savoir, l’esprit, le courage, ont seuls notre admiration ; et toi, douce et modeste vertu, tu restes toujours sans honneurs ! […] » « J’observe que les Anciens tiraient volontiers leurs titres d’honneur des droits de la nature, et que nous ne tirons les nôtres que des droits du rang.
Le premier a fait des comédies ; mais s’est converti, a vécu & est mort en honnête homme, utile au public dans les emplois qu’il a remplis avec honneur. […] Le poëte fut emprisonné sous quelque prétexte, pour sauver l’honneur de la princesse ; on le laissa échapper pour s’en débarrasser. […] Sa vie ne fut depuis qu’un tissu de calamités & de foiblesses, qui altererent la raison de l’amant berger, jusqu’à le faire réelement Berger à l’honneur de sa Silvie, & le firent traiter avec raison comme un insensé. […] Le Duc de Ferrare traita plus sèverement l’amant de sa sœur : il le fit enfermer dans l’Hôpital des Foux, par charité, disoit-il, pour le faire guérir ; dans la vérité, pour sauver l’honneur de sa sœur, en faisant passer son amant pour un fou, & son intrigue pour une folie. […] Ce mot qui se trouve par-tout & qui est connu de tout le monde, M. de Mirabeau le révoque en doute, pour l’honneur de la pourpre & celui du Parnasse.
Il s’en faisoit honneur, & le mettoit par-tout. […] Mais l’auteur a-t-il voulu faire honneur au théatre ou s’en moquer ? […] écoles respectables du véritable honneur, des vertus véritables ; théatre où pour instruire & les grands & les rois, l’auguste vérité fait entendre sa voix. […] Ne diroit-on pas que les écrivains périodiques sont des devots habitans d’Amathonte qui chantent des cantiques en l’honneur de Vénus & de Cupidon. […] On n’a pas fait encore le même honneur à ses recueils d’anecdotes gaillardes, Mémoires turcs, Essais sur Paris, &c. qui ne méritent pas mieux qu’on invite le public, par cet embellissement, à avaler agréablement le poison.
En l’autre exemple, il y a des circonstances, qui doivent être bien considérées : Il était question de conserver l’honneur d’une Vierge, non de donner du plaisir à un peuple ; de sauver une pauvre colombe, environnée, comme parle S. […] Quand, dit-il, un Roi est assis en son trône, les Seigneurs et Officiers de son Royaume, n’y comparaissent, qu’avec les marques et enseignes de leurs grades et honneurs : Ainsi les hommes et les femmes, ne doivent comparaître devant Dieu, sans les marques de la condition, en laquelle il les a créés ; afin de ne faire déshonneur au Roi des Rois. […] Il serait plus tolérable d’ordonner honneurs divins à Scipion, que servir à tels Dieux. […] Voilà donc la cause efficiente de nos Jeux, dont il appert, que l’honneur de cette invention n’appartient à autre qu’à Satan : Lui aussi, et non autre, en est la première et principale fin, puisque ces jeux, avaient pour but principal, l’honneur, et le service de ce Dieu du monde, qui par telles occasions, et moyens attirait les hommes à toute turpitude, et méchanceté, pour les plonger après en perdition éternelle. […] A lui soit gloire, honneur et louange à jamais.
A Monseigneur le duc de Nemours Monsieur, Encore que ce petit discours ne soit digne de la grandeur de votre esprit, j’ai cru que vous me feriez l’honneur de l’accepter, non tant pour vous satisfaire, que pour honorer ma nécessité, qui espère que vous estimerez l’effet pour le mérite de la cause, et un pauvre don d’un riche désir : le mien n’a rien de plus cher que le respect qu’il rend en affection à vos perfections, Monsieur, qui enrichissent le monde, remplissent les âmes d’admiration, l’univers de gloire, et cette grande Princesse (vive image de la vertu de nos antiques Rois) de contentement, voyant plus louer la personne que le Prince, parce qu’il est aussi grand de mérite que de nom, en l’un la pensée manque, en l’autre la voix se perd : Et pour ne perdre cette petite œuvre, j’ai pris la hardiesse de l’appuyer du vôtre, Monsieur, jugeant qu’il n’aura faveur ni lumière que celle qu’il tirera de vous, qui portez en terre les grâces du Ciel où il éclairera ses ténèbres : Et parce qu’en l’entreprise glorieuse la faute est digne de pardon, j’ai cru que vous y serez aussi prompt, Monsieur, comme je vous ai vu libéral aux louanges de l’esprit de la Signore Isabelle, dont les Comédies se peuvent maintenir, puisque vous les avez jugées, Monsieur, un plaisir semblable aux repos des Avettes, où il n’y a souillure, pollution, ni amertume : la crainte que mes paroles en apportent aux douceurs de vos Muses, me fera finir, et en toute l’humilité que je puis, vous baiser les mains, et supplier me permettre la gloire de me qualifier, Monsieur, Votre très humble, très obéissante, et très fidèle servante.
Ils courent, où plutôt ils volent aux Théâtres pendant que nous voyons les Spectacles de l'Eglise : Nous y voyons Jésus-Christ reposant sur la Table sacrée; nous y entendons l'Hymne que les Séraphins chantent dans le Ciel en l'honneur de Dieu ; nous entendons les paroles de l'Evangile ; nous y jouissons de la présence du Saint Esprit ; nous y entendons la voix des Prophètes ; l'Hymne dont les Anges glorifient Dieu, et ce chant de joie qui nous excite à louer sa divine Majesté.
Pour ce qui est des louanges que l’on récitait à l’honneur des Dieux, elles donnèrent naissance au Poême Dramatique. […] Mais ces sortes d’exemples ne peuvent servir et ne sont nullement propres au sujet dont il s’agit : Car ces Musiques et ces Danses dont parle l’Écriture dans ces lieux que nous venons de citer, étaient toutes pour l’honneur de Dieu, et pour lui rendre grâce de ses bienfaits. […] Cet exemple ne doit point passer sans explication, de peur qu’après la lecture de votre Écrit, ceux qui montent sur le Théâtre ne se mettent dans l’esprit, que leur état est aussi bon que celui des personnes qui travaillent à vivre dans une exacte piété, et dont vous ne parlez pas avec grand honneur sur le fait des aumônes. […] Je laisse à part toutes ces autres passions de colères, de vengeance, d’ambition, d’amour propre qui paraissent dans leur excès avec honneur sur le Théâtre, et qui par ce moyen effacent dans les esprits ce caractère d’horreur que Dieu y a attaché, pour empêcher que les hommes ne s’y abandonnent. […] C’est dans le second Point du Sermon qu’il a fait en l’honneur de l’Immaculée Conception, où parlant de ceux qui n’ont pas soin de ménager la grâce, il s’explique de la sorte.
Vraisemblablement ce bon Régent est du nombre de ceux qui m’ont très-faussement attribué la traduction Françoise du Santolius Pœnitens, & il s’est crû engagé d’honneur à me rendre injures pour injures.
Car l’idée de Poète Panégyriste de votre Héros ne convient point du tout à sa Majesté et ne lui ferait point honneur.
« Je ne puis estimer ces dangereux auteurs, Qui, de l’honneur en vers infâmes déserteurs, Trahissant la vertu sur un papier coupable, Aux yeux de leurs lecteurs, rendent le vice aimable. » Boileau, Art Poétique. […] Près d’elles et à leur lumière, la fourberie est une politique sage et l’art de gouverner, l’esprit de faction est le caractère d’une âme hardie faite pour régner sur ses semblables, le duel est une loi de l’honneur, la vengeance est un devoir ; le suicide est un droit à sa propre vie, qui n’est ignoré que des lâches et des faibles. […] Le savoir, l’esprit, le courage ont seuls notre admiration ; et toi, douce et modeste vertu, tu restes toujours sans honneurs ! […] Son plus grand soin est de tourner la bonté et la simplicité en ridicule, et de mettre la ruse et le mensonge du parti pour lequel on prend intérêt : ses honnêtes gens ne sont que des gens qui parlent, ses vicieux sont des gens qui agissent, et que les plus brillants succès favorisent le plus souvent ; enfin, l’honneur des applaudissements, rarement pour le plus estimable, est presque toujours pour le plus adroit.
Thomas et tout le monde, d’après la loi de Moïse, qui est expresse, c’est une chose mauvaise de se masquer, à moins qu’il ne soit absolument nécessaire pour sauver son honneur ou sa vie ; à plus forte raison d’un sexe à l’autre, d’une personne consacrée à Dieu à un Comédien. 3.° Qu’il n’est pas permis à un Religieux de quitter son habit, même pour peu de temps et pour sa commodité, comme pour jouer à la boule ; à plus forte raison par bouffonnerie. 4.° Qu’il est aussi peu convenable de cacher ses habits et de les couvrir des livrées du vice, et faire un mélange indécent et ridicule du sacré et du profane. 5.° Que ces récréations toutes mondaines ne conviennent point du tout à des personnes consacrées à Dieu, qui font une profession solennelle de renoncer au monde, et qu’elles les exposent à beaucoup de dissipation et de mollesse. […] Jean de la Croix, se faisaient gloire de représenter les souffrances du grand maître dont ils avaient l’honneur d’être les Ministres. […] Bouvet, Jésuite, faisant voyage, fut régalé par un Mandarin, qui pour l’honneur de la fête fit venir pendant le repas une de ces troupes ; on présenta la liste des pièces au P. […] La troupe fut congédiée, et ce refus fit plus d’honneur à la religion que ne lui ont fait toutes les pièces de collège.
Tout ce qu’elle avait de mauvais, avant ce grand Cardinal, c’est qu’elle était coquette et libertine ; elle écoutait tout indifféremment, et disait de même, tout ce qui lui venait à la bouche ; son air lascif et ses gestes dissolus rebutaient tous les gens d’honneur, et l’on n’eût pas vu en tout un siècle une honnête femme lui rendre visite. […] Nos Rois qui surpassent en grandeur et en piété tous les Princes de la terre, se sont montrés très sévères en ces rencontres, et ils ont armé leur justice et leur zèle autant de fois qu’il s’est agi de soutenir l’honneur des Autels, et d’en venger la profanation. Où en serions-nous, si Molière voulait faire des Versions de tous les mauvais Livres Italiens, et s’il introduisait dans Paris toutes les pernicieuses coutumes des Pays Etrangers : et de même qu’un homme qui se noie, se prend à tout, il ne se soucie pas de mettre en compromis l’honneur de l’Église pour se sauver, et il semble à l’entendre parler qu’il ait un Bref particulier du Pape pour jouer des Pièces ridicules, et que Monsieur le Légat ne soit venu en France, que pour leur donner son approbationf. […] et que peut-on espérer d’un homme qui ne peut être ramené à son devoir, ni par la considération d’une Princesse si vertueuse et si puissante, ni par les intérêts de l’honneur, ni par les motifs de son propre salut.
Vous avez heureusement développé quelle est l’influence des lois d’un peuple sur ses mœurs : vous avez aperçu avec finesse, et démêlé avec sagacité les causes les plus cachées de la corruption de notre siècle : enfin, en travaillant pour votre patrie, à qui vous faites tant d’honneur, vous avez déployé l’âme du Spartiate, et l’éloquence de l’Athénien. […] Octave, à qui la flatterie avait décerné le nom d’Auguste, malgré tant d’odieuses proscriptions : Octave-Auguste, échappé à dix conspirations tramées et conduites par les plus illustres Romains contre le second de leurs usurpateurs, et couvert du sang de tant de citoyens, découvre un conjuré, plus coupable qu’eux tous, dans l’ingrat Cinna, dans ce même Cinna auquel il a sauvé la vie, accordé les plus grands honneurs, sa confiance et la main d’Emilie ; auquel il vient de dire : « Cinna, par vos conseils, je retiendrai l’Empire ; Mais je le retiendrai pour vous en faire part… » Auguste, instruit de tout, mande Cinna, le convainc de la plus noire des trahisons, et ne l’en punit que par ces deux mots accablants…. […] D’ailleurs, votre éloquente hyperbole est un bel éloge de la Poésie ; et vous lui rendez bien en honneurs, ce que vous lui ôtez en utilité. […] La bassesse du sang ne va point jusqu’à l’âme : Et je renonce aux noms de Comte et de Marquis Avec bien plus d’honneur qu’aux sentiments de fils. » Qu’on lise enfin ceux-ci tirés de la dernière scène du cinquième acte : Carlos à D.
