spectacles où on voit la force du corps & la souplesse, ne demandent presque point d’art, puisque le jeu en est franc, sérieux, & réel, & qu’au contraire ceux où l’on voit l’action de l’áme, demandent un art infini, puisque tout y est mensonge, & qu’on veut le faire passer pour vérité. […] Cependant les Représentations théâtrales ne sont que trop souvent nuisibles ; c’est une triste vérité, que l’on ne saurait se dissimuler, puisque l’expérience paraît la confirmer chaque jour, & que jusqu’à présent, leurs impressions dangereuses ont balancé leur utilité. […] Pour rendre cette vérité plus sensible, recourons à l’expérience : Si vous menez au Théâtre des Jeunes-gens que l’air contagieux d’un certain monde n’ait point encore imbus, fût ce à nos Pièces les plus libres, ils néprouveront qu’une joie innocente, un délicieux épanouissement : au contraire, si vous conduisez un cœur gâté au Préjugé-à-la-mode, au Tartuffe, &c. […] Dans la vérité, le nôtre ne dépend-il pas de celle de nos mœurs, & des atteintes qu’y porteraient nos Actrices ?

199. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Les filles avoueront que l’amour de Chimène fait bien plus d’impression sur elles que sa piété, qu’elles sont plus touchées de la perte qu’elle fait de son amant, que de celle qu’elle fait de son père, et qu’elles sont plus disposées à imiter son injustice qu’à la condamner. » Il regarde comme impossible, depuis le péché originel l’entière pureté du théâtre, ainsi que des Poètes, parce « que les mauvais exemples plaisent plus que les bons, qu’on a plus d’inclination pour le vice que pour la vertu, qu’on exprime beaucoup mieux les passions violentes que les modérées, les criminelles que les innocentes, et que les Poètes, contre leur intention même, favorisent le péché qu’ils veulent détruire, et lui prêtent des armes contre la vertu, qu’ils veulent défendre, etc. » Sans toutes ces antithèses, ordinaires à cet éloquent et pieux Ecrivain, et qui n’affaiblissent pas la vérité qu’il enseigne, le P. le Moine, Jésuite, dans son Monarque, le P. […] Il bannit même Homère, que personne n’accuse d’obscénité, parce qu’il donne aux Dieux et aux héros des sentiments vicieux d’ambition, de vengeance, de cruauté, et qu’il ne faut présenter que de bons exemples, et jamais l’image de ce qu’on ne doit pas faire ; que les pièces de théâtre ne sont que des fables ; qu’il ne convient pas d’accoutumer l’homme à parler contre la vérité, et à se repaître de mensonges, à s’amuser par des niaiseries, se dissiper par des frivolités, et se rendre frivole soi-même. […] Telle était la politique des Romains, qui dans les guerres civiles amortissaient par des spectacles le feu de la division, et surtout celle d’Auguste, à qui le fameux Comédien Pylade disait avec autant de liberté que de vérité : « Laissez le peuple s’occuper des factions du cirque, il s’occupera moins de l’établissement de votre autorité, il y mettra moins d’obstacles. » Les autres Empereurs, au commencement de leur règne, ne manquaient pas, pour calmer la fermentation des divers partis, de donner des jeux magnifiques. […] Nous avons plus fait, nous nous sommes enfermés dans des édifices, moins vastes à la vérité, mais plus commodes, où à l’abri de tout, aussi agréablement que sûrement et proprement, nous pouvons goûter à longs traits, par tous les temps et les heures entières, de jour et de nuit, tout le poison de la volupté.

200. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

C’est à la vérité une misérable folie, miserabilis insania, de s’attendrir ainsi sur des Fictions : mais les Poëtes profitent de notre foiblesse pour nous causer du plaisir. […] Il en faut chercher l’origine dans une Tradition de vérités, obscurcie par les Fables.

201. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Comparez les temps et jugez ; vous verrez que plusieurs genres de tartufes ont disparu, à la vérité ; mais parce que les vertus qu’il affectaient ont disparu elles-mêmes, ou perdu leur considération après avoir été prostituées dans des portraits scéniques, où tous les excès monstrueux de l’hypocrisie ont frappé si fortement les esprits, ont fait tant de honte, excité tant d’horreur que pour éviter le reproche et même le soupçon d’hypocrisie, on s’en est éloigné jusqu’aux excès contraires, c’est-à-dire jusqu’à préférer l’évidence des désordres, la nudité des vices, ainsi que je l’ai déduit dans la première partie de cet ouvrage. […] Voici même encore un autre aspect sous lequel cette vérité se confirme : cet usage d’un rassemblement, qui cache dans sa confusion un tel renversement d’ordre, a été funeste à l’harmonie sociale, au système nécessaire de la hiérarchie des rangs et des états plus généralement que je ne l’ai dit plus haut, en ce qu’il a dérangé ou rompu dans toutes les classes les rapports de supérieurs à inférieurs. […] Les observations et les objections les plus fortes que l’on pourra me faire encore, et que je pressens en partie, relativement aux entraves que je crois nécessaire d’apporter aux leçons satiriques du théâtre, ne me feront pas départir de mon jugement sur les dangers de leur vague et l’arbitraire de leurs applications ; au contraire, ces observations m’excitent à aller plus loin pour les rendre nulles, à faire connaître le fond de ma pensée, sans mitiger, c’est-à-dire à conclure, en dernier résultat, de tout ce que j’ai exposé, que les attaques dramatiques individuelles, soumises à quelques conditions de rigueur, surtout à celles de la gravité du sujet et de la vérité de la censure, seraient souvent préférables aux généralités contre telle profession ou corporation, qui ont fait tant de mal sans éviter l’inconvénient des personnalités, et le rendant même plus grand. […] Sa responsabilité n’est-elle pas plus grande devant le tribunal de sa conscience que celle qui l’inquiète de l’autre part, laquelle le courage et la vérité mettraient à couvert, parce qu’ils seraient soutenus par la sagesse et l’équité des tribunaux d’appel ? […] Il est nécessaire auparavant que je retrace quelques autres vérités dures contre son organisation actuelle, plus que contre ses agents.

202. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

C’est etre trop sourd à la vérité, que de ne pas sentir, que leurs raisons portent plus loin. […] C’est une vérité, dont l’Evangile même, la raison & l’expérience ne nous permettent pas de douter. […] La vérité & l’autorité viennent de moi. […] Ce n’est point avoir la Foi, que de croire toutes les vérités révélées, à l’exception d’une seule. […] Refléxions sur les principales vérités de la Réligion.

203. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

On y parle à la vérité de consolation et de joie, mais on n’y perd point de vue la tristesse qui les a précédées.

204. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre IV. Que les Danses sont défendues dans les lieux saints. » pp. 22-25

Nous vous enjoignons (ajoute-t-il plus bas) de détruire et d’arracher cette mauvaise coutume, qui est un véritable abus, afin que la sainteté des Eglises ne soit point violée par ces jeux profanes et indécents. » Mais il n’y a point de preuve plus puissante pour établir cette vérité, qu’on pèche grièvement lorsqu’on danse dans quelque lieu Saint ; que ce qui est marqué dans un Canon de ceux qu’on nomme Pénitentiaux, qui condamne à trois ans de pénitence, celui qui aurait commis cette irrévérence, que de danser seulement devant l’Eglise.

205. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Vous avez sagement compris que des choses sérieuses leur paroîtroient froides, & que des vérités fortes les écraseroient. […] Il faut, à son exemple, & lorsqu’il en est temps encore, oser dire la vérité aux risques d’affliger ceux qui l’entendent, & de passer pour un caractere dur & féroce, ou même pour un esprit contrariant & bizarre qui cherche à se faire un nom par la singularité de ses opinions. […] Fixez le goût du Public sur des objets vraiment intéressans, & tout rentrera dans l’ordre : bientôt nos Ecrivains, jaloux d’occuper l’attention publique, changeront de batterie, & chercheront à se surpasser mutuellement, non plus par la légereté & les graces, du style, mais par la profondeur & la vérité de leurs recherches.

206. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Nous avons démontré ces vérités, livre 5, chapitre 2. […] Cette loi n’est pas juste ; il y a des personnes avec qui le pere peut avec raison vouloir ou ne pas vouloir le mariage de son fils, lui défendre d’épouser une Actrice qui le déshonore, lui ordonner d’épouser une honnête fille qu’il a séduite ; il peut y ajouter en punition ou en récompense le don ou la privation de quelque bien dont il a droit de disposer ; il ne peut pas, à la vérité, le priver de sa légitime. […] Deux sortes de concubines, une Actrice qu’on entretient pour son plaisir, & une Actrice avec qui à la vérité on se marie, mais en déclarant hautement & expressement que ni elle, ni ses enfans ne seront reçus dans la famille, & n’y auront aucun droit .

207. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Or l’on ne le devient qu’autant qu’on aime ses maximes, qu’on s’y attache, et qu’on en fait la règle de toute sa conduite : car Jésus-Christ étant la vérité essentielle, il doit aussi être la voie des Chrétiens sur la terre, pour devenir dans le Ciel leur vie, leur nourriture et leur tout. […] Nous devons donc faire une continuelle et sérieuse réflexion sur cette excellente vérité, que le même Pape nous enseigne encore au même endroit ; à savoir que les Chrétiens sont obligés à une pureté incomparablement plus grande que n’a été celle des Juifs. […] Il faut supposer ici une vérité qui est incontestable ; à savoir, que les Chrétiens durant toute leur vie sont des Voyageurs, qui doivent s’avancer incessamment vers leur véritable patrie, qui est le Ciel, et que Dieu leur a donné le temps, comme un moyen nécessaire pour y pouvoir arriver.

208. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

On s’épuise depuis si long-tems à parler de Corneille & de Racine, on débite sur cette matière tant de paradoxes outrés, on s’écarte si fort de la vérité par enthousiasme ou par esprit de contradiction, que c’est rendre un vrai service au Public, que de lui remettre sous les yeux ce qui a paru de plus sagement pensé & de mieux écrit sur les productions & sur le génie de chacun de ces deux Poëtes.

209. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « V. » pp. 23-26

« Parmi vos ridicules songes Du Dieu de vérité faire un Dieu de mensonges. » Ce que vous mettez dans la bouche de Jupiter, n’est pas moins injurieux à Dieu que Jupiter même.

210. (1707) Lettres sur la comédie « LETTRE, de Monsieur Despreaux. sur la Comédie. » pp. 272-275

Enfin, Monsieur, souvenez-vous que l’amour d’Hérode pour Marianne, dans Joseph, est peint avec tous les traits les plus sensibles de la vérité ; cependant, qui est le fou qui a jamais pour cela défendu la lecture de Joseph ?

211. (1823) Instruction sur les spectacles « Préface. » pp. -

Plus l’aveuglement est grand, plus le zèle évangélique doit éclater : la vérité doit se faire entendre et lancer tous ses traits.

212. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 19-20

Dites la vérité, voudriez-vous mourir au sortir d’un bal, sans vous en repentir ou vous en confesser ?

213. (1580) De l’institution des enfants « De l’institution des enfants. Essais, I, 26 [fin] »

Et, entre autres choses, je crois à la vérité qu’elle eût été du tout incapable de se rendre à la force et à la violence.

214. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Le Puits de la vérité est un petit roman ingénieux & amusant, plein d’une très-bonne morale, sous l’écorce d’une fiction de deux sœurs, d’un caractère fort différent, dont l’une doit être élue Reine par les suffrages du peuple. […] entr’autres une espece de drame, où en différentes scénes, les plaisirs tranquilles & les plaisirs turbulents, l’étourdi, les heures tranquiles disent de bonnes vérités, & peignent les amateurs des spectacles. […] Il en est comme de l’armure du Chrétien, la cuirasse de la Justice, le casque du Salut, le bouclier de la Foi, la ceinture de la vérité, les souliers du zèle, pour résister aux traits de l’ennemi. […] Les femmes fardées sont prises en flagrant de lit, leur péché est peint sur leur visage ; les comédiens sont, à la vérité plus coupables.

215. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Rien de brillant, nulle force comique que fort rarement naturellement froid ; il ne fait rire que des bouts des levres les honnêtes gens, jamais le public, comme Moliere, qui à la vérité tombe dans un excès opposé. […] Ces portraits sont conformes à la vérité, mais ils sont d’un si mauvais exemple que la sagesse devroit les bannir. […] Cette fadeur est ridicule & fort éloignée de la vérité. […] Les siennes corrigeront peu, & n’ont encore reformé personne, quoiqu’à la vérité elles soient plus sages que bien d’autres.

216. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Soit parce que la vérité y est toujours altérée, & les divins oracles prophanes, ce qui porte atteinte à la pureté de la Foi & de la morale, & autorisé l’erreur & le vice, les Protestans dans leurs principes y doivent être infiniment opposés, & ce n’est qu’un effet trop ordinaire de la contradiction entre les mœurs & la créance, de l’avoir quelquefois tolère. […] La Religion & la vérité ont droit de se plaindre d’une idée qui lui est familière, qu’on dit poëtique, parce que les poëtes l’ont employée mille & mille fois ; c’est l’idée de l’âge d’or. […] Mais ce qui est inexcusable, ce sont les hérésies qu’il y seme, non à dessein, mais pour vouloir traiter poëtiquement des vérités sublimes, bien supérieures au langage du Parnasse, qui ne peut que les défigurer, & que son traducteur, moins théologien que lui, a mal rendu. […] Cet écrivain en a mis plusieurs dans son livre, qui à la vérité ne causeront point d’ivresse, mais qui contiennent mieux à cet âge que ceux de Fontenelle.

217. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

que ce qui est bon et mauvais en soi, ne peut changer de nature ; puisque tout est fixe et certain à l’égard de la vérité de Dieu : « Non potest esse aliud quod verè bonum est, et malum, omnia penes Dei veritatem fixa sunt. » Supposé ce principe, il faut considérer ce que c’est que la Comédie, car si tout ce qui est renfermé, et qui constitue sa nature est bon ; il faudra dire qu’elle est bonne. […] Veut-il dire que ce sont des gens tels que sont ceux dont Horace nous fait la peinture, qui menaient à la vérité une vie païenne, mais couverte néanmoins d’un extérieur innocent, et qui n’avait rien qui pût blesser le monde. […] Le second mauvais effet que produit la Comédie, est un grand dégoût pour la lecture des bons Livres, qui doivent faire la plus grande consolation des chrétiens, et toutes leurs délices : car il est impossible qu’étant rempli des fadaises du Théâtre, on ait de l’attrait et du goût pour les vérité éternelles, et pour les biens ineffables dont traitent les Livres de piété. […] La différence qu’il y met ; c’est, dit-il, que ces crimes souillent à la vérité ceux qui les commettent ; mais ils ne souillent pas, et ne rendent pas criminels ceux qui les voient commettre, ni ceux qui en entendent seulement faire le récit.

218. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Si ces éclairs de vérité, ces apparitions de vertu suffisent, il n’est plus de mauvais livre, de mauvaise compagnie ; on peut tout voir et tout entendre. […] Un Historien n’oserait rapporter en détail les blasphèmes des impies, il coule légèrement et marque son horreur quand la vérité des faits l’oblige d’en parler, et on ose les apprendre par cœur, les débiter publiquement, les animer de la voix et du geste, en paraître persuadé, animé, transporté, car enfin un Acteur se pique d’entrer et doit entrer en effet dans les sentiments qu’il exprime. […] « Nolite tangere Christos meos. » Les Protestants ont été si frappés de ces bonnes raisons, que malgré l’opposition des sentiments, l’animosité de parti, et l’usage qu’ils ont souvent fait de la comédie pour jouer le papisme, ils ont constamment parlé du théâtre comme les Catholiques : unanimité qui n’est pas une preuve médiocre de la vérité. […] Rousseau, citoyen de Genève, quoique amateur et compositeur, a pris la défense de sa patrie contre les Encyclopédistes, quoiqu’il fût de leur nombre, et a fait pour la défense de la vérité et de la vertu un ouvrage digne de la plume la plus éloquente.

219. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Il oublia que les Comédiens étant excommuniés, il ne pouvait pas leur donner cette marque authentique de communion, les recevoir en corps dans son Eglise, et faire à leur intention un service en faveur d’un Poète, qui à la vérité fut plus modeste qu’un autre, puisque la teinte sombre et lugubre de ses pièces inspire plutôt l’horreur et la crainte que la tendresse, mais Auteur tragique, uniquement connu et honoré comme tel dans cette occasion, et dans la vue de marquer par là qu’on ne tenait pas la Troupe pour excommuniée. […] Le premier, sans s’arrêter à des fins de non-recevoir, cherche la vérité dans le tribunal de la pénitence, et s’il trouve qu’il n’y a pas eu de mariage par le défaut de quelque condition essentielle à sa validité, il ordonne la séparation et rend la liberté aux parties. […] Son inconstance, ou plutôt sa perfidie, son parjure, son libertinage, son infamie, forment un préjugé légitime contre elle, une présomption légale de la vérité qu’elle ose combattre, qui la rendent également indigne d’être crue et d’être écoutée : sans distinguer les moyens d’abus relatifs à certaines personnes, et les moyens absolus qui portent sur la nullité radicale de l’acte, on lui refuse toute audience. […] La fille combattait la vérité du mariage, les parents s’efforçaient de le prouver.

220. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

A travers tant de folies, on trouve pourtant des morceaux qui décelent le plus rare talent, des situations, des plus grands intérêts, des descriptions de la plus grande vérité. […] Il donne pour raison, avec franchise, cette vérité : Personne ne voudroit accepter la dédicace d’une si mauvaise piece, personne ne me donnerroit des louanges que son auteur aime & désire. […] Que le fol amour de la fable cette enfin de l’emporter sur la tendre vénération que l’homme sage doit à la vérité. […] L’enthousiasme de la scène aveugle les hommes les plus éclairés, ou peut-être leur fait oublier la tendre vénération que l’homme sage doit à la vérité. […] Systême absolument contraire à la vérité, puisque l’Ecriture nous apprend que l’homme & la femme ont été créés avec toutes les perfections de l’esprit & du corps, & formerent leurs enfans par l’éducation & l’exemple Ce systême arbitraire ou plutôt chimérique, sont comme le roman des tourbillons de Descartes, où l’on examine, non comment le monde a été fait, mais comme on s’imagine qu’il a pu se faire.

221. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Quand dans une question quelconque, on a établi un principe vrai ou supposé tel, toutes les questions qui naissent de la premiere, doivent se résoudre par le principe établi au commencement ; cette méthode synthétique de chercher la vérité a l’avantage de fixer l’attention du Lecteur, & de l’empêcher de s’égarer dans les diverses routes qui conduisent à cette recherche, en lui remettant sans cesse devant les yeux le point d’où il est parti. […] Pour se convaincre de cette vérité, qu’on jette un coup d’œil sur la maniere générale dont les François jugent du mérite des choses.

222. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

Le préambule de ce Titre traite de nos Salles de Spectacles, & des changemens qu’il serait à propos de faire à notre Scène pour donner plus de vérité à la Représentation. […] On profitera, pour la construction intérieure, de toutes les observations qu’on a faites sur l’impropriété des anciennes Salles, tant pour la majesté & la vérité de la Scène, que pour la salubrité.

223. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

M. de Bagnols avertit la Mère Angélique de son erreur, et l’assura que ce Père était un fort bon Religieux, et même dans le cœur assez ami de la vérité. […] Et puis, à vous dire la vérité, vos Livres ne se font plus lire comme ils faisaient.

224. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-4

Il pensa bien differemment dans la suite ; encore même dans la Préface de Phedre reconnoît-il une partie de la vérité ; & son fils, élêve de ses dernières années, où il avoit embrassé la piété, lui rend dans ses remarques un hommage sincère & funeste, qui farde le vice & défigure la vertu, école pernicieuse qui en donne & des leçons & des modèles !

225. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Monseigneur de Nemours » pp. -

Pour moi qui ai l’âme craintive Je ne veux sonder cette rive, La nature du vrai j’ai pris, A dépeindre et tracer l’histoire, Dont la vérité sert de gloire, Et l’art de honte à mes écrits.

226. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVII. Accidents arrivés dans les spectacles. » pp. 150-153

« Quelle que soit la cause de ces tristes événements, ne peut-on pas conclure qu’il vaut mieux écouter, dans le calme, la vérité, que d’attendre qu’elle tonne pour nous soumettre à elle » ; et fuir, sans hésiter, des plaisirs illégitimes, plutôt que de s’exposer à ressentir l’amertume du repentir qui les accompagne souvent, et qui les suit toujours ?

227. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Pour la preuve de cette vérité, je puis me servir des Pères, des Pièces de Théâtre de ce temps-là que nous avons encore, et des Auteurs profanes qui ont parlé des Spectacles, et de ce qui s’y passait. […] Je tire la seconde preuve de cette vérité, des Pièces de Théâtre de ce temps-là, Tragiques ou Comiques, que nous avons encore entre nos mains. […] Je tire enfin des Pères la 3e preuve de la vérité que j’ai avancée. […] Or que trouvez-vous dans tout ce discours plein de zèle, à la vérité, que je ne puisse avec raison adresser à tous ceux qui vont encore à la Comédie ? […] Ni l’importunité d’un ami, ni l’amour de la vérité, ni l’intérêt, ni le désir de plaire aux Comédiens, ne sont pas, à ce que je crois, les motifs qui vous ont fait agir.

228. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Pour moi la Vérité, cette chaste Fille du Ciel, siège dans mon sein ; elle fait mes délices, & je sens une joie voluptueuse à suivre ses douces impressions. […] Le premier meut seul la machine à la vérité, mais l’infidèle Joram, l’impie Ochozias, ne servent-ils pas d’ombre au sage Abraham, au pieux Joad ? […] Rendons justice à la vérité : soyons sûrs qu’un génie aussi grand, aussi vaste que Justin se fut dispensé d’anéantir le chapitre de la loi Papia Poppæa, au sujet des mariages des Comédiennes, s’il n’en avait connu toute l’extravagance. […] Enfin, c’est là qu’un Homme supposé les rend capables de pénétrer dans les plus profonds sentimens de l’humanité, touchant au doigt & à l’œil, s’il faut ainsi dire, dans ces peintures vivantes des vérités qu’ils ne pourraient concevoir autrement. […] J’ai déja dit qu’il n’y avoit que les honnêtes gens qui faisaient corps, & je suis incapable de me démentir lorsqu’il s’agit de la vérité : en ceci je ne parle que de la grossière canaille ; je crois l’avoir assez prouvé.

229. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XV. Des nouveautés & de leur nombre. » pp. 2-7

Comment espére-t-on donc s’attirer ses suffrages, en jouant sans cesses des chefs-d’œuvre à la vérité, mais qui sont si usés, qu’on en est presque aussi ennuyé que d’une piéce pitoyable ?

230. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Tout étoit presque fait depuis long-tems, il n’a fallu que recueillir & placer ; mais l’élégance du style, la précision des termes, la vérité des portraits, la profondeur & la politique, la justesse des réflexions, l’enchaînement, l’à-propos, les attitudes, la finesse, la briéveté sont véritablement à lui. […] Cette histoire à la vérité, seroit longue & fort sérieuse, peut-être même ennuyeuse & monotone, & vraisemblablement n’attireroit pas la foule au Parterre ; mais très instructive, pleine d’esprit, de jurisprudence, de politique, d’anecdotes curieuses. […] Térence, qui, soit pour leur faire sa cour, soit pour s’en faire honneur à lui-même, soit que ce fût la vérité, se laissoit volontiers croire, se fût-il exposé à être désavoué & disgracié, en mettant sur leur compte un style de harangere, qui leur auroit fait tort ? […] Térence fût-il exactement purgé de toute expression libre, de toute image obscéne, ce qui est bien éloigné de la vérité ? […] On auroit dû le faire expliquer aussi sur son Appologie du théâtre, d’une très-mauvaise morale, & sur ses Contes moraux, trop passionnés & trop libres, quoique mêlés de plusieurs bonnes vérités, & de plusieurs traits de morale utiles, qui semblent en être le passeport.

231. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Faut il que l’art d’entretenir, d’augmenter les anciens préjugés, les prestiges de la chair & du monde, c’est-à-dire la corruption des mœurs, soit un art estimé, goûté, récompensé par des Chrétiens même qui font prosession de croire ces vérités, & doivent éviter avec le plus grand soin ce qui peut en affoiblir & la créance & la pratique ? […] Ensuite les deux concurrentes se disent leurs vérités. […] Il est inutile, il seroit dangereux de trop insister sur une vérité connue de tout le monde. […] Il faut être épris de l’amour jusqu’à l’ivresse, pour ne pas sentir l’obscenité d’une intrigue contraire à la vérité, à la vrai-semblance, au costhume, à l’esprit même de la piece. […] Il vaut mieux combattre la vérité reconnue des faits ; il faut bien se garder de placer le vice dans un cœur scélérat, ce seroit lui faire tort ; c’est quelque chose de si sacré, qu’il faut le réserver pour les grandes ames.

232. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Habits fort simples, à la vérité, qui ne demandoient pas la vaste érudition d’un costumier : c’étoient des tuniques de peaux. […] Il signifie les habits, armes, physionomie, usages, goût ; en un mot, tout ce qui caractérise les personnages du tableau, la vérité physique & morale du temps & du lieu où on a placé la scène : ce qui a du rapport à une infinité de chose, & rarement est bien observé. […] Il n’y a rien là de bien sublime & de bien fin : mais c’est le sublime de la vérité. […] Cet orateur, pour faire sa cour à Voltaire, compare les héros de la Henriade à ceux de l’Iliade & de l’Odissée : son amour pour Voltaire lui a déguisé la vérité. […] C’est dans la vérité un Fablier, un arbre qui porte des fables ; son fruit est toujours de la même espece, & souvent fort verreux.

233. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Tout cela ne fut-il pas indécent & licentieux, comme il l’est presque toujours, il est du moins inutile, quelle vérité apprend-t-il ? […] On est sur la scéne si naturalisé avec l’indécence, qu’on aime mieux blesser la vérité & la vraisemblance dans les choses saintes, que de ne pas livrer ses charmes aux yeux du public, comme des femmes qui ont l’impudence de venir à l’Eglise en babit de théatre plutôt que de ne pas recueillir le tribut des crimes qu’elles y vont mandier, & qu’elles achetent aux prix de leurs ames. […] L’Orient & l’Occident, l’erreur & la vérité, le schisme & la Réligion souscrivent également à la condamnation des pernicieuses images.

234. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

Les Anciens par les illusions de la perspective, & par la vérité des reliefs, donnaient à la Scène toute la vraisemblance, & toute l’étendue qu’elle pouvait admettre. […] La vérité du lieu qui était observée sur le Théâtre ancien, facilitait l’illusion ; mais des toiles grossièrement peintes, peuvent-elles représenter le péristyle du Louvre ?

235. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVII. Du gouvernement & de la Police intérieure du Théâtre. » pp. 12-18

Il y a encore, à la vérité, des Auteurs qui lisent mal, mais il déclament bien ; & j’en ai connus qui donnoient de bonnes leçons aux Acteurs, quoiqu’ils lussent sans grace.

236. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

Détracteur implacable, il voudrait diffamer le Théâtre, asile de la vérité opprimée, temple où la sagesse antique paraît dans toute sa splendeur.

237. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

La vérité est trop franche pour y supporter toutes les cajoleries et toutes les vaines louanges qui s’y donnent. […] Ce Chapitre ne peut être mieux fermé que par deux ou trois vérités très constantes. […] pourquoi quitter la vérité pour des choses inventées, et qui ne sont que de montre ? […] pourquoi leur rend-on plus d’assiduité pour les entendre, qu’on ne fait aux Prédicateurs de la vérité ? […] L’apparence les emporte, et la vérité qui est très simple et sans aucun fard passe devant leurs yeux comme une inconnue.

238. (1691) Nouveaux essais de morale « XXI. » pp. 186-191

Mais peut-on dire avec vérité que la Comédie soit absolument purgée de toute idolâtrie, s’il est vrai qu’on ne puisse faire de Comédie sans y mêler les Dieux de la Fable.

239. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

C’est un roman qui ne peint pas la vérité, ne donne pas des leçons efficaces, & en donne de très-mauvaises, en faisant croire qu’on peut se passer de religion, & être vertueux sans elle au milieu des folies du monde. […] A la fin, à la vérité, le bon parti a le dessus ; mais ce n’est qu’après avoir donné à la vertu les plus rudes secousses, qui doivent infiniment plus l’ébranler dans un cœur, qu’un triomphe si tardif, si mêlé, si équivoque, ne peut jamais l’y affermir. […] C’est la pure vérité. […] Ce Juge n’est pas récusable : la vérité seule a pû lui arracher un portrait si peu favorable & si ressemblant.

240. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

L’opéra & la comédie ont à la vérité leur magasin, qui est d’une richesse & d’une abondance surprenantes : il a coûté cent trente mille livres à bâtir. […] De jeunes personnes bien élevées & pleines de candeur donnent à leurs personnages un caractère de vérité que ne peut imiter qu’imparfaitement tout l’art des Actrices, ce n’est qu’à des ames innocentes & des voix pures (elles cesseront bien-tôt de l’être) qu’il convient d’emprunter le langage de la vertu. […] Quel art pour prononcer les grands traits de la nature avec tant d’énergie & de force, pour en distinguer les nuances avec tant de finesse & de vérité ! […] La vérité, la conscience, souscrivent-elles à cette apologie ?

241. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Leurs portraits ne sont pas moins exacts à les mettre dans leur vrai jour, & les amateurs à en orner leurs cabinets, leurs écrans, leurs tabatieres ; leurs estampes, par-tout répandues, trop fidèles à rendre la vérité, font baisser les yeux à l’innocence & les font ouvrir avec avidité au libertinage. […] Mais pense-t-on que l’Evangile est la vérité, & non la coutume ; que pour damner, Dieu consulte la loi, & non la coutume ; & qu’un Chrétien, qui a renoncé aux pompes du monde, n’est pas justifié par la coutume ? […] Faut-il apprendre ces vérités à des Actrices, & que cherchent-elles, en se découvrant, qu’à répandre le poison de la volupté ? […] Voilà des docteurs d’un grand poids, qui s’embarrassent bien des canons & de la bible, qui ignorent des vérités plus claires que le jour, que leurs adversaires croient comme les autres, & savent mieux par leur expérience, leurs desseins & leur succès.

242. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

Ceux qui en portent les honorables marques n’en peuvent être démentisaj, puisque la vérité parle toujours pour eux. […] [NDE] Opposition entre les jésuites, qui flattent les princes, et le théâtre, qui présente aux princes des vérités amères mais que le plaisir de la représentation fait passer.

243. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

» L’esprit du Christianisme consiste encore à obtenir le pardon de ses péchés, il consiste dans la connaissance de la vérité et dans le mépris même des plaisirs24. « Y a-t-il rien, dit Tertullien, de plus agréable que d’être réconcilié avec Dieu, d’avoir une parfaite connaissance de la vérité, que de reconnaître ses erreurs et que d’avoir la rémission de ses péchés passés ? […] Mais la vérité est que saint Charles en suivant l’exemple de l’esprit des Pères de l’Eglise, a condamné la Comédie par des raisons particulières prises du côté des choses fort sales ou impies qui y étaient représentées, et encore par une raison générale tirée des circonstances qui en sont dans la pratique inséparable, c’est à savoir qu’elle porte à la corruption des mœurs. […] Car dans la vérité ces deux plaisirs sont différents et peuvent être dans la spéculation l’un sans l’autre. […]  » Enfin ceux qui prétendent qu’en allant à la Comédie, elle ne leur fait aucune impression, ce que saint Chrysostome ne croit pas, ils doivent bien prendre garde de se tromper : « Que les curieux, dit saint Jean Chrysostome87 , qui ont un empressement pour les Spectacles qui va jusqu’à la folie ; qui disent, nous la regardons à la vérité, mais nous n’en recevons aucun dommage, soient attentifs à ce que je leur dis. […] Saint Isidore de Damiette100 a dans son Epître 336, suppose cette vérité, quand il dit que « les Comédiens n’ont jamais dessein de rendre meilleurs ceux qui vont à la Comédie, et quand ils le voudraient, ils ne le pourraient pas, parce que leur profession ne tend et n’est propre qu’à nuire. 

244. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

Il dit, à la vérité, qu’il a conçu une haine effroyable contre le genre humain, mais la raison qu’il rend de cette haine en justifie pleinement la cause : ce n’est pas des hommes qu’il est ennemi, mais de la méchanceté des uns, et du support que cette méchanceté trouve dans les autres. […] Ce sont des fables, à la vérité, mais des fables qui font sur le cœur de plusieurs des impressions plus durables que les vérités les plus sublimesag . » Et quand même le fond de ces pièces serait tiré de l’Ecriture sainte, on ne peut pas les voir sans danger ; parce que la sainte morale, transportée sur un théâtre, ne peut produire dans ce sol empesté que des fruits pernicieux : sa place véritable et naturelle est dans la chaire, où environnée de la majesté de Dieu, nourrie de l’onction qui la rend si touchante et si auguste, elle déploie toute sa dignité et toute sa force ; mais au théâtre c’est un sel affadi ; elle n’y paraît que pour être tournée en ridicule, pour essuyer le mépris et encourir la haine des spectateurs.

245. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Les amateurs du théâtre tiennent ce langage comme les autres, et en sentent la vérité ; mais sentent-ils la contradiction entre leur langage et leur conduite, leurs railleries et leur apologie ? […] Si ces excès étaient véritables, l’objection serait plus flétrissante pour les Jésuites que favorable pour le théâtre ; il vaut mieux les abandonner qu’une vérité si certaine : cette objection tomberait sur d’autres collèges où les mêmes exercices se pratiquent à peu près de même. […] Sans prétendre que ce moyen soit bien propre à opérer cet effet, on ne peut disconvenir qu’il n’était pas moins attentif à inspirer l’esprit de piété que l’amour des belles lettres. » Ce double aveu de l’inutilité des pièces de collège, et du mérite d’un Jésuite, est un triomphe de la force de la vérité.

246. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

Parmi tous les plaisirs du monde qui concourent à produire cet effet pernicieux, on doit ranger en première ligne les spectacles et les romans, car il n’y a rien de plus opposé à la vérité que ces productions futiles ; et l’esprit de Dieu étant un esprit de vérité, rejette tout ce qui tient aux vanités du monde. […] Si donc les dangers qui résultent des plaisirs de la scène sont tels que nous venons de les exposer, et cette vérité ne saurait être niée, nous ne pouvons hésiter à reconnaître que ces considérations sont de la plus sérieuse importance, et que c’est pour nous un devoir rigoureux de ne point exposer à l’influence de semblables tentations, et notre vertu et nos principes ; tentations les plus dangereuses de toutes, parce qu’elles sont les plus attrayantes, les moins soupçonnées, et que, conséquemment, elles ne trouvent en nous aucune résistance.

247. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

quel sublime dans ses pensées ; quelle noblesse dans ses portraits ; quelle majesté dans les tableaux ; quelle profondeur de politique ; quelle vérité ; quelle force de raisonnement, » etc. […] Démontrons ces vérités par l’analyse. […] Les comédiens eux-mêmes en sentent si bien la vérité, que les plus estimés, comme le fameux Baron, s’éloignent le plus possible du ton de la scène pour revenir au naturel. […] Cette vérité est devenue un proverbe : Familiarité engendre mépris. […] Pour nous qui ne sommes pas initié dans ces mystères d’élégance, nous convenons que notre antique bonhommie, peut-être en vertugadin comme celle de nos aïeux, préfère la vertu, la raison et la vérité aux rubans, aux pompons et aux aigrettes ; la sagesse et la décence aux grands et aux petits airs ; qu’elle mérite aussi peu qu’elle le désire, une place dans la foule des jeux et des rires, et ne se laissera jamais persuader que des modèles si remuants, des maîtres si frivoles, une école si pétillante, donnent des leçons de sagesse, de politesse et de bon goût.

248. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

La connoissance de cette vérité pourra peut-être fixer notre incertitude. […] C’est ainsi qu’il faut marcher à grands pas dans le chemin de la vérité. […] On pourroit répondre à cela que les graces ne sont pas toujours aussi faciles à répandre, qu’on pourroit se l’imaginer, & que c’est dans la bonté de leurs cœurs que les Souvérains éprouvent combien la puissance des Rois n’est pas sans bornes ; mais il suffit au moins de cette vérité, pour détruire l’observation de la Bruiere. […] La parfaite illusion du théâtre, sans doute, loin de faire trouver ces personnages ridicules, leur donnoit au contraire l’expression de vérité & le charme du prestige, d’autant plus séduisans, qu’ils étoient pris dans la nature. […] Une preuve incontestable de cette vérité, est le dernier opéra nouveau, l’opéra d’Ernelinde, où l’on voit une prison vaste & superbe succéder à une forteresse, dont les murailles ne sont guères plus hautes que les hommes, & un temple tout resplendissant de l’éclat des métaux les plus précieux, pour lequel on tremble beaucoup plus que pour les soldats qui viennent s’égorger jusqu’aux pieds des autels, dans cet asile sacré, & cela dans un tems où les Rois de la Norvege sont encore portés sur des faisceaux d’armes, comme au premier acte, & dans lequel il n’est fait aucune mention de l’allégorie & de l’illusion de la fable.

249. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

A la vérité la Catastrophe est heureuse pour les bons, & funeste pour les méchans ; elle remet l’ame des Spectateurs dans la tranquillité : mais une Tragédie, peut, comme je l’ai dit, être parfaite, sans exciter la Terreur : & quand on ne mettroit celle-ci qu’au second rang, pour obéir à Aristote, on ne l’admirera pas moins. […] L’Auteur à leur exemple a soin, autant qu’il est possible, de ne faire chanter que des choses propres à être chantées, des prieres, des vérités morales, des réflexions. […] Ils y sont à la vérité, ordinairement traités d’une maniere fort peu vraisemblable, & d’ailleurs le Poëte, dans des Scenes faites pour être chantées, ne peut donner aux Passions toute l’étendue dont elles ont quelquefois besoin. […] Dans ces nouveaux ouvrages on ne voit plus à la vérité des Dieux & des Déesses, des Magiciennes, & des enchantemens : on y voit les grands sujets de l’Histoire ; & l’on est fort surpris de les y trouver. […] Supposons que les Sujets Historiques y soient traités avec quelque vraisemblance, comment un Poëte peut-il, pour fournir des Ariettes au Musicien, finir toutes ses Scenes par de petits Vers, qui ne contiennent que des comparaisons, des maximes triviales, des vérités sautillantes ?

250. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre prémier. Déssein de cet Ouvrage. » pp. 2-7

Il paraît qu’on fut de tout tems persuadé d’une telle vérité.

251. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

La Comédie ayant enfin reçu des loix de la décence & du goût, la Parade cependant ne fut point absolument anéantie : elle ne pouvait l’être, parce qu’elle porte un caractère de vérité, & qu’elle peint vivement les mœurs du Peuple qui s’en amuse : elle fut seulement abandonnée à la populace, & reléguée dans les Foires, & sur le Théâtre des Charlatans, qui jouent souvent des Scènes bouffones, pour attirer un plus grand nombre d’acheteurs.

252. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Avis » pp. -

C'est ce qu’on a cru devoir dire par avance, pour la satisfaction des gens sages, et pour prévenir la pensée que le titre de cet Ouvrage leur pourrait donner, qu’on manque au respect qui est dû aux Puissances : mais aussi, après avoir eu cette déférence et ce soin pour le jugement des hommes, et leur avoir rendu un témoignage si précis de sa conduite, s’ils n’en jugent pas équitablement, l’auteur a sujet de s’en consoler, puisqu’il ne fait enfin que ce qu’il croit devoir à la Justice, à la Raison et à la Vérité.

253. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIX. Si un Evêque peut défendre qu’on ne danse les jours des Fêtes, ou même en quelque temps de l’année que ce soit. » pp. 146-153

Les Jurisconsultes descendant au détail, expliquent cette vérité par des exemples.

254. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXIII. Passages de Saint Basile sur le sérieux de la vie chrétienne. » pp. 132-135

Il ne faut pas du moins, que nos faiblesses nous empêchent de reconnaître la sainte rigueur de sa loi, ni d’envisager le maintien austère de la vertu chrétienne ; au contraire, il faut toujours voir la vérité toute entière, afin de reconnaître de quoi nous avons à nous humilier, et où nous sommes obligés de tendre.

255. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Ce grand Saint, à la vérité, en faveur de ceux qui dans certaines conjonctures, qui sont rares, se voient comme forcés de s’y trouver, prescrit des précautions pour y conserver l’innocence ; mais il ne plaît pas aux gens du monde de les prendre, ces précautions ; ils ont donc mauvaise grâce d’autoriser les danses et les spectacles, par le témoignage de ce saint Evêque.

256. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XIII et dernier. De l’utilité de l’art théâtral, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs. » pp. 223-228

Je suis bien éloigné de pallier la vérité, au sujet des dangers de la profession de comédien, sous le rapport des mœurs ; mais je dirai que, d’un côté, le souverain, par ses ordonnances, et en confiant à ses agents, la surveillance des théâtres, a suffisamment pourvu aux mesures nécessaires, pour prévenir les abus qui pourraient naître de l’exercice de l’art théâtral.

257. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Personne ne doute qu’il n’y ait des vérités qui ne peuvent être mises sur la Scène. […] Concluons que la vérité & la possibilité sont déplacées sur la Scène, si elles n’y sont pas vraisemblables, & que les exemples que nous venons de citer, n’ont pas peu contribué à la Décadence du Théâtre.

258. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

La lecture de cette seule Piéce nous jette dans une émotion que ne nous cause point celle d’Athalie, où la Reconnoissance produit une Catastrophe qui remet le Spectateur dans la tranquillité ; mais en même tems cette Piéce aussi recommandable que celle de Sophocle, par la simplicité, la vraisemblance de la conduite, & la vivacité de l’Action, d’où naît un très-grand intérêt, étant outre cela recommandable par la beauté des caracteres, & les vérités qu’elle enseigne, forme un Tout ensemble, qui la rend digne d’être comparée au Chef-d’œuvre de la Grece. […] On pourroit dire encore que l’arrivée de l’homme de Corinthe, quoique très-possible, tient un peu du Merveilleux, ce qui contribue à faire croire que ce Sujet a été ajusté au Théâtre par Sophocle : & n’est-ce pas un plus grand effort de génie, de savoir ajuster les Regles de son Art à un Sujet dont on conserve toute la vérité historique ?

259. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Je connois les héros du parti, ils sont comme les femmes irritées qui veulent toujours avoir le dernier mot, je trouve dans la vérité confirmée par l’expérience de quoi me consoler ; pour avoir raison, il n’est pas nécessaire de crier le plus haut, & de forcer les autres à se taire. […] Je vous avouerai, dit-il, que depuis quelques années j’avois beaucoup à souffrir intérieurement d’avoir travaillé pour le Théatre, étant convaincu, comme je l’ai toujours été, des vérités lumineuses de notre Religion, la seule divine, la seule incontestable. […] L’unique regret qui me reste, c’est de ne pouvoir point assez effacer le scandale que j’ai pu donner à la Religion par ce genre d’ouvrage, & de n’être point à portée de réparer le mal que j’ai pu causer sans le vouloir … … les gens de bon air, les demi-raisonneurs, les pitoyables incrédules, peuvent à leur aise se moquer de ma démarche : je serai trop dédommagé de leur petite censure & de leurs froides plaisanteries, si les gens sensés & vertueux, si les ames honnêtes & pieuses voient mon humble désaveu avec cette satisfaction pure que fait naître la vérité lorsqu’elle se montre ».

260. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

Cette inégalité d’injustice, qui suppose de l’injustice dans les unes & dans les autres, a très-peu de justesse & de vérité. […] Sans avoir besoin de la foi, l’expérience de tous les siecles démontre cette vérité. […] Cette lettre, quoique pleine de vérités, est sans vrai-semblance ; on ne se décrie à ce point que dans la confession sacramentelle, parce que la loi de Dieu y oblige, & qu’on est sûr du secret ; mais il n’est guere probable qu’on aille faire à un amant sans nécessité un tel aveu par écrit.

261. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

Lui-même il se trahit, ou plutôt la vérité le décelle. […] Cette piece est pleine de mauvais principes, ignorance ou irréligion ; la vérité y est fort peu respectée. […] Nous serons unis par la vérité.

262. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

.), trouveront cette apostrophe trop vive ; mais on ne peut contester qu'il n'ait la vérité pour lui. […] Polyeucte), l'Auteur de ce bon livre dit très sensément : « Corneille a fait du martyre de ce Saint le sujet d'une tragédie qui est un chef-d’œuvre dramatique ; mais les personnes pieuses ont été choquées de la liberté que le Poète s'est donné de faire monter les Saints sur le théâtre, d'altérer la vérité de l'histoire, de corrompre les vertus chrétiennes, et de mêler la tendresse de l'amour Romain à l'héroïsme de l'amour divin. […] S'attendrait-on que le Journal des Savants, ouvrage si judicieux, si décidé pour la religion et les mœurs, et jusqu'ici contre les dangers du théâtre, au lieu d'applaudir à cette vérité, se déclare contre elle, et se contredise en la combattant ?

263. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VI. Les obstacles qu’on peut rencontrer pour parvenir à la Réformation du Théâtre. » pp. 59-68

Je vais confirmer cette vérité par des exemples.

264. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

En effet tous les hommes, dans quelqu’état qu’ils soient, à tout âge, de tout rangs et de tous caractères sont sujets à la passion d’amour : cette vérité reconnue fait que les Poètes se croient autorisés dans l’usage où ils sont de l’établir comme le fondement, et comme la seule passion qui doit régner sur la Scène ; les Spectateurs en conviennent, et voilà pourquoi elle y domine impérieusement, tant dans les intrigues que dans les caractères.

265. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CONCLUSION, de l’Ouvrage. » pp. 319-328

Or, il arrive quelquefois que les Auteurs au lieu de copier la nature la défigurent : et de l’autre côté que les Acteurs la font tellement grimacer que le Spectateur qui la cherche ne peut la reconnaître ; Mais lorsqu’un Auteur est parvenu à bien peindre la nature et que les Acteurs récitent la Pièce dans son véritable ton, en sorte que l’esprit séduit agréablement, prenne la fiction pour la vérité même : alors on est obligé de convenir qu’une représentation Théâtrale est un amusement supérieur à tout autre Spectacle public tel qu’il puisse être, parce qu’en satisfaisant les yeux, il intéresse le cœur et l’esprit.

266. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Il y a dans les Contes de La Fontaine des traits contre la Comédie que la vérité a sans doute arrachés malgré lui à l’un de ses plus grands & de ses plus licentieux amateurs. […] Voilà bien des vérités. 1. […] Il faudroit encore faire chaque jour, & même plusieurs fois par jour, la même opération, sans quoi le lundi revélera les mysteres du Dimanche, & le soir ceux du matin ; si on ne continue jusqu’au tombeau ce régime bien génant, que d’affreuses vérités va publier l’indiscrétion d’un âge qui s’avance à grands pas, & dont cette peinture précipite les rides & la pâleur. Tout est journalier, dit-on, on a raison : que c’est une triste vérité !

267. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Dieu me menace en vain, & j’ai beau le prier, Prosterné devant lui, je n’adore que toi… Loin de moi, Livres saints, vos sombres vérités Ne peuvent consoler mes esprits agités : Vous montrez le bonheur, Héloïse le donne…. […] Le roman de Cominges, dont il fait le plus grand éloge, quoiqu’il soit contre la vérité & la vraisemblance, qu’il attribue à une religieuse défroquée & peu scrupuleuse, & qui est digne de l’être ; ce roman n’a que le mérite de l’élégance, de la volupté & de l’irréligion : il n’en faut pas davantage pour être admirable. […] Quelles verités dans la narration , (vérité des contes !) […] Toutes sont célébres de deux manieres differentes & très-vraies ; les transports, l’yvresse, le délire de l’amour, sont la description de leurs attraits & de leurs faveurs ; les remords, la réflexion, la probité sont le détail de leurs vices & de leurs bassesses, légereté, parjure, infidélité, vanité, friponnerie, sans mœurs, sans religion, sans décence, sans droiture, ranconer les amans, dépouillant les riches, Midas coupant la bourse aux enfans de famille, les rendant prodigues, dissipateurs, libertins, corrompus, les Juges dictant leurs arrêts ; jamais on n’en a dit tant de mal & tant de vérité.

268. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

La compagnie n’y étoit pas nombreuse, à la vérité, & il n’y avoit point de masque, Adam & Eve n’avoient pas même d’habits ; mais la beauté du lieu devoit rendre la salle fort agréable. […] Ces monstres, demi-femme & demi-poisson ou demi-oiseau, si célèbres dans la mythologie par leurs chants & leurs attraits dangereux, dont il étoit si difficile de se sauver, & dont Ulisse n’échappa, dit Homère dans l’Odissée, qu’en se faisant attacher au mât du navire, & bouchant les oreilles de ses matelots, ces monstres prétendus, n’étoient dans la vérité qu’une mere & des filles prostituées, qui s’étoient établies sur le Promontoire de Sirenusse en Lucanie, d’où elles ont pris leur nom, dans un endroit où les vaisseaux venoient aborder pour prendre des provisions, & où elles se vendoient aux passagers & aux matelots. […] Au milieu de la description de celles de tous les peuples, semées d’aventures galantes dont en amateur il a rempli son livre, la vérité lui arrache bien des aveus. […] Après ces portraits de la danse, dont tout atteste le vérité, sera-t-on surpris du zèle de S.

269. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

Ces objets célestes sont rares à la vérité, mais pas autant que vous croyez. […] Dussiez-vous me punir de ma sincérité, Sans crainte, je ferai parler la vérité. […] Consultez l’histoire, vous y verrez que le catalogue des hommes abominables est beaucoup plus long que celui des femmes : vous y verrez à la vérité, que celui des femmes illustres est un peu plus court que celui des hommes ; mais s’il n’est pas plus long, on doit conclure de la brièveté du premier catalogue par rapport à elles, qu’elles seraient au moins au niveau des hommes dans le second, si les occasions de se distinguer ne leur eussent manqué, et si les hommes n’avaient eu grand soin de les en éloigner. […] Les femmes ne manquent pas de courage : elles préfèrent l’honneur à la vie ; [c’est une vérité que, par parenthèse, on n’attendait pas de vous, après avoir dit le contraire tout le plus au long que vous avez pu] quand elles se battent, elles se battent bien.

270. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

sont employés par l’Ecriture & par tout le monde ; c’est qu’il est impossible de se faire entendre sans employer le langage reçu, & les idées connues, en avertissant que ce n’est qu’une ombre de la vérité. […] Heureux les Evêques, qui savent la demêler, du moins qui savent reparer leurs fautes, & rendre enfin justice à la vérité. […] Ajoutons y ce qui est à la vérité au-dessous de cet objet divin ; mais qui frappe davantage les hommes ; ajoutons les circonstances étonnantes de cet événement unique, qui forment autant de traits de ce sublime tableau ; les trois puissances, la Synagogue, Hérode, Pilate, réunies contre cet adorable mourant ; le nombre, la varieté des plus cruels tourmens ; l’homme le plus grand, le plus saint, le plus éclairé qui fut jamais, qui a fait les plus grands miracles, enseigné les plus grandes vérités, établi la plus sainte religion, rempli d’admiration toute la Judée. […] Le théatre est à la vérité la foire la plus célebre, & la mieux fournie ; mais il n’est pas borné à la salle du spectacle.

271. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

M. le Duc de Montausier, Gouverneur du grand Dauphin, fut par sa probité, son courage, sa religion, ses vertus, un homme d’un mérite rare, il passoit à la Cour pour rude & sauvage, parce qu’il étoit d’un abord froid, grave & sérieux, & qu’il ignoroit la flatterie, la molesse, la frivolité des courtisans ; il étoit inviolablement attaché à ses devoirs, disoit & défendoit la vérité sans respect humain, avec une droiture inflexible. […] Il fut d’abord Protestant & fort instruit dans sa Religion, Dieu lui fit la grâce de connoître la vérité, il l’embrassa avec zèle ; c’est lui qui fit connoître deux Prélats célèbres, M. […] Cet homme unique avoit dans sa jeunesse aimé les spectacles & tous les plaisirs, il fut même Poëte, médiocre à la vérité, mais bon pour le temps. […] Lenet, dans ses Mémoires sur les guerres de Bordeaux, paroît un homme sage, grave, sérieux ; cependant il s’égaye par fois par le récit, à la vérité, décent, de plusieurs aventures galantes. […] Quel affreux coup d’œil si à côté de l’histoire de leurs exploits, des titres de leur noblesse, la vérité & la vertu traçoient le tableau de leur cœur & l’histoire de leurs désordres !

272. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Il renversa la religion dont il avoit dans ses écrits démontré la vérité, & par une absurdité qui tient du délire, il se donne le titre de son défenseur, comme si le Roi d’Espagne se faisoit Protestant, & continuoit à se donner le titre de très-Catholique. […] Elle entendit l’énergie de ce mot, & comme elle en sentoit la vérité, elle prit le parti d’en plaisanter. […] Le fonds en est vrai, mais il le défigure par des avantures romanesques, la plupart contraires à la vérité, plusieurs peu vrai-semblables. […] Cette épisode de la Henriade, contraire à la vérité, à la vrai-semblance, à la décence, est très-inutile. […] Je doute de la vérité de ce mot, qui n’est que l’éloge de la Reine d’Angleterre.

273. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

La vérité parvient rarement aux Princes par d’autres voies, ridendo dicere verum quid vetat ? […] Ce n’étoit pas sans raison qu’elle vouloit le ménager un appui, elle disoit à la vérité n’avoir en vue que de donner des successeurs à l’État. […] Dans la vérité cette Princesse n’avoit aucune Religion, les favorisoit ou les combattoit toutes selon son intérêt ou son caprice. […] Son frère Protestant n’étoit qu’un enfant : quel garant de la vérité ! […] C’est une erreur, une ch mère, Dieu ne veut point dans la Religion le mêlange de l’erreur & de la vérité, qui n’est pas avec moi est contre moi, qui ne ramasse pas avec moi, dissipe ; un Évêque peu courtisan osa lui reprocher qu’elle agissoit plus en politique qu’en chrétienne.

274. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Le théatre fût-il un remede & l’art dramatique un art utile, ce qui est bien éloigné de la vérité, ce seroit toujours une folie de s’empoisonner pour user d’un antidote. […] Il suppose tous les hommes nés sauvage, se civilisant peu à peu : supposition commune chez les philosophe contre la vérité. […] écoles respectables du véritable honneur, des vertus véritables ; théatre où pour instruire & les grands & les rois, l’auguste vérité fait entendre sa voix. […] Elles ont été célébrées en vers & en prose, l’une à la vérité aussi mauvaise que l’autre : mais toutes les deux en convenant qu’il est impossible de résister à de si violentes tentations, reconnoissent combien sont justes les gémissemens de la vertu. […] C’est un historien philosophe qui n’abuse jamais de la raison pour prouver des paradoxe ; les fastes sous la plume se convertissent en vérités philosophiques & morales.

275. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Ils y sont si bien que la Comédie ne fait point dégénérer la Noblesse, Floridort, dont j’ai ouï parler comme du plus grand Comédien que la France ait eu, étant né Gentilhomme, n’en fut point jugé indigne par la Profession dont il était : et dans la recherche que l’on fit de la fausse Noblesse, il fut reçu par le Roi et son Conseil à faire preuve de la vérité de la sienne, qui par droit héréditaire a passé à sa postérité. […] , qui soutient qu’il est permis de tirer des vérités du sein des Fables Païennes, et que ce n’est au plus que recevoir des armes de ses propres ennemis. […]  « Que le repos et la joie étaient des Médecins à tous les maux. » Cette vérité est si constante, tant dans l’exercice des vertus que dans celui de l’esprit que les Saints Pères en ont parlé en mêmes termes que les profanes. […] Voilà, Monsieur, ce que sans trahir la vérité, et sans croire blesser ma conscience, je puis vous répondre pour mettre la vôtre dans un plein repos. […] D’autres que vous me feront peut-être un crime d’avoir suivi l’opinion la plus favorable, et m’appelleront Casuiste relâché, parce qu’aujourd’hui c’est la mode d’enseigner une Morale austère et de ne la pas pratiquer ; mais je vous jure, Monsieur, que je ne me suis point arrêté à la rigueur ou à la douceur de l’opinion, mais uniquement à la vérité ; souhaitant de tout mon cœur suivre la Règle que nous donne saint Benoit, « De former nos actions sur les opinions les plus sévères, et notre doctrine selon les plus favorables « Actiones vestras, etc., apud Caramuel », Theol. fundamental., n. 1542.

276. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Septième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 282-286

Quelle Rivale, à la vérité !

277. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

J’ai de la peine à me résoudre de le dire ; mais enfin la vérité m’y force.

278. (1804) De l’influence du théâtre « PREFACE. » pp. -

Le dernier des Citoyens, alors, met toute sa gloire et tout son bonheur à l’imiter ; et il n’est point d’Ecrivain sensé qui ne se sente naturellement enflammé du désir de consacrer sa plume au développement de quelques vérités utiles.

279. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  dénombrement général du personnel et des revenus de l’ancien clergé séculier et régulier de france.  » pp. 351-362

(A la vérité il y avait quantité de cures dont les revenus, outre la congrue, qui était de 300 f., mais qui fut augmentée par un édit du Roi de 1768, à la somme de 500 f., n’allaient guère au-delà de 200 f. ; mais aussi il y en avait quantité d’autres qui valaient plus de 2.000 f.

280. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Mais qu’importe la vérité de l’imitation, pourvu que l’illusion y soit ? […] Pour rendre cette vérité sensible, imaginons un dénouement tout contraire à celui de l’Auteur. […] On n’a pas eu tous ces embarras à la vérité, mais aussi l’on a fait un établissement inutile. […] Comment peut-on disputer la vérité de ce sentiment ? […] La vérité est que Racine me charme et que je n’ai jamais manqué volontairement une représentation de Molière.

281. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

On a consulté Justelipse, Bullinger, Rosinus ; on s’est donné à peu de frais, un grand air d’érudition sur les anciens théâtres d’Athènes & de Rome ; on n’a pas même négligé les savants traités d’optique, de perspective, de statique, d’acoustique, avec l’ornement à la vérité peu divertissant, de quelques formules algébriques, pour déterminer les proportions les plus propres à la propagation du son, à la distribution de la lumiere, au jeu des machines ; on a même voyagé exprès en Italie, pour lever le plan des théâtres de Rome, de Venise, de Naples, de Florence, de Parme, de Milan, pour en fondre toutes les beautés dans celui de Paris, à qui l’on doit solemnellement donner le glorieux titre de théâtre de la Nation. […] C’est à peu-près la cérémonie du Muphti dans le bourgeois gentilhomme & du Médecin dans le malade imaginaire, & de bien d’autres semblables, & toutes calquées l’une sur l’autre, à quelque baragouin près du prétendu Turc, Italien, Latin, où l’on affecte d’estropier les mots, d’en invenrer pour en ajuster au rôle d’une maniere très-maussade, & contraire à la vérité. […] C’est mal connoître le cœur de l’homme, de décharner toute la Réligion, & en faire une sqelette, en supprimant tout l’extérieur du culte ; qu’on prévienne les abus, qu’on y rémédie, qu’on explique les vérités, mais qu’on laisse les cérémonies, les images ; comme on laisse aux orateurs & aux poëtes, les allégories, les métaphores, l’harmonie, &c.

282. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Mais l’on peut dire avec vérité que l’Ecriture toute entiere est une condamnation implicite & continuelle des spectacles, puisqu’elle condamne jusqu’à un geste, un clin-d’œil, une parole inutile, & qu’elle ne parle par-tout que de gêne, de contrainte, de violence, de renoncement au monde & à toutes les choses du monde, de sacrifices, de pénitence, de mort à soi-même, de modestie, de recueillement, de retraite, de silence, de suite des occasions du péché & des passions. […] Ecoutons l’auteur des réflexions sur les principales vérités de la religion, imprimées à Paris chez Charles-Maurice d’Houry, en 1726, in-12.

283. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE II. » pp. 18-28

Cette considération n’a pas peu contribué au rétablissement de la Comédie, on l’a jugée un mal nécessaire ; cependant les Monarques ont de tems en tems renouvellé sa condamnation, étant contraints par la force de la vérité.

284. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

Le théatre est une chaire pestilencielle que cet esprit superbe a toujours opposé à la chaire de vérité.

285. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Mon âme, qui se sent de sa grandeur première, Vole vers cet objet, s’y livre toute entière ; Et goûtant, à longs traits, l’aimable vérité, Conçoit pour tout le reste une illustre fierté.

286. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

On se voit soi-même, dans ceux qui nous paraissent comme transportés par de semblables objets : on devient bientôt un acteur secret dans la tragédie ; on y joue sa propre passion, et la fiction au dehors est froide et sans agrément, si elle ne trouve au-dedans une vérité qui lui réponde.

287. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

Comme la nature nous a faits les uns pour les autres, elle nous a liés par cette sympathie ou communication réciproque de nos passions ; de sorte qu’une personne vicieuse qui nous parle fortement, ne manque point de nous tourner l’esprit et le cœur comme le sien, et par consequent de nous infecter de son venin, à moins que nous nous tenions attachés à la vérité pour n’être pas ébranlés par ses paroles, et que nous n’excitions en nous-mêmes des passions opposées à celles qu’elle nous inspire.

288. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE VI. » pp. 456-466

C’est donc par ce moyen que tous les mystères du Symbole sont ruinés dans nos cœurs , et après avoir sapé ce premier fondement de notre créance, tout ce qui suit des autres vérités du Symbole menace ruine dans nos esprits : et un peu après, ce même Saint ajoute : s’il y a donc quelqu’un qui s’imagine que de se trouver aux spectacles ne soit qu’une faute légère, qu’il considère attentivement tout ce que nous venons de dire, et qu’il prenne bien garde que le plaisir et le contentement ne se trouve pas aux spectacles, mais la mort ; et quelques lignes après il dit, qu’est-ce qu’on remarque de semblable chez les Infidèles et chez les Barbares ?

289. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Hypolite est un sauvage qui déteste les femmes, & ne se plait que dans les forêts, à la chasse des bêtes féroces ; il n’en payera pas moins le tribut aux actrices, il est aimé par une, à la vérité, sous le nom de Phedre, sa belle-mere, qui, en bonne actrice le lui déclare, & le sollicite. […] C’est contre la vérité & la vraissemblance ; la plupart des événemens comiques se passent entre les bourgeois, sans intervention de personnes titrées ; on ne doit employer ces titres que comme ceux de Conseiller, de Président, de Capitaine, que quand le rôle le demande, ou qu’on veut le rendre ridicule par une qualité empruntée, & mal soutenue. […] Donner cette idée pour une grande découverte, s’applaudir d’avoir ouvert cette nouvelle & brillante carriere, dire avec assurance qu’on entre dans un champ plus étendu, qu’on brave l’ingratitude des contemporains, & l’oubli de la postérité ; c’est une vaine fanfaronnade, dictée par un amour propre aveugle, enivré de ses productions, qui ne connoit, qui n’estime que soi ; appeller son talent & son genre, le tragique par excellence, lui donner le privilege exclusif, croire que tout le reste n’en mérite pas le nom, que les Grecs & les Anglois seuls, ont seulement, dans quelques scénes, exposé ces magnifiques tableaux, & ce tragique vigoureux, qu’on a seul la hardiesse de dire tout haut, ce que les autres ne disent que tout bas, parce qu’on préfére la vérité à des timides convenances, que le grand Corneille n’a pas atteint le but tragique, que ses maximes, ses raisonnemens, ses projets, ses idées de la grandeur Romaine s’éloignent de l’essence du poëme théatral ; qu’il n’a de parfait que le cinquieme acte de Rodogune, parce que ce n’est que là qu’on éprouve ce bouleversement du sens, cet orage, cette mer soulevée, ce flux & ce reflux de mouvemens ; que Racine n’a jamais la majesté du tragique, (idée fausse, le terrible n’est pas majestueux, la vraye majesté n’est pas terrible) qu’il ne produit point de secousse violente, & ne déchire pas, car Mr. […] Ce systeme dramatique, s’il étoit reçu, & goûté par la nation, ne serviroit qu’à exciter les passions les plus violentes, dans les deux sexes, & à renouveller les horreurs des Cirques, aussi opposées à l’humanité qu’au Christianisme ; à accabler de douleur & de crainte sous prétexte de plaisir ; à attirer l’homme hors de lui-même, à le jetter dans l’ivresse, le rendre comme insensé, pour l’amuser, & dans la vérité ne lui procurer aucun plaisir, rien ne plaît s’il passe les bornes de la nature.

290. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

la raison vous apprenoit qu’il faut fuir le danger, si on ne veux périr, & l’Evangile ne peut nous persuader cette vérité : voilà l’esprit, le langage, la conduite du théatre. […] Mr. l’Abbé Schrone, auteur de l’Apothéose de Moliere, est un Ecclésiastique plein de zèle, qui se prepare à faire dans la chaire de vérité, l’apothéose des Saints, par des savans & dévots panégyriques : celui de Moliere sur le théatre en est le prélude & l’essai. […] Le Mercure fait l’analise & la justification de la mere jalouse, du sieur Barthe, avec tant d’affectation & de zèle, qu’on ne peut guere douter que ce ne soit l’ouvrage de son auteur, cette comédie méritoit de réussir, elle est pleine d’esprit & de vérité, & très bien faite ; elle échoua pourtant, tandis que dans le même tems Azor & Zemire, piéce très médiocre, malgré les deux Z.  […] Ces tableaux piquans des mœurs, annoncent un honnête homme, qui aime la vérité & la vertu.

291. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

De pareils historiens sont-ils des garants bien recevables de la vérité ? […] Cette décoration qui rend si bien la vérité, n’eut point de contradiction. […] peut-on louer ce prétendu chef-d’œuvre si contraire à la probité, à la vérité, à la piété, sans y mettre un mot de contrepoison ? […] Une piece bien représentée gagnera une bataille, 60 jeunes éleves formerent un orchestre, & jouerent deux pieces avec toutes les graces, l’intelligence, la vérité, la précision imaginables (on ne fait pas mieux à Paris), sans compter les divertissemens, les ballets de toute espece.

292. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

La tragédie doit enseigner les grandes vérités politiques, et les vertus publiques. […] On n’y peut guere exposer les grandes vérités qui intéressent la nation entiere, et l’éclaireroient sur ses droits ; on n’ose y débiter que des leçons d’une morale usée et commune ; la soumission aveugle au despotisme des rois y est réduite en principes, et fortifiée par des exemples ; on y déploie toutes ces idées gothiques et chevaleresques, qui n’ont pour fondement que des préjugés, et les vertus publiques qu’on y loue le plus, sont des traits d’un courage souvent inconsidéré, ou d’un faux honneur, qui, dans les états despotiques, tient lieu de vertus7. […] Qui doute de cette vérité commune ? […] Un homme de lettres, amateur du talent des comédiens ; mais ennemi des privileges, a fait au sujet des Trois Noces les vers suivans : Par ordre de la liberté, Que le temps rendra plus polie, Chez vous Melpomene et Thalie Diront enfin la vérité : Par nos suffrages enhardie Votre ardeur les secondera, Mais si vous chantez l’opéra, Ne chantez pas la tragédie.

293. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Grande et terrible vérité que j’entreprends aujourd’hui de développer, et dont la suite de ce discours vous fera connaître l’importance. […] Car ils m’apprendroient des vérités capables non-seulement de me déterminer, mais de m’inspirer pour ces sortes de divertissements, une espece d’horreur. […] Expérience, confession même de ceux qui en ont fait les tristes épreuves, raison, tout concourt à établir cette vérité : et je vous demande en effet, mon cher Auditeur, vous à qui je parle, et qui avez dans vous-même votre conscience pour témoin de ce que je dis, n’est-il pas vrai qu’autant que vous vous êtes adonné à ces lectures, et qu’elles vous ont plu, vous avez insensiblement perdu le goût de la piété ; que votre cœur s’est refroidi pour Dieu, et que toute l’ardeur de votre dévotion s’est ralentie ? […] Une femme qui se sent chargée d’elle-même jusqu’à ne pouvoir en quelque sorte se supporter ni souffrir personne, dès qu’une partie de jeu vient à lui manquer ; qui n’a d’autre entretien que de son jeu ; qui du matin au soir n’a dans l’idée que son jeu ; qui n’ayant pas, à l’entendre parler, assez de force pour soutenir quelques moments de réflexions sur les vérités du salut, trouve néanmoins assez de santé pour passer les nuits dès qu’il est question de son jeu ; dites-le moi, mes chers Auditeurs, cet homme, cette femme gardent-ils dans le jeu la modération convenable ?

294. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

Ce qui marque la vérité de la proposition avancée, que la Comédie moralement parlant et dans son usage ordinaire, est mauvaise ; ce qui fait que jusqu’à présent on l’a toujours défendue aux fidèles. […] L’esprit du Christianisme consiste encore à obtenir le pardon de ses péchés, il consiste dans la connaissance de la vérité, et dans le mépris même des plaisirs. Y a-t-il rien, dit encore le même Tertullien, de plus agréable que d’être réconcilié avec Dieu, d’avoir une parfaite connaissance de la vérité, que de reconnaître ses erreurs, et d’avoir la rémission de ses péchés passés. […] Mais la vérité est que S. […]  » , qui ont pour les spectacles un empressement qui va jusqu’à la folie ; qui disent, nous la regardons à la vérité, mais nous n’en recevons aucun dommage, soient attentifs à ce que je leur dis.

295. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Dans la vérité quand on poudre quelque petit maître, la poudre forme un nuage autour de lui, une atodmosphère odoriférante. […] Et quoiqu’à la vérité ces sortes de péchés soient communément moins graves que les autres ; il n’y a point de Théologien qui ne convienne qu’ils peuvent être très-considérables ; mais il n’est pas douteux que si on répand les odeurs avec une mauvaise intention pour amollir, pour séduire, pour exciter les mouvemens de la chair, pour animer la débauche ; ce qui n’est que trop ordinaire, ce seroit alors un très-grand péché, il n’est guère d’Actrice qui ne mérite ce reproche. […] Celui qui sent toujours bon ; sent mauvais ; ce jeu de mots renferme une vérité très-commune : non benè olet qui benè semper olet .

296. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Il est très-délicat sur ses ouvrages ; il fit un procès au Châtelet à l’Abbé Dinouart, qui dans son Journal Ecclésiastique avoit dit, quoique très-modestement, quelques vérités peu flatteuses sur cet esprit d’irréligion. […] Il y a un aveu sur le danger des spectacles, que la vérité a arraché, malgré la dépravation, à un des débauchés qui y parlent. […] Mais ce qui n’est pas pardonnable, il cherche par préférence ce qu’il y a de plus obscène ; il roule continuellement sur des nudités, des grossieretés, des crimes réels ou inventés, marche de l’imagination la plus libertine, tout cela mêlé des folies, des débauches, des Prêtres idolâtres, appliqué aux Papes, aux Evêques, au Clergé séculier & régulier ; & afin qu’on ne se méprenne pas dans l’application, il substitue, contre la vérité & le costume, autant que contre la religion & la décence, aux noms du pays, Bonze, Derviche, Talapoin, &c.

297. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Ces vérités ne sont contestées de personne, elles sont évidentes, toute la difficulté ne roule que sur l’étendue de la connaissance que doivent en avoir et le Ministre et le public. […] Il ne doit donc y avoir de censures épiscopales contre eux que dans les grands diocèses ; mais ils trouvent partout la condamnation générale des conciles, des Papes, des saints Pères, et la défense de leur administrer les sacrements, s’ils ne renoncent à leur métier ; ce qui a toujours été observé dans l’Eglise, toujours cru par tous les fidèles, et par eux-mêmes, et par tous leurs défenseurs, qui en se récriant contre la rigueur de cette peine, ou tâchant de l’éluder, de la faire lever, en ont toujours reconnu la vérité. […] Toute l’Eglise y a applaudi, et malgré la corruption des mœurs, qui dans tous les temps a conservé et fréquenté le théâtre, peu de lois dans la discipline qui soient plus connues, contre lesquelles on ait moins réclamé, que l’excommunication des Comédiens ; on ne l’a attaquée que depuis peu d’années, où les mêmes mains qui n’ont pas respecté la religion, ont osé, non pas révoquer en doute, mais traiter d’injuste ou de nulle, une peine dont ils reconnaissaient la vérité : « Quid de Histrionibus qui in suæ artis dedecore perseverant ?

298. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Joseph à y venir, et dans la vérité un Capucin à la comédie n’y jouerait pas le rôle le moins comique. […] Ce mélange de persécution et de faveur fit faire à Corneille, après la mort du Cardinal, ces vers singuliers, que tout le monde fait, et qui à travers un jeu de mots qui semble puéril, contiennent exactement la vérité : « Qu’on dise bien ou mal de ce grand Cardinal, Ma Muse toutefois n’en dira jamais rien : Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal, Il m’a trop fait trop de mal pour en dire du bien. » Convenons donc avec tout le monde que la véritable raison de tous ces mouvements fut une basse jalousie de l’Eminence : « Il vit avec déplaisir que les pièces où il avait part, ou dont il avait donné les sujets et le canevas, étaient entièrement effacées par le Cid ; par cette raison il fut bien aise qu’on le critiquât, et il fut ravi qu’il y eût d’autres pièces (de Scudéry) à lui opposer. » L’instance fut donc portée et régulièrement poursuivie au Tribunal d’Apollon. […] D’un autre côté, un homme du commun pour la fortune et pour la naissance, homme simple et sans intrigue, fort bourgeoisement façonné, qui n’avait d’autre titre que la beauté jalousée de sa pièce, et d’autre protection que son talent, comme il dit lui-même avec plus de vérité que de modestie, « Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée», assez fier même dans son obscurité, et nullement courtisan.

299. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

Après l'éclaircissement de ces vérités, touchant les choses qui se pratiquaient dans le Théâtre des Romains, il sera facile de montrer que la juste censure des premiers Docteurs de l'Eglise, ne regardait point les Acteurs des Comédies et des Tragédies, mais seulement les Scéniques, Histrions, ou Bateleurs, qui par la turpitude de leurs discours et de leurs actions avaient encouru l'indignation et de tous les gens de bien, l'infamie des Lois, et l'anathème du Christianisme ; Il ne faut qu'examiner les paroles qu'ils ont employées en cette occasion, et qui nous en peuvent aisément donner toute assurance.

