Le grand maître dans l’art d’aimer & de plaire, le galant Ovide ne cesse de donner à ses éleves des leçons de parure, & de leur en inculquer la nécessité. […] On ne peut servir deux maîtres. […] La jarretîere, comme dans la Chevalerie d’Angleterre, étoit scellée aux armes du maître. […] rapporte le reproche que faisoit à ses disciples le plus fameux Orateur & Maître d’éloquence de Rome, qui joignit aux plus rares talens la gravité, l’autorité & les bonnes mœurs.
Je ne pense pas qu’à Malte, Alexandre, Auguste, Titus, même avec dispense du grand Maître, pussent former aucun quartier ; les troupes ne sont composées que des gens de la plus basse lie du peuple, à moins que quelque enfant prodigue ne quitte par libertinage la maison de son père, n’aille dissiper son patrimoine avec des Actrices, et enfin garder les pourceaux. […] Il faut que ces nobles sentiments de décence et de dignité qui caractérisaient les maîtres du monde, fussent bien profondément gravés dans leur cœur pour avoir survécu à leur vertu, et résisté à l’amour effréné des spectacles : « Video meliora proboque, deteriora sequor », disait un Romain qui ne les haïssait pas. […] Il décide en ces termes contre les Princes des états de Thalie : « Histriones artem illum publice exercentes quæstus causa inter sordidissimos reputantur. » Le fameux Budé, cet habile Maître des Requêtes (in L. […] Ces maîtres fols se sont donnés tant bonne cautèle à enseigner folies, et la jeunesse Romaine à l’apprendre, que s’ils peuvent tenir en trois vaisseaux, leurs disciples ne pourraient tenir en trois mille caraques.
C’est le systême du Roi de Prusse, nouveau maître de la partie maritime de la Pologne ; lors de l’invasion la saxe de l’enlevement des manufuctures & de la prise de Dresde ; ce grand Philosophe fit ouvrir le théatre le même jour qu’il y entra, & força la famille royale d’aller avec lui à la comédie pour les consoler de la fuite de l’Électeur, de la défaite de son armee, de la désolation du Pays, du pillage des archives & de sa propre captivité. […] La jeune d’Aubigné fut trop heureuse d’épouser Scarron, vieux débauché, bouffon, perclus, Cudejatte qui voulut bien la prendre, il n’étoit rien moins qu’un maître & un modèle de vertu : Je lui apprendrai bien des sottises , disoit-il, après la mort de cet homme burlesque ; ne sachant que devenir, elle fut reçue quelque temps chez Ninon Lenclos, la plus fameuse courtisanne à qui elle plut, & avec qui elle vécut si familièrement qu’elles couchoient ensemble ; ce qui n’étoit rien moins encore qu’une école de vertu : enfin la veuve Scarron entra comme une espèce de femme de chambre chez Madame de Montespan, autre modèle de vertu dont elle devint la confidente, la commissionnaire auprès de Louis XIV, & enfin la Gouvernante de ses enfans naturels, dont l’éducation lui fut confiée ; elle s’acquitta si parfaitement de tous ces emplois, qu’elle plût au Roi, supplanta sa maîtresse, la fit retirer de la Cour, & devint femme du Prince, le rendit pieux, & lui fit fonder la fameuse Maison de St. […] Le grand Condé, & d’être ainsi couvert de la gloire, de tant de batailles, de tant de siéges dont les rayons rejailliroient sur elle ; les Officiers de la maison de Condé n’étoient pas moins intéressés à ne pas voir priver l’Hôtel de leur maître, de la gloire de loger les muses & les grâces, & eux-mêmes de la facilité de leur faire la Cour gratuitement & librement. […] Un jour Henri ayant appris par les Ministres de ses amours, que les deux Princesses alloient dîner dans une maison de campagne des environs de Verteuil ; il feignit une partie de chasse dans le quartier, se déguisa en valet de pied, prit une livrée, & mit un emplâtre sur son visage, il suivit le carrosse des Princesses, & s’alla mettre à la fenêtre d’une maison voisine pour voir sa maîtresse ; & dès qu’il l’apperçut, lui parla par signe ; la jeune Princesse en fut surprise, se retira brusquement, & en avertit sa belle-mére : celle-ci enflâmée de colère en fit mille reproches au maître de la maison qui l’avoit invitée, & qu’elle crut de la confidence. […] qui est du Jurisconsulte Ulpien, ennemi & persécuteur des Chrétiens ; il y est dit que le loyer des maisons, quand même il viendroit d’un lieu de débauche, doit être remis à l’heritier, comme le reste des biens ; car il y a plusieurs honnêtes gens chez qui il se fait des commerces infâmes (à leur insu sans doute), ce qui étoit fort aisé dans les vastes Palais des Seigneurs Romains, pleins d’affranchis & d’esclaves qu’à peine ils connoissoient : pensiones venient licet à lupanari perceptæ ; comme il est dit ailleurs des maisons où à l’insu du maître on fait la contrebande, la fausse monnoie, dont les loyers ne sont pas moindres, quoique la loi n’approuve ni l’un ni l’autre l. 1, c. de fals. mon.
A dire le vrai, ces Piéces sont fort inférieures au Misanthrope, à l’Ecole des Femmes, au Tartuffe, & à ces grands coups de Maîtres : mais elles ne sont pourtant pas d’un Ecolier, & l’on y trouve toujours une certaine finesse répanduë que le seul Moliere avoit pour en assaisonner les moindres Ouvrages. […] Aussi peut-on dire qu’il se soucioit peu d’Aristote1 & des autres Maîtres, pourvû qu’il suivît le goût de ses Spectateurs qu’il reconnoissoit pour ses uniques Juges.
Cette maxime leur enseigne à semer quelques fleurs sur le chemin de la sagesse & de la vertu, dans lequel ils veulent les faire marcher : cette maxime condamne ces maîtres durs & impérieux, qui dégoûtent de faire le bien par la maniere dont ils le dépeignent, & qui semblent avoir moins à cœur d’inculquer dans l’esprit de leurs Disciples les divines leçons de la sagesse, que de leur prouver qu’ils sont eux-mêmes des sages par excellence. […] Le moyen le plus sûr pour y parvenir, est sans doute de leur prouver qu’ils ont tort d’être comme ils sont : la méthode la plus efficace pour faire cette preuve, est d’exposer d’après nature le vice avec ses suites funestes, & de laisser les Spectateurs les maîtres d’y ajouter le ridicule, s’ils en ont envie : j’ai donc eu raison d’établir qu’il est de l’essence de la Comédie de peindre les Mœurs d’après nature, & qu’elle s’éloigne de son but, lorsque ses traits tombent plutôt sur la maniere d’être des Mœurs, que sur le fond des Mœurs.
Ils se disputent l’honneur d’entrer le plus parfaitement dans les desseins de leurs augustes Maîtres. […] Elle est trop dans la nature pour qu’on soit le maître de s’y refuser.
Secondement, ceux-ci ne fesant pas attention qu’un amusement trop long devient enfin ennuyeux, s’étendraient autant qu’il leur serait possible : croyant être maîtres d’allonger ou d’accourcir à leur gré les Poèmes modernes, les uns ne feraient qu’un demi-Acte, les autres donneraient à leurs Pièces une étendue considérable. […] Les Auteurs du nouveau Théâtre jouissent du précieux avantage d’être les maîtres d’allonger ou d’accourcir leurs Drames.