« Je ne ferai pas à Dancourt l’honneur de parler de lui. […] « Dans une grande ville pleine de gens intrigants, désœuvrés, sans religion, sans principes, dont l’imagination dépravée par l’oisiveté, la fainéantise, par l’amour du plaisir, et par de grands besoins, n’engendre que des monstres, et n’inspire que des forfaits ; dans les grandes villes où les mœurs et l’honneur ne sont rien, parce que chacun dérobant aisément sa conduite aux yeux du public, ne se montre que par son crédit, et n’est estimé que par ses richesses ; la Police ne saurait trop multiplier les plaisirs permis, ni trop s’appliquer à les rendre agréables, pour ôter aux particuliers la tentation d’en chercher de plus dangereux. […] Cette épisode de la cour d’honneur prouve combien il a de suite dans l’esprit.
Mais le bon accueil que ce premier Ouvrage a reçu de toutes les personnes d'honneur et d'esprit, me persuade que celui-ci ne sera pas mal venu.
Cet exemple est si beau, & la Lettre est, à tous égards, si digne d’être conservée, que nous la déposons toute entière dans ce Volume de nos Mémoires, dont elle fera l’honneur & l’agrément. […] Ce motif, sans réponse, m’a décidé invariablement : j’ai eu l’honneur de communiquer ma résolution à Monseigneur l’Evêque d’Amiens, & d’en consigner l’engagement irrévocable dans ses mains sacrées : c’est à l’autorité de ses leçons & à l’éloquence de ses vertus que je dois la fin de mon égarement, je lui devois l’hommage de mon retour ; & c’est pour consacrer la solidité de cette espèce d’abjuration, que je l’ai faite sous les yeux de ce grand Prélat si respecté & si chéri : son témoignage saint s’éleveroit contre moi, si j’avois la foiblesse & l’infidélité de rentrer dans la carrière.
Il suit de-là que l’on approuve tout ce qu’on souffre sur le Théâtre ; on ne hait donc pas les galanteries qui s’y produisent, on aime des représentations qui inspirent la tendresse, qui apprennent le langage séduisant de l’amour ; cette passion infâme paroît avec honneur sur la scéne, on fait gloire d’en être touché. […] La fureur des Duels vient de l’opinion fausse que l’on doit conserver son honneur aux dépens de la vie de quiconque ose le flétrir, & pour le réparer, qu’il est indispensable de tuer un agresseur : or, cette opinion, aussi contraire à la raison qu’à l’Evangile, est préconisée dans le Cid, & c’est un pere qui donne cette horrible leçon à son fils : contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs ou tue… On n’est pas moins choqué d’entendre dire à Chimene, s’adressant au meurtrier de son pere qu’elle va bientôt épouser : Tu n’as fait le devoir que d’un homme de bien.
Pour prévenir cet inconvénient, et pour ne pas laisser croupir dans le désordre des jeunes gens, qui se porteraient, peut-être, au bien, et dont la République pourrait tirer un jour quelques secours, le Roi ordonnerait qu’on ne reçût point d’Acteur qui ne fût connu pour homme d’honneur, et, comme tel, avoué de sa famille. […] Ces jeunes gens trouveraient le Théâtre réformé, et s’en accommoderaient sans peine ; les principes d’honneur et de vertu, dans lesquels ils sont élevés, ne leur permettraient pas de souhaiter des Spectacles d’une autre espèce ; et quand, dans un âge plus avancé, ils liraient les Pièces de l’ancien Théâtre, loin de se plaindre de ce qu’on ne les jouerait plus, ils auraient plutôt peine à comprendre que leurs pères eussent pû goûter la licence de leur temps.
Nous devons n’estimer qu’un cœur mortifié, Un cœur humble, sans fiel, et dont la vertu pure Se fasse un point d’honneur d’oublier une injure, Et préfère de voir ses passions aux fers, A la fausse grandeur de dompter l’Univers.
J’ai l’honneur d’être avec un très profond respect, MONSEIGNEUR, Vôtre très humble, et très obéissant Serviteur, ***
J’ai trop d’amour propre pour cela ; si je dois essuyer la honte d’une défaite, je veux m’en dédommager par l’honneur d’avoir au moins disputé la victoire. […] Je sentis trop sa supériorité pour vouloir lui disputer les honneurs du Cothurne, je me reservai ceux du Brodequin. […] A cette condition, je n’aurai pas sitôt cet honneur, je crois. […] Ce n’est point au Vainqueur de Rosbach que j’ai l’honneur de dédier cet ouvrage, né Français je serais un traître. […] J’ai l’honneur d’être.
Il y entre toujours de la malignité ; non pas, il est vrai, pour nuire ni à l’honneur ni à la fortune ; mais pour son plaisir, auquel on a le malheur de tout sacrifier. […] Augustin, par le même Orateur : quelle des deux lui fera le plus d’honneur ? Voici quelqu’un de ses vers à l’honneur de St. […] Il est vrai que ces deux troupes se ressemblent, & se font mutuellement peu d’honneur : quels modéles ! […] Je crois, pour l’honneur du Roi de Prusse, que ces vers à lui adressés, & bien d’autres de ce caractère, ont été mal accueillis, & ont contribué à faire chasser le Poëte.
Elle a été célébrée sur le Parnasse comique, & on rapporte grand nombre de vers à son honneur & gloire, sans compter ceux dont on fait grace. […] Le Sieur Durosoi, trop avide de gloire, court après les honneurs littéraires, compose, cherche à briller, & à se faire un nom. […] Le théatre est le faîte de l’élevation, le sommet de l’honneur, le comble du mérite, la souveraine felicité des mortels du dix-huitieme siecle. […] La Tragédie de Richard, l’Opéra des trois Roses furent sifflés, & le Grand Durosoi n’a emporté ni honneur ni argent de la Capitale des Tectosages. […] Peu satisfait des honneurs dramatiques & académiques, le Sieur Durosoi a voulu avoir la célébrité des Journaux.
Ces conséquences font aussi peu d’honneur à l’esprit des Apologistes, que leurs passions en font à leur cœur ; leur logique & leur morale sons aussi peu raisonnables. […] Le besoin d’un tel remede feroit peu d’honneur à la Nation Françoise. […] Tout cela se trouve aussi dans les comédies, fictions, chimeres, obscénités ; toutes les horreurs de Bocace, de Rabelais, de la Fontaine, ont passé avec honneur sur le théatre sous la forme de drames. […] A Salenci, dans le Soissonnois, on fait tous les ans, depuis plusieurs siecles, une fête singuliere à l’honneur de la vertu, pour l’inspirer à la jeunesse. […] Il n’est pas heureux en apologies ; la légereté libertine avec laquelle il la traite suffiroit pour la décréditer, elle ne fait honneur ni à son jugement ni à sa morale.
Le Roi en fit tous les honneurs, & son frère le Duc d’Alençon en eut tant de honte, qu’il refusa d’y assister. […] C’est par surprise que les vieillards, qui s’étoient cachés dans le jardin, tâchèrent d’attenter à son honneur. […] Ils se sont chargés d’embellir les têtes des femmes, voulant faire de leur art un état séparé, & par un privilege exclusif jouir de tous les honneurs, & borner les Barbiers à parer la tête des hommes. […] Paîtrie d’orgueil, elle croit faire honneur à Dieu, comme au Prince, de venir parée dans son Temple. […] Il n’y a ni bizarrerie ni ridicule à être modeste ; le déshonneur n’est que dans le vice, & l’honneur dans la vertu.
La Fontaine, cet homme si doux & si simple, presque bête, disoit-on, avoit convenu avec Lulli, d’une somme pour un opéra ; Lulli n’en fut pas content, & ne voulut pas le payer ; la Fontaine pour se venger, composa la comédie le Florentin, c’est un de ses contes mis en drame, le premier à qui on ait accordé l’honneur du théatre, ce qui a été depuis trop souvent imité, & a donné encore plus de cours à ces ouvrages licencieux, & les a rendus plus séduisants, par tous le agréments de la scéne. […] Cette passion passe de la capitale dans les provinces, le mal se glisse par-tout ; les gens dont l’état demande plus de gravité, ne sont pas plus sages que les autres : le Magistrat, l’Ecclésiastique, l’homme de guerre se disputent la gloire d’épuiser leur bourse, de perdre leur honneur, & d’altérer leur santé. […] L’auteur dit, Dieu permit cette longue prison, pour faire mieux connoître la piété extraordinaire à laquelle Jean de Vert, qui avec d’autres officiers étrangers, y étoit prisonnier, rendit un témoignage singulier ; car le Cardinal de Richelieu l’ayant invité à un ballet magnifique, de sa composition, & ce général ayant vu au ballet un Evêque qui en faisoit les honneurs, dit publiquement, Ce qui m’a le plus surpris en France, c’est d’y voir les Saints en prison, & les Evêques à la comédie. […] Le Pere Tournemine Jésuite, entousiasmé de Corneille, écrivit en Espagne pour savoir en quelle année Calderon avoit composé sa piece, & s’il étoit venu en France ; on ne se souvint pas de l’année de la composition, mais on lui apprit celle de l’impression, après 1647, que l’Heraclius de Corneille fut joué ; mais avant son impression, on lui marqua que Calderon étoit venu à Paris, y avoit fait des vers à l’honneur d’Anne d’Autriche, qu’il avoit pu voir représenter, & avoir retenu plusieurs traits de Corneille. […] Le Marquis d’Argens a été Avocat-général au Parlement d’Aix, y a traité les plus importantes affaires, entr’autres la grande affaire du Pere Girard & de la Cadiere, il avoue de bonne foi que le Pere Girard étoit un homme de bien, un homme de mérite, un homme à talent, très-innocent, & incapable des crimes qu’on lui imputoit ; mais que la vanité qui lui inspira le succès de la direction, & l’éclat du ministère, le rendit d’abord crédule comme un enfant, & enfin la dupe d’une pénitente plus vaine, plus fine, plus méchante que lui ; qui, d’abord par jalousie, ensuite par la suggestion des ennemis des Jésuites, joua la comédie pour le perdre, & ne craignit pas de se décrier elle-même, par de faux crimes qu’elle eût du cacher pour son propre honneur, quand ils auroient été véritables ; pour satisfaire sa haine en décriant un Directeur, qui ayant connu, mais trop tard, la fourberie, lui retira son estime & sa confiance : la Cadiere étoit une sorte d’actrice par son libertinage, sa feinte piété, son talent à jouer toute sorte de rôle ; & le Pere Girard trop facile, qui d’abord la crut une sainte, fut le jouer de sa malice, & l’ayant démasquée à contre-tems & sans précaution, devint la victime de son ressentiment.
Il est vrai qu’il a paru depuis peu le Préjugé à la mode, piece assez bonne, faite pour rétablir l’honneur de cette sainte union, & engager les gens mariés à vivre dans une parfaite intelligence. […] J’ose ajoûter que dans un ouvrage dicté par les bonnes mœurs, où l’on veut rétablir l’honneur du lien conjugal, il est surprenant qu’on n’ait point parlé de sacrement & de religion, le plus fort & le plus respectable de tous les liens, établi & béni de Dieu dès le commencement, & élevé dans la loi nouvelle jusqu’à représenter l’union de Jesus-Christ avec son Église, ce qui est bien supérieur & à tout le sérieux & à toutes les plaisanteries de la scène. […] Cet homme fut si flatté par bêtise, de cet honneur prétendu, ou par sagesse affecta si bien de l’être, qu’il alla à la représentation, y applaudit hautement, & la fit valoir comme excellente, quoique la plûpart des aventures qui en font les scènes lui fussent arrivées. […] par mille folies qui font aussi peu d’honneur à l’esprit qu’à la vertu de l’inventeur : & comme si un père qui reconnoît la fourberie, pouvoit être ou obligé d’y souscrire, ou assez fou pour y consentir, & vouloir au prix de ses plus chers intérêts en être volontairement la duppe. […] Elles sont moins économes : jamais assez d’habits, de meubles, d’équipages, de domestiques ; trop d’honneur à un mari qu’on veuille bien le ruiner.
Ils soudoient les acteurs & les actrices, leurs bâtissent des salles, les font jouer chez eux, les admettent dans leur familiarité ; ils y ruinent leur fortune, leur santé, leur honneur.
Au jugement de l’un, l’orgueil est en abomination aux yeux de Dieu, l’impureté un crime si horrible qu’il ne veut pas même qu’il soit nommé, la passion pour les richesses une véritable idolatrie, le faux point d’honneur une injustice criante qui entreprend même sur les droits du Très-haut, qui s’est réservé la vengeance : au jugement de l’autre l’humilité est une bassesse, la patience une lâcheté, la mortification une folie, la pauvreté presqu’un crime, l’affliction un tourment, l’humiliation un supplice, & la modestie un vain scrupule.
MADAME, Ce n’est point un sentiment de vanité qui m’a fait rechercher l’honneur de placer votre Auguste Nom à la tête de mon Ouvrage : la flatteuse espérance de procurer à toute l’Europe un avantage qu’elle ne peut devoir aujourd’hui qu’à VOTRE MAJESTÉ IMPERIALE, m’a seule encouragé à lui offrir La Réformation du Théâtre.
