Les accidens de la Comédie en sont l’appareil & les accompagnemens, c’est à-dire, les Intermèdes, les Farces, les Danses, la Musique, l’air & le jeu des Acteurs, le concours & la disposition des Spectateurs. […] Pour ne prendre qu’un honnête délassement à une Scène dont le jeu réunit tant d’objets si capables de faire des impressions contraires à l’honnêteté, quelle violence ne faut-il pas faire à ses sens & à son imagination ! […] Tertullien va plus loin : quelque gracieux, dit-il, quelque simples, quelque honnêtes que paroissent ces accords, ces jeux de Théâtre, les impressions agréables qui en dérivent ne sont que les goutes d’un miel qui coule d’une liqueur empoisonnée*.
Le Théâtre, chez eux, était un lieu vaste, accompagné de longs portiques, de galeries couvertes, & de belles allées plantées d’arbres, où le Peuple se promenait, en attendant les Jeux. […] Le nom de Cavea, qu’on lui donnait autrefois, & qui fut le premier nom des Théâtres, n’exprimait que le dedans, ou ce creux formé par les Gradins, en cône tronqué, dont la surface la plus pétite, celle qui était au-dessous du premier rang des Gradins & du Podion, s’appelait l’Arène, parce qu’avant de commencer les Jeux de l’Amphithéâtre, on y répandait du sable (Arena). […] Si le criminel vainquait la bête, il était renvoyé absous : c’était encore sur le Théâtre que se fesaient quelquefois les Naumachies (Combats sur l’eau), & autres Jeux.
Les prêtres païens, plus favorables que contraires à des spectacles qui faisaient partie de jeux consacrés à la religion, n’avaient aucun intérêt à les décrier, et ne les décriaient pas en effet. […] « On a écrit que ces flétrissures étaient moins imposées à de vrais comédiens, qu’à des histrions et farceurs qui souillaient leurs jeux d’obscénités et d’indécences : mais cette distinction est insoutenable ; car les mots de comédien et d’histrion étaient parfaitement synonymes, et n’avaient d’autre différence, sinon que l’un était grec et l’autre étrusque. […] « C’est au milieu de cet imposant appareil, si propre à élever et remuer l’âme, que les acteurs, animés du même zèle, partageaient, selon leurs talents, les honneurs rendus aux vainqueurs des jeux, souvent aux premiers hommes de la nation.
Un Chrétien ne doit avoir aucun commerce avec les folies du Cirque, avec l'impudicité du Théâtre, avec les cruautés de l'Amphithéâtre, avec la barbarie des Gladiateurs, avec l'infamie des Jeux de Flore ; C'est renoncer à Dieu que de s'amuser à ces vanités ; c'est se rendre prévaricateur de la Foi chrétienne que de rechercher après le Baptême les choses auxquelles on a renoncé en le recevant ; c'est à dire le Diable; ses Pompes, et ses œuvres.
N’y a-t-il pas été lui-même aussi injustement que grossierement insulté dans l’Écossoise, & ailleurs, sous le nom de Vasp, qui en Anglois signifie frêlon, guêpe, par une allusion & un jeu de mots que le siecle passé, quoique moins poli, n’eût pas trouvé ingénieux, & dont pourtant le bel esprit du siecle (Voltaire) a cru devoir enrichir le recueil de ses œuvres. […] Là le Grec, né moqueur, par mille jeux plaisans Distilla le venin de ses traits médisans : Aux accès insolens d’une bouffonne joie La sagesse, l’esprit, l’honneur furent en proie. […] La gravité & le ridicule, les affaires importantes & les jeux d’enfans, la magistrature & la comédie, la pourpre & un jeu de cartes, la morgue & les petitesses, les hauteurs & les bassesses, le bel esprit & les platitudes, &c. sont des pieces de tous les jours. […] Mais il est surprenant qu’on ne sente pas que le bien public demande qu’on arrête cette funeste source de désordres, & qu’on souffre des jeux qui l’ouvrent à tout le monde, font boire de ses eaux, & en donnent le goût.
Ainsi rappelait ses Citoyens par des Fêtes modestes, & des Jeux sans éclat, cette Sparte, que je n’aurai jamais assez citée pour l’exemple que nous devrions en tirer… C’est à Sparte que dans une laborieuse oisiveté, tout était plaisir & Spectacle… C’est-là que les Citoyens, continuellement assemblés consacraient leur vie entière à des amusemens qui fesaient la gloire de l’État.
[FRONTISPICE] TRAITÉ DES JEUX COMIQUES ET TRAGIQUES.
Le saint Homme Tobie ne vouloit point entendre parler de jeux ni de danses : Tob. 3. […] Thiers, Curé de Champrond, dans son Traité des jeux & des divertissemens, au chap. 25. parle des bals & des comédies. […] ne réveillent-ils pas dans leurs cœurs celles dont ils ont été ou sont les malheureux esclaves, pour donner de l’ame à leur jeu ? […] Car enfin seroit-il innocent d’autoriser par sa présence des jeux tellement abhorrés ? […] En introduisant à Jerusalem les jeux, les fêtes, les spectacles de la Grece.
Donc ce casuiste ne peut, sans une grande imprudence et une horrible témérité, vous dire que vous ne ferez pas mal d’aller à ce jeu, au bal ou à la danse, s’il ne connaît parfaitement toutes les circonstances du lieu, du temps, de la manière et des personnes qui s’y rencontrent, et principalement s’il ne connaît certainement la posture et la disposition de votre cœur, qui est connu de Dieu seul : Inscrutabile cor hominis, et quis cognoscet illud ? Ce casuiste vous peut-il assurer que vous n’aurez aucune affection à l’avarice dans le jeu, point de vanité ni d’envie en ces compagnies mondaines, point de vaine complaisance en vous ou en votre fille au bal ?
Si les comédies ont fait une leçon, les farces font un jeu des impuretés ; les rapts et les adultères y passent pour des galanteries, on les représente avec quelques rencontres lascives qui gagnent l’attention, et qui font passer l’effronterie pour une subtilité : l’esprit se fait insensiblement des habitudes du mal, par ces pernicieux exemples, et la grande compagnie qui les regarde avec plaisir, fortifie les âmes encore timides, contre les sentiments de la honte. […] Aussi je me figure que les Démons apaisèrent la peste qu’ils causaient à Rome, lorsque selon leurs Oracles, on institua les jeux Circenses, d’autant qu’ils faisaient plus de mal aux hommes, par les lascivetés des théâtres, que par les contagions de l’air.
Citation relative aux jeux de Théatre, 354. […] Définition du jeu d’un Acteur, 87. […] Effets du jeu des Actrices sur le Théatre, 28. […] Sa critique de la fureur des Grands de Rome pour les jeux de Théatre, 491. […] Articles de ses Statuts touchant les Jeux de Théatres, ibid.
Qui doute qu’il ne soit nécessaire de détendre quelquefois son esprit ; qu’il n’y ait des plaisirs, des jeux innocens ?
Réglez, dit le Sage, tout votre corps de telle sorte, que nous n'employons point pour faire le mal, les mêmes membres ont nous nous servons pour faire le bien : Comme s'il disait, je vous prie que ces pieds dont vous vous servez pour aller au Temple de Dieu, ne soient point employés pour aller aux Jeux du Théâtre, et aux Spectacles infâmes.
Il chercha à en imposer à la Religion, en fit taire les sages Loix, en l’intéressant, pour ainsi dire, dans les jeux qu’il préparoit au Peuple ; car en France, comme dans la Grèce, ce ne fut que lui que le Théâtre envisagea d’abord ; son ignorance, ses goûts grossiers & bisarres, sa piété même, toujours mal-entendue, & toujours mêlée de superstitions, furent les premiers moyens dont l’esprit humain se servit pour exécuter ses projets. […] Le Poéte & le Comédien s’animerent d’une ardeur mutuelle ; l’un substitua la régularité du plan, une diction noble, l’éclat des pensées, aux licences extravagantes, aux sujets peu convenables, à un badinage grossier ; l’autre, au lieu de la bouffonnerie trivialle, des contorsions, des grimaces, donna à son jeu une action honnête, une déclamation aisée, des gestes expressifs.
mais si rude, et avec si peu d’élégance, que les Athéniens ne voulurent permettre, qu’elles fussent aucunement portées aux jeux de prix par les Poètes, qui vinrent après, si elles n’étaient corrigées par autres. […] et tous joueurs de Comédies, farceries, et autres jeux sur échafauds : et à cette occasion y avait une ordonnance, par laquelle il était défendu, qu’un bateleur, farceur, et autres que nous appelons communément en France, Enfants sans souci, ne s’assissent en pas un des quatorze premiers rangs ou sièges au Théâtre. […] Pour autant que les anciens Romains estimaient, que le métier de jouer ces jeux, et toute la scène était chose infame, ont voulu, que telle manière de gens non seulement fût privée de l’honneur des autres citoyens, et du droit de bourgeoisie : mais aussi que par la note et répréhension du Censeur elle fût ôtée de la tribu, ou du nombre de ceux, qui étaient enrôlés chacun en son cartier ou canton. […] mais aussi qu’on les apprenne par cœur : et si quelquefois au temps de paix nous voulons permettre des jeux publiques, ou quelques fêtes de récréation, pour exhiber au peuple quelque passe-temps (ce qui se doit faire, à mon avis, peu souvent, ou bien après quelque grande victoire) il en faudra choisir de ceux-ci pour les réciter. […] le surmonta par cinq fois au jeu de prix.
Tertullien composa cet ouvrage à l’occasion des jeux séculaires, que l’Empereur Sévère fit célébrer la douzième année de son empire, et la 205.
Si l’Histoire nous apprend qu’une seule femme (Phrénice) pût assister dans les Jeux Olimpiques, aux combats de la Lutte, ce fut par un privilége spécial, & pour la récompenser d’y avoir conduit elle-même son fils Euclée. […] Les Grecs excluoient les femmes des exercices qui les obligeoient d’être nuds ; mais les Romains auroient-ils souffert qu’une Actrice parût dans cet état, à des Jeux qui ne l’exigeoient pas ? […] Mais d’un autre côté, connoissant la fureur du Peuple pour les Jeux, ils ne crurent pas moins de leur devoir d’empêcher qu’elle ne dégénérât en une frénésie, qui eût été une nouvelle source de désordres.
On ne peut compter ni sur les femmes, ni sur les filles : il faut s’attendre à leurs chûtes, s’en faire un jeu, & n’avoir pas l’inutile foiblesse de s’en embarrasser. […] Non seulement les villes principales ont leur théâtre, mais toutes les cours, même dans leurs maisons de plaisance, entretiennent à grands frais des troupes de comédiens : elles les pensionnent ; elles honorent leurs jeux de leur présence ; elles daignent même quelquefois s’y mêler. […] L’ivresse du peuple, pour ces jeux, rendit tous leurs efforts inutiles.
Le Roi de Suede, dur à lui-même, se refusoit tous les plaisirs : il ne connoissoit ni la bonne chere, ni le jeu, ni les femmes. […] La fameuse Christine, qui avoit régné avant lui en Suede, & abdiqué le trône, par un coup de théatre que ne la place pas au Temple de la Gloire, Christine avoit été livrée à ses jeux dangereux & frivoles : elle en contracta tous les vices & tous les défauts. […] Quand à Bender, réfugié chez le Turc, & presque son prisonnier, il soutint un siége dans sa maison avec quelques domestiques contre une armée ; quand pour ne pas rendre visite au Grand Visir, il fit le malade, & demeura dix mois dans un lit, sans vouloir se lever ; quand allant à Varsovie, il déclare à la République de Pologne, qu’il prend la qualité de Protecteur du Royaume, comme Cromvel voulut l’être en Angleterre ; quand on voit trente mille hommes attaquer serieusement la maison où il est logé, pour en faire le siége, & le Roi, au milieu de toutes ces attaques, jouer tranquillement aux échets, & selon sa coutume & ses idées guerrieres, qui le faisoient s’exposer à tout comme le moindre soldat, faire marcher le roi du jeu comme un pion, à droite & à gauche, sans précaution ; ce qui le faisoit échouer à tout moment, & perdre la partie : on pense comme cet officier qui se trouva auprès de lui au moment de sa mort, & qui dit, la comédie est finie, allons souper, comme Auguste mourant à ses amis, j’ai bien joué mon rôle, la piece est finie, battez des mains .
Il expose que tous nos jeux scéniques ne peuvent qu’amollir le courage […] Ce qu’il y a de plus pur se corrompt par leur jeu, & devient nuisible. […] Néanmoins il y a des gens qui prétendent que le jeu de la scene en devient plus insipide. […] Nous avons avec raison, rejetté ces jeux sanglans de l’amphithéatre, qui étoient si contraires à l’humanité : mais nos jeux scéniques sont-ils beaucoup moins dangereux que ne l’étoient ceux du temps d’Ovide ? […] Tout, jusqu’aux jeux scéniques, dans les beaux jours d’Athenes, se rapportoit à l’utilité publique.
Avant la naissance de Rome, Les Aborigénes aporterent en Italie les jeux Troyens.
