On a juré de réprimer les désirs charnels qui combattent contre l’ame ; de s’abtenir de l’apparence même du mal ; de haïr les péchés qui paroissent les plus légers, qui sans tuer d’un seul coup, ne laissent pas d’affoiblir & de préparer souvent aux chutes les plus déplorables.
Si ce philosophe trouve si faible cet esprit de lamentation et de plainte que la tragédie vient émouvoir, il n’approuve pas davantage « cette pente aveugle et impétueuse à se laisser emporter par l’envie de rire »De Rep. 10.
La critique que j'entreprends aujourd'hui n'est pas de cette nature, elle laisse à la Poétique toute sa juridiction, mais aussi elle lui est beaucoup supérieure, elle a droit de corriger ce qui est même selon les lois les plus étroites, et les plus sévères de cet art. […] Les espèces du Poème Dramatique sont, la Tragédie, la Tragi-comédie, et la Comédie: cette dernière a encore ses subdivisions ; car, si elle est entre des personnes communes, elle retient simplement le nom de Comédie ; et si elle a pour sujet une aventure de Bergers et de Bergères, elle s'appelle Pastorale: je laisse la dérivation de leurs noms à ceux qui ont traité de la Poétique, on la peut voir dans Jules-César Scaliger, si on a besoin d'en être instruit. […] Il y aura en cet endroit beaucoup de personnes qui assureront qu'ils n'ont jamais reçu aucune impression mauvaise par la Comédie; mais je soutiens, ou qu'ils sont en petit nombre, ou qu'ils ne sont pas de bonne foi, ou que la seule raison par laquelle la comédie n'a pas été cause de la corruption de leurs mœurs, c'est parce qu'elle les a trouvés corrompus, et qu'ils ne lui ont rien laissé à faire sur cette matière. […] La seconde chose qu'ils objectent, est qu'il y a des Comédies saintes, qui ne laissent pas d'être très belles, et sur cela on ne manque jamais de citer Polyeucte, car il serait difficile d'en citer beaucoup d'autres.
Lui laissera-t-elle même le temps de s’y appliquer ? […] Il peut seulement fermer les yeux, laisser faire, ne punir ni ne chasser les Acteurs et les spectateurs » : « Se habere mere passive. » « Car, ajoute-t-il, ne pas chasser ou punir tous les criminels, ce n’est pas approuver le crime. » Ainsi en bien des villes d’Italie on souffre des femmes publiques sans approuver leur désordre. […] Leur devoir se borne à y maintenir le bon ordre, à ne pas y aller, ni laisser aller leur famille. Cependant comme le Prince ne s’est expliqué sur la tolérance que pour la capitale, quoiqu’il le laisse en effet dans tous les lieux où on le veut, il est du devoir d’un Magistrat d’empêcher son établissement partout où il n’est pas encore, et jamais ne le favoriser, arrêter les dépenses des villes qui voudraient l’établir, et refuser les permissions de représenter aux troupes de Comédiens qui voudraient l’introduire.
Cependant malgré toutes ces réformes, ce grand Patriarche de l’Eglise Grecque ne laissa pas que de crier encore contre ces jeux de théâtre, comme contre un scandale public, qu’il appelle des écoles de libertinage & d’adultére, non pas à la vérité pour les choses obscénes qu’on y représentât, puisqu’on les en avoit retranchées, mais parceque les comédiens de l’un & de l’autre sexe affectoient des gestes, des postures & des airs efféminés, capables d’amollir les cœurs les moins sensibles & les plus purs. […] Uniquement attentifs à corrompre le monde sous prétexte de le réjouir, ils ne débitent que des maximes pernicieuses, tout opposées aux maximes saintes de l’Evangile : maximes d’orgueil, en ne parlant que de fierté, de hauteur & de mépris : maximes de vengeance, en donnant la fausse valeur de leurs héros pour la vraie grandeur d’ame qui consiste à ne rien laisser impuni : maximes de cupidité & du plus sordide interêt, en exposant aux yeux d’un public tous les artificieux détours des usuriers, pour s’enrichir du bien des familles, des orphelins & des veuves : maximes d’impureté, en exposant sur la scéne les intrigues amoureuses de mille amans profanes. […] Il suffit d’aller où va le plus grand nombre & de suivre la multitude, pour se laisser bientôt entraîner par le torrent, dans le bourbier de mille désordres & dans le précipice. […] Quand une jeunesse plus facile au mal qu’au bien, fréquente ces lieux dangereux où tout sollicite au péché, elle ne tarde guéres à s’y laisser corrompre. […] Qu’il coure au précipice, nous l’y laisserons courir, puisque nous ne pouvons l’empécher ; mais nous ne l’y suivrons pas.
Ils veulent travailler à l’éducation nationale, & ils écrasent le peuple, & ne lui laissent pas le temps de respirer. […] que celui qui se rend le maître de la Mer Baltique, le sera de tout le commerce du Nord, & qu’il n’est point de leur intérêt de laisser fortifier des voisins si entreprenans & si redoutables ? […] Quelle idée peut-on se faire du Sénat Britannique, dont à peine on peut arracher les membres à leurs frivoles amusemens, pour former les assemblées, dans un temps où lès plus grandes affaires ne laissent pas un moment à perdre ? […] Vous avez levé la canne sur moi, parlant ainsi aux spectateurs : Laissez-moi fondre sur lui, il connoîtra la force de mon bras, ou le diable l’emportera ; &c. […] On a invité des puissances voisines à la comédie, elles se sont emparées d’une partie de la salle, s’y sont bâties des loges tout-autour, & ont par grace laissé le parterre.
Le premier est de s’en informer des personnes de poids et de probité, lesquelles avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister à ces sortes de spectacles.
« Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions, Que forment en naissant les belles passions. » Et l'humilité de théâtre souffre qu'elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, L'égale presque aux rois dont je suis descendue ; Et si Rome et le temps m'en ont ôté le rang, Il m'en demeure encor le courage et le sang.
La lettre de Racine engendrera elle-même deux réponses (la première, attribuée à Jean Barbier d’Aucour, intitulée « Réponse à la lettre adressée à l’auteur de Hérésies imaginaires », et la deuxième : « Response à l’auteur de la Lettre contre les Hérésies imaginaires et les Visionnaires », attribuée à Philippe Goibaud-Dubois ou à Jean Barbier d’Aucour), auxquelles Racine proposera une dernière réponse, qu’il laissera pourtant inédite (« Seconde lettre de Monsieur Racine aux deux apologistes de l’auteur des Hérésies imaginaires »).
Agamemnon, partant pour Troye, laissa auprès de sa femme un célebre danseur qui la formoit en l’occupant de danses nobles & décentes. […] Il prétend qu’elle n’est en France qu’à son berceau, que celle des Grecs & des Romains étoit plus parfaite, ce que je laisse à juger aux connoisseurs. […] est-ce faire celui du politique qui l’emploie, & du peuple frivole qui s’y laisse prendre ? […] Auguste les laissa se débattre, se ridiculiser, se déchirer mutuellement ; il aida même en leur accordant les privilèges des citoyens, entr’autres de les soustraire à la juridiction des Magistrats, pour les soumettre immédiatement à la sienne, comme en France on a soustrait les Comédiens aux Magistrats municipaux, pour les soumettre à un inspecteur particulier. […] Sur quoi ce Prince ayant voulu punir Pilade de quelque faute par un exil, ce danseur osa lui dire : Tu es un ingrat, que ne les laisse-tu s’amuser de nos querelles ?
mais par une condescendance coupable envers ce monstre, leur nouveau et puissant protecteur, et en lui faisant envisager l’adoption de leur foi comme le moyen de se faire absoudre de tant de crimes et d’attentats que l’humanité avait à lui reprocher, et que, sans doute, malgré leurs promesses, Dieu, dans sa justice, n’a pas dû laisser impunis. […] Parmi les délassements que nous présente la société civilisée ; parmi les distractions qui peuvent remplir les moments de repos et d’oisiveté même que laisse à l’homme la suspension de ses occupations journalières, en est-il de plus nobles et de plus dignes de son intelligence que les représentations théâtrales ? […] Derrière, l’Atlas qui semble encore supporter le ciel, mais dont les cimes orgueilleuses s’abaisseront pour nous laisser pénétrer dans cette Afrique jusqu’à présent inconnue, et que nous civiliserons avec les principes de notre foi, et la morale douce de Jésus-Christ. […] Pourquoi, permettez-moi l’expression, les laisserions-nous rouiller ? […] Ses prêtres, s’ils le pouvaient, graveraient sur leur fronton la sentence que le Dante a inscrite sur la porte du Tartare : « Laissez ici toute espérance » !
Mais je réponds en premier lieu, que la Religion de ces Poètes leur laissait une grande liberté sur bien des choses que la nôtre nous interdit absolument. […] Dryden pour se laver de ces reproches, est trop heureux d’abandonner enfin son principe. « De peur qu’on ne s’imagine, dit-il, que j’écris ceci pour rendre aimable le libertinage, et que je m’embarrasse peu d’avilir la fin et l’institution de la Comédie, (le plaisir n’en est donc pas la fin principale) je déclare nettement que nous ne faisons heureux les hommes vicieux, que comme le Ciel laisse heureux les pécheurs etc. […] outrage toutes les femmes, et ne laisse pas néanmoins d’aimer éperdument Eurydice. […] Je ne voudrais point d’autre titre que celui-là pour traiter un homme de faquin ; son père l’eût-il laissé Duc en mourant. […] Cependant laissons-la jouir seule des fruits de son rare mérite, et venons à autre chose.
Elle ne demande pas plus de tems que la durée de la Représentation, & elle se passe dans le même lieu, puisque le Chœur qui remplit les quatre intervalles, ne laisse jamais de vuide. Elle est complette, & la fin ne laisse rien à désirer, puisque Joas proclamé Roi par tout le Peuple, & délivré de ses ennemis, est paisible possesseur du Trône qui lui appartient. […] on est instruit qu’une femme de ce caractere s’embarrasse peu du bien public & de la vertu de son Fils, pourvu que ce Fils la laisse gouverner. […] & l’on juge qu’un Heros de ce caractere ne se laissera pas aisément enlever Iphigénie. […] Telle est la disposition de son esprit : faire ce qu’il doit, laisser à Dieu le soin du reste.
qui ne laissent voir que la malice la plus étudiée et la plus digne de la colère du Juge qui nous demandera compte un jour de notre conduite. […] Voilà comme on sape la Religion par les fondements, et comme on essaie de mettre devant les yeux un bandeau qui ne laisse voir que la figure passagère de ce monde. […] « Je m’amuse à penser que le mariage quoiqu’il fasse de l’homme et de la femme une seule chair, il les laisse deux fous ensemble. […] A la vérité, Chérée après un succès se laisse aller à un transport condamnable :Heauton. […] et de ne laisser pas le corps de Polynice exposé ; mais de lui accorder la sépulture : il lui remontre que les Autels ont déjà été souillés du sang humain, que sa conduite a rendu le chant des oiseaux incompréhensible, et confondu les signes des Augures.
Laissez à ces têtes étroites la triste ressource de quelques scènes où le jeu de l’Acteur masque leurs fautes ou leur incapacité. […] Formez vos caractères sur de grands modéles ; fondez vos contrastes sur les plus fortes oppositions ; grouppez bien vos figures ; que la grandeur de l’action, jointe à la beauté de l’ordonnance, ne laisse rien à désirer.
