Mais à quoi serviraient les Habits de Village, si les Pièces en peignent si peu les véritables mœurs ?]
Les grands noms de Saint Thomas et des autres Saints ont été employés en sa faveur : on s’est servi de la confession pour attester son innocence.
Elle sait, comme dit saint Paulin, que toute la figure du monde passe et que toutes les créatures corporelles qui attirent nos cœurs par l'entremise de nos yeux, sont autant de rets dont le diable se sert pour nous prendre, autant d'épées dont il tâche de nous percer le cœur.
Elle sait, comme dit saint Paulin, que toutes les créatures corporelles qui attirent nos cœurs par l'entremise de nos yeux, sont autant de rets dont le Diable se sert pour nous prendre ; autant d'épées dont il tâche de nous percer le cœur.
Tout le monde sçait de quelle importance fut une pareille dexterité à un de nos plus braves Cavaliers, qui se trouva dans le Combat Naval, entre les Anglois & les Holandois, sa naissance, son rang, son esprit & sa bravoure ne luy servirent de rien à l’égard de son adresse ; & il se tira en nageant, d’un pas où toutes ces autres belles qualitez luy estoient inutiles.
D’une excuse, de laquelle se servent ordinairement les gens du monde, pour justifier la conduite des jeunes hommes, et des jeunes filles qui vont au bal. p. 142 XIX.
On cite saint Basile, qui dit que la Musique dont on se sert en ces rencontres, doit être évitée comme une chose très honteuse. […] Il ajoute que les Airs de Lully tant répétés dans le monde, ne servent qu’à insinuer les passions décevantes, en les rendant plus agréables et plus vives, plus capables par le charme de la Musique de s’imprimer dans la mémoire, parce qu’elle prend d’abord l’oreille et le cœur. […] Il se sert de la comparaison des Peintures immodestes dont l’usage est condamné, parce qu’elle ramènent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment ; et il dit que les expressions du Théâtre touchent plus, parce que tout y paraît effectif : les vraies larmes dans les Acteurs en attirent d’aussi véritables dans ceux qui les regardent. […] Sentiments de l’Eglise et des Saints Pères, pour servir de Décision sur la Comédie et sur les Comédiens : opposés à ceux de la Lettre qui a paru sur ce sujet depuis quelques mois.
Il est vrai que l’amour insensé d’Eriphile pourrait paraître illégitime ; mais, outre que c’est un amour caché et nullement de mauvais exemple, on verra qu’il est si malheureux, qu’il peut même servir d’instruction. […] Je n’ai rien à dire non plus contre l’amour de Plisthène et de Théodamie ; c’est plutôt l’effet d’une sympathie naturelle, qu’une véritable passion ; puisqu’il se trouve à la fin qu’ils sont frère et sœur : cependant cet amour a servi infiniment à l’Auteur, que je trouve très louable de l’avoir imaginé, et encore plus d’en avoir sû faire un si bon usage : car, outre qu’il n’offre rien qui blesse la bienséance la plus austère, les deux Amants sont d’ailleurs occupés de motifs trop importants pour s’amuser à filer des Scènes de tendresse ; aussi l’Auteur les a-t-il évitées avec grand soin, et ne s’est servi de l’amour que pour donner plus de force à la compassion de Plisthène, qui sans cela ne devrait s’intéresser que médiocrement à la vie du père de Théodamie, ne sachant pas qu’il fût aussi le sien. […] A l’égard de Zénobie (qui se croit veuve depuis le bruit qui a couru de la mort de Rhadamiste) elle tient une conduite irréprochable, et qui peut servir de modèle ; puisqu’elle se fait un devoir de rester fidèle à un époux qui, aussitôt après son mariage, étant forcé de fuir précipitamment, oblige sa femme à fuir avec lui ; et qui, par jalousie et pour empêcher qu’elle ne passe dans les mains de son rival qui les poursuivait, la précipite dans une rivière.
Si Dom Sanche n’était, jusqu’à la fin, que le fils d’un Pêcheur ; si ce fils d’un Pêcheur ne se trouvait pas tout à coup, je ne sais comment, l’héritier légitime du trône d’Aragon ; si ce fils d’un Pêcheur ne devenait Roi que parce qu’il aurait mérité de l’être par ses vertus, je crois que la pièce aurait bien pu être sifflée : mais on ne reprocherait pas à l’Auteur de n’avoir pas fait servir son art à déraciner l’une des plus extravagantes et des plus anciennes préventions des hommes. […] L’Auteur s’est servi du moyen qu’avait imaginé Molière, et son ouvrage est d’autant plus utile à l’humanité, qu’il a attaqué le vice qui lui est le plus contraire, et qu’il l’a combattu avec les seules armes qui pussent lui porter quelque atteinte. […] C’est donc la faute des Artistes, s’ils ne font pas servir leur art à l’instruction des spectateurs, comme à leur plaisir. […] [NDA] Est-ce donc un mal que les femmes dominent au Théâtre comme dans le monde, si elles ne se servent de leur empire que pour ramener les hommes à la vertu ?
Le Cirque n'est que vanité, parce qu'il ne sert à rien. […] Que sert à l'homme de jouir d'un plaisir passager, s'il est suivi d'une douceur éternelle, et s'il est tourmenté nuit et jour par la concupiscence ? […] Oui, mes frères, c'est le Démon qui a fait un art de ces divertissements et de ces Jeux pour attirer à lui les soldats de Jésus-Christ et pour relâcher toute la vigueur, et comme les nerfs de leur vertu, c'est pour ce sujet qu'il a fait dresser des Théâtres dans les places publiques, et qu'exerçant et formant lui-même ces bouffons, il s'en sert comme d'une peste dont il infecte toute la vie.
Dans la societé civile et dans une République qui est un assemblage de plusieurs hommes, il s’en trouve pareillement dont l’utilité est considérable, d’autres servent de lustre et à l’ornement, et d’autres sont pour le plaisir et la récréation, et dans cette considération qu’ils sont tous nécessaires ; il n’y en a pas un, à son avis, qui soit méprisable. […] Qui n’eût blâmé Diogène dans son tonneau qui lui servait de maison roulante, et cependant c’était une marque de sa vertu et de sa Philosophie. […] Et GUILLOT-GORJU s’en rapporte à ses critiques, savoir s’ils croiraient à la foi de Gros-Guillaume lorsqu’il s’excuserait de leur faire une farce, et s’ils tiendraient leur argent bien employé s’ils n’étaient servis de ce plat à la fin pour la bonne bouche, qui est proprement après une ample collation, une boîte de dragées ou de confiture.
Et je n'en dirai point l'Auteur, que par des caractères qui ne seront pas plus faciles à déchiffrer que ceux dont je me suis déjà servi.
Mais son opinion est bien expliquée et bien soutenue ; il n’oublie rien de ce qui peut servir à sa cause, et à quelques endroits près, cette dissertation est fort raisonnable ; mais je ne sais s’il était expédient de la faire imprimer.
» Ces esprits qui servent à Dieu de ministres ne sont pas stables, et il trouve des défauts dans ses Anges mêmes ; à combien plus forte raison des âmes enfermées dans des corps, comme dans des maisons de boue, seront-elles sujettes à la corruption et au péché ?
N’est-il pas ridicule qu’une décoration rongée de poussiere & presqu’en lambeaux, serve à une Pièce nouvelle, à laquelle elle n’a nul rapport ? […] Il est rare que dans les grands rôles, les Comédiens ne soient pas habillés assez magnifiquement ; parce qu’en suivant le Costume, ils servent leur amour propre.
Car quoique les assemblées des Chrétiens dans les Eglises soient des moyens qui servent excellemment à cette sanctification ; s’il arrive toutefois qu’elles aient cessé en partie en quelques lieux par le relâchement de la piété ; les fidèles ne laissent pas d’être tenus de renoncer à ces vaines et profanes récréations en ces saints jours, afin de les passer saintement. […] Ce qui est invinciblement confirmé par les lois des Empereurs que nous avons encore citées, dans lesquelles ces Princes zélés pour la gloire de Dieu, défendent comme un crime, de s’adonner les jours des Fêtes aux exercices qui servent à la volupté et au plaisir, par la considération de cette même obligation que les Chrétiens ont de s’appliquer uniquement au culte de Dieu, et de travailler à leur propre sanctification.
Enfin le caractère de Chrisale d’un bout à l’autre, peut servir d’école à tous les Auteurs de Comédie de Caractère ; cet homme ne se dément jamais, et dans le cours de la Pièce toutes les fois qu’on l’excite à parler avec vigueur, et qu’on parvient à l’échauffer contre sa femme, dans le temps même qu’il prend son parti et qu’il est dans la plus grande colère, on voit toujours ce qui en arrivera lorsque sa femme paraîtra devant lui. […] La Comédie des Précieuses Ridicules est un ouvrage parfait dans le genre de la farce, et un original qui devrait servir de modèle à quiconque veut écrire des Pièces dans ce goût.
Je ne pense pas, il est vrai, que peu d’Auteurs m’ayent donné l’exemple de ce désintéressement, & que fort peu voudront l’imiter : (pardonnez-moi si je me sers de vos propres expressions.)
» Si ces esprits qui servent à Dieu de ministres ne sont pas fermes, et s'il trouve des défauts dans ses Anges mêmes ; à combien plus forte raison des âmes renfermées en des corps, comme en des maisons de boue, seront-elles sujettes à la corruption et au péché ?
On donnoit dans le monde cette abdication de la couronne de Suede pour une action héroïque de philosophie & de religion, on le lui a dit cent & cent fois à elle-même dans les harangues qu’on lui faisoit dans les vers qu’on lui adressoit ; elle s’en moquoit, sachant bien que ce n’étoit que foiblesse & libertinage ; on en voit quelques exemples dans l’histoire, ils ont rarement réussi, elle s’en est cent fois répentie, on le lui avoit prédit en particulier le fameux Chancelier Oxenstiern, habile Ministre qui lui étoit fort attaché, & l’avoit utilement servie, ainsi que son père, & vouloit l’empécher d’abdiquer. […] Ainsi les comédies médiocres après les premières représentations où la curiosité & la nouveauté ont attiré la foule, & des applaudissemens, tombent, sont oubliées, & ne paroissent plus ; le théatre lui-même sert à détruire ce qu’il avoit servi à élever. […] Ses deux successeurs Charles X & Charles XII plus guerriers que savans s’embarrassèrent peu d’Apollon & des Muses ; ce climat est peu fait pour elles, les eaux de l’hypocrene y seroient glacées neuf ou dix mois de l’année, il n’y est resté qu’à Stocholm, encore même Thalie y est-elle fort mal servie, il est vrai qu’elle favorise les passions, & que les passions sont de tous les climats : un édifice même gothique bâti sur le fondement du vice peut prétendre à l’immortalité. […] S. ne s’est pas servi de cette méthode, elle ne doit pas être la meilleure ; croyez-vous que ce soit à présent le temps de convertir les Huguenots, & de les rendre bons Catholiques dans un siècle où l’on fait des attentats si visibles en France contre le respect & la soumission qui sont dûs à l’Église Romaine, qui est l’unique & l’inébranlable fondement de notre Religion ; puisque c’est à elle que N. […] C’étoit une société de débauchés, sa maison étoit une espèce de serrail d’hommes ; elle avoit à Stocholm des femmes auprès d’elle, c’étoient des Officières en charge, en quittant la Suède elle les congédia toutes, & ne voulut plus avoir que des hommes ; il est très-indécent que des femmes ayent des hommes pour les servir, comme il le seroit aux hommes de se faire servir par des femmes, des Baigneurs, des Tailleurs, des Valets de chambre, des hommes à leurs toilettes, & c’est un des plus grands désordres de Suède ; mais il l’est infiniment davantage de n’avoir que des hommes, les femmes le plus libertines, les Actrices ont des femmes de chambre pour le service ordinaire, mais où a-t-on vu qu’une Princesse n’en eut aucune & se fasse lever, coucher, habiller, déshabiller par des hommes ?
Un citoyen qui sent combien une pareille dispute rend méprisables ceux qui ne rougiroient pas d’y attacher de l’importance, a publié dernièrement un Pamphlet (une brochure) intitulée : Mémoire pour servir de plan aux pièces de théatre de Varsovie, & de supplément à l’histoire de la démence humaine. […] Comment a-t-elle pu sans aucune nécessité, donner une fête à des Officiers qui ne sont rien moins que scrupuleux en galanterie, n’y admettre que des femmes, & les faire servir par les Dames ? Comment a-t-elle pu choisir un Couvent, y laisser venir toutes les Religieuses, les laisser mêler avec les femmes les plus mondaines pour servir les Officiers, approuver la proposition de les baiser toutes, & prier l’Abbesse de le permettre ? […] En France la fabrication & la vente des cartes sont libres ; mais les cartes sont timbrées, & il y a un droit à payer sur chaque jeu avant de pouvoir s’en servir ; ce qui donne le même profit à l’État sous un autre nom. […] Louis XV au sortir d’une pièce où l’Héroïne disoit qu’elle vouloit mourir, langage trivial au théatre, dit-il en riant, à son premier Médecin : J’ai été sur le point de vous appeler pour servir une Princesse qui mouroit je ne sais comment.