Il est, par exemple, défendu sur le Théatre d’ensanglanter la scene, même en le faisant suivant les regles de la justice & de l’honneur, & il est permis néanmoins de s’ôter la vie à soi-même, ce qui, hors du Théatre, feroit horreur. […] Aussi depuis que les jeunes gens vont à leur école, ils perdent bientôt, comme leurs maîtresses, la probité & l’honneur. […] ce cri armé de tous les traits de l’éloquence, n’est-il pas le cri de la patrie, qui venge l’honneur & les bonnes mœurs sacrifiées aux licences de telles scenes, qui accoutument les yeux du Peuple à des horreurs qu’il ne devroit pas même connoître, & à des forfaits qu’il devroit regarder comme impossibles ? […] D’où l’on ose conclure que deux heures par jour, données à l’activité du vice, sauvent une partie des crimes qui se commettroient ; & tout ce que les spectacles causent d’entretiens dans les cafés & autres refuges de fainéans & de libertins est encore autant de gagné pour les peres de famille, soit sur l’honneur de leurs filles ou de leurs femmes, soit sur leurs bourses & celle de leurs enfans.
Les Fêtes du Dieu du Vin, la Religion & la débauche donnerent la naissance à cette espéce de Poësie, qui depuis a fait tant d’honneur à l’esprit humain. […] Dans toutes les Fêtes on buvoit & on chantoit, & comme Bacchus est un Dieu de toutes les Fêtes, on chantoit toujours à son honneur des Vers qu’à cause de lui on nommoit Dithyrambiques, & l’on y joignoit des Vers Satyriques, par lesquels les convives s’attaquoient les uns les autres. […] Les Commentateurs de Boileau qui nous disent tant de choses, ne nous disent point pourquoi en traduisant ces vers d’Horace, Boileau a mis le brodequin au lieu du cothurne, & pourquoi il donne à Sophocle l’honneur qui appartient à Eschyle d’avoir le premier intéressé le Chœur à l’Action. […] Cet endroit de Démosthene, qui prouve que les gens sages n’approuvoient pas cette Ambassade, doit détromper ceux qui croyent que la profession de Comédien fut toujours en honneur dans la Grece.
Le crédit des courtisannes est incroyables ; protection, honneurs, graces, emplois, dignités, c’est par elles que tout s’obtient ou se refuse ; d’elles dépend le gain des procès & le succès des affaires. […] On auroit pu se passer de ce personnage ; mais, mais comme les courtisannes ont une dose de philosophie dont elle se font honneur, ce rôle n’y est point déplacé, & il l’embellit. […] Un Sigisbées. est un homme poli qui accompagne les femmes à l’Eglise pour leur faire honneur, une espece de Mentor sur lequel se repose un mari jaloux, un pere vigilant, un Espagnol sur une Duegne, un François sur une Gouvernante, les Princes sur une Dame d’honneur. […] Tout dégénere dans ce monde : ces gardiens de l’honneur des femmes devinrent leurs corrupteurs, des entremetteurs de galanterie d’autant plus dangereux qu’on s’en défie moins. […] Quoiqu’il n’en soit pas tout-à-fait de même parmi nous, le sieur Palissot croit devoir, pour l’honneur de la Littérature & l’intérêt des mœurs, demander justice de la témérité des Comédiens.
Quand un Comédien s’en fait honneur, ou il se borne à l’art de la représentation, c’est-à-dire, à tout ce qui convient à soi-même, ou à la scène, pour bien imiter ses personnages ; ou il entend par là, l’art du Drame, qui lui-même comprend la critique. […] Dans l’amour, c’est la possession ; dans l’ambition, les honneurs, dans la haine, la vengeance.
Toute une petite ville est mise en train pour jouer la farce du gouvernement chimérique donné à l’écuyer, à qui l’on fait toutes sortes d’insultes : cent & cent autres personnes, dans le cours de cette histoire insensée, entretiennent les rêveries de ce malheureux, pour le baffouer, & renouvellent les combats des gladiateurs, où les romains se divertissoient aux dépens des hommes, comme ils venoient de faire au théatre Le cirque est un théatre, le théatre est un cirque, où l’homme est le jouet de l’homme ; dans l’un aux dépens de la vie, dans l’autre aux dépens de l’honneur : la brutalité a enfanté l’un & l’autre, y conduit & s’y plaît. […] Quels exploits n’auroit pas signalé la force de son bras, pour sauver l’honneur depuis long-temps perdu de ces charmantes Lucreces : il eût ensanglanté la scène & poursuivi les géans dans les coulisses.
Des comédiens et du Clergé , suivi de réflexions sur le mandement de monseigneur l’archevêque de Rouen, par le baron d’Hénin de Cuvillers , maréchal de camp, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, officier de l’ordre royal de la Légion d’Honneur, membre de plusieurs sociétés savantes, etc. […] Celles des cordeliers se termine ainsi : « L’honneur qu’ils (les bons pères) ont d’être vos voisins, leur fait espérer que vous leur accorderez l’effet de leurs prières, qu’ils redoubleront envers le Seigneur pour la prospérité de votre chère compagnie.
On a déjà dit pour défense, Qu’il y avait différence de Spectacles chez les Grecs et chez les Romains ; Que véritablement les représentations qui se faisaient en postures, en grimaces, et en danses, étaient lubriques et déshonnêtes, et n’étaient exécutées que par les Histrions et Pantomimes qui étaient les Bouffons ou bateleurs de ce temps-là, et qu’il n’y a point d’apparence de croire que ces sortes de gens fussent mis au rang des personnes d’honneur ; mais qu’il y avait des Comédiens sérieux qui ne représentaient que des Tragédies ou Tragi-comédies pleines de raisonnements Moraux et Politiques, et que c’était ceux-là qui n’étaient pas notés d’infamie comme les autres ; Qu’un Roscius Comédien qui a été tant estimé, pouvait être de leur bande ; Que c’était chez lui que les jeunes Orateurs de Rome allaient étudier le geste et la prononciation ; Qu’il était un des plus honnêtes hommes de la Ville, et que Cicéron ayant pris la peine de le défendre en une Cause, avait parlé de lui fort avantageusement ; Mais quoi que en effet ce Roscius ait été vertueux, s’ensuit-il que tous les autres Comédiens de son temps le fussent, et qu’ils lui ressemblassent en son mérite personnel ? […] Les Poètes et les Comédiens diront que ces Comédies ne se jouent pas souvent, et que s’il en échappe quelques-unes, c’est pour plaire au peuple qui les demande, et que pour eux ils aimeraient mieux tirer du profit des Pièces sérieuses quand elles sont en crédit, afin de se conserver en honneur et en estime, et qu’on n’eût plus rien à leur reprocher.
Parmi les honneurs très-flateurs & très-lucratifs, prodigués à l’Auteur du Siege de Calais, voici des traits singuliers. […] Cependant ce sage, cet excellent citoyen, peu reconnoissant de cette libéralité faite à son honneur, eut un démêlé très-vif avec la Troupe au sujet de ses droits sur la recette. […] C’est faire peu d’honneur, & rendre peu de justice à ce grand Prince, de le dire imitateur de Galien. […] Un des Officiers, parlant de la persécution autorisée par l’Empereur, dit : Il se trompe, un sujet gouverné par l’honneur, Distingue en tous les temps l’état & la croyance, Le Trône avec l’Autel n’est point dans la balance. […] Ce rapport plein d’indulgence, & même de connivence, ne laisse pas douter que ce drame ne donne des leçons de duel, n’en soit l’apologie & l’éloge, comme une chose dictée par l’honneur, exigée par nos mœurs.
Il n’est pas besoin d’être saint Père pour se déchainer là-contre, il suffit d’être Chrétien : je dis trop, il ne faut qu’avoir un peu d’honneur et de bon sens. […] Après tout ce que je viens d’avoir l’honneur de vous dire de l’approbation qu’on « Qua nos fugere, etc ». […] éloquentes qui lui attiraient toujours une foule d’Auditeurs, qu’après s’être un peu relâché l’esprit la Campagne, il revenait rendre aux Martyrs les honneurs qu’ils méritaient. […] Il était beau de voir les Prêtres, les Diacres et les Ministres des Autels représenter des personnages, à quoi je ne puis donner d’autres noms que ridicules, en l’honneur de saint Estienne, de saint Jean, ou des saints Innocents ! […] Tant qu’on ne donnera au public que des Comédies comme celles que vous m’avez fait l’honneur de soumettre à mon jugement, il n’y aura ni crime à les faire, ni crime à les représenter, ni crime à les voir, avec la modération et les autres circonstances que nous avons remarquées.
Et par ce noble exploit vous acquirent l’honneur D’être seuls employés au Temple du Seigneur. […] Vous vivez dans Brutus, vous mettez dans mon sein Tout l’honneur qu’un Tyran ravit au nom Romain. […] Admettrons-nous quelque autre à ces honneurs suprêmes ? Non, ce n’est qu’avec vous que je veux partager Cet immortel honneur et ce pressant danger. […] L’honneur du premier coup à mes mains est remis, etc. » La plume me tombe des mains.
Ma sœur est un trésor, Monsieur, pour vous, pour votre neveu, pour moi, pour la Nation, dont elle est l’honneur.
Saint Paul nous a laissé en divers lieux de ses Epîtres un excellent portrait de toutes les qualités d’un Evêque, et il semble que l’Eglise de Paris les ait voulu ramasser toutes dans ce seul verset d’un Hymne qu’elle chante à l’honneur des Saints Pontifes : « Fit Gregis Pastor, Pater, atque forma Lætus impendit sua, seque, servus Omnium, curis gravis, omnibusque Omnia factus. » Voilà, mes Pères, ce qu’on a toujours regardé comme devant être le caractère de tous les Evêques.
Dans le second point de vue, la Comédie est un tableau où l’on voit des caractères, des portraits, une critique fine des mœurs, des exemples de vertu et des sentiments d’honneur, le vice démasqué, le sot orgueil confondu.
MONSIEUR, Il n’y a personne qui ne prît la Lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, pour une raillerie, et je croirais la même chose si je ne connaissais votre sincérité, et si je n’étais assuré que vous en avez fait profession, vous engageant dans la piété. […] Depuis qu’une femme a perdu la pudeur, quelle a banni la modestie, qu’elle a mis sous ses pieds l’honneur de son sexe, c’est un serpent rempli de poison, qui met sa gloire et son étude à donner de l’amour et à en recevoir. […] L’horreur que l’on conçoit de ces Spectacles, ferme les yeux à la vanité (ce que le Prophète demandait à Dieu avec instance « Averte oculos meos ne videant vanitatem. » Ps. 118 [Psaume 118 [119], verset 37] :) Elle ôte à la chair ce qui entretient ses flammes impures, et conserve son intégrité : Elle empêche la superbe de glisser son poison dans l’esprit, et de le surprendre en le détournant de ces jeux, où l’on donne l’honneur et la gloire à ceux qui ont porté plus haut ses mouvements déréglés C’est pourquoi depuis l’établissement du Christianisme, et que Jésus-Christ crucifié a été proposé aux hommes comme la voie, la vérité, et la vie, qui conduisent à la béatitude, les partisans de l’idolâtrie ont toujours attaqué ces sentiments catholiques, comme les plus opposés à la superstition : Et les Pères ont été obligés de prendre leur défense, comme un des points principaux de notre créance, et de composer des livres entiers pour les soutenir.
Cette passion insensée qui fait des ravages incroyables dans le monde, ce feu d’enfer qui enflamme le cercle de la vie de la plupart des enfants d’Adam, l’impureté dont saint Paul ne veut pas que le nom même soit prononcé parmi des Chrétiens, parce que son image est contagieuse, ou si l’on est obligé d’en parler, ce ne doit être qu’avec horreur, qu’en la flétrissant, la traitant avec exécration comme une maladie honteuse qui ravale l’homme à la condition des bêtes, ce vice, dis-je, y est transformé en vertus, il est mis en honneur et en crédit, regardé comme une belle faiblesse dont les âmes les plus héroïques ne sont pas exemptes, et qui leur sert d’aiguillon pour entreprendre les choses les plus difficiles, on s’y remplit du plaisir qu’on se figure à aimer et à être aimé, on y ouvre son cœur aux cajoleries, on en apprend le langage, et dans les intrigues de la pièce les détestables adresses que l’auteur suggère pour réussir, or n’est-ce pas là une idolâtrie dont se souille le cœur humain ? […] Il y a encore d’autres vices dont nous ne sommes pas moins susceptibles que de celui-là qui y sont pareillement excités, tels sont l’orgueil, l’ambition, les maximes du faux honneur, la jalousie, la vengeance, tous peints avec des couleurs si belles, qu’on se sent forcé d’estimer ceux en qui ils se trouvent. […] Le temps ne permet pas de m’étendre sur les désordres et les inconvénients du bal, la plupart des raisons qui prescrivent l’un, condamnent l’autre, les danses sont aussi bien que les comédies un reste du paganisme, car les idolâtres croyaient rendre par là un grand honneur à leurs fausses divinités dans leurs fêtes solennelles.