C’est Dieu qui est l’Auteur de cette doctrine céleste, et le Maître de cette science salutaire, car il est dit dans l’Ecclésiastique, que « c’est lui qui a établi les Fêtes, et qui en a fait l’ornement du temps et de nos années ; que c’est lui encore qui a rendu ces solennités vénérables et éclatantes par l’ordre magnifique qu’il a donné à son peuple ; afin qu’il les celebrât avec splendeur et avec majesté. […] Que le père arrache donc son fils d’un danger si effroyable, le maître son serviteur, le parent ses proches, les citoyens ses voisins, et enfin que chacun s’emploie pour rappeler dans le chemin du salut des Chrétiens malheureux qui deviennent semblables aux bêtes, et qui se conduisent par l’inspiration des Démons.
Mais l’heure approche où sur un Théâtre bouffon,2 Confident d’un héros et vainqueur d’un griffon, Au mépris de Cothurne Arlequin doit paraître ; C’est là qu’on voit Favarte , maîtresse de son maître, Pour s’en faire épouser contredire un vieillard ; Où déguisant sa voix sous l’habit savoyard, Tête-à-tête au Café le soir à la sourdine, Vis-à-vis son mari surprendre Coralinef . […] Successeur de Dufresnel ; héritier séduisant De son rare talent ; toi qui représentant Les vertus des héros, leurs crimes, leur faiblesse, Au jeu le plus brillant joins l’âme et la noblesse, Lekainm , que tu me plais, quand maître de mes sens Tu me fais éprouver tout ce que tu ressens !
Il faut que cette gloire soit bien peu de chose, puisqu’elle dépend de leur caprice & de leur avidité ; & que les comédiens soient des ames bien peu honnêtes pour voler leurs maîtres & leurs bienfaiteurs, à qui ils doivent tout ; & ces maîtres même bien dégradés à leurs propres yeux, pour se soumettre eux & leurs ouvrages à de vils histrions. […] Le privilége exclusif rend les comédiens maîtres absolu des pieces nouvelles, qu’ils reçoivent, les rebutent ou sont échouer à leur gré ; & par conséquent dégoûtent les auteurs, réfroidissent & enchaînent le génie . […] En voit-on beaucoup maîtres de musique & d’instrumens ? […] L’Opéra ne s’est pas élevé contre son maître : heureux s’il en profite ! […] Ils ont eu la foiblesse de se donner pour maîtres des gens qui n’avoient d’existence que par eux, & qui n’étoient que les échos de leurs pensées.
Ce temps si précieux est encore rempli par une galanterie entre la fille du maître du château royaliste & son amant ligueur, qui se termine par un mariage. […] Pendant qu’Henri soupe avec ses officiers généraux, on lui amene le maître du château ; qui a été fait prisonnier. […] Ils ont bien assez d’un maître, sans avoir tant de gens à entretenir. […] Qu’étoit-il auprès de Coligni son maître, d’Alexandre Farnese, de Sulli son ministre ? […] Que les maîtres du monde, les oracles de la sagesse, sont petits !
Au quatriéme Acte, Zaraès, toujours sous le nom d’Iphis, craint d’irriter le Roi en défendant son Maître & de se perdre lui-même.
Pourroient-ils les concilier avec les leçons de charité & de douceur que leur donne leur maître ?
Un beau présent accompagnait ce Billet, qui me fut rendu hier, en sortant du Théâtre, par un homme qui me voit-tous les jours, & qui, non plus que son maître, ne m’a pas reconnue.
Ainsi chacun va être le maître des articles de foi les plus importans, en interprétant à sa guise les Passages de l’Écriture.
Suivant le conseil du Saint-Esprit, j’interrogerais ceux que Dieu m’a donnés pour maîtres ; ce sont les Pères de l’Eglise : et, après les avoir consultés, il serait difficile que je ne fusse pas absolument convaincu. […] Il s’agit de la conscience et du salut ; tout ce qu’il y a eu, sur ces sortes de matières, de Juges compétents, et reconnus, ont décidé : n’importe ; des mondains, amateurs d’eux mêmes et idolâtres de leurs plaisirs ; des gens sans étude, sans connaissance, sans attention à leur salut, dont tout le soin est de charmer le temps et de se tenir en garde contre l’ennui qui les surprend, dès que l’amusement leur manque et qu’ils sont hors de la bagatelle ; des libertins dont la passion cherche à se nourrir et à s’allumer, lorsqu’il faudrait tout mettre en œuvre pour l’amortir et l’éteindre : voilà les oracles qui se font écouter ; voilà les docteurs et les maîtres dont les décisions sont sans réplique, et les garants sur qui l’on se repose de sa conscience, de son âme, de son éternité. » Massilion, parlant sur le petit nombre des Elus, s’exprime ainsi : « Vous avez renoncé à la chair dans votre Baptême ; c’est-à-dire, vous vous êtes engagé à ne pas vivre selon les sens, à regarder l’indolence même et la mollesse comme un crime, à ne pas flatter vos désirs corrompus ; mais à les dompter. […] On exige qu’il n’y ait rien de déshonnête ni de criminel dans la pièce, que celui qui va au Spectacle, n’y apporte point de penchant au vice, ni une âme facile à émouvoir, qu’il y soit le maître de son cœur, de ses pensées, de ses regards ; que rien de ce qu’il entend, que rien de ce qu’il voit, ne soit pour lui une occasion de chute ni de tentation. […] « Communément,36 jusqu’à l’âge de dix ans, dit-il, les enfants sont bien élevés : depuis dix ans jusqu’à quinze, l’éducation faiblit, et les enfants commencent à être gâtés, souvent même par leurs pères et mères ; enfin, depuis quinze ans jusqu’à vingt, les jeunes gens, maîtres de leurs actions, achèvent eux-mêmes de se corrompre. » « Les parents, pour l’ordinaire, plus occupés de l’extérieur que du fond de l’éducation de leurs enfants, ne s’attachent qu’à leur apprendre les manières et l’usage du monde où ils ont grand soin de les produire. […] Il tourne en dérision les respectables droits des pères sur leurs enfants, des maris sur leurs femmes, des maîtres sur leurs serviteurs.
Tous les bons maîtres s’en font un devoir. […] Les pieces de College sont d’un fort petit secours ; elles sont trop rares, se bornent à un rop petit nombre d’Ecoliers Acteurs, donnent top de peine au maître, & détournent trop de tout le reste pour être de quelque utilité au public. […] la cour de nos coquettes & de nos petits maîtres seroit bien déserte, si on les estimoit à ce taux, si on les mettoit dans ce creuset, L’Education d’un jeune Seigneur qui parut en 1724, est l’ouvrage d’un homme de bien. […] Ce mêlange d’instruction & d’éloignement, d’occasion prochaine & de modération, fait gémir sur l’aveuglement des maîtres, & le danger qu’on fait courir au disciple. […] C’est un petit maître étourdi & peu délicat, qui dispose despotiquement de la rose, contre l’avis des sages vieillards établis pour Juges, & qui la donne à celle qui la mérite le moins.
en son art déshonnête, et vilaine manière de vivre, et comme maître et conducteur d’enfants, non pour les enseigner, et instruire quelque chose de bon, mais pour les perdre et gâter, montre aussi les autres, ce qu’il a autrefois appris à sa ruine et damnation, à savoir si un tel personnage doit vivre et communiquer avec vous.
Arrêt du Parlement de Paris autorisant, après avis du Roi, les représentations, sous conditions (25 janvier 1542) Vues par la cour les lettres patentes du Roi données à Eschouench le XVIIIe jour du mois de décembre dernier passé, à icelle cour adressantesci, par lesquelles et pour les causes y contenues, il déclare, veut et lui plaît que Charles Le Royer et ses consorts, maîtres et entrepreneurs du Jeu et mystère de l’Ancien Testament, puissent et leur loistcj, suivant autres ses lettres de permission auparavant à eux données et octroyées, faire jouer et représenter en l’année prochaine ledit Jeu et mystère dudit Ancien Testament, bien et dûment ainsi qu’il est requis pour le regard du bien qui peut advenir de la représentation dudit mystère, sans y commettre aucunes fraudes, fautes ni abus, soit pour interposer aucunes choses profanes et lascives en ladite représentation, ni faire aucunes exactions indues en y employant le temps requis et raisonnable, à quoi serait par ladite cour pourvu ainsi qu’il appartiendraitck.