Qui craint le danger De s’engager Est sans courage : Tout rit aux Amans, Les Jeux charmans Sont leur partage.
Qu’apprend un Bacchus, une Vénus, un Vulcain, un Satyre, les folies des Bacchantes, les groupes d’enfans avec leur jeux puériles ? […] Incapable de s’appliquer à rien, de rien approfondir, voltigeant d’image en image, de folie en folie ; on ne cherche qu’à s’amuser, comme si la vie n’étoit qu’une comédie ; l’étude des sciences, la pratique de la vertu n’étoit qu’un jeu. […] Il en est de cette société muette avec des images, comme de la société, avec les brillants, les gens frivoles du monde, qui ne connoissent que les modes, les jeux, les spectacles, les Breloques ? […] L’Eglise explique les mystères de la Réligon à la faveur de ces pieuses images, à la portée des simples ; la séduction dévoile les mystères de l’impureté, aux yeux de l’innocence qui les ignore, & en rappelle l’idée à l’imagination lubrique qui s’en repaît ; c’est l’école du vice & l’école de la vertu : le zèle excite à la vertu par la vue des couronnes célestes que les Saints ont obtenus, il éloigne du péché par le tableau de la mort, du jugement, de l’enfer préparés aux pécheurs ; & le démon par les jeux, les ris, les graces, les délices, le bonheur des amans, dans les bras de la volupté, réveille les goûts, anime l’espérance, écarte les remords, enivre de plaisirs ; c’est le Prêtre de Paphos, & le Ministre de l’Eglise.
Quoi, s'il nous arrive quelque bon succès ; si nous remportons des victoires sur nos ennemis ; enfin si Jésus-Christ nous comble de ses faveurs, nous lui offrons des Jeux publics, et ce sont nos actions de grâces. […] Nous faisons toutefois ce que je viens de dire, nous nous disons Chrétiens, et par nos impuretés nous excitons contre nous un Dieu miséricordieux ; nous l'irritons alors qu'il s'apaise, et nous l'outrageons alors qu'il nous caresse : Nous offrons donc à Dieu des Jeux infâmes pour les bienfaits qui viennent de lui, nous lui faisons des sacrifices exécrables, comme s'il avait pris notre chair pour nous donner de si mauvaises instructions, où qu'il nous les eût fait entendre par la bouche de ses Apôtres. […] L'Ecriture nous apprend que Dieu souffrant pour nous, a fait les chemins que nous devons suivre; peut-être que ces chemins nous conduisent aux Jeux publics et aux Spectacles qu'il défend ? […] S'il arrive qu'en un jour de Fête on fasse des Jeux publics, les Eglises seront elles plus remplies, que les Lieux destinés aux Spectacles ?
Louis XIV introduisit cette mode, ou plutôt le Cardinal Mazarin, qui voulait, en l’amusant par les jeux et les plaisirs, le tenir en tutelle, et demeurer toujours maître, lui inspira ce goût. […] Lui-même il n’y parut que rarement et par nécessité ; les jeux lui paraissaient indignes de la philosophie dont il faisait profession. […] Vocem, Damalippe, locasti lipario clamosum ageres, ut Pharma Catulli. » Pour vous, Lentulus, vous avez fort bien rempli le rôle d’un valet qu’on a pendu sur la scène, et vous méritiez bien, selon moi, d’être pendu en effet « Laureolum etiam velox bene Lentulus egit judicium dignus vera cruce. » Ils ne font pas plus de cas de leur vie que de leur honneur ; ils se louent au Préteur qui donne les jeux, pour se battre dans le cirque, sans y être forcés par Néron : « Quanti sua funera vendunt quid refert, nullo cogente Nerone. » Mais n’est-il pas plus honteux d’être Comédien que Gladiateur, s’il fallait choisir entre le cirque et le théâtre ? […] [NDE] Couronne donnée aux vainqueurs de jeux en Grèce antique.
Tandis qu’on ne sait où trouver de quoi payer les dettes & les charges de l’Etat, on en trouve pour les histrions, & la direction de ces jeux est une des grandes Charges de la Couronne. […] Les cafés, le théatre, le jeu, le vauxhal, sont-ce-là les lieux propres à délibérer sur les affaires, & à s’armer de zele, de cette vigilance, de cette fermeté si digne de l’homme public, sans lesquelles on n’arrêtera jamais la contagion ? […] On y trouvera toutes les commodités imaginables en tous genres : tous les jeux, sans distinction, y sont permis, même ceux de hasard, par-tout défendus ; il y aura sale de comédie, sale de bal où chacun pourra danser, sale de repas où l’on pourra donner des déjeûnés, une bonne cuisine fournira tout ce qu’on voudra ; des petits cabinets très-propres pour des jolies actrices, à un prix raisonnable. […] Au milieu de ces scènes lugubres, un coup de sifflet change la décoration, & fait naître les graces, les ris & les jeux, à la place des ci-devant soi-disans. […] Le palatin de Gnesne proposa par son ordre à l’illustre Délégation, que, pour perpétuer un si belle institution, si utile à l’Education nationale, il falloit porter une constitution qui, à chaque élection de Roi, seroit inséree dans les Pacta conventa, pour obliger tous les entrepreneurs de comédie, opera, farce, bal, ballet, redoute, & généralement de tous les spectacles, de louer de l’illustre maison des Sultowki tous les bâtimens nécessaires à leurs jeux, & le prince offrit de bâtir sur son terrein un hôtel exprès pour eux, & très-commode pour le public, dans un quartier appellée le Nouveau Monde : ce qui feroit un nouveau monde en effet.
des Comédiens établis pour donner aux hommes une récréation honnête, n’a rien, selon moi, qui mérite d’être défendu ; et je ne les crois pas en état de péché, pourvu qu’ils n’usent de cette sorte de jeu qu’avec modération : c’est-à-dire, qu’ils ne disent et ne fassent rien d’illicite, qu’ils ne mêlent point, comme on dit, le sacré au profane, et qu’ils ne jouent point en un temps défendu. » Réponse. […] M. l’Avocat Général témoigna en pleine Audiance, qu’il était arrivé au sujet de ces jeux une infinité de scandales et de désordres ;Sous François I. […] Requit que les Entrepreneurs fussent tenus de leur gain procédant desdits jeux, donner mille livres aux pauvres ; sauf après avoir vu l’état de leurs frais et de leur gain, être ordonné plus grande somme. […] Le jeu lui plaît, la galanterie lui devient agréable, elle aime à être cajolée, et enfin elle n’a plus de goût que pour les parures, le faste, le luxe et l’enjouement. […] Elle va du lit à la table, de la table au jeu, aux visites, et à l’Opéra ; et l’on appelle cela vivre à la grandeur.
« La multitude, toujours avide du merveilleux, dit-il, séduite par le jeu des Actrices, frappée d’une nouvelle espèce de tragicomédie, fit grâce à ce mélange monstrueux de religion et d’impiété, de morale et de bouffonnerie » (Histoire du Théâtre, tome 9. […] Mais c’est par jeu. Mais peut-on se faire un jeu d’insulter la Divinité ? […] De là on passe aux objets des passions, on tient aux femmes le même langage, on a pour son plaisir, son trésor, les mêmes sentiments, et ce n’est plus un jeu, ce sont les vraies Divinités du cœur. […] Son style caustique a beau jeu.
D’abord il se renferme dans un jeu d’escrime, et assure que par politesse « il baise le fleuret dont il prétend lui porter une botte franche ». […] Mais ce n’était là qu’un jeu auprès des coups que lui allait porter la main la plus respectable, de qui il devait le moins les attendre : « La qualité de Poète que le grand Armand prétendait réunir à tant d’autres, le rendit jaloux du Cid. […] Ce mélange de persécution et de faveur fit faire à Corneille, après la mort du Cardinal, ces vers singuliers, que tout le monde fait, et qui à travers un jeu de mots qui semble puéril, contiennent exactement la vérité : « Qu’on dise bien ou mal de ce grand Cardinal, Ma Muse toutefois n’en dira jamais rien : Il m’a fait trop de bien pour en dire du mal, Il m’a trop fait trop de mal pour en dire du bien. » Convenons donc avec tout le monde que la véritable raison de tous ces mouvements fut une basse jalousie de l’Eminence : « Il vit avec déplaisir que les pièces où il avait part, ou dont il avait donné les sujets et le canevas, étaient entièrement effacées par le Cid ; par cette raison il fut bien aise qu’on le critiquât, et il fut ravi qu’il y eût d’autres pièces (de Scudéry) à lui opposer. » L’instance fut donc portée et régulièrement poursuivie au Tribunal d’Apollon. […] Tel est l’esprit des courtisans, des mondains, surtout des amateurs du théâtre : religion, mœurs, affaires, plaisirs, tout est un jeu pour eux. Leur vie est une comédie perpétuelle, ils passent tous les jours, sans en apercevoir le contraste, de l’Eglise au bal, du sermon à la comédie, d’un service pour les morts à l’opéra, d’une messe pour les calamités publiques aux farces de la foire ; hommes d’état et petits-maîtres, les affaires et le jeu, le tribunal et la toilette, le bâton de commandement et une Actrice, partout jouant leur rôle, licencieux et dévots, riant et pleurant, invoquant Dieu et l’amour, Vénus et les Saints.
Il n’est pas question de mouvement, comme au Balet, de dexterité comme au Bal, ny de Jeu comme au Carosel.
Il n’est pas douteux que nos Prélats, qui sont Papes dans leur Diocèses, n’imitent parfaitement leur chef, & que par leur éloignement du monde des femmes, du jeu, de la bonne chere, de la chasse, des spectacles, &c. […] Sans entrer dans la raison des ces deux partis contraires, je voudrois les juger sur les progrès que la nation a fait dans la vertu depuis 25 ans que Voltaire, leur oracle, s’est avisé d’indiquer la nouvelle école dans les vieux jeux de paume, devenus, des salles de spectacle. […] Jeu puérile qui ne fait que deshonorer le Magistrat dont les sentimens sont assez bas pour se mésallier à cet excès. […] Il fit rentrer l’actrice dans son état, rappella son épouse, & ne négligea rien pour persuader à tout l’Empire, que ce qu’il avoit fait, n’étoit qu’un jeu. […] Le mercure d’Août 1770, p. 173 rapporte que Madame la Dauphine a signalé son entrée en France en donnant une médaille d’or à Gardin, acteur de la comédie Italienne, dont le mérite est un jeu naturel & vrai.
Si la Tragédie représente des parricides, il faut convenir avec Lactance2 que la Comédie n’est qu’un tissu de galanteries scandaleuses ; on y voit des intrigues ingenieuses & séduisantes, un jeu de passions qui gagnent le cœur des Spectateurs, en charmant leur esprit par la pompe & les graces de leur langage. […] Les passions se produisoient sur la Scène destituées de vraisemblance, on n’offroit aux Spectateurs que des intrigues froides, sous des masques ridicules, dont le jeu étoit plus injurieux à la raison, que contagieux pour la chasteté.
Elle a défendu de regarder ce qu'il n'est pas permis de faire, elle a, dis-je, condamné toutes sortes de Spectacles, en condamnant l'Idolâtrie qui est la mère de tous les Jeux, d'où tous ces monstres de vanité et de légèreté sont sortis. […] L'Idolâtrie, comme j'ai déjà dit, est la mère de tous les Jeux; et pour attirer à soi les fidèles Chrétiens, elle les flatte, et les charme, par les voluptés des yeux, et des oreilles.
Le jeu de marionnettes fini, on servit dix tables de huit couverts chacune, où on se plaça sans distinction ; après soupé on passa dans les petits appartemens où il y eut bal, la cour dansa jusqu’à quatre heures du matin. […] Ces jeux étoient inconnus en Suede : on ne peut à leur frivolité méconnoître le théatre de Paris, & le goût de la nation qui l’a répandu. […] Dépenses considérables, dissipation continelle de la jeunesse, qui devient toute comédienne, ne s’occupe que de ses jeux, néglige le travail & l’étude, s’en dégoûte pour le reste de sa vie, & ne goûte plus que ce qui la perd. […] Tout ce qui est relatif à cette portion déshonorée de l’humanité, qui part d’elle ou en rapproche, porte avec elle le poison de l’impurêté de sa source, & de pareilles assemblées ne peuvent que le mieux répandre, ainsi que celle du jeu de hasard, de loterie ou de café. […] Il coûte peu d’abandonner les restes d’un autre : mais cette invention donne plus de jeu à l’obscénité, & y répand un sel plus piquant ; le vice embellit ce qui le flatte.
Ie desire donc que la Machine qui sert de baze au Jeu de l’Artifice, ait raport au sujet de la joye ; qu’une naissance y soit exprimée autrement qu’une Victoire : & qu’on s’efforce de peindre le plus expressément que l’on peut la nature des choses dont il s’agit.
Car si la dissipation des biens du monde et de l'or terrestre, par le jeu et par le luxe n'est pas un petit péché, que doit-on juger de la dissipation des biens de la grâce, et de cet or enflammé dont parle l'Écriture, que nous devrions acheter par la perte de tous les biens et de tous les plaisirs de la vie ?