Il est certain que des paroles impures ne manqueraient pas de choquer dans le commerce ordinaire de la vie, et qu’une femme surtout, qui a un peu d’honneur ne les souffrirait point. […] Le compliment est nouveau de dire aux femmes de condition que les trois quarts parmi elles n’ont point d’honneur. […] Il faut qu’après cela elle monte à son plus haut point : à moins qu’elle ne tombe dans le mépris par la voie même dont on se sert pour l’élever en honneur. […] quel honneur y a-t-il donc à être Maîtres dans l’art de mal faire sans scrupule, sans retours, sans honte ? […] Il nous est représenté, ce tragique, comme un homme sérieux, fier, haut, sensible à l’honneur, piqué au vif de se voir un rival, et d’être forcé d’entrer en lice avec Euripide.
, que je crains que leur probité ne soit de celles des sages du monde qui ne savent s’ils sont chrétiens ou non, et qui s’imaginent avoir rempli tous les devoirs de la vertu lorsqu’ils vivent en gens d’honneur, sans tromper personne, pendant qu’ils se trompent eux-mêmes en donnant tout à leurs passions et à leurs plaisirs.
M. de Voltaire & Madame du Châtelet ont fait long-temps les honneurs de celle de Sceaux ; il y a plu des impromptus à verse. […] d’Argens, Maupertuis, Polnits, Algarotti ; mais la danseuse Barbarini en a plus elle seule que ces quatre Savans ensemble ; les biens & les honneurs pleuvent en Espagne sur la Farinelli, en France sur la Clairon, &c. […] Quoi de mieux entendu que l’équitable contrat de société entre le Geolier & le Receleur, leur rivalité de délicatesse sur l’honneur de leur métier, sans préjudice du sincère dessein de se vendre l’un l’autre à la premiere occasion ! […] Après bien des contestations le Magistrat a eu l’honneur sur le nouveau Gentilhomme : il a été joué le premier, & le premier sifflé.
Altelle, ou Quirin, ordonnant de lui dresser et bâtir un Temple, et un Autel, et lui faire les honneurs qu’on doit à un dieu. […] Telles fables façonnent les jeunes gens, et les rendent plus prompts et habiles à désirer louange et honneur. […] on n’ose réciter telles vilenies en la présence de gens de bien et d’honneur tant on est honteux. […] Pour autant que les anciens Romains estimaient, que le métier de jouer ces jeux, et toute la scène était chose infame, ont voulu, que telle manière de gens non seulement fût privée de l’honneur des autres citoyens, et du droit de bourgeoisie : mais aussi que par la note et répréhension du Censeur elle fût ôtée de la tribu, ou du nombre de ceux, qui étaient enrôlés chacun en son cartier ou canton.
Il se tient derriere le fauteuil du Roi dans les assemblées ; il a les entrées par-tout & les honneurs de premier Gentilhomme de la Chambre ; il a toute inspection & autorité sur les Acteurs, Actrices, Danseurs, Tabarins, armée brillante, dont il est Général. […] Les loix de la pudeur sont bien moins cheres que les graces de la beauté, l’honneur de la vertu que la gloire de plaire. […] Le Docteur Harrig fit un grand sermon, où il démontra que sa représentation nuit aux bonne mœurs, à la religion, à la vertu, à l’honneur. […] A Montargis, petite ville de l’Orléanois, le Poëte de la ville fit une piéce nouvelle, & de fort beaux couplets à l’honneur de Madame la Comtesse d’Artois. […] Ce langage, l’écho de celui du siécle, ces idées, qui en rendent le véritable esprit, font de l’incrédulité un jeu qui amuse, un ton qui a imposé un air de bel esprit, dont on se fait honneur, une espece de scene comique.
On leur a tantôt donné un corps d’oiseau, tantôt un corps de poisson ; leur mère Terpsichore, qui les avoit si bien formées, & qui étoit elle-même si habile danseuse, méritoit bien les honneurs du Parnasse. […] Les Aphrodisies en l’honneur de Vénus au-tour de ses Temples d’Amathonte, de Gnide, de Paphos, &c. […] Les Lupercales, en l’honneur de Pan, où les hommes couroient les rues un fouet à la main, & frappoient les passans. […] qu’il feroit honneur à la vertu ! […] L’Auteur a beau relever ce misérable état par deux ou trois médailles qu’il dit avoir été frappées à l’honneur de quelque danseur, que peut-être il se fit frapper lui-même, comme nos Actrices se font peindre & graver jusque sur des tabatieres ; ils n’en sont ni moins dangereux, ni moins méprisables, il ne peut s’empêcher de s’écrier : Concluons d’un trait aussi caractéristique de ce siecle, que les connoissances, l’esprit, le goût (les mœurs), y étoient totalement affoiblies, & la science du gouvernement inconnue.
Molière même, qui ne s’embarrassait ni des Dieux ni des hommes, après quelque trait de ridicule dans son Amphytrion et dans sa Psyché, leur fait une réparation d’honneur et leur rend hommage comme ses confrères. Pour moi, je ne comprendrai jamais qu’il soit permis de faire semblant d’être idolâtre, de blasphémer par jeu, de transporter à des créatures pour se divertir, les honneurs dus à la Divinité. Je ne comprendrai jamais que quand on a de l’honneur, de la pudeur, de la religion, on puisse être flatté de se voir comparer au Dieu de la fureur, à la Déesse de l’impudicité : un Chrétien, Jupiter ! […] Soyez satisfaite, cessez vos exhortations et vos reproches, laissez-nous le théâtre, venez y figurer avec nous, en goûter les plaisirs et en partager les honneurs. […] Rien n’avilit plus un honnête homme, que de le confondre dans la foule des gens sans honneur.
L'Abbé de Rancé s'en ferait-il honneur ? […] » De le voir vivre. « Que la raison, l'honneur de mon âme était loin ! […] » Tout cela certainement est du sombre, et du plus sombre, et ferait honneur à un écolier qui en aurait rempli une amplificationg : De morts et de mourants cent montagnes plaintives. […] Qu'on loue, à la bonne heure, les vers, dont plusieurs en effet sont beaux, et qui séparés de la pièce, et ne servant pas à étayer et à masquer un édifice d'impiété, feraient honneur aux talents du Poète ; mais qu'on ose en exalter la religion, la morale, les bons effets, inviter l'Auteur à se livrer à ce genre de poésie, regretter que cette pièce ne soit pas reçue sur le théâtre, désirer qu'elle s'y établisse, il est fâcheux qu'une pareille inattention (et ce terme est bien doux) porte le sceau de l'autorité publique. […] Mais aucun de ces ouvrages ne fait honneur à la religion, malgré l'écorce de quelques traits de piété qu'on y a semés, et qui ne garantissent pas mieux la sainteté de l'Ecrivain que le cilice et la cendre ne garantissent, selon lui, la vertu des Solitaires de la Trappe.
, on s’exerçait à faire des vers à l’honneur de Bacchus, qu’on appelait satyresq. […] « Anciennement on avait accoutumé de chanter dans les Chœurs des Dithyrambes à l’honneur de Bacchus ; mais les Poètes ensuite changeant cette coutume, ne représentaient que des Ajax, des Centaures, et d’autres semblables Fables : sur quoi les Spectateurs s’écrièrent par moquerie : Cela n’est point à propos, cela n’est point à l’honneur de Bacchus ; Ce qui fit que les Poètes touchés de ce reproche, commencèrent à introduire des satyres, afin qu’il ne semblât pas qu’ils n’eussent rien fait à l’honneur de Bacchus. » Cela nous fait voir clairement que les Tragédies où l’on ne parlait point de Bacchus, n’étaient pas considérées comme des actes de religion, mais comme des choses qui ne se rapportaient point à l’honneur de ce Dieu. […] Les Dieux à l’honneur desquels vous célébrez des Jeux, sont les mêmes à qui vous immolez des victimes. » Et dans le même chapitre. […] Si cela était ainsi, personne n’estimerait jamais qu’on dût célébrer à l’honneur des Dieux les honteuses représentations du Théâtre ; et les Dieux ne commanderaient jamais qu’on les célébrât en leur honneur. […] Augustin, à l’honneur de Janus, qu’ils croyaient être un Dieu, et à qui ils avaient dressé une Idole, devant laquelle ils faisaient ces Jeux, comme par une manière de sacrifice.
Le silence, Mes Pères, que vous affectez à l’égard de M. le Cardinal Grimaldi prédécesseur de celui à qui vous faites une réception si magnifique et en même temps si profane et si Païenne, ne vous fait pas d’honneur.
S’il y avait pourtant quelques remarques dans mon écrit que pussent servir à ceux qui travaillent, ils me feraient bien de l’honneur de les employer.
Machiavel, avec plus d’art, d’ordre & de suite, a mis en système le principe général, plus politique que chrétien, que les princes doivent tout sacrifier à leur intérêt fortune, honneur, vie des hommes, mœurs, religion, probité, bonne foi, pour régner sous les dehors de la vertu. Philippe de Macédoine disoit un mot qui lui fait peu d’honneur : On amuse les enfans avec des jouets, & les hommes avec des traités & des sermens. […] On a tort de faire honneur à Machiavel de sa Politique, il ne fut qu’un plagiaire d’Aristote, il n’a fait que recueillir les traits ordinaires des usupateurs, non-plus que Bodin, Juste Lipse, Grotius, Besolde, Danies, & tous les écrivains politiques, ainsi que tous les auteurs dramatiques.
Il n'y a pas jusqu'aux estampes du théâtre, jusqu'aux symboles dont il se fait honneur, par lesquels il se caractérise, qui n'arborent la folie : ces masques, ces cornes, ces habits bigarrés, ces épées de bois, ces attitudes, ces agitations, ces parures, ces décorations bizarres, ces coups de théâtre, etc. il semble qu'on soit dans le délire (on n'y est que trop en effet). […] C'étaient des enfants de chœur qui chassaient les chanoines de leurs stalles pour faire l'office à leur place, qui s'habillaient en Evêque et donnaient des bénédictions ; des gens qui menaient à l'Eglise un âne vêtu d'une chape, et chantaient des hymnes en son honneur, des chansons bachiques, des postures grotesques, des mascarades hideuses, des repas sur l'autel, et partout la comédie, dans l'Eglise, où l'on dressait le théâtre pour la jouer. […] Michol en eût été moins offensée, si c'eût été une danse régulière, dont les Princesses se font un plaisir et un honneur, telle que la dansa Hérodias, lorsque dans la suite, par le commerce des Grecs les Juifs donnèrent dans les raffinements du luxe.
[c] Il était loisible même d’en faire métier aux gens d’honneur en Grèce : Aristoni tragico actori rem aperit : huic et genus et fortuna honesta erant ; nec ars, quia nihil tale apud Graecos pudori est, ea deformabat.
*** Et là de grands Danseurs formés dès leurs bas âges, Viennent vous délasser, varier vos plaisirs ; Et tous unis ensemble ont les mêmes désirs : Tous veulent mériter l’honneur de vos suffrages.
La multitude des affaires dont il était chargé ne lui laissant pas le temps de travailler, et d’ailleurs voulant en grand Seigneur se faire honneur du travail des autres, il avait cinq Commis qui composaient à sa gloire ; c’étaient cinq Auteurs bien payés, auxquels il livrait un plan de sa façon, divisé en cinq actes, et assignait à chacun son acte à composer. […] Père, fils, maîtresse, beau-père, confident, tout est unanime sur ce faux point d’honneur ; il faut tout lui sacrifier, ses biens, ses dignités, sa maîtresse, sa vie ; ce qui est un monstre en morale, quelque effort qu’ait fait Marmontel pour le justifier. […] Dans une note il avance une chose qu’il n’est pas facile d’entendre, quoique l’Académie, pour lui faire honneur, en ait fait usage : « L’applaudissement et le blâme du Cid n’est qu’entre les doctes et les ignorants, au lieu que les contestations sur la Jérusalem délivrée et le Pastor fido ont été entre les gens d’esprit. » On comprend que des traités de théologie et d’algèbre n’intéressent que les savants et touchent peu ceux qui n’ont que de l’esprit ; mais le Cid et le Pastor fido sont également du ressort des gens d’esprit, et affectent fort peu les savants. […] On est étonné des grands ouvrages qu’a faits le Cardinal de Richelieu, l’Eglise de Sorbonne, la salle du Spectacle, le Palais Royal, la ville et le château de Richelieu ; on lui en fait un honneur infini : ce sont en effet des chefs-d’œuvre de l’art, dont le projet a quelque chose de grand.