Acte heroïque pour une femme, pour une comédienne, qui servira quelque jour dans le procès futur de la canonisation. […] Elles servirent de patron à quantité d’autres ; tous les théatres en ont fait sur ce modèle. […] Bien des journaux, entr’autres celui de Freron, vont toujours cueillir ces fruits vereux dans les livres dont ils parlent, & les servent à leur lecteur. […] Elles sont inscrittes sur le registre du Receveur ; la quittance leur sert de provision, & elles sont librement leur métier. […] Outre les troupes courantes, chaque auberge doit avoir non seulement des servantes, comme en France, mais encore des Comédiennes pour le service des passans, & qui doivent veiller toute la nuit pour être prêtes à servir le premier venu.
Elle sait bien-tôt s’en donner & s’en servir, & il est juste de s’entr’aider, & d’avoir des associés dans le commerce. […] Les yeux, les mains, les mouvemens, les traits du visage, tout sert à peindre le cœur, qui s’échappe de tous côtés. […] Il commet le premier péché, prélude, essai, ébauche de ceux qu’il va faire commettre ; comme celui qui prepare un repas goûte le premier les alimens qu’il va servir, les assaisonne, les combine, pour flâter le goût des convives, dont il juge par le sien. […] On compare la pudeur à l’Hermine, espece de Belette, qui se trouve dans les pays froids, dont le poil est extrêmement blanc & fin, & la peau prétieuse sert d’ornement aux personnes les plus élevées, & en les ornant, leur fait d’utiles leçons. […] L’un sert à peindre la blancheur de leur tein, l’autre à consulter comment le fard peut en relever l’éclat ; c’est-à-dire, que contre leur destination naturelle, ils sont employés à détruire cette même pureté dont ils devroient être l’image & donner des leçons.
Ce détail immense de la toilette, cette attention scrupuleuse de la parure, cette gêne incommode des habits, que des heures entieres, des mains les plus exercées, les yeux les plus pénétrans, peuvent à peine exécuter, seroit un joug insupportable, si la religion l’exigeoit ; le démon mieux servi ne trouve que des victimes dociles qui s’immolent pour lui : Vous avez bien gagné l’enfer (disoit Thomas Motus à une coquette de ce caractere), Dieu vous feroit tort de vous le refuser. […] Quoiqu’il puisse servir à l’embellissement, c’étoit plus pour le besoin que pour la parure que Suzanne le prenoit, & toujours seule avec ses filles. […] Mais pourquoi se faire servir par des hommes ? […] Les hommes à leur tout se feront servir par des femmes. […] Il ne les blâme pas moins, & c’est mal servir son goût que de se les permettre.
Mais ces lectures servent à former une jeune personne, et lui apprennent le monde. […] par tout ce qui n’a point de rapport au jeu, ou plutôt, fût-ce le nécessaire même, par tout ce qui peut servir au jeu, en le dérobant aux usages les plus essentiels. […] Pourquoi pensez-vous, Chrétiens, que le fils de Dieu se servît de cet exemple du pied, de l’œil, de la main ? […] Or à combien plus forte raison cette grande maxime doit-elle vous servir de regle à l’égard de vos divertissements ? […] Concours tumultueux et confuse multitude, qui sert de scene à la vanité et à la mondanité ; s’il y a une beauté humaine à produire et à faire connoître, s’il y a un ornement et une parure à faire briller, n’est-ce pas là qu’on l’étale avec plus d’éclat et plus de pompe ?
, quoiqu’il retranche par là tout ce qui sert de pâture à une vaine curiosité, ou dont la connaissance renfermant de grands avantages en soi, ne peut être qu’infructueuse pour nous, à raison de l’état où sa providence nous a engagé, combien a-t-il appris aux hommes de choses qu’ils ignoraient ?
Mais comme la plupart des raisons dont on se servira s'étendent naturellement à la lecture des Romans, on les y comprendra souvent, et l'on prie ceux qui le liront de les y comprendre quand on ne le fera pas expressément.
Enfin on fit brûler en place publique cette satyre avec bien d’autres : ce qui n’a servi qu’à la repandre davantage. […] Le divertissement de la comédie sert de fourrier à la débauche, de mains à la volupté, d’allumette au péché, de scandale à la vertu. […] On en fait honneur au Prélat, qui, comme le Pape, est servi ces jours-là par des cardinaux & des Prélats assistants du trône. […] L’Archevêque de N. se sert d’un pareil moyen pour chanter la Grand messe dans les solemnités. […] Il a tort : cette façon de prêcher & de chanter est très-commode, & le public en est mieux servi.
là, graces à celle que vous avez reçue vous-même, vous avez pu leur servir de maître dans tous les genres. […] L’histoire nous apprend, en rougissant, que l’affreux Tibère faisoit servir l’enfance même à ses plaisirs ; mais ce n’étoit pas le crime de Rome entière ; il n’y avoit point à Rome de rendez-vous autorisés, de lieux privilégiés, de foires où l’on exposât cette nouvelle marchandise bien parée, arrangée avec art, où le riche libertin et le viellard dégoûté vinssent acheter à ses parens l’innocence d’une fille de dix à onze ans. […] Outre que j’ai honte de la belle érudition que, pour vous servir, j’ai acquise en deux ou trois jours, & que je veux perdre bien plus vîte, je dois, ce me semble, citer pou en cette occasion, & ne citer que ce que j’ai pu voir & entendre. […] Les vrais Piliers de ces Spectacles, pour me servir du terme vulgaire, sont un composé d’hommes sans aveu, de prostituées publiques, de prostituées particulières, d’oisifs, de débauchés. […] Bientôt ils ne connoissent plus de frein ; ils n’ont plus d’autres galleries, pour me servir de l’expression ordinaire que ces tripots.
Ici il emploie les paroles, et les sons les plus propres à inspirer l’amour de la volupté ; là il se sert de toutes les livrées du luxe pour étaler le charme des plus brillantes couleurs, et ce mélange qui étonne, et qui ravit, enivre les sens, subjugue l’âme, et vient à bout de corrompre les cœurs […] Rien n’y sert qu’à la ruine des Chrétiens, et la vertu même n’y est représentée que d’une manière à la rendre ridicule : aussi voyons-nous qu’il n’y a point d’examen de conscience où l’on ne mette au nombre des actions contraires à la pureté, l’assistance aux Spectacles ; aussi voyons-nous que tous les Confesseurs qui remplissent les devoirs de leur ministère, et qui ne délient les pécheurs que lorsqu’il faut les délier, refusent la grâce de l’absolution à tous ceux qui fréquentent les Théâtres. […] N’est-ce pas faire servir Dieu lui-même à l’iniquité, que d’entendre prononcer son saint nom par des personnages dont la profession l’outrage et le déshonore : « Servire me fecistis iniquitatibus vestris ? […] cette espèce de voile qu’on met maintenant sur les vices, soit en gazanta les aventures, soit en colorant les expressions, ne sert qu’à exciter d’avantage les désirs déréglés ; et je ne veux que votre propre aveu pour vous en convaincre. […] Lisez les Actes des Martyrs, et c’est là que vous verrez des membres palpitants sur des roues ; des corps mis en pièces par la rage des bourreaux ; des têtes séparées de leur tronc par l’activité d’un feu dévorant ; des hommes tout vivants couverts de bitume et de poix, allumés comme des torches pour servir de lumière aux passants ; des hommes exposés dans les Cirques et dans les Amphithéâtres, à la férocité des Tigres et des Lions, comme un Spectacle propre à amuser le Peuple et les Empereurs.
Nous nous servirons de ces deux Auteurs pour expliquer divers endroits qu’on avait beaucoup de peine à entendre dans les Homélies que S. […] On regardait ce Poète comme un homme qui devait servir à régler les mœurs, à corriger le vice ; c’est ce qui est fort bien exprimé dans son Epitaphe. […] Un des endroits dont se servait S. […] Et il faudra condamner de même ceux qui se servent de leur ministère, ou qui leur donnent quelque secours. […] Aussi cette Déclaration du Roi ne leur a pu servir de rien.
Divine main, perle d’élite, Belle dont le rare mérite Sert aux cœurs de douce prison ; Si l’œil qui te voit ne s’engage, C’est l’âme qui faut de courage, Ou l’Esprit manque de raison.
Dites que les Pères ne blâment pas toutes ces choses, et tout cet amas de périls que les théâtres réunissent : dites qu’ils n’y blâment pas même les choses honnêtes, qui enveloppent le mal et lui servent d’introducteur ; dites que saint AugustinConf.
A quoi sert dans la piece un personnage si révoltant, qu’à diminuer l’horreur qu’on veut inspirer pour Tartuffe, en la partageant avec le maître de la maison ? […] Laurent, valet de Tartuffe, n’est qu’un figurant, qui ne dit mot, & ne sert à rien, si ce n’est à faire tomber le Poëte en contradiction, en donnant pour un gueux, dont l’habit ne vaut pas six deniers, un homme qui pourtant avoit de quoi entretenir un domestique. […] Tartuffe dans la suite est un ingrat qui veut dépouiller son bienfaiteur ; mais c’est un homme poussé à bout par la perfidie la plus noire & de la personne qu’il aime, qui l’appelle & fait semblant de l’aimer pour le tenter & le perdre, & de celui qu’il a le mieux servi, qui l’estimoit le plus, & qui par le plus bas artifice se rend complice de la trahison. […] On ne peut être servi plus promptement.
« Toute représentation est par sa nature criminelle & peché, où les représentans se servent des paroles, ou font des gestes contraires à la pureté, ou des choses, qui puissent nuire au prochain. » Ce seroit ne pas connoître le genie du theatre moderne, que de soûrenir qu’on n’y dit jamais de ces paroles équivoques, qui fassent rougir la pudeur : & qu’on n’y voit jamais des gestes que l’honnéreté chrétienne ne souffre pas, & que cependant l’Ange de l’Ecole veut qu’on bannisse de tout divertissement. […] Quant aux viandes qui ont été immolées aux Idoles, nous n’ignorons pas que nous avons… sur ce sujét asséz de science , nous sçavons asséz, qu’elles ne contractent par cette immolation aucune foüillure, qui les rende immondes, & qui en interdise l’usage : mais la science enfle, & la charité édifie : ainsi il ne faut pas écouter seulement nôtre science, & faire tout ce, qu’elle nous assure être permis ; mais il faut encore consulter la charité, & voir ce qu’elle demande de nous… Quant à ce qui est donc de manger des viandes immolées aux Idoles , cela n’est pas mauvais en soi : … ne vous faites donc pas une peine de ne pouvoir user de la liberté que vous avez de manger de tout : Mais prennez garde, que cette liberté, que vous avez, ne soit aux foibles une occasion de chute , comme elle le pourroit être, si vous vous en serviez en leur présence ; car si l’un d’eux en voit un de ceux qui sont plus sçavans & mieux instruits de la liberté que lui donne l’Evangile, assis à table dans un lieu consacréaux Idoles, ne sera-t-il pas porté lui, qui est encore foible, à manger aussi de ces viandes sacrifiées , & ainsi vous perdrez par vôtre science , & par l’usage que vous en faites, vôtre Frere, qui est encore foible, pour qui Jesus-Christ est mort. […] Cette decision de saint Paul peut servir de resolution au doute, que Madame *** proposa : car je veux pour un moment, que la Comedie dont je parle, soit comtée entre les choses indifferentes, ou qu’elle passe pour telle à l’égard des personnes, qui ne courent aucun danger d’y commettre le peché : je veux même, pour pousser le parallele plus loin, que la Comedie soit pour des ames, qui ont une vertu à l’épreuve, ce que les viandes immolées aux Idoles étoient pour ceux qui étoient instruits de la liberté des enfans de l’Eglise : mais on m’avouera, comme les Corinthiens, quand ils donnerent occasion aux autres, qui n’étoient pas si bien instruits, devinrent coupables du scandale qu’ils leur donnoient ; que ceux-ci, quand par leur exemple ils authorisent les autres, qui n’ont pas la même force, ni une vertu qui se peut exposer au danger de commettre le peché, sont aussi responsables de tout le mal, que les foibles y feront. […] Qu’une Dame, dont la malheureuse tâche est de se faire aimer jusqu’à la passion, qui n’est pas honteuse de permettre cent legéres libertés ; qu’une Dame, dont les yeux, les paroles, les habits, l’air vain & coquet cinquante fois par jour étudié au miroir montrent, qu’elle n’a aucun soin de son salut, aille à la Comedie : elle ne sera coupable que de ses propres pechés : mais celles, que vous me peignez en vôtre lettre, ont assez de reputation de vertu, pour servir par leur exemple de prétexte aux autres, qui s’exposent évidemment au peché : & par consequent on ne peut plus doûter qu’elles ne pechent, quand elles vont à la Comedie ; & que les Anges Gardiens des personnes, auxquelles elles auront été une occasion de chute, n’en demandent un jour vengeance à la Justice Divine.