Je laisse à penser jusqu’à quel degré de perfection ces petits Drames pourraient être portés. […] Je concluerai donc en disant, que loin d’interdire au Néomime les Pièces suivies & intriguées, & de le laisser sous la tyrannie des Comédiens des grands Théâtres, il faudrait l’y soustraire, & le rendre utile, en dépit d’eux-mêmes, à ces Comédiens, qui trop souvent tourmentent le Public par des Débutans que Melpomène & Thalie ne peuvent avouer.
Il faut encore représenter aux très-pieux Empereurs qu'on ne doit point contraindre les Chrétiens d'assister aux Spectacles, ou d'en être les acteurs; car il ne faut persécuter personne, pour l'obliger de faire des choses qui sont contraires aux Commandements de Dieu; mais on doit laisser chacun dans la liberté qu'il a reçue de Dieu pour en user comme il faut; surtout on doit considérer le danger où sont ceux qui sont du corps de ces personnes qui sont chargées du soin des Jeux publics, qu'on contraint par la terreur des peines, de se trouver aux Spectacles contre les Commandements de Dieu. […] Que les Prédicateurs reprennent continuellement les plaisirs qui portent au péché, auxquels les personnes qui suivent le dérèglement d'une coutume dépravée se laissent emporter si facilement; que les Prédicateurs s'efforcent de rendre ces choses odieuses; qu'ils représentent au peuple combien est grande l'offense et l'injure que Dieu en reçoit; que c'est de là que viennent tant de maux; que c'est ce qui cause les calamités et les misères publiques, et une infinité de malheurs.
Ils ne savent pas que cette sorte de curiosité est déjà un grand mal, et que c’est être tombé aux yeux de Dieu que de se laisser affaiblir par la tentation de juger de ses Commandements par sa propre expérience. […] On se plaint de ce que par la faute de la Pièce ou des Acteurs l’esprit ou le cœur ont été laissés immobiles ; on a regret à l’innocence et à la tranquillité qu’on remporte.
Il a le contentement d’y considerer les tableaux de ses inclinations, les images des desirs, de l’amour, de la joye, de la haine, & des autres passions : les applications de tous ces mouvemens à des sujets differens, un mélange si bien disposé, qu’il laisse de la passion pour le retour des mouvemens que les Acteurs suspendent pour un temps, afin de recréer par la nouveauté de ceux qu’ils font paroistre. […] Nous ne devons pas estre surpris de ce que ce gros enleve tant de personnes, de ce que les particuliers se laissent emporter par ce grand nombre de plaisirs ; il faut certainement un courage plusque mediocre, pour se défendre d’un gros qui nous attaque par autant d’endroits qu’ils nous trouvent de foibles. […] S’ils doutoient de la santé d’un voyageur dans un temps de contagion, ils seroient obligez de le faire retenir jusqu’à une entiere assurance qu’on peut le laisser entrer dans le Royaume ou dans une Ville sans danger ; ils sont obligez de faire jurer, ou signer les personnes mesmes les moins suspectes pour soûlager les particuliers de l’apprehension & du danger d’estre trompez. […] Vostre negligence seroit cause que l’Estat perdroit ceux qui ne laissoient pas à Dieu la liberté de le punir ; vostre negligence osteroit à Dieu la liberté de vous pardonner, & le ressentiment de n’estre plus contraint de faire misericorde au peuple le contraindroit de n’avoir aucune pitié de vous. […] Mais qui répondra qu’il ne luy soit échappé quelque faute, & qu’il ne se soit laissé aveugler par l’amour des productions de son esprit ?
Il a fait voir à notre siecle le fruit qu’on peut espérer de la morale du Théatre, qui n’attaque que le ridicule du monde, & lui laisse toute sa corruption. […] Il te sied bien d’avoir en de si jeunes mains, Chargé d’ans & d’honneurs, Confié tes desseins, Et laisse d’un Visir la fortune flotante Suivre de ces amans la conduite imprudente ! […] Je le crois grand Poëte, parce qu’on récitoit ses vers après sa mort, & qu’on l’a laissé mourir de faim pendant sa vie. […] Cette froide & triviale antitese de vie & de mort, ne seroit-ce pas une plainte de l’auteur contre un siecle ingrat qui laisse mourir de faim les admirateurs de Moliere ? […] Mais ne nous laissons pas imposer par le bruit du Théatre.
Il faut que la dévotion de ces Saints de Théâtre soit toujours un peu galante: c'est pourquoi la disposition au Martyre n'empêche pas la Théodore de M. de Corneille de parler en ces termes: « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l'humilité de théâtre souffre qu'elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, L'égale presque aux rois dont je suis descendue ; Et si Rome et le temps m'en ont ôté le rang, Il m'en demeure encor le courage et le sang.
Qualité commune presque à tous les bigots, qui, pour l’ordinaire, ayant peu de moyens et beaucoup d’ambition, sans aucun des talents nécessaires pour la satisfaire honnêtement, résolus cependant de l’assouvir à quelque prix que ce soit, choisissent la voie de l’hypocrisie, dont les plus stupides sont capables et par où les plus fins se laissent duper. […] Et par là finit l’Acte, qui laisse, comme on voit, dans toutes les règles de l’art, une curiosité et une impatience extrême de savoir ce qui arrivera de cette entrevue ; comme le premier avait laissé le Spectateur en suspens et en doute de la cause pourquoi le mariage de Valère et de Mariane était rompu, qui est expliqué d’abord à l’entrée du second, comme on a vu. […] À peine l’a-t-il laissée, que Panulphe paraît, criant à son valet : « Lorent, serrez ma haire avec ma discipline », et que, si on le demande, « il va aux prisonniers distribuer le superflu de ses deniers ». […] Voilà comme raisonnent ces gens-là ; je vous laisse à juger s’ils ont tort, et reviens à mon histoire. […] Le Frère s’écrie là-dessus avec un emportement fort naturel, qu’il faut laisser au Ciel à empêcher la prospérité des méchants, et qu’il ne faut point « prendre son intérêt plus qu’il ne fait lui-même ».
Mais laissons ces Mrs. aux prises les uns avec les autres : ce qui revient à notre sujet, c’est qu’ils conviennent, que la Comédie &c, a été bonne au tems, & depuis le tems de Moliere ; & voici, en peu de mots, dequoi vous faire voir combien ils en imposent à ceux qui veulent bien se laisser tromper. […] Le grand Bossuet en particulier, cet homme immortel, selon Mr. de Voltaire, ne nous laisse rien à désirer sur ce sujet. […] Laissons donc parler Ce prémier des hommes, dans l’art de répandre des lumiéres. […] Laissons encore ici parler les Bossuet, les Bourbon, les Simonet, les la Placette &c. […] Dira-t-on que les Souverains pendant ce tems, veulent laisser une libre carriere au désordre, sous prétexte de dévotion ?
Ainsi je le laisse aller, et avertis seulement le Lecteur, que cet autre Traité a été imprimé à La Haye, chez Théodore Le Maire, l’an 1639, afin que ceux qui le désireront voir s’en puissent munir. […] Mais comme Satan pour se déguiser un temps, et paraître lors en Ange de lumière, ne laisse pas d’être Satan, Encore que les Théâtres, parfois, prennent un plus beau masque, et ne montrent pas ce qu’ils ont de hideux, ils ne laissent pas d’être toujours les mêmes, c’est-à-dire, des lieux destinés de leur nature à la dissolution ; et ainsi, comme rien de contraire ne saurait être de durée, ils ne manquent point de retourner bientôt à leur naturel. […] , dit que jusques à son temps, qui était celui de Tibère, elle n’avait point relâché de sa sévérité ancienne, ni laissé corrompre l’intégrité de ses mœurs. […] ch , qui leur a nié tout à plat, que l’Ecriture, comme ils le prétendaient, ne dît rien des Théâtres, et qu’elle laissât libre aux fidèles d’y aller ou non. […] Leur avis serait qu’on y laissât un chacun à sa volonté, et qu’on s’en tût en public.
Le laisser parler sans affectation, c’est le tirer de son Elément. […] Les amusements doivent laisser notre cœur dans une assiette tranquille, et non point le dérégler. […] vous qui vous laissez emporter aux frivoles accents d’une voix impure ? […] Sa vengeance la plus redoutable est de laisser à présent le crime impuni. […] Que si le mal ne gagne pas jusques là, les autres suites des spectacles ne laissent pas d’être très fâcheuses.
Sophocle, Euripide, Eschyle nous en ont laissé chacun une sur le même sujet. […] Je lui en ferois l’exposition pour l’en laisser le juge ! […] Je vous laisse le soin d’appliquer cette comparaison, et; d’apprécier la droiture du génie d’un tel personnage. […] Laissons, s’il le faut, passer la nuit à boire à ceux qui, sans cela, la passeroient peut-être à faire pis…. […] Esope laissa à son fils près de deux millions.
Si cela paroît difficile, il ne laisse pas d’estre possible & raisonnable : Et s’il en couste un peu plus de meditation aux Ingenieux, ils y gagneront plus de gloire ; & les Spectateurs y auront plus de plaisir.
Des personnes de piété et de savoir qui sont en charge dans l’Eglise, et qui connaissent les dispositions des gens du monde ont jugé qu’il serait bon d’opposer à une dissertation qui se faisait lire par sa brièveté, des réflexions courtes, mais pleines des grands principes de la religion : par leur conseil, je laisse partir cet écrit pour s’aller joindre aux autres discours qui ont déjà paru sur ce sujet.
Il faut considérer quelle est leur origine, quelles sont les mœurs ordinaires des acteurs et des actrices, quelle est la matière et le but de leurs représentations ; quels effets ces représentations produisent dans les acteurs et dans les spectateurs ; quelles impressions elles leur laissent.
Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point, parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme ressentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui est ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces vers.
Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point; parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme sentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui était ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces Vers: « Mourir sans tirer ma raison : Rechercher un trépas si mortel à ma gloire ; Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison; N'écoutons plus ce penser suborneur. » Et la raison en est que les passions ne s'excitent pas seulement par les objets, mais aussi par les fausses opinions dont l'esprit est prévenu.
Ce Scipion étala dans un long discours les dangers de ces Spectacles, disant qu’il falloit laisser aux Grecs leurs vains amusemens Græcam luxuriam, & ne pas donner entrée à Rome à cette iniquité étrangere, peregrinæ nequitiæ. […] Æsopus, grand dissipateur, laissa cinq millions à un Fils encore plus grand dissipateur que son Pere. […] Ce Roscius a laissé un nom si célebre qu’il mérite dans l’Histoire du Théâtre une place d’autant plus honorable, que fameux par sa supériorité dans sa profession, & par une probité rare dans sa profession, il a reçu de Ciceron ce grand éloge, qu’il paroissoit seul digne de monter sur le Théâtre, & seul digne de n’y pas monter. […] Qu’ils laissent, disoit-il, au Peuple l’impureté de ses Spectacles.
Syphax empoisonnant sa femme, le jeune Horace poignardant sa sœur, Agamemnon immolant sa fille, Oreste égorgeant sa mère, ne laissent pas d’être des personnages intéressants. […] Que signifie cela, sinon qu’on tremble qu’elle ne soit renvoyée ; qu’on sent d’avance la douleur dont son cœur sera pénétré, et que chacun voudrait que Titus se laissât vaincre, même au risque de l’en moins estimer ? […] Une si douce image amollit insensiblement le cœur : on prend de la passion ce qui mène au plaisir, on en laisse ce qui tourmente. […] « Une preuve bien sûre qu’Alceste n’est point misanthrope à la lettre, c’est qu’avec ses brusqueries et ses incartades, il ne laisse pas d’intéresser et de plaire.
