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142. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Augustin, encore que David eût commis de grands crimes, Dieu ne laisse pas de dire qu’il l’a trouvé selon son cœur, à cause de sa pénitence : « Inveni David secundum cor meum. […] C’était autrefois un crime de l’instruire à porter, ou à recevoir des coups ; il y est maintenant exposé tout nu et sans armes ; et l’on se fait un divertissement de sa mort. […] Le Théâtre est rempli de semblables crimes « Videtur ne summa improbitate usus, non sine summa esse ratione ? […] Qui peut dire qu’un crime soit un sujet de réjouissance ? […] Vous vous trompez qui que vous soyez : ce ne sont point des jeux, ce sont des crimes… Celui qui se déguise en Idole, ne veut point porter l’image de Dieu.

143. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

En vain s’efforce-t-on de les excuser, c’est un attentat à la morale, un blaspheme contre la vérité, un crime énorme, & du plus grand scandale. […] Les pères & mères vont chercher des causes éloignées du désordre des enfans ; c’est le théatre qui les perd, qui leur apprend à former des intrigues & faire agir les domestiques, à surprendre la vigilance & ménager des rendez-vous, à voler, à emprunter de l’argent, à regarder le crime comme une galanterie, le mensonge comme une adresse, le luxe comme bienséance, l’autorité comme tyrannie. […] C’est là où le Démon forge les traits de feu qui enflamment la convoitise, & où la mort entre par tous les sens ; où l’on apprend le crime en le voyant ; où l’image des choses qu’on représente, fait de malheureuses impressions qui ne s’effacent presque jamais ; où une intrigue d’amour, de vengeance, ou de quelque autre passion, représentée avec adresse, est une amorce pour le même vice ; où les plaisirs qu’on goûte en voyant les ressorts que le péché met en œuvre, devient un appât pour le commettre.

144. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

« Le goût du Vin, dites-vous, n’est pas un crime. »fv La maxime est nouvelle. […] Comment osez-vous avancer que le vin fait rarement commettre des crimes ? […] Citez Monsieur, les crimes que le spectacle a fait commettre : citez-en un, et je me rends.

145. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XII. Son opposition aux vœux du Batême. » p. 25

Continuons d’en développer le crime.

146. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Pour trouver cet assaisonnement qui fait avaler le crime avec plaisir, on n’a pas besoin de voyager à l’isle de Cythère, le cœur & l’esprit sont de grands maîtres, & la faim n’est pas moins irritée. […] Le plus grand mal du théatre ne fut jamais précisément l’indécence grossiere des expressions, on y a toûjours parlé comme l’on parle dans le monde ; son danger, son crime est dans l’assemblage artificieux d’une infinité de choses mauvaises, dont l’union rend nécessairement vicieux, les sentimens de toutes les passions, les exemples de tous les crimes, l’irréligion, la morale corrompue, l’immodestie, le jeu, la mollesse, les intrigues des Actrices, la mauvaise compagnie qui s’y rassemble, la liberté des foyers & des coulisses. […] On est impudique, usurier, médisant : donc ce ne sont point des crimes. Moi, je dis : Le théatre est infame, l’usure l’impudicité, la médisance sont des crimes : on a tort de se le permettre.

147. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Les sujets sont tous des crimes et des passions, des satires, des bouffonneries, des friponneries, des enchantements. […] Il est très faux qu’il soit utile au public de rassembler les citoyens au spectacle ; ils n’y voient que les excès, les intrigues, le succès des passions ; il n’y forment que des parties de débauche, des sociétés de vice, des liaisons de crime. […] « o præclaram emendatricem vitæ », qui fait une Divinité de l’amour du vice et de l’auteur du crime, « quæ amorem flagitii et levitatis auctorem in conciliis Deorum collocat ». […] A Venise la République en tire un gros revenu, ainsi que de son carnaval, où il se commet mille crimes, que personne ne s’avisera d’excuser. […] Ce serait aujourd’hui un ridicule de réformer ce qu’il fut un crime d’établir.

148. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Cette douce langueur, cette piquante vivacité, cette tendre compassion, cette délicieuse fureur, sont-ce donc des crimes ? […] Ainsi pleine d'erreurs qu'elle croit légitimes, Sa tranquille vertu conserve tous ses crimes. » Voilà l'Evangile du théâtre. […] L'exécution du crime serait sans doute un plus grand mal ; mais la complaisance réelle dans les sensations du plaisir est un péché, de même nature que l'action qui en est l'objet. […] Je sais encore qu'il est des mouvements doux et innocents, dont on suit l'impression sans crime, le plaisir de secourir les malheureux, l'admiration des ouvrages de Dieu, la joie de sa présence, l'espérance des biens célestes. […] On se croit maître de contenir les passions quand elles sont enflammées, on croit pouvoir en goûter le plaisir sans crime, et le faire naître sans conséquence.

149. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VI. Elle le donne pour une foiblesse : mais on veut qu’il y régne. » p. 12

Un crime n’est qu’une foiblesse ?

150. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre V. De ceux qui vont danser avec mauvais dessein. » pp. 26-27

On ne peut donc point douter que danser ne soit un crime en ceux qui le font, cachant quelque mauvais dessein dans leur cœur.

151. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Le luxe le dispute à la bisarrerie ; nous ne parlons pas d’une folie bien plus funeste, les crimes sans nombre qui s’y commettent. […] Cela seul est un crime. […] L’acteur ne peint la passion que pour l’exciter dans le spectateur. 2.° Crime ; il n’est pas permis d’exciter les passions dans les autres. […] Pour les bien exprimer & les faire naître, il faut les sentir vivement le premier. 3.° Crime ; c’est se rendre vicieux pour répandre le vice. […] Quel crime de les aller chercher, de les offrir, de conduire à l’écueil, de s’y briser, de se faire une étude, de former une école de péché !

152. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Tous les deux ont tort : le mélange monstrueux du sacré et du profane est un sacrilège ; mais avec cette différence que le nouveau théâtre a aussi peu de bon que l’ancien avait de mauvais : toute la réforme consiste à supprimer un reste de piété, pour donner le champ libre au crime, et à prendre quelquefois un masque de religion. […] Le serpent a beau par ses artifices écarter l’idée du crime, et y répandre des traits de ressemblance avec la Divinité ; instruire par ses chutes passées, la vertu se fiera-t-elle dans le centre du crime à de frivoles promesses qui la trompèrent dans le séjour de l’innocence ? […] Est-il moins indécent de voir les choses saintes sur des lèvres vendues au crime, toujours ouvertes à l’impiété, et qui n’exhalent que l’odeur empestée de la passion ? […] Ils ne croyaient pas convenable que des Actrices portassent des vêtements si opposés à leur profession, ce n’eût été sans doute que pour s’en moquer, peut-être pour se déguiser et n’être pas connues, et par là ouvrir une porte au crime, dont la honte eût rejailli sur les honnêtes filles, dont elles auraient profané la robe : « Mimæ, quæ ludibrio corporis sui quæstum faciant, habitu virginum non utantur. » On fait souvent dans le monde un parallèle malin de la conduite équivoque et des manières mondaines de quelques Prédicateurs, avec la divine parole qu’ils annoncent. […] On peut parler des crimes, peindre des criminels, pourvu qu’on le fasse décemment ; les paroles, les couleurs ne font ni bien ni mal.

153. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE III. De la comédie et des comédiens chez les païens et chez les chrétiens. » pp. 101-112

Il lui est bien libre, sans doute, d’avoir une opinion à cet égard, mais son opinion ne peut jamais constituer un crime, un délit ; cependant, si M. de Sénancourt était un juge, son opinion serait homicide, elle constituerait une peine, une punition plus ou moins grave. […] En attendant il doit s’éloigner de son emploi, sous peine d’être violemment soupçonné du crime de faux ; telle est la conduite qui devrait lui être imposée tant que l’accusation d’imposture pèsera sur son front ridé, qui jusqu’alors repousse la vénération et le respect qui sont dus au poste qu’il occupe.

154. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

 » Dans le second de la Cité de Dieu Chapitre 9, Saint Augustin39 parlant des Comédies en général, rapporte ce qui avait été dit autrefois par un Ancien, que jamais on ne les eût approuvées ni les crimes qu’elles représentent, si les mœurs des hommes qui étaient souillées des mêmes vices ne les eussent souffertes. […] Dans un Synode de la Province de Cambrai, qui fut tenu l’année 1550 au mois d’Octobre52 : on ne doit rejeter aucun Fidèle de la Communion, à moins qu’il ne soit excommunié ou interdit, ou marqué de quelque crime notoire : comme les femmes publiques, les Bateleurs, les Comédiens. […] dist. 86, Où saint Augustin dit que c’est un grand péché de donner de l’argent à ces sortes de gens, il veut dire aux Comédiens, pour leur peine, parce qu’on les entretient dans leur crime ; et c’est un péché qui paraît mortel, parce que par là on coopère à une action qui est péché mortel. […] En effet, dit ce même Père, une malheureuse expérience nous apprend que les vierges qui vont à ces Spectacles ont moins de pudeur, les jeunes gens y deviennent impudents et effrontés, les vieillards retombent dans la débauche, d’où naissent les souillures des mariages et quantité d’autres crimes. […] En un mot, si la Comédie est ordinairement mauvaise dans la pratique, comme on l’a montré, elle ne peut point servir de divertissement. « Peut-on, dit l’Empereur Justinien102 , appeler des jeux, ce qui est la source des crimes » ; il ne nous suffit point, s’écrie Salvien103 au Livre cité, de « nous réjouir, il faut encore que notre divertissement soit un crime, ce qui est manifestement condamné dans l’Ecriture », dit cet Auteur.

155. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Ce qui vous doit faire voir que ce que Saint Cyprien dit dans la suite de plus fort en parlant des Comédies, ne doit aussi s’entendre que d’une simple représentation des crimes passés. […] Un autre que moi vous aurait fait un crime de vous être servi sur ce sujet de ce moyen, c’est-à-dire, de la Confession, surtout l’ayant fait si mal à propos, et pour autoriser le vide. […] Car peut-on, par exemple, rien entendre de plus sale qu’une Règle de Despaute que l’on fait dire dans une Comédie ou Farce à un enfant pour leçon, que les Ecoliers disent tous les jours sans crime ? […] Pourquoi cela même ne nous suffira-t-il pas pour condamner les vôtres, puisqu’elles ne roulent toutes que sur les mêmes crimes. […] Que Ceux qui l’ont véritablement, sont bien aise de la porter, on ne peut pas leur en faire un crime, ni se moquer d’eux en disant qu’ils se piquent d’être Docteurs, surtout s’ils le sont de Sorbonne.

156. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IX. Défauts que les Etrangers ont coutume de reprocher à notre Tragédie. » pp. 231-259

Notre Jason n’a pas besoin de raisons politiques ; son excuse est toute prête ; c’est l’Amour : Je vois mon crime en l’une, en l’autre mon excuse. […] Quand Médée après son crime croit voir les Enfers ouverts, & l’ombre de son frere qu’elle a tué, elle prétend que cette Ombre lui doit pardonner une rage dont l’amour a été la cause. […] Cinna se représente toutes les horreurs du crime qu’il va commettre ; mais si Emilie l’ordonne, il faut qu’il assassine Auguste, de même que le Maréchal d’Hocquincourt prenant un couteau, disoit au P. […] Un frere peut ceder un trône à son frere, c’est un effort de vertu ; mais céder une femme qu’on aime, quel crime !

157. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

« Tous les jours à la Cour, les Evêques, les Cardinaux, et les Nonces du Pape ne font pas difficulté d’assister à la Comédie ; et il n’y aurait pas moins d’imprudence que de folie, de conclure que tous ces grands Prélats sont des impies et des libertins, parce qu’ils autorisent le crime par leur présence : c’est bien plutôt une marque que la Comédie est si pure et si régulière, qu’il ne peut y avoir de honte ni de scrupule à s’y trouver.  […] Que le Ciel aujourd’hui favorise, illumine, Qui détestant ses Vers trop remplis de tendresse, Les prend pour des péchés commis en sa jeunesse. » Il répond à la prétendue correction des mœurs par les Pièces de Molière, en citant le jugement qu’en a fait l’Auteur de la République des Lettres dans son Recueil d’Avril 1684. où il parle de Molière en ces termes : « Il n’a corrigé que certaines qualités, qui ne sont pas tant un crime qu’un faux goût, qu’un sot entêtement, comme vous diriez l’humeur des prudes, des précieuses, de ceux qui outrent les modes, qui s’érigent en Marquis, qui parlent incessamment de leur noblesse. […] On voit ensuite les Réponses à plusieurs questions : entre autres on répond que le Cardinal Tolet et Navarre condamnent les Académies de Jeu aussi bien que les Comédies, comme des sources funestes de plusieurs crimes. […] Sa réponse aux Lois par lesquelles on a voulu autoriser ces Comédies, est que quand les Lois au lieu de flétrir comme elles ont toujours fait, les Comédiens, leur seraient favorables ; tout ce que nous sommes de Prêtres, nous devrions imiter l’exemple des Chrysostome et des Augustins, qui disaient que si les Lois Romaines permettaient l’usure et les divorces, ces crimes n’étaient pas moins reprouvés par l’Evangile, parce que les lois de la Cité sainte et celles du monde sont différentes.

158. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Ils savent donc, maintenant, que leurs plus criminelles actions ne manqueront jamais d’approbateurs ; que pour être vertueux, il ne faut consulter que soi, et non de vils esclaves : ils ont donc appris que les meurtres ne sont jamais impunis ; que le crime ne promet que des plaisirs incertains, et qu’il est constamment suivi de tourments inévitables, puisque le remords est toujours avec lui : ils ne pourront donc plus ignorer que l’homme, qui peut tout, ne doit pas tout oser…. […] Quelle sera, au contraire, leur indignation, quand ils verront ce même Néron, séduit par l’infâme Narcisse, s’abandonner au plus lâche des crimes ? […] Vous soupçonnez que les crimes de Phèdre et de Médée pourraient bien ne pas être plus détestés à la fin de ces pièces, qu’au commencement : et satisfait de votre doute, vous vous écriez impétueusement, « que toutes ces vaines prétentions approfondies sont puériles et dépourvues de sens !  […] « Je n’y puis découvrir (dans Thyeste) cette probité commune, ni cette faute sans crime qui le plonge dans son malheur.

159. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Cela est rare ; on déchire un bon Prince, un père sage, un mari fidèle, dont tout le crime est de s'opposer à une vie licencieuse ou à une folle passion. […] C'est le comble de l'aveuglement d'imaginer que la nécessité de présenter le crime, qui devrait faire condamner la scène, doive lui servir d'excuse. […] Mais le fût-il, est-ce un bien de voir des scélérats, d'être témoin de leurs crimes, parce qu'il y a des gibets et des bourreaux ?

160. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XVIII. Sentiment d’Aristote.  » pp. 66-68

Ce n’est pas qu’on y jouât alors comme parmi nous, les passions des jeunes gens : nous avons vu à quel rang on les reléguait ; mais c’est en général, que des pièces d’un si grand mouvement remuaient trop les passions, et qu’elles représentaient des meurtres, des vengeances, des trahisons, et d’autres grands crimes dont ce philosophe ne voulait pas que la jeunesse entendît seulement parler, bien loin de les voir si vivement représentés et comme réalisés sur le théâtre.

161. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Des leçons pour apprendre les subtilités du vice, ou des exemples pour s’affermir dans le crime, ou des aliments des passions pour en repaître leur cœur, ou des peintures fabuleuses pour retracer à leur imagination de trop coupables vérités. » Le théâtre ne leur plaît qu’autant qu’on a soin de ne pas contrarier, jusqu’à un certain point, leurs penchants, qu’on y ménage, qu’on y flatte même leurs passions favorites, qu’on y donne aux vices qui leur sont les plus naturels un vernis d’héroïsme et de grandeur qui adoucisse à leurs propres yeux ce qu’auraient d’odieux des couleurs trop vraies et des images trop ressemblantes : comme ils sont plus susceptibles d’impressions nuisibles et dangereuses que d’impressions bonnes et utiles, une morale exacte, une raison sévère les ennuient et les rebutent. […] Tout ce qui pouvait avilir l’âme en était banni ; on n’y employait l’amour que pour exciter la terreur et la pitié, on n’exposait sur le théâtre les malheurs et les crimes de l’humanité que pour rendre les hommes plus sages et plus vertueux.

162. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Cela peut être ; mais ne doit-on ni prêcher, ni écrire contre le vice, parce que tout le monde est persuadé que l’impureté, l’usure, la médisance sont des crimes, et que malgré ces connaissances et ces remords il y aura encore des libertins et des usuriers ? […] Du reste, ce n’est pas au théâtre à m’en faire un crime ; la satire est son aliment, la plaisanterie est son langage ; et plût à Dieu qu’il respectât toujours assez la vérité et la décence, pour ne pas mériter la plus rigoureuse censure par sa malignité et ses bouffonneries, et donner à tous ceux qui le fréquentent, un ton de causticité et de frivolité, dont on ne se corrige presque jamais !

163. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Ce sont les premiers dont la passion se repaît, les premiers qu’elle attaque, & qui la conduisent au dernier crime, dont elles sont le prélude & le commencement. […] Pierre, parlant des libertins qui regardent les femmes, dit que leurs yeux commettent continuellement le crime : Oculos incessabilis delicti. […] Parmi les lettres galantes du Chevalier d’Her, que le public n’a pas goûtées, & que la vertu goûte encore moins, il en est une sur le visage de sa maîtresse, où sous l’écorce de la louange il fait sentir les dangers & les crimes de cette partie, si soigneusement parée & cultivée. […] Toutes les ruses & les artifices de la coquetterie pour le tenter & le faire tomber dans le crime : Capiatur laqueo occulorum suorum. […] Qui ne connoît les crimes de cette Princesse ?

164. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Quelle foule de travers, d’impertinences, de vices, de crimes & d’horreurs, sortent continuellement de ces autres impurs ! […] Je ne puis le taire, le crime ne doit pas être mesuré par le mal actuel : ils péchent contre la postérité, aussi bien que contre leur siecle, & quand les conséquences de leur crime cesseront, celles des mauvais exemples qu’ils auront donnés subsisteront encore32. […] Pourquoi, dit-il, les crimes atroces deviennent-ils plus communs ? […] Mais en cela ils se trompent : la vie licencieuse de quelques Acteurs & Actrices, n’est pas plus le crime du Théatre, que les désordres de quelques membres d’une autre société quelconque ne sont le crime de cette même société. […] que de vices, que de crimes, même, n’ont d’autre frein que la honte & le ridicule, & cette honte, ce ridicule sont l’ouvage des mœurs.

165. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Les platitudes d’Aristophane et de Plaute étoient-elles d’un plus grand effet dans le ravage des mœurs, que les ressorts des passions les plus secrètes comme les plus violentes, déployées avec l’art du crime réfléchi, paré des attributs de l’honnêteté et de la décence ; que ces gestes, ces mignardises, ces situations pittoresquement lascives qui forment un tableau du vice, plus corrupteur, plus contagieux que le vice même, toujours inséparable de l’opprobre qui l’accompagne et du dégoût qui le suit ? […] Nous sommes réduits à vous invoquer, à regretter ce temps où vous couvriez la terre de vos folies et de vos crimes. […] C’étoit chez vous un crime odieux à la société, toujours sûr de la vengeance des dieux, d’initier le premier âge à la pratique du mal. […] Mais que dans l’essor de la première jeunesse, dans la crise du développement des qualités qui font le Chrétien et le citoyen, un enfant soit arraché à ses foyers paternels pour passer sous la puissance d’une troupe errante, pour faire avec le sacrifice de sa patrie celui de ses mœurs et de son honneur ; c’est un vol réel fait à l’Etat, c’est un crime de lèse-société humaine, aussi odieux en lui-même, qu’effrayant pour la contagion de l’exemple… Si dans une république où l’esprit d’intérêt étouffe les sentimens de la nature, où l’on vend et achète les hommes comme les ballots de toiles d’Inde, où la valeur n’est comptée pour rien, où le plus actif guerrier est moins considéré que le banquier le plus indolent, la législation ne s’occupe point d’un abus de cette espèce, c’est dans la nature même de son gouvernement et dans le génie de ses peuples, qu’elle trouvera les raisons de son indifférence. […] « Si j’envisageois la chose en ministre de l’Eglise, en prêtre et interprête du Dieu de nos pères, je mettrois sous vos yeux l’essentielle et invincible incompatibilité des spectacles mimiques et de l’esprit de la religion ; je ferois jaillir de la manière la plus vive l’étonnant contraste de l’histrionisme et de l’Evangile ; je ferois évanouir comme l’ombre ces maximes illusoires et démenties dans le cœur même de ceux qui les étalent, touchant l’utilité et la décence du théâtre moderne8 ; je dirois à tous les Chrétiens rassemblés dans la contemplation d’une de ces farces de fureur ou d’amour : vous qui dans la réception du premier et du plus important bienfait d’une religion céleste, avez juré à l’Eternel un divorce sacré d’avec toutes les pompes du monde et des passions sensuelles ; songez-vous que votre attachement à ce brillant étalage de vices et de crimes, n’est qu’un long et opiniâtre parjure ?

166. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Les Ecritures condamnent le fard ; la chaire, le confessionnal le proscrivent ; les Peres, les conciles l’anathêmatisent ; & sans invoquer d’autre tribunal, j’en appelle à la conscience des femmes que la passion n’a pas aveuglées, que le crime n’a pas endurci ; les remords les accusent, leur cœur leur fait le procès. […] L’Ecriture n’en parle que comme d’une folie & d’un crime, & ne l’attribue qu’aux femmes de mauvaise vie, & aux statues des faux Dieux, qu’on s’imaginoit de bien honorer en les barbouillant comme des femmes. […] Il en est comme le centre, & en fait couler toutes les passions & les illusions qu’il produit, les hommages qu’il usurps, les rangs qu’il confond, les têtes qu’il tourne, la fortune qu’il dérange, le mérite qu’il éclipse, les sots qu’il décore, la santé qu’il affoiblit, les mœurs qu’il corrompt, les devoirs qu’il néglige, les crimes qu’il occasionne, les ridicules où il fait tomber . […] De même dans le moral l’hypocrisie, un air, un langage dévot, des apparences de regularité, une multitude de bonnes œuvres, étalées pour se faire estimer, comme chez les Pharisiens, c’est un fard, un vrai crime que Dieu punit. […] On lui raconta les crimes de son pere qu’il ignoroit, il en rougit, & parut couvert de honte.

167. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Aussi est-ce le plus puissant empire de la licence & de tous les crimes. […] Le théatre n’est pas sans doute comptable de tous les crimes qui se commettent, mais il est l’instrument d’un grand nombre. […] Toutes ces mascarades théatrales ne servent qu’à tromper & à venir à bout de ses desseins criminels ; on démontre que les masques sont en effet un moyen des plus efficaces pour surprendre & faire commettre le crime, & le soustraire au châtiment. […] On ne prononce pas, même par jeu, les vilains discours, les mots sales du peuple ; & on prononce des blasphèmes & des impiétés ; on ne se permettroit pas des actions naturelles dont la dégoûtante bassesse blesse l’honnêteté, & on se permet les crimes qui blessent la religion, l’honneur & la probité ; on rougit de paroître avec des habits sales, déchirés, avec de misérables haillons, & on se montre avec une conduite honteuse, scellérate, méprisable. […] le crime peut-il amuser ?

168. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Vertus infortunées, crimes heureux, on ne vous lit que trop dans les Fastes de toutes les Nations. […] Si elle donne un libre cours aux fureurs du crime, elle lui reservera une fin imprevuë & funeste. […] Ce Poëte l’obligeoit à noircir les crimes par un crime encore plus noir. […] Dira-t-on que tant de meurtres si déplorables se sont sans crime de la part des Acteurs ? […] Quel âge peut-on sans crime, immoler à l’erreur ?

169. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE PREMIER. Allégations de M. de Sénancourt, dirigées contre l’auteur du livre intitulé : Des Comédiens et du Clergé. » pp. 49-51

Il ignore que ces deux mots qu’il me fait un crime d’avoir accolés, se sont eux-mêmes autrefois associés, car ils désignent ceux qui, à différentes époques, jouaient également la comédie, ainsi que je l’ai démontré dans l’ouvrage que j’ai fait imprimer.

170. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

C’est que, dans cette entreprise, un Ecrivain se trouve d’abord arrêté par des obstacles qui mortifient son amour-propre ; car, d’un côté, des personnes pieuses regardent comme un crime, la seule proposition de faire absoudre les Comédiens par l’Eglise ; & de l’autre, les trois quarts des Spectateurs traitent de ridicule, le soin que l’on prend de justifier leur plaisir : de façon que cette défense est, aux yeux des Dévots, un attentat ; & aux yeux des Gens du monde, un pédantisme. […] Et étoit-ce là le moment de se flatter, après tous les crimes que l’on vient d’exposer, que l’on voudroit bien se prêter à un nouvel Examen au sujet des Spectacles, & que l’on auroit quelqu’indulgence, pour qui ? […] Cependant il se rencontre des Ecrivains, qui, sans avoir égard à cette prodigieuse différence, semblent chercher à entretenir le courroux de l’Eglise ; qui trouvent du Crime jusques dans les Drames les plus sages, & qui soutiennent enfin que des Piéces de Théâtre aussi honnêtes & aussi épurées que nos bonnes Comédies, ont été de tous tems condamnées pour leur seule inutilité. […] Pourquoi la représentation du même sujet, dans les Colléges & sur le Théâtre public, est d’un côté une bonne action, & de l’autre un crime ?

171. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

Je n’ai garde d’approuver ce mélange bizarre & profane de superstition & de libertinage, comme si Dieu, la Vierge, les Saints, les ames du purgatoire, devoient protéger le crime, ou si le crime devoit cesser d’être crime, pour invoquer les Saints en le commettant. […] eh qui excusera l’état qui sert d’excuse au crime ?

172. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

L’Epiphanie nous invite à l’adorer avec les Mages ; le théâtre nous engage à adorer avec le monde le crime dans les Dieux et dans les Héros. […] Les théâtres sont regardés par quelques politiques comme un établissement utile, parce que dans les temps d’oisiveté ils peuvent faire diversion aux crimes. […] et 49.), d’après et les canons les Pères, que « la comédie est contraire à la sanctification des fêtes, que c’est un plus grand péché que de faire des œuvres serviles, que c’est ajouter crime sur crime, mépriser Dieu, sa parole et ses sentiments, etc. ».

173. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Mais il ne croit pas que sa vertu soit dans un degré assez haut, s’il ne fait monter sa piété vers Pompée, jusques à l’impiété et au blasphème envers les Dieux de l’antiquité ; car il la fait parler dans la première Scène du cinquième Acte aux cendres de son mari, en cette manière ; « Moi je jure des Dieux la puissance suprême, Et pour dire encore plus, je jure par vous-même ; Car vous pouvez bien plus sur ce cœur affligé, Que le respect des Dieux qui l’ont mal protégé. » Et sur la fin de la Scène quatrième du même Acte : « J’irai, n’en doute point, au partir de ces lieux, Soulever contre toi les hommes et les Dieux : Ces Dieux qui t’ont flatté, ces Dieux qui m’ont trompée, Ces Dieux qui dans Pharsale ont mal servi Pompée, Qui la foudre à la main l’ont pu voir égorger : Ils connaîtront leur crime, et le voudront venger ; Mon zèle à leur refus, aidé de sa mémoire, Te saura bien sans eux arracher la Victoire. » « Ce serait une fort méchante excuse à cette horrible impiété, de dire que Cornélie était Païenne ; car cela prouve seulement qu’elle se trompait, en attribuant la divinité à des choses qui ne la possédaient pas : mais cela n’empêche pas que supposé qu’elle leur attribuât la divinité, elle n’eût pas des sentiments effroyablement impies. […] « Si donc la Comédie en l’état qu’elle est présentement, est si opposée aux maximes du Christianisme : n’est-ce pas encore ajouter crime sur crime, que de choisir le saint jour du Dimanche pour la jouer ? […] Lactance dans l’Abrégé qu’il a fait de ses Institutions, dit qu’un des effets funestes de ces Chansons, est de laisser dans le cœur une très grande disposition au crime et au libertinage ; en sorte que ceux qui les aiment et qui en font leur divertissement, se laissent facilement engager dans le désordre et dans l’impiété.

174. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

L’Empereur Justinien ne peut regarder comme des jeux, ce qui est la source de crime. […] Le cœur humain est le même dans les grands crimes comme dans les moindres ; il ne faut pas mériter l’échaffaud pour sentir la voix des remords.

175. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

A sa vue, le crime sent des remords ; & peut-être cet Apostolat, sur-tout dans l’état actuel de nos mœurs, a-t-il plus de force que les exemples & les exhortations même du sanctuaire. […] Il arrache par la force de sa parole & par l’autorité de son rang, les vices les plus cachés dans le fond de ces ames dures ; accablées sous le poids des crimes, elles sont soulagées dans l’excès de leurs maux.

176. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Car enfin, c’étoient là les crimes, dont on les chargeoit & nous avons encore les eloquentes Apologies, qu’ils publioient pour répondre à ces glorieuses accusations. […] Je ne parle point du crime, que vous commettez en preparant ainsi le poison, que vous présentez ensuite a toute la terre, je ne parle point des pechez des autres, dont on doit neanmoins vous redemander un compte si rigoureux.

177. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Les filles vont à la danse pour s’y donner de la vogue ; mais c’est en effet pour y recevoir de l’infamie : c’est dans ces rencontres que les yeux s’y trouvent aussi libres que les mains, les paroles à double entente s’y font entendre distinctement ; la confusion de la compagnie y laisse dire beaucoup de choses que la retenue ne permettrait pas ailleurs : les attouchements qu’on croit illicites en d’autres occasions, semblent devenir ici nécessaires : la foule favorise l’effronterie des plus mal intentionnés ; d’ailleurs la nuit qu’on choisit ordinairement pour les danses, comme étant l’ennemie de la pudeur, et la confidente des crimes, donne du courage aux plus timides pour exécuter hardiment leurs plus pernicieux desseins : c’est ainsi qu’on donne une nouvelle carrière au libertinage, et qu’on fait passer le crime en recréation.

178. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

est-ce le crime du Spectacle ? […] Mais il y a bien des degrés entre la sainteté & le crime, entre la Perfection chrétienne & le violement total des loix du christianisme. […] On y plaint Phedre ; on y tremble pour elle & pour Hippolyte ; l’amour qui la dévore n’est entouré que de crimes & de remords, de glaives & de poisons. […] Pensée fausse d’ailleurs ; car on n’est jamais heureux dans le crime. […] Le crime même y doit être exempt de bassesse.

179. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Les talens sont-ils des crimes, & la profession ouverte une indignité ? […] Ce qu’il y a de moins dangéreux dans le vice c’est le crime, comme ce qu’il y a de plus terrible dans la vertu c’est la vanité. […] Mais en fait de crime il n’y a rien à craindre : le supplice est une leçon puissante ; l’échaffaut nous arrête. […] Mais pour ne donner ni dans la vanité ni dans le crime, est – on vertueux ou exempt de vice ? […] L’homme est fait pour des occupations continuelles ; ou il peut se relâcher sans crime, se permettre quelque heureuse distraction.

180. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — I. Fin principale de l’Incarnation du Verbe. » pp. 5-6

C’est dans la même vue qu’ils lui remettent si souvent devant les yeux la corruption de son cœur, qui renferme le germe de tous les crimes ; qu’ils lui indiquent les remédes-propres à la guérir ; & qu’ils lui prescrivent si expressément de renoncer au siécle, à ses vains désirs, & aux passions mondaines, abnegantes impietatem, & secularia desideria .

181. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — V. La Comédie donne des leçons de l’amour impur. » pp. 9-11

Quel crime n’eut-ce pas été aux yeux de cet Apôtre, d’en donner des leçons publiques ?

182. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

C’est ainsi que le théâtre nous représente le suicide, qui est en lui-même le plus grand crime qu’un chrétien puisse commettre, comme une action héroïque et comme un devoir, quand on ne peut se soustraire autrement aux rigueurs de l’infortune.

183. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

La sensibilité humaine est le principe d’où part la Tragédie ; le pathétique est le moyen ; l’horreur des grands crimes, & l’amour des sublimes vertus sont les fins qu’elle se propose. […] Mais une division plus essencielle se tire de la différence des objets que la Comédie se propose : ou elle peint le vice, qu’elle rend méprisable, comme la Tragédie rend le crime odieux ; de-là le comique de caractère : ou elle fait les hommes le jouer des évènemens ; de là le comique de situation : ou elle présente les vertus communes avec des traits qui les font aimer, & dans des périls ou des malheurs qui les rendent intéressantes ; de-là le comique attendrissant. […] C’est le but que se propose la Comédie ; & le Théâtre est pour le vice & le ridicule, ce que sont pour le crime les Tribunaux où il est jugé, & les échafauds où il est puni.

184. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

On sort du spectacle le cœur si rempli de toutes les douceurs de l’amour, et l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premières impressions, ou plutôt à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs et les mêmes sacrifices que l’on a vus si bien représentés sur le théâtre. » C’est là qu’un chrétien vient apprendre à commettre des crimes qu’il a sous les yeux et qu’il est forcé de considérer avec complaisance. […] si dans le saint lieu où l’on n’entend que des psaumes, des prières, les oracles divins, où tout inspire la crainte de Dieu et la piété, les désirs illicites se glissent quelquefois comme un voleur subtil ; comment des hommes, au théâtre, où ils ne voient et n’entendent que des choses qui portent au crime, dans le centre de la turpitude et de la perversité, investis par le vice, et attaqués de tous côtés par les yeux et les oreilles, comment pourraient-ils triompher des mauvais désirs ? […] Il en est de même de celui qui approche une femme étrangère. » Quoique vous n’ayez pas un commerce réel avec la courtisane, vous en avez eu par le désir ; vous avez consommé le crime dans le cœur.

185. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Il commence par la définition des Comédies déshonnêtes : Ce sont celles, dit-il, où les hommes et les femmes s’entretiennent des intrigues d’amour, dansent au son des chansons les plus tendres, et donnent publiquement des leçons d’un crime qu’on n’ose commettre qu’en secret, tant ce crime est honteux : les entretiens n’en peuvent donc pas passer pour honnêtes ; et quoique la corruption du siècle les tolère, ils n’en sont pas moins criminels. […]  » Donner aux Comédiens c’est un grand crime, selon saint Augustin ; c’est une espèce d’idolâtrie selon saint Jérôme.

186. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Le meurtre est un crime d’un aussi bon aloi qu’un autre. […] Mais on a beau faire, la religion y perd toujours, & bien-tôt des cœurs dépravés portant la corruption dans la carriere qu’ils trouvent ouverte, tournent en dérision les choses les plus sacrées, & font trouver le crime dans les plus pures. […] Bien-tôt cet esprit de piété s’évanouir, ces actes de religion devinrent des crimes. […] Ses œuvres sont un cours complet de galanterie, non pas grossiere, elle en seroit moins dangereuse, mais la plus fine, la plus artisée, la plus insinuante, qui conduit également au crime.

187. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

Je le demande à ces Pédans maussades, pour qui les plaisirs des autres sont un supplice, & qui cependant se livrent sans réserve au plus doux de tous pour leurs cœurs ulcérés, à celui de fronder, Quel crime y a-t-il à rire du tableau vivant des ridicules ; à s’attendrir à la vue des misères humaines ; à se livrer à l’admiration, à l’enthousiasme qu’excite l’héroïsme de la vertu ; à ressentir la douce, la délicieuse émotion d’un amour honnête ? […] Ils ont tous envisagé le Théâtre comme dangereux, non-seulement par ses Pièces, par la Musique, par les Danses, par le temps que les Spectacles consument, mais encore par le plaisir qu’ils procurent au Spectateur : c’est ainsi que par un excès de sévérité, ils n’ont fait que révolter l’homme raisonnable, qui sait bien qu’il peut se réjouir sans crime, que le plaisir est un don du Créateur, & qu’en prendre avec la modération convenable pour ne pas le détruire, c’est user du plus incontestable de ses droits. […] Cependant doit-on leur en faire un crime irrémissible, & n’est-ce qu’à eux que l’on peut s’en prendre… j’hésiterais à le dire, dans un Pays moins libre que le nôtre… mais c’est la faute à bien des gens. […] Il y a dans les Indes une Religion qui défend comme des crimes les plaisirs les plus innocens ; qui force les hommes dont elle s’est une fois rendue maitresse, à vivre dans la terreur, l’angoisse, les gémissemens ; qui, sous prétexte d’une félicité plus qu’incertaine, charge ses aveugles Sectaires de pratiques difficiles, déraisonnables, contraires à la nature, & destructives de la société.

188. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Plus elle est charmante, plus elle est dangereuse ; plus elle semble honnête, plus je la tiens criminelle. » Il cite l’exemple de Chimène dans le Cid, alors si admiré et si honnête : « Elle exprime mieux son amour que sa piété, son inclination est plus éloquente que sa raison, elle excuse plus le parricide qu’elle ne le condamne ; sous ce désir de vengeance qu’elle découvre, on remarque une autre passion qui la retient, elle paraît incomparablement plus amoureuse qu’irritée ; prête à épouser le meurtrier de son père, l’amour qui triomphe de la nature, va la rendre coupable du crime de son amant. […]  20 et 21), parlant à un grand politique, qui revit, corrigea et approuva son ouvrage, dit ces belles paroles, bien dignes d’elle : « Il n’est pas question dans les pièces de théâtre de satisfaire les libertins et les vicieux, qui ne font que rire des adultères et des incestes, et ne se soucient pas de voir violer les lois de la nature, pourvu qu’ils se divertissent ; les mauvais exemples sont contagieux, même sur le théâtre, les feintes représentations ne causent que trop de véritables crimes. […] Non seulement le métier de Comédien est infâme et criminel, c’est encore un crime de regarder la comédie et de s’y plaire ; les plaisirs d’un esprit lascif dégénèrent en crime.

189. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

La Tragédie en pleurs vient nous dépeindre les plus grands crimes des humains ; l’Innocence opprimée nous intéresse à son sort ; le Vice triomphant se fait haïr, détester ; on répand avec délices, des larmes de bienfaisance. La Vertu surmonte enfin les obstacles qui s’opposaient à sa félicité ; le Crime est terrassé, & nos cœurs sont satisfaits.

190. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

J’attendrai d’abord l’heureuse issue du procès intenté contre les deux journaux, dont tout le crime est de publier des vérités utiles à la vraie religion, aux souverains, aux gouvernements et aux peuples. […] Il fait bien voir que ce n’est pas lui, ni le ministère, qui réclament des mesures inquisitoriales ; mais c’est, au contraire, le parti fanatique ignacien qui voudrait envahir l’imprimerie et la librairie, et poursuivre avec fureur les prétendus crimes de la presse.

191. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Ils reprenaient avec une entière liberté, dit Horace, tous ceux qui méritaient d’être notés pour leurs malices, leurs rapines, leurs débauches, et leurs autres crimes. […] C’était encore, disait-on, un amusement qui les empêchait de commettre de plus grands crimes, et qui les détournait des cabales et des conspirations.

192. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Ce conte est très-licencieux, l’imagination y est toujours fixée sur des nudités & des crimes, sous des idées de la plus belle personne du monde, des Nimphes charmantes de Venus, de l’amour devenu amant. […] Les malheurs inévitables & communs à toutes les femmes, n’épargne pas plus le théatre que la cour & la ville, ils sont même plus présens & plus certains à toutes les femmes qui se fardent puisque le tard lui-même creuse les rides, ternit le tein, le rend livide & plombé, change les traits, rend la peau dure, & precipite la chûte de la beauté naturelle ; à plus forte raison quand le crime, par le feu des desirs, la vivacité des mouvemens, l’épuisement des forces, l’excès du libertinage, portent à tous les organes des corps mortels. La plus belle personne, si elle est vicieuse, sera bientôt & plutôt qu’une autre d’une laideur insoutenable, c’est le juste chatiment de ses crimes : Saturati sunt filiis. […] L’incontinence ne fut-elle pas toujours un crime, & les courtisannes des péchéresses publiques ? […] Le remord de la conscience, le bien de l’humanité, l’intérêt de la république, la loi des mœurs, la pudeur & la décence, conformément aux intentions du Créateur, ont prescrit au genre humain, ces bornes sacrées, & n’ont laissé ignorer à personne, que c’est un crime, ou de perdre le fruit de la sécondité par une inutilité volontaire, ou d’en exposer la naissance au hazard, sans lui donner un pere & une mere légitimes.

193. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Mathurine avec Colin s’appellera vice, la Duchesse avec Baron sera la vertu ; le crime avec la houlette sera obscénité, sous le diamant c’est élégance : il est adorable. […] L’immortalité de l’ame, l’éternité de l’enfer, ses tourmens, la liberté de l’homme, la justice de Dieu à punir le crime, la sainteté de l’état religieux, l’obligation de la charité, le Pape, les Evêques, les Prêtres, les Moines, &c. tout est un jeu pour lui ; l’irréligion éclate à chaque page. […] Il est donc des momens où, panché vers l’abyme, Malgré lui l’homme tombe entre les bras du crime. […] Quelles sont nos vertus, si l’amour est un crime Ces doux fremissemens, ces feux & cette ivresse Sont des secret tributs qu’il rend à son auteur : Et ne savoir nuir, par un heureux lien, Les plaisirs d’un amant aux devoirs d’un chretien… Dieu qui creusa l’abyme où ton couroux me laisse J’esperois que ton bras soutiendrois ma foiblesse ; Mais puisque tu n’as pu m’arracher mon penchant, Pour teindre l’amour, aneantis l’amant. […] Dorat, la vertu seroit un crime.)

194. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Et si le Père veut nous convaincre de son religieux sentiment, ne doit-il pas nous prouver qu’il n’y a pas moins de justice et d’innocence dans nos Comédies, que de crime et d’injustice dans les dépenses excessives qu’on fait en bâtiments, en peintures, en meubles, en habits, en repas, ou du moins qu’il n’y a ni plus ni moins à la Comédie que dans un repas modéré. […] Mais quoique le crime soit égal en tous, et que l’Eglise les ait souvent rejetés avec la même indignation, parce que les uns et les autres demeurent dans des habitudes mortelles, elle ne se déclare hautement néanmoins que contre ceux qui font profession publique de faire triompher les passions ; elle refuse à ceux-là publiquement et invariablement sa Communion, parce qu’elle sait que l’amour des biens célestes ne peut subsister dans le cœur de cette sorte de Chrétiens qui lèvent, pour ainsi dire, l’étendard pour l’orgueil et la sensualité. […] Ne suffit-il pas pour en connaître le crime de consulter la loi qui nous parle au fond du cœur ? […] On sait bien que les Prêtres et les Religieux ont des obligations particulières, qu’ils doivent l’exemple et l’instruction : ce qui a fait dire aux saints Docteurs, que ce qui ne serait qu’une faute légère dans un séculier, serait un crime dans un Ministre des Autels, ou dans celui qui s’est consacré à Dieu par de nouveaux vœux ; mais je soutiens que tous les Chrétiens indistinctement sont obligés à une même pureté de cœur, à une même sainteté. […] Tantôt on le voit prouver par le témoignage de beaucoup de grands hommes, que la doctrine de saint Thomas est irréprochable, comme s’il parlait à des gens qui eussent intérêt à la rejeter : tantôt il multiplie les passages, pour nous apprendre que ceux qui travaillent ont besoin de quelque divertissement, comme si l’on ne le savait pas bien ; tantôt il prouve que le divertissement n’est un mal que lorsqu’il est excessif, comme si on le lui contestait ; combien d’Auteurs saints et profanes fait-il parler sur les excès des anciens Spectacles, comme si le crime ne se trouvait que dans des actions où l’on ne garde nulle sorte de mesure ; combien allègue-t-il de Pères qui n’ont point trouvé à redire dans des jeux modérés, comme s’il avait quelqu’un à combattre qui ne fut pas de ce sentiment ?

195. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Prétendra-t-on, qu’ils facilitent le crime, pour détourner les vengeances du Ciel ? […] Un crime, quelque commun qu’il soit, ne cesse pas d’être crime, & le grand nombre de ses partisans n’en fera jamais une vertu. […] Si quelque fois il arrive qu’on sévisse contre les petits, tandis que les plus grands commettent impunément les mêmes fautes, s’ensuit-il que les crimes de ceux-ci ne soient plus crimes, parce qu’on les tolére ? […] Négliger d’y aller, ne seroit-ce pas un crime ? […] Illicites & criminels, parce qu’on y loue le crime, & qu’on y met sous les yeux des spectateurs, l’intrigue la plus licencieuse, & la passion la plus criminelle.

196. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

 » Enfin il conclut, en disant que ceux qui en sont spectateurs, et qui y prennent plaisir, se rendent coupables des crimes qui y sont représentés. « Pour ce qui est Ibid. […]  » , parlant encore des Comédies en général, rapporte ce qui avait été dit autrefois par un Ancien, que jamais on ne les eût approuvées, ni les crimes qu’elles représentent, si les mœurs des hommes qui étaient souillées des mêmes vices ne les eussent souffertes. […]  » , on ne doit rejeter aucun fidèle de la Communion, à moins qu’il ne soit excommunié ou interdit, ou marqué de quelque crime notoire, comme les femmes publiques, les Bateleurs, les Comédiens. […]  » , appeler des jeux ce qui est la source des crimes ? […] au livre cité, de nous réjouir, il faut encore que notre divertissement soit un crime ; ce qui est manifestement condamné dans l’Ecriture, dit cet Auteur.

197. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVIII. Autorité des loix. » pp. 45-47

Pendant que les loix du siécle qui ne peuvent pas déraciner tous les maux, permettoient l’usure & le divorce, ces grands hommes disoient hautement, que si le monde permettoit ces crimes, ils n’en étoient pas moins réprouvés par la loi de l’Evangile ; que l’usure qu’on appelloit légitime, parce qu’elle étoit autorisée par les loix Romaines, ne l’étoit pas selon celles de J. 

198. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

En leur partageant le terrein & les fonctions, vous mettez des bornes à leur bonté & à leur puissance, vous assignez l’époque de leur naissance, & le crime qui les mit au jour. […] Vous croyez une poësie divine quand vous avez enchassé dans vos vers quelqu’un de ces noms burlesques qui ne présentent à l’esprit que des folies & des crimes. […] La magnificence de nos temples, la majesté de nos cérémonies, la régularité de nos offices, la dignité de nos Ministres, la mélodie de nos cantiques, le pathétique de nos sermons, ne valent-ils pas ces bruyans orchestres, ces ridicules pantomimes, ces chants efféminés, ces danses lubriques, ces décorations licencieuses, ces Actrices immodestes, ces accens passionnés, ces attitudes voluptueuses, dont tout le mérite est d’allumer la passion, de nourrir le vice, d’amuser la frivolité, de fournir le modelle au luxe, l’attrait à la volupté, la facilité au crime, la voie à l’endurcissement, le goût de l’irréligion ?

199. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XII. Des Spectateurs. » pp. 355-358

Je n’en serai point un crime à l’Auteur.

200. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « V. » pp. 23-26

« Pour comble de misère, un tas de faux Docteurs Vint flatter les péchés de discours imposteurs, Infectant les Esprits d’exécrables maximes, Voulut faire à Dieu même autoriser les crimes.

201. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « LIVRE QUATRIEME. » pp. 1-3

Ces divisions, qui par les différentes espèces développent les diverses branches de l'art dramatique, nous paraissent propres à en dévoiler le dangereux crime.

202. (1765) Apologie du théâtre français pp. 1-4

***  C’est un Molière exquis plein de sages maximes, Gai, badin, élégant, bon, moral, instructif ; L’ornement de la Scène et de chez nous natif ; Le soutien du Théâtre et le frondeur des crimes.

203. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Les vins, les viandes ne sont pas défendues, est-il douteux que l’ivresse, que la gourmandise ne soient des crimes ? […] mais il ne faut pas leur en faire un crime, c’est une nécessité non-seulement parce que les maux & les odeurs qu’elles contractent par le libertinage, sont si dégoûtans qu’il faut les couvrir d’ambroisie, mais encore parce que c’est le costume ; elles représentent continuellement des Déesses, des Princesses Asiatiques. […] La beauté, la parure, la magnificence ne lui paroissoient pas suffisantes, il falloit encore charmer par les odeurs le Général Assyrien, 6.° Dans le détail que fait le Prophète de ce que le libertinage, & la vanité inspiroient aux filles Juives ; l’un de leurs crimes est leur fureur pour les odeurs, elles étoient pleines de cassolettes olfactoriis . […] Source intarissable de mauvaises odeurs elles fait du corps de l’homme un cloaque qu’il faut couvrir d’un nuage d’ambre gris ; Le crime le tient toujours dans l’ordure, il ne peut trop se parfumer, le vice transpire par tous les pores, c’est un cadavre embaumé, un momie que l’art du baigneur comme celui des Égyptiens remplit d’aromates ; que la décoration n’en impose pas.

204. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

La doctrine générale qui en résulte, c’est que la bonne éducation des filles consiste à leur donner une entiere liberté, les laisser courir seules, sur leur bonne foi, le bal, la comédie, les compagnies, & voir qui bon leur semble, comme la Léonor, dont cette conduite indulgente a fait une héroïne, tandis que la vigilance & la retraite ont fait de sa sœur Isabelle une intrigante & une effrontée ; que le soin & l’attention à éloigner les jeunes gens des dangers du crime, ne servent qu’à leur en donner plus d’envie, & leur faire chercher les moyens de se satisfaire, & que la sévérité même qu’on a pour eux, les autorise à secouer le joug, & leur est une excuse légitime ; que ces sévères instituteurs en sont toûjours la duppe, & se couvrent de ridicule ; que malgré toutes leurs mesures, l’amour, inépuisable en ressources, rend inventifs les plus innocens, & trouve enfin mille moyens pour réussir ; qu’après tout c’est un vain scrupule de se refuser à la galanterie, mal commun, dont personne n’est exempt ; qu’il est de la sagesse de ne pas être plus sage que les autres ; qu’on ne peut compter ni sur les femmes, ni sur les filles ; qu’il faut s’y attendre, s’en faire un jeu, & n’avoir pas l’inutile foiblesse de s’en embarrasser. […] La sagesse des parens s’oppose aux passions insensées : il faut mépriser leur autorité, & faire des mariages malgré eux ; faisons un jeu de l’adultère, ce n’est pas un crime, c’est un panache sur la tête des maris ; leur jalousie est un ridicule, une petitesse inutile, on n’en fait pas moins, voilà Isabelle & Agnès. […] Veillez sur vous, gardez-vous de toute impureté, évitez le commerce des femmes, & hors la vôtre, craignez jusqu’à l’idée du crime (quelle puérile délicatesse !). […] Peut-on, sans gémir, voir une action si importante pour la vie présente & pour l’éternité, abandonnée aux folies du théatre, être l’objet de ses amusemens & de ses désordres, y être traitée de la maniere la plus licentieuse, avec la morale & les sentimens les plus opposés à la religion, y devenir l’école du vice, le fruit de l’intrigue, la récompense des passions, y être préparée par le crime, accompagnée d’infamie, troubler enfin toute la société, & conduire à la réprobation éternelle ?

205. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

On fit un crime au fameux Archevêque de Cambrai de quelques expressions tendres, quoique très-mesurées, qui lui avoient échappé dans son Telemaque, ouvrage immortel, qui ne respire que la vertu. […] On les fait paroître sur la scène au moment précis où après bien des préludes licencieux ils vont derriere la toile commettre le crime, & chantent ensemble en y allant : Livrons notre ame aux transports les plus doux, aimons-nous à jamais. […] les peintures animées des passions, leur justification & leur analyse, les objets & les leçons, le goût & le sentiment du crime, les termes équivoques qui la laissent entrevoir, &c. sont un langage très chaste ! […] C’est encore bien pis que le style dramatique dont on a fait un crime au P.

206. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Il a même osé tacher d’excuser cette célèbre Compagnie du crime qu’elle commit en ne l’adoptant pas. […] Si l’élégance, la finesse, la modestie apparente des expressions, la gaze brillante qui couvre le vice, sauve la honte, attire le spectateur, enfonce le trait, insinue le poison, le crime n’en devient que plus facile & plus piquant. […] Voilà des désordres dont les comédies de Moliere ont un peu arrêté le cours, car pour la galanterie, les fourberies, l’envie, l’avarice, la vanité, & autres crimes semblables, il ne faut pas croire qu’elles leur ayent fait grand mal. […] C’est quelque chose ; mais la gaze légère, la politesse fine & délicate, qui laisse entrevoir d’une maniere plus piquante ce qu’il faudroit cacher absolument, est-ce de la décence, & le crime ainsi assaisonné n’en est-il pas bien plus agréable & plus dangereux ?

207. (1825) Des comédiens et du clergé « Table des matières, contenues dans ce volume. » pp. 409-427

Les prêtres qui commettent des délits et des crimes sont sujets à la loi commune, et il n’y a aucune exception en leur faveur, pag. 337 et 360 ; les évêques et les prêtres manquent eux-mêmes à la discipline qui leur est imposée par les lois de l’Eglise, pag. 344 et suiv. ; ils ne doivent avoir avec eux aucune, mais aucune femme, ni servante, pag. 347, 348 et 350 ; on en donne la raison plausible, pag. 351 et 352 ; les prêtres qui faussent leurs serments envers les souverains et qui attentent à leur vie sont anathématisés par les conciles, pag. 331 ; Henri III reproche au clergé de France de l’avoir fait assassiner, pag. 333* et suiv. […] Crimes du clergé, et assassinat d’Henri III et d’Henri IV, pag. 333*.

208. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

Le crime du Poète vous a irrités contre la Poésie. […] Il avoue aussi dans une Lettre qu’il a été dans le dérèglement, et qu’il s’est retiré chez vous pour pleurer ses crimes.

209. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVI. Efficace de la séduction des Spectacles. » pp. 36-39

Comment donc êtes-vous innocens, puisque vous êtes coupables du crime des autres ?

210. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XI. Que les Poèmes Dramatiques n'ont point été condamnés. » pp. 230-236

Tertullien le plus austère de tous nos Ecrivains, dit que les Comédies et les Tragédies étaient les meilleurs Spectacles des anciens, et n'y blâme autre chose que les adultères, et les autres crimes de leurs Dieux, que l'on y représentait avec beaucoup de mépris ; il en condamne le sujet par le peu de respect qu'ils portaient à leur Religion ; mais il ne charge ni d'infamie ni d'anathème ceux qui les représentaient.

211. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 12. SIECLE. » pp. 187-190

Vous ne doutez point que l'autorité des Pères de l'Eglise n'ait interdit la sacrée Communion aux Comédiens e aux Farceurs; d'où vous pouvez juger quelle peine méritent ceux qui les favorisent, Si vous vous représentez que les coupables des crimes, et leurs complices doivent être également punis.

212. (1647) Traité des théâtres pp. -

Nous y avons marqué l’horreur impie des fictions de crimes énormes, comme lorsqu’on y introduit un Magicien qui fait ses enchantements, ou quelque monstre qui blasphème contre Dieu. […] « Tu compares, ô homme, 1e Criminel et le Juge ; le Criminel, qui à cause qu’il voit ces Spectacles, se rend coupable de crime ; le Juge, qui à cause qu’il les voit en est le Juge ». […] Encore qu’un crime de lèse-majesté ne soit qu’au second chef, c’est toujours crime de lèse-majesté. […] Surtout ils portent avec impatience, lorsqu’on en fait des répréhensions publiques, qui sont souvent plus animées (disent-ils) que celles des blasphèmes, et autres tels crimes. […] Que si par fois ils parlent des Théâtres, et alors se taisent ou des Blasphèmes ou d’autres crimes tout autrement énormes, c’est que selon que le mal presse la raison veut qu’on y coure.

213. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIII. » pp. 62-65

Esculape les rejettera parce que dans celui-ci, le mal qu’il souffre est une juste punition de ses crimes, et dans les autres, c’est un effet de leurs dérèglements.

214. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VI. Les spectacles produisent et favorisent l’incrédulité. » pp. 86-89

« Il n’y a peut-être point de gens, dit Bayle, qui puissent se donner plus de carrière, en fait de maximes impies et libertines, que ceux qui composent des pièces de théâtre ; car, si on voulait leur faire un crime de certaines licences qu’ils prennent, ils ont à répondre qu’ils ne font que prêter à des profanes ou à des personnes dépitées contre la fortune les discours que le vraisemblable exige.

215. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

Bayle, si cher à tous les libertins, dont le cœur était comme dissous dans la corruption, croyait que nos comédies modernes n’ont pas fait beaucoup de mal aux désordres réels ; qu’il n’y a rien même de plus capable de les inspirer, et que, si elles ont corrigé quelques défauts, ces défauts sont certaines qualités qui ne sont pas tant un crime qu’un faux goût et qu’un sot entêtement.

216. (1695) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras contre la Comédie [4 décembre 1695] « Mandement  » pp. 34-37

Nous nous reprocherions d’employer en cette occasion, pour arrêter ce mal, l’autorité que Dieu nous a mise en main, si nous n’avions pas auparavant inutilement employé nos remonstrances : mais l’ayant fait sans aucun fruit, Nous n’avons pas cru pouvoir nous taire, sans nous rendre coupables d’approuver le crime par notre silence, et responsables devant Dieu de tous les désordres, dont ces divertissements criminels sont la source.

217. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

« Qu’y voit-on, dit-il, sinon le crime paré des plus belles couleurs ? […] Plus l’intrigue est conduite avec art, plus le théâtre retentit d’applaudissements ; plus la pièce renferme de corruption, plus le crime de l’auteur est récompensé 5 Juvenal ne le cède point à Ovide dans la peinture qu’il fait des Spectacles. […] Il s’agit de la conscience et du salut ; tout ce qu’il y a eu, sur ces sortes de matières, de Juges compétents, et reconnus, ont décidé : n’importe ; des mondains, amateurs d’eux mêmes et idolâtres de leurs plaisirs ; des gens sans étude, sans connaissance, sans attention à leur salut, dont tout le soin est de charmer le temps et de se tenir en garde contre l’ennui qui les surprend, dès que l’amusement leur manque et qu’ils sont hors de la bagatelle ; des libertins dont la passion cherche à se nourrir et à s’allumer, lorsqu’il faudrait tout mettre en œuvre pour l’amortir et l’éteindre : voilà les oracles qui se font écouter ; voilà les docteurs et les maîtres dont les décisions sont sans réplique, et les garants sur qui l’on se repose de sa conscience, de son âme, de son éternité. » Massilion, parlant sur le petit nombre des Elus, s’exprime ainsi : « Vous avez renoncé à la chair dans votre Baptême ; c’est-à-dire, vous vous êtes engagé à ne pas vivre selon les sens, à regarder l’indolence même et la mollesse comme un crime, à ne pas flatter vos désirs corrompus ; mais à les dompter. […] … Bayle, cet auteur trop fameux, et si cher à tous les libertins dont le cœur est comme dissous dans la corruption, a avancé dans un de ses écrits : « Qu’il ne croyait nullement que la Comédie fût propre à corriger les crimes et les vices de la galanterie, de l’envie, de la fourberie, de l’avarice, de la vanité, etc. […] On voyait couler du sang, il est vrai ; mais on ne souillait pas son imagination de crimes qui font frémir la nature.

218. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Les crimes ne sont pas l’objet du persifflage, non plus que de la comédie ; ce sont les défauts & les foiblesses qui rendent Ridicule. […] Dans Jéremie, dans Job, dans vingt endroits de l’Ecriture, il est dit qu’en punition de leurs crimes Dieu livre les impies, les villes, les nations aux opprobres, aux sifflemens du monde : In opprobrium, & in sibilum sémpiternum. […] L’amour des femmes est le goût dominant, & il n’y est pas épargné, ce crime est irremissible : qu’on ne soit pas, dit-il, la dupe des apparences ; aujourd’hui les vices & les vertus se cachent, on voile des propos honnêtes, des sentimens qui le sont le moins, la liberté de la société est portée au plus haut degré. […] Trop de femmes étoient intéressées dans cette cruelle affaire, la piéce entiere a été punie du crime de quelques vers ; il est vrai que c’étoit fort imprudemment parlé contre ses juges, & le procès n’en a pas été mieux jugé. […] Ne confondons pas deux choses très-différentes : le Prince peut n’être pas coupable dans la tolérance des dangers & des crimes ; le particulier ne peut être innocent dans sa témérité, à s’exposer à l’un & à l’autre.

219. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

L’état d’émotion & de crime où il s’est mis, subsiste toujours après ce mariage étranger, dont l’idée momentanée & future, n’a pu rendre pour lui la piece innocente, & après qu’elle est passée, ne peut excuser les péchés auxquels elle a fait une si légere diversion. […] M. de Tourreil dans la Préface des Philippiques, décrivant les mœurs des Lacédémoniens, dit : Les plaisirs du theatre n’avoient point de privilege chez eux, au contraire une raison capitale les avoit rigoureusement proscrits ; on ne représentoit ni comédie ni tragédie, afin de n’accoutumer jamais les yeux ni les oreilles à voir l’image, à entendre les noms de ce que la loi condamne, ni l’apologie des passions & des crimes. […] Peut-on donc s’y livrer sans crime ? […] Si l’amour est un crime , dit-elle à son amant, ah ! […] En effet, selon toutes les loix civiles & canoniques, les regles de la morale, les idées même des Romans & des Poëtes, cette familiarité très-licentieuse, prélude ordinaire du crime, en est un indice & une présomption légale, une demi-preuve, qui en rend très-suspects, & qui joint à quelqu’autre indice forme une preuve complette.

220. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Une passion violente le transporte à la vue de ce qu’on étale à ses yeux ; il donne des fêtes, se livre à la joie, se prépare au dernier crime ; enseveli dans l’ivresse, il reçoit le coup de la mort. […] la licence conduit-elle à la vertu, & le crime à la paix & à la félicité ? […] Une femme agréable à Dieu & aux hommes par ses vertus est un présent du ciel, c’est obtenir grace sur grace : une femme immodeste, méprisable au ciel & à la terre, entasse, commet & fait commettre crime sur crime : Gratia super gratiam mulier pudorata & sancta. […] Entretenues comme des Reines, comblées de présens, brillant avec le plus grand éclat, & trop heureuses enfin d’obtenir une modique pension de retraite, elles rentrent dans la plus obscure indigence, avec toute la honte du crime & toute la confusion de son inutilité.

221. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

En un mot, si Messire Jean est coupable de bien des crimes, il n’est du moins ni un hypocrite ni un lâche aux yeux des hommes ; et de plus, ses crimes ne sont point imputés à son état, mais uniquement à sa personne. […] Se moquer donc d’un Prêtre, et encore plus de son caractère, quel crime n’est-ce point ? […] On ne saurait comparer sans crime les Ministres du vrai Dieu avec les Prêtres des Idoles. […] Le Sacerdoce est-il un crime ?

222. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE III. » pp. 29-67

On ne lui feroit pas un crime de cette ignorance, s’il ne se donnoit pour érudit en une science qui n’est point sa partie : On voit bien que c’est la tentation d’Erostrate qui l’a poussé dans la lice, il a voulu se faire une réputation, en essayant la défense d’une cause tant de fois manquée ; je ne crois pas qu’il réussisse, au moins par cette voie. […] De même un Pécheur qui se rend coupable d’un crime qui attire les censures ecclésiastiques, comme la Simonie, l’Usure, s’il étoit dénoncé, cesseroit d’être enfant de l’Eglise, conservant néanmoins l’habitude de la foi, celle-ci n’étant incompatible qu’avec la seule infidélité, selon le Concile de Trente1 ;l’Avocat a donc grand tort, Mademoiselle, de s’imaginer que l’Excommunication des Comédiens supposeroit en eux la tache d’hérésie, (pag. […] Enfin, le Mémoire insiste sur l’inconséquence de la censure dont nous parlons : le coupable seroit puni deux fois pour le même crime.

223. (1670) Du delay, ou refus de l’absolution [Les Instructions du Rituel du diocèse d’Alet] « Du delay, ou refus de l’absolution. » pp. 128-148

Il en doit user avec beaucoup de discretion, parcequ’il y a du danger de donner l’absolution à une personne qui a commencé de se corriger, mais qui retombe encore de temps en temps dans son crime. […] Et les Peres ont toujours mis entre les fausses penitences celles des pecheurs, qui pendant le cours de leur penitence retomboient dans les crimes dont ils s’estoient accusez : Irrisor est, non pœnitens, qui adhuc agit quod pœnitet. […] Et c’est ce qui a fait que nonobstant ces apprehensions qu’ils eussent pu avoir aussybien que nous, leur prattique ordinaire a esté de ne recevoir à l’absolution ceux qui avoient perdu par leurs crimes l’innocence de leur baptesme, qu’aprés les avoir fait passer par les exercices d’une longue & serieuse penitence.

224. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Ils connaîtront leur crime, et le voudront venger; Mon zèle à leur refus, aidé de sa mémoire, Te saura bien sans eux arracher la victoire. » Ce serait une fort méchante excuse à cette horrible impiété, de dire que Comélie était païenne, car cela prouve seulement qu'elle se trompait, en attribuant la divinité à des choses qui ne la possédaient pas, mais cela n'empêche pas que, supposé qu'elle leur attribuât la divinité, elle n'eût pas des sentiments effroyablement impies. […] Si donc la Comédie en l'état qu'elle est présentement, est si opposée aux maximes du Christianisme, n'est-ce pas encore ajouter crime sur crime, que de choisir le saint jour du dimanche pour la jouer ?

225. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Cyprien, Evêque de Carthage, un des plus excellents Philosophes de son temps, et grand Orateur, en sa seconde Epitre de l’humilité des Chrétiens, fait mention d’un certain Comique, Neoptolomeus, qui avait infecté l’Empereur Valerius, par ses postures lascives ; bref, ils étaient convaincus de toutes sortes de crimes par les sacrés canons et décrets ; même le Pape Gesalius leur fit défendre la communion des Sacrements, comme nous l’enseigne le docte Rupert, en ses décrétales. […] Quant aux crimes dont il les blâme sans cause, il devrait s’informer mieux de l’état de leur vie, pour en juger avec plus d’équité, et retenir ce torrent d’injures dont il grossit journellement ses prédications, s’il avait été aussi soigneux d’écouter la Comédie pour en connaître la fonction, qu’il a été prompt à la condamner, il aurait vu qu’elle ne produit rien qui puisse blesser la vertu des assistants, ni jeter de mauvaises semences en leurs âmes. […] Saint Hilaire parlant de ceux qui ont l’administration de la chaire, dit qu’ils ne doivent nullement prostituer l’autorité de leur vocation, à l’extravagance de leur passion ; d’autant que comme dit Saint Jérôme, « Correctio lenis hominem suaviter instruit, nimis aspera vero deteriorem facit », le pécheur ne se convertit que par la voix de la douceur, et que le piquer par paroles scandaleuses, c’est le pousser dans le crime plus avant.

226. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

« Multarum delitiarum comes saltatio, vitiorum omnium postremum. » Toutes les danses n’étant pas également criminelles, on ne peut l’entendre que des danses du théâtre, les bals, les ballets, etc. qui ne sont en effet que des folies et des occasions de crime : « Nemo saltat sobrius, nisi forte insanit. » Est-ce une sévérité outrée d’éloigner les Magistrats de la comédie ? […] Il peut seulement fermer les yeux, laisser faire, ne punir ni ne chasser les Acteurs et les spectateurs » : « Se habere mere passive. » « Car, ajoute-t-il, ne pas chasser ou punir tous les criminels, ce n’est pas approuver le crime. » Ainsi en bien des villes d’Italie on souffre des femmes publiques sans approuver leur désordre. […] C’est là que le galant Jurisconsulte s’égaie sur tous les crimes et toute la matière de cette passion, à l’occasion des lois et des canons qui peuvent y avoir quelque rapport, qu’il entre-mêle d’une infinité de passages, d’histoires et de fables des Poètes et des Auteurs profanes, à peu près dans le goût du recueil des Arrêts d’amour.

227. (1753) Compte rendu de Ramire « Compte rendu de Ramire » pp. 842-864

Passons aux accidens, qui en font le vice & le crime. […] On ne revient point du spectacle comme on y étoit allé ; l’innocence n’en sort point sans tache, ni le vice sans crime : quos attulisti mores, numquam referes &c.

228. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « EXTRAIT Du Journal de Trevoux ; Mois d’Avril 1753. Art. XXXIX. » pp. 59-70

Passons aux accidens, qui en font le vice & le crime. […] On ne revient point du Spectacle comme on y étoit allé ; l’innocence n’en sort point sans tache, ni le vice sans crime : quos attulisti mores, numquam referes &c.

229. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Ce peuple, enthousiaste de sa liberté jusqu’à croire que les Grecs étaient les seuls hommes libres par nature, se rappelait avec un vif sentiment de plaisir ses anciens malheurs et les crimes de ses maîtres. […] Ne se croirait-on pas coupable de contribuer, par des dons volontaires, à entretenir dans le crime et le libertinage des courtisanes ou d’autres personnes de mauvaise vie ?

230. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIII. La Comédie considérée dans les Acteurs. » pp. 26-29

Quel crime dans un enfant de Dieu de se tuer ainsi de ses propres mains, de se dégrader lui-même & de devenir entre les mains du démon un instrument dont il se sert pour perdre les ames !

231. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatrième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 28-32

En ouvrant ta Lettre, j’ai cru que ton mari, affichant le desordre, profitait de notre absence ; pour avouer publiquement une de ces Créatures dont le crime est l’état, que l’impudence annoblit, & dont les hommes mesurent la gloire, par l’atrocité du scandale qu’elles ont donné.

232. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XII. » pp. 58-61

Bauny, « qu’on ne doit ni refuser, ni différer l’Absolution à ceux qui tombent et retombent dans des crimes contre la Loi de Dieu et de la Nature, quoi qu’il n’y paraisse aucune espérance d’amendement.

233. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XI. Si on a raison d’alléguer les lois en faveur de la comédie. » pp. 46-48

p  : pendant que les lois du siècle qui ne peuvent pas déraciner tous les maux permettaient l’usure et le divorce, ces grands hommes disaient hautement que si le monde permettait ces crimes, ils n’en étaient pas moins réprouvés par la loi de l’Evangile : que l’usure qu’on appelait légitime, parce qu’elle était autorisée par les lois romaines, ne l’était pas selon celles de Jésus-Christ, et que les lois de la cité sainte et celles du monde étaient différentes.

234. (1574) Livre premier. Epître dixième. Cyprien à Eucratius son frère « Epître dixième. » pp. 30-31

défendu en la loi, que les hommes ne vêtent point les habits de femme, et que ceux qui le font sont maudits : c’est bien plus grand crime, de non seulement prendre et vêtir les accoutrements des femmes, mais aussi avec ceb, représenter et exprimer les gestes déshonnêtes, et efféminés des femmes, selon que cet art impudique l’enseigne.

235. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXII. Le repentir de quelques auteurs dramatiques d’avoir travaillé pour les théâtres doit nous engager à éviter ces divertissements. » pp. 183-186

On doit convenir, d’après tout ce qui vient d’être dit, que les auteurs dramatiques sont des empoisonneurs publics qui se chargent d’autant de crimes que leurs pièces en font commettre, qui sont coupables d’autant d’homicides qu’il y a d’âmes perdues à leurs spectacles.

236. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Des moindres libertés je n’ai point fait des crimes. […] Le danger, le crime de l’intrigue, diminuent à leurs yeux ; il s’anéantit bientôt. […] Il est encore moins extraordinaire que l’on ait un recueil de ses Comédies de l’impression du Vatican, puisque d’après le Concile le plus respectable, elles peuvent être sans crime entre les mains des personnes les plus pieuses. […] La vertu naît souvent de la difficulté de commettre le crime. […] [NDA] M.F. s’écrie dans ses Observations : « Pourquoi la représentation du même sujet dans les Collèges et sur le Théâtre public, est-il d’un côté une bonne action, et de l’autre un crime ?

237. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVII. On y risque tout par une seule assistance. » pp. 40-44

Où est leur crime ?

238. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Le drame français moderne n’est qu’un tissu de crimes, de blasphèmes et d’horreurs. […] Parmi les personnes du sexe, qui figurent dans les pièces de théâtre de Victor Hugo et d’Alexandre Dumas on trouve huit femmes adultères, six courtisanes de différent rang, six victimes de la séduction ; quatre mères ont des intrigues avec leurs fils ou gendres, et dans trois cas le crime suit l’intrigue. […] Si le théâtre du siècle passé n’est pas à l’abri de tout reproche, au moins s’était-il renfermé dans certaines limites : en est-il de même de notre théâtre moderne, où tous les crimes et toutes les immoralités sont présentées avec une crudité plutôt repoussante que dangereuse ? Le mal, le danger est dans la pensée intime, qui représente tous les crimes comme des faiblesses presque pardonnables, presque louables, et dont on a soin de doter généreusement le héros ou l’héroïne.

239. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Le grand Vicaire n’oseroit paroître au Palais, l’Aumônier servir à l’Autel, l’aspirant se présenter à l’ordination sans arborer, sans outrer cette parure, & la négligence seroit un ridicule & un crime, qui excluroit des faveurs & des graces. […] qui ne se rendoient pas moins odieux par leur luxe que par leurs crimes, & hâterent par l’un & par l’autre la chute de l’Empire. […] Absalon y trouva son malheur, ses beaux cheveux le perdirent ; ce Prince meurtrier de son frere, révolté contre son pere, fuyoit après sa défaite, en passant sous un arbre ses cheveux s’embarrasserent dans les branches ; son cheval continua sa course, & le laissa suspendu par ses cheveux ; Joab l’y perça d’un coup de lance ; ce qui avoit fait ses délices fût le chatiment de ses crimes. […] C’est pour une femme un grand sacrifice, ses cheveux sont un de ses plus chers ornements ; la punition la plus sensible d’une femme adultere, usitée chez plusieurs nations, c’est de la raser ; & la premiere démarche d’une personne qui se consacre à Dieu, dans l’état réligieux, c’est de couper les cheveux : le même objet sert ainsi à punir le crime qu’il avoit engagé à commettre, & à pratiquer la vertu, à qui il faisoit courir bien des risques ; on peut à ces traits distinguer les personnes vertueuses de celles dont la vertu est équivoque, le soin, la parure des cheveux étant l’enseigne du vice & de la vertu.

240. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Vous, qui, quand vous seriez chastes avec les hommes, ne l’êtes jamais avec vous-mêmes, êtes éprises d’amour pour votre beauté, ou naturelle, ou artificielle, qui pointes & enluminées comme des idoles par vos propres mains, vous offrez aux regards d’une foule d’insensés adorateurs, qui ne vous regardent qu’avec des yeux lascifs, & dont les crimes sont comptes pour autant de conquêtes & de triomphes dont vous repaissez votre passion & votre vanité. […] Souffrirons-nous tranquillement que notre bon Maître soit méprisé, moqué, couvert d’ignominie, par les crimes & les dissolutions qui vont se commettre dans les assemblées où regne le désordre & la licence ? […] Cette mort affreuse les fit passer subitement, comme Moliere, Lulli, Monsfleuri, du théatre au jugement de Dieu, du crime à l’éternité. […] & n’est-ce pas une juste punition de la fureur du vice, qui ne peut se passer des folies & des crimes de la scène, jusqu’à en charger à grand frais des vaisseaux, & en transporter aux Indes ?

241. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

C’est une peine portée par les lois en punition de certains crimes, qui rend inhabile à tout. […] En livrant sa femme au théâtre, il est censé la livrer au public et lui permettre le crime. […] C’est toujours diminuer le nombre des crimes. […] Cette loi leur est commune avec tous les autres pécheurs publics ou excommuniés ; mais il a fallu des lois particulières pour les Comédiens, parce qu’ils ont la mauvaise foi de ne vouloir pas convenir du crime de leur état, quoiqu’il soit plus notoirement et plus dangereusement criminel que les autres : « Noluit intelligere ut bene ageret. » La femme du Poète Quinault eut cette délicatesse.

242. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Dans la deuxieme Scène du cinquième acte, on apprend à Danaüs que le Peuple ne croit point le crime qu’il impute à Lincée ; qu’Hypermnestre dans les fers attendrit les Argiens, qu’ils murmurent ; & que la révolte est prête à s’allumer. […] D’ailleurs il est vraisemblable qu’Atthalie ait été troublée pendant son sommeil du remord de ses crimes, & qu’il lui en fasse voir le chatiment comme prochain.

243. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Y considère-t-on jamais les crimes par opposition à la loi éternelle et à la sainteté de Dieu qui rend ceux qui les commettent dignes des flammes de l’enfer. […] Je dis à ces personnes, occupez-vous sérieusement, et sortez de cette vie molle qui suffit toute seule pour vous damner, quand vous n’y joindriez pas des crimes marqués, et des transgressions mortelles.

244. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

Ainsi donc notre profession est et utile et délectable et au Prince et à ses sujets, nous purgeant outre tout cela de tous attentats, de tous crimes de lèse-majesté divine et humaine, qui ne nous banniront jamais, aidant Dieu, de l’agréable clarté de ce grand soleil de clémenceag, aussi doux et prompt au pardon que vaillant et courageux aux alarmes. […] [NDE] Le roi permet aux comédiens de manier l’épée devant lui (sous-entendu : si leur rôle le demande), comme ils le font sur cette scène de théâtre où La Porte parle : tirer l’épée est un privilège de la noblesse, et c’est un crime de lèse-majesté que de le faire en présence du roi.

245. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

Théodose condamna aux Bêtes des Farceurs qui tournaient en dérision nos Cérémonies ; et néanmoins cela n’approche point de l’emportement de Molière, et il serait difficile d’ajouter quelque chose à tant de crimes dont sa Pièce est remplie. […] Mais le Foudre est un Foudre en peinture, qui n’offense point le Maître, et qui fait rire le Valet ; et je ne crois pas qu’il fût à propos, pour l’édification de l’Auditeur, de se gausser du châtiment de tant de crimes, ni qu’il y eût sujet à Sganarelle de railler en voyant son Maître foudroyé ; puisqu’il était complice de ses crimes, et le ministre de ses infâmes plaisirs.

246. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Si les dieux ne sont que ses égaux, ce combat n’a rien de bien merveilleux, s’ils sont supérieurs, il est un crime, et tous ces grands mots se réduisent en fumée. […] On lui a fait une sorte de crime de cette élégance continue, qu’on appelle monotonie de perfection, satiété de beauté. […] Cela n’est pas toujours, car on déchire souvent un bon prince, un père sage, un mari fidèle dont tout le crime est de s’opposer à une folle passion. […] C’est le comble de l’aveuglement d’imaginer que la nécessité de présenter le crime, qui devrait faire condamner la scène, puisse jamais lui servir d’excuse. […] C’est un crime au ministre des autels de fréquenter, d’étudier, de copier le théâtre : heureusement ce désordre est rare et tout le monde le condamne.

247. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

Ajoute que toutes ces Personnes demeureront Excommuniées, jusqu’à ce quelles reconnoissent l’énormité de leurs crimes, & qu’elles en demandent l’absolution à l’Eglise . […] Paul, de ceux qui consentent au mal, & en portent le crime. » Que penser de ceux, qui vont seulement quelquefois & rarement à la Comédie ? […] «  Comment donc êtes-vous innocent, puisque vous êtes coupable du crime des autres ? […] Oui, j’aime à me persuader, qu’il n’y a pas ici de Confesseurs, assez peu éclairés sur l’article des spectacles, pour n’en pas faire un crime à leurs pénitens ; mais si l’on pouvoit en citer un : je lui donnerois hardiment le défi de signer sa décision, & je donne par avance la garantie, qu’il n’oseroit l’accepter. […] Charle Borromée, dans son second Concile de Milan ; employer pour cette effet, toute l’autorité de leur Ministére, leur représentant avec un zéle plein de force, combien les Comédies, qui sont la source de tous les maux & de toute espéce de crime, sont conformes aux déréglemens du paganisme, & une pure invention du Démon, pour perdre les ames.

248. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIX. Si un Evêque peut défendre qu’on ne danse les jours des Fêtes, ou même en quelque temps de l’année que ce soit. » pp. 146-153

qu’un Evêque peut prononcer Sentence d’excommunication contre un crime notoire.

249. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Vous prêchez contre la Comédie, me dit un jour un homme qui avait été parmi les Acteurs sur le théâtre, vous avez bien raison : elle fait commettre cent fois plus de crimes que vous ne pouvez imaginer.

250. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

Voici ce qu’on lit sur là danse à la fin de la lettre à d’Alembert : « Je n’ai jamais conçu, dit l’auteur de cette lettre, pourquoi l’on s’éffarouche si fort de la danse et des assemblées qu’elle occasionne, comme s’il y avait plus de mal à danser qu’à chanter ; que l’un et l’autre de ces amusemens ne fût pas également une inspiration de la nature ; et que ce fût un crime à ceux qui sont destinés à s’unir, de s’égayer en commun. par une honnête récréation ! […] … Qu’arrive-t-il dans ces lieux, où règne une contrainte éternelle, où l’on punit comme un crime la plus innocente gaîté, et où l’indiscrète sévérité d’un pasteur ne sait prêcher au nom de Dieu, qu’une gêne servile, et la tristesse et l’ennui ?

251. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Mais toute la morale qui en résulte, c’est que le soin & l’attention à éloigner les jeunes gens des dangers du crime, ne servent qu’à leur en donner plus d’envie, & à leur faire chercher les moyens de se satisfaire. […] Ce n’étoit pas seulement à cause de l’idolâtrie, qui s’y trouvoit souvent mêlée, & dont les païens ne pouvoient faire un crime au théâtre, mais, sur tout, par rapport aux bonnes mœurs, qui y étoient constamment blessées.

252. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Ce sont des violences qui se produisent sur la Scéne, une incontinence effrénée, la haine & le fratricide ; est-il permis de comtempler l’image du crime avec une sorte de complaisance. […] Dans la supposition que le Théâtre ne seroit pas dédié aux simulacres des faux-Dieux, infecté des cérémonies de la superstition, les fidéles devroient en détourner les yeux : quand même le crime ne s’y produiroit pas avec effronterie, on y remarque une sorte de vanité qui n’est nullement permise aux Chrétiens.

253. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

On veut aujourd’hui que la conscience s’accorde avec le crime, afin qu’elle ne soit point troublée par ses remords. […] nous contribuons à bien des crimes, en autorisant par notre presence les spectacles.

254. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre I. Que les Spectacles des Anciens ont fait partie de la Religion Païenne. » pp. 2-35

C'est une croyance commune et qui semble être née avec le Christianisme, que ceux qui prennent les divertissements du Théâtre et des autres Spectacles introduits parmi les Anciens, commettent une impiété contre la sainteté de l'Evangile, et un crime contre l'honnêteté des mœurs. […] Scéniques où les crimes des Dieux sont récités, joués et chantés, sont faits en leur honneur et comptés entre les choses divines ; ils les ont désirés, ils les ont commandés avec violence, ils ont prédit de grandes ruines, s'ils n'étaient faits, ils ont sévèrement puni ceux qui en ont négligé quelque cérémonie et ils ont fait connaître que leur colère en était apaisée, comme il arriva à ce villageois Latinus, ou plutôt Attinius, auquel il fut révélé trois fois en songe de refaire les Jeux Romains. » Il n'était donc pas étrange que leurs Prêtres y fussent toujours présents et qu'ils en donnassent tous les ordres nécessaires ; celui de Cérès Chamynein Æliac.

255. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Gardez-vous, dit-il, de fixer vos regards sur la beauté, sur la parure des femmes ; le désir suivrait de près, et le crime serait commis dans le cœur : « Jam mœchatus est in corde. » Gardez-vous d’écouter les douces paroles ni de souffrir les caresses empoisonnées d’un femme de mauvaise vie ; elle porterait le poison et la mort dans votre cœur, bouchez vos oreilles avec des épines, pour échapper à ses pièges : « Aures spinis sapiendæ, ut illecebras sermonis excludas. » Ce détail suffirait pour anéantir les spectacles, où sont réunis tous les dangers du vice. […] Elle est toujours suivie d’un cortège de vices, « vitiorum succinta comitatu » ; par un funeste concert tous les crimes forment autour d’elle une espèce de chœur, « nequitiæ choro circumfusa ».

256. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

On me dira que dans ces Pièces le crime est toujours puni, et la vertu toujours récompensée. […] Qu’apprend-on dans Phèdre et dans Œdipe, sinon que l’homme n’est pas libre, et que le Ciel le punit des crimes qu’il lui fait commettre ? […] On voyait couler du sang, il est vrai ; mais on ne souillait pas son imagination de crimes qui font frémir la Nature. […] Pourquoi l’un des sexes se ferait-il un crime de ce que l’autre se croit permis ? […] Ainsi l’a voulu la Nature, c’est un crime d’étouffer sa voix.

257. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Jouir agréablement de son existence est le but que le Sage se propose, en suivant la vertu : il fait que le desordre & le crime n’enfantent que la douleur : si c’était-là la doctrine d’Epicure, tout honnête-homme est Epicurien. […] Toutes nos Pièces ne sont pas également estimables : mais quoi qu’on ait dit de notre Dramatique, nous n’en avons pourtant aucune à qui l’on puisse reprocher d’autoriser le crime, & de présenter des Tableaux d’une indécence révoltante. […] Il opère une révolution funeste dans les mœurs : nos jeunes-hommes, parvenus à craindre ce ridicule, plus que nos femmes ne redoutent le crime de l’infidélité, les dernières suivent leur penchant que la Comédie n’a point attaqué, flétri ; & les seconds souffrent le desordre, de peur d’être honnis.

258. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

Notre révolte a causé tout le mal dont vous gémissez pour nous, et nous ne leur ferons jamais un seul reproche qui ne rappelle l’idée de nos crimes. […] Votre prévention est le crime des autres, et ne m’offense pas. […] Non, Madame, ils ne me diront rien, car je ne les interrogerai pas ; je devine tout, je sens que j’ai trop douté, et mon cœur vole vers vous pour expier tous mes crimes… etc. etc.

259. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Ils doivent encore servir à opposer une digue salutaire à la corruption des mœurs du clergé, à l’intolérance religieuse et politique, ainsi qu’au fanatisme superstitieux, qui, dans le monde, a produit au nom d’un Dieu de paix et de miséricorde, tant de crimes, tant de cruautés qui font frémir l’humanité. […] doivent-ils être réduits au rôle de témoins coupables des crimes qui se passent sous leurs yeux ? […] Ce puissant général, véritable monarque, est bien assuré d’être ponctuellement obéi de tous ses sujets, leur ordonnerait-il de commettre les plus grands crimes pour l’intérêt de la société de Jésus, et sous le spécieux prétexte de venger la religion ; au moindre signal, ils se permettraient, au nom d’un Dieu de paix et de miséricorde, d’assassiner ou d’empoisonner sans remords les souverains, les grands personnages et les particuliers les plus obscurs.

260. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VII. De l’inconséquence de quelques prêtres ignorants envers les Comédiens, et de leur fanatisme mis en opposition avec l’autorité du pape et avec la conduite éclairée du haut clergé et des ecclésiastiques sensés en France. » pp. 134-140

Molière, le plus parfait de nos poètes comiques, et l’un des plus célèbres comédiens qui aient honoré la scène, était coupable d’un crime irrémissible aux yeux du fanatisme, il a fait Tartuffe, et les hypocrites, présents et futurs, ne le lui pardonneront jamais.

261. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

Ce ne sont pas là des vices que la faiblesse humaine enfante, ce sont des crimes, et il n’est pas permis à un particulier d’en parler ni en secret, ni en public ; C’est aux Tribunaux préposés pour maintenir les Loix, et pour décerner les punitions que méritent les Prévaricateurs, qu’il appartient d’en prendre connaissance.

262. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Il serait bon de contenir aussi dans des bornes plus resserrées les donneurs indiscrets de leçons de précaution, qui vont chercher dans les espaces imaginaires des subtilités, des manœuvres, des vices, des perfidies, des crimes sans noms, sans exemples, ou très-rares, inconnus à la multitude, pour avertir tout le monde dramatiquement qu’il ne faut pas les commettre, ou s’en laisser atteindre ; ce qui n’empêche pas, ou plutôt, ce qui fait, comme je l’ai dit, que les méchants en profitent pour désoler les bons par des moyens nouveaux que les uns n’auraient jamais trouvés, et dont les autres n’auraient jamais eu rien à craindre sans cette fatale précaution. […] Elle aurait encore l’effet salutaire de pouvoir peu à peu s’étendre à la foule immorale des particuliers inattaquables autrement, des parasites et làches complaisants qui flattent les vices, qui fréquentent et caressent les fripons heureux qu’ils encouragent, dont ils soutiennent l’impudence, par qui le crime est sciemment plus honoré, mieux défendu que l’innocence même. […] L’utilité de légitimer et bien organiser cette justice intermédiaire qui n’aurait d’action que sur les justiciables de l’opinion, qui n’appellerait sur eux que la peine intermédiaire aussi de la honte et du ridicule (et tout au plus de la surveillance spéciale du ministère public qui, même dans les cas d’une certaine gravité, bornerait là son intervention, en vertu d’un pouvoir discrétionnaire ad hoc), et ferait alors concourir efficacement à la réforme ce puissant et précieux moyen de répression, dont toutefois, ainsi que je viens d’en faire le vœu, il ne serait plus fait d’application inconsidérée aux écarts et défauts légers qui n’excluent point l’honneur ou la droiture de l’âme ; l’utilité, dis-je, de cette sorte de tribunal correctionnel de première instance, qui ne décernerait ses peines morales que pour en prévenir d’afflictives et plus graves, me parait frappante dans ce temps de perversité et de dépravation générale où tant d’hypocrites de toute espèce que la loi ne peut atteindre, serpentent long-temps dans la société, et rusent paisiblement, font, comme on dit, tout juste ce qu’il faut faire pour ne pas être pendus, et deviennent ainsi des scélérats endurcis ; dans ce temps où les tribunaux existants, encombrés de coupables, suffisent à peine, et seront bientôt obligés, s’ils ne le sont pas encore, de fléchir, de fermer les yeux souvent, ou tolérer les désordres, par l’impossibilité d’en juger et punir tous les auteurs, dont un grand nombre, leur repentir, l’abîme de regrets et de douleur où on les voit plongés après leur condamnation, ne permet pas d’en douter, dont un grand nombre, dis-je, ne sont arrivés au point d’avoir encouru les peines les plus graves et infamantes, que pour n’avoir pas été arrêtés dans la route du crime, ou par l’effet, ou par la crainte d’un premier et moindre châtiment plus difficile à éviter. Cette jurisdiction du théâtre, moyennant une dernière modification que je vais proposer, remplirait le plus heureusement possible le vide plus dangereux aujourd’hui qui se trouve entre l’état d’innocence et celui de la corruption et du crime.

263. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Il est une ressemblance plus déplorable, le désordre qui y règne, les crimes qui s’y commettent, la liberté, ou plutôt la licence de faire sous le masque tout ce que la passion inspire. […] L’Eglise voyant les désordres & les crimes de la danse sacrée, fut obligée, pour extirper le mal, d’oser avec outrage la défendre absolument. […] célèbres par le crime. […] Je ne sais comment Cahusac en fait un crime à Trajan, & le traite d’homme médiocre que Pline a loué en courtisan, & qu’il auroit dû blâmer en Philosophe, puisque, de l’aveu de toute l’antiquité, ce fut un des plus grands Princes qui soient montés sur le trône des Césars.

264. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

On opposera vainement que non seulement un Ecclésiastique mais même un simple particulier ne peut jamais assister au spectacle parce que le vice au Théâtre est toujours en opposition avec la vertu et que l’image du vice est toujours scandaleuse ; je réponds à cela qu’il faudrait donc bannir de l’éloquence sacrée ces peintures énergiques et frappantes du crime qui semblent le mettre sous les yeux des Auditeurs, dont on veut que l’imagination soit puissamment affectée par les images oratoires. […] Un Rigoriste ne manquera pas de me dire que dès que l’Eglise condamne une profession c’est un crime que de l’exercer. […] Rousseau, qu’on se rend criminel en tournant à cet égard les vieillards en ridicule, on conviendra bientôt que les Auteurs Dramatiques ont non seulement raison de plaisanter l’amour barbon, mais qu’ils feraient encore bien de l’accabler de tous les reproches qu’ils font au crime. […] Si ce désir est un crime, quel est le Prédicateur qui pourra répondre en conscience de la pureté de ses intentions ? […] Je crois donc qu’il s’en faut bien que sa justice puisse nous faire un crime de la satisfaction intérieure que nous ressentons après avoir fait aussi bien qu’il est en nous.

265. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

L’homme lui-même auteur de toute sorte de crimes, n’est-il pas l’ouvrage, et de plus l’image de Dieu ? […] Il est certain que nous n’avons point reçu les yeux pour allumer en nous les feux de la concupiscence, ni les oreilles pour écouter de mauvais discours, ni la langue pour la médisance, ni la bouche pour la gourmandise, ni l’estomac pour la débauche, ni les mains pour dérober, ni les pieds pour courir au crime. […] Au reste, si nous devons avoir en exécration toute sorte d’impureté, pourquoi nous sera-t-il permis d’entendre ce qu’on ne saurait dire sans crime ? […] Si Dieu ne regardait pas nos crimes, et nos infamies, peut-être qu’alors nous éviterions la rigueur de ses jugements. […] Quoi de plus avantageux que d’avoir connu la vérité, que d’avoir découvert nos erreurs, que d’avoir obtenu le pardon de tant de crimes commis autrefois ?

266. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

C’est à la Tragédie à peindre l’horreur du crime, ainsi que tout ce qui peut nous attendrir, nous déchirer.

267. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

C’est une maxime certaine parmi les Casuistes, qu’un homme doit réparer autant qu’il le peut le scandale qu’il a causé, s’il veut obtenir le pardon de ses péchés : qu’il faut restituer ce que l’on a pris, pour que notre crime nous soit remis, selon ces paroles de Saint Augustin : « Non dimittitur peccatum, nisi restituatur ablatum ».

268. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre III. Que les anciens Pères de l'Eglise défendirent aux Chrétiens d'assister aux Jeux du Théâtre, parce que c'était participer à l'Idolâtrie. » pp. 57-89

Il n'y avait point de crime plus énorme pour ceux qui faisaient profession de vivre sous l'Evangile ; aussi n'y eut-il jamais d'action si sévèrement détestée par les Chefs des Fidèles, ils la condamnaient sans recevoir d'excuse ni de prétexte. […] Oui sans doute il leur a sacrifié, non pas des Taureaux, ni quelqu'autre Victime de cette qualité, mais son âme qui lui doit être bien plus précieuse. » « Et dans ce détestable Sacrifice ce n'est pas un homme ou peu de personnes qui pèchent, toute la Ville en est coupable, puis qu'elle y consent ; Ils ne perdent pas la vie par la main de leurs Ennemis, ni par le fer des Barbares ; mais par eux-mêmes, en voyant ces crimes, en y consentant, en ne les empêchant pas, tous coupables. » « Il faut éviter les Spectacles « Vitanda spectacula omnia non solum ne quid vitiorum pectoribus insideat, sed ne cuius nos voluptatis consuetudo deliniat et a Deo atque a bonis operibus avertat ; nam ludorum celebrationes Deorum festa sunt, si quidem ob natales eorum vel templorum novorum dedicationes sunt constituti et primitus quidem venationes quæ vocantur munera Saturno attributæ sunt ; ludi autem Scenici Libero, Circenses Neptuno.

269. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

Ces puérilités sont des crimes.

270. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

Il est prouvé, en effet, d’une manière incontestable, que le clergé, dans sa grande majorité, foule continuellement à ses pieds la vraie morale chrétienne et évangélique, et que ses fautes, ses égarements, sa corruption et ses crimes mêmes ne le cèdent en rien aux autres classes de la société.

271. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Il ne fallait pas les faire insulter, ni faire dire à des femmes comme celles-là, d’aller se cacher ; il fallait punir moins rigoureusement le crime d’avoir dit que le chapelet est une chaîne spirituelle, que l’eau est le miroir céleste, que le ciel est gros de lumière, etc., bien que ces mots, comme ceux de ma chère, soient abominables ; il fallait encore tolérer leur jargon comme on tolère le patois des bonnes gens de la campagne ; l’un ne nuisait pas plus que l’autre au repos du genre humain, auquel il importe infiniment qu’on laisse à la vertu sa considération, et à la morale ses abris. […] Une seule observation sur les assemblées qui ont succédé à celles-là, qui ont été la réforme de ces tribunaux de mœurs et de délicatesse, montre dans ce changement étonnant le funeste succès de ces différentes satires qui ont tout confondu, tout assimilé, innocents et coupables, punitions et délits ou fautes, travers et crimes, accusateurs, juges et exécuteurs, par lesquelles des personnes pures, seulement coupables de néologisme, ou de quelque travers, sont frappées de la même verge, subissent la même peine que des hommes pervers qui scandalisent la société par des vices honteux. […] Ils pardonnaient tous les crimes, pourvu qu’ils fussent revêtus de formes aimables ; le seul crime impardonnable était le ridicule, et le plus grand des ridicules était la vertu, etc.

272. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Cette bienveillance peut aller jusqu’à les faire excuser, les faire aimer, diminuer l’horreur de leurs crimes, engager à les imiter. […] Les tragédies Angloise offrent communément tant d’horreurs, des meurtres, des crimes, qu’il n’y a que la férocité qui puisse les soutenir. […] Un mariage, fruit de tant de crimes, est le dénouement ordinaire de ces pieces, ce n’étoit pas la peine de traduire Térence, pour ouvrir aux jeunes gens une pareille école. […] Les payens alloient droit au crime, & ne connoissoient point cette débauche adoucie & voilée, qui ne présente & ne parle que sentiment, quoiqu’elle ne se livra pas moins à la chair.

273. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Il ne rend pas la même justice à Marie Stuard : c’est que Marie étoit catholique, & qu’Elisabeth qui la fit mourir étoit protestante, ou plutôt n’avoit point de Religion : voilà le crime, voilà la vertu. […] Ils exposeront des vérités, horribles sans doute, ils les embéliront par des épisodes & des personnages imaginaires ; c’est-à-dire qu’ils affoibliront l’horreur du crime, qu’ils nous accoutumeront, nous familiariseront pour ainsi dire, avec des scélerats, nous feront un jeu, un amusement des forfaits & des folies. […] qui canonise le crime qui leur donna la vie. […] Aussi les Papes, & les Conciles, toute l’Eglise, qui ont proscrit leurs erreurs, ne leur ont jamais fait un crime de leur doctrine sur le théatre.

274. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Ils crurent qu’il étoit d’un très-mauvais exemple de laisser représenter des crimes & des passions même par jeu, de tenir de mauvais discours même pour remplir un rôle, ou pour amuser le public. […] On croit se déshonorer en épousant une roturiere, & on ne croit pas se dégrader en commettant un crime. De toutes les avantures du Gascon, il résulte une vérité très-certaine, confirmée par une expérience journaliere, que l’amour des femmes perd les hommes dans tous les états & dans tous les âges, les fait tomber dans toute sorte de malheurs & de crimes, même les plus bas ; on peut, sans craindre de se méprendre, s’assurer qu’un libertin est un mal-honnête homme. Il en résulte encore que le danger est extrême, parce qu’un penchant naturel & violent dans la jeunesse se joint à la facilité de se satisfaire par la dépravation des femmes dont un grand nombre corrompu, non-seulement se rend sans peine, mais tend des pieges à dessein, agace, poursuit, fait tomber dans le crime, & s’en fait gloire.

275. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Il aspira au trône de Constantinople, il y monta par des crimes, il s’y maintint par des cruautés, il fit mourir son pupille, & comme il étoit naturellement sanguinaire, il se plaisoit à voir, à multiplier, à rendre plus douloureux les supplices des ennemis vaincus & des criminels condamnés. […] Orner le poignard dont on égorge la victime, faire boire son sang dans une coupe dorée, mettre sous les yeux les chefs-d’œuvres de barbarie si vantés de Corneille, de Crébillon, ce n’est qu’en émousser les répugnances, étouffer les remords du crime, & répandre l’esprit de cruauté. […] Il faut avoir un fonds inépuisable, de la plus basse flatterie, pour pouvoir penser & oser dire qu’on peut faire un éloge du crime & du scandale, comme si indépendamment de la Religion chrétienne, comme si dans toutes les religions & dans tous les pays du monde, par la simple raison naturelle, un double adultere, qui a duré quinze ans, d’où il est venu sept à huit enfans reconnus pour illégitimes, & qu’on a légitimés, pouvoit jamais être excusé ; à plus forte raison, être la matiere d’un éloge. […] S’il a des foiblesses (c’est-là le vrai crime), vous n’êtes pas son juge, & il est le vôtre.

276. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Le danger & le crime du Théatre est de séduire jusqu’aux personnes de mérite, & d’avilir les gens de qualité. […] Ne dit-on pas tous les jours, croyant faire leur éloge, la volupté naît sous leurs pas, c’est-à-dire, le crime ? Qu’on ne leur reproche pas leur froide décence, qu’on ne se plaigne pas qu’elles laissent l’ame tranquille : toutes leurs attitudes renouvellent cent fois les crimes qui firent tomber la foudre sur les enfans de Juda. […] Ainsi le crime étoit adoré, & reconnu nécessaire à leur culte.

277. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Ce sont des crimes aux yeux d’un Dieu jaloux, qui veut que son Epouse soit toute à lui ; son cœur en est blessé : Vulner asti cor meum in uno crine. […] il paroît qu’il y avoit à Rome un Magistrat, & de compagnies de Guet à ses ordres, chargés de veiller nuit & jour, sur les incendies, pour les prévenir ou les éteindre ; & ce n’étoit pas seulement les incendiaires décidés, qui de propos délibéré mettoient le feu aux maisons, ce qui a toujours, été un crime capital ; mais encore ceux qui négligeoient de couvrir, d’éteindre le feu, qui en portoient négligemment, par la faute desquels le feu pouvoit prendre, sans aucune mauvaise volonté, que ce Magistrat devoit sur le champ punir sévérement, de son autorité, les faisant foueter ou fustiger : Virgis aut fustibus cædi jubet. […] Henri Henriques, Portugais, d’abord Jésuite, & ensuite Dominiquain, enfin redèvenu Jesuite, a composé une Somme Théologique, éloignée des deux excès, du rélâchement & de la sévérité ; c’est un Casuiste judicieux, méthodique, clair & précis, habile Canoniste : il parle, L. 8, C. 56, de ceux à qui on doit réfuser, même publiquement, la Communion, il décide comme tout le monde, qu’il faut la réfuser aux pécheurs publics, selon ces paroles de l’Evangile : ne donnez pas les choses saintes aux chiens  ; il distingue les différentes especes de notorieté, & de connoissance personnelle, qu’on peut avoir du crime, & donne des exemples de plusieurs sortes de pécheurs publics, qui ne méritent pas de communier ; la plupart ne sont pas l’objet de cet ouvrage.

278. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Mais ce qui n’est pas pardonnable, il cherche par préférence ce qu’il y a de plus obscène ; il roule continuellement sur des nudités, des grossieretés, des crimes réels ou inventés, marche de l’imagination la plus libertine, tout cela mêlé des folies, des débauches, des Prêtres idolâtres, appliqué aux Papes, aux Evêques, au Clergé séculier & régulier ; & afin qu’on ne se méprenne pas dans l’application, il substitue, contre la vérité & le costume, autant que contre la religion & la décence, aux noms du pays, Bonze, Derviche, Talapoin, &c. […] Socrate, disoit-on, étoit la sage-femme de la vertu ; c’est ici la sage-femme du crime. […] Il ne présente que la vertu, ou le crime puni.

279. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Saint Cyprien, qui est celui de tous les Pères, qui a mieux traité du jeu, dit que c’est un crime et une honte à un Chrétien de s’y occuper entièrement. […] [Matthieu] Cap. 5. v. 28, qu’un homme et une femme, qui s’entregardentk avec un mauvais désir, sont dès ce moment coupables de crime devant Dieu. […] Il y a néanmoins d’honnêtes divertissements, qui sont permis, et que l’on peut prendre sans crime ; et il y a, dit l’Apôtre aux Philippiens, une sainte joie, qui est selon Dieu.

280. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

Un Magistrat, père du peuple, vengeur des crimes, protecteur des bonnes mœurs, interprète des lois, oracle d’une province, dont la sagesse, la modération, la décence font le caractère, qui tient à un Corps respectable, qui remplit les plus importantes fonctions, sur qui le public a les yeux fixés, à qui il doit son respect et sa confiance, est sans doute plus que personne obligé d’édifier : les scandales portent des coups mortels sur les cœurs. […] Il croit que c’est d’abord au Juge séculier à y mettre ordre, mais qu’à son défaut c’est à l’Eglise ; que ce crime est mixte, mixtifori, à raison du péché, du scandale et des erreurs qu’on y débite, et que c’est à l’Eglise seule à juger de la morale et de la doctrine, à approuver les pièces ou les rejeter. […] C’était la vie entière de Jeanne, Reine de Naples et Comtesse de Provence, dont les amours, les mariages, les guerres, les crimes, la mort tragique, donnaient beau jeu au Poète.

281. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

Cet éclat, aussi honteux que frivole, au lieu de faire oublier l’obscurité de la source, la met plus en jour, et déshonore à la fois l’insensé qui enrichit, et le crime qui est enrichi. […] le plus honteux, le plus criminel, pour représenter des passions, des folies, des fourberies, des crimes. […] Je croirais faire un crime de penser que des Magistrats qui connaissent la dignité de leur état, et n’en sont quelquefois que trop remplis, daignassent honorer les Comédiens de leur présence, de leur assiduité, de leurs applaudissements, de leur familiarité.

282. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Elle en sera punie : oui, dans un autre Poëme, & par un autre crime qui fera encore frémir la nature. […] Or, la sensation d’horreur & de désespoir qu’on dit en résulter, est-elle nécessaire pour éloigner du crime un cœur vertueux qui n’a pas besoin de ces horribles leçons ? […] On en fit un recueil de stratagêmes, pour faire réussir tous les crimes, favoriser toutes les passions, ménager toutes les intrigues, traverser tous les peres, maris, maîtres, exciter l’amour du libertinage, & le faciliter par le jeu infame des valets, des soubrettes & des confidens, qui furent toujours dans la Comédie les rôles les plus intéressans. […] … … … … … Dans ces temps malheureux Vénus avoit des temples : Le crime autorisé par d’augustes exemples, Ne paroissoit plus crime aux yeux de ces mortels Qui, d’un Mars adultere, encensoient les autels. […] Dans les Etats les moins policés, on punit du dernier supplice un seul homicide, un seul larcin ; & on laisseroit impunis des Auteurs qui, se faisant gloire d’être sans religion, & se croyant honorés de la réputation d’hommes licencieux & sans pudeur, se permettent insolemment & de ravager & d’empoisonner ; qui, cherchant moins à se satisfaire par le plaisir qui accompagne le crime, qu’à détruire la vertu, & à en étouffer toutes les semences, font publiquement des leçons de débauche, & s’applaudissent de leurs succès ?

283. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IV. Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l'Eglise. » pp. 90-103

Il n'y a plus lieu d'y craindre l'apostasie des Fidèles ; on ne saurait plus les accuser d'entrer dans la société des Idoles, que l'on ne voit plus au Théâtre qu'avec des sentiments dignes des Chrétiens, je veux dire qu'avec horreur ou avec mépris ; et ce qui fut autrefois un sacrilège, n'est plus maintenant qu'un divertissement public, agréable et sans crime à cet égard.

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