Cette fille le fait admirablement : elle conte comment « il tient le haut de la table aux repas » ; comment « il est servi le premier de tout ce qu’il y a de meilleur » ; comment « le maître de la maison et lui ne se traitent que de frère ». […] L’autre est en considérant cet usage comme l’effet de l’habitude que les bigots ont prise de se servir de la dévotion, et de l’employer partout à leur avantage, afin de paraître agir toujours par elle. […] Il s’étend admirablement là-dessus, et lui fait si bien sentir son humanité et sa faiblesse pour elle, qu’il ferait presque pitié, s’il n’était interrompu par Damis, qui sortant d’un cabinet voisin d’où il a tout ouï, et voyant que la Dame sensible à cette pitié, promettait au Cagot de ne rien dire, pourvu qu’il la servît dans l’affaire du mariage de Mariane, dit qu’« il faut que la chose éclate », et qu’elle soit sue dans le monde. […] C’est ce qu’il serait inutile d’expliquer, parce que tout cela paraît très clairement par le discours même de la Dame, qui se sert merveilleusement de tous les avantages de son sujet, et de la disposition présente des choses, pour faire donner l’Hypocrite dans le panneau. […] Ainsi parce qu’on voit que Panulphe ne persuade pas sa Dame, on conclut que les moyens dont il se sert ont une grande disconvenance avec sa fin, et par conséquent qu’il est ridicule de s’en servir.
On est pas mieux fondé à attribuer les effets qui résultent des ouvrages de Théatre au Comédien, que l’élevation des eaux, & leur écoulement dans les magnifiques Jardins de Marly, à la machine de ce nom : l’une & l’autre sont des moyens subsidiaires, des ressorts d’emprunt, dont le Poëte & le Méchanicien, se servent pour le plus parfait développement, & pour l’exécution de leur vastes desseins. […] Le goût que le premier a répandu, sert de baze à la puissance de son tyran.
hommes illustres, que vous sert d’admirer sur nos Théâtres, les fameux héros de la Grece & de Rome, si l’élevation de leurs sentiments n’a aucun pouvoir sur vos ames ? […] Ainsi le vice dans un lointain reculé, dans une sorte de nuit epaisse qui augmenteroit l’horreur qu’il inspireroit, serviroit lui-même à rendre la vertu plus aimable.
Mais lorsque ces figures de théorique sont imprimées, qu’elles servent à la composition des vers, on ne peut discuter à l’auteur la qualité de pere de cette famille batarde, & la gloire d’une si belle éducation. […] Ce mêlange monstrueux de bien & de mal, de folie & de sagesse, d’absurdités & de bonne morale, est commun dans les pieces de théatre, où il est ordinaire de voir une sentence à côté d’un propos licencieux : ou croit que l’un sert de passeport & d’excuse à l’autre.
Par quel principe de morale vôtre Confesseur oseroit-il vous permettre, que vous alliassiez l’usage de la sainte Communion avec le divertissement de la Comedie ; lors qu’il sçait que Salvien ce grand Prêtre de Marseille se servît de toute son eloquence à faire des invectives aux Chrétiens du cinquiéme siécle ; lesquels firent par une bizarre reconnoissance representer à l’honneur de Jesus-Christ les spectacles du Cirque & du Theatre ? […] Chrysostome fait retrancher, ce qu’il y avoit de plus dissolu & de plus honteux : mais quelque reforme, qu’on y eut fait, le même Saint ne laisse pas de les appeler « des écoles d’impuretés & de libertinage » : non pas qu’on y representât des actions sales sur le Theatre, ce que les pieux Empereurs n’auroient pas souffert ; mais parce que les Comediens de l’un & de l’autre sexe ne s’étudioient, qu’à se servir de paroles équivoques, & de gestes affectés, qui n’étoient propres, qu’à remplir l’esprit d’idées impures, & le cœur de mauvais desirs.
Enfin, on s’assemble pour ce divertissement après le repas, et le mouvement du corps qui est déjà échauffé, ne peut servir qu’à exciter davantage sa chaleur, et par conséquent à la disposer aux passions les plus dangereuses. […] Mais ceux qui vont au bal et qui fréquentent la danse, ne sont pas les seuls coupables ; les hautbois, les violons, les joueurs de tambour, et toutes les autres personnes qui servent à cet exercice, pèchent aussi grièvement, parce qu’elles contribuent au mal que les autres font ; et leur métier est illicite à l’égard des bals et des danses, parce qu’il est employé pour des actions qui sont toujours accompagnées du péché.
Les Docteurs en Théologie de Paris qui ont vu l’exposé ci-dessus, sont d’avis qu’on ne peut accorder les Sacrements à ceux qui jouent, ou qui font jouer la Comédie intitulée le Festin de Pierre, ils les en croient indignes, comme gens qui servent à entretenir le crime ; car ç’a toujours été une doctrine constante dans l’Eglise, que nul Chrétien ne peut ni représenter, ni même assister comme simple spectateur à la représentation des Pièces de Théâtre qui sont remplies d’intrigues amoureuses et d’impiété. […] » Ajoutons à ces autorités celle du troisième Concile de Milan dans la quatrième partie des Actes de l’Eglise de Milan page 485. qui s’exprime en ces termes : « Que le Prédicateur ne cesse de reprendre ces assemblées qui servent d’amorce aux péchés publics, et que les hommes accoutumés au mal comptent pour rien ; qu’il tâche d’en inspirer la plus grande horreur ; qu’il fasse voir combien Dieu y est offensé, combien de maux, de calamités publiques, et de dommages ils attirent sur les Royaumes ; qu’il témoigne en toute occasion combien on doit détester les spectacles, les Comédies, les jeux publics qui tirent leur origine des païens, et qui sont entièrement opposés à l’Evangile et aux règles de la discipline chrétienne ; qu’il représente souvent les châtiments publics que ces désordres attirent sur le peuple chrétien ; et pour fortifier les fidèles dans une doctrine si importante, qu’il emploie l’autorité très respectable des Pères, tels que sont Tertullien, Saint Cyprien, Salvien, Saint Chrysostome.
Un courier, un espion arrêté, des papiers surpris, des secrets découverts, ce stratagême de se servir de la personne, de la main, de la lettre de créance, pour pénétrer, pour tromper l’ennemi, sont si communs dans l’histoire & si naturels, que le moins adroit s’en serviroit. […] Cette fiction, si commune dans les poëtes, ne sert qu’à défigurer le Pere du Peuple, le Poëme & le Poëte. […] Si Henri IV. doit servir de modele à ses successeurs, ce n’est pas le Henri IV de la façon de Voltaire. […] Louis XV, Louis XIV, Louis XIII méritent d’en servir autant plus que Henri IV. […] On ne peut servir également la gloire & l’amour.
Je ne négligerai rien pour que la table de mon seigneur & maître soit bien servie, & tout autant que mes facultés me le permettront, j’ordonnerai à mes femmes de lui préparer le nin-sing (racine fort estimée, très-salutaire à la santé). […] Le jeu de marionnettes fini, on servit dix tables de huit couverts chacune, où on se plaça sans distinction ; après soupé on passa dans les petits appartemens où il y eut bal, la cour dansa jusqu’à quatre heures du matin. […] Ce prétendu remede aux désordres ne peut servir qu’à peu de malades, n’en guerit aucun, & au contraire les multiplie, aigrit leurs maux & les rend incurables. […] Les vices & la passion, dit-on, contribuent au bien public, leur ressort fait l’héroïsme ; c’est-à-dire, que la sagesse de Dieu tire le bien du mal, & fait tout servir à sa gloire, même le péché. […] Un homme de cour, peu scrupuleux, qui a servi à tant de sortes de plaisirs, & qui lui-même y fut toujours livré, doit avoir par son caractere ou doit avoir acquis par son métier des manieres, une diction, un tour d’esprit qui répand les graces de la galanterie.
afin de nous racheter de toute iniquité, & de nous purifier, pour se faire un peuple particuliérement consacré à son service, & servent dans les bonnes œuvres .
Ainsi tout le dessein d’un Poëte, tout son travail, c’est qu’on soit comme son héros, épris des belles personnes ; qu’on les serve comme des divinités ; en un mot qu’on leur sacrifie tout, si ce n’est peut-être la gloire, dont l’amour est plus dangereux que celui de la beauté même.
Les forêts, les rochers, les montagnes qui tressaillent, et qui suivent Orphée en cadence partout où il va sont des fictions trop outrées et trop éloignées de la vraisemblance pour servir d’allégorie, ou pour être au moins des Symboles clairs et expressifs de quelque chose de réel.
On s'est servi à dessein de ces exemples, parce qu'ils sont moins dangereux à rapporter: mais il est vrai que les Poètes pratiquent cet artifice de farder les vices en des sujets beaucoup plus pernicieux que celui-là; et si l'on considère presque toutes les Comédies et tous les Romans, on n'y trouvera guère autre chose que des passions vicieuses embellies et colorées d'un certain fard, qui les rend agréables aux gens du monde.
On s'est servi à dessein de ces exemples, parce qu'ils sont moins dangereux à rapporter.
Mummius apres avoir détruit Corinthe, remporta à Rome les Vases d’un celebre Theatre, qu’il avoit trouvé dans cette mal-heureuse Ville, & qu’aux Ieux qui se donnerent à son Triomphe, on en fit parade & on s’en servir sur le Theatre. […] Les voiles tinrent lieu de couverture, & durant quelque temps on s’en servit pour la seule commodité & pour mettre à couvert du Soleil les testes des Spectateurs. […] Quelques-uns veulent que Cleopatre & Antoine eussent employé de pareils voiles dans leur fuite ; & que le Vainqueur indigné d’un si furieux luxe, au lieu de s’en servir dans ses Vaisseaux, les eut employez à la Pompe des Ieux & des Theatres.
Il eût été sans doute plus avantageux de changer en nous cette complaisance vicieuse, en une pitié philosophique ; mais on a trouvé plus facile & plus sûr de faire servir la malice humaine à corriger les autres vices de l’humanité ; à-peu-près comme on emploie les pointes du diamant à polir le diamant même. […] Celles qu’on nommait à manteaux, ou à patins ; où le sujet & les Personnages étaient Grecs, aussi-bien que les habits ; l’on s’y servait du manteau ou robe-longue, & des patins, sorte de chaussure grecque. 5. […] Un Peuple qui affectait autrefois dans ses mœurs, une gravité superbe, & dans ses sentimens une enflure Romanesque, a dû servir de modèle à des intrigues pleines d’incidens, & de caractères hyperboliques.
Une faim déréglée leur fait perdre le goût de cette manne céleste, ce sont raisins verts (pour me servir de l’expression du ProphèteJerem. […] Cette passion insensée qui fait des ravages incroyables dans le monde, ce feu d’enfer qui enflamme le cercle de la vie de la plupart des enfants d’Adam, l’impureté dont saint Paul ne veut pas que le nom même soit prononcé parmi des Chrétiens, parce que son image est contagieuse, ou si l’on est obligé d’en parler, ce ne doit être qu’avec horreur, qu’en la flétrissant, la traitant avec exécration comme une maladie honteuse qui ravale l’homme à la condition des bêtes, ce vice, dis-je, y est transformé en vertus, il est mis en honneur et en crédit, regardé comme une belle faiblesse dont les âmes les plus héroïques ne sont pas exemptes, et qui leur sert d’aiguillon pour entreprendre les choses les plus difficiles, on s’y remplit du plaisir qu’on se figure à aimer et à être aimé, on y ouvre son cœur aux cajoleries, on en apprend le langage, et dans les intrigues de la pièce les détestables adresses que l’auteur suggère pour réussir, or n’est-ce pas là une idolâtrie dont se souille le cœur humain ? […] Je pourrais mépriser de pareilles objections qui ne sont que des feuilles dont on s’efforce de couvrir sa nudité, mais la charité de Jésus-Christ nous oblige à ne rien négliger, et à dissiper tous les vains prétextes dont on se sert pour autoriser de pareils désordres.
Les Acteurs de réputation, Baron, Jeliotte, la Fel, la Gaussin, sont superbement logés, roulent un pompeux équipage, sont servis par un domestique nombreux et leste, jouissent de trente, de quarante mille livres de rente, eux qui auraient à peine de quoi vivre chez eux. […] Il fit un festin où les femmes servirent en habit d’homme. […] C’est le Bourgeois, le Marchand, le Financier, le Procureur gentilhomme, environné de maîtres, comme celui de Molière, qui bien loin de corriger personne de ce ridicule, qu’il a si bien joué, n’a servi qu’à le répandre.
Mais plutot voilà comme on fait servir dans les comédies la générosité et la charité chrétienne, que les Saints ont fait paraître dans leurs actions, à relever l’éclat de l’amour profane, à en donner de l’estime, et à en exciter les flammes dans le cœur des spectateurs. […] Dans les passages qui nous obligent de tendre toujours à la perfection, laquelle consiste dans l’assujettissement des passions à la grâce : ce qui ne se peut acquérir qu’en éloignant de l’esprit tout ce qui peut servir à les fortifier et à les y entretenir. « Cependant, dit-il, les spectacles au contraire font revivre les passions dans les cœurs les plus mortifiés, ils les y raniment, ils les y fortifient, et après avoir mis ceux qui les regardent comme hors d’eux-mêmes ils excitent en eux des mouvements de haine, d’amour, de joie, de tristesse, qui sont d’autant plus déréglés, qu’on aime bien souvent ce qu’on devrait haïr ou ce qui ne mérite aucune estime, et qu’on hait au contraire ce qu’il n’est pas permis de haïr Chap. […] C’est pour ce sujet qu’il a fait dresser des théâtres dans les places publiques ; et qu’exerçant et formant lui-même ces bouffons, il s’en sert comme d’une peste dont il infecte toute la ville.