La gazette d'Avignon (1 mars 1765) dit qu'on vient de frapper un médaillon où l'on voit la tête de la Clairon avec des vers fort plats à son honneur. […] Et ce spectacle, que l'humanité, que la nature, que la pudeur, la religion, l'honneur, ne pourraient soutenir, sera donc une beauté, une merveille qu'il faut saisir, répandre, conserver, immortaliser ! […] On avait fait le même honneur à le Kain, fameux Acteur, avant sa prison. […] Le monde n'est lui-même qu'un vain fantôme ; ses biens, ses honneurs, ses plaisirs, une ombre légère qui s'évanouit ; la scène, que l'image de ce fantôme, la représentation de cette ombre.
Vous m’allez demander peut-être qui l’a donc si fort ruiné : je ne crois pas que le Docteur Molière y ait perdu ses soins ; il a par ses belles leçons mis les maris sur un certain pied de commodité, qu’ils sont les premiers à faire les honneurs de leurs femmes, quand elles-mêmes n’ont pas la charité de leur en épargner le soin : voilà peut-être un des endroits où Molière a le mieux réussi, et sur lequel sa morale a fait le plus de progrès ; car je crois que c’est sur Molière que vous voulez faire tomber toutes ces belles œuvres que la Comédie a faites. […] Il est le premier à convenir qu’Homère est excellent dans ses inventions fabuleuses, et qu’il charme l’esprit par ses agréables rêveries : mais il se déchaîne aussi contre le torrent de la coutume, qui porte à lire des choses si chatouilleuses pour les bonnes mœurs ; jusques là qu’il fait honneur au Christianisme qu’un Auteur nourri dans ces sciences profanes, et dans la Religion du Paganisme, que Cicéron, en un mot, eût reproché à Homère qu’il faisait des Dieux des hommes, et qu’il érigeait les hommes en Dieux : au lieu, dit-il, qu’il aurait dû rendre les hommes semblables aux Dieux, plutôt que d’abaisser la divinité à la condition des hommes.
que ce serait traiter indignement la Majesté de Dieu, et diffamer la Doctrine Evangélique, si on exposait l’honneur et la pureté de son Eglise,C. prod. 65. de consec. […] aux approches contagieux des vilains, et des gens sans honneur.
Tout change en un instant ; la nuit fait place au jour ; Mortels, reconnaissez le pouvoir de l’Amour : Le Palais s’envolant disparaît dans la nue, Un Parterre aussitôt le remplace à ma vue ; Du grand Servandoniab magique illusion, Effet de sa brillante imagination : Tout n’est qu’enchantement ; sous l’habit de Colette Arnoud subjugue Mars : le son de la trompette Rappelle en vain ce Dieu dans les champs de l’honneur ; Plus content, plus heureux de posséder son cœur, Qu’il n’était autrefois jaloux de la victoire, Pour la suivre il renonce aux hasards, à la gloire ; Et livrant sans danger, de plus tendres combats, Il met tout son bonheur à mourir dans ses bras. […] Mais j’entends de doux sons ; et la Vestrisae arrive, On dirait qu’elle veut, par sa marche lascive ; Du libertin Boucheraf , échauffant le cerveau, A peindre Messalineag, exciter son pinceau : O toi qui sans danser, te pâmant en mesure, Fais passer dans nos cœurs un rayon de luxure ; Quand te reverra-t-on, pour ton bien, notre honneur, Pour le repos du monde, et ton propre bonheur, En pet-en-l’air de gaze, au retour du Théâtre, Prodiguant tes trésors de corail et d’albâtre ; De ces fiers ennemis contre nos jours armés.
Un homme d'honneur ne doit point regarder les Spectacles, et particulièrement ceux qui sont déshonnêtes, de peur que l'incontinence de sa vue ne soit un témoignage de l'impureté de son âme ; C'est avec raison que Périclès étant Préteur reprit Sophocle son collègue, en ces termes: Il faut qu'un Magistrat n'ait pas seulement les mains pures, mais les yeux même ; C'est pourquoi un homme à qui la puissance Royale donnait une grande licence, faisait cette prière à Dieu: Détournez mes yeux afin qu'ils ne regardent point la vanité; car il savait bien qu'il est certain que la vue cause une infinité de maux ; ce que le Prophète Jérémie déplore dans ses Lamentations ; Mes yeux, dit-il, ont ravi mon âme comme une proie.
Son fils, qui eût été alors le fils d’un excommunié, aurait-il eu l’honneur d’être le protégé favori de la reine, mère de Louis XIV, Anne d’Autriche, fille de Philippe III, roi d’Espagne, et l’une des princesses les plus pieuses de son temps ?
Cela ne se fait point parmi nous, et ne sommes tant irrévérencieux b en notre Religion, que de profaner l’honneur de Dieu et des saints : mais en lieu, ès jeux et processions publiques, du moins en quelques-unes, on fait entre les Chrétiens jouer et marcher les Diables en la forme qu’on les peint, non pas enchaînés, encore cela serait tolérable, mais déchaînés, comme si c’était au plus fort du Paganisme, et qu’on voulût représenter des furies enragées dessus un Théâtre ou Spectacle public, non plus de Païens, mais des Chrétiens qui doivent être assurés que le Diable a la puissance bridée.
Six infirmes, boiteux, aveugles, ou estropiés qui sont guéris, dites-vous, et qui prennent une nouvelle vigueur pour danser à l’honneur de celui de qui ils ont reçu un si bon office.
Le véritable honneur m’attire bien moins sur ses pas que la passion des femmes et la soif des richesses40. » Sénèque, dans une de ses épîtres, regarde l’amphithéâtre comme l’asile de l’oisiveté.
Leurs valets se ligueront pour dérober à votre avarice les secours que vos enfants n’ont pu obtenir de votre amour ; la dissipation et le larcin seront le fruit de vos épargnes ; et vos enfants, devenus vicieux par votre faute et pour votre supplice, seront encore intéressants pour le public que vous révoltez. » Et pour compléter la leçon et en assurer mieux le succès, il aurait fallu de l’autre côté encourager aussi à la vertu la famille de cet avare, lui rappeler qu’il est du devoir absolu des enfants de respecter leur père, de supporter patiemment ses défauts sur lesquels ils doivent, à l’imitation du bon fils, jeter le manteau du respect et de l’amour ; que cette patience est l’exercice le plus noble, le plus méritoire que des enfants bien nés puissent faire de leur vertu ; que non seulement la voix du sang et celle de l’honneur, mais l’humanité et la religion, qui recommandent l’indulgence envers tous nos semblables, leur en font un devoir bien plus rigoureux envers leur père. […] Quand même le séducteur ne pourrait lui dire de son mari, comme Clitandre dit de Georges Dandin, qu’il n’est pas digne de l’honneur qu’il a reçu, il pourra lui dire qu’il ne l’est pas du bonheur qu’il a eu ; et cette raison du mépris et des outrages sera trouvée aussi bonne que l’autre. […] En effet, il le représente professant constamment qu’un homme d’honneur doit être franc et sincère, et ne rien dire qui ne parte du cœur ; qu’il se ferait plutôt pendre que de trahir sa conscience. […] On s’y faisait un point d’honneur de se bien acquitter de ses devoirs de chrétien, de citoyen, d’époux et de père. […] Et, dans d’autres circonstances, combien de faux bienfaisants, ou d’hommes poussés uniquement par des vues secrètes d’intérêts particuliers, ont servi l’humanité autant que leurs concurrents généreux, de différentes manières ; soit par de grandes entreprises, ou la communication de projets utiles ; soit par des voyages ou des travaux pénibles, par leurs veilles et des études opiniâtres, par leurs découvertes, par leurs écrits ou discours ; soit aussi en veillant sur leurs concitoyens, en écartant les dangers qui les manaçaient, soit en défendant l’honneur et la fortune des opprimés ; soit en visitant et soignant leurs semblables, même dans les maladies les plus contagieuses !
Contre l’honneur du prochain. […] Quel chrétien a jamais douté que le culte suprême n’est dû qu’à Dieu ; que les honneurs religieux ne peuvent avoir pour objet, que la personne des Saints, dont la dignité, la vertu les mérite ? […] Les presses françoises ne se font pas moins un faux honneur d’orner ou plutôt de souiller leurs innombrables brochures de ces ouvrages de ténébres.
Il expose, que a l’honneur & louenge de dieu, de nostre mere saincte eglise, & de la saincte foy catholicque, & pour condition & consolation de tous bons & vrays Chrestiens. […] A iceulx quatre honneur royal desire Donner faveur abollir les erreurs Qui font humains a vertu contredire.
Chez les Romains, peu s’en falloit qu’il ne fût aussi glorieux de donner des Spectacles au Peuple, que de mériter les honneurs du triomphe. […] Les Villes, les bourgs de leur naissance partageoient leurs honneurs.
Il est désespéré de voir qu’un genre qu’il regardait comme devant le combler d’honneur soit presque méprisable dans l’esprit de certaines gens. […] Ayez l’honneur de ressembler au célèbre La Fontaine, qui paraissait tout autre, loin de son cabinet.
Le roi, qui fait tant de choses avantageuses pour la religion, comme il l’avoue lui-même, ce monarque qui occupe tous ses soins pour la maintenir, ce prince sous qui l’on peut dire avec assurance que l’hérésie est aux abois et qu’elle tire continuellement à la fin, ce grand roi qui n’a point donné de relâche ni de trêve à l’impiété, qui l’a poursuivie partout et ne lui a laissé aucun lieu de retraite, vient enfin de connaître que Molière est vraiment diabolique, que diabolique est son cerveaul, et que c’est un diable incarné ; et, pour le punir comme il le mérite, il vient d’ajouter une nouvelle pension à celle qu’il lui faisait l’honneur de lui donner comme auteur, lui ayant donné cette seconde, et à toute sa troupe, comme à ses comédiens. […] On l’accuse néanmoins, bien qu’elle soit innocente, pource que c’est Molière qui l’a fait paraître sur la scène, et l’on n’en a pas autrefois condamné d’autres, qui dans le même Festin de Pierre ont, ou de force ou de gré, pendant le cours de la pièce, perdu si visiblement leur honneur qu’il est impossible à l’auditeur d’en douter.
Si donc je suis votre pere, où est l’honneur que vous me rendez ?
Il est donc absurde de vouloir lui ôter ce qui peut lui faire vraiment honneur.
Ainsi on court grand risque de ne jamais dire à sa louange ce que le même Père dit à l’honneur de S.
Mais ces Jeux Scéniques des Romains ne furent pas tellement abandonnés au divertissement de la populace, que les Patrices et les personnes d'honneur et de qualité n'y pussent prendre quelque plaisir ; car on y joignit dans la suite des temps trois sortes de représentations plus magnifiques, plus ingénieuses et plus honnêtes.
LE goût des arts, l’honneur de ma patrie, l’amour du genre humain, un respect inviolable pour la vérité, voilà les motifs qui m’engagent à publier mes réflexions sur l’art du Théâtre. […] Rien n’est plus propre à développer dans nos ames les idées de justice, à fortifier le penchant qui nous porte à la vertu, que les honneurs qu’on lui rend sur la scene. […] Cette prétention monstrueuse, qui prend sa source dans l’humeur, pénetre aisément toute l’ame, si la raison n’oppose une digue à la rapidité du torrent, & ne nous ramene à des sentimens plus doux : on devient cruel & vicieux en prêchant sans cesse la vertu & l’humanité : on substitue le chagrin, la colere, les passions les plus incommodes à la société, à la place de l’honneur & de la probité qu’on a sans cesse dans la bouche, & dont on a défiguré les idées dans une imagination déréglée, & l’on finit comme Alceste par chercher sur la terre un endroit écarté, où d’être homme d’honneur on ait la liberté ; c’est-à-dire, homme d’honneur à sa maniere, en vivant seul. […] Que ne puis-je, pour l’honneur de ma patrie, anéantir une opinion que la raison désavoue !
Mais s’il est question de parler des autres où l’on fait profession de faire des actions et des gestes tout à fait impudiques, je dirai hardiment qu’à grande peine se trouve-t-il chose plus scandaleuse à l’honneur du Christianisme, plus préjudiciable à la jeunesse chaste, et plus dangereuse pour pécher mortellement ; car ce sont des filets, et des pièges que le diable dresse pour attraper une âme chaste ; ce sont des dispositions aux sacrifices de Venus, ou des degrés pour monter à l’autel de Baal.
Les uns & les autres combleroient d’éloges une retenue édifiante qui fait l’honneur & la gloire du sexe. Une Actrice est-elle jalouse de cet honneur & de cette gloire ? […] C’est ménager votre honneur, que de vous interdire ces scandales. […] Quel honneur pour vous, qu’on ne puisse se sauver qu’en vous fuyant !