Car si la dissipation des biens du monde et de l'or terrestre, par le jeu et par le luxe, n'est pas un petit péché; que doit-on juger de la dissipation des biens de la grâce, et de cet or enflammé dont parle l'Ecriture, que nous devrions acheter par la perte de tous les biens et de tous les plaisirs de la vie ?
LE titre contient tout ce qui est du Chapitre lequel défend : d’assister aux banquets, festins, jeux, danses, et bals, ou spectacles déshonnêtes ; Et que ni par ceux de leur famille soit permis de donner ou contribuer quelque chose pour tels vanités.
Qu’elles sachent que la diminution ou la perte de leur amour pour Dieu leur sera imputée à crime ; et en effet, si c’est un péché que de prodiguer au jeu ou dans les frivolités du luxe les biens de la terre et les richesses mondaines, combien plus coupables sont ceux qui dissipent les richesses de la grâce, et ce précieux trésor dont parle l’Ecriture, trésor si précieux en effet, que nous devons l’acheter aux prix de tous les autres biens et de tous les plaisirs de cette vie imparfaite et passagère ! […] Quant à la boisson, au jeu et au spectacle, outre qu’ils ont une influence pernicieuse et corrompent la jeunesse, il faudrait encore les éviter, n’eussent-ils d’autre défaut que de faire perdre beaucoup de temps, d’habituer les hommes à l’oisiveté et aux pensées frivoles, et d’allumer les passions, non seulement dans le moment même où l’on se livre à ces plaisirs funestes, mais longtemps encore après qu’on les a goûtés. […] Si nous n’avions pas au dedans de nous des dispositions naturelles de tendresse et de pitié, l’aspect du malheur ne saurait nous émouvoir ; de même, si nous n’avions pas intérieurement des semences actives des passions qui sont mises en jeu sur la scène, si nous n’avions pas les principes d’une corruption intérieure qui se trouve flattée par la représentation des égarements coupables du cœur humain, les plaisirs de la scène nous seraient aussi insignifiants que le serait un tableau pour un aveugle. […] L’élégance de la scène, la pompe de décorations, le charme de la musique, le jeu des acteurs, la gaieté et la splendeur du spectacle, s’emparent des sens et de l’imagination au point d’enivrer l’esprit, d’éloigner de lui toute réflexion sage, et de l’agiter tellement qu’il ne puisse plus retirer aucun avantage des instructions morales et religieuses.
Ils nous représentent les Jeux du Cirque d'une manière mystérieuse : au lieu d'y voir la course des Chariots, représentez-vous le cours du siècle, et du temps qui passe ; considérez l'espace de votre vie ; et au lieu du terme et du bout de la carrière, regardez la fin du monde ; au lieu des partis du Cirque, défendez le parti de l'Eglise ; attendez avec vigilance le signal que Dieu vous donnera pour vous présenter devant son Tribunal: Tenez-vous prêts au son de la Trompette, et à la voix de l'Ange qui vous avertira: Considérez la victoire, et la couronne des Martyrs, comme l'objet de votre gloire. […] S'ils disent que les Spectacles leur servent seulement de jeu et de divertissement pour relâcher leur esprit; Nous leur répondrons, qu'il ne faut jamais acheter un divertissement par une vaine et inutile occupation : car un homme sage ne préférera jamais ce qui est agréable, à ce qui est plus honnête et plus avantageux. […] C'est donc avec raison que nous qui faisons profession des bonnes mœurs, et de la pudeur, nous nous abstenons de vos voluptés, de vos pompes, et de vos Spectacles, comme de choses mauvaises, et consacrées à de fausses divinités, dont nous savons la naissance et l'origine, et nous les condamnons comme des corrupteurs agréables : Car qui n'a horreur dans la course des Chariots, de voir la folie de tout un Peuple qui se querelle: Qui ne s'étonne de voir dans les Jeux des Gladiateurs, l'art de tuer les hommes : La fureur n'est pas moindre au Théâtre ; mais l'infamie y est plus grande : car un Acteur y représente les adultères, où il les récite : Et un Comédien lascif émeut les passions des autres, en feignant d'en avoir lui-même.
Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. 76 Chap.
Voila la véritable explication de ce phénomène, & pour le dire en passant, de beaucoup d’autres qui ne semblent point y avoir de rapport ; comme par exemple l’attrait des Jeux de hazard, qui n’est un attrait, que parce que ces sortes de Jeux tiennent l’âme dans une émotion continuelle, sans contension d’esprit ; en un mot, voila pourquoi la plupart des hommes sont assujétis aux goûts & aux inclinations qui sont pour eux de fréquentes occasions d’être occupés par des sensations vives & touchantes.
Angélique ouvre les yeux, et s’apperçoit qu’il ne voulait l’épouser qu’afin de se ménager dans ses richesses une ressource pour le jeu, elle l’abandonne et se marie avec un autre. […] Pour peu que l’on réfléchisse sur la Pièce du Chevalier joueur, on trouvera que la punition tombe également sur la passion du jeu et sur la passion d’amour.
Je conviens avec toi que des hommes pécheurs Devraient avoir toujours les yeux baignés de pleurs Je sais que l’Evangile en ses leçons divines N’offre pour le salut qu’un chemin plein d’épines Et que loin d’approuver les jeux et les plaisirs Il nous en interdit jusqu’aux moindres désirs, Ainsi la Comédie, étalant sur la Scène Les appas séducteurs d’une pompe mondaine, Sans doute est peu conforme à ces vœux solennels Qu’en naissant un Chrétien fait au pieds des Autels.
On ne vous voit point aux jeux publics ni aux pompes : Vous ne vous trouvez, ni aux festins solennels, ni aux combats sacrés ; vous avez en horreur les viandes où les prêtres ont touché, et le vin qu’on a emporté des Autels.
Voilà les oracles de l’écriture, elle fait son portrait en faisant celui des méchans : Il se fait un divertissement de tout, des choses les plus mauvaises comme des meilleures, de la morale de l’Evangile, & de celle du paganisme ; il craint si peu le vice, il respecte si peu la vertu que tout est également un jeu pour lui. […] Le Mathan d’Athalie, le Héros du Festin de Pierre, les considens, les valets de toutes les intrigues amoureuses ; quel chrétien peut se faire un jeu du plus grand des maux, qui doit faire couler les larmes les plus ameres ? […] Jouer l’offense de Dieu, se montrer son ennemi, évoquer l’enfer, paroître agir comme un damné, & on se dit chrétien, on se donne pour philosophe ; nous devons à Dieu le corps & l’ame, l’intérieur & l’extérieur, la réalité & l’apparence, tout doit servir à sa gloire, tout n’existe que par lui, & pour lui, rien ne doit commettre ni favoriser le péché, le desirer ni s’y complaire, en faire le semblant, même par jeu, y penser, en parler que pour le détester. […] L’esprit l’effet du théatre est également par-tout de faire goûter le vice, & mépriser la vertu, & pour celà, de faire un jeu de l’un & de l’autre, d’affoiblir les idées qu’en donne la Réligion, d’en donner des idées fausses, pour rendre le vice agréable, & le faire aimer, excusable, & le faire pardonner, la vertu austere, & la faire craindre, ridicule, & la faire mépriser, & lui substituer des vertus prétendues, qui ne sont que des vices déguisés. […] C’est insulter les hommes de leur offrir de pareils jeux, & les appeller la tragedie par excellence.
Ces jeux sont communément de très-grandes playes qui entretiennent & agrandissent toutes les autres, & les rendent incurables. […] Les Protestans se piquoient de réforme, & opposoient des mœurs austeres à la dépravation de la Cour : les spectacles, les jeux, leur étoient autant en horreur que les cérémonies de l’Eglise Romaine. […] On a cru voir un air de bon mot & de gentillesse, dans ce jeu de dernier & l’avant dernier, un air de galante le dans la comparaison de sa maîtresse avec Dieu. […] Ils exposeront des vérités, horribles sans doute, ils les embéliront par des épisodes & des personnages imaginaires ; c’est-à-dire qu’ils affoibliront l’horreur du crime, qu’ils nous accoutumeront, nous familiariseront pour ainsi dire, avec des scélerats, nous feront un jeu, un amusement des forfaits & des folies. […] La Cour s’occupoit de jeux, de ballets, de la comédie, qui n’étoit pas encore un art, & de la tragédie dont Corneille fit un art sublime ; ce ne fut qu’un enchaînement de plaisirs, de fêtes, de galanteries, de spectacles, & pour en faire part à tout le monde, il y eut à la comédie un banc distingué, pour l’Académie Françoise, un autre pour les Evêques, Mazarin y ajouta des opéras Italiens qu’il fit exécuter à ses dépens, disoit-il, par des voix venues d’Italie.
Le Roi défendit avec raison les jeux de hasard. Bussi, qui l’en loue ; en fait perdre le mérite, par les raisons frivoles qu’il donne de cette défense, très-juste, parce que les jeunes gens ne savent pas jouer, ni se conduire dans les bonnes ou mauvaises fortunes, & que le jeu ôte le temps de faire sa cour & sa fortune. Les jeux de hasard ne sont donc pas mauvais & défendus par eux-mêmes : ce n’est que parce que ceux qui ne savent pas jouer y sont dupes. […] Il est couronné, l’Amour descend du haut des cieux avec sa future épouse, il l’enleve dans le ciel & les marie, la Renommée jette par-tout des médailles, & une troupe de Graces, de Jeux, de Plaisirs, de Chevaliers, de Sénateurs, de Dames fait des sauts, des cabrioles, &c, jusqu’au lendemain. […] Voilà , fait-on dire au Roi, le Conseil que je veux, un Mentor qu’environnent les jeux, & par un doux chemin au bonheur me conduise.
On y cherche ces expressions tendres, ces intrigues ingénieuses, ce jeu des passions d’autant plus séduisant qu’il paroîtra plus épuré.
Elles la passent toute dans des visites, dans le jeu, dans les bals, dans les promenades, dans les festins, dans les Comédies.
Elles la passent toute dans les visites, dans le jeu, dans le bal, dans les promenades, dans les festins, dans les Comédies.
Vous avez pour la profession de comédien le plus juste mépris : la société elle-même, d’accord sur ce point avec la religion, les exclut de toutes sortes de dignités & d’honneurs, & en cela elle fait de leur art la censure la plus sévère ; & vous ne rougissez point d’assister à leurs jeux profanes ? […] ne sont-elles pas ces passions mêmes mises en jeu & en action ? […] Oui ; si quelque chose est capable de nous avilir aux yeux des Sages, c’est l’importance que nous attachons à cet art frivole & dangereux ; c’est de voir que les comédies & les comédiens soient l’objet continuel de nos conversations comme de nos ouvrages périodiques, & qu’on soit en quelque sorte obligé de se bannir de la société, lorsqu’on n’est pas en état d’y rendre compte du bon ou du mauvais succès d’une pièce nouvelle, du jeu d’un acteur, de la figure ou de la voix d’une actrice. […] Nous le connoissons, mes Frères, ce théâtre des anciens ; on nous a conservé quelques-unes de ces pièces qui se représentoient avec tant d’appareil dans les jeux publics, & auxquelles le peuple Romain couroit avec tant d’avidité. […] La religion vous oblige de respecter dans les Rois l’image du Très-haut ; elle regarde comme un crime énorme tout attentat contre leur personne ou leur autorité : & vous vous plaisez à voir sur le théâtre le jeu criminel d’une révolte ou d’une conjuration ; vous applaudissez au fanatisme de ces fiers républicains implacables ennemis de la royauté ; vous les voyez sans horreur tremper leurs mains dans le sang du chef de la patrie.
C’est un habit de chasse, un portrait, un bal où le mari est masqué, une compagnie de libertins, un mari adultère dont on surprend les lettres & dont le crime n’est qu’un jeu, une comédie jouée dans sa maison, où le mari & la femme ont des rôles. […] 2.° La comédie lève tous les remords & la honte de l’adultere, en ôte jusqu’à l’idée du crime, n’en fait qu’une foiblesse & un jeu. […] c’est à elle seule à faire le procès, si le mari sauvage, ou trop régulier, ou trop économe, ne veut pas fournir au jeu, à la toilette, aux parties de plaisir ; s’il n’approuve la dissipation, l’amour du monde, le bal, le spectacle, la compagnie ; si maître chez lui, il ne veut pas souscrire à l’indépendance & recevoir le joug de la domination ; la seule inconstance, la diversité des goûts, la gêne bourgeoise de l’uion conjugale, l’ennui de l’uniformité, le ton du jour, &c. suffisent pour autoriser le divorce au tribunal de Thalie, & sous peine du ridicule l’arrêt souverain en est porté, & exécuté par provision. […] Elle ne connoît ni jeu, ni amans, ni compagnies frivoles ; elle n’est occupée ni de sa parure ni de sa beauté, elle fait la gloire de son mari, il se félicite de la posséder, tout le monde applaudit à son bonheur. […] Elles sont moins retirées : le jeu, le bal, les spectacles, les repas, le grand monde, les parties de plaisir, remplissent agréablement tout leur temps.
