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142. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « A Monsieur le Comte de P***. » pp. -

Vous laissez donc, Monsieur, penser chacun à sa fantaisie, & vous n’en estimez pas moins celui dont les sentimens ne sont pas les vôtres : c’est par le choc des opinions diverses que naissent les vérités, ou que l’on évite le triste ennui, la monotonie qu’on éprouverait si tout le monde était du même avis.

143. (1675) Traité de la comédie « XXXI.  » pp. 325-326

Ont-ils jamais pensé à rendre grâces à Dieu d'y avoir assisté ?

144. (1666) Réponse à la lettre adressée à l'auteur des Hérésies Imaginaires « Ce I. avril 1666. » pp. 1-12

Mais, Monsieur, à vous parler franchement, cela ne réussit pas toujours : et pour quelques gens de bonne volonté qui se laissent persuader par là, qu’on en pense bien plus que l’on n’en dit, il y en a beaucoup d’autres qui croient que qui ne dit rien n’a rien à dire. […] Il est dangereux de s’y laisser aller : on n’en revient pas comme on veut, cela n’aide pas à penser juste ; et toute votre lettre se ressent de cette émotion qui vous a pris dès le commencement. […] Vous voyez donc, Monsieur, que vous ne faites rien moins que ce que vous prétendez ; et je ne pense pas que personne demeure convaincu sur l’histoire des deux Capucins, sur les louanges qu’on a données à M. […] Vous auriez pu chercher quelque autre voie « pour arriver à la gloire » ; et quand vous y aurez bien pensé, vous trouverez sans doute que celle-ci n’est pas la plus aisée ni la plus sûre.

145. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

C’étoit unir le vice à la vertu, la difformité aux graces, la modestie à la licence, le bon esprit & la bouffonnerie, le bon sens & la frivolité, une religion édifiante & la profanation du plus saint état, les dégoûts de la vieillesse la plus rebutante & tous les charmes de la plus brillante jeunesse, dans la personne d’un libertin scandaleux, que ses folies avoient rendu perclus de tous ses membres, incapable de remplir les devoirs du mariage, & réduit à vivre de quelques pensions viageres mal payées, & de quelques mauvais livres qu’il appelloit le marquisat de Quinet, du nom de Quinet son libraire. […]         Je sai ce qu’il en faut penser. […]         Vous n’y pensez pas.

146. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Avant que notre Spectacle ait fait passer en revue tous les Arts & Métiers, il se sera fait de grands changemens dans le goût, dans la façon de penser des Français. […] Si l’on soutient qu’il a rencontré juste, on ne nous prêtera pas une façon de penser trop noble. […] Mais, encore une fois, l’Abbé d’Aubignac se trompe dans l’endroit de son Livre que je viens de rapporter ; il faut absolument le penser, le dire & le faire croire.

147. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Plusieurs blâmeront, peut-être, le dessein de GUILLOT-GORJUa, et ensuite la Comédie, auparavant que d’y avoir bien pensé ; et parce qu’ils n’y trouveront aucun véritable crime ils calomnieront l’innocence de cette condition. […] Et qui voudrait si mal penser de ces sages Romains, ces grands Politiques qui bâtissaient des lois pour conserver leur République, que de croire qu’ils eussent voulu flétrir d’aucune note d’infamie des personnes qui ne sont pas moins nécessaires aux autres que le Soleil l’est aux fleurs, et le sel à la vie. […] Que les Maîtres dans les Académies de la vertu, jettent sans y penser des semences dans l’esprit de la jeunesse de la Comédie et du Théâtre ?

148. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Quand Arlequin Sauvage est si bien accueilli des Spectateurs, pense-t-on que ce soit par le goût qu’ils prennent pour le sens et la simplicité de ce personnage, et qu’un seul d’entre eux voulût pour cela lui ressembler ? […] « Pense-t-on qu’au fond l’adroite parure de nos femmes ait moins son danger, qu’une nudité absolue, dont l’habitude tournerait bientôt les premiers effets en indifférence et peut-être en dégoût ? […] La Salle d’un Spectacle est le cabinet des honnêtes gens ; c’est là qu’ils viennent penser, s’échauffer, s’exciter vers l’honnête et le beau !

149. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TABLE DES CHAPITRES. » pp. 3-4

Aristote a-t-il pu penser que la Tragédie excite la Crainte & la Pitié, pour purger ces deux Passions ?

150. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVIII. D’une excuse de laquelle se servent ordinairement les gens du monde, pour justifier la conduite des jeunes hommes, et des jeunes filles qui vont au bal. » pp. 142-145

Mais il est temps de finir ce traité, et de ne penser plus qu’à gémir, et à prier la bonté toute-puissante de Dieu, de donner à ceux qui sont constitués en dignité et en charge pour régir les peuples, et la lumière pour ordonner les remèdes convenables, afin d’ôter un abus si insupportable, et néanmoins si commun ; et le zèle de la gloire et du salut des âmes, afin d’en bien faire l’application, c’est-à-dire, avec grâce et avec fruit.

151. (1675) Traité de la dévotion «  Méditation. » pp. 66-67

C’est pourquoi tu tournes si souvent les yeux du côté du monde ; et à l’heure même que ton cœur devrait être tout entier dans le ciel aux heures de ta dévotion et de tes prières, tu penses aux oignons, aux aulx et aux potées de chair que tu mangeais quand tu étais esclave du Diable et du monde.

152. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Ils ne sont ni bons ni mauvais, ni légers ni graves, ni oisifs ni occupés ; esclaves de la coutume, qui est leur suprême loi, ils vivent sur l’exemple d’autrui, ils pensent par l’esprit d’autrui. […] Quand ils traiteraient les passions de la manière la plus honnête, cette apparence d’honnêteté et le retranchement des choses immodestes rendraient leurs pièces beaucoup plus dangereuses, parce que en attaquant la pudeur d’une manière moins directe, les personnes vertueuses en ont moins d’horreur, et pensent moins à se défendre du poison qu’elles contiennent.

153. (1733) Traité contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE TRAITÉ. CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 247-261

les nations de la terre verront, et plutôt qu’on ne pense. […] j’ai mis plus tôt qu’on ne pense : ce sont presque les propres paroles de l’évangile.

154. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

C’est ainsi qu’on pensé, & pensent encore Messieurs les Archevêques & Evêques de Paris, de Lion, de Beauvais, de Carcassonne, de Senez, d’Alais, de Limoges, de Marseille, de Dol, & plusieurs autres, qui, depuis 1756, ont écrit contre la Comédie, & l’ont regardée, avec feû M. le Cardinal de Laon, M. de Rochechouart, comme une mission établie en faveur du Démon, pour lui attirer des esclaves. C’est encore ainsi, que pense M. le Cardinal de Malines, dans sa lettre du 26 Juin 1772 à Mr Desprez de Boissy. […] Les plus portés à justifier la Comédie, ont-ils jamais osé offrir cette action à Dieu, ont-ils jamais pensé à lui rendre graces d’y avoir assisté ? […] Paul, de ceux qui consentent au mal, & en portent le crime. » Que penser de ceux, qui vont seulement quelquefois & rarement à la Comédie ? […] Ne pensez pas, qu’il y ait une différence dans les principes qui nous doivent actuellement diriger sur cet objet.

155. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TRAITÉ. DE LA POËSIE. DRAMATIQUE. ANCIENNE ET MODERNE. Plan de ce Traité. » pp. 5-7

Puisque ces deux Passions portent les hommes à la vertu, Aristote n’a pu penser que la Tragédie les excite pour les purger, & la Tragédie ayant une fin utile, ne devient dangereuse que par la faute des Poëtes, & la nature des Représentations.

156. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Demandez-leur ce qu’ils en pensent, et vous verrez qu’ils ne pensent à rien moins qu’à cela. […] Voilà un expédient bientôt donné ; mais il n’est pas si facile que vous pensez de le pratiquer. […] Mais que pensez-vous du précepte de l’Eglise ? […] Ainsi ne pensez plus aux Spectacles des Païens. […] Qu’en pensez-vous ?

157. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Ovide lui-même, que l’on ne prendra pas pour un casuite fort sévère, nous montre ce qu’il pensait de la Comédie. […] Si l’on en ôtait tout ce qu’elle offre de vicieux, il n’y aurait plus de spectateurs30. » Ainsi pensait un Païen, éclairé des seules lumières de la raison naturelle. […] Néanmoins, ils se livrent ensuite au désespoir, quand leurs enfants donnent dans des désordres préjudiciables à leur fortune. » C’est ainsi qu’a pensé et écrit un Comédien célèbre, d’après la plus longue expérience. […] Il n’est guère de situation plus pénible, quand on pense, que de voir sa conduite en contradiction avec ses principes, et de se trouver faux à soi-même, et mal avec soi. […] L’art de se contrefaire, de revêtir un autre caractère que le sien, de paraître différent de ce qu’on est, de se passionner de sang froid, de dire autre chose que ce qu’on pense, aussi naturellement que si on le pensait réellement, et d’oublier enfin sa propre place, à force de prendre celle d’autrui.

158. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Tous ceux que l’âge, l’état, la façon de penser ou de vivre, éloignent du spectacle, pourroient satisfaire leur goût, & se consoler de cette privation sans craindre le reproche ou le scandale. […] Ils essuyerent d’abord quelques traverses, mais enfin leur éminente vertu calma tous les orages ; on n’a plus pensé qu’à s’en édifier. […] Est-ce prudence dans ses associés, qui ne veulent pas adopter ses façons de penser, & en répondre ? […] Le Gouvernement gagneroit doublement, il pourroit supprimer les pensions des Comédiens, les frais de construction, réparation, entretien des salles, magasins, gages des troupes, & il auroit le profit de l’impôt qui iroit fort loin. […] Il n’y auroit jamais pensé : l’Opéra de Paris lui en aura fait naître l’idée.

159. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Ce seroit une erreur de penser que la modestie ne rejette que les grossieretés ; elle exclud jusqu’aux plus légères nuances du vice, sur-tout elle brille par les traits de la pureté la plus délicate, de la pudeur la plus sévère. […] En vain à la toilette un médiocre baigneur pense de la coëffure atteindre la hauteur, s’il ne sent point du ciel l’influence secrette, dans son génie étroit il est toujours captif. […] A-t-on le loisir de penser à ses affaires, à son mari, à ses enfans, à ses domestiques ? […] y pense-t-elle ? […] Sa réputation même est entamée, non-seulement chez les femmes que la jalousie de parure & de beauté rend entr’elles les plus impitoyables censeurs & les plus cruelles ennemies, mais tout le monde pense qu’on chercheroit vainement la vertu sous les livrées du vice.

160. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Quel partage après tout, Chrétiens, et jamais l’eussiez-vous ainsi pensé ? […] Abus, mes Freres : appellez-vous amour honnête celui qui possede un homme et qui l’enchante jusqu’à lui ravir le sens et la raison, qui absorbe toutes ses penses, qui épuise tous ses soins, et qui aux dépens du Créateur, le rend idolâtre de la créature ? […] Pourquoi pensez-vous, Chrétiens, que le fils de Dieu se servît de cet exemple du pied, de l’œil, de la main ? […] Mais moi je sçais ce qu’en ont pensé les Peres de l’Eglise, et c’est à eux que je m’en rapporterai ; car ce n’est pas d’aujourd’hui que ce scandale a paru dans le monde, et que les prédicateurs et les conducteurs des ames se sont employés à le retrancher du Royaume de Dieu. […] Mais vous, Chrétiens, que devez-vous penser de tout cela ?

161. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Avertissement. » pp. -

Je suis loin de penser que dans un ouvrage tel que celui-ci, qui embrasse tant d’objets différens, il ne me soit pas échappé un grand nombre de fautes : c’est au Public à m’apprendre les changemens, la réforme que je dois faire dans mon Livre.

162. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 3 : Livre VI, chap. 15] » pp. 663-664

 » Si quelqu’un pense voir des Ames ou quelques morts ressemblant à ceux de sa connaissancek, c’est que son Esprit est troublé des vaines fantaisies, ou qu’il songe en son ami décédé. « Nam neque remeare viventes à corpore sensus nec tam videri imagines hominum quam cogitari et oculos luctibus credere.