Cet héritage passe de main en main à la derniere postérité ; les premiers maîtres ont formé leurs successeurs, leurs élèves perpétuent leurs leçons & leur esprit, & depuis le tombereau de Thespis jusqu’aux boulevards & aux parades de Vadé, c’est une chaîne de mauvaise doctrine & de mauvais exemples. […] Pour cette foule innombrable de dramatiques aussi obscurs dans le temple des Muses que dans le sanctuaire des vertus, que dira-t-elle contre le préjugé légitime qui nous fait regarder comme l’école du vice un art & un métier où les maîtres & les élèves sont des gens sans mœurs ? […] Nous ne jugeons personne, & moins encore nos maîtres. […] Si l’on ne craint point d’autre danger, on peut être tranquille, la police suffit pour rassurer les pères, les maris & les maîtres.
Les Romains, par des loix expresses, sans distinguer les pieces indécentes de celles qu’on dit châtiées, condamnoient généralement tous les Comédiens à l’infamie, & cependant non-seulement ils y assistoient, mais comme s’ils eussent conspiré contre la pudeur de leurs femmes & de leurs filles, ils leur laissoient la liberté de venir à ces pernicieuses écoles prendre des leçons de volupté de ces maîtres scandaleux, qu’ils avoient authentiquement chargés & déclarés dignes du mépris public. […] Cette seconde troupe son élève, infiniment plus nombreuse, fait profiter des droits & des exemples de ses maîtres. […] ce sont les chefs-d’œuvre des plus grands maîtres ; que chante-t-on dans les maisons que les airs qu’on y a appris ? […] Etant venue dans la salle du concert, elle chercha des yeux N … son Maître de chant & son amant, & ne l’ayant pas trouvé, elle signifia qu’elle ne chanteroit pas, s’il n’étoit placé auprès d’elle ; on le fait chercher, on le place, elle chante enfin.
Le spectacle public a pour elles des difficultés, il faut quitter leur maison & leurs parties de plaisir pour l’aller chercher, on n’est maître ni de l’heure où on le donne, ni de choisir les pieces qu’on y joue, ni de la compagnie qui s’y rend. […] Les femmes même y mettoient le comble par la débauche qui en faisoit leurs maîtres ; les plus qualifiées les entretenoient publiquement, ne connoissoient ni retenue ni bienséance ; leur passion étoit fi folle, qu’elles alloient dans leurs loges caresser leurs habits & leurs masques. […] Turpin, homme sage & plein de zèle, dans la Préface de la Vie de M. de Condé : L’éducation actuelle de notre jeunesse est l’ouvrage d’un peuple de batteleurs & d’histrions aussi vils que ceux qui les payent ; une fille formée par de tels instituteurs semble être destinée à ranimer un jour les organes engourdis d’un Visir dédaigneux ou d’un Sultan stupide, pour quatre raisons ; 1.° la jeunesse va librement à la comédie, & se lie avec les Comédiens ; 2.° toute la tournure de son éducation la porte à goûter, à apprendre, à jouer la comédie ; 3.° la plûpart de ses maîtres & maîtresses sont dans leurs sentimens & leur conduite de vrais Comédiens ; 4.° tous ceux qui leur enseignent les choses d’agrément, la danse, la musique, les instrumens, la déclamation, &c. sont en effet des gens du théatre. […] Non : c’est pour amuser son éminence, Monseigneur le Cardinal grand Maître, pour les Baillis, les grands Croix, les Commandeurs, les Novices, la Religion entiere, qui aime fort le spectacle.
Enfin les leçons de ce grand maître pour guérir de l’amour, ne sont ni moins précises, ni moins sûres. […] Elle a abandonné ses parens & ses maîtres. […] Les Acteurs, qui étoient grands Seigneurs & petits maîtres, refuserent de la représenter. […] Il a gâté plusieurs de ses pieces par un si fade assaisonnement, & d’autres où il a su se mettre au-dessus des petits maîtres & des petites maîtresses, ne lui ont pas moins réussi.
Quoique Danaüs ni aucun de sa suite ne la tienne, quoique Lincée, à la tête du peuple, soit le maître & du Palais & de Danaüs, quoique la garde de Danaüs ne fasse pas le moindre geste pour sa défense ; Lincée lui demande plusieurs fois sa femme, que personne ne l’empêche de reprendre : Il s’écrie enfin. […] Sa garde qui jusques-là n’avoit été que froide spectatrice, parce qu’il n’étoit pas encore tems qu’elle agît, fait enfin quelques efforts pour son maître, & est dissipee par le peuple en armes.
Le démon se rendra bientôt maître du corps, de la place, après que vous lui aurez laissé prendre les dehors ; et que lui importe dans le fond par où il se rende maître de votre cœur, je veux que ce ne soit pas par la volupté, n'y a-t-il que cette seule passion qui soit excitée au théâtre, celles d’ambition et de vengeance ne le sont-elles pas également, il lui est assez indifférent que vous soyez voluptueux, vindicatif ou superbe, pourvu que vous deveniez sa conquête.
Un murmure général s’éleva dans la Salle, il fut à peine contenu par la présence d’un Maître adoré : l’indignation publique demanda la punition de cet attentat.
Des deux réflexions qui composent la dernière partie, on n’aurait point vu la plupart de la dernière, et l’Auteur n’aurait fait que la proposer sans la prouver, s’il en avait été cru, parce qu’elle lui semble trop spéculative, mais il n’a pas été le maître : toutefois, comme il se défie extrêmement de la délicatesse des esprits du siècle, qui se rebutent à la moindre apparence de dogme, il n’a pu s’empêcher d’avertir dans le lieu même, comme on verra, ceux qui n’aiment pas le raisonnement, qu’ils n’ont que faire de passer outre.
Imaginez-vous donc de voir d’abord paraître une Vieille, qu’à son air et à ses habits on n’aurait garde de prendre pour la mère du maître de la maison, si le respect et l’empressement avec lequel elle est suivie de personnes très propres et de fort bonne mine ne la faisaient connaître. […] Panulphe ; que toute leur méchanceté consiste « dans le peu de vénération qu’ils ont pour ce saint Homme, et dans le déplaisir qu’ils témoignent de la déférence et de l’amitié avec laquelle il est traité par le maître de la maison ; que ce n’est pas merveille qu’ils le haïssent comme ils font, censurant leur méchante vie comme il fait, et qu’enfin la vertu est toujours persécutée ». […] Vous remarquerez, s’il vous plaît, que pour achever la peinture de ce bon Monsieur, on lui a donné un Valet, duquel, quoiqu’il n’ait point à paraître, on fait le caractère tout semblable au sien, c’est-à-dire, selon Aristote, qu’on dépeint le Valet pour faire mieux connaître le Maître. […] Cette fille le fait admirablement : elle conte comment « il tient le haut de la table aux repas » ; comment « il est servi le premier de tout ce qu’il y a de meilleur » ; comment « le maître de la maison et lui ne se traitent que de frère ». […] En effet, les Prédicateurs foudroient, les Confesseurs exhortent, les Pasteurs menacent, les bonnes âmes gémissent, les parents, les maris et les maîtres veillent sans cesse, et font des efforts continuels aussi grands qu’inutiles, pour brider l’impétuosité du torrent d’impureté qui ravage la France ; et cependant c’est être ridicule dans le monde, que de ne s’y laisser pas entraîner ; et les uns ne font pas moins de gloire d’aimer l’incontinence, que les autres en font de la reprendre.