Mais si ces jeux n’étoient pas en faveur des Idoles, comment n’offroient-ils qu’Idolatrie ? […] &c, à des choses utiles, ou au moins indifférentes ; mais que c’est un mal, de les amuser par des jeux illicites & criminels. […] Au reste, ajouta-t-il, je connois des partisans du Théatre, qui ne mettent pas leurs Confesseurs en jeu. […] La Réligion elle-même n’y est traitée, sur tout aujourd’hui, qu’avec indécence ; tout y est sacrifié au jeu des passions, dit encore le Comte de Valmont pag. 97 & 98. […] 1 Tels sont enfin ces jeux, qu’on affecte de rendre criminels, bien loin de songer à les rendre utiles.
Il est des Chevaux qui ont plus de part que ceux qui les montent au succez d’une Course : qui courent si uniment qu’ils dirigent le Cavalier : qui sont si fort en echole, qu’ils en sçavent autant que leurs Maîtres : & qui enfin, connoissent leur carriere, & pour ainsi dire le droit du Jeu.
Je commence par examiner la nature des pièces qu’on représente au théâtre, & je finirai par le jeu des acteurs : la première partie décidera de la seconde ; car la déclamation n’est que l’art de rendre au naturel les transports de l’ame. […] C’est maintenant le lieu de justifier le jeu de nos acteurs.
L’Empereur Justinien ne peut regarder comme des jeux, ce qui est la source de crime. […] « On ne voit fur le Théatre, dirois-je aux Comédiens, que des mœurs pures, des expressions gazées, qu’un jeu modeste.
Ce n’est guére que pour y voir le jeu d’un Acteur nouveau. […] Delà ce qu’il en coûte pour se livrer à de nouvelles études : Delà les brusqueries qui leur échappent, les divisions, les rixes entre eux ; delà enfin, ces inégalités qu’on apperçoit si souvent dans leur jeu.
Dom Quichotte est une satyre de l’univers : tous les états y sont satyrisés, tous les personnages sans nombre qui y paroissent, déchirés ; &, pour y donner plus de jeu, tout y est mis en dialogue. […] Une aventure singuliere, l’une des plus vraisemblables, c’est le jeu des marionnettes qui représente le combat de quelques chevaliers contre des géans qui enlevent une princesse.
Un vieillard déja venerable par son âge, ne peut avec bienseance reprendre les jeux, qui ont servi d’amusement à ses premieres années, ni méme se permettre certaines libertez, qu’on pardonnoit autrefois à sa jeunesse. […] La raison nous parle au defaut de l’Ecriture, nous n’avons qu’à nous consulter nous-mêmes, & à faire un peu de reflexion sur nôtre état, pour nous éloigner de ces jeux, qui le deshonorent.
Il faut varier les Passions qu’on met en jeu. […] En agissant de la sorte, les personnages amoureux du nouveau Spectacle ne seront plus si froids, si glacés ; les Acteurs qui les représenteront pourront rendre leur jeu plus vif, & la Pièce sera plus animée.
Au reste, il range toujours ces malheureux divertissements « parmi les attraits et les pépinières du vice : illecebras et seminaria vitiorum » ; et s’il ne frappe pas ceux qui s’y attachent, des censures de l’église, il les abandonne au zèle et à la censure des prédicateurs, à qui il ordonne de ne rien omettre pour inspirer de l’horreur de ces jeux pernicieux, en ne « cessant de les détester comme les sources des calamités publiquesIbid. p. 40. […] « Qu'ils s’endorment entre ses bras, et qu’ils s’entretiennent avec elle en s’éveillant » comme un Salomon : pour les instructions du théâtre, la touche en est trop légère, et il n’y a rien de moins sérieux, puisque l’homme y fait à la fois un jeu de ses vices et un amusement de la vertu.
Après avoir retracé l’état des comédiens chez les anciens, M. d’Hénin considère successivement leur existence aux trois âges de l’art dramatique ; sous la première et la second race de nos rois, il voit les bateleurs ou histrions qui avaient succédé à ces acteurs du cirque, flétris chez les Romains, mériter, par leurs jeux obscènes et leurs farces grossières, les censures de l’Eglise et les châtiments du bras séculier. […] En effet, comme le fait très bien voir M. le baron d’Hénin, les véritables auteurs de nos jeux scéniques sont ces pèlerins qui revenant de la Palestine, chantaient aux peuples émerveillés les événements anciens ou récents dont cette terre sacrée avait été le théâtre.
Il remplit cette obligation par son zéle, par son jeu, & par la beauté des piéces qu’il donne.
Dans le premier, c’est une représentation où l’intrigue, le jeu de théâtre, les situations sont les parties qui forment l’ensemble d’une pièce, parties nécessaires à la vérité, mais qui n’en sont que l’accessoire, destinées à intéresser le Spectateur, mais qui renversent quelquefois le but principal de la Comédie, savoir, la réformation des mœurs.
Un Peuple qui a mis long-temps son honneur dans la fidélité des femmes, & dans une vengeance cruelle de l’affront d’être trahi en amour, a dû fournir des intrigues périlleuses pour les Amans, & capables d’exercer la fourberie des Valets : ce Peuple d’ailleurs pantomime, a donné lieu à ce jeu muet, qui quelquefois, par une expression vive & plaisante, & souvent par des grimaces qui rapprochent l’homme du singe, soutient seul une intrigue dépourvue d’art, de sens, d’esprit & de goût. […] Indépendamment de l’étude réfléchie des mœurs du grand monde, sans laquelle on ne saurait faire un pas dans la carrière du Haut-comique, ce genre présente un obstacle qui lui est propre, & dont un Auteur est d’abord effrayé : la plupart des ridicules des Grands sont si bien composés, qu’ils sont a peine visibles : leurs vices sur-tout, ont je ne sais quoi d’imposant, qui se refuse à la plaisanterie : mais les situations les mettent en jeu. […] Quelque critique, pour condanner ce genre, a osé dire qu’il était nouveau ; on l’en a cru sur sa parole, tant la légèreté & l’indifférence d’un certain Public, sur les opinions littéraires, donne beau jeu à l’ignorance & à l’effronterie.
, et faisant de nos plus redoutables mystères des jeux d’enfant, des délires d’un furieux, et des extravagances d’un fol ? […] L’horreur que l’on conçoit de ces Spectacles, ferme les yeux à la vanité (ce que le Prophète demandait à Dieu avec instance « Averte oculos meos ne videant vanitatem. » Ps. 118 [Psaume 118 [119], verset 37] :) Elle ôte à la chair ce qui entretient ses flammes impures, et conserve son intégrité : Elle empêche la superbe de glisser son poison dans l’esprit, et de le surprendre en le détournant de ces jeux, où l’on donne l’honneur et la gloire à ceux qui ont porté plus haut ses mouvements déréglés C’est pourquoi depuis l’établissement du Christianisme, et que Jésus-Christ crucifié a été proposé aux hommes comme la voie, la vérité, et la vie, qui conduisent à la béatitude, les partisans de l’idolâtrie ont toujours attaqué ces sentiments catholiques, comme les plus opposés à la superstition : Et les Pères ont été obligés de prendre leur défense, comme un des points principaux de notre créance, et de composer des livres entiers pour les soutenir. […] : Que celui-là renonce aux jeux et aux spectacles du siècle, qui désire obtenir de Dieu une rémission parfaite de ses crimes.
La passion ne saisit que son propre objet, la sensualité est seule excitée ; et, s’il ne fallait que le saint nom de mariage pour mettre à couvert les démonstrations de l’amour conjugal, Isaac et Rebecca n’auraient pas caché leurs jeux innocents et les témoignages naturels de leur pudique tendresset. […] Ils n’ont mis en jeu que des passions folles ou criminelles, et les plus légitimes, ils les ont rendues répréhensibles et dangereuses par la manière dont ils les ont représentées. […] On les voit si tendres et si passionnées qu’on désire être l’objet de cette sensibilité, et réaliser des fictions si séduisantesz. » Les talents de leur profession relèvent tellement les grâces de leur sexe, qu’elles semblent être des divinités qui intéressent d’autant plus qu’on a plus de discernement pour juger le mérite de leur jeu.
La scène est le jeu de l’Oie renouvellé des Grecs. […] A jeu égal, les attraits du vice, plus séduisans que les charmes de la vertu ne sont engageans, en triompheront toujours. […] On a élevé des statues aux habiles danseurs ; ils obtenoient des couronnes aux jeux olimpiques & sur les théatres d’Athenes & de Rome. […] Son langage est obscur, incorrect, ignoble, son style d’une familiarité basse, la plus populaire ; boursouflé & gigantesque quand il veut s’élever, plein de rebus, de jeux de mots, de mauvaises pointes, de bouffonneries de Tabarin jusques dans la bouche des héros de ses tragédies les plus sublimes. […] L’auteur par des jeux de mots se moque des poẽtes comiques : leurs drames sont si froids que les feuilles de leurs livres découpées en flocons, servent de monceaux de neige.
Quintilien dit que les comédiens embellissaient les pièces des plus mauvais poètes avec tant de succès, que celles qu’on n’aurait pas voulu placer dans une bibliothèque étaient jouées avec applaudissementsat. » Il n’est en effet point de drames, quelque parfaits qu’ils puissent être, qui ne soient dépendants du jeu des acteurs.
C'est pourquoi ce même Prophète à qui Dieu avait donné ce goût spirituel pour sa parole témoigne incontinent après qu'il ne pourrait souffrir les assemblées de jeux et de divertissement, et qu'il mettait toute sa gloire et toute sa joie à considérer les merveilles des œuvres de Dieu : « Non sedi cum concilio ludentium, et gloriatus sum a facie manus.
C'est pourquoi ce même Prophète à qui Dieu avait donné ce goût spirituel pour sa parole, témoigne incontinent après qu'il ne pouvait souffrir les assemblées de jeux et de divertissements; et qu'il mettait toute sa gloire et toute sa joie à considérer les merveilles des ouvrages de Dieu : « Non sedi cum concilio ludentium, et gloriatus sum a facie manus tuae.
Saint Charles Borromée fit ordonner, dans un concile provincial, que les prédicateurs reprendraient avec force le déréglement de ces plaisirs publics, que les hommes, séduits par une coutume dépravée, mettaient au nombre des bagatelles où il n’y a point de mal ; qu’ils décrieraient avec exécration les spectacles, les jeux, les bouffonneries du théâtre, et les autres divertissements semblables qui tirent leur origine des mœurs des Gentils, et qui sont contraires à l’esprit du christianisme ; qu’ils se serviraient de tout ce qui a été dit de plus pressant sur ce point par Tertullien, saint Cyprien, saint Chrysostôme et Salvien1 ; qu’ils développeraient avec soin les suites et les effets funestes des spectacles ; et qu’enfin ils n’oublieraient rien pour déraciner ce mal et faire cesser cette corruption. […] Voici ce qu’il en dit dans son Introduction à la vie dévote : « Les jeux, les bals, les festins, les pompes, les comédies en leur substance, ne sont nullement choses mauvaises, ains indifférentes, pouvant être bien et mal exercées ; toujours néantmoins ces choses-là sont dangereuses : et de s’y affectionner, cela est encore plus dangereux. […] Il est donc vrai de dire qu’il ne parle que des seuls jeux de théâtre, qui, comme il le dit, sont en quelque manière utiles ou nécessaires au soulagement des peines de la vie, entre lesquels il met les représentations de chasse… Cet ange de l’école n’a donc garde d’enseigner qu’on puisse assister aux comédies dont nous parlons, ni qu’on puisse rien donner à ceux qui les représentent, puisque tout au contraire il les condamne lui-même avec saint Augustin, peu après les paroles qu’objectent les fauteurs de la comédie. […] Il prétend que c’étaient de simples joueurs, joculatores, des jongleurs, des baladins, qui donnaient des ludicra jocosa, des divertissements et des jeux publics ; ou même des joueurs de flûte, etc.
» D’où il suit deux choses : la première que les spectacles où on voit la force du corps & la souplesse, ne demandent presque point d’art, puisque le jeu en est franc, sérieux, & réel, & qu’au contraire ceux où l’on voit l’action de l’áme, demandent un art infini, puisque tout y est mensonge, & qu’on veut le faire passer pour vérité. […] Tels étaient chez les Anciens le Spectacle des Gladiateurs, les Jeux Olympiques, Circenses & funèbres ; & chez les Modernes, les Combats à outrance, & les Joutes à fer émoulu qui ont cessé. […] La forme de nos Spectacles consiste dans le genre du Drame, le jeu des Acteurs, & dans la Musique & les Danses qui peuvent les accompagner. […] « Le Comédien, dit-il, doit à l’Auteur son jeu, sa finesse, aussi bien que les idées & les expressions ».
Le jeu deviendrait notre idole favorite, & la débauche aurait des charmes pour nous. La Comédie nous fait passer quelques heures dans des plaisirs honnêtes ; elle a l’art de nous faire préférer un amusement agréable & utile, aux désordres inséparables du jeu, & aux malheurs qui suivent le libertinage.
Ciceron plus humain, permet les jeux & les divertissemens, pourvu qu’on en use comme du sommeil, après avoir satisfait aux affaires sérieuses, & il distingue deux genres de jeux : l’un indigne d’un honnête homme, quand la grossiereté des choses est jointe à l’obscénité des paroles (que de Comédies condamnées !)