163. (1824) Du danger des spectacles « INTRODUCTION. » pp. 1-3

Encouragé par ces considérations, nous avons publié cet essai, dans lequel nous avons réuni ce qu’ont pensé quelques écrivains vertueux au sujet de ces plaisirs que semble aujourd’hui sanctionner une approbation presque universelle.

164. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Si l’oisiveté est condamnée dans l’Evangile, & si ce fut un suffisant motif, pour obliger le Fils de Dieu à faire le procés à un serviteur inutile ; que doit-on penser de tant de personnes de l’un & de l’autre sexe, qui passent les nuits dans une sale de bal, & la plus grande partie du jour dans les assemblées du beau monde, qui se trouvent à toutes les comedies, à tous les jeux publics, & à tous les spectacles, & qui ne seroient pas contens d’eux-mêmes, s’ils n’avoient part à toutes ces sortes de divertissemens ? […] Je vous avertiray seulement, que je ne comprends point entre ces spectacles dangereux & préjudiciables à l’innocence des spectateurs, ces réjoüissances publiques qui se font aux Entrées des Souverains, ou par l’ordre des Magistrats, pour les heureux succez de l’Etat, ni les marques de magnificences, que les Princes donnent quelquefois au public ; telles que sont les courses de Bague, Carrousels, representations de combats, feux d’artifice, triomphes, ni tous les autres dont la vûë n’a rien qui puisse porter au crime, & dont même les personnes de pieté ont pris occasion d’élever leur esprit à Dieu, & de penser aux joyes que Dieu leur avoit preparées dans le Ciel, S. […] Que si l’on regarde la condition des Grands de la terre comme dangereuse au salut, parce qu’ils sont nez dans l’éclat, que le monde se presente à leurs yeux avec tout ce qu’il a de plus engageant, & qu’il leur faut faire de continuels efforts sur eux-mêmes, pour en détacher leur cœur ; que doit on croire, ou penser de ceux qui le recherchent au lieu de le fuir ? […] Il sçavoit bien que pour s’attacher fortement au service de Dieu, il falloit mépriser les choses de la terre ; & que rien ne nous détourne davantage de penser aux biens solides & éternels, que de s’occuper de ces sortes d’amusemens, qui ne nous laissent qu’un dégoût étrange des veritez chrétiennes, & de toutes les choses de l’autre vie. […] Qui vous répondra que le poison que vous avez pris sans y penser, ne vous donnera point un jour la mort ?

165. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

Medard n’a jamais pensé ni pu penser aux Seigneurs de Salenci, auxquels on veut qu’il ait attribué le droit exclusif de choisir la Rosiere. […] Toutes les filles aspirent à la gloire de la couronne, & s’efforcent de la mériter par leur sagesse ; les garçons aspirent tous au bonheur d’épouser la fille vertueuse qui sera couronnée : pas un ne pense à séduire les jeunes villageoises ; ce seroit l’en rendre indigne, & se rendre lui-même indigne de l’obtenir. […] Le nombre des filles vertueuses est plus grand que ne pensent, & le monde, & le théatre : ils ne les croient rares qu’en jugeant sur celles qu’ils voient. […] de Mortfontaine pensent bien différemment ; celui-ci établit une rente de cent vingt livres, & laisse la liberté du choix ; l’autre se trouve grévé par l’énorme dépense d’un ruban, d’une bague & de quelques roses, & veut disposer en maître du choix.

166. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Son pouvoir s’étend plus loin qu’on ne pense : il est dangereux de le répandre sur ce qui est bon. […] Pour les autres femmes, les graces de leurs rivales excitent leur jalousie ; trop occupées d’elles-mêmes pour prodiguer leur encens à des charmes étrangers, elles n’y pensent que pour les éclipser. […] Y pensez-vous ? […] Mais pense-t-on que l’Evangile est la vérité, & non la coutume ; que pour damner, Dieu consulte la loi, & non la coutume ; & qu’un Chrétien, qui a renoncé aux pompes du monde, n’est pas justifié par la coutume ? Celle-ci est plus ancienne qu’on ne pense, elle remonte bien plus haut que le Christianisme : le Paganisme l’a introduite, & les nations idolâtres l’ont conservée : est-ce en faire l’apologie ?

167. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

J’ai ramassé des sommes immenses, j’ai rançonné les Rois & les provinces ; le théatre est un gouffre qui engloutit, & les pensions des Princes, & les présens des Seigneurs, & les fortunes des particuliers, & les filouteries des enfans de famille. […] 6.° On retient dans le désordre ; l’esprit rempli de ces idées, l’imagination pleine de ces images, le cœur pénétré de ces sentimens, on porte par tout le théatre, on y pense le jour, on y rêve la nuit, on en respire l’air, on en entend les chants, on en voit les danses : cette habitude se forme & se perpétue ; qui se corrige ? […] Par toi-même bien-tôt conduite à l’opéra, De quel œil penses-tu que ta Sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces discours sur l’amour seuls roulans, Ces doucereux Renauds, ces insensés Rolands, Saura d’eux qu’à l’amour, comme à son Dieu suprême, On doit immoler tout jusqu’à la vertu même ; Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lully réchauffa des sons de sa musique. […] Que penser de cette morale & de cette raison de tolérance ! […] On pense en Europe comme aux Indes : les mœurs des François ressemblent fort à celles des Mogols ; on voit chaque année dans toutes le villes, le jour des Cendres, un convoi grotesque qui va enterrer Carnaval.

168. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Si l’oisivité est condamnée dans l’Evangile, & si ce fut un suffisant motif, pour obliger le Fils de Dieu à faire le procés à un serviteur inutile ; que doit-on penser de tant de personnes de l’un & de l’autre sexe, qui passent les nuits dans une sale de bal, & la plus grande partie du jour dans les assemblées du beau monde, qui se trouvent à toutes les comedies, à tous les jeux publics, & à tous les spectacles, & qui ne seroient pas contens d’eux-mêmes, s’ils n’avoient part à toutes ces sortes de divertissemens ? […] Je vous avertiray seulement, que je ne comprends point entre ces spectacles dangereux & préjudiciables à l’innocence des spectateurs, ces réjoüissances publiques qui se font aux Entrées des Souverains, ou par l’ordre des Magistrats, pour les heureux succez de l’Etat, ni les marques de magnificences, que les Princes donnent quelquefois au public ; telles que sont les courses de Bague, Carrousels, representations de combats, feux d’artifice, triomphes, ni tous les autres dont la vûë n’a rien qui puisse porter au crime, & dont méme les personnes de pieté ont pris occasion d’élever leur esprit à Dieu, & de penser aux joyes que Dieu leur avoit preparées dans le Ciel, Si talis est Roma terrestris, quid erit Jerusalem cœlestis ? […] Que si l’on regarde la condition des Grands de la terre comme dangereuse au salut, parce qu’ils sont nez dans l’éclat, que le monde se presente à leurs yeux avec tout ce qu’il a de plus engageant, & qu’il leur faut faire de continuels efforts sur eux-mêmes, pour en détacher leur cœur ; que doit-on croire, ou penser de ceux qui le recherchent au lieu de le fuir ? […] Il sçavoit bien que pour s’attacher fortement au service de Dieu, il falloit mépriser les choses de la terre ; & que rien ne nous détourne davantage de penser aux biens solides & éternels, que de s’occuper de ces sortes d’amusemens, qui ne nous laissent qu’un dêgoût étrange des veritez chrétiennes, & de toutes les choses de l’autre vie. […] Qui vous répondra que le poison que vous avez pris sans y penser, ne vous donnera point un jour la mort ?

169. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Que sait là un Chrétien, à qui il n’est pas même permis de penser au mal ? […] A Dieu ne plaise non seulement que nous commettions ces crimes, mais même que nous y pensions : « Absit, absit a Christianis ut talia facinora vel cogitemus nedum faciamus. » Tatien. […] L’éloquent Lactance, appelé le Cicéron Chrétien, connaissait le monde, il avait été Païen ; il connaissait la Cour, il y avait passé plusieurs années Précepteur de Crispe, fils de l’Empereur Constantin ; que pense-t-il des spectacles, dont le Prince nouveau Chrétien aurait si peu souffert la licence, qu’il en abolit une partie, et fit contre eux des lois sévères, et dans le portrait desquels nous voyons l’image des nôtres (L. […] Jamais ils n’ont pensé à corriger les mœurs de personne, et ne le pourraient pas, quand ils le voudraient, « nec si velint id possint », parce que la comédie par sa nature n’est faite que pour être pernicieuse : « Mimica ars, natura sua tantummodo ad nocendum comparata. » L. […] » On peut sans rougir nommer par leur nom les plus grands crimes, l’idée du crime en est le préservatif ; mais on ne peut détailler ces jeux dangereux, même pour les condamner ; l’idée même d’amusement en est l’amorce et le voile : « Honeste non possunt vel accusari. » On peut voir commettre la plupart des péchés, tuer, voler, blasphémer, sans devenir coupable ; on ne peut voir les jeux du théâtre sans tomber dans le désordre, le spectateur est complice de l’Acteur : « Unum est aspicientium et agentium scelus. » Selon la parole de l’Apôtre, on se rend coupable, non seulement en faisant le péché, mais encore s’unissant à ceux qui le font : « Etiam qui consentiunt facientibus. » Ceux qui étaient allés chastes à la comédie, en reviennent adultères ; ils s’en étaient déjà rendus, en y allant ; chercher le vice, c’est s’en servir : « Qui ad immunda properat, jam immundus est. » Pensons-nous que Dieu ne voit pas nos désordres, ou nous flattons-nous qu’il jettera sur nous un regard favorable, quand il nous voit dans un lieu qu’il déteste ?

170. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

Enfin écoles d’irréligion, ou, si l’on ne soutient pas ex professo le matérialisme, c’est que le croyant bien établi, on pense n’avoir qu’à l’entretenir : & voici comment on y réussit. […] Tous ont des ames naturellement chrétiennes, & par conséquent ne peuvent s’empêcher au moins de penser de même. […] Penses-tu bonnement que la vérité ne perce pas à travers ces foibles nuages ? […] Nos Magisters n’ayant plus, selon toute apparence, tant de dépense à faire, sage Gouvernement, vous diminuerez leurs pensions. […] Quelle gloire pour toi , ô France ma Patrie d’avoir reformé l’Europe sur un point plus important peut-être qu’on ne pense  !

171. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXII. De l’usage du Théatre relativement au Comédien. » pp. 104-121

Il pense 1° à tout ce qui a rapport à lui ou à ses Confreres. 2°. […] On voit pour sentir & penser.

172. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

On pense comme les Sages, on agit comme les Grands. […] Nous pensions que le même sang couloit dans leurs veines & dans les vôtres ; nous apprenions sur votre modèle, à les trouver encore plus grands, & rien ne retrace plus en vous une si noble image.

173. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Rollin, l’Université, le Parlement pensent bien différemment : nous l’avons prouvé. […] Un enfant n’étudie point les fables par goût, on l’y force ; & après avoir reçu la petite récompense de son travail, il n’y pense plus, & n’y pensera de sa vie. […] Il y a bien de la différence entre un enfant & un homme fait : un enfant qu’on veut instruire avec des fables, les apprend d’abord, s’en amuse comme d’un chose vraie ; mais en voyant le faux & le ridicule, puisqu’il fait bien que les bêtes ne raisonnent ni ne parlent, il s’en moqué & pense qu’on se moque de lui, il ne fait aucun cas d’une instruction si frivole, qui ne porte que sur une fausseté palpable ; il les apprend comme une tâche à laquelle sont attachées des punitions & des récompenses, des éloges de sa mémoire & de son esprit : pour la morale il n’y pense pas, ce ne sont que des fables. […] Après avoir fait réciter une fable à un enfant le livre à la main, on n’y pense plus, on va dans le cabinet se dédommager avec les contes. […] le pouvez-vous penser ?

174. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

N’importe : je dirai librement ce que je pense. […] Racine est, je pense, l’homme de la terre qui en a eu davantage. […] Ainsi donc Pyrrhus plein d’amour & de présomption, a pû penser & dire ce que penseroit & diroit à sa place un homme né à Paris. […] Il y a, je le sens, bien de la liberté dans cette critique rigoureuse, à laquelle personne n’avoit pensé avant moi. […] Je pense à peu près de même.

175. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Seconde Lettre. De madame Des Tianges, À sa Sœur. » pp. 21-24

tu l’as donc pensé, que je t’accusais d’humeur !