L’objet de ceux qui embrassent cet état, doit être de servir d’organe à la vérité, & de soutien à l’innocence. […] Plusieurs personnes de mérite, à qui elle a été communiquée, ont pensé qu’elle pourroit servir de seconde Partie à l’Ouvrage de M. […] Mais, quoi qu’il en soit, les Acteurs, pour servir à ces amusemens de Cour, ne peuvent en rien conclure en faveur de leur profession envers le Public. […] Quelle réforme en effet n’y auroit-il pas à faire dans le caractere de notre Nation, pour que le Théatre pût servir d’amusement à des ames vertueuses ! […] Elles serviront de frein aux Gens de Lettres, si l’on ne peut mériter d’y être admis que par des Ouvrages utiles & des mœurs irreprochables.
Faisons défenses à tous Imprimeurs, Libraires, & autres personnes, de quelque qualité & condition qu’elles soient, d’en introduire d’impression étrangere dans aucun lieu de notre obéissance ; comme aussi d’imprimer, ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire ledit Ouvrage, ni d’en faire aucun extrait, sous quelque prétexte que ce puisse être, sans la permission expresse & par écrit, dudit Exposant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confiscation des Exemplaires contrefaits, de trois mille livres d’amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris, & l’autre tiers audit Exposant, ou à celui qui aura droit de lui, & de tous dépens, dommages & intérêts : A la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impression dudit ouvrage sera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & beaux caractères, conformément aux Réglemens de la Librairie, & notamment à celui du 10 Avril 1725, à peine de déchéance du présent Privilége ; qu’avant de l’exposer en vente, l’Imprimé qui aura servi de copie à l’impression dudit Ouvrage, sera remis dans le même état ou l’Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, Chancelier de France, le Sieur de Lamoignon, & qu’il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothéque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle dudit Sieur de Lamoignon, & un dans celle de notre très-cher & féal Chevalier, Vice-Chancelier, & Garde des Sceaux de France, le Sieur de Maupeou : le tout à peine de nullité des Présentes.
D’où vient donc, Mes Pères, que la mort d’un si saint Pasteur qui devait faire pleurer jusques aux pierres mêmes, pour me servir de l’expression de l’Eglise de Rome, n’a pu arracher de vous une seule marque de douleur dans une occasion où il vous aurait été si bienséant, au moins de vous contrefaire ?
Nous les regardons de même selon nos loix & nos coutumes : cependant ces hommes ne s’adonnent à ces exercices estimés infâmes, que pour servir à nos plaisirs. […] Pourquoi recevoir l’épée de la justice si on ne s’en sert contre ces ennemis déclarés de Dieu & des hommes ? […] Appellerez-vous honnêtes les expressions libres dont il se sert de temps en temps pour allumer des passions déréglées, ces équivoques grossieres dont il égaie ses discours ? […] On peut leur dire que si rien ne semble les y tenter encore, le démon ne saura que trop prendre son temps pour les attaquer ; peut-être que les captivant déja par des liens secrets, il néglige de se servir de ceux qui sont visibles. […] que lui servit & que lui sert sur-tout à présent tant de réputation & tant de gloire ?
Saint Charles Borromée fit ordonner, dans un concile provincial, que les prédicateurs reprendraient avec force le déréglement de ces plaisirs publics, que les hommes, séduits par une coutume dépravée, mettaient au nombre des bagatelles où il n’y a point de mal ; qu’ils décrieraient avec exécration les spectacles, les jeux, les bouffonneries du théâtre, et les autres divertissements semblables qui tirent leur origine des mœurs des Gentils, et qui sont contraires à l’esprit du christianisme ; qu’ils se serviraient de tout ce qui a été dit de plus pressant sur ce point par Tertullien, saint Cyprien, saint Chrysostôme et Salvien1 ; qu’ils développeraient avec soin les suites et les effets funestes des spectacles ; et qu’enfin ils n’oublieraient rien pour déraciner ce mal et faire cesser cette corruption. […] Il faut faire remarquer ici que Sanchez ne se sert pas de l’expression valdè turpes, très ou du moins notablement obscène, lorsqu’il avance qu’il n’y a point de péché mortel quand on assiste à un spectacle obscène, turpis ob solam vanam curiositatem, etc. […] Voici la suite du texte de Sanchez qui sert de base aux premières paroles de la citation de Mgr Gousset : « At quandò turpia repræsentantur, vel modus est turpis, audiunturque ob delectationem ex ipsis rebus turpibus consurgentem, aut cum probabili ruinæ periculo, esse lethale ». […] « Quia tunc daretur ratio sufficiens peccatis aliorum sic remotè cooperandi et cuidem periculo se exponendi. » C’est d’après cela, ajoute-t-on, qu’il est permis d’aller aux spectacles non obscènes, aux femmes mariées, pour ne pas déplaire à leurs maris qui exigent d’elles cette complaisance ; aux domestiques, pour servir leurs maîtres ou leurs maîtresses ; aux enfants, sur l’ordre de leurs parents ; aux magistrats et aux gens de police, pour le maintien du bon ordre ; aux rois et aux princes, afin de se concilier l’affection de leurs sujets ; aux hommes de cour, qui sont obligés d’accompagner le prince, etc., pourvu que toutes ces personnes aient une intention pure et ne consentent à aucune délectation charnelle.
« Elle se sert pour plaire, de la douceur des vers, de la beauté des expressions, des habits, des gestes, de la voix, des accents, ravit l’esprit et charme les sens. […] Le théâtre peut même la favoriser, on s’y donne des rendez-vous sans conséquence, il y sert de voile. […] Ainsi les Gardes, les Officiers, la Cour attachée à la personne du Roi, peuvent le suivre dans le Temple de ses Idoles, et l’y servir. […] Les Comédiens mis en honneur et son cheval nommé Consul servent également à caractériser ce Prince insensé et ses folies.
Le fer et le poison dont on se sert pour tuer, ne les a-t-il pas créés ? […] a-t-il reçu les yeux pour satisfaire la concupiscence, la langue pour tenir, les oreilles pour entendre de mauvais discours, la bouche pour servir la gourmandise, les organes de la volupté pour se livrer à l'incontinence ? Dieu n'a formé aucune créature pour servir au crime qu'il défend, l'abus que nous en aurons fait nous damnera. […] On ne peut servir deux maîtres : point de société entre la lumière et les ténèbres, la vie et la mort.
Loi qui condamne celles qui après avoir embrassé le Christianisme ne vivent pas chrétiennement, à servir au Théâtre, 105. […] Beaux Vers de ce Prélat contre les Spectacles, 309 Grégoire Evêque d’Antioche, joué sur le Théâtre, 134 Guiart des Moulins, bon écrivain pour son temps, 204 Guzman Jésuite, sa réponse à ceux qui se servent de l’autorité des défenseurs du Théâtre pour y aller, 290 H Harlay (M. de) Archevêque de Paris, son éloge, 15 Héliogabale Empereur, est lui-même Comédien, 67.
N’est-ce pas servir son ami que de le désabuser d’une erreur funeste ? Et ne vaut-il pas mieux servir son ami que de le flatter ? […] si au lieu d’écrire cette longue Elégie royale, tu avois traité le grand sujet que j’ai tenté ; si tu avois employé ton temps & ton éloquence à donner à tes Concitoyens d’énergiques leçons de tolérance & de liberté, tu aurois servi ta Nation qui avoit alors plus d’éclat que de bonheur, & plus de talens que de lumières. […] Mais si, quand il faut de puissans remèdes, on nous donne des palliatifs ; si l’on veut ménager encore les prétentions arbitraires, & cet empire de l’habitude, cette autorité des anciens usages ; si l’on se contente de remplacer un Gouvernement absurde par un Gouvernement supportable ; si l’on ne fait que perfectionner le mal, pour me servir de l’expression du vertueux Turgot ; si, quand il faut établir une grande constitution politique, on s’occupe de quelques détails seulement ; si l’on oublie un instant que les loix doivent également protéger tous les Ordres de Citoyens, que toute acception de personne ou d’état, est une chose monstrueuse en législation, que tout ce qui ne gêne point l’ordre public doit être permis aux Citoyens, & que par une conséquence nécessaire, il doit être permis de publier ses pensées, en tout ce qui ne gêne point l’ordre public, de quelque manière, sous quelque forme que ce soit, par la voie de l’Impression, sur le Théâtre, dans la Chaire & dans les Tribunaux ; si l’on néglige cette portion importante de la liberté individuelle ; la France ne pourra point se vanter d’avoir une bonne constitution : les ames fières & généreuses, que le sort a fait naître en nos climats, envieront encore la liberté Angloise que nous devions surpasser : nous perdrons, peut-être pour des siècles, l’occasion si belle qui se présente à nous, de fonder une puissance publique ; & les Philosophes François, écrasés, comme autrefois, sous la foule des tyrans, seront contraints de sacrifier aux préjugés, ou de quitter le pays qui les a vu naître pour aller chercher une Patrie ; car il n’y a point de Patrie sans liberté. […] Ainsi, dans la ferme résolution où je suis de faire servir au bien de ma Patrie les foibles talens que j’ai reçus de la nature, je représenterai dans mes Tragédies, le plus énergiquement qu’il me sera possible, & les vertus & les vices des hommes qui sont livrés au jugement de l’Histoire.
Il défend à toutes personnes de faire jamais servir l’Ecriture Sainte à de semblables choses, et ordonne aux Evêques de punir par les peines de droit ou arbitraires, les téméraires violateurs de ce Décret, aussi bien que de la parole de Dieu. […] Ces admirables marques de la divine puissance doivent être gravement annoncées ou sérieusement méditées, et elles doivent servir à faire entendre à tous les hommes, que Dieu sera fidèle dans toutes les promesses spirituelles du nouveau Testament, comme il l’a été dans celles de l’ancien, qui ne regardaient que les biens ou les maux de ce monde et qu’on verra accomplir à la lettre ce que Jésus-Christ a dit si souvent. […] « Lex hæc carminibus data jocosis, Ne possint, nisi pruriant juvare. » Les Auditeurs et les Auteurs, tous conspirent à rendre cette loi immuable, et tout ce qu’on peut attendre des Auteurs, c’est qu’ils cachent le mal sous des enveloppes ; mais ils font ces enveloppes si minces et si déliées, qu’elles ne servent qu’à donner de l’agrément à ce qui aurait fait quelque horreur paraissant à découvert. […] Quand on considère de quelle manière les Pères ont toujours parlé de l’Ecriture, on voit qu’ils se servent des mêmes expressions, qui conviennent au Corps de Jésus-Christ ; ils appellent indifféremment la Sainte Ecriture, ou l’Eucharistie les divins Mystères, les saints et sacrés symboles, le Corps de Dieu ; car comme le Verbe s’est incarné en se revêtant de notre chair, Dieu s’était déjà comme incorporé, en se communiquant aux hommes sous les symboles de l’Ecriture ou de la parole. […] Ne vous y trompez pas, mes Frères ; nul ne peut servir à deux Maîtres, ainsi que Jésus-Christ l’a dit.
L’on a déja fait à la vérité plusieurs excellents écrits sur le sujet de la Comédie, qui sont comme autant de flambeaux capables de dissiper les ténèbres de ceux qui aiment ce vain amusement ; mais comme les goûts des hommes sont différents, j’espère que celui-ci, ne laissera pas d’être utile, d’autant qu’il peut servir de Décision sur cette matière, puisqu’il est fondé sur l’Ecriture Sainte, les Conciles et les Pères de l’Eglise ; C’est pourquoi il y a tout lieu de croire que Dieu y répandra sa bénédiction.
Faisons défenses à tous Imprimeurs, Libraires, et autres personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, d’en introduire d’impression étrangère dans aucun lieu de notre obéissance ; à la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Imprimeurs et Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impression dudit Ouvrage sera faite dans notre Royaume, et non ailleurs, en bon papier et beaux caractères, conformément à la feuille imprimée attachée pour modèle sous le contre-scelb des Présentes ; que l’Impétrant se conformera en tout aux Règlements de la Librairie, et notamment à celui du 10 Avril 1725 ; qu’avant de l’exposer en vente, le manuscrit qui aura servi de copie à l’impression dudit Ouvrage sera remis, dans le même état, où l’approbation y aura été donnée, ès mains de notre très cher et féal Chevalier, Chancelier de France, le sieur de Lamoignon, et qu’il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notre dit très cher et féal Chevalier, Chancelier de France, le sieur de Lamoignon, et un dans celle de notre très cher et féal Chevalier, Garde des Sceaux de France, le sieur de Machault, Commandeur de nos Ordres ; le tout à peine de nullité des Présentes.
Par quoi il ne servirait de rien, de parler davantage de l’érection des Théatres, vu mêmement que les vieux se ruinent journellement, et si n’en dresse on plus de nouveaux.
Nous voyons de nos jours que les Spectateurs ne pensent pas que le Théâtre doive servir à la correction des mœurs : on le prend sur le pied d’amusement ; on en jouit avec avidité, et on s’embarrasse peu si les bonnes mœurs n’en souffrent pas.