Il est Pantomime, il fait bien les Lazzis, son jeu est naturel & vrai. […] Au Mariage du Roi de Navarre avec la Reine Marguerite, le jour de la nôce, & les trois jours suivants, se passerent en festins, danses, jeux mascarades & autres passe-tems ; il n’y avoit point encore de corps de comédiens. […] Il n’est pas surprenant que Voltaire en ait fait l’éloge ; pour ne pas en faire à deux fois, elle entreprit, non de composer de son chef, mais d’expliquer les deux Philosophes modernes, les moins faits pour les femmes, Leibnits & Newton, sans rien rétrancher de sa toilette, de ses plaisirs, du jeu, du bal, de la comédie, comme la femme du monde qui lui est la plus livrée. […] Il a voulu faire un jeu de mots On a vu , dit-il, deux prodiges, l’un que Newton ait fait cet ouvrage, l’autre qu’une Dame l’ait traduit, & l’ait éclairci : (ce n’est guére l’éloge de Newton.) […] Dans un discours en vers sur la philosophie de Newton, qu’il explique à la maniere, il débute ainsi : Tu m’appelles à toi vaste & puissant génie, Minerve de la France, immortelle Emilie, Disciple de Newton & de la vérité, Tu pénétres mes sens des feux de ta clarté : Je quitte Melpoméne & les jeux du théâtre, De ces triomphes vains mon cœur n’est plus touché, &c.
Il n’est point de qualité théatrale qu’il ne trouve à sa maîtresse : finesse de jeu, ton plaisant, malin souris, graces, beauté, il est dans l’enchantement ; surpris à l’excès que, dans un âge si tendre, sans autre maître que son esprit & son cœur, sans avoir aucune teinture de la scène, elle ait porté la perfection dramatique à un degré que l’art le plus accompli n’auroit pu lui apprendre . […] Si c’est ainsi que se forment les bonnes meres de familles, ce n’est pas du moins la femme-forte, dont parle le Livre de la Sagesse, comment se forment donc les coquettes, les femmes galantes & les êtres frivoles, livrés au jeu, à la dissipation, au luxe, au plaisir, qui ne vivent que pour séduire les hommes ? […] Ce n’est qu’un jeu : ils ne s’interdisent pas la liberté d’insérer des pieces anciennes, ni même les nouvelles qu’ils recevront ; & de diminuer ou de multiplier à leur gré les représentations & les reprises de celles qui sont annoncées. […] Il est vrai que l’embrasement de l’Hôtel-Dieu, l’incendie de la salle de l’Opéra, malheur le plus grand de tous, ne troublerent point leurs jeux : le temple de Thémis n’a pas de plus grands droits. […] Le même auteur indique pourtant à ses enfans une foule de jeux & d’exercices plus convenables que la danse, que les cultivateurs peuvent bien faire & font en effet.
On aurait pardonné aux Confrères la grossièreté de leur jeu, comme on pardonnait aux Peintres et aux Sculpteurs la grossièreté de leurs ouvrages. […] Pour moi, je ne comprendrai jamais qu’il soit permis de faire semblant d’être idolâtre, de blasphémer par jeu, de transporter à des créatures pour se divertir, les honneurs dus à la Divinité. […] Après avoir longtemps poursuivi les Quakers par de rigoureux châtiments, on s’avisa de les jouer sur le théâtre de Londres, et il faut convenir que leurs extases, leurs soupirs, leurs grimaces, leur grossièreté, leur contenance affectée, leurs principes outrés, donnaient beau jeu aux plaisants. […] Quel plus beau jeu pour le vice, que d’être associé à la vertu, dans les mêmes lieux, les mêmes temps, le même exercice, par les mêmes personnes, qui sans changer de sentiment ni de conduite, mais seulement d’habit et de masque, jouent indifféremment tous les rôles ! […] Quoique cette perfection de jeu soit rare, je la suppose ; je n’en soutiens pas moins, que l’Acteur et l’Actrice les plus habiles et les mieux exercés se tireront mal d’un rôle pieux.
Mais il faut avouer que ces flétrissures & ces peines, effets de la barbarie des siècles d’ignorance, ont moins été prononcées contre des Comédiens proprement dits, que contre des Histrions ou Farceurs publics, qui mêlaient dans leurs Jeux toutes sortes d’obscénités : aujourd’hui que le Théâtre est épuré d’une manière digne de la Raison & de la Philosophie, il serait injuste de concevoir une opinion aussi desavantageuse de nos Comédiens.
pour autant qu’ils ne pouvaient donner au peuple chose, qui lui fût plus agréable, que de leur représenter et exhiber des comédies, tragédies, spectacles, et jeux publics.
La Reine, pour cacher son jeu, fit semblant de s’en fâcher, la reprit vivement, & la renvoya. […] Dans les jeux de Cathérine il y avoit aussi des Chevaliers ; elle-même jouoit mieux que personne. […] Il est vrai que ce jeu ne plaisoit point aux Dames & aux Filles qui l’accompagnoient . […] Ce jeu plairoit aussi peu à nos Actrices qu’il plaisoit à celles de Cathérine. […] Elle disois souvent qu’elle vouloit imiter les Empereurs Romains, qui attribuoient des jeux au peuple.
Cette discipline s’est exactement conservée dans l’Orient, & Balsamon, Patriarche d’Antioche, écrivain du douxieme Siécle, dit, que tous convenoient, que l’Eglise défendoit aux Chrétiens les jeux & les danses des Comédiens sur le Théatre. […] Les Gots & les Vandates avoient fait cesser presque partout les jeux de Théatre. […] Il dit que les mots pour rire, ou tous autres jeux deviennent condamnables, prémierement quand le jeu, quoique d’ailleurs indifférent, est joint à des circonstances qui le rendent mauvais ; comme si l’on vouloit jouer des jeux défendus par l’Église . […] Il n’y avoit point alors à Paris d’autre jeux de Théatre. […] Colum 615. ou le Pere le Brun sur les jeux de Théatre, pag 173.
Elle n’a rien tant en recommendation que les jeux, les danses, les spectacles. […] Quand on veut comprendre les comédies dans les anathêmes qu’elle prononce contre le jeu, le vin, la table, la parure, les tableaux, le luxe, c’est qu’on ne réfléchit pas que ces anathêmes tombent moins sur ces choses là, que sur l’abus qu’on peut en faire. […] La Vénus du Titien & celle du Corrège, qui sont toutes nues, offensent-elles moins notre jeunesse modeste, que le jeu de nos acteurs ?
L’amour est, de tous les sentiments de l’âme, celui dont on doit le moins se faire un jeu.
Les bonnes policesm prennent soin d’assembler les citoyens et les rallier, comme aux offices sérieux de la dévotion, aussi aux exercices et jeux ; la société et amitié s’en augmente.
On se livre à des jeux d’exercice, on va, on vient, plusieurs cercles se tiennent à la campagne, d’autres s’y rendent. […] L’opinion peut beaucoup encore en ce point ; et sitôt qu’on voudra mettre en honneur les jeux d’exercice et d’adresse, les cartes, les dés, les jeux de hasard tomberont infailliblement. […] où sont les jeux et les fêtes de ma jeunesse ? […] Dans le monde on ne se bat plus que pour le jeu. […] III, ch. 16 « Du jeu » (qu’on trouve chez Rey à Amsterdam).
La source de la damnation, dit Tertullien en parlant des Comédiens, est le mauvais usage de sa condition ; et au pis aller on pourrait ce semble les réduire à en juger de même que d’un valet dont le maître prête quelquefois à usure et quelquefois sans usure, ou d’un marchand qui vend des cartes à des personnes qu’on soupçonne tromper quelquefois au jeu. […] Dans un Synode de la Province de Tours de l’année 1583, il y a eu des Décrets qui ont été corrigés et approuvés par le Saint Siège, comme il est dit dans un Recueil53 des Décrets de la Province de Tours, par lesquels on défend sous peine d’anathème de faire les jours de Dimanche des festins publics, des danses, etc. des Comédies, des jeux de Théâtres, et autres Spectacles de la sorte qui sont contraires à la Religion. […] Si l’on avait lu l’Epître 87 de saint Bernard n. 12, on verrait que ce Père a cru qu’il y avait autre chose dans les Spectacles que de la vanité : il rapporte ce que les gens du monde disent de la vie Religieuse, qui n’est à leur avis qu’un jeu ; « il répond58 et demeure d’accord que c’est un jeu, non d’enfant, mais un jeu qui est une occupation sérieuse, et digne d’attirer les regards des Esprits célestes ; que ce n’est pas un jeu qui ressemble à celui des Théâtres, qui n’est propre qu’à irriter les passions par la représentation des intrigues de femmes et des choses impures ». […] Celui de Senez de l’année 1678, page 372. « Nous déclarons pour excommuniés, ceux qui vaquent aux jeux des Spectacles et Farceurs. […] En un mot, si la Comédie est ordinairement mauvaise dans la pratique, comme on l’a montré, elle ne peut point servir de divertissement. « Peut-on, dit l’Empereur Justinien102 , appeler des jeux, ce qui est la source des crimes » ; il ne nous suffit point, s’écrie Salvien103 au Livre cité, de « nous réjouir, il faut encore que notre divertissement soit un crime, ce qui est manifestement condamné dans l’Ecriture », dit cet Auteur.
Les paroles s’envolent, les gestes s’évanouissent ; la situation & le jeu du théatre, qui présente tant de faces différentes aux mêmes choses, tout disparoît, & après la piece on peut tout désavouer, & la plûpart des choses s’oublient. […] Les Grecs & les Romains avoient le cirque, le stade, l’arêne pour de pareils jeux. […] Le plus grand mal du théatre ne fut jamais précisément l’indécence grossiere des expressions, on y a toûjours parlé comme l’on parle dans le monde ; son danger, son crime est dans l’assemblage artificieux d’une infinité de choses mauvaises, dont l’union rend nécessairement vicieux, les sentimens de toutes les passions, les exemples de tous les crimes, l’irréligion, la morale corrompue, l’immodestie, le jeu, la mollesse, les intrigues des Actrices, la mauvaise compagnie qui s’y rassemble, la liberté des foyers & des coulisses. […] Distinguons avec eux l’idolâtrie, qui déshonoroit les théatres Payens, des autres désordres inséparables de ces jeux pernicieux, donnés par des ames basses, corrompues & mercenaires, qui font métier de la licence, & fréquentés par des libertins & des impies qui y apportent, y pratiquent, y enseignent le vice, & convenons avec tous les Pères qu’il doit être proscrit sans réserve.
Toute la piece n’est qu’un jeu perpétuel sur des obscénités, légèrement voilées, & très-dangereusement présentées. […] Mais ces affreuses ruines ne favorisent guère les jeux, les ris, les amours, dont une imagination galante est toujours occupée, & la passion à laquelle elle sacrifie tout. […] Ces statues de décoration qui s’animent, ce Silphe amoureux devenu fille de chambre, cette fille assez imbécille pour ne pas le deviner à son masque, à sa voix, à ses manieres, & l’attribuer à un corps aërien, cet amant statue qui s’émancipe aux pieds de sa maîtresse, & n’est repoussé que par grimace pour irriter ses désirs, ces services d’une femme de chambre amant, les libertés & désordres d’une femme qui se fait habiller & déshabiller par son amant travesti, &c. tout cela est sans doute sans vrai-semblance ; mais ce qui est bien plus condamnable, tout cela est sans décence & du plus pressant danger ; c’est le jeu d’une imagination libertine qui s’applique en détail & tient les heures entieres le spectateur appliqué à tout ce qu’il y a de plus séduisant. […] Ce ne sont que des jeux d’esprit, comme les exercices de Collèges, les conversations de Madame de Maintenon qu’on débite à S.
La Comédie & la Tragédie mettent toujours l’amour en jeu ; notre Opéra, plus hardi dans ses entreprises, met l’indécence en action, ou du moins peu s’en faut. […] Le jeu de l’Actrice, le charme de la musique, le souffle de la volupté qu’on respire aux Spectacles lyriques, remplissent nos sens dans cet endroit d’un trouble, d’une langueur involontaire ; & font presque tomber la gaze légère qui cache aux Spectateurs une partie de la vérité La manière dont s’èxprime Isabelle, qui se lasse de faire le guet, achèverait de montrer de quoi il s’agit, si l’on était encore à l’ignorer. […] Ma sœur, il me paraît que le jeu vous amuse. […] Ainsi l’on voit qu’il est mal placé, puisque le jugement de la Reine Berthe est définitif, & qu’il ne laisse rien à contester après lui ; il n’est seulement ici que pour faire un méchant jeu de mots : c’est comme si l’on disait à la vieille ; la Cour vous donne ce qui vous récréra, vous divertira ; on vous permet de vous amuser ; on vous permet la récréance avec ce beau jeune homme.