Elle ne montre pas toute l’action, & c’est la quatrieme regle que les maîtres prescrivent pour l’exposition. […] Il faut les suivre, & le peu d’égard que quelques Auteurs y ont eu, a fourni à ces nouveaux maîtres une raison de plus pour refuser leurs Pieces.
J’en appelle à ceux qui en ont appris quelqu’une sans maîtres. […] Ce dernier se fait un honneur d’avoir eu l’autre pour maître.
Ce saint suit en cela le sentiment de Saint Augustin son maître, qui appelle ceux qui se déguisent de la sorte, des infâmes & de véritables bouffons : Aug.l. […] Que les pères & les mères, les maîtres & maîtresses qui permettent à leurs enfants & domestiques, de se masquer, participent à tous les péchés qu’ils commettent à l’occasion de ce déguisement. 3.
Cet oracle n’est point le seul d’où Tertulien infére la condamnation des Spectacles : il ajoute ceux-ci tirés de l’Evangile & de l’Apôtre Saint Paul ; on ne peut servir1 à deux maîtres, ni supposer aucun rapport entre la vie & la mort, entre la lumiere & les ténébres. […] Aristote qui dans sa Poëtique a donné des regles pour le Théâtre, sur lesquelles nos grands Maîtres, sur-tout Pierre Corneille, se sont modélés, n’a pas laissé dans sa politique de supposer un certain danger dans les représentations.
Aristote a une si grande autorité dans cette matiere, qu’il a trouvé par tout des Commentateurs, des Traducteurs, & qu’il a la gloire de pouvoir compter au nombre de ses Interpretes, le Maître de notre Théâtre. […] Je n’entreprendrai point de décider, parce que je sais que l’Auteur d’Athalie, qui se flattoit d’être appellé le Rival d’Euripide, regarda toujours Sophocle comme son Maître, & disoit qu’il n’avoit jamais pris un de ses Sujets, n’étant pas assez hardi pour joûter (c’étoit son terme) contre Sophocle.
En effet, on ne doit pas supposer sur le Théâtre, que les domestiques ont plus de part dans les résolutions de leurs maîtres, qu’on leur en donne dans la société. […] Le rôle d’Antoine, dans le Philosophe sans-le-savoir, est d’une belle convenance ; ce bonhomme, le vieux Camarade du Maître de la maison, le sert avec le zèle de l’amitié, l’enthousiasme de la reconnaissance, & la franchise de la vertu. […] & que ne peut-on le présenter à tous les maîtres & à tous les domestiques ! […] mais on n’évite pas assez ces fines équivoques, que Regnard crut devoir substituer aux expressions, souvent trop crues, de son Maître. […] Les Romains n’admirent pas en tout cette importance du Théâtre : chez eux, on fit Comédiens des Esclaves publics, que les Directeurs achetaient fort jeunes dans toutes les Provinces de l’Empire, pour les instruire à divertir leurs Maîtres.
), les enfans sont bien élevés ; depuis dix jusqu’à quinze l’éducation foiblit, & les enfans commencent à être gâtés souvent par leurs peres & meres ; depuis quinze ans jusqu’à vingt, les jeunes gens, maîtres de leurs actions, achevent eux-mêmes de se corrompre. […] Les Comédies & les Tragédies ne sont donc qu’un recueil de stratagêmes pour faire réussir tous les crimes, favoriser toutes les passions, ménager toutes les intrigues, traverser & inquiéter tous les peres, les maris, les maîtres, & goûter librement tous les plaisirs. […] Rousseau prétend que l’Acteur qui joue si bien le rôle de frippon sur le Théatre pourroit ailleurs mettre à profit son adresse, & prendre la bourse de son maître pour celle de Valere : il a malheureusement raison.
Le Maître de musique de la Chapelle du Pape voulut faire chanter la Messe selon le chant Grégorien ; celui de l’Empereur s’y opposa fortement, & prétendit qu’on se servit de l’ancien chant de St. […] Le Maître de musique de l’Empereur, répondit à son tour : que par-tout où se trouvait son Maître, il pouvait prétendre le pas ; & que la musique Française devait être plus considérable que sa source ; de même qu’un ruisseau, faible d’abord, va toujours en grossissant, & devient à la fin un vaste fleuve.
En se chargeant exclusivement de l’éducation de la jeunesse, la secte jésuitique a pour principe de refuser la connaissance des sciences à la classe du peuple ; mais quant à celle des gens riches, appelés à jouer un rôle dans la société, elle ne consent à lui communiquer les sciences qu’à regret, et s’applique principalement à former des imbéciles, ou des fanatiques qui ressembleront à leurs maîtres. […] On conçoit difficilement le succès de ces maîtres fourbes, et pourquoi dans les temps anciens, ainsi que les casuistes relâchés que la société de Jésus a vomis dans des temps plus modernes, ils réussirent à faire goûter si rapidement aux mondains, la morale la plus corrompue. […] Tous les courtisans, pour plaire à leur maître, confiaient également la direction de leur conscience à des jésuites.
Je ne leur conseille point de prendre pour leurs maîtres à cet égard les Poètes qui s’y sont distingués.
Communément, jusqu’à l’âge de dix ans, les enfants sont très bien élevés ; depuis dix ans jusqu’à quinze, l’éducation faiblit, et les enfants commencent à être gâtés, souvent même par leurs pères et par leurs mères : enfin depuis quinze ans jusqu’à vingt, les jeunes gens, maîtres de leurs actions, achèvent eux-mêmes de se corrompre.
Il ne doit jamais douter de l’efficacité des remèdes qu’il applique, il ne doit en un mot rien hasarder même de l’aveu du malade, qui n’est pas le maître d’exposer sa vie ni sa santé ; c’est sur des preuves évidentes et sur des expériences lumineuses qui ne lui laissent aucun doute sur le parti qu’il doit prendre, qu’il lui est permis de se déterminer. […] Le vaillant Maréchal de Saxe put-il être insensible aux témoignages de reconnaissance que toute la Nation lui donna au Théâtre de l’Opera, en secondant par ses applaudissements l’ingénieuse politesse de l’une des Actrices3 Quelle gloire pour un Héros de voir les suffrages de son Maître confirmés par ceux du Public ? […] Que ces Messieurs sachent que je connais assez mon Maître pour être persuadé au contraire qu’il me saura gré de mes sentiments et qu’il me regarderait comme indigne des bontés dont il m’honore, si j’en avais d’autres. […] Au lieu de ces hyperboles insultantes dont on flattait le goût de la Canaille, on aurait, comme de bons sujets à qui aucune des belles actions de leur Maître ne peut échapper, manifesté plusieurs faits qu’il est bien honteux qu’il faille que ce sait moi qui les apprenne au Public. […] On peut d’autant mieux me pardonner d’aimer à la fais mon Maître et ma Patrie, que je ne suis pas de taille à porter le mousquet ni pour ni contre, et que quand bien même j’en aurais la force j’avoue très humblement que je n’en aurais point le courage.