Ces grands hommes ne nous ont laissés que leurs restes, s’il est permis de le dire, que ce qu’ils ont dédaignés. […] Ils se présentent d’abord à l’homme de génie qui s’en saisit, & ne nous laisse à peindre que des vices de société. […] Il est étonnant qu’on laisse prendre à la Tragédie plus de libertés.
« Combien avons-nous, dit-il, employé de discours pour obliger les Fidèles à quitter les Théâtres et les désordres qui s'y font, sans qu'ils en aient rien fait ; Ils ne laissaient pas de courir aux Danses publiques qui leurs sont défendues, et qui font partie de cette assemblée diabolique, formée contre la plénitude de l'Eglise de Dieu. […] « Tu quittes ce Calice adorable, et la Fontaine du Sacré Sang, pour courir aux lieux que le Diable occupe : Ce n'est pas à nous à rire des choses mauvaises avec emportement, et de nous laisser prendre aux délicatesses des Sens, et à celles qui se font voir dans les Théâtres : Cela ne convient pas à ceux qui sont appelés au Royaume éternel, et qui ne portent que des armes spirituelles ; mais seulement à ceux qui combattent sous les Enseignes du Diable ; car c'est lui qui réduit en art les ris et les Jeux, pour attirer à son service les Soldats de Jésus-Christ. […] « Quand je pense que vous oubliez notre Doctrine et nos Enseignements au premier souffle de Satan, que vous avez abandonné la révérence du Carême, pour vous laisser prendre aux filets du Diable, et que vous courez à ces Jeux de Chevaux ou Cavalcade de Satan, j'en suis triste et même irrité.
Une mauvaise éducation laisse ignorer les lois de la décence, la paresse néglige de les observer, la dureté du caractère refuse de s'y assujettir. […] Quel sage Gouverneur laisserait tenir à ses élèves ou leur permettrait d'entendre de pareils entretiens ? Je n'ai jamais pu comprendre qu'on laisse aller les jeunes gens à la comédie quand on a quelque soin de leur éducation.
L’assaillant choisirait au hasard des temps où la victoire serait impossible ; l’assailli serait laissé en paix, quand il aurait besoin de se rendre, et poursuivi sans relâche, quand il serait trop faible pour succomber. […] Qu’il se satisfasse, et nous laisse dans nos Villes avec nos défauts : il doit abandonner des hommes pervertis, et assez dégradés pour chercher à s’amuser, et pour aimer à être ensemble. […] Et on laisse vomir, imprimer, et distribuer au Citoyen de Genève, des libelles infâmes, contre ce qu’il y a de plus respectable dans les Nations !
Il faut laisser à décider ces sortes d’affaires dans le confessionnal, et ne pas les abandonner au jugement d’une infinité de personnes, qui se prévalent de tout, et qui ne sont pas assez sages pour s’arrêter à ce qu’il y a de juste et de permis dans une opinion indulgente, et pour observer toute la modération que l’Auteur demande.
Il faut donc que ceux qui représentent une passion d'amour en soient en quelque sorte touchés pendant qu'ils la représentent, et il ne faut pas s'imaginer que l'on puisse effacer de son esprit cette impression qu'on y a excitée volontairement, et qu'elle ne laisse pas en nous une grande disposition à cette même passion qu'on a bien voulu ressentir.
Que si les personnes qui vivent dans la retraite et dans l'éloignement du monde, ne laissent pas de trouver de grandes difficultés dans la vie chrétienne au fond même des monastères; s'ils reçoivent des atteintes du commerce du monde, lors même que c'est la charité et la nécessité qui les y engage, et qu'ils se tiennent sur leurs gardes autant qu'ils peuvent pour y résister ; quelles peuvent être les plaies et les chutes de ceux qui, menant une vie toute sensuelle s'exposent à des tentations, auxquelles les plus forts ne pourraient pas résister ?
Il faut donc que ceux qui représentent une passion d'amour en soient en quelque sorte touchés pendant qu'ils la représentent; et il ne faut pas s'imaginer que l'on puisse effacer de son esprit cette impression qu'on y a excitée volontairement, et qu'elle ne laisse pas en nous une grande disposition à cette même passion qu'on a bien voulu ressentir.
C’est dans le silence des passions qu’elle se fait entendre ordinairement ; elle ne laisse pas de suivre un pécheur, de l’arrêter par tout où elle le rencontre ; la frayeur, le dégoût sont les armes qu’elle employe contre lui, elle oblige sa conscience à le déchirer par des remords salutaires. […] Les personnes qui se laissent emporter par leurs imaginations sont communément très-indécises, elles avancent cinquante paradoxes qui ne partent point de la doctrine de leurs maîtres.
Les friponneries de toutes les pieces de Regnard & de la moitié de celles de Moliere, Inspirent-elles la sécurité qui laisse les portes ouvertes, & apertis ostia portis ? […] Tout le monde fait les conseils qu’il donne aux nouveaux maris, de ne pas laisser aller leurs femmes à l’Opéra.
Comme un sage et prudent mari ne peut laisser sa bien-aimée épouse sans plaisir et délectation, ains autant plus veut-il lui en donner que plus il l’aime n’en recevant moins qu’il lui en donne : ainsi notre Dieu (époux de nos âmes) lequel nous assure que son plaisir et délices sont d’être avec les hommes, lequel n’est un Dieu de chagrin ni de tristesse, ains de toute et incompréhensible consolation et joie, nous aimant plus que jamais n’a aimé sa femme, nous veut plus remplir de toute joie et délectation, ayant bien montré combien il aime les âmes ses épouses pour lesquelles souillées de péché, plus laide tache, « a volontairement et par un amour incomparable épandu tout son précieux sang en la croix ignominieuse afin de les nettoyer (qui étaient autrement incurables), saner, et avoir belles et sans aucune maculeb », Ephésiens chap. 5. […] Et pour cette cause étant réprouvé de Dieu, souverain plaisir, il a été fait malheureux, quels il tâche faire tous ceux qui se laissent abuser par ses maudites suggestions ès plaisirs mondains et charnels toujours dangereux, mais principalement pernicieux, les jours des fêtes, quand la délectation de l’âme avec Dieu son époux, doit prévaloir les voluptés corporelles cessantes, le corps et l’esprit ne pouvant aisément se réjouir ensemble.
Car quoique les assemblées des Chrétiens dans les Eglises soient des moyens qui servent excellemment à cette sanctification ; s’il arrive toutefois qu’elles aient cessé en partie en quelques lieux par le relâchement de la piété ; les fidèles ne laissent pas d’être tenus de renoncer à ces vaines et profanes récréations en ces saints jours, afin de les passer saintement. […] Enfin la manière dont les Docteurs ont expliqué ces Canons ne nous laisse aucun doute sur ce sujet, et nous convainc, qu’encore qu’il n’y soit parlé que de spectacles en général, il faut néanmoins comprendre la danse dans ces prohibitions, puisque aucun d’eux ne l’en a jamais exceptée, et qu’ils n’ont jamais douté qu’elle n’y fût comprise.
Saint Augustin, qui écrivait son Traité de la pénitence près d’un siècle après la conversion des empereurs, et dans un temps où les spectacles étaient purgés de tout levain d’idolâtrie, n’a pas laissé de les interdire aux chrétiens ; il ordonne d’abord aux pénitents de s’abstenir des jeux et des spectacles : Cohibeat se a ludis et spectaculis hujus seculi 19. […] Les mimes sont ceux, ajoute ce Père, qui copient les actions humaines pour les tourner en ridicule dans la comédie ; leurs fables sont mêlées d’intrigues ; on y voit des filles séduites, et le commerce odieux des femmes galantes28. » Saint Bernard, qui vivait dans le douzième siècle, n’a pas laissé de condamner les représentations théâtrales, quoiqu’elles fussent alors très-rares, sous prétexte que ces sortes d’exercices flattent les passions en retraçant des actions criminelles29.
Connoit-on toute l’impétuosité d’un fleuve, quand on se laisse aller à son cours ?
et la lumière même naturelle de la raison, nous devons laisser et omettre toutes les choses qui ne sont pas nécessaires au salut, lorsque le prochain en peut être scandalisé, c’est-à-dire, lorsque ce que nous ferions lui pourrait donner quelque occasion de ruine, et de péché, à cause de son infirmité.
Quoiqu’il soit permis de prendre quelque recréation après le travail, et de donner quelque relâche à son esprit après les occupations sérieuses ; si on excède néanmoins dans le divertissement, soit pour la manière d’en user, soit pour le temps qu’on y emploie, ce n’est plus une recréation honnête ; mais une pure sensualité, et on n’agit pas en homme raisonnable : mais on se laisse conduire aux passions de la chair, et aux instincts de la nature, comme les bêtes.
Mais laissons ces petites choses : voici des supplices, des tourments, des Croix, non plus à adorer, mais à souffrir, des feux que vous craignez et que vous prédisez aux autres.
Il faut regarder quelle est la vie d'un Comédien et d'une Comédienne ; quelle est la matière et le but de nos Comédies ; et quels effets elles produisent d'ordinaire dans les esprits de ceux qui les représentent, ou qui les voient représenter ; quelles impressions elles leur laissent ; et examiner ensuite, si tout cela a quelque rapport avec la vie, les sentiments et les devoirs d'un véritable Chrétien.
Si donc les personnes qui vivent dans la retraite et dans l'éloignement du monde, ne laissent pas de trouver de grandes difficultés dans la vie chrétienne au fond même des Monastères ; s'ils reçoivent des atteintes du commerce du monde, lors même que c'est la charité et la nécessité qui les y engagent, et qu'ils se tiennent sur leurs gardes autant qu'ils peuvent pour y résister : quelles peuvent être les plaies et les chutes de ceux qui, menant une vie toute sensuelle, s'exposent à des tentations auxquelles les plus forts ne pourraient s'empêcher de succomber ?
Un Espagnol ayant trouvé la nuit une Indienne dans les rues, voulut la mener chez lui ; elle ne s’en défendoit pas, mais elle lui dit : entendez cette flûte de laquelle mon amant joue, sur la prochaine colline, elle m’appelle avec tant de passion & de tendresse, qu’il faut nécessairement que je m’y en aille ; laissez-moi, car la violence de mon amour m’emporte de ce côté-là . […] Ils crurent qu’il étoit d’un très-mauvais exemple de laisser représenter des crimes & des passions même par jeu, de tenir de mauvais discours même pour remplir un rôle, ou pour amuser le public. […] Ce sage Prince a laissé dans tous les états une liberté entiere aux femmes publiques ; mais par un trait de sagesse qui a formé les gens les plus honnêtes, il n’a pas voulu qu’elles fissent leur métier dans les Villes ; il leur a abandonné la campagne ; chacune s’y bâtit une cabane, ou maison de plaisance. […] Cette méthaphysique ne s’entend pas ; & le jeu, les visites, les perfiflages ne remplissent pas tous les momens, ils laissent du vuide, il semble plutôt qu’on nous plaît, & qu’on nous amuse, en s’accommodant à notre caractere. […] Ceux-ci laissent le cœur froid pour la plupart, ou n’excitent que des mouvemens impurs.
La crainte que nous avons que les Comédies qui se représentent utilement pour le divertissement des peuples, soient quelquefois accompagnées de représentations peu honnêtes, qui laissent de mauvaises impressions dans les esprits, fait que nous nous sommes résolus de donner les ordres requis pour éviter tels inconvénients.