) un arrêt du Parlement de Toulouse, qui « défend aux Capitoulse de permettre à aucun bouffon et bateleur, de faire dans la ville ou les faubourgs aucun jeu ou farce de comédien, ni les tolérer en aucune manière que ce soit ». […] C’est un des grands reproches que fait à Marc-Antoine, alors Sénateur, Cicéron dans ses Philippiques (12. et 13.), et comme lui toute l’histoire, que ses liaisons avec les Comédiennes, jusqu’à les traîner dans ses voyages et dans sa litière : « Inter quos ledica tua Mima pertabatur. » Ce qu’il appelle avoir perdu le bon sens, par un jeu de mots qu’on ne peut rendre en français : « Venisti Brundusium in sinum et complexum tuæ Mimulæ, cum in gremiis Mimularum mentum et mentem depeneres. » Ses débauches avec Cléopâtre, sa défaite, sa mort funeste, furent les tristes suites de son amour aveugle pour ces créatures, qui l’avaient d’abord perdu. […] C’était la vie entière de Jeanne, Reine de Naples et Comtesse de Provence, dont les amours, les mariages, les guerres, les crimes, la mort tragique, donnaient beau jeu au Poète. […] Les Confrères de la Passion, dont les jeux n’étaient que des exercices de religion, furent soufferts, jusqu’à ce que mêlant le sacré avec le profane, ils méritèrent la même animadversion, et cédèrent enfin leur hôtel à une nouvelle troupe qui s’éleva au commencement du dernier siècle, et fit disparaître l’ancien théâtre, et après bien des révolutions, des séparations, des réunions avec d’autres troupes, a pris enfin l’état fixe où nous la voyons aujourd’hui.
Je ne sai où il a pris ce trait d’érudition : les Grecs avoient des prix pour les jeux du théatre, comme pour les jeux olimpiques & autres jeux ; mais ils n’avoient pas d’écoles théatrâles établies, comme à Parme, par autorité publique. […] Il n’y a que l’Académie des Jeux Floraux à Toulouse, fondée par Clemence Isaure, qui se pique assez de galanterie, pour donner des prix aux femmes, & les admettre au nombre des maîtresses, quand elles en ont remporté trois ; sans pourtant les incorporer dans l’Académie. […] Cette puerile antithése & ce jeu de mots, un visage qui orne le discours, un discours qui orne le visage, & sur-tout ces oreilles d’âne pour goûter la beauté du discours d’Isabelle, sont d’un ridicule complet. […] Tels ont été Dominique, Arlequin, Pantalon, & quelques-uns de leurs successeurs ; ce qui est fort rare, & ne peut se trouver que dans les grandes villes, tout le reste n’est bon que pour la populace ; aussi tâche-t-on d’y suppléer par des danses, des chansons, des décorations, ou si l’on est réduit à des pieces sérieuses & régulieres, l’habitude qu’on a du reste, unie à la noblesse & à la finesse du jeu, & les auteurs qui travaillent pour eux n’ont qu’un succés passager & médiocre ; soit que regardant le génie comme un avilissement de la scéne, ils ne travaillent que foiblement leurs pieces ; soit que voulant conserver l’air de licencé & de tabarinage, propre aux Italiens, ils se licentient ; il y a très peu de bonnes pieces, tout le reste, malgré l’immense recueil de Cherardi & de ses continuateurs, à quelques farces près, tombées bien tôt dans l’oubli, qui se souvient des noms de deux cents auteurs qui ont écrit pour les Italiens, il n’y a guere qu’Apostolo-Zeno & l’Abbé Metastasio, qui aient mérité l’attention du public.
Les jeux des Princes ne plaisent qu’à ceux qui les font. […] C’est le jeu d’une machine dont les ressorts se détendent ; on dit du Cardinal de Richelieu que faisant jouer la Mirame, il ne se possédoit pas, répétoit, anticipoit les vers, imposoit silence, ordonnoit d’applaudir, s’élançoit à mi-corps hors de la loge. […] des mouvemens de l’ame, des gestes du cœur, des allures, des sentimens dont le jeu des organes n’est que l’image ; c’est que le théatre transporte l’homme hors de lui-même, une Reine même en présence de toute une Cour n’y peut pas tenir, elle en oublie les loix de la décence, & n’est plus sa maîtresse. […] Il trouvoit beaucoup d’esprit dans un jeu de mots, dans ces trois dégrés de comparaison Christina, Christiana, Christianissima. […] Ce proverbe étoit : Jeux des Princes ne plaisent qu’à ceux qui les font.
Je suis mondain , dit-il, je fais gloire de l’être ; j’ai des passions, je serois bien fâché d’en manquer ; j’ai beaucoup de richesses, & j’en désire encore ; j’aime les plaisirs honnêtes, je les quitte le moins que je pris, je les conduis d’une table delicate à des jeux amusans, que j’intéromps pour pleurer les malheurs d’Andromaque, en-rire des boutades du Misantrope ; je me garderai bien de les imiter. […] Dans la chaîne des plaisirs qui sont le tissu de sa vie, il passe du lit à la table, de la table au jeu, du jeu au Théatre. […] Ces abominations souvent répétées, dont on a fait un mérite à l’auteur, au décorateur, mille fois plus dangereuses que les querelles, les jeux malins, les espiegleries de la jeunesse endurcissent le cœur, hérissent l’esprit, brisent les liens de la société. […] En Danemarck on fait les même jeux, que Regnard appelle Viscor : mais chacun prend l’habit de quelque métier ; le Roi de Danemarck y parut en charbonnier. […] L’un des plus admirables fut le jeu & le chant de la Gabriële, premiere actrice de l’Opéra de Palerme.
N os Auteurs n’ayant point en eux-mêmes assez de force pour conduire une action simple jusq’au cinquiéme Acte, la remplissent d’épisodes, & d’incidens mal liés au sujet, d’idées entortillées, de mouvemens inarticulés, qui n’offrent qu’un corps monstreux, dont les membres, sans jeu, sans proportion, ne peuvent que fatiguer le spectateur.
Ils ont le public à satisfaire en perfectionnant leur jeu, & en variant ses amusemens.
Cela est si véritable que s'il arrive (et il n'arrive que trop souvent) qu'on célèbre des jeux publics, j'atteste la conscience d'un chacun, où se trouve la foule des Fidèles ?
Rien n’est plus funeste à l’intégrité des mœurs que les jeux du théâtre : là, le vice s’insinue avec le plaisir dans l’âme, parmi la fascination des yeux et l’enchantement des oreilles41.
Henri III pendant vingt années esclave de ses Mignons, livré avec eux à la plus infame débauche, occupé des jeux les plus indécens, & les plus puériles, joua le rôle de l’Actrice la plus dissolue & du plus vil baladin, & plein de l’opinion de sa suffisance méprisoit tous les sages conseils, & plongé dans les plaisirs & l’indolence abandonnoit aux mains les plus méprisables toutes les affaires de ses Etats dans les temps les plus orageux & les plus critiques. […] Pendant trois mois qu’il fut Roi de Pologne, s’ennuyant de la gravité Polonoise, il demeura renferme dans son cabinet avec ses Favoris, s’occupant à s’entretenir des galanteries de France, à dépêcher des couriers, à écrire des lettres à ses maîtresses avec son sang qu’il faisoit couler par des piquures, & enfin à mille jeux bruyans & tumultueux, sans s’embarrasser des Grands & des Sénateurs Polonois. […] Ces bagatelles, ces petits riens où l’on perd la moitié de la vie, remplissent les femmes & les petits-maîtres de l’idée de leur mérite, mettent en jeu & nourrissent leur amour propre par la continuelle contemplation de leurs graces, étalées dans le plus beau jour. […] Ce jeu de l’imagination, cet assortiment de pieces de rapport, souvent peu faites l’une pour l’autre, n’est qu’un masque qui déguise la laideur, & quelquefois défigure la véritable beauté. […] Cette étude continuelle donne un jeu à l’imagination, & fait trouver des manieres innombrables de se montrer sous des aspects favorables.
Sa plume qui est le truchement de ses pensées, et ses écrits le symbole de ses mœurs, font connaître, que ses œuvres sont l’image de son esprit, et son visage étant l’âme raccourcie de son naturel et le miroir de son cœur, montre par la débilité de son cerveau, que ses sens sont égarés, et que son jugement a sorti les bornesc de la raison, par ce grand débordement d’injures dont son libelle est rempli : Ce Casuiste semble avoir mal pris ses mesures, d’avoir voulu faire un parallèle, de la Profession des anciens Histrions, à celle des Comédiens ; d’autant qu’il n’y a aucune affinité ni correspondance entre leurs exercices, l’une étant un pur batelage et souplesse de corps, et l’autre une représentation d’une fortune privée, sans danger de la vie, comme témoigne Horace, en son livre, de Arte d, « Comedia vero est Civilis privataeque fortunae sine periculo vitae comprehensio » ; Je sais bien qu’il y en a plusieurs, qui ne sachant pas la différence de ces deux professions, confondent l’une avec l’autre, et sans distinction de genre, prennent leur condition pour une même chose ; Mais il y a une telle inégalité entre elles, qu’il est facile de juger par la diversité de leurs fonctions, qu’elles n’ont nulle conformité ensemble, car celle des histrions n’est comme j’ai déjà dit qu’une démonstration d’agilité de corps et subtilité de main, mais l’autre étant une action plus relevée, fait voir qu’elle est une école des plus belles facultés de l’esprit, et où la mémoire fait un office digne d’admiration ; l’antiquité nous apprend qu’autrefois les Romains avaient ces Bateleurs en quelque considération, à cause du divertissement qu’ils donnaient à leurs Empereurs, mais ayant abusé du crédit qu’ils avaient obtenus du Sénat, s’adonnèrent à toutes sortes de licences pernicieuses, ce qui obligea la ville de Rome de les chasser, et particulièrement un nommé Hyster, qui s’étant retiré à Athènes, fut suivi d’une bande de jeunes hommes, auxquels il enseigna ses tours de passe-passe et autres parties de son métier, et furent appelés Histrions, du nom de leur Maître, ces Libertins s’ennuyant de demeurer si longtemps dans un même lieu, prirent résolution de revenir à Rome pour exercer leurs jeux : Mais l’Empereur Sévère, ne pouvant souffrir ces Ennemis des bonnes mœurs, fit publier un Edit, par lequel ils furent pour la seconde fois bannis de tout le pays latin ; Lisez ce qu’en dit Eusebius, et Prosper Aquitanus, sur la remarque des temps et des siècles : Pour le regard des Mimes, ou Plaisanteurse, ils ont pris leur source d’un certain bouffon appelé Mimos qui signifie en langue grecque Imitateur, d’autant qu’en ses représentations il contrefaisait divers personnages, et imitait les façons des uns et des autres. […] Saint Grégoire le grand, Evêque de Neocésarée en la Province de Pont, surnommé Thaumaturgepour l’excellence de ses vertus, en une opuscule de la foi de l’Eglise, blâme l’Empereur Decius, de s’adonner aux jeux scéniques. […] Saint Epiphane, Evêque de Constance, dans son Panarium se plaint de l’Empereur Jovinien, de ce qu’il autorisait le vice des Comédiens, qui gâtaient par leurs lascivetés les bonnes mœurs d’un chacun ; Saint Ambroise, Evêque de Milan, écrivant à sa sœur sur la préparation de la Messe, l’exhorte de s’abstenir de la vue des jeux publics, de peur d’être polluée par leurs actions.
Persuadé que, la sainteté de la vie des Prêtres et la ferveur de leurs prières fait la prospérité de l’Empire et en assure les victoires, par les grâces qu’ils nous obtiennent du ciel, que leurs exemples sanctifient les âmes et nous attirent la miséricorde de Dieu, nous avons appris avec douleur, et ce qui paraît incroyable, que des Diacres et des Prêtres, et ce que nous rougissons bien plus de dire, même des Evêques, jouent à des jeux de hasard, et s’oublient jusqu’à se trouver à la comédie, « scenicorum vel thimelicorum fiunt spectatores ludorum « ; eux qui obligent tous ceux qu’ils baptisent de renoncer aux pompes du démon, dont les spectacles sont une grande partie, « ut abrenuntient pompis Diaboli, quorum non minima pars sunt spectacula ». […] Tout le monde sait que les jeux de hasard, la danse, la chasse, la fréquentation des femmes, etc., sont défendus aux Ecclésiastiques. […] Qui connaît mieux les anecdotes théâtrales, qui y fournit plus de matière, qui lit plus régulièrement les pièces, juge plus hardiment, prononce plus décisivementc, qui sent, qui goûte mieux le jeu des Acteurs et les grâces des Actrices, que ceux que leur état devrait y rendre les plus étrangers ?
Thomas, qui enseigne que les jeux & les divertissemens sont non seulement permis, mais en quelque sorte nécessaires. […] Il y a beaucoup d’érudition sur les Jeux & les Spectacles des Payens. […] Arcere, qui remporta le prix de Poésie en l’année 1748, à l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse. […] Mais il ne faut pas espérer que ces jeux soient défendus ou empêchés par les Magistrats ; car ordinairement on en voit qui sont les premiers à ces jeux. » On a ci-devant vu page 112 de nos Lettres, que sous Charles VIII les Magistrats ne méritoient pas le reproche que Bodin faisoit à ceux de son temps. […] Nos jeux de Théatre ne sont pas seulement vicieux dans leur constitution morale ; ils ont aussi de grands défauts dans leur constitution littéraire.