Henri VIII dans sa vieillesse, Edouard dans son enfance ; n’avoit régné que par le despotisme & la cruauté ; toutes deux très-ambitieuses voulurent toujours régner, mais la France donna des maîtres à Catherine dans son mari, & ses trois enfans ; la grande Bretagne mit Elisabeth sur le trône, & l’y adora sans partage pendant plus de quarante ans ; toutes deux très-cruelles, mais cruauté Italienne plus cachée & plus réfléchie, n’agissoit que sous le masque, & employoit plus volontiers le poison. […] Lorsqu’après la mort de Marie, l’Ambassadeur d’Espagne la demanda en mariage pour son maître, elle répondit avec une effusion de reconnoissance, & une démonstration qui trompa un moment tout le monde : Ma personne, mon mariage ne peuvent payer les obligations que j’ai au Roi Catholique. […] Au contraire, elle étoit très-flattée de se voir si recherchée, elle écoutoit toutes les propositions, & s’en tiroit en comédienne, disant à l’un : je pourrois être votre grand’mère, à l’autre : je pourrois être votre petite-fille ; tantôt, je ne veux point me donner un maître ; tantôt, je ne veux point épouser mon domestique. […] Elle avoit si bien formé des Comédiens qu’on lui joua à elle-même la comédie ; ses favoris ne jouèrent pas moins leur rôle, ils ne craignoient pas moins que les autres un nouveau maître qui auroit disposé de toutes les grâces. […] Si chaque Etat peut détrôner ses maîtres ?
L’imitation doit être belle ; on ne doit pas prêter à Charles XII, au Grand Condé, au Comte de Saxe, les lis & les roses d’un petit Maître ; mais il faut encore moins en faire des objets bas & hideux.
am ne font que l’abréger selon leur coutume, et n’adoucissent par aucun endroit la doctrine de leur maître.
Les Romains, soumis aux maîtres que leur nommaient des soldats séditieux, ne voulurent plus que des théâtres.
Ce changement de situation a obligé le sieur Antoine a retoucher son plan pour l’ajuster aux nouveaux emplacemens ; il insinue qu’il lui donne la forme circulaire ; mais il déclare qu’il ne veut pas donner son secret, sur le détail des ornemens & des décorations ; c’est le propre des grands maîtres de garder pour eux le fin de l’art. […] Le sieur Moreau, de l’Accadémie, maître des batimens, habile architecte. […] On a répandu de tous côtés une multitude innombrable de peintures des meilleurs maîtres.
Quelque respect que j’aye pour Homère, leur modèle & leur premier maître, je ne crois pas lui devoir plus qu’à la vérité ; & pour commencer par m’assurer d’elle, je vais d’abord rechercher ce que c’est qu’imitation. […] Aussi l’habile Poëte, le Poëte qui sçait l’art de réussir, cherchant à plaire au Peuple & aux hommes vulgaires, se garde bien de leur offrir la sublime image d’un cœur maître de lui, qui n’écoute que la voix de la sagesse ; mais il charme les spectateurs par des caracteres toujours en contradiction, qui veulent & ne veulent pas, qui font retenir le Théâtre de cris & de gémissemens, qui nous forcent à les plaindre, lors même qu’ils font leur devoir, & à penser que c’est une triste chose que la vertu, puisqu’elle rend ses amis si misérables. […] Quand donc, ami Glaucus, vous rencontrerez des enthousiastes d’Homère ; quand ils vous diront qu’Homère est l’instituteur de la Grèce & le maître de tous les arts ; que le gouvernement des États, la discipline civile, l’éducation des hommes & tout l’ordre de la vie humaine sont enseignés dans ses écrits ; honorez leur zèle ; aimez & supportez-les, comme des hommes doués de qualités exquises ; admirez avec eux les merveilles de ce beau génie ; accordez-leur avec plaisir qu’Homère est le Poëte par excellence, le modèle & le chef de tous les Auteurs tragiques.
De Belloi se montre un grand Maître dans la pratique du Théâtre ; il n’ignore point que le sujet fait souvent le principal mérite d’une Tragédie. […] Au-lieu qu’en travaillant sur un modèle fait de main de maître, ils feraient moins de fautes & plairaient d’avantage.
est-ce en nous montrant le Maître du monde dans un Jupiter ? […] L’Esclave n’était pas alors destiné à amuser ses Maîtres ; on le réservait pour les travaux pénibles & les fonctions basses. […] Les autres sciences & le reste des beaux arts furent laissés aux Grecs ; comme trop pénibles pour les Maîtres du monde : les Romains se contentaient d’en prendre une légère teinture : ils allèrent jusqu’à faire instruire leurs Esclaves, pour en former les Instituteurs de leurs enfans. […] Ils y attirèrent des Maîtres de toute espèce ; mais rarement ils accordèrent à ces étrangers le titre de Citoyens : on aimait l’Art, mais le Maître était vil : car d’un Citoyen Romain, jouissant des plus belles prérogatives, à un homme qui ne l’était pas, il y avait autant de différence, qu’entre le Roi & le Sujet. […] Un homme libre se fût deshonoré, en se mêlant parmi les troupes serviles destinées à l’amusement de leurs Maîtres ; sont comme s’il se fût chargé de quelqu’emploi bas, tel que ceux de Courtier, de Notaire, Copiste, &c.
Reste à savoir de quelle nature est le plaisir que me donne un valet qui dupe son maître sur la Scene ; si le cœur partage ce plaisir, je n’ai point de replique à vous donner. […] En voici la raison : Si je croyois que Scapin ou Sosie trompassent réellement leurs vertueux Patrons, je pourrois rire de leur adresse ; mais j’avertirai leur maître. […] Est-ce enfin tourner en dérision les respectables droits des maîtres que de leur enseigner comment un frippon de valet peut abuser de leur confiance ? […] Mais encore une fois, il est de l’intérêt de notre amour propre qu’elles nous soient inférieures ; nous sommes les maîtres, et; la loi du plus fort est toujours la meilleure. […] Le menu peuple en sera d’abord surpris, petit à petit il raisonnera sur cet évenement, comme il en entendra parler par ceux qui lui sont supérieurs, enfin il pensera comme ses maîtres.
Son maître renversé sur le derriere, & tirant toujours en vain le licol, entra malgré lui tout en caracolant, & fut culbuté.
Nous vous dirons encore avec la liberté d’un saint Prophéte, & plaise au ciel que ce soit avec le même succès : Vous ne pouvez servir deux maîtres.
Ce que le Maître des Sentences nous apprend encore, disant que les pénitents sont obligés de s’abstenir de tous ces divertissements mondains.
Les rois de France sont maîtres chez eux, ils ne sont point soumis à l’autorité ecclésiastique.
Si les Disciples de Pythagore peuvent avoir quelque rang parmi nos Théologiens, Ils croyaient avec leur Maître que les Sphères des Cieux par leurs mouvements réglés causaient une admirable harmonie qui faisait le divertissement des Intelligences qui les meuvent.
C’est par-tout un homme d’esprit, amateur du Théatre, admirateur de Voltaire, qu’il ne peut souffrir qu’on le loue sans enthousiasme, & ce qui est assez une suite de l’un & de l’autre, c’est un style tranchant, un ton de maître, des décisions souveraines, surtout peu d’égard pour la religion & les mœurs. […] Tout est frippons dans cette Comédie, Valet, Servante, Maître, qui est le principal personnage, & qui rend frippons tous les autres. […] Ils en présentent la liste au maître de la fête, qui choisit celle qui lui plait, & ils la jouent sur le champ, & peut-être y ajoutent ou changent quelque chose dans la représentation. […] Les glaces, les peintures y brillent par-tout ; les décorations sont des meilleures maîtres.