Que si elles ne laissent pas de s'ennuyer, comme elles font souvent, c'est parce qu'elles ont trop de divertissement, et trop peu d'occupation sérieuse.
Il faut regarder quelle est la vie d'un Comédien et d'une Comédienne, quelle est la matière et le but de nos Comédies ; quels effets elles produisent d'ordinaire dans les esprits de ceux qui les représentent, ou qui les voient représenter ; quelles impressions elles leur laissent ; et examiner ensuite si tout cela a quelque rapport avec la vie, les sentiments et les devoirs d'un véritable Chrétien.
Que si elles ne laissent pas de s'ennuyer, comme elles font souvent, c'est parce qu'elles ont trop de divertissement, et trop peu d'occupations sérieuses.
Le Sacré Collége, qui n’y étoit pas intéressé, & qui n’aimoit pas le feu Pape, à qui il reprochoit de ne consulter que son cordélier défroqué, laissa courir impunément ces pieces fugitives, qui n’ont qu’une existence éphémere : mais le théatre, plus audacieux, l’attaque directement lui-même en bataille rangée. […] Le P. la Rue en laissa tirer des copies par le comédien Baron, qui crut lui rendre service en les donnant aux comédiens. […] On a détruit la chapelle de la Congrégation des Ecoliers, pour y construire un théatre : mais on a laissé au-dessus celle de la Congrégation des Artisans. […] Elle laisse les vieillards à son oncle, la jeunesse est pour elle. […] L’évêque prêchoit réellement autrefois : mais comme la sollicitude pastorale laisse rarement assez de voix pour se faire entendre dans un vaste auditoire, celui-ci fait monter en chaire.
Il y a bien plus de contradiction entre les anathêmes prononcés contre les bâtards & les femmes qui se laissent séduire, & la considération où ils sont l’un & l’autre dans le grand monde, qui se croit plus éclairé & qui est plus aveugle que le peuple, chez qui le fruit, les auteurs, les complices du crime n’occupent que la place qui leur est due. […] Je laisse à l’amour & à votre cœur le soin d’en ménager les moyens. […] Mais craignant de lui laisser appercevoir son dépit, il faut , lui dit-il, que je vous quitte pour reparoître dans un état plus décent. […] Bien loin de la laisser aller, comme elle le demandoit avec instance, l’officier la garda, l’emmena avec lui ; assez peu délicat pour s’accommoder des restes du Comte, mais plus délicat que lui sur les loix de l’honneur, il fit ce que le Comte n’a jamais fait, il l’épousa. […] Son mari l’ayant surpris avec elle, aulieu de s’offenser, la méprisa & la lui laissa.
Les meilleures pieces, dit-elle, donnent des leçons de vertu, & laissent l’impression du vice. […] Tous les pieges réunis, tous les ennemis rassemblés, laissent-ils douter d’une défaite déjà toute faite, puisqu’elle plaît ? […] Gardez-vous d’avoir du goût pour ces beautés séduisantes, & de vous laisser surprendre aux charmes séduisans de leurs attitudes & de leurs gestes : Ne capiaris nutibus ejus. 6. 24. […] Par toi-même bien-tôt conduite à l’opéra, De quel œil penses-tu que ta Sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces discours sur l’amour seuls roulans, Ces doucereux Renauds, ces insensés Rolands, Saura d’eux qu’à l’amour, comme à son Dieu suprême, On doit immoler tout jusqu’à la vertu même ; Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lully réchauffa des sons de sa musique. […] Moquons-nous de Boileau, laissons-le dire (S.
Ce fameux Patriarche, trois fois déposé et rétabli, a laissé plusieurs Instructions en forme de Catéchisme aux Catéchumènes et aux nouveaux baptisés, remplies de piété et très utiles. […] Ce fameux Catéchiste d’Alexandrie, emploi qu’il exerça pendant trente ans avec le plus grand succès, a laissé plusieurs ouvrages remplis d’érudition, entre autres des instructions morales à la jeunesse, sous le nom de Pédagogue, mais qui sont utiles à tout le monde. […] Il a laissé plus de deux mille Epîtres sur différents sujets, toutes très belles et très importantes, sur l’explication de l’Ecriture, les dogmes de la foi et les règles de la discipline. Le second, Archevêque de Séville, l’oracle de l’Espagne pendant trente-cinq ans, à la tête de toutes les affaires ecclésiastiques, fils du Gouverneur de Carthagène, élevé dans le grand monde, qu’il connaissait parfaitement, a laissé grand nombre d’ouvrages excellents qui l’ont fait mettre au rang des Pères de l’Eglise, et ses règlements au nombre des canons. […] C’était un Père Grec qui a laissé de fort bons commentaires sur Job et sur l’Ecriture.
L’utilité de la Comédie étant reconnue, ce seroit ici la place d’examiner quelle est la forme qui lui convient le mieux pour parvenir au but qu’elle se propose de corriger les mœurs ; si la Comédie grecque étoit plus proche de la perfection morale que la nôtre, en nommant les personnes vicieuses qu’elle exposoit à la satire publique ; enfin si l’exclusion des Actrices sur les Théâtres Grecs & Romains, n’étoit pas plus propre à laisser dans l’ame des Spectateurs des impressions de vertu dégagées de tout mêlange de volupté qu’on remporte presque nécessairement de nos Spectacles.
Or dites-moi ma Princesse, Non, mais humaine Déesse, Qui se pourra désormais Garantir, bien qu’il s’efforce Contre la puissante force Qui ne vous laisse jamais.
Bien plus, le Concile de Sens (en 1528.) défend d’employer des acteurs ou des violons, et autres instruments du théâtre, dans les motets qui se chantent dans l’Eglise, et même de les y laisser entrer : « Prohibemus ne Histriones aut Mimi intrent Ecclesiam ad pulsandum tympano, cythara, aut alio instrumente musicali. » D’où il est aisé de conclure qu’on ne doit pas souffrir que les Organistes, Musiciens, ou instruments du Chapitre, aillent chanter ou jouer au théâtre. […] Augustin, labourer que pécher ; et pour ne pas laisser d’excuse dans l’innocence prétendue du spectacle, il dit expressément en plusieurs endroits : Il vaut mieux travailler toute la journée que d’aller au bal ou à la comédie : « Melius est arare qum saltare vel in theatro desidiosus existere. […] Quoique les autres œuvres de piété ne soient pas d’une obligation aussi précise que la messe, puisque l’Eglise nous laisse la liberté du choix, ce serait s’abuser de croire qu’après une messe basse entendue, on est quitte de tout, et si fort maître de son temps, qu’on peut impunément le perdre. […] Non seulement le théâtre détourne des exercices de piété, mais encore il apprend à farte fort mal le peu qu’il laisse pratiquer.
« Je vais à ce sujet, Madame, dit Ricoboni le fils, vous dévoiler une de ces brillantes erreurs dont on s’est laissé séduire, & à laquelle un peu de charlatanisme de la part des Comédiens, peut avoir beaucoup aidé.... […] Si dans une endroit d’attendrissement vous vous laissez emporter au sentiment de votre rôle, votre cœur se trouvera tout-à-coup serré, votre voix s’étouffera presqu’entiérement.
Diderot tombe dans le défaut qu’il a sujet de reprocher aux Auteurs dramatiques, on doit en conclure que ce défaut est difficile à éviter, & qu’on à lieu de craindre de le laisser glisser dans ses Ouvrages, si l’on ne se tient soigneusement sur ses gardes. […] je laisse la question indécise.
Cela est si vrai, qu’il n’est plus question parmi eux d’exécuter les canons qui les touchent, et qu’ils semblent laisser dans un oubli, dans une désuétude absolue, tels que ceux-ci : « 1° On renouvelle, dans le concile de Carthage tenu en 349, la défense déjà faite aux ecclésiastiques, en plusieurs conciles, d’habiter avec des femmes ; « 2° Aucune femme ne doit demeurer avec aucun des prêtres, mais seulement la mère, l’aïeule, les tantes, les sœurs, les nièces, celles de leur famille qui demeuraient avant leur ordination. 3e Conc. de Carthage, an 397, can. 17 ; « 3° Les prêtres doivent s’abstenir des grands repas, de la bonne chère, de l’ivrognerie et autres vices. […] Conc. de Rome, an 1059, can. 3 ; « 9° Défense aux clercs et aux moines d’avoir des servantes dans leurs maisons et leurs prieurés, et aux bénéficiers ou clercs engagés dans les ordres, de rien laisser par testament à leurs bâtards ou à leurs concubines.
C’étoit si peu de chose, que malgré l’excès de leur flatterie, les Anglois les ont laissé perdre. […] Elle eut beau faire, jamais Princesse ne fut plus décriée & plus flattée, une reputation si problematique laisse plus de tâche que de gloire. […] Elle n’étoit occupée que de faste, de parure, de bonne chere, de fêtes, de jeu, de bal, de comédie ; elle n’a laisse que des garderobes & des toilettes, des robes, des rubans, de pierreries. […] Il y venoit même en robe de chambre, & y passoit les heures entieres, la porte fermée à clef, avec ordre de ne laisser approcher personne. […] Elle laissa prendre sur l’original bien des privautés que le Prince prenoit sans façon & sans scrupule.
On lui a laissé à-peu-près le choix des Comédiens : & ceux-ci se sont arrogé le droit de recevoir les piéces ; ils ne les admettent que pour lui.
Non seulement notre Spectacle devrait profiter des leçons des grands Hommes, & se laisser guider à leurs avis, mais il devrait être aussi délicat, aussi gêné que les Théâtres qu’il peut surpasser.
Vous savez ce que coûte l’absence d’un époux ; vous vous étiez promise de ne plus vous y exposer : mais vous n’éprouvates jamais ce vide que laissent l’indifférence de l’époux, & l’absence d’une amie… Ah !
Celui de se conformer à ce goût général ; de conserver toujours une conscience sans reproche, un esprit sensé, une âme tendre, & de laisser quelquefois échapper au-dehors les apparences de l’étourderie & de la frivolité.
C’est trop le laisser souffrir : prêtons-nous à sa faiblesse.
Soutenez-la ; consolez-la ; ne la questionnez pas ; sur-tout, laissez-la libre, dès qu’elle paraîtra le desirer.
Saint Paul nous a laissé en divers lieux de ses Epîtres un excellent portrait de toutes les qualités d’un Evêque, et il semble que l’Eglise de Paris les ait voulu ramasser toutes dans ce seul verset d’un Hymne qu’elle chante à l’honneur des Saints Pontifes : « Fit Gregis Pastor, Pater, atque forma Lætus impendit sua, seque, servus Omnium, curis gravis, omnibusque Omnia factus. » Voilà, mes Pères, ce qu’on a toujours regardé comme devant être le caractère de tous les Evêques.
« Sans ternir votre fer d’un indigne attentat, Laissez vivre et vivez pour le bien de l’Etat. » de La Monnaie.
Les intérêts de la vérité ne sont pas moins blessés que ceux de la société, par le déguisement qui trompe, que par la crédulité qui se laisse tromper. […] C’est un point essentiel dans l’éducation de ne pas laisser mentir les enfans, même pour s’excuser en choses légères, de leur parler toûjours vrai, de ne pas mentir devant eux. […] Il en résulte une espèce de pyrrhonisme qui fait tout mêler, tout confondre, douter & se jouer de tout, ou tout croire sans discernement, qui apprend à déguiser les faits, à distribuer adroitement les couleurs de la vrai-semblance, en un mot à tromper, & accoûtume à se laisser tromper, à se repaître de fables, sans s’embarrasser de la vérité, à réaliser tout ce qui plaît, former des espèces de Don Quichotte qui prennent tout à la lettre.