Le spectacle est donc l’amusement qui leur convient le mieux ; mais pour juger de son utilité la plus essentielle, consultons Monsieur la Politique des Césars : elle sert tous les jours à éclairer la nôtre. […] Mais il s’en faut bien que le spectacle ait cette faculté, il ne sert, au contraire qu’à indiquer la félicité du Peuple : ce n’est que lorsqu’il est heureux que les salles sont pleines ; ce n’est que lorsqu’on est en état de le faire qu’on donne de l’argent à ses plaisirs : donc plus le spectacle sera fréquenté, plus on en doit conclure que le Peuple est heureux. […] Ce n’est assurément pas l’intention de ce grand Roi que ceux qui l’ont servi vingt ans et que l’âge prive de cet honneur ne soient pas heureux dans leur retraite : afin donc que ceux-ci jouissent de ses bontés sans abuser de sa générosité, voici le moyen que j’ai imaginé pour tirer encore parti de leurs talents même dans le temps qu’ils ne les exerceront plus. […] L’entreprise des spectacles étant déclarée Royale par tout le Royaume, les sujets seraient considérés comme pensionnaires du Roi et des Elèves destinés à le servir de plus près, lorsque leurs talents affermis par l’étude et l’exercice, les auraient rendus dignes d’être admis dans la Troupe du Roi. […] Un Officier Livonien, prisonnier de guerre à Berlin, discutait cette matière, il y a quelques jours, avec un de mes Amis : celui-ci déplorait la barbarie du point d’honneur et des Duels, il s’efforçait de trouver des moyens à prescrire à l’humanité pour obvier aux détours dont on se sert pour éluder le Règlement de Louis XIV.
Je me contenterai d’avertir ici que dans votre Dictionnaire faire refleurir la Religion et la piété dans un Diocèse, c’est y mettre le trouble et la confusion ; c’est en bannir les Ecclésiastiques les plus éclairés et les plus pieux, ou les mettre hors d’état de servir l’Eglise ; en un mot, c’est ruiner en deux ou trois mois, autant que l’on peut, le fruit d’un long et pénible travail de tout Evêque, quelque Saint qu’il eût été, qui n’aurait pas approuvé vos mauvaises maximes et votre conduite relâchée.
Du reste, vous y avancez une maxime qui n’est pas, ce me semble, soutenable ; c’est à savoir, qu’une chose qui peut produire quelquefois de mauvais effets dans des esprits vicieux, quoique non vicieuse d’elle-même, doit être absolument défendue, quoiqu’elle puisse d’ailleurs servir au délassement et à l’instruction des hommes.
Mais il est difficile de persuader que c'est un mal ; on ose avancer même que c'est un bien, que les passions se servent mutuellement de remède, qu'on ne les met aux prises que pour les vaincre l'une par l'autre.
A la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Libraires et Imprimeurs de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impression de ces Livres sera faite dans notre Royaume, et non ailleurs ; et que l’Impétrante se conformera en tout aux Règlements de la Librairie, et notamment à celui du dixième Avril 1725 ; et qu’avant que de les exposer en vente, les manuscrits ou imprimés qui auront servi de copie à l’impression desd.
J’ai toujours pensé que la Tragédie ne doit pas être un simple spectacle, qui touche le cœur sans le corriger : qu’importe au genre humain les passions et les malheurs d’un Héros de l’Antiquité, s’ils ne servent pas à nous instruire.
C’est pour vous inspirer une juste horreur du théatre & de ses spectacles, que je me sers des paroles du grand Apôtre : Considerez-vous, M. […] L’office des baladins (c’est le terme dont il se sert, Officium histrionum) n’est pas en soit illicite & défendu, quand il n’a pour but que de réjouir le monde ; ils ne sont pas en état de péché par le seul endroit de ces sortes de jeux, pourvû qu’ils en usent avec modération, c’est-à-dire, qu’ils ne se servent pas de paroles indécentes, mauvaises & dissolues, ou qu’ils ne fassent point d’actions contraires à l’honnêteté. » Il est donc évident que ce saint Docteur en parlant de la sorte, n’a jamais prétendu justifier la comédie, telle que l’ont condamnée les saints Docteurs. […] Nos ennemis invisibles, c’est le démon qui se sert de notre propre chair & de la pente que nous avons pour le mal, afin de nous faire pécher ; & c’est à tous ces différent ennemis que nous donnons de puissantes armes pour nous combattre, singuliérement au démon, dans ces spectacles profanes, où par ses suggestions malignes il parle secrétement à nos cœurs, pendant que le monde y flatte les oreilles par des récits séduisans & enchanteurs, & par des airs languislans & tendres d’une musique efféminée, composée à ce dessein.
Que dans les pays chauds un esclave porte un parasol contre les ardeurs du soleil, un éventail pour chasser les mouches, une cassolette pour parfumer l’air, ces services ont leur utilité ; mais à quoi sert un poliçon qui porte un morceau d’étoffe derriere son maître ? […] A quoi serviroit ce petit Negre derriere le Prélat, avec son turban & son collier ? […] Cependant cette même forme d’habit sert aux cérémonies les plus rejouissantes, comme aux plus tristes. […] C’est que dans le monde, où tout n’est que décoration & comédie, on fait un objet important des choses les plus indifférentes, lorsqu’on s’imagine que bien ou mal elles servent la vanité.
Le vice est un Comédien, c’est-à-dire un imposteur : il se déguise sous les habits & les façons du jour ; il est servi chez les grands avec respect dans une coupe d’or, chez les petits familierement dans une écuelle de terre. […] Ceux qui ont la dégoûtante habitude de s’en servir, ne se rendent-ils pas méprisables ? […] quelle batterie mieux dressée, mieux masquée, mieux servie ! […] Elle en a fait un recueil qu’elle a dédié à des enfans Pensionnaires dans le Couvent de Religieuses à Gisors, pour y être représentées, & servir, dit-elle, à leur instruction.
Les Romains avoient des esclaves & des affranchis, toujours prêts à servir leurs passions, souvent les premiers à les corrompre. […] Que la douceur tempère l’amertume des leçons, & plaise pour persuader : le plaisir doit en être l’attrait, & servir à corriger l’amour du plaisir. […] Ranuce Farnese, Duc de Parme, se servit utilement de cet artifice pour corriger un vieux Seigneur de sa Cour, follement épris d’une femme, qui avoit résisté à tous ses avis. […] Un ancien Comédien & une ancienne Comédienne seront chargés de les gouverner & de les former dans des logemens séparés, & leur donner des principes de religion & de vertu, & on leur fera apprendre un métier pour leur servir de ressource, en cas ils ne fussent pas admis ou fussent renvoyés.
Mais indépendamment de ces raisons générales de sagesse, ceux-mêmesj qui voudraient le plus accorder à tout le monde la lecture des Ecritures, doivent convenir qu’elle n’est pas faite pour le théâtre ; que c’est la défigurer, l’avilir, la déshonorer ; que bien loin d’en faire la nourriture de l’âme fidèle, on en fait l’amusement de la frivolité, souvent du vice et de l’impiété ; qu’au lieu de servir à la sanctification des fêtes, elle en devient la profanation ; que les Pères, en conseillant cette lecture aux âmes bien disposées, n’ont jamais entendu qu’on dût la livrer au parterre, la couper en actes, la cisailler en scènes, la travestir en comédies, la faire jouer par des hommes et des femmes sans mœurs, avec des habits, des gestes, des discours pleins de mollesse et de dissolution. […] Que ces religieux amateurs du théâtre aillent chez les Turcs jouer l’Alcorank, Mahomet, le Mufti, les Imans, les Dervis, sous le même prétexte qui leur fait ici jouer l’Ecriture, ils verront si les Mahométans trouvent bon que ce qu’ils ont de plus sacré serve d’amusement. […] L’Etre suprême, qui dans l’ancienne loi avait défendu de prononcer son nom, au nom duquel tout fléchit le genou au ciel, sur la terre et dans les enfers, servira-t-il de jouet à ses créatures, et à quelles créatures ? […] où connaît-on cette grande vérité de l’Evangile : « Qui n’est pas avec moi, est contre moi ; qui ne ramasse pas avec moi, dissipe. » Ceux qui se servent du prétexte de la piété prétendue de ces pièces pour la justification du spectacle, sont-ils plus conséquents ?
Ce qui pourrait servir à décider la question de Panorme, dont nous venons de parler. […] Après quelque temps d’habitation, Gervais dégoûté de sa femme, et la Duclos de son mari, et traitant leur mariage comme ceux de la comédie, ont l’impudence de demander à le rompre, et d’en appeler comme d’abus, sur ce qu’ils n’ont pas été mariés par le Curé de leur vrai domicile : comme s’il était permis à quelqu’un de ne pas savoir sa propre demeure, de tromper un Curé par un faux domicile, de se jouer d’un sacrement, de le faire servir à couvrir un concubinage ; et ensuite dévoilant sa propre turpitude et sa mauvaise foi, vouloir la faire servir à rompre les engagements les plus solennels. […] Ne quittons pas ces deux affaires, sans recueillir des plaidoyers des Avocats des traits réjouissants qui servent à caractériser le théâtre.
Je ne sai si le Mercure, octobre 1774, a cru s’embellir, en rapportant comme bonne une Epître de près de quatre-vingts vers de l’Abbé de Chaulieu, & faire honneur au talent de son héros : il ne pouvoit lui rendre un plus mauvais office, & il s’est mal servi lui-même ; c’est bien la piece la plus plate & la plus basse. […] Elles servent à caractériser ceux qui les y ont mises. […] Port-Royal, qui se vantoit sans cesse, étoit pourtant ennemi de l’Egoisme dans les autres, qu’il ne vouloit pas qu’on se servit de la premiere personne, quand on étoit obligé de parler de soi. […] On sera bien étonné d’apprendre que le Gouvernement n’ayant jamais pu extirper les brigands, a cru, par une sorte de politique, devoir prendre le parti de leur accorder la protection, & de se servir d’eux comme dans les armées on se sert des maraudeurs, des hussards, ou sur mer des pirates. […] Tels sont Moliere, Baile, Lafontaine, &c. gens trop célehres, dont le désordre a fait la célébrité, malâ utique famâ ; pour faire sentir les ridicule de ses éloges, on a fait les Mémoires historiques pour servir à la vie du célebre Taconet ; il y a du sel, de très-bonnes plaisanteries, de l’esprit & du goût dans cet ouvrage qui déplaira à bien de gens.
La nature a revêtu chaque sexe d’habillemens qui leur sont propres. » Ce déguisement a paru aussi tellement étrange à Saint Augustin, qu’il a crû que ceux qui le faisoient étoient infames, & incapables de faire des Testamens & de servir de temoins en justice. a « Je croi (dit-il) que ceux qui s’habillent en femmes publiquement, sont infames selon le droit, & incapables de faire testament & de servir de témoins en Justice ; & je ne sçai si je les dois appeller ou de fausses femmes, ou de faux hommes ; mais il est sans doute que nous les pouvons nommer des farceurs & de vrais infames. » Le Concile du Dôme de Constantinople en 692b. les a excommuniez en ces termes. […] Et adressant ensuite sa parole aux meres de famille, il dit que celles qui sont des impudiques & des adulteres, peuvent bien permettre à leur filles de danser ; mais que celles qui sont honnêtes & chastes, leur doivent apprendre à servir Dieu & non pas à danser : Saltet, sed adultera filia. […] C’est en ces occasions que les yeux se trouvent aussi libres que les mains ; qu’on se sert de paroles équivoques & à double entente ; que la foule des assistans excuse quantité de choses que la pudeur ne pourroit souffrir ailleurs. […] « Comme les Ecclesiastiques, les Curez & les Prêtres doivent servir d’exemple aux Laïques, nous leur défendons sous de grandes peines de lutter, ni de danser. » Des Statuts Synodaux de Milon Evêque d’Orleansd en 1314.
Il faut sans doute mettre dans ce rang tout ce qui sert aux spectacles ; par exemple, le cirque, le lion, les forces du corps, et les agréments de la voix. […] » De même qu’est-ce qui a produit l’or, l’argent, le cuivre, l’ivoire, le bois, et toutes les autres matières, dont on se sert pour fabriquer les idoles ? […] Donc s’il est vrai, que Dieu étant infiniment bon, déteste le mauvais usage qu’on fait de ses créatures, il s’ensuit évidemment, qu’il n’a point créé pour de mauvaises fins ce qu’il condamne lui-même ; puisque les choses dont on se sert pour faire le mal, ne sont mauvaises, que par le mauvais usage qu’on en fait. […] Il a été indigné que le domaine sur les créatures ait été donné à l’homme : c’est pourquoi il a tâché d’envahir ce domaine, et de s’en servir pour rendre l’homme coupable. […] Car « nul ne peut servir deux maîtres ».