Mais peut-on nier que le théatre soit l’école & la salle d’armes où se forment & s’exercent ces redoutables guerrieres, que l’Actrice ne soit le parfait modele, l’habile maître d’escrime qui enseigne à porter les bottes franches, le Général qui commande les troupes, qui fait faire les évolutions, & qui se bat avec plus de courage & de succès ? […] Puisque la barbe & la tête, le poil & les cheveux ont différens artistes, il étoit juste que les deux sexes en eussent aussi, & que chaque tête occupât son maître. […] ont-elles d’autre maître que la passion ? […] n’en est-il pas le maître ?
suivant le conseil du Saint-Esprit, j’interrogerois ceux que Dieu m’a donnés pour maîtres, ce sont les Peres de l’Eglise : Interroga patrem tuum, et annunciabit tibi ; majores tuos, et dicent tibi ; Cantic. […] Car du moins si c’étoient les pasteurs des ames, si c’étoient les maîtres de la morale, si c’étoient les ministres des autels, les directeurs, les prédicateurs de la parole de Dieu, qui maintenant et parmi nous eussent sur la question que je traite, des principes moins séveres que ceux de toute l’antiquité ; et si ces principes étoient généralement et constamment suivis par la plus saine partie des chrétiens, peut-être seroit-il plus supportable alors d’examiner, de délibérer, de disputer. […] Voilà les oracles qui veulent se faire écouter, et que l’on n’écoute en effet que trop ; voilà les docteurs et les maîtres dont les lumieres effacent toutes les autres, et dont les résolutions sont absolues et sans replique ; voilà les guides dont les voies sont les plus droites, et les garants sur qui l’on peut se reposer de sa conscience, de son ame, de son éternité. […] Or voyez si ce sont là les enseignements que vous voulez suivre, s’il n’y a pas un autre monde où vous pouvez vous borner, s’il n’y a point d’autre politesse dans le christianisme que celle qui va à vous damner, s’il n’y a point d’autres maîtres pour vous instruire et pour vous élever.
Les monuments élevés aux Princes, & de même aux auteurs pendant leur vie, sont bien équivoques, ils peuvent n’être, & ne sont très-souvent que l’ouvrage de la flatterie, de l’intérêt, de la crainte, de l’intrigue, ils peuvent avoir été mandiés, ordonnés, achetés par le maître, les courtisans, les parents, les amis ; & communément ils sont très-flattés. […] Les adorateurs de Voltaire ne traiteroient pas mieux, s’ils en étoient les maîtres, ces sacriléges grenouilles, qui, du milieu de leur sange, croassent stupidement contre lui, & assurément un Ange ne viendroit pas éteindre les flames ; il manquoit cependant à cette pompeuse solemnité, des députés de l’Académie : ce qui est d’autant plus singulier, que Voltaire est un des quarante, & qu’on l’a laissé dans sa place d’Académicien, quoique le Roi lui ait ôté celle de son Historiographe, sans s’embarrasser de sa réligion & de ses mœurs, qui n’illustre pas l’Académie ; mais ce corps illustre, qui ; quoiqu’à demi Episcopal, aime & protége assez le théatre, à l’exception de l’Archevêque de Sens, M. […] On dit même, qu’il a mal profité des leçons de son maitre, dans le point le plus essentiel ; il est moins sage que lui, quoique fort supérieur, plus véhément, plus tragique, & ayant pénétré plus loin.
Que dans les pays chauds un esclave porte un parasol contre les ardeurs du soleil, un éventail pour chasser les mouches, une cassolette pour parfumer l’air, ces services ont leur utilité ; mais à quoi sert un poliçon qui porte un morceau d’étoffe derriere son maître ? […] Ce frivole ornement est non seulement inutile, mais encore embarrassant par les frais auxquels elle expose, & par les inconvéniens de son usage, dans la poussiere, dans la boue, s’accrochant à tout, si on la laisse traîner, à moins d’entretenir un caudataire, qui la porte, & suive son maître comme une ombre, le gêne, ou l’expose à tomber en la levant mal. […] Ce sont là des corps de maître, qui lui méritent les bonnes graces de Madame ; mais si c’est un maladroit, un négligent qui ne sache pas la mettre en œuvre, on lui dit ce que le grand Moliere par un coup de génie lui fait dire dans une scene : Allons petit garçon, qu’on prenne ma queue, qu’on la porte noblement & avec esprit, sans quoi vous aurez le fouet.
ô Maîtres ! […] Le Grand Maître de cette Ecole est le célèbre Molière, lequel après avoir tant aimé le Théâtre durant sa vie, a eu le malheur d’y mourir misérablement. […] Dieu en formant Eve d’une des côtes d’Adam, a appris aux femmes mariées a considérer leurs maris comme leurs chefs et leurs maîtres, vir caput mulieris. 1 Cor. 10.
., mais surtout par le caractère de ceux qui s’y montrent, gens en place faits pour édifier, gens graves et réguliers, dont la réputation y donne un nouveau poids, un père, une mère, un maître, qui en donne l’exemple à ses enfants, ses élèves, les y laisse aller, leur fournit de l’argent ; par le caractère de ceux à qui l’on tient, famille chrétienne, communauté régulière, corps respectable, fonctions publiques, profession distinguée, etc. […] Philippe le Bel goûta cette idée, et pour les animer au travail, en forma un corps en 1303, leur permit de se choisir un chef qu’il appela Roi, à peu près comme le Roi de la fève, le Roi des ribauds, des arbalétriers, etc., et des Officiers qu’il décora du titre de Chancelier, de Maître des Requêtes, de Procureur général, d’Aumônier, de grand Référendaire, grand Audiencier, etc. […] Ces excès de licence ne sont pas aujourd’hui à craindre, l’autorité du Roi et le respect du peuple sont mieux établis ; aucun Comédien ne serait assez hardi pour attaquer son maître, il ne le ferait pas impunément.
qu’il a représenté des comédies au collège, et, pour tirer avantage de tout à son ordinaire, qu’il y jouait les premiers rôles, et qu’il y était « maître ouvrier ». […] Les Maîtres eux-mêmes ne parlent aux Ecoliers, ne les louent d’autre chose : « Urbis vitia pene in utero matris concipi mihi videntur histrionali favore, his occupatus obsessusque animus quantulum loci bonis artibus relinquit, quos alios adolescentium sermones excipiunt ne præceptores quidem ullas crebriores fabulas habent. » Voilà ce qui se passe dans tous les collèges plusieurs mois avant et après les pièces de théâtre. […] Si les hôpitaux reçoivent la portion du profit que les Comédiens leur donnent, et même quelquefois des aumônes, il en est comme des impositions sur les femmes débauchées, comme de l’argent volé dont on ne connaît pas le maître, comme des restitutions des usuriers : tout cela doit être employé en bonnes œuvres.
Le Prélat ne l’ignorait pas, lui à qui le théâtre était si familier ; il était le maître de l’empêcher, lui qui gouvernait l’Etat, et s’en embarrassait si peu que les sornettes de l’Abbé Boisrobert sa créature étaient les plus licencieuses. […] « Francion et Ibère (les Rois de France et d’Espagne) sont amoureux d’Europe, veulent en être les maîtres. […] Richelieu crut que le moyen de calmer les esprits, de se rendre maître, et de prévenir de pareils mouvements, c’était de faire une révolution dans les mœurs de la nation, en l’amollissant par le plaisir, et la dissipant par la frivolité.
Un homme solidement vertueux est toujours égal et semblable à lui-même ; modéré, maître de tous ses mouvements, attentif et modeste, il ne connaît ni emportement, ni légèreté, ni vaine joie, ne se dissipe, ni ne dissipe les autres : « Fæde ad cachinnos moverit fædius moves. […] Voilà pourtant le père, le maître, le modèle des Chrétiens, à qui tout doit ressembler, s'il veut se sauver. Ce qu'il serait horrible de penser du maître, peut-il être permis au disciple ?
Que nous importe, en effet, que nous sert ce plus précieux don de la liberté, le droit de vote et de suffrage, le droit de contribuer à l’élection de nos législateurs, de nos magistrats communs dont les rapports avec nos personnes, avec nos intérêts présents et sensibles, sont indirects ou éloignés, lorsque, d’un autre côté, on nous en donne de particuliers, sans forme protectrice, qu’il nous faut accepter bon gré mal gré, avec lesquels nous sommes continuellement en contact, qui sont si directement et à un tel point les maîtres de notre état, qui peuvent nous faire tant de mal impunément !