Oui, dans le temps même que l’ennemi escaladait les murs, se répandait de tous côtés, et passait tout au fil de l’épée, on jouait la comédie : « Circumsonabant armis muros, et Carthaginensis insaniebat in circo, luxuriabat in theatro. » L’amphithéâtre était plein d’insensés à qui l’ensorcellement du plaisir ne laissait pas entendre le bruit affreux du sac de leur ville, les gémissements des mourants se confondaient avec les cris de joie et les chansons de ceux qui se jouaient au théâtre : « Confundebatur vox morientium, voxque Bacchantium ; vix discerni poterat plebis ejulatio quæ cadebat in bello, et sonus populi qui clamabat in circo. » N’était-ce pas, ajoute ce Père, forcer Dieu à exterminer un peuple pour qui il avait peut-être encore des sentiments de miséricorde ? […] Lors même que l’indécence de quelques Empereurs a laissé monter les Chevaliers et les Sénateurs sur le théâtre de Rome, ce désordre n’a jamais passé à l’armée. […] Que les panégyristes du cothurne choisissent, le guerrier devient un lâche, si Melpomène réussit, ou Melpomène est une sotte, si elle le laisse courageux.
Le tableau de si hautes vertus, que relève encore la puissance du génie, laisse nécessairement une impression profonde dans l’âme du spectateur. […] Laissons à cet égard parler Rousseau. […] Que l’on interroge tous les jeunes gens qui ont assisté aux représentations de la Nonne sanglante ; on n’en trouvera peut-être pas un qui ne dise que dans la position de Conrad il eût fait comme lui ; qu’il fallait nécessairement tuer Stella ou laisser périr Matilde, que conséquemment il n’y avait pas à hésiter.
Moliere n’avoit garde de laisser échapper une morale si précieuse, & d’en faire le même usage que ce jeune homme, bien différent de celui qu’en fait Saint Augustin. […] Que voulez-vous faire de cet enfant, lui dit-on, laissez-moi faire, répondit il, je lui aurai bientôt appris son métier en perfection. […] Ils les choisissent avec soin, les paient cherement, pour les engager à se laisser voir dans toute sorte d’attitudes. […] C’est, dit-on, pour nous apprendre que la fille la plus sage, fût-elle aussi insensible qu’une statue, s’aprivoise à la fin, & se laisse gagner, que la vanité rend l’homme amoureux de lui-même comme Narcisse, de son ouvrage comme Pigmalion, que l’amour rend aveugle & insensé, & se repaît puérilement de tout. […] Le théatre n’avoit garde de laisser échaper des objets si dignes de ses acteurs & de ses décorations.
Car on laisse Neuton jouir paisiblement de la souveraineté dans la physique & l’algebre. […] Mais il y trouve le vice naturalisé, vivant, agissant ; il n’a qu’à le suivre, & se laisser aller au torrent : ou plutôt il est de toutes parts entraîné, sans pouvoir s’en défendre, il est charmé d’y être englouti. […] Le juste milieu est d’être vertueux, de bonne-foi, & de laisser croire au monde ce que l’on est. […] Nous laissons seulement toutes ces légendes à nos poëtes femelles : il faut faire grace à la foiblesse du sexe. […] On voudroit donc que les cartels n’eussent pas laissé l’amour à quartier.
Une voix ingrate, des yeux muets & des traits inanimés, ne laissent aucun espoir au talent intérieur de se manifester au-dehors.
Si on avait laissé l’homme dans le chemin de la Nature, occupé journellement de la culture de la terre, qui fournit enfin à tous les vrais besoins, amusé alors, délassé par des plaisirs simples, il n’aurait pas eu besoin de l’art pour son bonheur.
Il demeura toujours fidele à l’Empéreur dont il conserva toujours l’amitié & la confiance, fut Généralissime de ses armées, fit des campagnes brillantes contre le Turc, & laissa un beau nom après lui. […] La Duchesse Nicole le laissa faire, & ne se défendit pas. […] Le Roi le retint assez long-temps, lui disant galamment : Je ne veux point me brouiller avec les Dames, elles ne me pardonneroient pas de vous avoir laissé partir. […] Ce mariage fut traversé par le Cardinal de Richelieu ; il passa à Cologne, se fit suivre de sa maîtresse déguisée en homme, s’en dégoûta, épousa la Comtesse de Bossu ; il la laissa, revint en France, & devint amoureux de Mademoiselle de Pons.
Mais une chose certaine, c’est que dans toute espèce de Spectacle, on veut être ému, touché, agité, ou par le plaisir de l’épanouissement du cœur, ou par son déchirement, espèce de plaisir : quand les Acteurs nous laissent immobiles, on a regret à la tranquilité qu’on emporte, & on est indigné de ce qu’ils n’ont pas su troubler notre repos. […] Esopus, célèbre Comédien tragique & le contemporain de Cicéron, laissa en mourant à ce fils, dont Horace & Pline font mention comme d’un fameux dissipateur, une succession de cinq millions qu’il avait amassés à jouer la Comédie. […] Que sera ce, si elle laisse échapper, quoique sans intention mauvaise, quelqu’une de ces expressions dont le double sens prête à l’obscénité ? […] On doit sur-tout l’attribuer au trop de liberté qu’on laisse aux Actrices : on ne daigne imposer aucuns devoirs à des femmes destinées à l’emploi sublime de faire passer dans nos âmes le sentiment vif, animé de toutes les beautés de notre Corneille, de notre Racine, de notre Voltaire.
Il falloit laisser Phédre toute seule dans sa fureur ****. […] Il ne seroit point applaudi, mais il saisiroit ; il feroit répandre des larmes ; il ne laisseroit pas respirer ; il inspireroit l’amour des vertus & l’horreur des crimes ; (remarquez ce qui suit) il entreroit fort dans le dessein des meilleures loix ; la Religion même la plus pure n’en seroit point alarmée ; on n’en retrancheroit que de faux ornements qui blessent les regles du goût.
Toutefois, si nous étions parvenus au dernier degré de corruption, et qu’il n’y eût pas à présent plus d’espoir de retour que l’affreux état de guerre, et de folles illusions n’en laissaient concevoir dernièrement, je préférerais me taire pour ne pas grossir inutilement le nombre des moralistes déclamant et prêchant dans le désert depuis tant d’années ; mais autant l’on a été découragé à la vue de la contagion du mauvais exemple, et des lois d’un despote bataillard qui ne respectait rien, qui a attiré sur nous tous les fléaux avec la malédiction du ciel et des nations ; autant l’on doit espérer de l’influence des lois sages qui vont nous régir, de cette Charte, si long-temps disputée, que nous venons de recevoir d’un Roi juste qui la secondera encore par l’exemple de toutes les vertus, d’un Roi qui recommande et protège tout ce qui est respectable, dont le cœur est véritablement bon, les vues sages et paternelles, les promesses sincères ; puisque rien ne le détourne de sa mission sacrée, et qui ne forcera donc pas les écrivains de désirer, à la fin de son règne, pouvoir déchirer les pages où ils en auraient trop loué le commencement trompeur. […] Si cette considération ne renfermait pas une réponse suffisante, et que je fusse obligé d’en faire une au libelliste froid qui, à la vue de la plus grande misère, et du pouvoir commun à tous les hommes d’être immoral, m’a contesté l’affaire et le besoin pur d’écrire sur l’indigence et l’immoralité, et de traiter des moyens d’en détruire les causes, je pourrais y ajouter, qu’ayant vu dès mon enfance la maison de mon père, administrateur des pauvres, continuellement assiégée ou remplie de malheureux pleurant, souffrant la faim et le froid, marqués de tous les traits de la misère, ces tristes scènes, ont fait naître et laissé dans mon cœur un sentiment pénible que je n’ai pu soulager que par la composition de ce Traité ; et que ma mission fut, par conséquent, de la nature de celle que nous recevons tous de la pitié, pour tâcher de retirer notre semblable d’un abîme où nous le voyons périr.
Cette différence entre les Histrions ou Bateleurs, et les représentateurs des Poèmes Dramatiques a été si peu connue des Modernes, que depuis plusieurs siècles les plus doctes Ecrivains s'y sont lourdement trompés ; car ils ont attribué tous les défauts des Mimes et Bateleurs scéniques, aux Comédiens et Tragédiens ; ils en ont confondu les noms, l'exercice, le mérite, les qualités, la réputation, et généralement toutes choses ; et je me suis cent fois étonné qu'une infinité de savants critiques se soient laissés fasciner les yeux, sans discerner combien ces différents Acteurs ont été distingués parmi les Anciens. […] Mais ce qui ne laisse point de doute en cette opinion est ce que Valère Maxime ajoute que ce Poète s'étant délivré de la peine de chanter « Et cum vocem obtudisset, adhibito pueri et tibinicis concentu, gesticulationem tacitus peregit. » Val.
Se moque des Païens qui laissaient jouer leurs Dieux, 347 Aubignac favorable aux Comédiens. […] Satires, signification particulière de ce mot, 90 Sénèque, caractère de ses Tragédies, 86 Sénèque le Philosophe, ce qu’il pense du Théâtre, 139. 142 Sévère Empereur peu favorable aux Comédiens, 68 Sorbin Evêque de Nevers, ridicule traduction d’un passage Latin, 122 Sosibius Sénateur d’Antioche, laisse tout son bien à cette Ville pour célébrer des Jeux, 55 Spectacles ce qu’on entend par ce mot, 37. défendus les jours solennels, 118. 178. 295.
Non, l’idée seule d’un de ces bouffons, déguisé en maman, portant précieusement, serrant dans ses bras et allaitant son nourrisson, de manière à exciter des éclats de rire, ne doit laisser aucun doute que la représentation de cette hypocrisie aurait les mêmes suites que celle du tartufe de religion. […] Vu cet irrésistible progrès des choses, et cette disposition générale des esprits, disposition telle qu’on ne voit presque plus que des envieux ou du métier infâme, ou des talents et de la vue des infâmes qui l’exerçent, le fait de les laisser sous l’anathême, qui contribue déjà au relâchement de cette partie de la société, est très-préjudiciable dans tous les cas à la foi et au respect dûs aux décrets de l’Eglise, et nuit par là généralement aux mœurs. […] Il serait bon de contenir aussi dans des bornes plus resserrées les donneurs indiscrets de leçons de précaution, qui vont chercher dans les espaces imaginaires des subtilités, des manœuvres, des vices, des perfidies, des crimes sans noms, sans exemples, ou très-rares, inconnus à la multitude, pour avertir tout le monde dramatiquement qu’il ne faut pas les commettre, ou s’en laisser atteindre ; ce qui n’empêche pas, ou plutôt, ce qui fait, comme je l’ai dit, que les méchants en profitent pour désoler les bons par des moyens nouveaux que les uns n’auraient jamais trouvés, et dont les autres n’auraient jamais eu rien à craindre sans cette fatale précaution. […] Ils s’en éloigneraient, ils les laisseraient dans la solitude du mépris avant le jugement qui doit les y condamner. […] La société jouirait ainsi des avantages de cette autre législation qui, d’après un célèbre magistrat, pourrait encore largement moissonner dans le vaste champ laissé hors du domaine des tribunaux.