Avant de répondre à cette objection, il est à propos que je m’explique sur ce que j’entends par l’exclusion du ridicule ; je ne prétends pas interdire à la Comédie la peinture du ridicule qui se trouve dans les vices qu’elle attaque, pourvu que ces vices ne soient tels que parce qu’ils sont ridicules ; mais lorsque les vices qu’elle attaque sont dangereux, elle ne doit point leur prêter pour amuser les Spectateurs, un ridicule qui ne serviroit qu’à affoiblir l’horreur qu’on en doit concevoir : de plus, si la Comédie veut se renfermer exactement dans les bornes qui lui sont prescrites, c’est-à-dire, si elle veut corriger les hommes, elle n’attaquera que des vices essentiels, c’est-à-dire, ceux dont les suites sont funestes à la société, & laissera aux Théâtres de la foire saint Germain, le soin d’amuser le peuple par la peinture des vices ridicules. Après la distinction que je viens de faire, je puis établir pour maxime générale, que la bonne Comédie exclut le ridicule qui tombe sur l’extérieur ou sur la maniere d’être du vice : la raison que je vais tâcher de donner de cette regle, servira de réponse à l’objection qu’on m’a faite ci-dessus.
Harpagon est un original qui amuse beaucoup par ses singeries, il ne fait de tort à personne, il n’a point envie d’avoir le bien d’autrui, il a un assez grand nombre de domestiques pour le servir lui & sa famille ; & si on excepte de ce portrait le prêt à usure, qui véritablement est odieux, mais qui pourroit appartenir à tout autre caractere qu’à celui de l’avare, son avarice n’a point de suites funestes à la Société. […] Convenons donc qu’une Comédie, pour atteindre à son but, ne doit qu’exposer le vice d’après nature, sans le charger d’un ridicule qui ne serviroit qu’à en affoiblir l’horreur.
Les Poètes grecs ne se servaient point du terme d’Acte ; ils divisaient leurs Comédies & leurs Tragédies en Protase, Epitase, & Péripétie, ou Prologue, Episode, & catastrophe ; il ne faut pourtant pas croire qu’elles n’eussent que trois parties. […] Les Latins se sont d’abord servis du mot Acte pour signifier tout un Drame.
La Mimographe * débute par le tableau d’une de ces Intrigues communes à nos Actrices, qui sert de preuve que leur personne, leurs talens, leurs mœurs, & leurs attraits inconvénientent la Représentation des Pièces les plus sages. Cette Aventure fait le sujet des Lettres qui servent d’enveloppe au Projet.
Peut-être que les tenant attachés par d’autre liens, il néglige de se servir de ceux-là qui sont plus visibles : mais s’il en a besoin pour les perdre, il ne manquera pas de les employer.
observer la différence dont Saint Cyprien se sert pour condamner les Mimes et les Poèmes Dramatiques ; car à l'égard des premiers il blâme leur corruption et leur mollesse plus honteuse que celle des femmes les plus perdues ; mais à l'égard des autres, il blâme seulement les soins et les pensées inutiles que les Comédiens peuvent donner, et ces voix extravagantes et fortes des Tragédiens ; et l'on jugera si ces choses leur pouvaient donner sujet de prononcer contre eux la censure qu'ils ont prononcée contre l'impudence des Histrions et Farceurs « Et hæc sunt tolerabiliora ludorum Comœdiae scilicet et Tragediae. » August de Civit. c. 8.
Pour moi qui ai l’âme craintive Je ne veux sonder cette rive, La nature du vrai j’ai pris, A dépeindre et tracer l’histoire, Dont la vérité sert de gloire, Et l’art de honte à mes écrits.
Quant à la vue des Spectacles vains, que sert-elle au corps, ou quel bien apporte-t-elle à l'âme et Certes vous ne trouverez point que l'homme tire quelque profit de la curiosité.
Il les faisoit déclarer tantôt bâtards adultérins, tantôt légitimes, tantôt inhabiles à succeder, & tantôt ses héritiers légitimes, & pour comble de scéleratesse, faisant servir la religion de prétexte à l’un & à l’autre. […] Elle ne fit aucune libéralité à ceux qui l’avoient le mieux servie, non pas même dans son testament, malgré les représentations qu’on lui en fit. […] C’étoit le bien de ses sujets & non le sien ; il devoit donc tourner au profit des peuples, & servir à diminuer les impositions. […] M. de Turenne, plus équitable, faisoit servir au bien de l’Etat les contributions même levées dans le pays ennemi. […] Il fait donner un bal sur ce théatre comme le bal de l’Opéra d’aujourd’hui, & exécuter un baller par Elizabeth, les Seigneurs & Dames de la Cour, qui l’ont appris & disposé dans deux jours, pour servir d’intermedes à la piece.
C’est mal servir le public d’animer l’émulation, en corrompant les mœurs. […] T’es-tu servi de Terence, &c. […] En pensant bien, il parle mal ; il se sert des phrases les plus forcées & les moins naturelles. […] Quoiqu’après tout, elle peut servir à faire le procès aux modelles qu’on a rougi d’imiter. […] L’Académie Françoise auroit mieux servi la religion, les mœurs, la patrie, si elle avoit donné pour sujet du prix de faire la satyre de Moliere.
Si la décision de ces auteurs n’emporte pas une interdiction juridique, elle sert du moins à prouver, suivant les lumières de la raison, le danger des spectacles.
Je ne suis pas plus scandalisé que ceux qui servent un Dieu clément rejettent l’Eternité des peines, s’ils la trouvent incompatible avec sa justice.
D’abord si l’on observe sans prévention le moyen dont l’auteur se sert pour réprimer l’avarice et l’usure, on voit avec peine qu’il met en spectacle, devant les enfants comme devant leurs parents, le fils d’un avare qui manque de respect à son père, qui l’insulte cent fois, tâche de lui attirer le mépris et la risée publique, le vole, le goguenarde et se rit de sa malédiction, de manière à mériter l’approbation des spectateurs ; on voit que la fille même manque à son père et s’en moque avec autant de succès dans cette pièce. […] Il aurait mieux valu aussi leur rappeler que de bons parents, avant de se révolter et d’en venir à des extrémités fâcheuses contre leurs enfants ingrats et dénaturés, souffrent long-temps, meurent quelquefois de chagrin ; que de bons enfants, qui ont moins droit d’exiger, ne sont pas obligés à moins de combats et d’égards pour leurs parents indifférents et injustes, dont, au reste, l’insensibilité ne résiste pas toujours aux efforts constants de la tendresse, ou du respect filial ; et que probablement leur père se souviendra enfin qu’ils sont ses enfants, s’ils n’oublient pas qu’il est leur père ; et puis ajouter que si, en attendant que l’amour paternel se réveille dans son cœur, ils se trouvent dans le besoin, alors ils doivent penser qu’appartenant à un père disgracié de la nature, il est raisonnable qu’ils s’assimilent aux enfants d’un père disgracié de la fortune, et suivent les exemples qu’ils en reçoivent de se servir soi-même, de se contenter de peu, de ne pas désirer de superflu, de travailler s’il le faut, se rendre utile aux autres, tirer parti de ses talents et de son industrie ; ou de se jeter dans les bras de sa famille, de ses amis, invoquer leur appui. […] Donc une comédie qui offrirait ces avis d’un philosophe eût été bien nécessaire pour servir de correctif à celle de l’Avare. […] C’est ainsi qu’une multitude de jeunes personnes infortunées qui, sans autre dot que les charmes de la jeunesse et de l’honnêteté, pourraient encore fréquemment trouver des partis avantageux, vivre heureuses et honorées, servir d’exemples encourageants à leurs compagnes, si on les eût exhortées à la reconnaissance, à la sagesse, et soutenues par de bons conseils, ou des leçons opposées à celles qu’on leur a données, ont perdu pour long-temps cet espoir. […] Et, dans d’autres circonstances, combien de faux bienfaisants, ou d’hommes poussés uniquement par des vues secrètes d’intérêts particuliers, ont servi l’humanité autant que leurs concurrents généreux, de différentes manières ; soit par de grandes entreprises, ou la communication de projets utiles ; soit par des voyages ou des travaux pénibles, par leurs veilles et des études opiniâtres, par leurs découvertes, par leurs écrits ou discours ; soit aussi en veillant sur leurs concitoyens, en écartant les dangers qui les manaçaient, soit en défendant l’honneur et la fortune des opprimés ; soit en visitant et soignant leurs semblables, même dans les maladies les plus contagieuses !
C’est une branche très-frivole du luxe & du commerce de la librairie, comme la richesse des relieurs, la largeur des marges, les ornemens des titres, les quadres des pages, la broderie des dorures, qui, sans rien apprendre, ne servent qu’à grossir le livre, & à enrichir le Libraire & le Graveur, à satisfaire la vanité de l’Auteur & le libertinage du lecteur. […] Mais à quoi servent les estampes des Dieux de la Fable ? […] A quoi servent ces Arlequins, ces actrices, ces scénes sans nombre dont on a farci les Opéras, le théâtre Italien, celui de la foire, Moliere & toutes ses comédies ?
Alors il ne fut plus permis de nommer personne sur la Scène ; mais l’on se servit de masques ressemblans à ceux que l’on voulait railler ; c’est ce qu’on appelle Comédie-moyenne. […] On divisait à Rome la Comédie en trois classes, distinguées par les habits que portaient les divers personnages, & par les roles plus ou moins éminens qu’ils représentaient : les décorations servaient encore à les indiquer. […] Les Acteurs de la seconde espèce étant habillés d’une robe nommée Toges, dont se servait le Peuple, & ne représentant que des actions Romaines, la firent appeller Togata : c’est là notre comique ordinaire.
L’exposition sert à préparer les événemens de la Pièce ; ainsi quand le genre d’un Drame est de n’en renfermer aucun, elle devient inutile. […] Venons maintenant aux moyens dont un Poète habile doit se servir pour en former le nœud avec Art. […] Observons encore au sujet du dénouement en général, que pour qu’un Drame soit bien fait, il est essentiel que tous les Acteurs qui ont parus dans le cours de son action, servent à la terminer, & se trouvent sur le Théâtre lorsqu’elle est arrivée à sa fin.
Les Opéras-Bouffons, ou les Comédies-mêlées d’Ariettes, sont devenus à la mode ; je servirai le Public selon son goût. — Votre raison est valable ; écoutez-moi bien pourtant. […] Vous sçavez l’Histoire, dites-vous, à quoi vous servira-t-elle ?
Racine eut le talent d’éviter ces petites fautes : toujours élégant, toujours exact, il joignait le plus grand art au génie, & se servait quelquefois de l’un pour remplacer l’autre : cherchant moins à élever l’âme qu’à la remuer, il parut plus aimable, plus commode, & plus à la portée de tout Spectateur. […] Rowe, qui ne fut pas inférieur à Congrève, saisit en particulier toutes les occasions qui se présentèrent de faire servir le Théâtre à inspirer les grands principes de la liberté civile.
On veut avoir toujours raison ; et l’on se sert des armes les plus méprisables pour soutenir ce que l’on a indiscrètement avancé : lorsqu’on pourrait se faire bien plus d’honneur en avouant que l’on s’est trompé. […] Mais Cicéron se sert en parlant de son Client, de termes qui ne peuvent convenir qu’à un Citoyen, et à un Citoyen recommandable.
. — Ce n’est pas que vous demeuriez toujours dans les bornes de votre partage, il prend quelquefois envie au plaisant de se fâcher, et au mélancolique de s’égayer, car sans compter la manière ingénieuse dont il nous peint ces Romains qu’on voyait « à la tête d’une armée et à la queue d’une charrue », il me dit assez galamment, « que si je veux me servir de l’autorité de Saint Grégoire en faveur de la Tragédie, il faut me résoudre à être toute ma vie le Poète de la passion ». […] Cela ne doit point empêcher vos amis d’achever sa Vie, qu’ils ont commencée, ils pourront même se servir de cette Histoire, et ils en feront un chapitre particulier, qu’ils intituleront De l’Esprit de discernement que Dieu avait donné à la Sainte Mère.
Ce ne fut que leur bien qui leur servit de regle.
Mais comment concevoir que leur vanité en ayant adopté une plus honorable, celle-ci serve de prétexte au public pour confirmer leurs prétentions ?
… … … La fausseté toujours fut un vice inutile Dont la premiere dupe est celle qui s’en sert.
Quel crime dans un enfant de Dieu de se tuer ainsi de ses propres mains, de se dégrader lui-même & de devenir entre les mains du démon un instrument dont il se sert pour perdre les ames !
Son exemple & sa doctrine nous apprennent à quoi est propre la Comédie : combien elle sert à entretenir ces secretes dispositions du cœur humain, soit qu’il ait déjà enfanté l’amour sensuel, soit que ce mauvais fruit ne soit point encore éclos.
Mais il n’est que trop visible qu’ils se regardent de mauvais œil, & que ce n’est qu’avec peine qu’ils font servir leur Art au bien général.
Ces yeux doubles que vous lui donnez, et dont les uns servent à regarder danser et les autres à veiller sont peut-être le Symbole de cette direction d’intention si célèbre dans votre Morale qui fait qu’on peut, selon vous, prendre part extérieurement à une chose défendue, pourvu que par d’autres yeux on se porte intérieurement à un objet permis.