Nous sommes persuadés néanmoins que l’on pourrait prendre pour y parvenir des voies non seulement plus utiles aux Enfants à qui on fait perdre un temps infini, et aux Maîtres qui n’en perdent pas moins, occupés pendant plusieurs mois de la composition, du récit et du succès de leur ouvrage ; mais aussi plus conformes à la Religion, qui a toujours marqué beaucoup d’horreur pour les spectacles sans y mettre de distinction.
L’auteur d’une piéce de théâtre n’est pas le maître d’arrêter les passions qu’excite la représentation.Ce qui est de plus déplorable en cette matiere, c’est que les Poëtes sont maîtres des passions qu’ils traitent ; mais ils ne le sont pas de celles qu’ils ont ainsi émues. […] L’Auteur peut s’arrêter où il veut par un trait de plume ; mais il n’est pas le maître d’arrêter les effets que la représentation de ces inclinations prétendues honnêtes, fait sur le cœur de ceux qui y assistent. […] L’auteur d’une piéce de théâtre n’est pas le maître d’arrêter les passions qu’excite la représentation. […] L’auteur est maître de suspendre ou de fixer les mouvemens de son Heros, mais il ne peut arrêter ceux qui se font dans les spectateurs.
On pourrait comparer la bonté physique, à une statue qui se jette en fonte par un maître ouvrier, dont la main est si assurée, qu’elle ne manque jamais son coup, et la bonté morale à une peinture, où on ne touche qu’avec crainte et du bout d’un pinceau, trait à trait, couleur sur couleur ; tantôt du blanc, tantôt du noir, et après tout quelque beau qu’en soit le crayon, une ombre mal appliquée, un jour mal pris, une ligne hors d’œuvre fera une image que les bons maîtres ne voudront pas regarder. […] Ne voyez-vous pas, qu’un si mauvais métier n’a pu avoir d’autre maître que l’ancien dragon ? […] Anges du Ciel en quel état êtes-vous, quand vous voyez qu’on traite ainsi votre Maître ? […] moins de dépendance pour son Maître ? […] On y voit toujours quelque bonté d’esprit, et un commencement de raison ; mais cela ne se soutient point, et après quelques petits brillants tout s’éclipse : aussi faut-il que les bêtes obéissent à l’homme, et le reconnaissent pour leur maître.
On veut tromper un père, une mère, un maître, un mari, un rival ; on lui débite cent mensonges. […] Ces hommes frivoles les trompent, les abandonnent, les méprisent, les décrient ; ou si elles s’établissent, un faux goût donnera la préférence au flatteur sur le vrai, au petit maître sur l’homme sage, au libertin sur le vertueux.
Mais comme vous ne m’interrogez pas seulement pour devenir plus savant, mais pour marcher plus sûrement dans la voie du Ciel, qui oblige les hommes de se faire Enfants, et les Maîtres de se réduire dans le rang de Disciples « Non nisi reversos in naturam puerorum introire in Regnum Caelorum Domino docet » S. […] Pour nous, jouissons de la vraie liberté des enfants de Dieu, élevant notre esprit à la contemplation de ce que notre Seigneur a opéré sur la terre pour notre salut, de la majesté foudroyante avec laquelle il paraîtra à la fin des siècles, pour juger nos justices et nos péchés, et pour rendre à un chacun selon ses œuvres : et des récompenses éternelles qu’il a préparées dans le ciel à ceux qui auront consommé leur course, combattu le bon combat, et conservé jusques à la mort la fidélité qu’ils doivent à leur souverain Maître.
Le prêtre sera plus terrible que son maître suprême, il aura préjugé de ses desseins et il en aura consommé la vengeance sur terre, tandis que le pardon aura placé l’âme dans le ciel ! […] bientôt il commanderait en maître aux gouvernements assez dociles, pour devenir les bourreaux serviles des vengeances sacerdotales, bientôt il pourrait livrer aux bras séculiers, tous ceux qui ne voudraient pas croire à des vérités religieuses et légales, bientôt il obtiendrait le rétablissement de ce tribunal de sang, qui portait un nom dérisoire, celui de saint Office, bientôt il remettrait en usage contre des accusés non encore convaincus, le supplice horrible de la question, bientôt il renouvellerait les rigueurs de la Saint-Barthélemy, que des écrivains éhontés ont déjà la hardiesse d’appeler aujourd’hui salutaires, bientôt à l’exemple de la révocation de l’édit de Nantes, il obtiendrait la révocation de la charte qui autorise la liberté des cultes.
Les Poètes ont souvent mis sur le Théâtre des sujets graves tirés de toutes sortes d'Histoires, et même de nos Ecritures Saintes, et des persécutions de nos Martyrs ; elles font encore aujourd'hui comme autrefois l'exercice de la jeunesse studieuse, et les Maîtres des Sciences qui tiennent la plus belle Ecole de doctrine et de piété, ne feignent point de composer une infinité de ces Poèmes, et d'en donner publiquement le récit par le ministère de leurs Disciples, les plus modestes et les plus illustres.
) commemoratio Apostolicæ passionis, totius Christianitatis magistræ, a cunctis jure celebratur, omni theatrorum, atque Circensium voluptate, per universas urbes earundem populi denegata, totæ Christianorum, ac fidelium mentes Dei cultibus occupantur, si qui etiam nunc vel Judaicæ impietatis amentia, vel stolidæ paganitatis errore, atque insania detinentur, aliud esse supplicationum noverit tempus, aliud voluptatum. » et enfin lorsqu’on fait les Fêtes, et la mémoire de la mort des Apôtres, qui ont été les Maîtres de la terre, et qui nous ont enseigné toutes les vérités du Christianisme.
Ce passage était dans le texte du Maître des sentencesLib. 4. dist. 16.
On y voit saint Jean, condamner par l’austérité de sa vie la mollesse de ceux, qui vivent à la Cour des Rois : égaler par sa constance la fermeté des rochers où il habite ; s’élever par un mérite sublime au dessus de tous les hommes ; se rendre digne par ses vertus d’estre loué de celuy dont les Anges & les Saints chanteront éternellement les louanges ; sanctifier par sa présence la prison que son zele luy a attirée de la part d’un Prince contredit ; continuer malgré les persecutions & les chaînes de faire son office de Précurseur ; moins occupé du péril où il est, que des interêts de son maître, & du salut de ceux qu’il luy a confiez, luy envoyer des Disciples prévenus afin qu’il se fasse connoître à eux par luy même. […] Mais il y a plus de rapport que tout autre ; & en tout cas vous me permettrez d’user de la liberté que se sont donnée les Peres, maîtres, & modeles des Prédicateurs. […] Bien loin d’y estre disciples d’un tel Maître, qu’y fait-on que le deshonorer en retranchant les œuvres de mortification & de pénitence, qu’il a si expressément commandées ? […] Elle va s’expliquer par la bouche d’un de ses Prêtres, mais si distingué de tous les autres par sa pieté, par son zele, & par sa doctrine, qu’il a mérité d’estre appellé le maître des Evêques.
Il est vrai qu’il n’entre point dans le projet qu’elle forma dès son établissement ; mais elle n’avoit point alors de guide, de modele & de maître. […] Taisez-vous, petits maîtres, habitans de Paphos, est-ce à vous que s’adressent ces sublimes idées ? […] Thalie n’est pas faire pour donner des leçons aux maîtres du monde. […] Il l’avoit fait par nécessité dans la province ; fixé à la Cour, il fallut se conformer au goût du maître.