Mais je vous montrerai, me direz-vous, des personnes à qui ces Jeux n’ont point fait de mal. […] C’est pourquoi quand vous seriez assez chaste pour n’être point blessé par la contagion de ces Jeux, ce que je crois impossible, vous ne laisseriez pas d’être sévèrement puni de Dieu, comme étant coupable de la perte de ceux qui vont voir ces folies, et de ceux qui les représentent sur le Théâtre.
On m’objectera que la musique d’Italie est très-savante, & que la nôtre n’est, au prix d’elle, que des jeux d’enfans.
« Si les histrions poussaient le jeu et le divertissement jusqu’à l’excès, ils seraient tous en état de péché ; tous ceux qui se serviraient de leur ministère ou leur donneraient quelque chose, seraient dans le péché. » Saint Thomas laisse passer ces propositions qui en effet sont incontestables, et il n’excuse ces histrions, quels qu’ils soient, qu’en supposant que leur action, de soi, n’a rien de mauvais ni d’excessif, secundum se.
Après-tout, le Poëte Comique en aura-t’il moins de finesse, parce qu’il nous reprendra en badinant, & nous corrigera par les ris & les jeux ? […] Mais s’il étonne, ainsi que les jeux de la nature, a-t-il le merite des vrais effets naturels ? […] Un vers foible, un geste peu naturel, mettent aussitôt en jeu les sifflets & les éclats, qui partent de tous les côtés de l’Amphitheatre. Pourquoi donc tant d’indulgence sur des pensées libertines, & sur un jeu indécent ? […] Les Acteurs s’étudieroient-ils à tant de rafinement pour amollir leur jeu.
Et puisque la vertu cherche le jour, et désire d’être vue ; serions-nous méprisables d’étaler notre marchandise devant ceux qui n’en sauraient tirer que tout honneur et profit, et nous la louange de les servir, et nous évertuer de rappeler l’antiquité, imitant les plus capables d’entre les Grecs et les Romains ; comme un Euripide, un Néviusd, et dix mille autres qui charmaient les oreilles des spectateurs, par la naïve représentation de leurs comédies, trop plus agréables que les grands jeux Olympiques et Romains, où les plus ignorants pouvaient mériter le prix d’une insigne victoire.
La passion ne saisit que son propre objet : la sensualité est seule excitée, et s’il ne fallait que le saint nom du mariage pour mettre à couvert les démonstrations de l’amour conjugal, Isaac et Rébecca n’auraient pas caché leurs jeux innocents et les témoignages mutuels de leurs pudiques tendressesd.
A les peindre avec les couleurs les plus adoucies, que peut-on donc en dire autre chose, sinon ce qu’en disoit un grand Docteur, que l’on y fait du moins un jeu du vice, & un pur amusement de la vertu ? […] Car enfin seroit-il innocent d’autoriser par sa présence des jeux si solemnellement proscrits ? […] Pour moi, en condamnant aujourd’hui vos spectacles, je ne prétends justifier ni la mollesse & l’inutilité de votre vie, ni la dissolution de vos cercles, ni le libertinage caché de vos assemblées nocturnes, ni l’excès de vos jeux, ni la somptuosité pour ne pas dire la débauche de vos tables. […] Ce fut en introduisant à Jérusalem les jeux, les fêtes & les spectacles de la Grece.
« Princes, leur dira un de ces hommes courageux dans l’enthousiasme d’une bienfaisance réelle, jamais je n’ai mis en problème que dans un gouvernement sagement dirigé, il faille des jeux, des spectacles à la multitude. […] Rétablissez ces jeux virils, ces récréations actives et laborieuses, qui ont conservé si long-temps la valeur et la liberté dans Sparte et dans Athènes, qui ont formé les vainqueurs de Pyrrhus et d’Annibal ; auxquels Rome attribuoit toute sa gloire, et auxquels elle la devoit en effet20 : la course, la lutte, et tant d’autres exercices qui, en fortifiant le corps, donnent à l’esprit même un nouvel essor21. […] Nos jeunes seigneurs ont établi des jeux de barre et des courses à pied dans les Champs élysées, promenade charmante, vaste et replantée depuis quelques années, à l’extrémité de la ville près du jardin des Tuileries. On y dresse des tentes ; ces jeux sont des espèces de fêtes qui doivent se renouveler toutes les semaines ; ils attirent une affluence prodigieuse.
C’est une affaire d’état pour les femmes que le choix de la place où elles doivent se mettre, au bal, aux spectacles, à l’Eglise, à table, au jeu, dans les compagnies, pour se ménager un jour favorable. […] Phriné qui, quoique courtisanne, n’ufoit point de fard, croyant n’en avoir pas besoin ; jouant un jour avec des femmes fardées, un jeu où il faut que chacune fasse ce que fait la conductrice du jeu, s’avisa pour se moquer d’elles, de laver son visage, & obligea toutes les autres d’en faire autant ; le blanc & le rouge dont elles étoient couvertes, s’étant ainsi délayés & fondus, les roses & les lys s’en allerent dans la serviette où elles s’essuyerent, & laisserent voir leurs rides, & la pâleur de leur teint. […] Le premier mari de Poppée, Crispinus, Chevalier Romain, homme simple & modeste, n’aimoit point le luxe & le faste, Poppée s’en dégouta, & s’en sépara pour épouser le jeune Othon ; petit, assez mal fait, mais petit maître élégant & libertin en petit maître ; il dépensa un bien immense en habits, en meubles, en équipages, en festins, en jeux, en fêtes ; il mourut accablé de dettes ; mais quelle femme peut tenir contre l’élegance & la dépense ?
Il n’est pas honnête, dit Cicéron, de s’exercer contre les Dieux, même par jeu d’esprit, nous ne devons point nous divertir à leurs dépens, ni jouer la vertu. […] Il fait voir l. 2, c. 1, combien les plaisirs des sens, les plaisirs du monde sont opposés à l’Évangile, & c’est le langage de tous les Chrétiens ; il distingue les plaisirs grossiers, les crimes énormes qu’on n’entreprend pas de défendre, quoiqu’on s’y livre, & les plaisirs qu’on traite d’indifférends : la danse, le jeu, la comédie, les spectacles, les intrigues, le commerce de galanterie qui sont des acheminemens aux plus grands vices ; & il soutient avec toute l’Église qu’ils sont défendus. […] Pierre Viret étoit habile, éloquent, grand Orateur pour le temps, laborieux, Ecrivain, a fait berucoup d’ouvrages, & donné entr’autres un corps de morale considérable en dialogue, où il explique les commandemens de Dieu, l’oraison dominicale, & le symbole des Apôtres ; sa morale est pure, & même sévère, ce qui lui donna du crédit, ce livre seroit utile s’il se fût borné à la morale, mais il y a mêlé toutes les erreurs de sa secte, son langage gothique a de la force, & lui acquit une réputation singulière ; on ne parloit pas mieux alors ; il pensoit comme les Catholiques sur la danse, le fard, le luxe, le jeu ; en voici quelques traits sur le sixième commandement dans le style marotique du temps. […] Je défie de déviner l’un des crimes atroces qu’elle leur impute ; c’est qu’aucun ne pouvoit souffrir le jeu, le bal, le spectacle ; je ne sais de quel Historien elle a tiré ce fait si intéressant, les grands événemens de ce siècle ont trop occupé leur plume pour s’embarrasser de la comédie ; & ces hommes célèbres eux-mêmes s’en occupoient trop pour perdre le temps à ces frivolités, ni avoir aucun goût pour elles, le théatre étoit dès-lors inconnu en Hollande, où on ne pensoit qu’à établir la république & le commerce ; elle ne faisoit que de naître en Angleterre & en France où on n’avoit encore vu que les confrères de la passion.
Et comme il n’y a rien de si facile que le trouver des ressemblaces en toutes choses, quand on a un côté fixe pour les regarder ; toutes les piéces où le Comedien a joué, lui découvrent des rapports entr’elles, qui abrégent beaucoup son étude, & impriment à son jeu une uniformité qui prouve qu’il est souvent dispensé d’esprit & de travail. […] Place-t-on au premier rang, dans le Temple de Mémoire, les machines de l’Opéra, dont le jeu cause une si douce surprise ?
Que je ne me suis jamais mêlée parmi les personnes qui sont adonnées au jeu, et que je me suis tenue séparée de celles qui aimaient la danse. » Tobia 3. […] Hoc itaque modo omnia symboli Sacramenta solvantur, et totum quod in symbolo sequitur, labefactatur, et nutat : nihil enim sequens stat, si principale non steterit. » Ce sont les expressions de cet Auteur célèbre, qui dit beaucoup d’autres choses importantes et puissantes, et contre les spectacles, et contre toute sorte de jeux et de divertissements mondains.
Et afin qu’on sache que je n’en parle pas ignoramment et à vue de paysn, comme on dit, je vous veux montrer comme saint Thomas d’Aquin embrassant la défense de la comédie a prononcé l’arrêt sévère mais très juste dû à nos ennemis, en son livre au titre Du Jeu, quest. 22, en ces paroles : « Ludus est necessarius ad conservationem et conversationem vitæ humanæ ; ad omnia autem quæ sunt conversationi humanæ necessaria deputari possunt aliqua officia licita : et ideo etiam officium histrionum quod ordinatur ad solatium hominibus exhibendum, non est secundum se infame aut illicitum ; nec sunt in statu peccati dummodo moderate ludo utantur. […] Migne, tome 3, col. 1184-1185, mais le texte est différent), « Le jeu est nécessaire à la conservation de la vie humaine et au commerce des hommes ; mais on peut choisir, parmi les occupations permises, celles qui sont nécessaires à la conversation des hommes.
On se laisse trop séduire aux représentations par le jeu des Acteurs. […] Je connais deux Tragédies, dont les Vers sont durs & raboteux, qui n’ont pas laissé d’avoir beaucoup de succès, sans parler du jeu des Acteurs ; la raison en est sans doute, qu’elles ont un grand intérêt, qu’elles renferment le terrible & le pathétique, & qu’une action qui intéresse fortement, fait éxcuser une versification lâche & traînante, ou qui blesse les oreilles par sa dureté. […] Ce jeu de mots est indigne de la majesté de l’Ode.
Faire tuer de sens froid quatre hommes par semaine, & peut-être jusqu’à huit, est-ce un jeu bien honnête ? […] Ils quittèrent ensuite ce quartier, & se placerent dans un jeu de paulme, vieille rue du Temple ; on les appela la troupe du Marais. […] L’histoire des guerres de l’Angleterre contre la France, qui remplit le troisieme tome, est un tissu de traits la plupart faux ou malignement défigurés, contre les Papes, les Evêques, les Prêtres, les Moines, & contre tous les Princes & Ministres, tant Anglois que François, sur-tout s’ils ont eu quelque respect pour l’Eglise ; car chez lui c’est un crime & une bassesse impardonnable, qui rend méprisables les plus grands Monarques, & il a beau jeu. […] Un Marchand de vin, car on s’enivre ; un Guinguéttier, car il se commet bien des désordres dans une guinguette ; un caffé, qui est un rendez-vous de libertins & de médisans ; un Imprimeur, qui imprime tant de choses contre la religion & les mœurs, eussent donné plus beau jeu à la plume de l’apologiste. […] On peut avec les mêmes raisons excuser les Courtisannes, les voleurs, les jeux de hasard ; ils font, comme le Marchand, ce qu’ils peuvent pour attirer le monde à leur brélan, à leurs cellules.
Dieu ne veut point qu’on le blasphème par jeu. […] Et quant à vous cependant, toujours en suspens, et en souci, vous vous retranchez vous-mêmes de la jouissance des plaisirs honnêtes, ne venez point voir les jeux et spectacles, ne voulez point assister aux Pompes. […] Es jeux des Gladiateurs qui n’aurait horreur de cette Ecole de meurtres ? […] En effet, on ne doit faire par jeu, ni pour quelque peu de temps que ce soit, ce que Dieu a dit, « lui être en abomination ». […] Tout autant qu’il y en a qui se rendent coupables de la même profanation des Ecrits sacrés, et les changent en des jeux, seraient tout à fait dignes de ce même jugement.
Saint Chrysostome dit que le Démon se trouve dans les danses lascives, qui sont les jeux où il se plait davantage, & par le moyen desquels il perd plus facilement les ames : Chrys. […] Ajoûtons à cela, que les jeux défendus & la licence, sont des suites presque toujours certaines de ces sortes de déguisements, qui par ces circonstances deviennent encore plus criminels.
La même chose peut s’appliquer au bal, au jeu, aux festins. […] La pauvreté de la crêche, la bassesse d’un métier méchanique, une soule de malades de toute espèce, le sang & les larmes du jardin des Olives, les douleurs de la flagellation, les horreurs du Calvaire, les ténèbres d’un tombeau, sont-ce là les décorations, les jeux ou théatre ?