176. (1751) Avertissement (Les Leçons de Thalie) pp. -

« Ridiculum acri, Fortius ac melius magnas plerumque secat res. » C’est ainsi que pensait Molière, le Père de la Comédie en France, le Maître et le vrai modèle de tous ceux qui se sont adonnés à ce genre d’écrire.

177. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

Le mal que causent les spectacles s’étend beaucoup plus loin qu’on ne pense ; ils n’attaquent pas seulement la pudeur et la foi, ils favorisent encore l’orgueil, l’ambition, la jalousie, la vengeance, le désespoir.

178. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Dans ces fêtes brillantes, elle ne pensoit plus au Carmel, & le Duc n’y avoit jamais pensé. […] Il y pensa perdre la vue : s’écrie, pour se consoler, Pour plaire à ses beaux yeux, j’ai fait la guerre aux rois, je l’aurois faite aux dieux . […] Elle étoit peu faite à cet élément, elle pensa être noyée, on la retira avec beaucoup de peine, enfin la barque la transporta dans un vaisseau anglois qui se trouvoit près de la côte. […] Je ne trouve plus de force dans mon ame, je ne puis y songer sans mourir, & je ne puis penser à autre chose. Comment y pense-t-elle si elle est morte ?

179. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Quel pays & quel siécle, où la vue d’un Dieu mourant, les images de sa mere & des Saints si digne de respect, d’amour & de confiance fait vomir des blasphêmes ; quelle société, où il est ridicule de penser à l’objet le plus intéressant & le plus digne de l’homme ! […] Pense-t-on bien au salut de ces jeunes peintres ? […] Avec cette façon de penser si philosophique, il n’est pas surprenant qu’on ait banni des appartemens, & même des breviaires, toutes les images de dévotion, du moins comme inutiles ; qu’y feroient-elles ? […] Le prophete Ezéchiel & l’auteur du livre de la Sagesse, gens fort sérieux & très peu amateurs du théatre, pensent bien différemment. […] Si ces amans savoient que la personne qu’ils aiment entend derriere la tapisserie les discours qu’ils tiennent à son portrait, ils seroient fondés à les tenir ; mais pensent-ils qu’elle les entend ?

180. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Mais l’Auteur a-t-il pensé qu’il faisoit le portrait des trois théatres ? […] Jamais qui que ce soit ne l’a dit ni pensé. […] A quoi pense l’Auteur, de rapporter, d’approuver, de faire valoir des excès qu’on ne sauroit trop ensevelir dans l’oubli ? […] sans avoir même l’équité de penser que les calomnies n’ont été débitées contre lui par des Ecrivains ultramontains, qu’en haine de la translation du Saint Siege. […] Mais le pussent-ils, personne ne s’est encore avisé, ni vrai-semblablement ne s’avisera de donner un tel catéchisme aux enfans : il faut être peu sage pour le penser & l’écrire.

181. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Le tragique fait penser profondément, s’occupe d’objets sérieux, fait parler des personnes graves, décentes, élevées, raisonne dans le conseil des Princes d’affaires importantes, & traite de grands intérêts. […] La comédie ne sait que voltiger, ne se nourrit que de frivolité, & ne pense qu’à faire rire ; on lui pardonne tout : ses écarts sont sans conséquence, ils passent pour des beautés, s’ils amusent. […] Si Moliere revenoit au monde, & lisoit un pareil commentaire, il seroit tout étonné de se trouver si savant & si grand observateur des règles, auxquelles il n’a guere pensé. […] L’habitude en est prise, la France n’ose penser autrement après un siecle de soumission. […] Le Panégyriste couronné de Moliere n’affoiblit pas moins, sans y penser, les rayons de cet astre brillant qui l’éblouissent : Jamais comique ne rencontra des circonstances si heureuses ; Corneille avoit élevé ses idées, on n’avoit point encore senti l’influence du génie de Descartes ; mais on respectoit moins les préjugés, le goût des connoissances rapprochoit les conditions.

182. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  RACINE. A Mlle. Le Couvreur. » pp. 77-80

 Je ne sais quel trouble m’annonce Que puisqu’il vous connoît, il pense comme moi.

183. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — article » pp. 419-420

Il faut moins de voix qu’on ne pense, pour être entendu dans nos Salles de Spectacles, & il est peu de situations au Théâtre où l’on soit obligé d’éclater : dans les plus violentes même, qui ne sent l’avantage qu’a sur les cris & les éclats, l’expression d’une voix entrecoupée par les sanglots, ou étouffée par la passion ?

184. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

L’auteur pense que le théatre & la dignité du Roi, sont deux idées faites l’une pour l’autre. Les Comédiens pensent comme lui : admirez les progrès du théatre ; ce fut d’abord une bonté dans les Rois de le tolérer, pour l’amusement du peuple ; ensuite un trait de sagesse de donner cette occupation aux gens oisifs, qui feroient encore pis, s’ils étoient laissez à eux-même. […] Ceux qui pensent s’y cacher, n’en sont que plus remarqués. […] A-t-on bien pensé au ridicule de cet assemblage, & même à son indécence ?

185. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Il passe du théatre à son camp volant, & quittant l’Actrice, il va donner dans une embuscade, & ne pense pas que c’est sa conduite qui donne la plus ridicule comédie. […] Sa femme, lasse de tant de tracasseries, l’abandonna, s’en retourna en Flandre, & ne pensa plus à lui, quoiqu’elle eût été reconnue par le Roi & la Reine, & par la Cour de Rome. […] Il revient à Paris, de là en Flandre, ne pense plus à son Espagnole, fait des promesses de mariage à quelque Flamande, en abuse, & passe à une troisieme. […] Il se divertissoit dans un corps de garde, comme il auroit pu faire avec les plus grands Princes ; quoiqu’il eût quelque chose de bas pour un souverain, il n’étoit pas possible de ne pas l’aimer , sur-tout quand on pense comme lui.

186. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

Plus heureuse que je n’eusse oser le penser, j’ai trouvé chez la plus sage & la plus délicate des Nations, la réalité de mes rêveries. […] C’est donc une erreur, de croire, que les inconvéniens du Spectacle ne soient, absolument, que dans le Drame, dans la pompe du Spectacle, la Musique & les Danses, la dissipation, la volupté qui l’accompagne, puisqu’en elles-mêmes toutes ces choses peuvent être très-innocentes ; ils sont, essenciellement, dans la façon de penser du siècle, que le Drame n’a point donnée, mais qu’il a suivie ; ils sont, accidentellement, dans l’Actricisme, ou la manière de jouer ; dans la personne même des Comédiens & des Comédiennes de profession. […] Monsieur De Voltaire pense bien différemment ; on l’a vu plus d’une fois attribuer modestement le succès de ses Pièces au zèle & à la bonne volonté des Acteurs, qui les portaient à se surpasser eux-mêmes : monsieur Diderot reconnaît de même l’excellence de leur talent, la part qu’ils ont à la réussite des Drames ; & cet estimable Auteur fait aujourd’hui mieux que jamais (on écrivait ceci dans le tems de la Reprise du Père-de-famille) que le mérite des Acteurs double celui de la Pièce. […] D’habiles Physiciens ont pensé, qu’il se fesait continuellement par les yeux des personnes passionnées, des amoureux, ou des femmes lascives, une émanation d’esprits infiniment projectiles, qui communique insensiblement à ceux qui les écoutent & les regardent, les mêmes agitations dont ils sont affectés.

187. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Monsieur, Vous m’avez prié de vous mander qui était l’Auteur d’une Lettre écrite en faveur de la Comédie, qui court depuis peu dans le monde ; si le Théologien illustre à qui on l’attribue, est un Docteur de notre Faculté, et ce que je pense enfin du mérite de cette Lettre. […] Tertullien interdit encore les Spectacles aux Chrétiens, parce que la dissipation des Spectacles ne leur permet pas de penser à Dieu. […] c’est-à-dire, un Pape quitter la Chaire de saint Pierre, pour s’assoir avec les moqueurs dans la chaire de pestilence, (car c’est ainsi que Tertullien prétend que David a traité la Comédie,) il y a même de l’impiété à le penser. […] » Notre Docteur est ici bien loin de son conte ; il vient se briser contre la colonne même dont il pense se faire un appui. […] Voilà, Monsieur, au plus juste, ce que je pense du mérite de la Lettre sur laquelle vous avez voulu que je vous expliquasse mes sentiments.

188. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Le nombre de ceux qui pensent n’est pas si grand. […] Nous penserions moins parfaitement que ces Barbares. […] Voilà les désordres dont il pense que les Comédies de Moliere ont pu arrêter le cours. […] S’ils sçavent tout ce qu’on a pensé, en ignorent-ils moins ce qu’on a dû penser ? […] Qu’en pense le même Spectateur après la représentation ?

189. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Les Romains, lorsqu’ils commencèrent à penser, se délassaient des travaux de la Guerre, en écoutant les Pièces de Plaute & de Térence. […] Les Gens dont j’ai parlé plus haut, ennemis de la Comédie par ignorance ou par entêtement, voyent sans doute le nouveau Théâtre de mauvais œil ; ils doivent penser qu’on a très-grand tort de multiplier les Spectacles : il est aisé de leur faire sentir combien ils sont dans l’erreur.

190. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Ces Ridicules, dépendans des usages, des modes, & des différentes manieres de penser, suivant les tems & les Nations, ne doivent pas, à ce qu’il semble, être toujours attaqués de la même façon. […] Ainsi par un sel Attique, par Atticisme, nous n’entendons pas seulement la délicatesse du langage des Atheniens, mais leur maniere délicate de penser, & leur maniere fine & enjouée de railler.

191. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

On distribuera de l’argent aux pauvres, & des billets pour venir danser ; à envisager avec les yeux de la réligion, ce mêlange de piété & de théatre, de cérémonies du Baptême & d’un bal paré ; des aumônes aux pauvres, & d’un bal masqué, on ne sait que penser de l’esprit du siécle ; les cérémonies du Baptême font un contraste singulier, on y fait un renouvellemtn solemnel au démon, à la chair, au monde & à ses pompes, & pour le célébrer òn étale ses pompes, on s’y livre ; on y invite, on s’en fait un devoir. […] Le Pape n’y avoit pas pensé, dans tout autre tems on ne s’en seroit pas apperçu ; mais on étoit mécontent de lui. […] Faut-il que son intérêt ait pensé causer un schisme, & en inspirant de l’aversion pour le Chef de l’Eglise, occasionné une si grande division ? […] C’est cette idée fort connue, qui a fourni la matiere des ballets des quatre saisons, des quatre élémens, des quatre parties du monde ; car on auroit tort de penser qu’il y ait de vraie nouveauté au théatre. […] Il retomba dans la même faute, & sans penser à Dieu, il ne compte que sur l’art des medécins.

192. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Ce bon homme très-peu sauvage, qui sait rire & qui sait penser, charmant quoiqu’il dise la Messe, qui sait quitter le saint autel, pour venir s’amuser à table. […] Y pense-t-il ? […] Que ne servent-ils d’exemple aux hommes timides qui rampent dans le cercle étroit des bienséances serviles, & qui osent écrire quand ils craignent de penser ! L’Auteur n’a pas ce reproche à se faire, il n’est point timide, il ose penser, & le cercle des bienséances serviles n’est pas pour lui bien étroit, il le franchit aisément, ce n’étoit pas le genre de mérite qu’il falloit choisit pour modele & en faire l’éloge. […] Selon l’expression de sa servante, lorsqu’on voulut lui porter les Sacremens, dont tout le monde faisoit si peu de cas, qui, ni Louis XIV, qui recompensoit tous les gens de lettres, ne pensa à lui, ni l’Académie ne songea à l’adopter, ni Boileau, qui étoit lié avec lui, & avoit vu ses ouvrages, ne le crut digne ni de ses satyres, ni de ses éloges, & lui-même fit brûler ses contes divins dont il fit une sincere pénitence.

193. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Je m’étonne que dans la multitude de recherches qu’a fait ce grand amateur de la danse, qui n’étoit pourtant pas grand danseur, il n’ait point parlé de la danse du sabbat ; il eût aisément trouvé dans les procès des Curés de Loudun & de Marseille, qu’on fit brûler, & dans tous les livres qui traitent des Sorciers & Magiciens, que dans le sabbat le diable donne le bal, que les sorciers & sorcieres dansent en rond, y font des pas de deux, de trois, des contredanses, des bourrées, des gigues ; que le diable est, comme de raison, le Roi du bal ; que malgré ses cornes & sa queue il se fait admirer par la légèreté de ses sauts, l’agilité de ses caprioles, la souplesse de ses membres, la finesse de ses pates, la justesse de son oreille, ainsi que les violons par la beauté de l’exécution ; que les plus malotrus sorciers & les plus vieilles sorciers, tout à coup changés par la vertu de sa baguette, s’y présentent de la meilleure grace, comme de vrais Adonis ; qu’on y sert des rafraîchissemens, & qu’on y prend toutes les libertés qu’on veut, sans que le diable s’en scandalise, comme l’on pense bien ; mais qu’aussi on en revient bien fatigué, lorsque le matin, à cheval sur un bâton, on retourne chez soi. […] La plupart des mouvemens du corps, des gestes, des attitudes, sont sans doute des signes des mouvemens de notre ame, & comme des traits du tableau, signes très-naturels qui échappent souvent sans qu’on y pense, & n’en sont que plus expressifs, signes moins arbitraires que les mots, qui sont différens dans toutes les langues ; au lieu que les gestes, par-tout les mêmes, sont entendus de tous les hommes, & même des animaux, qui fuient, viennent, craignent, caressent, selon qu’on les appelle ou les menace, qui ont eux-mêmes leurs gestes très-significatifs pour se faire entendre, & entr’eux, & des hommes. […] Pense-t-on au gouvernement quand on est au bal, à la comédie (j’ajoute, y pense-t-on à la piété) ? […] Je pense au contraire que la musique est naturellement liée à la danse, qu’elle excite machinalement à danser, qu’elle en règle les pas, la mesure, par la cadence, qu’elle en fait l’un des grands agrémens, & qu’en préparant, flattant, amollissant le cœur, elle en augmente le danger.

194. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Une année se passe dans un silence aussi peu possible à une femme, à une amante, à une folle, qui ne se fait Moine que pour être auprès de lui, que la stupidité d'un libertin, d'un désespéré, qui ne pense qu'à elle, qui voit tous les jours son portrait, qui l'a tous les jours à ses côtés et ne la connaît pas. […]  » Est-ce ainsi qu'on pense et qu'on parle à la Trappe ? […] Personne n'y pense. […] « Et qui prêts à brûler des plus coupables feux, Morts pour le genre humain pensent vivre pour eux. » Le Clergé séculier et régulier est donc fou, libertin et hypocrite, et à charge à la société ? […] On ne pense pas ainsi à la Trappe.

195. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Mais afin que les autres en pensent comme lui, il faut qu’il marque en quoi la Comédie se corrige. […]  » C’est apparemment une horreur qui ne les rend pas fort délicats : c’est même une horreur merveilleuse ; car elle fait ce qu’on n’aurait jamais pensé, elle rend compatible la crainte du péché avec une volonté constante et positive de contenter ses sens. […] Si la pauvreté ne sert plus à nous rendre vertueux, ou n’a nul avantage en cela sur les richesses, à quoi pensait Jésus-Christ d’appeler les pauvres bienheureux, et de dire anathème aux riches ? […] Le Théologien n’y pense pas. […] Si, dis-je, le Théologien avait pensé à cela, il aurait eu honte de prétendre excuser la Comédie par les circonstances des temps, des lieux, et des personnes.

196. (1731) Discours sur la comédie « Lettre à Monsieur *** » pp. -

Enfin pour déterminer quel tour il serait à propos de prendre, il faudrait y penser, et vous savez, MONSIEUR, que j’ai autre chose à faire.

197. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Il a le courage de s’élever au-dessus des préjugés de son état, & de dire librement ce qu’il pense. […] Voilà ce qu’il pense des tragédies, même de celles où le crime est puni : en quoi, je le trouve d’accord avec La Mothe, qui dit : « Quelque sorte que soit la leçon que puisse présenter la catastrophe qui termine la pièce, le remède est trop foible & vient trop tard. » Mais on a combattu l’idée de M. […] Tout ce qui pense chez eux, la laisse s’enivrer & fumer, & se rend en foule à la comédie à Carouge.

198. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

Je pense qu’il leur est permis de mettre en action toute la vie de leurs personnages, de sorte que leurs Tragédies sont l’histoire détaillée de leur Héros ; car je ne crois pas qu’ils ayent de Comédies ; parce qu’une action comique ou la peinture d’un ridicule, ne sçaurait être d’une si grande étendue qu’une action purement tragique. […] Je crois, ainsi que l’a dèjà pensé D’aubignac, qu’il faudrait que le Poète intelligent rendit l’action de sa Pièce ègale au tems qu’on employe à la voir représenter. […] Ses Auteurs ont pensé sans doute qu’il n’en était point susceptible.

199. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Or la Comédie est entierement opposée à toutes ces saintes dispositions : car elle ne travaille qu’à étouffer dans ceux qui la fréquentent le souvenir et le regret de leurs péchés, afin qu’ils ne pensent qu’à se divertir, à rire et à passer agréablement leur temps. […] On trouve bientôt la fin Des jours de réjouissance, L’on a beau chasser le chagrin Il revient plutôt qu’on ne pense. […] Les Citoyens de Babylone au contraire ne songent qu’à se bien établir sur la terre eux et leurs enfants ; parce qu’ils la considèrent comme leur Patrie, et ne pensent nullement au Ciel.

200. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

On s’épuise depuis si long-tems à parler de Corneille & de Racine, on débite sur cette matière tant de paradoxes outrés, on s’écarte si fort de la vérité par enthousiasme ou par esprit de contradiction, que c’est rendre un vrai service au Public, que de lui remettre sous les yeux ce qui a paru de plus sagement pensé & de mieux écrit sur les productions & sur le génie de chacun de ces deux Poëtes.

201. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXIII. Impossibilité de réformer entièrement les spectacles. » pp. 191-194

Ils savaient que, quand on veut plaire, on le veut à quelque prix que ce soit, et que de toutes les pièces de théâtre qui sont toujours ou graves et passionnées, ou plaisantes et bouffonnes, on n’en trouverait pas une seule qui fût digne d’un chrétien ; on a cru qu’il valait mieux détruire la comédie que de penser à la réduire, contre sa nature, aux règles sévères de la vertu.

202. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « JUGEMENT DE M. DE VOLTAIRE, SUR LES SPECTACLES. » pp. 78-81

J’ai toujours pensé que la Tragédie ne doit pas être un simple spectacle, qui touche le cœur sans le corriger : qu’importe au genre humain les passions et les malheurs d’un Héros de l’Antiquité, s’ils ne servent pas à nous instruire.

203. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à rejeter. » pp. 313-318

Quand la critique ne roule que sur l’art ou sur l’esprit d’un Auteur, il est juste de la modifier ; mais quand elle regarde les mœurs, je crois qu’on ne saurait trop tôt se taire ; j’ai loué Molière autrefois en parlant de cette Pièce16, et je conviens qu’il mérite toute sorte de louange par rapport au génie et à l’art qu’il y a mis ; mais pour ce qui regarde les mœurs, loin de l’approuver je suis au contraire persuadé que ses plus grands partisans (parmi lesquels j’ose me compter, d’autant plus que je l’ai étudié à fond) je suis persuadé, dis-je, que ses plus grands partisans pensent comme moi de l’Ecole des Maris, et la banniraient, comme je fais, du Théâtre de la réforme.

204. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Si chacun étoit de votre sentiment, les comédiens n’auroient pas grand-pratique ; & bien leur en prend que tout le monde ne pense pas comme vous. En condamnant si ouvertement la comédie, vous vous attirez plus d’ennemis que vous ne pensez. […] P., ce que la plus vénérable antiquité a pensé de la comédie, & pourquoi j’ai dit qu’elle est une école publique du vice, & le triomphe du démon dans le monde. […] Mais on pourroit leur en opposer d’autres d’une aussi grande considération, qui n’en ont pas pensé aussi mal.

205. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

C’est un parfum exquis, mais empoisonné ; on le flaire avec délices, on en demeure tout embaumé, &, sans y penser, mortellement atteint. […] Mais je crois qu’aujourd’hui on ne s’embarrasse guère d’en faire l’apologie, soit qu’on ait noblement secoué le joug de la décence, ou qu’on désespère d’y réussir, ou qu’on pense qu’il suffît d’interdire les termes de harangère, qui d’ailleurs n’ont aucun sel. […] Ou bien il faut penser, comme l’Auteur de l’apologie du théatre, que l’incontinence est un besoin physique & périodique, qu’on ne peut s’empêcher de satisfaire, & dont on doit aussi peu s’embarrasser que du manger & du boire. […] Il faut que ce goût, ou plûtôt cette fureur soit bien dominante, pour avoir fait penser à une personne qui paroît d’ailleurs sage & pieuse, qu’une éducation théatrale formera de bonnes mœurs, qu’en dégradant l’Écriture on donnera de la religion, qu’une tête pleine depuis l’enfance de décorations, de parures, de farces, fera une bonne fille, une bonne mère, une femme chrétienne, & que les Communautés Religieuses porteront l’aveuglement jusqu’à adopter un systême d’éducation qui choque les premiers principes de la religion & de la vertu.

206. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

 N’écoutons plus ce penser suborneur ;  Courons à la vengeance. » Non, non ; la chimère de l’honneur lui fera hasarder et sa vie et son salut, pour avoir raison d’une parole peut-être indiscrète, ou d’un affront prétendu. […] exhorte les parents d’éloigner leurs enfants de toutes les occasions où ils sont en danger de perdre le précieux trésor de leur innocence, et surtout de les empêcher d’aller aux spectacles ; comme on empêche une servante, dit-il, de porter une chandelle allumée en des lieux où il y a de la paille, de peur que lorsqu’on y pense le moins, il ne vienne à tomber une étincelle de feu dans cette matière combustible, et ne cause un embrasement entier de toute la maison. […] C’est, dit-il, la débauche de leurs Spectateurs qui fait leur félicité et leur bonheur : car s’ils s’appliquaient à la vertu, le métier de Comédien serait aussitôt anéanti : c’est pourquoi ils n’ont jamais pensé à corriger les véritables dérèglements des hommes. […] Et cependant avec toute sa diablerie, Il faut que je l’appelle, et mon cœur et ma mie. » « Non, je ne pense pas que Satan en personne Ecole des Maris Acte V.

207. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Le théâtre pense si peu à la produire, qu'elle l'anéantit, et de parfaits Stoïciens ne seraient jamais ni auteurs, ni acteurs, ni spectateurs ; que produiraient-ils ? […] Ainsi pensait ce sage Législateur qui ne voulut pas imposer des peines au parricide, regardant ce monstre comme inouï et impossible. […] » Racine pense de même (Préface de Phédre) : « Le théâtre de Sophocle et d'Euripide était une école où la vertu n'était pas moins bien enseignée que dans celles des Philosophes. […] [NDE] On pourrait penser que La Tour mélange Sextus Julius Frontinus, auteur romain des Stratagemata ou Stratagèmes militaires, et Frontin, le valet du 18e siècle, rusé et malin, qui est devenu presque un personnage type dans la lignée de Scapin, etc.

208. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Il s'en faut bien que le Dieu des Chrétiens soit si bien servi dans ses Eglises, qu'on y ait la même révérence, et que la religion des Magistrats y fasse observer la même police pour les offrandes, et publiques à la porte, et particulières dans les chapelles des Prêtresses, les pensions, etc. qui peut les apprécier ? […] Le quiétiste s'unit à Dieu dans ce moment, dit-il, et s'en fait un mérite ; Thalie, plus humble et plus vraie, ne se pique point de ce mérite et de cette gloire, et ne pense point du tout à Dieu. […]  » Donnât-on des lois à la fougue des passions, ce qu'assurément ne permet pas de penser ce visage enflammé, ces regards étincelants, ces gestes convulsifs de tout ce monde efféminé qui joue et qui voit jouer la comédie, si capables de brûler tous les cœurs, il n'est pas permis de se livrer aux objets, au plaisir, à l'émotion, même en passant. […] Le plaisir du théâtre est précisément le contraire de la contrition, son esprit, son langage l'opposé de celui de la pénitence ; l'adultère, le meurtre, l'intrigue, la fourberie, la vengeance, etc. qui jouent constamment les plus grands rôles, elle s'en accuse, les déteste, et voudrait au prix de tout les anéantir, elle n'y pense qu'avec horreur, fallût-il mourir mille fois plutôt que de les commettre ou de s'y exposer.

209. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

L'Auteur a cru sans doute pour la récréation des gens dévots devoir donner une farce à laquelle Arlequin n'aurait osé penser. […] Que devaient penser du théâtre ces deux Philosophes, où ils voyaient qu'on avait la sottise de représenter des sottises, la cruauté de peindre des cruautés, le crime de s'occuper des crimes ? […] Ce qu'il serait horrible de penser du maître, peut-il être permis au disciple ? […] Cet esprit ne pense point, il rêve ; c'est un miroir à facettes, où dans mille points de vues différents tout se peint et s'efface, un de ces coureurs qui sous le cri pompeux de rareté, de curiosité, en tournant une manivelle, fait parcourir toute la terre dans un quart d'heure.

210. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Elle ne pense plus à sa vengeance, enfin son caractère est tout vertueux, comme ledit le Poëte lui-même. […] Il en est des talens embrassés par toute une nation, comme d’un esprit occupé de tous les objets à la fois ; de même que dans la vaste sphere des connoissances humaines, l’esprit achete un amas de notions ébauchées & mal-digérées au prix de l’art de penser & de bien savoir ; de même, une Nation entiere qui voudroit raisonner & parler de tout, qui auroit effleuré toutes les Sciences, n’en auroit que des idées vagues & confuses, & auroit souvent perdu jusqu’au sens commun.

211. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-4

Il pensa bien differemment dans la suite ; encore même dans la Préface de Phedre reconnoît-il une partie de la vérité ; & son fils, élêve de ses dernières années, où il avoit embrassé la piété, lui rend dans ses remarques un hommage sincère & funeste, qui farde le vice & défigure la vertu, école pernicieuse qui en donne & des leçons & des modèles !

212. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XI. Que les Poèmes Dramatiques n'ont point été condamnés. » pp. 230-236

C'est donc ainsi que les Chrétiens ont fulminé contre les Jeux Scéniques et contre tous les Mimes et Bateleurs qui n'y paraissaient que pour faire les divertissements du peuple, par des actions et des paroles dignes de la plus grande sévérité des Lois, et qu'ils ont empêché que la sainteté des Chrétiens ne fut souillée par la communication de ces impudences, dont le poison se pouvait aisément glisser dans l'âme par les yeux et par les oreilles : ils n'ont pas traité de la même sorte la représentation des Poèmes Dramatiques, et je ne trouve que fort peu d'endroits qui témoignent ce qu'ils en ont pensé « Comœdiae et Tragœdiae horum meliora Poemata. » Tertull. de Spect.

213. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Il ne sert de rien de répondre, qu’on n’est occupé que du chant et du spectacle, sans songer aux sens des paroles, ni aux sentiments qu’elles expriment : car c’est là précisément le danger, que pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, ces sentiments s’insinuent sans qu’on y pense ; et plaisent sans être aperçus.

214. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

il n’en faut guère moins penser des filles : Toute leur imagination n’est que de ce qu’elles ont vu. […] Que les impies ne pensent point se prévaloir d’une si amoureuse condescendance ; car Dieu ne fait pas tous les jours des coups de grâce. […] Pensez-vous que je le doive faire ? […] Comme je ne pense avoir rien oublié de ce qui peut faire à son avantage, aussi ne dois-je rien dissimuler de ce que les gens de bien y reprennent. […] Le pauvre en souffre et ne trouve personne qui pense à le dédommager.

215. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  TABLE. DES MATIERES. Et des Personnes dont il est parlé dans les deux Volumes. » pp. 567-614

Ce qu’il faut penser des actions équivoques des saints personnages, b, 229. […] Ce qu’il pensa de l’Opéra, d’après une expérience qui se fit chez lui, 79. […] Ce qu’on doit penser des abus les plus anciens, a, 119. […] Ce qu’il pense du contraste que présente le mélange des Drames réunis en une même représentation au Théatre François, 112. […] Ce qu’il pense des Spectacles de Rome, b, 227 Zurlauben (le Baron de).

216. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIII. » pp. 62-65

On pourrait peut-être penser que ces six infirmes sont autant de Symboles d’infirmes spirituels : Et cela serait alors plus supportable pour représenter la charité d’un Evêque ; mais ce que vous dites ensuite empêche qu’on n’y donne ce sens.

217. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VI. Les spectacles produisent et favorisent l’incrédulité. » pp. 86-89

Jugerait-on, en assistant à la représentation de leurs tragédies, qu’ils n’ont point pensé, en matière de religion, comme Sophocle et Euripide ?

218. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « AU LECTEUR. » pp. -

Je hais la dissimulation, et; je pense tout haut.

219. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VIII. Dans quelle Nation la Poësie Dramatique Moderne fit-elle les plus heureux progrès ? » pp. 203-230

Evremond a pensé bien différemment quand il écrivoit sur les Spectacles des Italiens, à l’égard de leurs Tragédies elles ne valent pas la peine qu’on en parle : les nommer seulement c’est inspirer de l’ennui. […] Il est aisé de juger par cette Lettre, que Riccoboni, qui possédoit le Théâtre François, n’a point pensé tout ce que dans son Histoire du Théâtre Italien il a écrit de favorable à la Poësie Dramatique de sa Nation, qu’il a voulu ménager. […] L’ancien Caton regarda avec un sage mépris Rome apprenant les Arts de cette Grece qu’elle avoit vaincue ; notre Théâtre a eu trop longtems l’obligation de sa durée à des Piéces transportées de la France, ou à des Chants Italiens ; osez vous-mêmes penser : & pour affermir votre Théâtre, livrez-vous à votre chaleur naturelle, Dare to have sense your selves, assert the stage.

220. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

Et puis, Madame, vous penserez aprés cela, que le theatre peut-être bien innocent ? […] Car de penser que parmi tant de charmes pour les yeux, & pour les oreilles, que presente le theatre, l’on puisse y être avec un cœur invulnerable, & une pureté toûjours exacte & delicate, c’est une idée, & tout ensemble une temerité, qui merite que l’on perde ce que l’on pretend conserver.

221. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Il est du moins certain que Molière lui-même travailla, sûrement sans y penser, dans le goût des Drames qui sont l’objet de notre estime. […] On jurerait qu’il est composé depuis peu, tant il a de raport avec notre façon de penser actuelle ; qu’on en juge.

222. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Quoiqu’il en soit, on ne le peut accuser que d’avoir pensé, ce qui n’est aucunement permis et ce qu’on ne peut sans injustice, puisque c’est assurer une chose que l’on ne sait pas. Si ce commentateur voyait que l’endroit dont il parle pût tourner l’esprit à de sales pensées, il le devait passer sous silence et n’en devait point avertir tout le monde, pour n’y pas faire songer ceux qui n’y pensaient point.

223. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE I. Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie. » pp. 2-17

Il se sert encore d’un autre motif, pour détourner les Fidèles des Spectacles ; c’est dans le chap. 25 du même Livre, où il parle de la manière suivante : « Un homme pensera à Dieu dans ces lieux où il n’y a rien de Dieu ? […] Ce saint Docteur examine d’abord, dans l’Homélie 15. au peuple d’Antioche cette question, si c’est un péché d’aller à la Comédie, par ces paroles : « Plusieurs s’imaginent qu’il n’est pas certain que ce soit un péché de monter sur le Théâtre, et d’aller à la Comédie : mais quoiqu’ils en pensent, il est certain que tout cela cause une infinité de maux ; car le plaisir que l’on prend aux spectacles des Comédies, produit l’impudence, et toutes sortes d’incontinences.

224. (1726) Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat « Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat » pp. 176-194

Projet pour rendre les spectacles plus utiles à l’Etat Je suis de l’avis de ceux qui pensent que les bons citoyens dans leur belles pièces sérieuses peuvent inspirer, entretenir et fortifier l’amour pour la patrie et des sentiments de courage, de justice, et de bienfaisance ; je crois de même que dans leurs pièces comiques ils peuvent inspirer du dégoût et de l’aversion pour la mollesse, pour la poltronnerie, pour le métier de joueur, pour le luxe de la table, pour les dépenses de pure vanité, pour le caractère impatient, chicaneur, avaricieux, flatteur, indiscret, hypocrite, menteur, misanthrope, médisant, en un mot pour tous les excès qui font souffrir les autres et qui rendent les vicieux fâcheux et désagréables pour plusieurs des personnes avec qui ils ont à vivre. […] Au reste c’est à l’Etat à payer par des pensions une partie des frais des spectacles lorsqu’ils sont utiles à la société, et c’est aux spectateurs à payer l’autre partie de ces frais, parce qu’ils en retirent du plaisir.

225. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVII. Du gouvernement & de la Police intérieure du Théâtre. » pp. 12-18

Quelquefois seulement, on veut bien concourir par orgueil au bien public ; mais quand la vanité s’est satisfaite, on ne pense plus qu’à soi-même.

226. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIII. La Comédie considérée dans les Acteurs. » pp. 26-29

Peut-on le penser autrement quand on est témoin de leur insensibilité à la vue des ouvrages qui lui sont faits ?

227. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XIII. S’il est nécessaire qu’une Pièce de Théâtre plaise autant à la lecture qu’à la représentation. » pp. 359-363

Je fais qu’il est un grand nombre d’Auteurs, & sur-tout parmi ceux qui écrivent des Opéras-Bouffons, qui pensent que c’est assez qu’un Drame réussisse au Théâtre, & qu’il faut peu s’inquiéter de l’éffet qu’il sera à la lecture.

228. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VI. Des Poèmes Dramatiques représentés aux Jeux Scéniques. » pp. 135-144

Nous avons un exemple dans l'Andromaque d'Euripide, où nous lisons des Vers Elégiaques que je pense avoir été chantés.

229. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XI. Si on a raison d’alléguer les lois en faveur de la comédie. » pp. 46-48

[NDUL] Bossuet pense sans doute à Tacite, qui a dit des astrologues : « Genus hominum potentibus infidum, sperantibus fallax, quod in civitate nostra et vetabitur semper et retinebitur » (Tacite, Histoires, I, 22).

230. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

La raison et la Religion ne nous permettent pas de regarder simplement l’impureté comme une chose ridicule ; elles veulent que nous en ayons horreur, et elles demandent que nous en ayons tant d’éloignement, que nous n’y pensions jamais.

231. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Il est des matières dont tous les objets ont tant de ressemblance, qu’il n’est guère possible de les diviser heureusement ; il est d’ailleurs plus difficile qu’on ne pense d’avoir de l’ordre. […] Mais, si l’on ne convient pas que ce plan soit impraticable, on avoue du moins qu’il a bien des difficultés, et l’on ne pense pas qu’il s’exécute jamais. […] Il ne pense pas qu’elle ait raison de se flatter d’être plus pure que l’ancienne : le caractère qu’il fait de Molière est achevé ; et par là même il en fait un maître dans l’art des mœurs d’autant plus mauvais, qu’il le fait meilleur dans l’art du poème dramatique. […] L’on ne pense pas que personne fasse à ce Saint l’injure de croire qu’il aura précisément choisi, pour s’amuser, les endroits licencieux, qui d’ailleurs sont plus rares dans ce Poète que dans aucun autre. […] Ainsi il s’en faut de beaucoup que le raisonnement que M.F. fait à ce sujet, suffise ; et bien loin qu’il soit impossible d’y répondre, de bonne foi on pense qu’on aurait pu se passer de le faire absolument.

232. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Et puis, on me prenait la main ; on l’aurait baisée, je pense, si je l’avais souffert. […] Mais il ne s’est point avancé davantage ; & dans un moment où je pensais qu’un indiscret aveu allait s’échapper, c’est toi qu’il a nommée. […] D’après cette règle, que doit-on penser de quelques Pièces comiques où le vice est quasi peins en beau, ou bien sous le vernis d’un léger ridicule, qui ne suffit pas pour le rendre odieux ? […] Je pense qu’un Auteur adroit trouvera une ressource suffisante pour s’en passer, dans la disposition intelligente de ses personnages, & le sage emploi de l’apostrophe. […] Le Spectateur, dira-t-on, sent bien que le personnage ne fait que penser ce qu’il exprime tout haut.

233. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

Il ne faudrait point nous réduire à la nécessité d’expliquer des choses auxquelles il serait bon de ne penser pas.

234. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 7-8

Augustin dit : Pensez-vous, mes frères, que Dieu donne son paradis à des fous ; et ceux à qui il ne donnera son paradis, quel autre séjour peuvent-ils attendre que la compagnie des réprouvés11 ?

235. (1802) Sur les spectacles « RÉFLEXIONS DE MARMONTEL SUR LE MEME SUJET. » pp. 13-16

Le public comprend trois classes : le bas peuple, dont le goût et l’esprit ne sont point cultivés, et n’ont pas besoin de l’être, mais qui, dans ses mœurs, n’est déjà que trop corrompu et n’a pas besoin de l’être encore par la licence des spectacles ; le monde honnête et poli, qui joint à la décence des mœurs une intelligence épurée et un sentiment délicat des bonnes choses, mais qui lui-même n’a que trop de pente pour des plaisirs avilissants ; l’état mitoyen, plus étendu qu’on ne pense, qui tâche de s’approcher, par vanité, de la classe des honnêtes gens, mais qui est entraîné vers le bas peuple par une pente naturelle.

236. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Il est même déjà quelques Religieux, qui pensent que leur habit de pénitence exige qu’ils arborent cette sainte parure. […] On y reçoit des lettres, on y lit des Romans, on y donne de rendez-vous ; les adorateurs qui l’assiegent, auxquels on étale negligemment les charmes, y offrent leurs cœurs, & les brûlent à ces charmantes flammes ; on y reçoit des faveurs, on y prend des libertés, auxquelles l’état où l’on se montre invite, & qu’il facilite, en faisant semblant de refuser ; on loue, on admire, on éleve jusqu’aux cieux la beauté, les graces, les talens, les succès Dramatiques de la nouvelle Thalie, on avale à longs traits, on est ennyvré de la fumée de tant d’encens ; c’est un Ministre qui donne audience, c’est un Roi sur son Trône, qui reçoit des hommages, c’est une Déesse élevée sur l’Autel, à qui l’on rend un culte religieux, à quoi pense donc l’indiscret Daillion, d’abréger des momens délicieux, qu’on ne sauroit faire trop durer. Tout le theatre va se liguer contre lui, à quoi pense-t-il de vouloir qu’une Déesse plus brillante que l’Aurore employe ses doigts de rose à élever l’Architecture de ses cheveux ; & priver son amant du bonheur de placer une boucle ? […] Ce seroit une erreur de penser qu’on fit dissoudre l’or, pour entrer dans la teinture un or portable qui se répandit comme la teinture ordinaire, comme une pommade est une chimere, & seroit une dépense énorme.)

237. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Et puis, Madame, vous penserez aprés cela, que le Théâtre peut estre bien innocent ? […] Car de penser, que parmi tant de charmes pour les yeux, & pour les oreilles, que présente le Théatre, l’on puisse y estre avec un cœur invulnérable, & une pureté toûjours exacte & délicate, c’est une idée, & tout ensemble une témérité, qui mérite, que l’on perde, ce que l’on prétend conserver.

238. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Marmontel voudroit qu’on donnât de grosses pensions aux Comédiennes ; mais les personnes sensées, les véritables Citoyens, qui estiment peu le dangereux & le frivole, ne penseront jamais comme lui.

239. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

Il est naturel de penser que des peintures champêtres s’offrirent plus aisément à leur imagination, accoutumée à s’y arrêter, que le détail des mœurs des habitans de la ville, qui leur présentait des objets tout-à-fait nouveaux. […] J’ai dit ailleurs que le genre du nouveau Spectacle l’emportait sur la Pastorale ; on conçoit bien en quoi je pense qu’il lui est supérieur ; c’est parce qu’il peut tout à la fois nous montrer des Bergers & des Artisans ; aulieu que la Pastorale ne doit faire agir que des gens de la campagne.

240. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Je pense qu’on y pourrait réussir ; nous avons une infinité d’airs dont le ton approche de celui de la conversation, & que l’on pourrait employer dans les transitions : l’on a vu dans la Chercheuse-d’esprit & dans Nicaise, que le Dialogue coupé avait dans les Vaudevilles une grâce infinie. […] Ainsi, lorsque dans les Deux-Frères-Rivaux, Scapin menace sa sœur de la faire mettre entre quatre mutailles, & qu’Arlequin lui répond, qu’il vaudra mieux la faite enfermer entre quatre rideaux  ; l’on rit & l’on applaudit à la naïveté de la répartie, dans un balourd, qui dit bonnement ce qu’il pense sans y entendre finesse : au-lieu que dans un homme d’esprit qui la donnerait pour une pointe, elle serait sifflée avec raison.

241. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Et le peuple qui se plaisait à la danse d'Hylas s'étant écrié contre Pylade qu'il ne pourrait mieux faire lui-même, il quitta sa place, et monta sur le Théâtre, pour danser cette Poésie ; et étant arrivé à cette parole, qui avait donné lieu à la contestation, il pencha la tête, et l'appuya de la main, à la façon d'un homme qui rêve ; et Auguste qui assistait aux Jeux, lui demandant pourquoi il représentait ainsi le grand Agamemnon, il répondit, parce que la grandeur d'un Roi ne consiste pas en la masse du corps, mais aux soins qui le font sérieusement penser aux affaires de son Etat. […] Mais ce qu'il y eut d'étonnant, et presque d'incroyable en ces Histrions, est que les femmes venaient même toutes nues sur le Théâtre, y faisant des sauts et des gestes que l'honnêteté ne permet pas de voir ni de penser ; et que néanmoins les Matrones Romaines, les Filles et les Vestales regardaient hardiment et avec « Præter verborum licentiam quibus obscenitas omnis effunditur, exuuntur vestibus meretrices quæ tunc mimorum funguntur officio. » Lactan. l. 

242. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

Un chrétien est un homme qui, renonçant du fond de son cœur à tout ce qui flatte les sens, ne doit s’occuper qu’à les mortifier ; qui, ayant fait, comme le saint homme Job, un pacte avec ses yeux, pour ne point les arrêter sur aucun objet qui puisse corrompre la pureté de son âme, doit vivre en ange dans la maison d’argile qu’il habite : un chrétien est un homme dont les oreilles ne doivent entendre que ce qui est bon et édifiant ; qui, tout céleste dans ses pensées, tout spirituel dans ses actions, ne vit que selon Dieu et pour Dieu : un chrétien est un disciple de Jésus-Christ, qui, tout occupé de ce divin modèle, doit le retracer en lui tout entier ; qui adopte la croix pour son partage, qui goûte une vraie joie et une vraie consolation dans les larmes de la pénitence ; qui, toujours armé du glaive de la mortification, pour soumettre la chair à l’esprit, doit combattre sans cesse ses inclinations, réprimer ses penchants : un chrétien est un homme qui, convaincu que tout ce qui est dans le monde n’est, comme le dit saint Jean, que concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie, ne voit dans ces assemblées que périls, dans ces plaisirs que crimes ; et qui, en marchant à travers les créatures, doit craindre d’en être souillé : un chrétien est un homme mort au monde, mort à lui-même, et aussi différent des enfants du siècle que la lumière l’est des ténèbres ; enfin, un chrétien est un autre Jésus-Christ qui le représente, qui l’imite dans toutes ses actions, qui pense comme lui, qui non-seulement s’est engagé à marcher sur ses traces, mais qui a encore juré de ne jamais s’en écarter ; voilà ce que c’est qu’un chrétien. « Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celles des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle ; il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires, qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une pièce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscénités, dont les maximes tendent toujours au vice et à la corruption, dont les sentiments ne respirent que langueur et mollesse, et où tout cela est animé par des airs qui, étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir et à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, où on en diminue l’horreur par la manière de les peindre : il suffit de considérer, avec tous les saints docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisants, d’immodesties criantes, de regards indécents, de discours impies, animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantements diaboliques.

243. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Nous pensons qu’il se trompe. […] Mais, supposant avec lui que tout languit, que tout est triste sans les femmes, que le souverain bonheur est cette jouissance physique, & dans le fonds il est vrai que cet amour pur est bien rare, quoique les apologistes du Théatre nous aient quelquefois bercé de cette chimere, puisqu’en effet les femmes ne plaisent & ne cherchent à plaire que par les sensations, & qu’elles excitent les plus vives, surtout au Théatre, qui est le regne du seul plaisir physique, dont tous ses amateurs sont épris, que c’est leur vie, leur béatitude, qui les jette dans l’ivresse & le délire ; est-il moins vrai, dans les principes de la Religion, qu’il n’est pas permis d’exciter, de goûter, de désirer, d’attendre ce plaisir physique, d’y penser même volontairement, hors d’un légitime mariage ; par conséquent que le Théatre, où tout le fait naître, où tout s’en occupe, où tout s’en repaît, est le lieu du monde le plus dangereux pour la vertu, & où se commet le plus de péchés ? […] En voici quelques-uns : Mercenaires appuis d’un dédale de loix, Plébéïens, qui pensez être tuteurs des Rois ; Lâches, qui dans le trouble & parmi les cabales Mettez l’honneur honteux de vos grandeurs vénales, Timides dans la guerre, & tirans dans la paix, Obéissez au Peuple, écoutez ses décrets.

244. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

quel cas doit-on faire de ces apologies qu’il avoue être si foibles, & que penser de la sienne, qui est la plus foible de toutes, quoique si vantée ? […] Qu’on pense différemment lorsqu’au moment de la mort on examine, au flambeau de la religion, les égaremens de sa jeunesse ! […] Ce panégiriste des Comédiens y pense-t-il, & peut-on en donner une idée plus désavantageuse, que de les représenter comme insensibles aux plus grands coups, & s’abandonnant à tout par désespoir ?

245. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Que pense S. […] Alype, à qui je ne pensais pas, prit ces paroles pour lui, et en profita si bien par votre grâce, ô mon Dieu, qu’il s’arracha au profond abîme où il aimait à se plonger et à s’aveugler, et n’y revint plus : « Proripuit se ex fovea tam alta in qua libenter mergebatur, et miserabili voluptate cæcabatur. » Etant allé à Rome étudier le droit, quelques-uns de ses condisciples entreprirent de le mener au spectacle, dont il avait une horreur extrême. […] Mais ils ne pensent tous qu’à l’argent, à la volupté ; ils n’estiment les pièces qu’autant qu’elles sont lucratives, et qu’elles excitent les passions.

246. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

L’Eminence, à demi endormie, se réveille, rit de cette saillie et lui en sait bon gré, lui envoya le lendemain deux mille livres, et lui donna plusieurs pensions sur des bénéfices, revenu qui certainement ne fut jamais destiné à payer des vers galants. […] Benserade, enrichi de plusieurs pensions sur des bénéfices, fit Cassandre, qui fut représentée au Palais Cardinal. […] Il dit que cet Evêque était un homme « poli, agréable, qui avait l’air tout à fait Français, et parla d’une manière également forte et agréable », ce qui ne rend point du tout le cothurno Gallicano exercitatus facete peroravit, à moins que Maimbourg ne pense que l’air Français est un air de théâtre, qu’un homme poli et agréable est un Comédien, et que les facéties sont des traits de force.

247. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

C’est ce qu’on ne peut penser sans avoir de lui les sentiments les plus injustes, ce qu’on ne peut dire sans donner un démenti à ses adorables oracles. […] « Je m’amuse à penser que le mariage quoiqu’il fasse de l’homme et de la femme une seule chair, il les laisse deux fous ensemble. […] Berinthie pousse son allégorie soutenue également et de profanations et de saletés : ensuite elle en vient à l’application, elle déclare nettement à Amanda les vues étranges qu’elle a sur elle, et finit par cette horreur : « ç’a, pensez bien à ce que l’on vous dit ; et que le Ciel vous fasse la grâce de le mettre en pratique » ; c’est à-dire, de devenir une prostituée. […] Que les coupables pensent donc sérieusement à la retraite ; avant que le courroux du Ciel vienne fondre sur eux ; avant que d’être précipités dans le lieu de ténèbres, où la fureur n’est plus un concert qui plaise, ni le blasphème une Comédie. […] Les Athées en penseront tout ce qu’il leur plaira ; mais Dieu s’élèvera enfin, défendra sa cause et vengera sa gloire offensée.