C’est de ce portrait, MONSEIGNEVR, dont mon idée a esté incessamment remplie depuis l’honneur que VOSTRE EXCELLENCE, me fit de me soufrir dans son entretien. […] C’est vne feste publique, qui sert de couronnement aux nobles trauaux de toute vne année, & dans laquelle on distribuë des prix à la Ieunesse, qui a fourni sa carriere auec honneur. […] Ceux qui connoissent Monsieur Pasturel luy rendent ce juste eloge, & nôtre Theâtre François, ou, pour mieux dire, le Parnasse entier, luy est aussi redeuable des beaux ouurages qu’il a faits pour le Prince qu’il a l’honneur de seruir. […] Il y a de hauts Officiers qui sont ordinairement du Corps de la Troupe, qui ne tirent point de gages, & qui se contentent de l’honneur de leurs charges & de l’estime qu’on fait de leur probité. […] I’auoüe aussi que i’ay passé trop legerement sur les honneurs qui ont esté rendus aux fameux Poëtes par toutes les Nations & dans tous les siecles.
Lorsqu’un homme est mal dans ses affaires, il ne s’agit plus pour lui d’écouter la voix de la conscience, ni de se chicaner par des vues d’honneur ou de devoir. […] Nous aurions des Magistrats qui feraient beaucoup d’honneur à la nation s’ils étaient formés et choisis de la main de notre Poète ! […] Il prétend qu’Amanda renonce à la vertu, et soit infidèle à son époux par des principes d’honneur. […] Quelle conduite étrange, de perdre d’honneur des gens par les endroits mêmes par où ils valent ? […] On y élève en honneur les passions et les vices, qu’il est du devoir essentiel de la raison de mettre dans le décri.
Les Apologistes du Théâtre ne font pas honneur à leur esprit (peut-être même à leurs mœurs), quànd ils en prennent la défense. […] La lettre de ce dernier qui lui fait tant d’honneur est du 14 Mai 1759.
Vous ménagez les grands parce que vous en espérez de l’argent et des honneurs ; vous frappez les petits, parce que vous pouvez impunément les braver. […] mes frères, cet homme prodigieux, l’honneur de la France et de la littérature française, cet homme que Louis XIV admirait, bien qu’il n’eût pas toujours flatté les grands et les rois, cet homme en mourant ne peut éviter les foudres de l’Église !
Quelques dehors de religion succéderont à des dissolutions païennes ; et adorant le même Dieu, ayant la même loi, craignant les mêmes châtiments au carnaval qu’en Carême, on se fera honneur dans un temps, de faire tout le contraire de ce que cette loi ordonne ; dans un autre, un mérite d’applaudir à tous ses articles. […] La raillerie de ce qu’on est homme de bien, fait autant d’honneur à celui qui en est l’objet, qu’elle décrie chez tous les honnêtes gens le libertin qui raille.
Le célébre Æsopus pour faire honneur à Pompée, voulut malgré son grand âge, paroître encore sur la Scene, & joua de façon qui ne fit honneur ni à Pompée ni à lui. […] Ce Peuple, qui par une fierté mal fondée, avoit pendant plusieurs siécles, regardé comme de vils amusemens des Grecs, tous les Arts qui font honneur à l’Esprit, admira un Baladin, dont la science consistoit à tout imiter par ses gestes : un Acteur toujours muet à qui sa main servoit de langue.
Le monologue de Rodrigue dut produire un grand effet à cause de notre maniere de penser sur le point d’honneur, & sur l’amour. […] Pere, Maîtresse, Honneur, Amour, &c. […] Il fait réflexion que s’il ne se vange pas, il perdra également sa Maîtresse, puisqu’elle le méprisera : cette réflexion le détermine, Allons, mon bras, sauvons du moins l’honneur, Puisqu’après tout il faut perdre Chimene.
C’est l’opinion où l’on est que la chimère de l’honneur est un bien tellement précieux, qu’il faut l’acheter à tout prix, fût-ce même au prix de l’existence. Si, en parlant des duellistes, on les qualifiait, comme ils le méritent, de fous et de furieux ; si l’idole fantastique qu’ils appellent l’honneur n’était représentée que comme une chimère et une extravagance, si on avait soin de ne peindre la vengeance que sous les couleurs d’une action lâche et cruelle, nul doute que l’on n’accoutumât les hommes à moins de susceptibilité ; mais ce qui contribue à exaspérer les esprits et à les rendre enclins à la vengeance, c’est l’opinion accréditée qu’il y a de la lâcheté à supporter un affront. […] Ils ont une forte tendance à corrompre et à vicier l’esprit par des plaisanteries immorales, ou en donnant des idées fausses sur l’amour, l’honneur et tout ce qui a rapport à la conduite de la vie.
J’ai recours à la protection des dames qui me font l’honneur de m’entendre, je combats un penchant bien commun et bien vif, plus redoutable que le roi de Prusse. […] Ce n’est pas aux mortels D’envier cet honneur à la divinité. […] Tous les monarques même Seraient trop au-dessus de cet honneur suprême. […] Ce poëte n’a pas même l’honneur de l’invention de ce prétendu sublime. […] Suétone rapporte un trait frappant de cette façon insensée de penser et de parler sur les choses les plus sérieuses, dont il y aurait de l’injustice de ne pas faire honneur au théâtre.
Augustin, sont mêlés avec les honneurs des Dieux ; Ce sont des artifices que la vertu Romaine a été longtemps sans connaître, lesquels, combien qu’ils fussent recherchés pour le plaisir et délectation des hommes, et soient glissés par la corruption des mœurs, les Dieux ont requis, qu’on les fît en leur honneur ». Il avait dit auparavant, que « les Dieux avaient introduit les jeux Scéniques, parmi les mœurs Romaines, qu’ils avaient voulu qu’ils fussent consacrés à leurs honneurs, partout où ils se célébraient, récitaient, et jouaient ». […] Tellement que chacun qui aime l’honnêteté, doit fuir tels spectacles, s’il veut avoir égard à son honneur et à la piété ». […] by » Cet argument était valable contre l’idolâtrie des Païens ; et il ne l’est pas moins à présent, contre l’honneur qu’on fait à telles gens de les aller ouïr, leur faire des présents, et les salarier : combien que les lois continuent qui les rendent infâmes. […] Nous préférons les jeux au service de Dieu ; Nous méprisons la table du Seigneur, et nous faisons honneur aux Théâtres : Enfin, nous aimons tout, nous honorons tout.
Le théatre a de même servi d’échelle pour monter au faste des honneurs littéraires, à Messieurs Racine, Voltaire, Duclos, Marmontel, Historiographes de France & de l’Académie Françoise.
Quel honneur peuvent nous acquérir ces productions frivoles qu’on appelle Romans ?
Le génie perça cependant quelquefois dans ces siècles dont il nous reste si peu d’Ouvrages dignes d’estime ; la Farce de Pathelin ferait honneur a Molière.
Il suffit d’avoir observé ce qu’il y a de malignité spéciale dans les assemblées, où comme on veut contenter la multitude, dont la plus grande partie est livrée aux sens, on se propose toujours d’en flatter les inclinations par quelques endroits : tout le théâtre applaudit quand on les trouve ; on se fait comme un point d’honneur de sentir ce qui doit toucher, et on croirait troubler la fête, si on n’était enchanté avec toute la compagnie.
Tous les citoyens, en effet, qu’ils soient comédiens ou non, lorsqu’ils professent la religion chrétienne, n’ont droit aux prières de l’église et aux honneurs sacrés, qu’autant qu’ils se soumettraient aux pratiques religieuses et aux commandements de la morale divine.
Caffaro est presque inconnue : on a cru devoir l’imprimer à la suite de cette Préface ; outre qu’elle fait honneur à la docilité de ce Religieux; elle servira encore à montrer le peu de cas qu’il faisait lui-même d’un écrit dont on vante le mérite imaginaire.
qui pour avoir composé des vers contre l’honneur de Dieu, son Eglise & l’honnéteté publique, ont été condamnés aux supplices les plus affreux, comme criminels de lèze Majesté Divine . […] De quelle joie serois-je transporté moi même dans une circonstance aussi propre à lui faire agréer un hommage public de mon respect, moi qui ai l’honneur d’être attaché à son service ! […] ) telles sont les mœurs d’un siecle instruit : le sçavoir, l’esprit, le courage ont seuls notre admiration ; & toi, douce & modeste vertu, tu restes toujours sans honneur ! […] à faire honneur au génie de la nation par l’étendue de leurs connoissances, & si capables de servir la Patrie par la multiplicité de leurs découvertes, comme par une infinité de notions utiles sur les arts & sur les sciences : les autres (au mot Geneve :) si nécessaires au progrès & au soutien des arts par le soulagement dont ils seront pour les esprits occupés, & plus nécessaires encore par l’occupation décente qu’ils procureront aux desœuvrés. […] De l’or & des honneurs je ne demande pas, Juste Ciel, seulement fais qu’avant mon trépas Je puisse de mes yeux voir trois de ces Corsaires Ornant superbement trois bois patibulaires, Pour prix de leurs larcins en Public élevés, Danser la sarabande à deux pieds des pavés.
le voilà cet insensé à la porte de cette maison détestable, poussant des soupirs, versant des larmes, flétrissant son honneur. […] Entendroient-ils même ce qu’on leur diroit des plaisirs purs & innocens que goûtent les ames pieuses, des couronnes qu’elles se préparent, de leur société avec les Anges, de l’honneur même qu’elles se font sur la terre, de la liberté qui les fait par-tout marcher avec assurance, & de la juste confiance que leur donnent tant de titres sur l’éternité ?
Ce saint Docteur, fils d’un Préfet du Prétoire des Gaules, la première dignité de l’empire d’Occident, y suivit plusieurs années le barreau, exerça la charge de Conseiller Assesseur du Préfet du Prétoire, et fut enfin Gouverneur de deux provinces consulaires, l’Emilie et la Ligurie ; avec les honneurs de Consul, magistrature suprême dans l’Empire. […] On y a épuisé tous les sujets de la table : chaque Divinité a quelque pièce à son honneur, Vénus et l’Amour se trouvent à toutes ; y a-t-on jamais vu ni Vesta ni les Vestales ?
« Maintenant qu’il s’agit de mon seul intérêt, Vous demandez ma mort, j’en accepte l’arrêt, Votre ressentiment choisit la main d’un autre, Je ne méritais pas de mourir de la vôtre, On ne me verra point en repousser les coups, Je dois trop de respect à qui combat pour vous, Et ravi de penser que c’est de vous qu’ils viennent, Puisque c’est votre honneur que ses armes soutiennent, Je vais lui présenter mon estomac ouvert, Adorant en sa main la vôtre qui me perd. » « En vérité peut-on pousser la profanation plus avant, et le faire en même temps d’une manière qui plaise davantage et qui soit plus dangereuse ? […] Cette estime pour Cornélie que le Poète a voulu donner en cet endroit aux Spectateurs, après l’avoir conçue lui-même, vient du fond de cette même corruption qui fait regarder dans le monde comme des enfants mal nés et sans mérite, ceux qui ne vengent pas la mort de leurs pères, ou de leurs parents, en sorte que le public attache souvent leur honneur à l’engagement de se battre contre les meurtriers de leurs proches ; qu’on les élève dans de si horribles dispositions, et qu’on mesure leur mérite à la correspondance qu’on trouve en eux, au sentiment qu’on prétend leur donner ; que ces sortes de représentations favorisent encore d’une manière pathétique, et qui s’insinue plus facilement que tout ce qu’on pourrait leur dire d’ailleurs. […] Celles qui passent pour les plus honnêtes, renferment bien souvent le poison le plus subtil, et si vous examinez toutes celles que vous avez jamais ouïes, vous remarquerez qu’il n’y en a point qui ne blessent ou la vérité, ou la charité, soit en donnant de fausses louanges aux choses, et aux personnes qui n’en méritent point, soit en déchirant l’honneur et la réputation du prochain.
sans faire attention que les théâtres sont protégés par les gouvernements, et que la profession de comédien est approuvée par les souverains et par le pape, des prêtres rigoristes par ignorance, et entêtés par fanatisme, fulmineraient contre les acteurs une excommunication injuste en les privant des prières et des honneurs de l’église, et en leur refusant la sépulture en terre sainte !