300. (1541) Affaire du Parlement de Paris « Procès-verbal de l’action intentée devant le Parlement de Paris par le procureur général du Roi aux “maîtres entrepreneurs” du Mystère des Actes des Apôtres et du Mystère du Vieil Testament (8-12 décembre 1541) » pp. 80-82

Tertio, il est certain et indubitable par jugement naturel que fiction d’une chose n’est possible sans préalable intelligence de la vérité. Car fiction n’est autre chose qu’une approche que l’on s’efforce faire au plus près que l’on peut de la vérité.

301. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Les Poètes, qui ont souvent caché la vérité sous le voile des fables, ont dit que Vénus, pour se venger des Scythes, qui avaient pillé son temple, et de Philoctète, qui avait tué Pâris, ne fit que leur donner le goût des jeux, de la mollesse et de la volupté : « Vulnera sic Paridis dicitur ulta Venus » (Thucid. […] C’est toujours Belphégor qui règne ; il ne forme pas à la vérité des armées bien fortes, ses traits, pris dans le carquois de l’amour, ne blessent que les cœurs, ne triomphent que de la vertu ; mais la campagne serait-elle tolérable, si on n’allait les recevoir et les lancer aux pieds d’une Actrice, où l’on trouve depuis long-temps l’innocence et la pudeur terrassées ?

302. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

Le peuple sent-il la finesse du dialogue, l’harmonie des vers, la vérité des portraits, l’enchaînement des scènes, le jeu du dénouement, la noblesse des sentiments, en un mot les vraies beautés théâtrales ? […] C’est Boileau, son admirateur, son ami, son panégyriste, qui rend cet hommage à la vérité.

303. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Ils en deviendraient à la vérité plus sociables et plus polis, mais il en résulterait en même temps qu’ils le seraient trop vis-à-vis de leur Ministère et qu’ils perdraient cette fermeté si redoutable aux Chefs de leur Gouvernement, et si utile à la conservation des privilèges de la Nation : néanmoins si le penchant d’un Peuple est absolument vicieux on doit l’attaquer sans ménagement, c’est servir le Prince et le Peuple ; si le mauvais goût prévaut, on doit s’efforcer de le détruire, et c’est ce que Molière a fait. […] « Un homme sans passions ne saurait intéresser personne au théâtre, et l’on a déjà remarqué qu’un Stoïcien dans la Tragédie ferait un personnage insupportable dans la Comédie, et ferait rire tout au plus. »j On a très mal remarqué ; Glaucias dans Pyrrhus, Brutus, Alphonse dans Inès, Cicéron dans le Triumvirat, Zopire dans Mahomet k, et tant d’autres à citer sont des Stoïciens ou jamais il n’en fut, et l’histoire nous trompe ; dans les Comédies tous nos Aristes, un Théodon dans Mélanide, le Héros de La Gouvernante l, ces gens-là ressemblent assurément au portrait qu’on nous fait des Stoïciens toujours amis de l’humanité et préférant l’intérêt de la vérité, de la raison, de la justice et de l’amitié, à leur intérêt propre. […] S’il est contraire aux mœurs des Français, ou s’il répugne de voir sur leur scène les horreurs communes aux Théâtres Anglais, c’est que les crimes de l’espèce de ceux qu’on leur offrirait ne leur sont pas familiers, que l’esprit, toujours ami de la vérité et de la vraisemblance, rejette des images dont le cœur n’est pas capable de se peindre les originaux. […] La charge ne consiste effectivement que dans le laps de temps dont la brièveté ne laisse pas supposer l’assemblage actuel d’un si grand nombre d’incidents, mais elle n’est pas capable d’altérer la vérité des traits ; c’est au contraire l’assemblage de ces traits vifs et vrais qui rend le tableau plus frappant, et qui force le spectateur d’apercevoir les inconvénients du Vice ou du ridicule que l’on joue : comment donc voulez-vous que cette manière d’instruire soit capable d’entretenir le Vice au lieu de le corriger et que le cœur des méchants en tire parti ? […] Si cet homme pouvait justifier son Stoïcisme par des motifs aussi louables que ceux que j’exige, et si la pièce était assez bien faite pour prouver à tout le monde que, puisqu’on a les voies de la Justice pour se venger de l’injure, c’est se rendre aussi criminel que l’offenseur que d’anticiper sur les droits du Gouvernement en se faisant soi-même justice, il y aurait plus d’oreilles que vous ne croyez disposées à saisir les vérités de cette pièce.

304. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

Au reste, malgré les détours que j’ai pris quelquefois pour dire ma façon de penser, il est facile de l’entrevoir ; la vérité, que j’essaye de cacher en partie, m’échappe souvent, & perce le faible nuage dont je l’enveloppe.

305. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIII. Que les lois civiles défendent de danser, et d’aller à la Comédie les jours des Fêtes. » pp. 67-75

) commemoratio Apostolicæ passionis, totius Christianitatis magistræ, a cunctis jure celebratur, omni theatrorum, atque Circensium voluptate, per universas urbes earundem populi denegata, totæ Christianorum, ac fidelium mentes Dei cultibus occupantur, si qui etiam nunc vel Judaicæ impietatis amentia, vel stolidæ paganitatis errore, atque insania detinentur, aliud esse supplicationum noverit tempus, aliud voluptatum. » et enfin lorsqu’on fait les Fêtes, et la mémoire de la mort des Apôtres, qui ont été les Maîtres de la terre, et qui nous ont enseigné toutes les vérités du Christianisme.

306. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

« Mais la musique est aujourd’hui déchue de ce degré de puissance et de majesté, au point que nous pourrions douter de la vérité des merveilles qu’elle opérait autrefois dans le moral, si nous n’en avions l’attestation des meilleurs historiens et des plus graves philosophes de l’antiquité.

307. (1640) L'année chrétienne « De la nature, nécessité, et utilité des ébats, jeux, et semblables divertissements. » pp. 852-877

Je prends la preuve de cette vérité, de la parole de Dieu même, qui ne recommande rien si souvent à ceux qui le servent, que d’être sans tristesse et mélancolie :Dieu défend la tristesse à ceux qui le servent. […] Lorsque par la tristesse la personne se voit dégoûtée, elle tâche de dégoûter, et décourager les autres, afin de se faire beaucoup de semblables, et de diminuer le parti de Dieu et de la vérité, et retourner à celui du vice, qu’elle pense être plus gai. 3.  […] Je ne veux pas m’arrêter davantage à la preuve de cette vérité ; car en la sixième Partie de ce premier Tome, j’en parlerai plus amplement, lors que je combattrai les six prétextes desquels les hommes se servent pour ne s’occuper pas à bon escient aux affaires de leur salut, un desquels est celui de la mélancolie, qu’on s’imagine être en cette occupation. […] ou que vous ferez, ou lesquels vous vous plairez d’entendre des autres, n’aient rien d’impie, ni de nuisible au prochain, ni ne soient contre la vérité, ni ne ternissent la beauté de la chasteté, en un mot qu’ils soient bons.

308. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

On n’y fait plus aussi paraître de femmes toutes nues ; mais celles qu’on y fait paraître, n’y montrent encore que trop de leur nudité ; et leurs parures, leurs gestes, leurs allures mesurées, et toutes leurs autres manières étudiées sur le tendre, donnent à la vérité moins d’horreur, mais elles n’inspirent peut-être pas pour cela moins d’amour : et si on n’y commet plus les dernières infamies, on y tient au moins des discours, surtout dans les farces, qui en font assez imaginer. […] Nous avons assez de choses à réciter, nous avons assez de Vers, assez de Sentences, assez d’Hymnes, et assez de Cantiques ; et ce ne sont ni fables ni fictions, mais des vérités pures et sincères. […] Que notre Docteur s’en rapporte plutôt au sentiment d’un Homme, qui n’est ni scrupuleux ni libertin, et qui fait métier de dire des vérités d’une manière assez sèche et sans beaucoup flatter les gens. […] La dévotion aisée ne s’était point encore avisée de ce secret, et elle n’était jamais allé si loin ; mais voilà les égarements où l’on tombe quand on abandonne les Vérités éternelles, pour suivre le penchant et les inclinations du monde. […] Ces Casuistes eussent bien mieux fait de suivre constamment et de soutenir avec courage la doctrine des Anciens, qui est fondée sur la discipline de l’Eglise et animée de son Esprit, et de réprimer par la force de la vérité la licence effrénée des Chrétiens relâchés et vicieux, que de leur montrer une voie large qui favorise leurs convoitises, et qui > par conséquent ne peut que les conduire dans le précipice par des opinions nouvelles, qui n’ont aucun fondement ni dans la doctrine de l’Eglise ni dans celle des Pères. » Et dans le chapitre 14 du même Livre : « Ces Casuistes, dit encore saint Charles, ont fait tort à la vérité ; et ils ont été trop hardis, de vouloir limiter ainsi par leurs interprétations particulières, l’obligation que les Canons imposent sans restriction aux Fidèles : ces Auteurs ont eu sans doute plus d’égard à l’usage de leurs temps qu’à la vérité et à l’esprit de l’Eglise. » Saint Charles cite ensuite le second Concile de Mâcon pour justifier ce qu’il vient de dire : « C’est, dit-il, ce que nous font comprendre ces admirables paroles du Concile de Mâcon : Que le Dimanche vos yeux et vos mains soient élevés vers Dieu DURANT TOUT LE JOUR.

309. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

Le Parlement l’a bien fait sentir à votre Avocat dans la peine infamante qu’il vient d’ordonner contre son Livre & même contre sa personne ; il a jugé qu’une plume aussi mensongere étoit indigne d’écrire pour les intérêts de la Vérité & de la Justice*, craignant qu’encouragé par cet essai scandaleux, il ne prenne le goût de défendre les causes les plus décriées.

310. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

A la vérité le mal que les spectacles produisent, ne se fait pas toujours sentir tout d'un coup.

311. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Revenons à la vérité du mot de Bossuet, « il y a de grands exemples pour, et de grandes raisons contre », que Louis XIV ne prit pas pour une insolence et un manque de respect à son autorité.

312. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 15-18

Pensez-vous être excusé au jugement de Dieu, de croire plutôt à un homme qui vous flatte, qui vous parle en secret, et qui ne vous apporte aucune preuve de son dire, qu’aux prédicateurs qui n’ont point d’intérêt que la vérité, qui vous parlent en public de la part de votre pasteur, de votre évêque, de votre Dieu, et qui prouvent leur dire par les textes de la Bible, par les Pères et les conciles ?

313. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Car les grandes choses ne paraissent ordinairement au monde, que dans des longueurs pour quia la vie d’un seul homme ne suffit pas ; leur suite est souvent interrompue par le silence, ou par le tumulte des affaires : les faux bruits, les feintes, les passions particulières en déguisent la vérité, et sont cause que l’on prend les circonstances pour le principal, mais les théâtres recueillent ce qui sert pour la parfaite intelligence d’un sujet ; en moins de deux heures, il font voir la naissance, le progrès, les difficultés, la fin des aventures qui exercèrent le monde durant plusieurs années et plusieurs siècles.

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