Les premières, et qui furent introduites de bonne heure en ces divertissements furent les Fables Atellanes, ainsi nommées de la Ville d'Atelle dans la Campanie, qui fut toujours la Province des délices et des voluptés d'Italie, et d'où elles furent transportées à Rome ; Elles étaient comme des Satires agréables, sans aigreur et sans turpitude, et que la vertu Romaine avait accompagnées de bienséance et de modestie, et dont les Acteurs étaient en bien plus grande estime que les Scéniques et Histrions, et jouissaient même de quelques privilèges particuliers, entre autres de sortir du Théâtre avec les habits dont ils s'étaient servis dans leurs représentations ; ce qu'à parler franchement je ne saurais bien comprendre, quoique les Auteurs en fassent grand bruit ; car si l'on entend qu'ils sortaient ainsi de la Scène où ils avaient paru, je ne vois pas quel était leur avantage, ne croyant pas que les autres Histrions y reprissent leurs vêtements ordinaires avant que de disparaître aux yeux du peuple ; et si l'on veut dire qu'ils pouvaient même sortir de ce grand lieu que l'on nommait Théâtre, et aller à travers la Ville jusques dans leur logis, avec les ornements qu'ils avaient portés en jouant leurs Fables, je ne connais point quelle était l'excellence de ce privilège ; car c'était les exposer en mascarades publics aux petits enfants et aux grands idiots, qui n'étaient pas plus sages, à mon avis, dans la Ville de Rome, que dans celle de Paris ; et qui sans doute les auraient suivis avec beaucoup de bruit et de tumulte.
« Si les histrions poussaient le jeu et le divertissement jusqu’à l’excès, ils seraient tous en état de péché ; tous ceux qui se serviraient de leur ministère ou leur donneraient quelque chose, seraient dans le péché. » Saint Thomas laisse passer ces propositions qui en effet sont incontestables, et il n’excuse ces histrions, quels qu’ils soient, qu’en supposant que leur action, de soi, n’a rien de mauvais ni d’excessif, secundum se.
En ce sens, la Tragédie se sert des passions utiles et louables, pour réprimer les passions blâmables et nuisibles ; elle emploie, par exemple, les larmes et la compassion dans Zaïre, pour nous précautionner contre l’amour violent et jaloux ; l’amour de la patrie dans Brutus, pour nous guérir de l’ambition ; la terreur et la crainte de la vengeance céleste dans Sémiramis e, pour nous faire haïr et éviter le crime. […] Si donc les peintures qu’on fait de l’amour sur nos Théâtres étaient dangereuses, ce ne pourrait être tout au plus que chez une nation déjà corrompue, à qui les remèdes même serviraient de poison ; aussi suis-je persuadé, malgré l’opinion contraire où vous êtes, que les représentations théâtrales sont plus utiles à un peuple qui a conservé ses mœurs, qu’à celui qui aurait perdu les siennes. […] Mais son effet n’est pas pour cela de nous faire préférer le vice au ridicule ; elle nous suppose pour le vice cette horreur qu’il inspire à toute âme bien née ; elle se sert même de cette horreur pour combattre nos travers ; et il est tout simple que le sentiment qu’elle suppose nous affecte moins (dans le moment de la représentation) que celui qu’elle cherche à exciter en nous ; sans que pour cela elle nous fasse prendre le change sur celui de ces deux sentiments qui doit dominer dans notre âme. […] Très indulgents envers nous-mêmes, nous regardons les Spectacles comme un aliment nécessaire à notre frivolité ; mais nous décidons volontiers que Genève ne doit point en avoir ; pourvu que nos riches oisifs aillent tous les jours pendant trois heures se soulager au Théâtre du poids du temps qui les accable, peu leur importe qu’on s’amuse ailleurs ; parce que Dieu, pour me servir d’une de vos plus heureuses expressions, les a doués d’une douceur très méritoire à supporter l’ennui des autres. […] , p. 28 : « […] Quoiqu’en disent les Philosophes, cet amour est inné dans l’homme, et sert de principe à la conscience. » Le reste de la citation est une reformulation synthétique de la part de d’Alembert des principaux arguments de Rousseau, sans qu’il soit fait référence à certains passages en particulier.
Ce serait me demander une chose bien opposée à mon dessein, qui est de combattre le vice et non point de le servir. […] La modestie les instruit par une soudaine répugnance au mal : c’est une sorte de leçon toujours prête et toujours efficace : l’agitation du sang, le mouvement des esprits et l’alarme causée par là dans tous les sens sont de merveilleux secours contre le crime ; tout cela sert à avertir la raison, et à aller au-devant de la surprise. […] Il faut qu’après cela elle monte à son plus haut point : à moins qu’elle ne tombe dans le mépris par la voie même dont on se sert pour l’élever en honneur. […] Plutus prétend avoir eu en vue de ne servir que la vertu : mais Jupiter l’a fait aveugle précisément afin de ne pouvoir discerner l’honnête homme du fripon. […] Et il ne sert à rien de nous dire qu’Aristophane était un Poète Comique, et qu’il fallait bien par conséquent qu’il inventât des Scènes réjouissantes.
François de Sales, dont on a prétendu se servir en faveur de la Comédie. […] Ramire se sert des moyens & des raisons les plus sensibles. […] « Une espece de Philosophe, où pour se servir des termes de M. […] Ces crimes ne sont plus ; mais on veut qu’ils puissent servir de modeles. […] Or en imitant les mœurs angloises, n’est-ce pas leurs vices plutôt que leurs vertus qui nous servent de modeles ?
L’oreille y sert beaucoup, l’estude y ayde grandement, mais rien ne rompt tant les mauvaises habitudes du corps que l’exercice, & l’on ne profite point à beaucoup pres dans la Salle des Maistres, comme dans les Assemblés ou dans les Bals.
Ceux qui ont laissé sur la terre de plus riches monuments n’en sont pas plus à couvert de la justice de Dieu : ni les beaux vers, ni les beaux chants ne servent de rien devant lui, et il n’épargnera pas ceux qui en quelque manière que ce soit, auront entretenu la convoitise.
On demande si des Communautés Religieuses peuvent représenter en particulier des Pièces de théâtre sur des sujets de piété, avec les habits dont on se sert à la Comédie et à l’Opéra, en n’y admettant point de personnes de dehors.
On a vu des comédiens enterrés dans nos églises, tandis que d’autres n’ont pu obtenir de places dans nos cimetières ; et l’on voit journellement nos comédiens entrer dans nos temples, participer même aux exercices de notre religion, en même temps qu’ils exercent leur profession ; donc ils ne sont pas excommuniés dénoncés, car en ce cas ils devraient être exclus de l’église, et l’église purifiée après leur expulsion ; Les papes, les rois et tous les souverains de la chrétienté ayant institué des théâtres et des comédiens dans leurs Etats, pour le plaisir et l’instruction de leurs sujets, n’ont pas prétendu se damner eux et toutes leurs nations, par la fréquentation obligée qu’ils établiraient avec des excommuniés ; Le clergé usurpe sur l’autorité séculière en blâmant, en punissant, en damnant ce qu’elle a créé et institué ; Certaines processions et d’autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, sont infiniment plus obscènes, plus coupables, plus nuisibles à la majesté de notre sainte religion que l’exercice de la comédie ; Le clergé qui veut anéantir une profession que les princes et les lois ont instituée, prétexte la rigueur des anciens canons des conciles, et il oublie lui-même, en ce qui lui est propre et absolument obligatoire, ce que ces mêmes canons ont dicté et voulu ; circonstance qui met l’auteur dans la nécessité de les lui rappeler ; La puissance séculière doit veiller avec d’autant plus de soins à ce que le clergé ne s’éloigne pas des devoirs qui lui sont imposés par la discipline ecclésiastique, que c’est l’oubli de ces mêmes lois, au dire de notre roi, Henri III, qui a porté le clergé à faire ensanglanter son trône, et à bouleverser ses Etats ; que l’expérience du passé doit toujours servir de leçon pour l’avenir ; Le prince étant le protecteur né des canons des saints conciles, ainsi que l’Eglise le reconnaît elle-même, doit surveiller tant par lui que par ses délégués l’exécution de ce qu’ils ordonnent, afin que la religion ne perde rien de son lustre et des dogmes de son institution, parce qu’il est utile que les ministres du culte donnent eux-mêmes l’exemple de cette conformité aux saints canons, afin d’y amener successivement les fidèles commis à leur instruction ; les procureurs du roi, les préfets, les sous-préfets et les maires qui sont les délégués du prince, tant en ce qui concerne la justice que la police du royaume, doivent, avec tous les procédés convenables en pareils cas, faire sentir aux prêtres qu’ils ont sur eux une suprématie d’action, qui est assez forte pour les faire rentrer dans les lois de la discipline de l’Eglise, s’ils commettaient la faute de s’en écarter.
Paul vouloit que son cher Disciple recommandât aux femmes d’Ephese, Que les femmes, dit-il, se parent d’un vêtement honéte, avec pudeur et modestie, non point avec des tresses, ni avec de l’or, ni avec des perles, ni des habillemens somptueux, mais de bonnes œuvres, comme il est seant à des femmes qui font profession de servir Dieu.
En effet, les Masques, dont les Latins se servaient sur le Théâtre pour grossir les têtes à proportion de la figure que l’on grandissait aussi, et les desseins de ces mêmes Masques qui nous restent dans les manuscrits de Térence, nous font assez connaître que c’étaient des hommes qui faisaient le personnage des femmes et qui en portaient les habits.
Le génie sinistre qui semble diriger les opérations et fixer le goût de ce siècle, a imaginé de substituer des enfans aux comédiens, et de ne plus se servir de ceux-ci que comme d’instituteurs et de curateurs de ces jeunes baladins, qui parfaitement modelés sur le ton et les talens mimiques des anciens, ajouteroient aux attraits ordinaires des spectacles la candeur et l’intéressante naïveté de la jeunesse. […] de les faire servir aux farces des saltimbanques, que de les engager sur des galères pour le progrès d’un commerce utile et décent ? […] Dans les beaux temps de la république on n’avoit point d’idée d’histrions ; de quoi eussent servi les gesticulations et les mignardises de ces gens-là aux Camille et aux Cincinnatus17 ? […] C’est un argent empreint de malédiction : comme il sert de pâture au vice, il ne tarde pas à s’abymer dans la fosse profonde que lui creuse ce nourrisson ingrat.
Les femmes qui dansent se servent elles-mêmes de tabourins flûteurs & menétriers, ce qui est encore pis, puisque leur bouche est polluée par les chansons dissolues ; elles mêmes s’en excitent davantage au péché, & les hommes semblablement par le son de ces airs tendres & lubriques & dangereux ; combien l’est-il davantage quand ces notes sont jointes au chant ? […] Je sais tout cela ; aussi je ne défends point à une femme de se plaindre, mais je veux qu’elle se plaigne toue bas, que la vanité quoique blessée étouffe sa tendresse ou du moins en ôte l’éclat ; enfin je trouve infiniment mauvais qu’une maîtresse, parce qu’elle est abandonnée, aille faire en face à son Amant de ces reproches qui marquent le besoin qu’elle a encore de lui, & qui selon le procédé du cœur humain, ne servent qu’à assurer l’infidélité de son amant ; savez-vous que ce sont ces belles représentations là qui produisent le peu de respect que les hommes ont pour nous. […] Voici l’épitaphe plaisante & vraie que fait Marot d’un Comédien ; elle serviroit à bien d’autres. […] Or, pleurez, riez votre saoul, Tout cela ne lui sert d’un sou.
C’est bien là qu’on peut dire, on ne peut servir deux maîtres, & concilier Dieu & le monde. […] On trouve dans tous les temps & tous les pays une foule d’ordonnances, de règlemens, d’arrêts, de canons portés pour le contenir, qui tous n’ont abouti qu’à retrancher pendant quelque temps les grossieretés outrées, à élaguer quelque branche de cet arbre pourri, mais à laisser subsister la racine, le tronc, les principales branches, ce qui n’a servi, comme dans les ardins où l’on a soin d’émonder les arbres, qu’à le mieux nourrir, à le rendre plus touffu, & lui faire porter plus de mauvais fruits. […] Hommes illustres (c’est-à-dire Grands libertins), que vous sert d’admirer sur le théatre les fameux Héros de la Grèce & de Rome, si l’élévation de vos sentimens n’a aucun pouvoir sur vos ames (excepté ceux de l’amour, qui en ont beaucoup) ? […] L’Acteur n’y peut mettre la dent ; il est, comme Tantale, mourant de faim devant une table bien servie, & peste contre les réformateurs & la réforme.
Là, jadis vingt salles de spectacles s’élevaient en moins d’une heure sur cet emplacement, avec la permission du commissaire du quartier, qui n’avait point encore de loge dans chaque construction, qui consistait en une douzaine de perches et une cinquantaine d’aunes de toile ; un rideau, de même étoffe que l’habit du bouffon obligé, servait de portière à l’édifice dans lequel on était admis pour la bagatelle de deux sous. […] Le garçon vînt servir, mon séducteur, que je prie mes lecteurs de ne point confondre avec celui du marquis de Bièvre, sortit de sa poche le Miroir du jour ; la belle y jeta l’œil et se prononça pour Manon Lescaut 49, qu’on représentait le soir à la Gaîté et pour laquelle elle avait une affection particulière. […] Je fus arraché à cette idéale félicité par les sons discords d’une trompette d’empirique, qui assemblait les passants autour d’un cabriolet, dans lequel figuraient une jeune femme, couverte de plumes et de diamants, un jeune homme, portant l’habit d’officier de santé (sans épée), et un mauvais bouffon qui, par de misérables lazzis et des fanfares, plus fausses que les grandes protestations de certains amis… servait seul d’orchestre et de valet à cet Esculape de carrefours. […] Je me rappelle un trait, qui peut servir d’histoire à beaucoup de nos modernes Panard : un grand seigneur fit une comédie, la fit jouer devant les parasites de sa cour ; ses gens l’applaudirent et le portèrent aux nues !