Tandis qu’on punit un vol léger, on laisse impunis l’impureté, les jeux de hasard, l’ivrognerie, l’intempérance, le blasphême, crimes bien plus énormes que le larcin. […] On pourroit ajouter une foule d’autres passages sur les objets qui tiennent à celui-ci, sur les maximes de l’Evangile qu’ils proscrivent, sur les vertus qu’ils condamnent, sur les vices qu’ils favorisent, sur la chasteté qui y fait naufrage, sur l’humilité dont il méprise la bassesse, sur la charité dont il éteint les feux, sur la foi dont il affoiblit la soumission, la mortification dont il redoute les rigueurs, la pauvreté dont il abhorre les besoins, la piété dont il desseche l’onction, la patience dont il ne peut souffrir l’égalité, la fidélité conjugale dont il se fait un jeu, en un mot toute la religion dont il renverse jusqu’au fondement ; sur la vengeance dont il allume les fureurs, la vanité dont il exalte les délires, sur le luxe & le faste dont il étale les excès, sur la médisance dont il verse à grands flots le poison, sur l’immodestie des parures dont il présente le modelle, sur le mépris des parens dont il donne des leçons, la jalousie dont il répand le motif & le germe, l’oisiveté à laquelle il consacre tous les temps de la vie, la fourberie dont il enseigne les artifices, l’irréligion dont il seme le goût & les principes, en un mot le corps entier du péché dont il établit puissamment l’empire.
ce sont celles que pour l’ordinaire vous faites, gens du monde, ce sont les jeux, les plaisirs, les spectacles, les divertissemens, les Cercles, les Assemblées où il préside, les mensonges dont il est le pere, l’orgueil dont il est le modelle, les jalousies, les envies, les inimitiés dont il est l’artisan. […] loin de s’en faire des crimes, on s’en fait honneur : on est presque embarrassé dequoi l’on s’accusera au Tribunal sacré de la Pénitence, quoi qu’on soit chargé de mille crimes de la sorte ; & après une vie toute mondaine, toute voluptueuse, toute sensuelle, passée dans les jeux, dans les spectacles, on ne trouve presque rien à dire au Prêtre !
« Je tiens cette règle indispensable, dit le grand Corneille ; & il n’y a rien de si mauvaise grace qu’un Acteur qui se retire seulement parce qu’il n’a plus rien à dire. » La sortie de vos personnages sera naturelle & dans les règles, lorsqu’ils s’éloigneront pour un motif nécessaire, qui redonne un nouveau jeu à l’action, & qui tende au dénoument. […] On se moquerait avec raison d’une telle machine, si elle était mal-disposée & si les ressorts manquaient de jeu, faute d’être arrangés par une main habile.
Mais si l’on avait vu l’Epître 87. de ce Saint, on verrait que ce Père a cru qu’il y avait autre chose dans les spectacles que de la vanité : Il rapporte ce que les gens du monde disent de la vie Religieuse, qui n’est à leur avis qu’un jeu. […] » et demeure d’accord que « c’est un jeu non d’enfant, mais un jeu qui est une occupation sérieuse, et digne d’attirer les regards des esprits célestes ; que ce n’est pas un jeu qui ressemble à celui des Théâtres, qui n’est propre qu’à irriter les passions par la représentation des intrigues des femmes et des choses impures. […] » , combien les spectacles, les jeux et les divertissements semblables qui tirent leur origine du Paganisme, sont contraires à la discipline de l’Eglise. […] Celui de Senez de l’année 1678. page 372. « Nous déclarons pour excommuniés ceux qui vaquent aux jeux des spectacles, et Farceurs. […] » , appeler des jeux ce qui est la source des crimes ?
N’ont-ils donc ni femmes, ni enfans, ni amis, ni pauvres, répondit un barbare, à qui l’on vantoit les jeux publics de Rome ? […] La comédie & la tragedie mettent toujours l’amour en jeu : mais le spectacle moderne, c’est à-dire le Théatre Italien7, met dans ses Opéra-bouffons, dans ses Comédies en ariettes, l’indécence en action. […] Le grand Bossuet voulant un jour éprouver l’effet de ce jeu d’instrumens, qu’on appelle le premier coup d’archet, fit venir chez lui les meilleurs Musiciens pour l’exécuter.
Elmire est une tartuffe, une hypocrite de crime, comme Tartuffe un hypocrite de vertu ; ce qui n’est pas tolérable, même par jeu, même pour une bonne fin : Non sunt facienda mala ut eveniant bona, sur-tout dans un genre de vice où la seule perspective est dangereuse, les approches insoûtenables, le regard, le désir un crime devant Dieu : Qui viderit ad concupiscendum, jam mæchatus est in corde. […] Le Tartuffe n’a converti aucun hypocrite ; il les a même favorisés, en leur apprenant à mieux cacher leur jeu. […] Le théatre a beau rire, il ne justifiera jamais les nudités, le fard, les parures recherchées ; il perdra les ames en inspirant ce goût, s’en faisant un jeu, un honneur, un agrément nécessaire : Quiconque à son mari veut plaire seulement, Ma bru, n’a pas besoin de tant d’ajustement.
Mais si la police du royaume, qui ne réprime que les désordres les plus grossiers, n’a expressément proscrit les jeux de théâtre que pendant l’office divin, les Conciles de toutes les provinces les ont absolument interdits les jours de fête. […] Les mêmes Conciles défendent, les jours de fête, les danses publiques, les jeux de hasard, la fréquentation des cabarets. […] Cyrille, d’employer les saints jours au jeu, aux danses, aux spectacles, et se rendre d’autant plus criminel, que les jours qu’on devrait sanctifier, et qu’on profane, sont plus saints : « O cæcam impietatem, diebus festis, cum magis virtutibus est incumbendum, et a sceleribus abstinendum, curritur ad ludos, spectacula, choreas, ad irrisionem divini nominis, et diei prævaricationem, eo gravius fit peccatum, quo tempore sanctiori committitur. » Ajoutons, en terminant ce chapitre, que selon l’esprit et les lois de l’Eglise, on ne doit pas aller à la comédie les jours de jeûne.
Les pièces sont communément plus châtiées, et les parures plus modestes ; les danses, les attitudes, les gestes, les regards, le son de la voix, sont moins efféminés et moins voluptueux, le jeu moins séduisant, par conséquent moins dangereux. Car ici la perfection fait le danger, la meilleure pièce est la plus mauvaise, la plus parfaite exécution est le plus subtil poison ; et malgré tout le soin des Régents, le jeu d'un Ecolier pût-il n'être pas grossier et maussade, à plus forte raison écarterait-on le danger, si comme l'ordonnait S. […] En s'accoutumant à jouer un petit jeu, on deviendra grand joueur, les petites fêtes multipliées feront aimer la bonne chère, l'affectation des petites parures amènera le luxe et le faste, etc.
Il veut prouver ensuite que la représentation des Poèmes dramatiques ne peut être défendue par les raisons des anciens Pères de l’Eglise, et il apporte pour autoriser sa proposition, les jeux du Cirque que le grand Constantin et le grand Théodose firent faire pour le divertissement du peuple : mais on verra dans la Section suivante la réponse de saint Ambroise. […] Cette Réfutation est un Ouvrage in 4° de 500. pages : il y a beaucoup d’érudition sur les Jeux et les Spectacles des Païens, on y trouve une longue Tradition des Conciles et des saints Pères contre la Comédie. […] Mais comme l’Auteur de la Dissertation avait voulu justifier les Jeux du Cirque par Constantin et Théodose ; le sieur de Voisin lui oppose l’autorité de saint Ambroise qui les a condamnés dans deux endroits de ses Ouvrages, premièrement dans son Traité de la Fuite du siècle Chapitre 1. où il dit que le Cirque est une vanité qui ne sert de rien, la vitesse des chevaux n’est que vanité, le Théâtre est vanité.
Les hommes faits ne dédaignent pas quelque fois de s’arréter à leurs jeux. […] Tels étaient différens Jeux de la Grèce & ceux des Etrusques. […] On dit que l’origine de ces Jeux venait de Lydie. […] on voit que le Théâtre & les Jeux étaient regardés comme en Grèce. […] Calpeus, se donner en Spectacle dans le Forum, sans en rougir, aux Jeux que donnait ce Dictateur après ses triomphes.
Sur la Scene, je sais que tout ce qui s’y passe est un jeu ; l’action en elle-même m’est donc très-indifférente. […] Vous êtes intéressé au jeu. […] Le jeu est encore un des abus que vous reprochez aux cercles, mais vous nous assurez que dès qu’on voudra mettre en honneur les jeux d’exercice et; d’adresse, les dez et; les cartes tomberont infailliblement. J’en doute ; d’ailleurs il faut commencer par mettre en honneur ces jeux d’exercice. Considerez aussi qu’il ne fait pas toujours un tems ni une saison propre aux jeux d’adresse.
La Coquette du Misantrope ne vous enchante-t-elle pas, par la finesse & le bien-senti de son jeu ?
Les conciles de Mayence, de Tours, de Reims et de Chalon-sur-Saône, que nous avons déjà cités, défendaient également, sous peine de suspension et d’être mis en pénitence, aux évêques, aux prêtres et aux autres ecclésiastiques, d’assister à ces spectacles, où ils pourraient voir et entendre les insolences et les jeux sales et honteux des bateleurs, des farceurs, des histrions et autres gens obscènes.
Cependant dans ces premiers Poèmes dramatiques, ainsi que dans ces derniers, l’Auteur se proposait pour but principal de plaire à ses Spectateurs : car soit qu’il voulut les corriger, soit qu’il voulut simplement les amuser, il est certain qu’il ne pouvait réussir ni dans l’un ni dans l’autre de ces projets, qu’en faisant sur leurs esprits une impression, qui leur rendit aimables ou ses leçons ou ses jeux ; si quelques Poètes n’ont pû arriver à ce but ce n’est point la faute du Théâtre, mais uniquement de l’Auteur ou de l’Acteur, comme on va tâcher de le faire sentir.
L’amour, non la politique, fait selon lui le jeu de toutes les affaires. […] Tout y étoit en abondance ; le jeu, le bal, la comédie, les repas, rien n’y manquoit. […] Mais c’est l’esprit dominant du théatre, qui d’après l’Amphitrion, George-Dandin, & tant d’autres, fait un jeu du crime. […] Ce langage, l’écho de celui du siécle, ces idées, qui en rendent le véritable esprit, font de l’incrédulité un jeu qui amuse, un ton qui a imposé un air de bel esprit, dont on se fait honneur, une espece de scene comique.
mon ami, tu seras enchanté lorsque tu la verras : dans son jeu, c’est la nature ; mais embellie, mais séduisante, parée de fleurs de la jeunesse & de la beauté : son ton est celui de la douceur & de la vertu ; avec ce ton enchanteur, l’expression devient plus honnête, le sentiment se place sous chaque mot qui sort d’une si belle bouche ; à tout elle donne un prix inconnu.
Qui ne s’étonne de voir des jeux des gladiateurs, la discipline de l’homicide.
Parmi ces filles étaient dispersés quelques plaisants qui s’efforçaient de les distraire par des postures grotesques ; ils étaient déguisés en démons, et quelques-uns d’eux poussaient le jeu fort loin, afin de rappeler le courage héroïque des vierges qui jadis ont résisté aux tentations de l’esprit malin.
Et qui ne riroit de voir une troupe imbécille aller admirer tous les ressorts de la politique & du cœur humain mis en jeu par un étourdi de vingt ans, à qui le moins sensé de l’assemblée ne voudroit pas confier la moindre de ses affaires ? […] J’en dis autant de l’amour, de la colère, & de toutes les autres passions, auxquelles devenant de jour en jour plus sensibles par amusement & par jeu, nous perdons toute force pour leur résister, quand elles nous assaillent tout de bon. […] Par exemple, c’est un jeu pour eux de faire paroître en relief une surface plane : pourquoi donc nul d’entr’eux n’a-t-il tenté de donner l’apparence d’une surface plane à un relief ?
La décoration et le jeu du théâtre sont aussi puériles ; une inflexion de voix, une gambade, un geste, une couche de fard, tout cela analysé et décomposé, qu'est-il ? […] Pour nous qui ne sommes point initiés dans ces mystères d'élégance, nous convenons que notre antique prud’homie, peut-être en vertugadin, comme celle de nos grands- pères, préfère la raison et la vérité aux rubans et aux aigrettes, la sagesse et la décence aux grands et aux petits airs de Marquis, et mérite aussi peu qu'elle le désire une place dans le cercle des ris et des jeux.
Un homme en qui la raison est la supérieure, qui sait le jeu des passions et de l’imagination, peut sans se gâter voir les farces et les spectacles ; et même il en sera si peu touché, qu’après les avoir vus une fois, ce lui serait une fatigue de les voir de nouveau. […] Il faut pourtant qu’il lise quelques bons Livres de Physique, et vous verrez que ce qui embarrasse beaucoup les autres, sera un jeu pour lui et un divertissement d’esprit.
La Comédie-Bourgeoise se distingue des Drames que je viens de parcourir, par ce qu’elle prend son sujet parmi ce qu’on appelle les honnêtes gens ; elle ne met en jeu que des Bourgeois, mais des Bourgeois un peu distingués, tels que de riches Négocians.