Cependant ne vous y trompez pas, continue le Religieux Prédicateur de Cythere, les victoires que vous remporterez avec ces armes empruntées, ne sont ni bien certaines ni bien durables ; il vaudroit mieux laisser agir la nature, ses traits sont plus sûrs & plus efficaces que le suc de toutes les herbes & les enchantemens de tous les magiciens. […] Il enseigne par tout la même morale, dans l’art d’aimer, il exhorte à se tenir dans une honête propreté, il condamne l’indécence & le désordre des habits : nec vacua in laxâ pes tibi pelle natet ; mais il ne veut point dans les hommes de frisure, de parure récherchée, il faut laisser toutes ces foiblesses aux femmes, & aux hommes effeminés, qui leur ressemblent ; ce ne sont que des femmes impudiques, & des hommes qui outragent la nature : Cætera lasciva faciant concede puellæ, & si quis male vir quærit habere virum ; une noble négligence convient à l’homme, il ne doit plaire que par sa bonne mine : forma viram neglecta dicet . […] Les Péruviennes avoient une composition, une espece de pâte fort blanche, dont elles se faisoient un masque, qu’elles laissoient plusieurs jours sur le visage ; cette pâte se détachoit elle même, & rendoit le tein plus délicat & plus fleuri. […] Le plus habile coloriste, travaillât-il sur vos joues, comme sur une toile tende sur le chevalet, le coloris ne rendra jamais les vraies couleurs, que l’âge, l’artifice, l’infirmité, la volupté ont ternies ; & plus fragiles que celles d’un tableau, qui le conserve les années entieres, ces couleurs seront ternies dans un instant, & laisseront des tristes traces qui vous défigurent, & mettent au grand jour votre ancienne & votre nouvelle laideur. […] Le remord de la conscience, le bien de l’humanité, l’intérêt de la république, la loi des mœurs, la pudeur & la décence, conformément aux intentions du Créateur, ont prescrit au genre humain, ces bornes sacrées, & n’ont laissé ignorer à personne, que c’est un crime, ou de perdre le fruit de la sécondité par une inutilité volontaire, ou d’en exposer la naissance au hazard, sans lui donner un pere & une mere légitimes.
Econome de ma jeunesse, Et du temps qui nous est compté, L’instans que la Parque me laisse, Je le donne à la volupté, Et dans les bras de ma maîtresse…. […] Quelles sont nos vertus, si l’amour est un crime Ces doux fremissemens, ces feux & cette ivresse Sont des secret tributs qu’il rend à son auteur : Et ne savoir nuir, par un heureux lien, Les plaisirs d’un amant aux devoirs d’un chretien… Dieu qui creusa l’abyme où ton couroux me laisse J’esperois que ton bras soutiendrois ma foiblesse ; Mais puisque tu n’as pu m’arracher mon penchant, Pour teindre l’amour, aneantis l’amant. […] La crotte la diminue en couvrant la nudité ; les voiles épais lui déplaisent ; il n’aime que les gaze légeres qui laissent voir le nud : voilà toute la réforme & la décence du théatre, & des écrits modernes. […] Que je regrette ton genie, ton abandon, ta bonhommie, j’ai, comme toi, bien du loisir, avec beaucoup d’entousiasme, comme toi, j’aime le plaisir, & là finis la ressemblance ; que le temps me laisse mes jeux, & qu’il emporte mes ouvrages. […] Ma frivolité , dit-il, ne s’est jamais laissée corrompre par le fanatisme des Sectes, (c’est-à-dire, du christianisme,) ni par celui des opinions nouvelles, (quoiqu’elles percent par-tout.)
Il est vrai qu’Albert le Grand considère la Musique et la Danse selon l’usage que David et la sœur de Moïse en faisaient ; et que notre Théologien a pour objet des jeux, où l’esprit du Monde et les passions triomphent : mais Albert le Grand a parlé de jeux, de danses, de Spectacles, c’est assez pour appuyer le Théâtre, et laisser vivre sans remords les Comédiens. […] Il fait d’ailleurs ce qu’il peut pour faire observer la loi de Dieu : il nous laisse instruire par l’Eglise, si nous n’en suivons pas les préceptes, c’est notre affaire. […] Premièrement, « il s’en est informé à des personnes lesquelles avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister aux Spectacles. […] D'ou vient que le Peuple de Dieu ne l’a point connue, ou l’a laissée là contre le partage des Païens ? […] Je laisse le Théologien sur cette considération. « Il a lu, dit-il, et relu les saints Pères, dont il a tiré tout ce qu’il pouvait y avoir de favorable ou de contraire aux Spectacles.
Il en chasse les Spectateurs, en les avertissant, que ibid ce genre de Poësie voluptueuse est seul capable de corrompre les plus gens de bien ; parce que n’excitant que la colére ou l’amour, ou quelqu’autre passion, elle arrose de mauvaises herbes, qu’il falloit laisser entiérement dessécher .
Nous ne laisserons pas de donner quelque avis pour les Carrosels, soit pour la construction, soit pour le nombres des Chariots.
Cependant le Poëte ne laisse pas d’avoir occasion d’y reüssir, s’il veut s’en prevaloir, & se donner le soin de faire quelque dessein grand & juste, dont le mystere ou le sujet fasse tant d’impression sur les esprits, que la memoire s’en charge pour jamais.
Pontife, ajoutent-ils, que Dieu a appelé de cette vie à une meilleure, nous avait mis dans un grand accablement nous voyant ainsi destitués de notre Pasteur ; mais la bonté divine n’a pas laissé longtemps en cet état ceux qui espéraient en lui.
L’on a déja fait à la vérité plusieurs excellents écrits sur le sujet de la Comédie, qui sont comme autant de flambeaux capables de dissiper les ténèbres de ceux qui aiment ce vain amusement ; mais comme les goûts des hommes sont différents, j’espère que celui-ci, ne laissera pas d’être utile, d’autant qu’il peut servir de Décision sur cette matière, puisqu’il est fondé sur l’Ecriture Sainte, les Conciles et les Pères de l’Eglise ; C’est pourquoi il y a tout lieu de croire que Dieu y répandra sa bénédiction.
J’ai même mis par écrit, pour faire plaisir à quelques personnes, ce que je n’avais dit que de vive voix, et je vous laisse le maître de tout pour le montrer à qui vous jugerez à propos.
Cette bassesse apparente, auec laquelle les Poëtes Comiques s’accommodent à leur matiere, & cette modeste expression des actions ordinaires, ne laissent pas d’auoir vne dignité secrette, & telle que la vertu la donne aux personnes de moyenne condition. […] Ce n’est point vn effet d’impuissance, ou vne marque d’inferiorité d’esprit : c’est vn certain temperament de discours & de sens rassis, où l’esprit agit tout entier, quoy qu’il y agisse sans violence ; où il regne, quoy que ce soit en Souuerain pacifique, & qu’il ne braue personne, où il s’exerce dans vne carriere limitée, & ne laisse pas de faire de belles courses, quoy qu’il s’esloigne des extremitez de l’Eloquence Oratoire, & des precipices de la Poësie heroïque. […] C’est la tromperie, à mon auis, dont Gorgias le Leontin entendoit parler ; Et qu’il preferoit aux actions legitimes ; C’est cette tromperie, auec laquelle il disoit que celuy qui trompe est plus juste que celuy qui ne trompe pas ; & à laquelle il croyoit que les fins & les habiles se deuoient laisser piper, pour estre plus fins & plus habiles.
Je laisse aux Bossuet, aux Fénélon, le soin d’écraser sous les armes de la leur, sous le poids de leur autorité épiscopale, tous les sophismes en faveur des spectacles. […] Un écrivain Anglois, pour remédier à l’extrême licence des comiques de sa nation, est d’avis qu’on y établisse des censeurs éclairés & vertueux qui repassent sur les pièces tant anciennes que nouvelles, & n’y laissent rien de grossier, rien d’équivoque, rien qui puisse offenser la pudeur. […] Tout ce qui pense chez eux, la laisse s’enivrer & fumer, & se rend en foule à la comédie à Carouge.
Est-ce là l’exemple que Jésus-Christ vous a laissé, lui qui n’a jamais ri, et que nous voyons dans l’Evangile avoir souvent pleuré. […] Que si une femme négligemment parée, et qui ne fait que passer par une rue, ne laisse pas souvent de blesser celui qui la regarde, dit saint Chrysostome,Chrys. […] Dial. 30 que cette Ville qui a eu tant d’excellents hommes qui ont été des modèles de vertus, n’a rien eu de plus digne de censure, que cet amour excessif pour les spectacles : « Urbs illa alioquin abundantissima bonorum omnium atque illustrium exemplorum, nihil omnino reprehensibilius habuit, quam ludorum studium immodicum. » Voilà quels ont été ceux d’entre le peuple qui se laissaient emporter par le torrent de la coutume.
Vous n’en êtes que plus coupables de les célébrer et de les imiter : les sages Païens n’y croyaient pas plus que vous, et ne les laissaient qu’en rougissant adorer au peuple, vous les leur faites aimer. […] ) le peuple était debout, soit parce que les jeux n’étaient qu’une chose passagère, où on ne cherchait pas tant de commodités, soit parce qu’on ne voulait pas laisser accoutumer le peuple à tant de dissipation et de mollesse, et afin qu’on ne se laissât emporter à ces plaisirs dangereux, et qu’on n’y passât les journées entières : « Stantem populum spectavisse, ne si consideret, dies totos theatro continuaret. » Quelqu’un ayant commencé de construire un théâtre fixe pendant la censure de Messala et de Cassius, Scipion Nasica, par ordre du Sénat, fit tout démolir, et vendre à l’enchère tous les matériaux, les sièges et les meubles (Val.
» A la bonne heure, ne nous laissons pas gagner de franchise, rendons de bonne grâce les armes à un coupable qui avoue de bonne foi ses torts. […] Il n'est pas surprenant que dans une grande solennité David, peu fait au cérémonial de la royauté, qui ne faisait que de naître, se soit laissé emporter aux transports de la joie, jusqu'à danser familièrement avec le peuple, comme il l'avait fait cent fois avec les Bergers ses compagnons, et peut-être, sans y regarder de si près, avec quelque sorte de bouffonnerie indécente qui déplut à son épouse. […] De là des danses de toute espèce, légères, graves, majestueuses, badines, bouffonnes, etc. qui peignent les mouvements de l'âme, des danses de Guerriers, de Bergers, de Paysans, de Furies, de Dieux, de Démons, de Cyclopes, d'Indiens, de Sauvages, de Mores, de Turcs, qui caractérisent les professions et les peuples ; de là ces mouvements compassés de la tête, des pieds, des bras, des mains, etc. qui tous doivent se réunir de concert pour former les traits du tableau ; de là tous les divers habits et parures analogues à ce qu'on veut représenter, mais qui tous élégants, dégagés, propres, conservent et rendent saillante la taille et la forme du corps, qu'ils laissent admirer ; de là cette souplesse moelleuse, cette mobilité coulante, cette marche gracieuse, cette symmétrie des pas, ces figures entrelaçées, cette espèce de labyrinthe où à tout moment on se perd et on se retrouve ; de là ces innombrables combinaisons de plusieurs danseurs qui se cherchent, se fuient, s'embarrassent, se dégagent, se parlent par gestes, varient à tous les moments la scène, mais qui dans tous leurs mouvements les plus compliqués, toujours soumis au coup d'archet, semblent n'agir que par la même impulsion.