Il est allé en tapinois en Grece, son butin est pris dans l’antiquité, il s’est enrichi des dépouilles d’Euripide, qu’il lisoit, dit-on, dans les allées du jardin de Port-Royal, malgré les anathêmes de ses maîtres, Voiture, Benserade, tous les romanciers, les faiseurs de nouvelles, plus espagnols que françois, se faisoient honneur de leur plagiat. […] Cet officieux écrivain a porté plus loin son zele dramatique : il a donné une traduction en allemand de tout Shakespear ; honneur qu’on n’a point fait à Corneille, & que Shakespear ne mérite pas mieux. […] Il est vrai qu’il faisoit le même honneur à Rabelais, dont il avoit aussi appris par cœur le Pantagruel, & en récitoit des chapitres entiers. […] Ils s’en font honneur par une sotise nouvelle.
La colere fait aussi peu d’honneur que la reconnoissance, & à elles, & à lui, & tout aussi peu l’énorme licence dont elles ont souillé ses vers. […] Honneur à la philosophie ; Applaudit-toi, mon cher mondain ; Notre morale radoucie N’effraira plus le genre humain. […] Ce funebre & dernier honneur, Ta vertu franche & peu farouche, A jamais vivra dans mon cœur. […] L’éloge de Chaulieu ne fait honneur ni à ses vers ni à ses mœurs.
L’Histoire et le Gouvernement des Monarchies peuvent-ils produire des plans assez sublimes : c’est aux seules Républiques à qui cet honneur est réservé, c’est à Rome, à Athènes, à Lacédémone, à Lucques, à San Marin, à Genève surtout, à qui il est exclusivement accordé d’avoir des Héros ; c’est dans une Ville célèbre comme cette dernière qu’une Politique sublime prépare des événements Dramatiques. […] C’est que la Noblesse d’Italie chérit les talents, les protège à grands frais, et se fait honneur de les cultiver elle-même. […] Les femmes ne manquent pas de courage : elles préfèrent l’honneur à la vie ; [c’est une vérité que, par parenthèse, on n’attendait pas de vous, après avoir dit le contraire tout le plus au long que vous avez pu] quand elles se battent, elles se battent bien. […] [peu de chose : voici le remède] le secret est donc d’en avoir toujours le triple de ce qu’il en faut pour se battre, afin de sacrifier les deux autres tiers aux maladies et à la mortalité. »er Ce n’est donc Monsieur que lorsque les bonnes qualités des femmes peuvent tourner à leur préjudice que vous reconnaissez qu’elles en ont qui leur sont communes avec les hommes, telles que le courage, la bravoure, le dévouement à l’honneur jusqu’à la mort.
Mais dans des temps si éloignés, qu’on appelle avec raison, des temps fabuleux, dont un si grand nombre de circonstances ajoutées, toutes ridicules & sans vraisemblance qui le défigurent, c’est faire beaucoup d’honneur à Hésiode, à Ovide, & aux autres Historiens du Parnasse de faire des recherches, & former des conjectures pour lui donner un air de vérité. […] Les maux qu’elles font ne sont pas si eclatans, elles n’ébranlent pas les empires, mais elles jettent le désordre dans les familles, ruinent les fortunes, l’honneur, la santé de leurs amans. […] Nouvelle dégradation, se faire honneur de la bassesse, pardonner, louer la bassesse dans les héros ! […] Après sa victoire elle reprend ses exercices, elle chante des Cantiques à l’honneur du Tout-puissant, & au lieu de jouir d’une gloire si bien acquise, elle s’enferme dans la retraite, & passe dans les travaux de la pénitencé une vie qui dura plus de cent ans. […] Cet ouvrage, j’en réponds aura le plus grand débit, & sera le plus d’honneur à l’Académie.
Tel fut le Duc d’Alençon, frère du Roi de France, à l’honneur de qui Madame de Villedieu a composé un roman. Ce jeune Prince sans religion qui malgré sa mère & son frère, sacrifioit tout à son ambition, sortit du royaume, se fit recevoir en Souverain dans les Pays-Bas, fut sur le point d’épouser Elisabeth ; mais bientôt après perdit ses États ; sa femme son honneur & sa vie ; ce double crime étoit impardonnable aux yeux de Philippe, jaloux de son autorité, & zélé pour la Religion qui risquoit de perdre une partie de ses États, & de la rendre Calviniste, père & Roi plus zélé, plus ferme, plus puissant que Henri III. […] Le Parlement l’avoit souvent prié de choisir un époux, mais c’étoit une franche coquette qui vouloit jouir de sa liberté, & vivre dans le libertinage d’un célibat volontaire, en évitant l’éclat du crime, & conserver les honneurs de la virginité. […] Elle joue la comédie & doit faire honneur aux Actrices. […] Écrivain médiocre, autant que Prince médiocre ; ses ouvrages ne valent pas mieux que ses sentimens, mais l’esprit de la secte & l’enthousiasme d’un savant éteignirent en lui les sentimens de la nature & de l’honneur, il en fut puni dans sa postérité qui a perdu le trône de la Grande Bretagne dans la personne de son petit-fils détrôné par son propre gendre ; il en fut puni dans son fils & son successeur Charles I qui périt sur un échaffaud comme sa mère, ainsi par un évenement unique dans l’histoire, le Roi Jacques, ou selon l’expression des Anglois la Reine Jacques, Regina Jacobus, qui le premier des Stuart abandonna la Religion Catholique & acheva de la perdre dans ses Etats, se trouve placé entre deux morts les plus tragiques qui furent jamais, de sa mère par Elisabeth, de son fils par Cromvel.
Thespis & ses successeurs n’ont écrit en vers, que pour ne pas heurter de front l’usage où étoient les chœurs, de chanter des Hymnes à l’honneur des Dieux ; que par complaisance pour les Prêtres de Bacchus, qui murmuroient tout haut qu’on eût déjà introduit dans ces chœurs, des sujets étrangers à leur culte. » Les Pièces dragmatiques sont des imitations ; mais il est des objets qu’une trop scrupuleuse imitation ne feroit pas supporter sur la Scène.
Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais, 240 Combien l’on est coupable, lorsqu’on donne à la vertu les couleurs du vice et au vice celles de la vertu, et le mal qui arrive de là, là même.
La vue des conspirateurs qui paraissent sur le théâtre avec honneur, qui y sont applaudis et récompensés, diminue l’horreur qu’on a pour la révolte, la fait même regarder comme un devoir sacré, et enhardit à réaliser ce qu’on ne voit qu’en peinture.
Mais quoi ceux qui ne connaissent point Dieu abondent en richesses, et triomphent dans les honneurs et les dignités.
La prose chantée en l’honneur de ces coursiers, veloces super dromedarios a, a eu en français et en latin, de nombreuses variantes, et dans quelques églises, on ne disait rien sur l’effet du bâton in clunibus eorum b.
Mais songez toujours que les Hymnes en l’honneur des Dieux, & les louanges des grands hommes, sont la seule espèce de Poësie qu’il faut admettre dans la République ; & que, si l’on y souffre une fois cette Muse imitative qui nous charme & nous trompe par la douceur de ses accens, bientôt les actions des hommes n’auront plus pour objet, ni la loi, ni les choses bonnes & belles, mais la douleur & la volupté : les passions excitées domineront au lieu de la raison. […] Rendons cet honneur à la vérité d’en respecter jusqu’à l’image, & de laisser la liberté de se faire entendre à tout ce qui se renomme d’elle. […] c’est, je l’avoue, une douce chose de se livrer aux charmes d’un talent enchanteur, d’acquérir par lui des biens, des honneurs, du pouvoir, de la gloire : mais la puissance, & la gloire, & la richesse, & les plaisirs, tout s’éclipse & disparoît comme une ombre, auprès de la justice & de la vertu.
Enfin les Français se sont apperçus de nos jours qu’ils avaient négligé ce qui ferait le plus d’honneur à leur Théâtre. […] Il serait alors de notre honneur d’estimer plutôt les Tragédies de Corneille, où respire l’antique vertu des Romains, que des Pièces où l’on dépeint d’après nature un misérable Artisan.
Non, les puissances ecclésiastiques & séculieres ne permettent point les spectacles ; elles les tolerent seulement, comme elles tolerent les femmes perdues d’honneur, & une infinité d’autres maux qu’elles ne peuvent empêcher. […] qu’ils sont dignes de la fille du Roi très-Chrétien & de l’auguste Reine, qui honore bien davantage, par le lustre de ses vertus, le premier trône de l’univers sur lequel elle est assise, qu’elle n’en reçoit d’honneur par l’éclat qui l’environne.
Le Grand Pompée qui s'est surmonté lui-même par la magnificence de son Théâtre, ayant bâti cet asile de toutes sortes d'impuretés, craignant d'en être un jour repris par les Censeurs, et de s'attirer par là quelque flétrissure injurieuse à sa mémoire, fit bâtir en ce lieu un Temple à l'honneur de Venus, et dans l'Edit qu'il publia pour appeler le Peuple à la consécration de cet Edifice, il ne lui donna point le nom de Théâtre, mais de Temple de Venus, au-dessus duquel, dit-il, nous avons mis des sièges pour ceux qui assisteront aux Spectacles: ainsi sous le titre d'un Temple, il éleva ce bâtiment détestable, employant la superstition pour se jouer de la discipline. […] Les Auteurs des Spectacles, et ceux qui sont chargés de les faire représenter abaissent autant les Comédiens, qu'ils relèvent la Comédie; ils les déclarent infâmes par leurs Edits, ils leur font changer d'état pour les exclure de la Cour, du Barreau, du Senat et de l'Ordre des Chevaliers; ils les privent de tous honneurs, et de toutes dignités.
Cette vérité n’a jamais été bien connue des libertins, qui sont prêts à recevoir tous les divertissements qui se présentent ; car ils se soustraient à la direction de la vertu, sans laquelle il ne se peut rien faire qui soit digne d’un homme d’honneur. […] D’autre côté un homme désireux de paraître n’a point de plus agréable rencontre qu’une bonne compagnie : Sa science et toutes les richesses de son esprit ne lui sont rien qu’autant qu’elles le peuvent faire estimer auprès des personnes d’honneur. […] La présence de la mère arrêtera tout ce qui peut choquer l’honneur de sa fille ; je l’avoue, mais elle ne la gardera pas des mauvais désirs qui se formeront dans son esprit ; ses yeux ne portent pas jusque là : Elle ne la détournera pas de prendre de l’amour ni d’en donner. […] Peut-être me dira-t-on que tout est maintenant bien purifié, et que les Romans ne sont plus que des feintes agréables, où le fol amour y reçoit autant de mépris, que le sage y acquiert d’honneur ; on n’y parle plus de libertinage que pour le confondre. […] Comme l’Eutrapélie sait rendre ses devoirs à la vertu de Religion quant au temps, elle lui doit encore ce respect de ne rien permettre qui soit contre l’honneur des saints lieux.
Il obtint du Roi d’Espagne, intéressé à le ménager, des ordres de lui rendre les plus grands honneurs. […] Ils lui montrerent les livres de Moïse, lui en chanterent les bénédictions en son honneur, sautant & gesticulant à leur maniere. Elle y eut une entrevue fortuitement préméditée avec la Reine de Bohême, qui lui fit de grands honneurs. […] La ville ne put mieux marquer sa joie que par la comedie & le bal : la Reine l’accepta, y mena son fils, & en fit les honneurs. […] Elle mourut dans son exil, la Reine lui fit rendre tous les honneurs dus à son rang, même avec excès ; les orateurs firent avec éclat son oraison funebre, en coulant légerement sur quelques éclipses qui étoient étrangeres à son cœur.
La lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser, Monsieur, sur l’article Genève de l’Encyclopédie, a eu tout le succès que vous deviez en attendre. […] Est-ce pour les mettre en honneur ? […] Il est vrai que la supériorité de vos talents ne doit pas seule en avoir l’honneur. […] Quand ils ne seraient pas Sociniens, il faudrait qu’ils le devinssent, non pour l’honneur de leur Religion, mais pour celui de leur Philosophie. […] Est-ce à eux qu’il faut en faire honneur, ou à vous, ou peut-être aux progrès inattendus de la Philosophie dans les esprits même qui en paraissaient les moins susceptibles ?
Il prétend que la peine d’infamie dont les Histrions ou Farceurs sont flétris par cette loi, ne tombe pas sur cette troupe, dont la profession est noble : il espere même, à la faveur de son éloquence, la faire ériger en un corps académique, jouissant des mêmes honneurs que les autres Académies Royales.
En effet, comment peut-on accorder ces actions séculières, qui flattent les sens, et donnent du plaisir à la chair, avec les larmes d’une âme vraiment pénitente, qui s’afflige pour rendre honneur à la Justice de Dieu, par la haine qu’elle a conçu contre le péché, et contre elle-même ?
Or, puisque nos souverains, nos lois et nos règlements de police ont fondé des théâtres et créé des comédiens auxquels ils accordent protection, salaire, pensions et honneurs, aucune puissance ecclésiastique, telle qu’elle puisse être, n’a de droits à exercer sur la profession de comédien.