Partout ils rencontrent des esclaves accoutumés à fléchir sous l’autorité la plus despotique, à servir les passions les plus honteuses ; mais ils ne voient point d’amis qui s’intéressent à leur véritable gloire, et qui osent plaider généreusement aux pieds du trône la cause de l’innocence et du malheur. […] et pour me servir de la pensée d’un écrivain judicieux10, ne vaut-il pas mieux prendre sur l’autel le flambeau pour éclairer et conduire les victimes aveuglées par l’erreur, que le glaive propre à les immoler. […] Courez et servez bien le Dieu des nations, Je répands sur vous tous ses bénédictions. […] Mais non : celui même de la République n’a-t-il pas eu longtemps son Chanoine de Milan z, pour démontrer, au besoin, qu’avec une table ponctuellement servie, et une gouvernante aimable, on peut supporter patiemment les rigueurs de la pénitence et celles du célibat. […] Pardonnant ces indignes faiblesses à la triste humanité, il n’en servira qu’avec plus de zèle encore ses véritables intérêts, il oubliera jusqu’à l’éclat de sa propre gloire, pour mieux s’immoler au bien public.
Après avoir annoncé Jupiter sous tant de titres dignes de nos adorations, on le produit sur la Scène pour servir de divertissement. […] Quoiqu’il en soit, l’excès de la saleté sert en effet d’assurance et d’abri à nos Auteurs : plus ils sont coupables en ce genre, et moins on a le front de les accuser au public les preuves à la main. […] Le divulguer, c’est ce qui ne servirait qu’à corrompre les hommes et à ébranler les fondements de la société civile. […] Or, que ce soit la langue, ou bien l’oreille qui serve d’organe au péché ; n’est-ce pas à peu près la même chose ? […] Que sert après tout d’avoir de belles manières, si l’on n’a point de vertu ?
ce que dit un célèbre Poète Anglais dans la Préface d’une de ses Pièces, peut servir d’èxcuse à l’Auteur Français : « J’ai copié la Nature en rendant les jeunes garçons amoureux avant le mariage, & les jeunes filles fécondes & complaisantes. […] La morale se sert utilement des malheurs des Rois, des faiblesses du Citoyen ; elle s’est réservée d’aller à son but en montrant le bonheur qu’on goûte au Village : elle est contrainte de le supposer, tant les êtres de chaque état ont leur part des maux qui assiègent l’humanité !
Max. l. 2 c. 4 étaient originairement venus d'Etrurie, et leurs Fables tenaient beaucoup des vieilles Satires, mais avec une modération digne de la sévérité Romaine ; et pour cela, dit-il, jamais ils ne furent notés d'infamie ; ils ne perdirent point leur droit de suffrage dans les assemblées publiques, ni le privilège de servir dans les Armée, avec la solde et les avantages de leur milice. » Pouvait-il s'expliquer plus clairement ? […] ou Lutteurs, bien qu'ils combattissent tous nus sur l'Arène, ni les Thyméliques ou Musiciens, bien qu'ils joignissent leur voix et l'adresse de leurs mains aux Danses des Mimes et des Bouffons ; ni les Conducteurs des Chariots au Cirque, ni même les Palefreniers qui servaient auprès des chevaux employés aux Courses sacrées, bien qu'ils fussent de la plus méprisable condition, d'où l'on peut aisément juger, et certainement, que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'ont jamais souffert cette tache ; ils ne paraissaient point sur le Théâtre que modestement vêtus, bien que ce fut quelquefois plaisamment ; ils n'occupaient les Musiciens qu'aux Danses et aux Chants de leurs Chœurs, ou de quelques vers insérés dans le corps de leurs Poèmes, comme ceux de nos Stances que l'on récite mal à propos, au lieu de les chanter, étant Lyriques.
Les assemblées publiques qui se font à notre sujet y répugnent duab tout, vu qu’il n’y a rien, disait Lycurgue, premier et plus grand législateur de son temps, plus propre et nécessaire à la manutention de la paix que la société, occasion qu’il contraignitac ses citoyens de manger tous ensemble le brouet lacédémonien à la manducation duquel l’honnête familiarité et la paisible société suivies des graves discours de ces doctes personnages servait comme d’entremet, de sauce, d’appétitad et de friandise et délicatesse à cette soupe noire, fade et de mauvais goût. […] Le roi est persuadé que les armes et les âmes des comédiens ne servent que contre ses ennemis.
Une éxpression éclatante & lumineuse leur nuit au contraire, & ne sert qu’à les cacher37. » En faut-il davantage ? […] Il eût goûté mille délices à la lecture des Drames Bouffons ; ce Vers de sa Poétique, sert encore à m’en assurer. […] Une Fille est un oiseau, Qui semble aimer l’esclavage, Et ne chérir que la cage Qui lui servit de berceau ; Sa gaieté, son badinage, Ses carresses, son ramage, Font croire que tout l’engage Dans un séjour plein d’attraits ; Mais ouvrez lui la fenêtre, Zeste, on la voit disparaître, Pour ne revenir jamais.
Au contraire, nous estimons comme gens d’un bon naturel ceux qui, vivement affectés de tout, sont l’éternel jouet des événements ; ceux qui pleurent, comme des femmes, la perte de ce qui leur est cher ; ceux qu’une amitié désordonnée rend injustes pour servir leurs amis ; ceux qui ne connaissent d’autre règle que l’invincible penchant de leur cœur ; ceux qui, toujours loués du sexe qui les subjugue, et qu’ils imitent, n’ont d’autres vertus que leurs passions, ni d’autres mérites que leur faiblesse. […] Le monstre qui sert de héros à chacune de ces deux pièces achève paisiblement ses forfaits, en jouit, et l’un des deux dit en propres termes, au dernier vers de la tragédie : Et je jouis enfin du prix de mes forfaits. […] « C’est véritablement un grand service, leur dit cet académicien, si, en adoucissant les mœurs, vous les avez rendues meilleures et plus pures ; mais si vous ne les aviez adoucies qu’en les amollissant, si votre magie n’avait servi qu’à transformer des tigres et des lions en des renards et des singes ; le beau secret que vous auriez trouvé !
Bien loin que les tons, les airs, les gestes, le style du théâtre soient utiles aux Ministres de l’Eglise ou à ceux de Thémis, ils lui sont absolument opposés : comment deux ennemis irréconciliables se serviraient-ils de leçon et de modèle l’un à l’autre ? […] Rollin a introduits, et dont on se sert avec utilité et agrément depuis le P. […] « La Religion n’est pas aussi ennemie du plaisir qu’elle le paraît ; il lui sert souvent d’appas pour attirer et s’attacher les hommes.
Le gouffre des mœurs des Carthaginois, démesurément épris des spectacles, avait absorbé mon ami Alype dans la folie du cirque : « Gurges morum Carthaginentium quibus servent spectacula absorbuerat, etc. » Je regrettais un jeune homme de si grande espérance, qui se perdait par là ; mais je ne savais comment le corriger. […] Que d’abondantes richesses fournissent à nos profusions, en nous mettant en état d’opprimer les pauvres et les faire servir à notre faste ; que le peuple applaudisse, non aux Magistrats qui cherchent ses intérêts, mais à ceux qui font de la dépense, et lui donnent des fêtes. […] Or tout homme qui se sert de la science et de la vérité par intérêt ou par passion, préfère le plaisir et l’argent à la vérité et à la science.
La premiere qui est la plus grossiere, & dont la plupart se servent faute d’invention, est celle qui se fait par les signes. […] Les Mœurs, soit bonnes soit mauvaises de ses principaux Personnages, sont si marquées, & pour me servir d’un terme de Peinture dans notre Langue, si prononcées, qu’elles nous préparent à ce qui doit arriver : ce qui contribue à la vraisemblance de l’Action. […] La Nature n’invite ni les oiseaux ni les hommes à chanter leurs malheurs ; elle leur fait seulement pousser ces exclamations si frequentes dans les chœurs des Anciens, des soupirs, des gémissemens, & pour me servir du terme dont les Prophétes font si souvent usage, des hurlemens. […] Il s’en suit de là, qu’à Athenes même, c’est-à-dire chez un Peuple tout Musicien, notre Opera eût paru un Spectacle ridicule : c’est ce qui m’engage à une Digression d’autant plus nécessaire qu’elle me servira dans la suite, à prouver que la Déclamation Théâtrale des Anciens n’étoit pas un chant. […] On me dira encore que la Musique inspire la joye, la tristesse & le courage, & qu’on s’en sert pour animer les Soldats.
Les hommes peuvent être sages sans se croire malheureux, et les spectacles destinés à leur enseigner la morale en les amusant, ne doivent pas servir à les faire douter de leur félicité. […] Raisonner est l’emploi de toute ma maison ; Et le raisonnement en bannit la raison : L'un me brûle mon rôt en lisant quelque histoire, L'autre rêve à des vers quand je demande à boire ; Enfin je vois par eux votre exemple suivi, Et j’ai des serviteurs et ne suis point servi. […] Non sans doute ; on n’y peut voir qu’un style simple, uni, et ce que tout homme sensé dirait à la place de Chrysale : il ne se sert pour expliquer sa pensée que des expressions les plus simples et les plus communes au lieu d’employer de belles phrases comme vous supposez qu’on fait toujours. […] S’il n’y avait point de lâches il n’y aurait point de Spadassins, car ces derniers savent bien que toute leur capacité ne les tirerait pas d’affaire vis-à-vis d’un brave homme ; si dès la première affaire qu’ils ont, ils couraient risque de la vie, ils seraient sûrement moins téméraires dans la suite et réserveraient pour l’Etat cette bravoure impertinente qui ne sert qu’à les faire haïr et mépriser des gens sages et modérés. […] Ces applaudissements serviront encore à vous convaincre qu’on peut mettre sans péril un Stoïcien sur la scène, si vous n’en reconnaissez pas un dans Worcestre av.
Le théatre a de même servi d’échelle pour monter au faste des honneurs littéraires, à Messieurs Racine, Voltaire, Duclos, Marmontel, Historiographes de France & de l’Académie Françoise.
En éffet, considérez un peu leurs divers amusemens, vous vous appercevrez qu’ils remplissent des vues bien opposées ; ils servent à faire naître la joie, & procurent de solides avantages.
Ils serviront de Réponse à la question que tu me fais au commencement de ta dernière.
que la coutume qui serait contraire à ce Droit, serait un abus et un dérèglement manifeste, parce qu’elle ne servirait qu’à fomenter le péché, et à donner aux personnes vicieuses la liberté qu’elles désirent, suivant la dépravation de leur cœur pour continuer impunément dans leurs désordres.
Il y a toujours dans une phrase, un ou deux signes principaux qui les caractérisent & leur servent de base. […] Le style n’est autre chose que l’assemblage de plusieurs signes, dont on est convenu de se servir, pour exprimer les affections de l’ame.
Nous nous servirons pour cet effet de l’épée spirituelle que le Seigneur nous a mise entre les mains, & qui n’est autre que la parole de Dieu, pour retrancher de semblables abus, si pernicieux aux ames, & dont l’Écriture nous fait assez connoître le danger, quand elle nous avertit, par la bouche du Sage, de ne pas fréquenter une femme qui se plait à danser & à chanter, Eccli. […] Ils ont beau dire qu’ils ne prétendent pas consentir au péché de ceux qui s’en servent, ils ne laissent pas d’être coupables : car s’il n’y avoit point d’artisans qui fissent & vendissent des masques, on n’en verroit pas tant dans les rues & dans les bals, au grand scandale des gens de bien.
Ce qui sert le plus à la tenir en bride, est une certaine horreur que la bonne éducation & le Christianisme en inspirent. […] N’apprend-on point par là aux personnes qui auront la passion de se marier, de se servir des mêmes adresses pour arriver à leur fin ?
L’hiver, il faudra faire des chemins dans la neige, peut-être les paver ; et Dieu veuille qu’on n’y mette pas des Lanternes. » Ici le grand Sully ferait une réflexion : « Si l’établissement des Lanternes et le pavage des chemins ne servaient absolument qu’au Bal public, ce serait une dépense à regretter » ; mais il ne reprocherait pas au Bal public comme un nouveau préjudice qu’il aurait occasionné une dépense utile à la sureté des citoyens et à la circulation du Commerce, au roulage des marchandises etc. […] Les Héros de Genève ne lui seraient guère plus utiles que ses fortifications : mais souvenez-vous que vous avez dit qu’il fallait des hommes et des Héros à une République : or Genève est une République ; il est donc sage de mettre souvent des Héros sous les yeux de vos Concitoyens, pour leur servir de modèles.