L’Abbé de Saint Pierre, ce Citoyen décidé dont les rêves ne roulaient que sur les moyens de procurer le bonheur du Genre humain, qui dans cette vue a laissé de très bons Mémoires qu’il faudra revoir un jour, si les hommes s’avisaient jamais de vouloir être heureux ; l’Abbé de Saint Pierre voulait des Spectacles, mais avec des tempéraments qui fortifient ma Thèse. […] C’est donc une espèce de poltronnerie, de pusillanimité, de lâcheté, de se laisser ébranler par les fanfaronnades d’un écervelé, qui se fonde, pour attaquer un homme vraiment vaillant, sur un préjugé odieux, un usage barbare, (vous le reconnaissez) qui choque les Lois, le bon sens, l’humanité et la Religion. […] Je vous laisse à y réfléchir, Monsieur.
On ne sait pas bien sur quoi ces Décorations étaient peintes ; mais il est certain que la perspéctive y était observée ; car Vitruve (Lib. vij) remarque, que les règles en furent inventées & mises en pratique dès le temps d’Eschyle par un Peintre nommé Agatharcus, qui en laissa même un Traité.
Est-ce que feu M. le Cardinal Grimaldi les avait laissé périr l’une et l’autre, et qu’elles ont besoin de refleurir sous votre Héros ?
Que s’il y a quelqu’un qui ne laisse pas malgré cette précaution de s’y corrompre, la faute vient de lui, et non pas de la Comédie.
C’est une des contradictions de nos mœurs, que d’un côté on ait laissé un reste d’infamie attaché aux Spectacles publics, et que de l’autre on ait regardé les représentations comme l’exercice le plus noble et le plus digne des personnes Royales.
De l’institution des enfants Essais, I, 26 [fin]a [a] Mon âme ne laissait pourtant en même temps d’avoir à part soi des remuements fermesb [c] et des jugements sûrs et ouverts autour des objets qu’elle connaissait, [a] et les digérait seule, sans aucune communicationc.
Ami des sentimens des Epicuriens, Je laisse la tristesse aux durs Stoïciens. […] Il est vrai que les prologues des opéras étoient une flatterie si fade & si outrée, que la foiblesse à les souffrir, à les écouter, à y laisser applaudir, étoient bien au-dessous de la majesté d’un Prince si célebre. […] Allez ouïr déclamer sur la scene Les beaux morceaux que Moliere a laissés, Où nos défauts sont par lui terrassés. […] Moi, qui ne suis point affublé De visions Théologiques Je préfere à l’onde fatale La solide réalité Des voluptés de cette vie, Je laisse la félicité, Dont on pretend qu’elle est suivit, A tout fanatique entêté, Qui ne vit qu’en l’éternité.
Ce temps fut bien court, & trop rempli d’autres objets, pour laisser au premier homme le loisir d’en fournir des mémoires au Parnasse. […] Zeno entreprit l’Histoire Eclésiastique de Venise, & la laissa imparfaite pour se livrer au Théatre. […] Que ne laisse-t-on les monstres dans l’oubli qu’ils méritent, pour ne proposer que les modeles des grands rois ? […] Mais quelque temps après, me voyant sans pratique, Je laissai là Cujas, & je lui fis la nique.
Tel est encore le caractère des farces qu’on joue toûjours après la piece sérieuse, pour ne pas laisser prescrire les droits de la licence. […] De quel œil penses-tu que ta Sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces discours sur l’amour seul roulans, Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul Dieu suprême, Il faut immoler tout, jusqu’à la vertu même, Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçû du ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lulli réchauffa des sons de sa musique ? […] Le Traducteur du théatre Anglois, qui s’est efforcé d’en diminuer l’indécence, en retranchant les traits les plus choquans, y en a laissé bien d’autres qui ne font pas regretter ce qu’il a supprimé. […] Nous laisserions cette réponse dans quelque scène de Pourceaugnac, si elle n’avoit d’autre partisan que ce grave docteur ; mais bien des gens de tout un autre poids la répettent, sans savoir peut-être qu’ils sont l’écho de Moliere, & sans penser, non plus que lui, que quatre pages après, dans les mêmes pieces qu’il a cru justifier, il détruit lui-même son apologie par ses farces licencieuses.
.), appelle pieux et savant Jésuite, Mariana, qui a écrit aussi contre la comédie, croit que c’est un moindre mal de laisser représenter aux Comédiens des pièces profanes et galantes, que des pièces tirées des livres saints. […] que Judith était belle et parée, Esther tendre et insinuante, Bethzabée immodeste et fragile, la femme de Putiphar impudente et infidèle ; ils admirent la fierté d’Assuérus, l’ambition d’Absalon, les intrigues d’Architopel, en un mot tout ce qui est capable de nourrir la passion : tout le reste leur paraît vide ; à peine l’ennui laisse-t-il tomber un regard distrait sur ce qui porte à la piété, un œil de mépris sur ce qui combat la passion. […] Elle avait gardé un profond silence sur son projet, et l’avait recommandé à tous les Magistrats, personne n’a eu l’indiscrétion de lui en parler : son Mizaël lui fait cent questions, elle lui laisse tout entrevoir. […] Il est vrai que comme il ne les nomme pas, il nous laisse la liberté de douter du poids de leur décision.
Pierre, qui a le double pouvoir de les abolir, et la double raison de la discipline et de la police, les souffre et les fait protéger, sans les approuver, puisque dans le même temps qu’il les laisse représenter, il maintient les canons qui les condamnent, les Prédicateurs et les Confesseurs qui les proscrivent, que Benoît XIV dans ses ouvrages les a très authentiquement et très savamment censurés. […] Il est vrai que le Roi et le Parlement les laissèrent faire, et même les favorisèrent ; mais on ne tarda pas longtemps à s’en repentir. […] Depuis ce refus authentique, ils n’ont plus osé se présenter, ni obtenir des lettres, qui sans doute leur auraient été refusées ; mais ils s’en consolèrent aisément par la liberté que le Roi leur laissa de jouer, l’honneur qu’il leur faisait de venir à leurs pièces, la pension qu’il leur payait, et l’argent que l’affluence du peuple leur apportait. […] 267.), fait de vifs reproches à Henri IV et à son Ministre sur ce qu’ayant retranché beaucoup de dépenses à la Cour, pour payer les dettes de l’Etat, il laissait subsister la pension des Comédiens, « de toutes les dépenses la plus inutile, et la première à supprimer ».
Mais les Supérieurs ne se conformeraient-ils pas mieux aux canons de n’y laisser jamais monter que des laïques ? […] Cet enfant, enchanté d’être mari de Chimène, Bérénice, Rodogune, etc., se laisse séduire, et épouse la vieille, qui avait encore quelque reste d’une beauté dont elle avait fait grand usage. […] Celle-ci avait du moins des amis distingués, le Duc de Coislin lui laissa par son testament une somme considérable, pour ses bons et agréables services. […] Si les Comédiens ne veulent point avoir de la piété, qu’ils laissent du moins la piété en repos dans son temple, et ne viennent point l’insulter par un excès de profanation qui fait mépriser et le lieu saint qu’il déshonore, et les lois de l’Evangile qu’il brave, et les foudres de l’Eglise dont il se joue.
on voyoit le Grand Condé aux Comédies de Moliere laisser le public en suspens qui des deux étoit le plus grand. […] A cela s’enchassent très à propos les amours de Cyrus & de Cassandane, qui malgré le titre du livre ne le laissent point en repos ; car l’amour & la musique se prêtent un secours mutuel. […] Son Voyage à la Lune, au Soleil, au pays des oiseaux, où il n’y a pas le sens commun, ne sont point achevés, n’ont aucun dessein, sont cent fois interrompus sans aucun propos, & laissent des lacunes au milieu d’une fiction. […] Germain, toujours plein d’honneur, de probité & fidélité, avec de sentimens dignes de sa naissance ; fort supérieur aux frivolités d’un bel esprit qui s’amuse, & qu’on auroit dû laisser dans l’oubli avec les puérilités qui les firent éclorre. […] Cet assaisonnement répandu pour donner du débit, ne peut piquer que les palais des agréables du tems, dont le goût n’est pas plus respectable que la foi & les mœurs. 5.° On a laissé aussi de mauvais vers, des galimathias, des bassesses, &c. en grand nombre.
Il ne fit aucun progrès chez des Peuples qui ne s’appliquaient qu’à la guerre, & dont tout le mérite était de copier les Nations qu’ils subjuguaient : ils le laissèrent presque dans le même état qu’ils l’avaient trouvé. […] Ils se laissent trop séduire par l’éxemple des Italiens. […] Les Lullystes devraient se dire à leur tour : laissons chanter les louanges de Rameau ; les goûts sont changés, il a su prendre celui de son siècle ; il viendra un autre homme de génie, qui obscurcira peut-être à son tour la gloire de Rameau, de même que ce Musicien célèbre balance la réputation de Lully. […] Après avoir raisonné de la sorte, qu’on se garde de rien changer à la musique de Lully ; qu’on la laisse paraître telle qu’elle est ; & qu’on ne mêle jamais sur-tout de la musique nouvelle avec l’ancienne : un pareil assemblage ne sert qu’à faire faire des comparaisons, quelquefois au désavantage de l’une & l’autre musique. […] Non sans doute ; & l’Académie de Musique ne laisse pas de s’en ressentir.
Mais il faut laisser encore une fois à ceux que Dieu a choisis pour combattre la Comédie, & les Comédiens le soin d’en faire voir les dangers & les funestes effets, & renvoyer ceux qui voudront s’en instruire plus à fond aux Traités qu’en ont écrit, je ne dis pas seulement Mr. le Prince de Conty, Mr. de Voysin, Mr. […] Scapin, selon lui, est une plaisanterie, qui ne laisse pas d’avoir son sel & ses agrémens, comme le Mariage forcé, ou les Medecins.
Je laisse à part toutes les Comédies de Moliere, qui quoique très-bonnes dans leur genre, n’attaquent aucun vice essentiel, & n’offrent la peinture que de quelques originaux plus ridicules que dangereux. […] Je sens que je prouverois trop contre la Comédie, si je développois ces réflexions ; je laisse donc au Lecteur la liberté de les pousser jusqu’où elles peuvent aller : d’ailleurs mon sentiment n’étant point de bannir la Comédie d’une République, mais seulement de la rendre utile aux Mœurs, quand j’aurois démontré que telle ou telle Comédie est une école du vice, il ne s’ensuivroit autre chose, sinon que telle ou telle Comédie ne devroit point être représentée.
Monsieur, j’ose encore ne pas convenir avec vous, que l’amour exprimé chastement dans cette Poésie, bien loin d’inspirer de l’amour, contribue à guérir de l’amour, pourvu qu’on n’y répande point d’images ni de sentiments voluptueux, et que si quelqu’un malgré cette précaution ne laisse pas de s’y corrompre, la faute vient de ce quelqu’un, et non pas de la Comédie. […] Venons à ce que vous dites, que si la Comédie rectifiée et prise en elle-même, ne laisse pas d’être mauvaise, il faut bannir des Eglises les peintures les plus innocentes, comme les Vierges agréables de visage, les Suzanne et les Madelaine.