Le même Salvian ajoute encore un peu après, je demande à la conscience de tous, où est-ce qu’il y a plus grand abord de Chrétiens, ou bien aux amphithéâtres où on reprenne les jeux publics, ou bien aux lieux destinés au culte et à l’honneur de Dieu ?
En effet, pour peu qu’on veuille se rappeller que, dans le premier Livre où j’ai eu l’honneur d’entretenir le Public, j’ai dit librement que les Modernes, dans presque tous les genres de Littérature et de Sciences, avaient secoué le joug d’Aristote, et que sa seule Poétique nous tyrannisait encore ; pour peu, dis-je, qu’on veuille se rappeller cette phrase, que je n’ai point écrite au hasard, on ne m’accusera point d’être contraire à moi-même.
Je croi qu’il ne convient, ni à la majesté de Dieu, ni aux régles de l’Evangile, que la pureté & l’honneur de l’Eglise soient profanés par une contagion aussi honteuse & aussi impie. […] C’est entre vos bras & dans vos opprobres, que Jesus-Christ comme un céleste Docteur est venu enseigner l’humilité aux hommes, pour parvenir à de véritables honneurs : c’est par vos douleurs qu’on leur apprend le moyen de mériter de vraies délices & de goûter au Ciel les douceurs d’un éternel repos ; & vous êtes le théatre sur lequel s’est éxécutée cette sanglante, mais heureuse tragédie d’un Homme-Dieu mourant pour le salut du monde. […] C’est de vous seule que nous apprendrons la vraie sagesse, qui consiste à préférer la pénitence aux plaisirs trompeurs du monde, à sacrifier les honneurs passagers de la terre à la gloire du Ciel qui, ne passera jamais.
Il a composé plusieurs autres Ouvrages sur son art qui font honneur à son esprit & à son cœur, & singulierement en 1743 la Réformation du Théatre, dont nous allons donner l’extrait. […] Vous me déshonorez : d’une femme d’honneur vous faites une prostituée qui n’est bonne qu’à corrompre. […] Voici les règlemens qu’il propose. 1.° Aucun Acteur ne sera reçu qui ne soit homme d’honneur, connu & avoué de sa famille, dont il rapportera des certificats en forme.
C’est ainsi, dit le Prophète Royalg, en se plaignant de ces excès, que l’on ajuste, et que l’on pare les Filles du siècle, que l’on veut produire, et que l’on souhaite de faire paraître au grand jour : en sorte, dit-il, qu’elles sont en état de tenir la place d’une Idole au milieu d’un Temple, pour recevoir les encens, les adorations et tous les honneurs, qui ne sont dus qu’a Dieu seul. […] Ne dites pas que les hommes n’ont pas assez de pouvoir pour porter une femme ou une Fille d’honneur à un sentiment, ou à quelque action malhonnête, si elle ne le veut, et que vous vous en garantirez bien. […] Mais celui du saint homme Job me semble encore plus fort pour prouver cette vérité : c’est un homme qui tenait le rang d’un prince dans son pays, comblé de richesses, d’honneurs, d’amis, et d’autorité, au au milieu d’une famille la plus heureuse qui fût au monde, par le moyen du nombre des Enfants bien nés et bien faits, que Dieu lui avait donnés.
Solon lui repliqua : Nous verrons si nos Loix jugeront de pareils jeux dignes de récompense & d’honneur. […] Nous aurons lieu de donner vers la fin de ce volume une note qui prouve que la Ville de Marseille a encore des Citoyens qui se font honneur de cette pureté de mœurs de leurs ancêtres. […] Les Evêques & les Ducs avoient l’honneur d’être à la table du Roi ; & il y avoit des tables pour les Abbés, les Comtes & les autres Seigneurs. […] Les Souverains leur faisoient la cour, pour être loués dans leurs Poëmes : honneur que quelques Poëtes n’accordoient pas légerement. […] La nature seule faisoit ces Poëtes ; l’art ni l’étude ne lui en pouvoient disputer l’honneur.
car les Mimes exposent un adultère, ou le montrent aux yeux ; et ces Histrions efféminés inspirent l'amour qu'ils représentent, et se revêtant de l'image de vos Dieux, ils font honneur au crime qu'ils leur imputent ; et vous font pleurer par des mouvements de tête, et les gestes qu'ils emploient pour exprimer une douleur imaginaire. » Où nous ne voyons pas une parole qui concerne le Poème Dramatique.
On a beau dire en faveur du Théâtre qu’on l’a rendu chaste, et que l’on y entend plus de leçons de vertu, que l’on n’y voit d’exemples de vices, on dira si l’on veut que les passions n’y paraissent animées que pour la défense de l’honneur, et que l’on n’y produit pas d’autres sentiments que ceux de la générosité.
Quoiqu’il fût de l’Académie, loin d’être disposé à venger le dictionnaire, il désapprouvait fort qu’on l’eût mis au jour, et disait que c’était pitié de croire qu’on pût faire honneur d’un ouvrage si médiocre à un corps d’un aussi grand nom.
Ils se vantaient assez souvent de n’avoir jamais daigné accorder cet honneur à des personnes qui le briguaient depuis dix ans, et je fus fort étonné quand je vis deux Lettres qu’ils prirent la peine de publier contre la mienne.
C’est un imposteur perpétuel qui ne s’étudie qu’à faire illusion, qui s’en fait honneur, qui en fait métier, & n’obtient le prix des talens qu’à proportion qu’il sait mieux se contrefaire. […] Il a les plus belles qualités, bienfaisant, libéral, courageux, généreux (ce qui est dans la réalité absolument faux ; un menteur n’a ni probité, ni honneur, ni magnanimité : Est-il vice plus bas, est-il tache plus noire ?
Il y a bien eu à la verité d’autres Theatres à Rome enrichis de plusieurs elles choses ; mais soit que leurs Autheurs fussent moins puissans que Pompée ; soit que l’honneur de l’invention luy eust attiré une gloire particuliere, ils n’en ont point eû ny l’éclat ny la reputation. […] Il faut dire toutefois à l’honneur des Musiciens, que l’on faisoit une si particuliere estime de leurs chants, qu’ils avoient rang dans le titre des Poëmes & avoient leur part de la gloire & du succez.
Car quand un Chrétien se trouve au spectacle, pour assister à ce que les Gentils font en l’honneur de quelqu'unj de leurs idoles, c’est approuver l’idolatrie Gentile, et fouler au pied la vraie et divine religion en contuméliek du vrai Dieu. […] c’est là un Spectacle, lequel on peut voir même la vue étant perdue : c’est là un Spectacle, qui n’est point proposé ni par un Préteur, ny par quelque Consul : mais par celui qui est seul, et devant, et sur toutes choses, voir duquel sont toutes choses, à savoir le Père de notre Seigneur Jésus-Christ : auquel soit louange, et honneur ès siècles des siècles, Ainsi soit-il.
« Fuis ce lieu dangereux, innocente pudeur ; Fuis ces rochers couverts des débris de l’honneur »r Comme l’amour profane est la source des plus grands désordres, rien n’est plus dangereux que d’allumer, de fomenter, de nourrir cette passion, et de détruire ce qui la tient en bride. Or, ce qui réprime cette passion est une certaine horreur que la religion, la coutume et la bonne éducation en donnent ; mais rien n’affaiblit tant cette horreur que les spectacles ; parce que cette passion y paraît sans honte et sans infamie, parce qu’elle y paraît même avec honneur, d’une manière qui la fait aimer ; parce qu’elle y paraît si artificieusement changée en vertu, qu’on l’admire, qu’on lui applaudit, et qu’on se fait gloire d’en être touché.
) « Sur quel fond de mérite et de vertu sublime Appuyez-vous en lui l’honneur de votre estime ? […] Combien de jeunes gens très assidus aux spectacles ne conserveraient aucune idée des bonnes mœurs, s’ils n’étaient soutenus, ou par des prédications saintes et éloquentes, ou par des sentiments d’honneur naturels, ou par une éducation avantageuse ? […] « Or, ce qui y sert le plus, est une certaine horreur que la coutume et la bonne éducation en impriment ; et rien ne diminue davantage cette horreur que la Comédie ; parce que cette passion y paraît avec honneur, et d’une manière qui, au lieu de la rendre horrible, est capable au contraire de la faire aimer. […] On a appris au catéchisme que les pompes du démon et le péché sont choses très distinctes ; et quand on y explique ce que c’est que renoncer à satan, à ses pompes, et à ses œuvres, on nous dit que par satan, il faut entendre le monde ; par les pompes de satan, les pompes du monde, qui sont l’éclat trompeur et le faux brillant des richesses, ses honneurs, ses plaisirs, ses vanités, ses coutumes pernicieuses, ses maximes corrompues, etc. et par les œuvres, toutes sortes de péchés. […] Mais s’il est vrai que partout où ils sont, les hommes ne sont pas moins vicieux, il faut en conclure au moins que la Comédie ne produit pas les bons effets dont on lui fait honneur.
Qu’on ne prétende donc point d’employer aucune partie de ces jours, si dignes d’honneur, soit à la Comédie, soit au combat du Cirque, soit à celui des bêtes dans l’amphithéâtre.
Les Grecs se vantent d’en être les inventeurs, selon leur coutume de se glorifier de tout ce qui peut faire honneur à l’esprit humain. […] La plus-part des Empereurs Romains se piquaient d’être Musiciens ; ils chantaient en Public, & tiraient autant de vanité des applaudissemens qu’ils recevaient alors, que des honneurs du triomphe. […] Il serait étonnant que les éloges que les Anciens prodiguaient à la musique, & les honneurs dont nous la comblons ; il serait, dis-je, surprenant que tant de choses flatteuses ne rendissent pas un peu vains ceux qui la pratiquent. […] Rapportons ses propres paroles dans le langage naïf d’Amiot : « Quand ce Musicien eût un peu ébranlé & sondé la Compagnie du festin, & qu’il sentit que plusieurs étaient enclins à son intention, & se laissaient mener pour le plaisir qu’ils prenaient à tout ce qu’il voulait leur sonner, & à toute dissolution qu’il voulait représenter ; alors se découvrant tout à l’ouvert, il nous fit voir clairement que la musique, à ceux qui en abusent impudemment à toutes heures, enivre plus que pourrait faire toutes sortes de vins que l’on pourrait boire : car ceux qui étaient à table ne se contentèrent plus de crier à pleine tête & de frapper des mains l’une contre l’autre ; mais à la fin la plus-part d’iceux se levèrent de table & commencèrent à se tremousser de mouvemens dèshonnêtes & indignes de gens d’honneur, mais qui convenaient aux Sons & Chansons qu’il leur sonnait. » Un certain Ephore, Auteur Grec, cité par l’Historien Polybe, affirme qu’elle ne fut introduite que pour tromper & abuser les esprits.
Madame, Si vous m’ordonniez de vous écrire sur d’autres matières, et qui eussent plus de rapport à mon état, peut-être le ferais-je avec plus de succès ; ou si vous me laissiez la liberté de faire mon plan moi-même, et de choisir des sujets proportionnés à mon génie, et à mes connaissances, je travaillerais avec moins de gêne, et moins de contrainte, et je pourrais vous dire des choses plus raisonnables ; mais je vous avouerai sans façon, Madame, et sans honte, que je ne fais point de vers ; qu’il y a plus de quinze ans, que je n’ai vu le Théâtre, ni assisté à aucune Comédie ; je ne sais si c’est par scrupule, ou faute de goût pour les spectacles ; enfin je suis aussi mauvais Poète, que mauvais Historien, et je doute que je puisse m’acquitter, avec honneur, de ce que vous m’ordonnez. […] Le Théâtre qui avait été enseveli sous les ruines d’Athènes et de Rome, s’est relevé de notre siècle avec beaucoup d’éclat ; si l’on donnait les mêmes récompenses à nos Poètes, que donnaient les Grecs et les Romains à ceux qui excellaient en ce genre d’écrire, nous en aurions eu sans doute un plus grand nombre ; mais ce travail immense est trop mal récompensé, et ne conduit plus comme autrefois, aux honneurs suprêmes, ni aux premières dignités de l’Etat. […] Situation est cet état violent, où l’on se trouve entre deux intérêts pressants et opposés, entre deux passions impérieuses, qui nous déchirent, et ne nous déterminent pas, ou du moins qu’avec beaucoup de peine : Tel est ce moment douloureux, où Rodrigue se trouve entre son amour et son honneur, entre son père et sa maîtresse : Tel est encore ce moment, où Galerius instruit par Gabinie elle-même, à quelles conditions il doit l’épouser, se trouve entre elle et ses dieux. […] La première fois que j’aurai l’honneur de vous voir, quand je serai de retour à Paris, nous pourrons remettre cette matière en délibération, si vous n’êtes point rebutée d’une Lettre si longue et si sèche.