248. (1640) L'année chrétienne « De la nature, nécessité, et utilité des ébats, jeux, et semblables divertissements. » pp. 852-877

Lorsque par la tristesse la personne se voit dégoûtée, elle tâche de dégoûter, et décourager les autres, afin de se faire beaucoup de semblables, et de diminuer le parti de Dieu et de la vérité, et retourner à celui du vice, qu’elle pense être plus gai. 3.  […] qui est tout confondu, ainsi que l’étaient les tyrans quand ils voyaient la gaieté et la constance des Martyrs, car il pense attirer les âmes à son parti, sous l’amorce du plaisir et de la réjouissance, et il voit que ceux qui le quittent pour servir à Dieu, en ont beaucoup plus, et avec meilleur fondement, que ceux qui le servent. […] Combien de fois vous est-il arrivé, qu’étant fort attentive à penser à quelque chose, ou à l’écouter, vous n’avez pas pris garde ni au bruit qui se faisait, ni à voir ceux qui passaient devant vous, ni à entendre ce que les autres disaient : Le même ne vous peut-il pas arriver, si en telles récréations vous êtes attentive à Dieu, votre vue le voit, et votre cœur lui parle, aussi bien peut-être comme en une Eglise, car tout le monde étant rempli de Dieu, vous doit servir d’Eglise. […] Jouant si souvent, et si longtemps, l’esprit s’accoutume à une fainéantise, se rend inhabile aux affaires sérieux, ne parle que du jeu, ne pense qu’au jeu. […] soyez sur vos gardes, car vous marchez par un lieu bien dangereux, et bien glissant : élevez souvent le cœur à Dieu, tirez profit pour votre âme, de tout ce que vous y verrez ; étonnez vous de la folie des hommes, et des femmes, de s’empresser plus pour cette action, que pour acquérir le Paradis ; pensez au fruit qu’on en rapporte, qui n’est qu’une lassitude de corps ; un trouble d’esprit, si l’on n’a pas été loué, ni prisé en la danse, ou si l’on n’a pas si bien dansé que les autres ; un remords de conscience pour les péchés qu’on y a fait, ou qu’on a été aux autres, occasion d’en faire ; un regret d’avoir perdu un si long temps, et si précieux, pour gagner l’Eternité.

249. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — CHAPITRE IV.  » pp. 109-114

Elle y verra d’abord quel était le goût du dix-huitième Siècle ; nos mœurs, notre façon de penser lui seront connues.

250. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Treizième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 254-259

Que va penser de moi le respectable ami que je ne méritais pas ?

251. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Vous avez pensé dans ces spectacles aux objets que vous y voyiez, et à ce qu’on y disait ; vous en sortiez avec un esprit rempli d’idées profanes qui vous ôtaient le goût des choses de Dieu et de vos devoirs, qui vous dissipaient jusques dans vos prières.

252. (1731) Discours sur la comédie « Préface de l'Editeur. » pp. -

Quoique l’ouvrage du P. le Brun fut très court, il fut bien reçu du Public ; mais l’Auteur peu content de cette ébauche, pensa dès lors à le perfectionner.

253. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

J’avais invoqué les autorités religieuses, et vous ne contestez point que des cardinaux et des Jésuites aient composé des pièces de théâtre ; mais, quoique celles dont j’ai parlé, aient été représentées dans des maisons d’éducation et par conséquent devant des ecclésiastiques respectables et fort instruits, ce qu’on ne rencontre pas partout, vous répondez « le clergé ne s’abuse pas au point de croire que chacun de ses membres soit une divinité infaillible. » Je reconnais avec vous qu’il serait plus que. ridicule de croire à la divinité du clergé ; cependant un Pape est infaillible, du moins en bon catholique vous devez le penser : or, j’ai cité le Pape Léon X, qui faisait jouer des pièces de théâtre dans son palais, et vous avez glissé sur cette citation…. […] Mais de quelque beauté que brille ce chef-d’œuvre de Jean-Jacques, ma réponse sera toujours celle-ci : le même volume qui renferme sa lettre contre les théâtres, contient également ses pièces de théâtre ; et on lit à la note 66 de cette même lettre les paroles suivantes échappées à l’auteur du devin du village : « Je n’ai jamais manqué volontairement une représentation de Molière… J’aime la comédie à la passion… » Qu’en pensez-vous, M. le Laïc, et que diriez-vous si un personnage auguste s’était chargé de me fournir, par le courrier d’aujourd’hui, un argument de plus : lisez l’ordonnance du Roi du 8 décemb. 1824, qui a pour but de favoriser l’art dramatique et de procurer aux jeunes comédiens les avantages d’une instruction graduée.

254. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Elle voit avec surprise, que la joie succéde, dans l’ame de son élève, à la douleur & à l’affliction ; qu’elle ne pense plus à la France, où le beau sexe jouit de la plus brillante destinée, & semble lui préférer la prison & l’esclavage. […] Orosmane en devient jaloux, puis il condamne cette foiblesse, rend justice à Zaïre, & sort pour aller penser une heure aux affaires de l’État.

255. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

Quelque savants pensent au contraire, que le style est préférable dans les ouvrages d’agrément. […] Une hypothèse où l’on supposeroit d’un coté un homme, qui ne voudroit que penser, & de l’autre un homme, qui ne seroit occupé qu’à rendre ses pensées, seroit au moins ridicule.

256. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Mais pour les mœurs, quelle chimere de penser qu’il les épure ! […] L’équivoque palliatif de la gaze qui couvre le vice de la morale, qui, quelquefois y est semée, aigrit le mal, & le rend sans reméde, en faisant croire à des dupes, ou à des gens qui l’affectent, & font semblant de penser, qu’il n’existe pas.

257. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

nôtre perte est presque certaine, & nous n’y pensons pas ! […] Voilà le fruit que vous devés tirer de ce Discours : vivés dès à present comme si vous êtiés prêts de paroître devant vôtre Juge ; veillés pour vous preserver de la corruption du grand nombre, pensés sans cesse que ce grand nombre se danne : detestés ses maximes, méprisés ses usages, ne comptés pour rien ses coûtumes, & souvenés-vous que tous les Saints se sont separés au moins de cœur & d’affection de son commerce, pour ne s’attacher qu’à Jesus-Christ, ne suivre que ses Loix, ne craindre que lui, & n’aimer que lui.

258. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

Sully, bien loin de penser comme vous, se serait emporté contre quelqu’un qui aurait proposé l’établissement d’un Bal public ft. […] Ce ne serait point dans la Comédie nos Marquis qu’on vous proposerait d’imiter, puisqu’on les joue, qu’on les tourne en ridicule, que leur fatuité est toujours punie, et qu’on les bastonne même quelquefois : si ce sont là des appâts pour engager les gens à se faire Marquis à Genève, il faut que les têtes y soient bien autrement tournées qu’ailleurs ; mais si l’on y pense comme partout où l’on a du bon sens, on se gardera bien de s’emmarquiser à pareil prix.

259. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Lesquelles fêtes et le Sabbat (au lieu duquel nous avons aujourd’hui le Dimanche) n’ont été commandées de Dieu comme il est là dit pour nous donner occasion de ne faire rien, mais seulement de piété : savoir est, pour connaître et penser à la puissance de Dieu, et à éviter le mal. […] Car il n’y faut pas rien penser de mal, vilain, deshonnête et dissolu, tout en doit être référé à honnêteté : comme celui des filles qui disent jeu sans mal et sans vilénie.

260. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VI. Les obstacles qu’on peut rencontrer pour parvenir à la Réformation du Théâtre. » pp. 59-68

C’est en suivant ces principes et en prenant ces précautions que l’on écrit et que l’on représente tous les ans dans les Collèges des Poèmes dramatiques ; et, loin de croire que ces Pièces soient capables de corrompre les mœurs des jeunes gens qui les jouent, ou de gâter l’esprit des Spectateurs, je pense, au contraire, que c’est un exercice honnête, dont les uns et les autres peuvent retirer une véritable utilité.

261. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Septième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 282-286

.… Du Théâtre, elle s’est fait un Temple, que chaque Spectateur craint de profaner ; on n’entend plus l’aigre sifflement de l’envie, & l’incommode trépignement de la cabale : le Public, sur son compte, pense comme moi, & craint de rien perdre de ce qu’elle dit.

262. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre III. Que les Danses sont défendues aux Ecclésiastiques. » pp. 14-21

Il semble même que c’est une pure imagination de penser, qu’il y puisse avoir des Danses secrètes, spécialement pour les Clercs, sur qui tout le monde jette les yeux, et dont on remarque fort exactement les actions.

263. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXI. Réflexions sur la vertu qu’Aristote et Saint Thomas après lui ont appelée Eutrapelia. Aristote est combattu par Saint Chrysostome sur un passage de Saint Paul. » pp. 117-123

Voilà donc ce qu’il a pensé de la vertu d’eutrapélie peu connue des chrétiens de ces premiers temps.

264. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

2 Il est inutile de répondre qu’on n’est occupé que du chant et du spectacle, sans songer au sens des paroles ni aux sentiments qu’elles expriment et inspirent : car, comme dit encore Bossuet, « c’est là précisément le danger, que pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, ces sentiments s’insinuent sans qu’on y pense et plaisent sans être aperçus ; mais il n’est pas nécessaire de donner le secours du chant et de la musique à des inclinations déjà trop puissantes par elles-mêmes ; et si vous dites que la seule représentation des passions agréables dans les tragédies d’un Corneille et d’un Racine, n’est pas dangereuse à la pudeur, vous démentez ce dernier, qui, occupé de sujets plus dignes de lui, renonce à sa Bérénice, que je nomme parce qu’elle vient la première à mon esprit ». […] Nous ne le pensons pas : d’ailleurs, une réformation morale est ici impossible, et, dans l’état actuel des mœurs et de l’esprit des nations, le théâtre est radicalement irréformable. […] Nous le pensons, nous en avons même la conviction intime.

265. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

Peut-on penser qu’il entende parler du crime, qu’il vienne au Couvent faire le procès à une Vestale, sans s’informer si sa fille est impliquée dans ces soupçons, qu’il parle à la grande Prêtresse & à toutes les autres, sans s’appercevoir que sa fille y manque ? […] Les mouvemens du visage, où l’ame se peint sans y penser, servent souvent à découvrir la vérité. […] Qui peut penser que ce ne soit qu’un aventurier placé au hasard sur le trône pontifical ?

266. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

Le cirque dans les provinces est sans doute moins brillant ; mais qu'on remonte à la source et au tronc, on verra ce qu'il faut penser du ruisseau et de la branche qui en viennent. […] Il donne sa malédiction à celui qui prend des habits de femmes ; que pensera-t-il d'un Acteur efféminé qui en affecte même les parures, la démarche, la mollesse, et de ceux qui se font crever les yeux, meurtrir le visage à coups de ceste ? […] « 25.° Peut-on penser à Dieu dans des lieux où tout en éloigne l'idée ?

267. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Il nous est défendu d'être spectateurs des duels, de peur que nous ne devenions complices des meurtres qui s'y font: Nous n'osons pas assister aux autres Spectacles, de peur que nos yeux n'en soient souillés, et que nos oreilles ne soient remplies de vers profanes qu'on y récite; comme lors qu'on décrit les crimes, et les actions tragiques de Thyeste, et qu'on représente Terrée mangeant ses propres enfants; et il ne nous est pas permis d'entendre raconter les adultères des Dieux, et des hommes, que les Comédiens attirés par l'espoir du gain, célèbrent avec le plus d'agrément qu'il leur est possible: Mais Dieu nous garde, nous qui sommes Chrétiens, dans qui la modestie, la tempérance, et la continence doivent reluire, qui regardons comme seul légitime le Mariage avec une seule femme, nous chez qui la chasteté est honorée, qui fuyons l'injustice, qui bannissons le péché, qui exerçons la justice, dans qui la Loi de Dieu règne, qui pratiquons la véritable Religion, que la vérité gouverne, que la grâce garde, que la paix protégé, que la parole divine conduit, que la sagesse enseigne, que Jésus-Christ qui est la véritable vie régit, et que Dieu seul règle par l'empire qu'il a sur nous: Dieu nous garde, dis-je, de penser à de tels crimes, bien loin de les commettre. […] Un homme pensera-t-il à Dieu dans les lieux où il n'y a rien de Dieu ?

268. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

On pense, on parle, on écrit, on agit en Comédien, on lit, eh quoi ? […]  » Suétone rapporte un trait frappant de la façon insensée de parler et de penser des choses les plus sérieuses, dont il serait injuste de ne pas faire honneur au théâtre.

269. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Combien de moments dans la vie où l’homme le plus vertueux oublie ses compatriotes et ses amis sans les aimer moins ; et vous-même, Monsieur, n’auriez-vous renoncé à vivre avec les vôtres que pour y penser toujours ? […] Ne faisons point à nos Françaises l’injure de penser que l’amour seul puisse les émouvoir, comme si elles n’étaient ni citoyennes ni mères. […] Je ne sais, Monsieur, ce que vous pensez de cette dernière pièce, elle était bien faite pour trouver grâce devant vous ; ne fût-ce que par l’aversion dont on ne peut se défendre pour l’espèce d’hommes si odieuse que Molière y a joués et démasqués. […] Les Romains, il est vrai, ont pensé différemment ; mais chez eux la Comédie était jouée par des esclaves ; occupés de grands objets, ils ne voulaient employer que des esclaves à leurs plaisirs. […] » Cette critique est la seule qu’on puisse faire contre cette tragédie, et l’auteur, qui se l’était faite à lui-même, se justifiait en disant : « Qu’auraient pensé les petits maîtres d’un Hippolyte ennemi de toutes les femmes ?

270. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

Dans une année, où la main de Dieu vient de s’appesantir sur nous, en nous ôtant la récolte qui fait la principale ressource du païs : dans un tems de calamité, où nous ne devrions penser qu’à fléchir sa colére par des œuvres de pénitence, n’attirez pas par de nouveaux crimes, de nouveaux traits de vengeance.

271. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

Je me crois autorisé maintenant à mal penser du cœur humain.

272. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

Ceux qui entrent dans le détail mettent très peu de différence entre la vanité du Cirque, les fureurs de l'Amphithéâtre, et les désordres du Théâtre, et ceux qui attaquent le Théâtre en particulier sont en si grand nombre, si exprès et si étendus, qu'ils ne laissent rien à dire ou à penser sur ce sujet, parce qu'ils épuisent la matière.

273. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

Or, puisque nos souverains, nos lois et nos règlements de police ont fondé des théâtres et créé des comédiens auxquels ils accordent protection, salaire, pensions et honneurs, aucune puissance ecclésiastique, telle qu’elle puisse être, n’a de droits à exercer sur la profession de comédien.

274. (1731) Discours sur la comédie « MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L’EVEQUE DE NIMES, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 352-360

Mais puisque c’est une habitude de plaisir et une espèce de libertinage qui se renouvelle tous les ans, nous connaissons que ce n’est plus le temps de se taire, et qu’un plus long silence pourrait vous donner lieu de penser que nous tolérons ce que l’Eglise condamne, et que nous condamnons avec l’Eglise.

275. (1675) Lettre CII « Lettre CII. Sur une critique de son écrit contre la Comédie » pp. 317-322

La seconde remarque, est que c’est une figure ordinaire de faire parler les gens selon leurs mouvements intérieurs, et d’exprimer ainsi, non ce qu’ils disent, mais ce qu’ils pensent, ou plutôt ce qu’ils ont dans le cœur, ce qui donne lieu de leur attribuer des discours qui seraient ridicules s’ils s’en servaient effectivement.

276. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Il aurait mieux valu aussi leur rappeler que de bons parents, avant de se révolter et d’en venir à des extrémités fâcheuses contre leurs enfants ingrats et dénaturés, souffrent long-temps, meurent quelquefois de chagrin ; que de bons enfants, qui ont moins droit d’exiger, ne sont pas obligés à moins de combats et d’égards pour leurs parents indifférents et injustes, dont, au reste, l’insensibilité ne résiste pas toujours aux efforts constants de la tendresse, ou du respect filial ; et que probablement leur père se souviendra enfin qu’ils sont ses enfants, s’ils n’oublient pas qu’il est leur père ; et puis ajouter que si, en attendant que l’amour paternel se réveille dans son cœur, ils se trouvent dans le besoin, alors ils doivent penser qu’appartenant à un père disgracié de la nature, il est raisonnable qu’ils s’assimilent aux enfants d’un père disgracié de la fortune, et suivent les exemples qu’ils en reçoivent de se servir soi-même, de se contenter de peu, de ne pas désirer de superflu, de travailler s’il le faut, se rendre utile aux autres, tirer parti de ses talents et de son industrie ; ou de se jeter dans les bras de sa famille, de ses amis, invoquer leur appui. […] Quant à celle-ci, où l’on voit une épouse prêter l’oreille aux fleurettes d’un amant, en recevoir des lettres, lui répondre, lui donner un rendez-vous nocturne, chercher à déshonorer son mari, dont elle raconte les ridicules à un séducteur à qui elle fait un signe de pitié au moment où on lui rappelle le respect qu’elle doit aux nœuds sacrés du mariage ; et tout cela se faisant de manière à divertir, à être approuvé des spectateurs, à faire applaudir l’infidélité, les détours, les mensonges, l’impudence ; quant à ce spectacle, dis-je, il n’y en a pas de plus dangereux pour les femmes de tous les rangs et de tous les ordres ; parce qu’en voyant applaudir une femme noble de mépriser ainsi les devoirs du mariage, de fouler aux pieds le précepte de la foi conjugale, en un mot de se jouer de son mari, sous prétexte qu’il est paysan, il n’est pas douteux que les femmes roturières n’aient la noblesse de penser qu’il doit leur être permis d’en agir de même envers leurs maris, quand ils sont lourdauds, malotrus ou bêtes, etc. […] Enfin, je pense que cet homme, Trahi de toutes parts, accablé d’injustice, Qui veut sortir d’un gouffre où triomphe le vice, ne peut être qu’un homme probe, d’une grande sensibilité et excédé ; ce qui est plus respectable que risible. […] Ce ne peut être par la raison qu’il en est un plus grand besoin pour les corriger ; il n’est pas permis de penser que les moyens ordinaires de réforme, que la persuasion, les bons exemples, surtout cette patience, cette modération, recommandées envers les fourbes et les méchants, n’agissent pas aussi efficacement sur des hommes profondément pénétrés de l’amour des vertus que sur tout autre ; on use ici de plus de rigueur, on est inconséquent, injuste, par cette raison que j’en ai donnée déjà : que ces inconséquents, ces contre-sens, ou cette forme de leçon dont les effets sont opposés à l’objet du fond est un ressort dramamatique le plus souvent nécessaire pour attacher, égayer et rappeler le public.

277. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Jouer l’offense de Dieu, se montrer son ennemi, évoquer l’enfer, paroître agir comme un damné, & on se dit chrétien, on se donne pour philosophe ; nous devons à Dieu le corps & l’ame, l’intérieur & l’extérieur, la réalité & l’apparence, tout doit servir à sa gloire, tout n’existe que par lui, & pour lui, rien ne doit commettre ni favoriser le péché, le desirer ni s’y complaire, en faire le semblant, même par jeu, y penser, en parler que pour le détester. […] Que penseront nos neveux, s’ils apprennent que quand des acteurs & des actrices avoient mérité d’être punis, (le Kain, la Clairon) ils avoient jusque dans leur prison, une espece de cour, (à l’Abbaye de Saint-Germain) que leur maladie, (Molé) cause la plus vive tristesse, que leurs confreres ne pouvoient ouvrir la scéne qu’auparavant ils n’eussent dissipé nos allarmes par des nouvelles consolantes. […] Nos descendans seront forcés d’avouer que la nation s’opposoit elle-même à ses plaisirs, meconnoissoit ses droits, & ignoroit que l’économie & une sage distribution donnent seules à la gloire & aux récompenses, l’éclat qui les fait briguer  ; mais sur tout nos descendans gémiront de voir la plaie que fait à la Réligion & aux mœurs, la considération qu’on accorde aux corrupteurs de la vertu, à moins que la corruption devenue héréditaire, ne fasse penser la postérité aussi peu chrétiennement que nous. […] Le Procureur général du Parlement de Paris pense bien autrement, puisqu’il a fait défendre à tous les Colléges de jouer des piéces de théatre.

278. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

On pense de même dans tout l’Orient où la comédie est fort antérieure à Thespis, lequel, non plus sur son tombereau, ne s’embarrassoit ni de décoration, ni des trois unités. […] Le fonds met l’entrée des Jésuites à Paris, l’accueil qu’on leur fait, les gens qui vont au-devant d’eux, & ce que chacun pense à leur désavantage. […] Il y a de la foiblesse à l’un, & une sorte de supériorité à l’autre (cela est vrai, mais on n’y pense gueres.) […] C’est le caractere du cœur humain : méchant, frivole, peu compatissant, peu tendre, qui ne pense jamais qu’à soi, ne songe qu’à se rejouir, & ne vient au théatre que dans ces vues.

279. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

il y a quelques Cardinaux que le souffle impur de la Scène a insecté, Bibiana se dèshonora par une licence effrénét, Richelieu par le ridicule, Mazarin par la prodigalité ; qui ne connoit le Cardinal du Bois, & ne pense sur ses mœurs comme l’Eglise, tout le public, le Duc d’Orléans ? […] On pense bien que l’Eglise ne réclame pas des Abbés Tabarins, le public n’en fait gueres plus de cas. […] Car pour celle du ciel, ils n’y prétendent, ni n’y pensent. […] Que penser de leur Palais blasé ?

280. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Enfin, l’invention des perruques a porté l’art de la frisure à un degré de perfection auquel n’on auroit jamais pensé qu’il pût parvenir : e le a formé un metier nouveau, & une jurande des plus considérables. […] Le public calcule mieux qu’on ne pense, les facultés de ces beautés brillantes ; on se ruine, on vole à qui l’on peut, on est paré de filouterie, on s’habille du bien d’autrui ; mais non, dira-t-on, je ne vole pas, je trafique mes charmes, on me donne de quoi les entretenir, l’honneur est le prix de la parure, ma personne vaut bien la plus belle étoffe : au reste, tout se négocie de gré à gré, & sans marchander. […] Ces deux cœurs pensent si différamment leurs goûts sont si opposés !

281. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

C’est un caractere aimable, un cœur tendre, un esprit tranquille, une imagination riante ; c’est un homme plein de la vie pastorale ; enchanté des agrémens de la campagne, il s’y épanche, il y pense, il en parle sans cesse, elle revient à chaque ligne au bout de sa plume. […] Jamais les premiers hommes n’ont pensé à ces folies, & c’est une indécence ridicule & simple, de les leur prêter dans un poëme où l’on fait leur histoire. […] Il pense autrement des hommes ordinaires, dont l’histoire n’est que le tableau de leurs miseres & de leurs vices, le registre de quelques vertus & de beaucoup de crimes.

282. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Je vous laisse à penser, si dans cet état il y a un Dieu pour elle ; et si son souvenir n’est pas effacé de sa mémoire, comme s’il n’avait jamais été, ou qu’il dût bientôt n’être plus. […] J’ai de la confusion de les imaginer, et vous en devez avoir d’y penser seulement sans les voir : le Royaume de Dieu, comme vous savez, est au-dedans de nous. […] Pensez à ce que fit S.

283. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Le Théâtre rend la Vertu aimable, c’est ce que les Auteurs Dramatiques et bien des sages pensent unanimement : mais cet avantage ne vous étonne point, ce n’est pas selon vous opérer un grand prodige, la nature et la raison l’opèrent avant la scène ; distinguons, s’il vous plaît. […] Il s’en faut bien que Médée opère le même effet, quoique l’inconstance de son mari semble en quelque façon justifier sa furie ; comme elle ne pense guère à la Vertu, j’ai toujours entendu dire de Médée : « la méchante femme !  […] Je vous laisse penser en même temps quel gré le Public vous saura de votre ingratitude, et s’il ne m’en saura pas davantage de prendre le parti de M. de Crébillon, dont je n’ai reçu d’autre service qu’une Mercuriale assez aigre, mais je l’avoue, très justement méritée.

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