Les ministres sont aujourd’hui trop éclairés pour se laisser surprendre à la faveur de l’ignorance. […] Si malheureusement les hommes d’Etat auxquels le monarque accorde sa confiance, continuaient à se laisser asservir sous l’influence des prêtres et à subir le joug anarchique du Clergé, leur coupable condescendance nous reporterait inévitablement à ces temps de calamité, où des moines, des prêtres et des prélats, sollicitaient, et provoquaient des lois inexorables et sanguinaires, et non contents de donner le scandale de voter ces lois de sang, ils parvinrent à se constituer eux-mêmes juges de tous les délits en matière de foi, et à faire couler à grands flots le sang des victimes qu’ils immolaient à leurs implacables vengeances, et faisaient brûler vifs des schismatiques, des hérétiques, des Juifs, etc.… et trop souvent des hommes riches qu’ils faisaient périr pour s’emparer de leurs dépouilles.
je vous en prie ; ne cumulez pas la conjonction : laissez subsister le regret consigné dans mon quatrain funèbre. […] Les auteurs de ces inventions ont fait preuve d’un meilleur goût, mais ils ont reconnu la nécessité de laisser dormir la Sagesse tant que l’Extravagance restera éveillée.
C’est pourquoi quand même vous seriez assez chastes pour n’être point blessés par la contagion de ces lieux, ce que je crois impossible, vous ne laisserez pas d’être sévérement puni de Dieu, comme étant coupables de la perte de ceux qu vont voir ces folies, & de ceux qui les représentent sur le Théâtre.
Les effets, la course admirable De ce bel Astre infatigable, Désireux de revoir un jour Athènes et la Philosophie, Je vous laisse Amants de Sophie L’honneur de cet heureux séjour.
Je tais aussi l'abus qui se commet en souffrant les Comiques, et Jongleurs, qui est une autre peste de la République des plus pernicieuses qu'on saurait imaginer : car il n'y a rien qui gâte plus les bonnes mœurs, et la simplicité, et bonté naturelle d'un peuple, ce qui a d'autant plus d'effet, et de puissance, que les paroles, les accents, les gestes, les mouvements, et actions conduites avec tous les artifices qu'on peut imaginer, et d'un sujet le plus ord, et le plus déshonnête qu'on peut choisir, laisse une impression vive en l'âme de ceux qui tendent là tous leurs sens. brief on peut dire, que le théâtre des joueurs, est un apprentissage de toute impudicité, lubricité, paillardise, ruse, finesse, méchanceté.
Augustin, encore que David eût commis de grands crimes, Dieu ne laisse pas de dire qu’il l’a trouvé selon son cœur, à cause de sa pénitence : « Inveni David secundum cor meum. […] Ils doivent prendre garde de ne se point laisser surprendre par les artifices des hypocritesIdem, livre 4, épitre 34. […] Ce Prince était persuadé que le plus grand trésor qu’il pouvait laisser à ses enfants, était une bonne instruction. […] , comment des choses naturelles bien et utilement inventées, l’on s’est laissé emporter, jusqu’à en forger de faux Dieux. […] Aussitôt qu’il y en a un qui a tué son homme, on le met aux mains avec un autre, qui le tue : et jamais on ne laisse le victorieux en repos jusqu’à ce qu’un autre l’ait égorgé.
Ce Prince la croit toujours prête à exécuter ce dessein, & la laisse néanmoins partir.
S’ils se contentoient de bien jouer toujours la même piéce, je ne crois pas qu’on les laissât jouir longtems de cette douce létargie.
Si on le sait, comment peut-on croire que les leçons qu’on y donne ne laissent aucune trace, & que la vue seule du divertissement étouffe tout autre sentiment ?
Ma sœur, mais vous avez laissé-là les Notes de votre Projet : elles sont de monsieur D’Alzan ; & vous me les faites attendre !
» Aristote, qui, dans son Art Poétique, a donné des règles pour le théâtre, sur lesquels nos grands maîtres, surtout Pierre Corneille, se sont modelés, n’a pas laissé, dans sa Politique, de supposer un certain danger dans les représentations.
Dix-sept jours m’ont suffi pour composer mon Manuscrit, et; pendant cet intervalle je n’ai pas laissé de remplir mes devoirs.
Mais les meilleurs pièces, si l’on en excepte Athalie, et Esther, ont-elles jamais donné quelques leçons de vertus, sans laisser en même temps l’impression de quelque vice ? […] Pour ne rien laisser à désirer sur la question des Spectacles, nous allons citer des autorités qui ne seront suspectes à personne. […] Ce motif, sans réponse, m’a décidé invariablement… Tout fidèle, quel qu’il soit, quand ses égarements ont eu quelque notoriété, doit en publier le désaveu, et laisser un monument de son repentir. […] Après avoir apprécié, dans la raison, ce phosphore qu’on nomme l’esprit, ce rien qu’on appelle la renommée, ce moment qu’on nomme la vie ; qu’il interroge la Religion qui doit lui parler comme à moi ; qu’il contemple fixément la Mort ; qu’il regarde au-delà, et qu’il me juge… Le temps vole, la nuit s’avance, le rêve va finir : pourquoi perdre à douter ou à délibérer, le seul instant qui nous est laissé pour croire et pour mériter ? […] La lecture de cet Ouvrage et de la vingt-neuvième Lettre de celui intitulé le Comte de Valmont, ne laissera rien à désirer à quiconque voudra examiner plus à fond la question sur les Spectacles.
Un acteur doit se transformer dans son personnage, & ne laisser voir que lui, & ici au contraire on transforme le personnage dans l’actrice, on ne voit que l’actrice sous l’habit du personnage. […] l’estime, l’enjouemens, l’entousiasme, la fureur des amateurs, des acteurs, des actrices, laissent-ils ignorer ou méconnoître le prodigieux, le funeste effet du poison. […] Il seroit à souhaiter que les bons écrivains eussent laissé la suite ; le dévelopement de leurs pensées, l’esquisse de leurs ouvrages, comme un peintre laisse des desseins, un architecte laisse des plans.
On laissa le tableau, après bien des révérences, pour aller allumer un feu de joie, au bruit de l’artillerie du château & de la mousqueterie des bourgeois. […] L’Académie, qui ne parut pas, auroit pu composer le drame : elle en laissa la gloire aux comédiens. […] Le poéte crut devoir changer ce vers dans les autres représentations ; mit tantôt je laisse, tantôt j’assure. […] Le sieur Gardel n’a traité que de la danse : il laisse aux musiciens & aux poëtes à parler de leur art. […] On a recueilli dans les Délices de la Poësie françoise quelques-unes de ses pieces fugitives, qu’on auroit bien fait de laisser avec ses moutons.
SI mes Lettres vous causent de l’ennui, Mademoiselle, c’est aujourd’hui pour la derniere fois que vous vous en plaindrez : je vous ai annoncé de nouvelles objections qu’il est nécessaire de resoudre, pour ne rien laisser à désirer d’essentiel sur cette matiere importante. […] Ses discours sont un enchantement, sa figure est une illusion la plus séduisante, & malgré vos résolutions, elle vous attirera avec autant de facilité qu’un agneau que l’on veut immoler ; c’est un insensé qui se laisse enchaîner sans la moindre resistance. […] On n’est plus dans un âge qui donne prise à la tentation ; mais on autorise les autres par son exemple, ce sont des infirmes1 dont on accélere la chute ; la crainte de déplaire à Dieu les retenoit encore, un homme de poids qui assiste au Spectacle, suffit pour les rassurer, & dès-lors il attire sur soi les désordres où ceux-ci se laissent entraîner.
Il n’est pas permis de peindre ce qu’il n’est pas permis de laisser voir. […] Saint Charles, dans ses Conciles, ne finit point sur le détail des maux que font ces images licentieuses, sur l’obligation de les bruler, sur le soin que doivent avoir les peres de familles, de n’en pas laisser dans leurs maisons ; & il ne fait que répéter les oracles des anciens Conciles, entr’autres le III de Constantinople in Trullo, qui le défend absolument, & les appelle les corruptrices des ames, des séductrices des yeux, des incendiaires. […] Hérode craignant l’indignation du peuple, crut l’appaiser en ôtant du temple ces sacrileges ornements ; mais il laissa sur la porte du Temple les aigles Romaines qu’il y avoit arborées, pour marquer sa soumission à l’Empire.
Mais ces Infâmes abusant de l’autorité publique, se laissèrent emporter à toutes sortes de dissolutions et débauches, ce qui fit que plusieurs graves Sénateurs, ne pouvant supporter leurs insolences, les firent bannir avec les Astrologues, devins, et magiciens ; Voyez sur ce sujet les Centuries de Galterius, la chronologie d’ Onuphriuset de Génébrard sur l’état de l’Empire Romain. […] Il a laissé une Epitre au rapport de Tristhemiuspar laquelle il blâme grandement les vices des Romains et des Bouffons. […] Ce qui m’étonne d’avantage, c’est de voir que celui, qui devrait avoir une domination de raison, sur les impétueux mouvements de son esprit, le laisse emporter à des licences qui sont non seulement indignes d’un Chrétien, mais même d’un Athée, que celui (dis-je) qui doit donner un calme et une tranquillité à la partie imaginative de son âme, et régler ses écrits à la dignité de sa vocation, s’altère l’esprit contre une chose que tout le monde approuve ; Je suis fâché qu’un Religieux qui doit être le miroir de soi-même pour servir d’exemple à la piété, ne résigne plutôt les affections de son cœur à des actions saintes, qu’à se jeter sur les invectives.
Est-il possible qu’elle n’y laisse pas une grande disposition à se livrer à cette passion qu’on a bien voulu ressentir ? […] A-t-on besoin même de disputer sur les différences morales des sexes, pour sentir combien il est difficile que celle qui se met à prix en représentation, ne s’y mette bientôt en personne, et ne se laisse jamais tenter de satisfaire des désirs qu’elle prend tant de soin d’exciter ?
Il est vrai que vous n’êtes pas venus à bout de votre dessein, le monde vous a laissés rire et pleurer tous seuls ; mais le monde est d’une étrange humeur, il ne vous rend point justice : pour moi qui fais profession de vous la rendre, je vous puis assurer au moins que le mélancolique m’a fait rire, et que le plaisant m’a fait pitié. — Ce n’est pas que vous demeuriez toujours dans les bornes de votre partage, il prend quelquefois envie au plaisant de se fâcher, et au mélancolique de s’égayer, car sans compter la manière ingénieuse dont il nous peint ces Romains qu’on voyait « à la tête d’une armée et à la queue d’une charrue », il me dit assez galamment, « que si je veux me servir de l’autorité de Saint Grégoire en faveur de la Tragédie, il faut me résoudre à être toute ma vie le Poète de la passion ». […] Mais il s’ennuierait peut-être, si je le laissais plus longtemps sans l’entretenir, il faut revenir à lui, et faire tout ce que je pourrai pour le divertir.
Ecoutons ce fameux Philosophe, « La Tragédie ne laisse pas de conserver toute sa force sans représentation & sans Acteurs62… Peu importe à une Pièce que l’Acteur manque de bien jouer son role63… de plus, la Tragédie fait son éffet seule & sans tous ces mouvemens64. » On conçoit qu’Aristote veut dire, qu’une Pièce doit se soutenir par les choses qu’elle contient, par la manière dont son stile expose & développe les sentimens, les passions des Personnages : ce qu’il adresse à la Tragédie se rapporte également à toutes les espèces de Drames quelconque.
Il est aisé de sentir qu’un Compositeur laisse échapper bien des choses que le Poète-Musicien aurait saisi avec plus d’adresse.
Si donc il se trouve dans le fait, quel que soit cet exercice en soi-même, que parmi nous il est revêtu de circonstances nuisibles, il faudra demeurer d’accord selon la règle de Saint Thomas, que ceux qui y assistent, quoiqu’ils se vantent de n’en être point émus, et que peut-être ils ne le soient point sensiblement, ne laissent pas de participer au mal qui s’y fait, puisque bien certainement ils y contribuent.