Oui, Monsieur, & les Piéces de nos grands Maîtres, & le jeu de nos meilleurs Acteurs n’excitent à présent, pour me servir des expressions du célebre Citoyen de Genêve11, que des mouvemens stériles & passagers sur nos esprits & dans nos cœurs. […] Toutes les parties de plaisir, toutes les illusions, disons mieux, tous les excès auxquels ils se livrent ne peuvent les débarrasser du cruel bourreau qui s’acharne à les tourmenter, & qui se rendant maître de leur sommeil même, empoisonne sa douceur par les rêves les plus sinistres & les plus effrayans. […] Ce n’est que par une pratique assidue, par une étude journaliere des bons modeles & des grands Maîtres, qu’on forme les talens & qu’on enrichit son esprit. […] Comment, enfin, ne pas devenir un maître fat, quand dix, douze ou quinze maîtresses se disputent le plat honneur de nous appartenir ? […] c’est nous qui les enseignons, c’est nous qu’ils prennent pour maîtres & pour modeles.
Les Curés de Saint-Sulpice ont reçu ces libéralités pour en soulager les Pauvres de la Paroisse ; ils ont très-bien fait de toucher un argent mal acquis pour le faire passer entre les mains des maîtres légitimes.
Il est à craindre que ceux dont vous parlez, ne soient du nombre de ceux qui croient pouvoir servir deux maîtres, « Nemo potest duobus Dominis servire. » Dieu, et le monde ; et ne ressemblent aux Pharisiens que Jésus-Christ compare à des sépulcres blanchis.
Après que les lois Romaines ont mis au nombre des infâmes, ceux qui représentent des comédies pour donner du plaisir au Peuple ; après que les lois Ecclésiastiques les ont chassés des divins mystères, comme des profanes, comme des maîtres d’impudicité et des ministres d’enfer, je ne sais quel jugement on doit faire de leurs auditeurs, et je me figure que comme en la magie, la peine de ceux qui les écoutent, et qui les enseignent serait égale, si la corruption de notre siècle, n’avait rendu ce mal trop commun Lib.
Il ne loue en lui que la facilité à faire des vers & à trouver des rimes : Rare & fameux esprit dont la fertile veine, Ignore en écrivant le travail & la peine, Pour que tient Appollon tous ses trésors ouverts, Et qui sait à quel coin se marquent les bons vers, Dans les combats d’esprit savant maître d’escrime, Enseigne moi, Moliere, où l’on trouve la rime. […] Il s’enivre du plaisir d’être aimé, idée plus juste qu’il ne pense, puisque l’orgueil est une véritable ivresse dans le maître & dans le disciple, & n’est-il pas un délire dans celui qui s’égare jusqu’à en faire une leçon, & un mérite ? […] Le meilleur maître, s’il enseigne le mal, est le pire de tous les maîtres : Optimo nequitia artifice nil pejus, tanto pejor quanto melior. […] Les défauts des enfans ou des éleves ne font pas l’éloge des peres ou des maîtres.
étrange réformateur, qui apprend à des domestiques à abuser de la confiance de leurs maîtres, en favorisant par toutes sortes de tromperies les passions criminelles de leurs enfans ! […] Voilà ce que nous entendons tous les jours ; voilà ce qui attire aux Ministres de l’Evangile, lorsqu’ils croient devoir censurer ces spectacles pernicieux, des reproches odieux d’ignorance, de prévention, de zèle aveugle & inconsidéré : reproches qui doivent nous affliger sans doute, parce qu’ils prouvent l’endurcissement de ceux qui nous les font, & leur opposition à la sainte doctrine de Jésus-Christ ; mais reproches que nous devons nous faire gloire de braver & de mépriser, parce que nous savons que le monde doit nous haïr comme il a haï notre divin Maître ; parce que nous ne pouvons nous taire sur ces abus, sans trahir notre ministère ; & que si nous étions capables de penser ou de parler sur les Spectacles d’une manière qui pût plaire au monde, nous ne serions plus les serviteurs de Jésus-Christ. […] Lorsque nous leur représentons combien cette espèce de luxe est criminelle & dangereuse pour les mœurs, ils nous répondent, comme vous, qu’ils n’en reçoivent aucune impression fâcheuse ; qu’ils ne voient dans ces tableaux que l’habileté du Maître qui les a peints ; qu’à peine ils font attention aux objets qu’ils représentent ; & qu’enfin ils n’en sont pas pour cela plus émus.
Après la représentation ils reviennent à leur boutique, & font leur métier ; tandis que les choses resteront sur le même pied, on n’aura pas de grands acteurs ; mais aussi on n’aura pas de frivoles petits maîtres, de courtisannes séduisantes, de grands libertins : le bien public exige qu’on se passe des uns, pour ne pas risquer d’avoir les autres. […] Elle quitta son amant, & son maître pour M. […] Les pieces Espagnoles sont très longues, très-remplies très-intriguées, c’est un fond inépuisable, dont il est aisé de tirer parti ; nos maîtres l’ont fait cent fois sans s’en venter, & n’ont eu garde de faire connoître les mines abondantes où ils trouvoient leurs trésors.
Pour lui c’est le maître, l’oracle de toutes les sciences, il confond tous les philosophes, par ses subtilités ; il entraîne par son éloquence, il enchante par sa poësie & par sa musique ; toutes les femmes courent après lui, il étonne le monde par l’ancyclopédie de ses connoissances. […] Ainsi Moliere forma Baron, Racine forma la Chammélé ; ainsi les grands maîtres se sont rendus doublement utiles. […] Le théatre n’eût il fait d’autre bien que la création de ce nouveau Parlement, il faudroit le conserver ; n’en soyons point en peine, la protection des Dames assure son immortalité : elles sont comme Pithagore, dont les disciples juroient sur la parole de leur maitre, ipse dixit.
C’est bien là qu’on peut dire, on ne peut servir deux maîtres, & concilier Dieu & le monde. […] qui est plus maître que le Souverain du choix des spectacles, & d’en écarter les dangers ? […] Les vœux de l’Abbé de Besplas sont accomplis, la Noblesse s’est chargée du théatre, & ce n’est pas seulement un air de protection, un regard d’approbation aux talens décens & vertueux, c’est un bon contrat qui les rend maîtres absolus ; ils choisissent, renvoient, punissent sévèrement les Acteurs & les Actrices, examinent, corrigent, rejettent les pieces, ont l’œil à tout, sur-tout à la recette.
Il n’y auroit presque point à craindre qu’on les oubliât promptement : les détails de la vie y rameneroient sans cesse ; & l’expérience journaliere, plus éloquente que les Maîtres, acheveroit la conviction. […] Monsieur, lui dit Racine, sans cela, qu’auroient dit nos petits Maîtres ?
Parmi cette multitude d’élèves et d’adorateurs, combien va-t-on voir éclore de maîtres et de maîtresses, formés de leurs mains, qui vont répandre et perpétuer leur gloire ! Voyez ces loges peuplées d’amateurs, qui viennent à l’envi puiser à la source ; ils écoutent religieusement leurs savantes leçons, forment leur goût à leur toilette, se familiarisent avec leurs fonctions religieuses, apprennent à secouer le joug d’une incommode décence, à braver les lois gênantes de l’Evangile et de l’honneur, à se débarrasser d’un importun remords, et employer mille ruses pour faire réussir leurs projets, tromper la jalouse vigilance d’un père, d’une mère, d’un mari, d’un maître, et tourner en ridicule leur gothique régularité et leur dévot radotage.
Tel ce fameux Eole qui régnait sur les vents avec un sceptre, comme un maître d'orchestre avec son rouleau met en mouvement, arrête ou modère ces peuples légers : « Celsa sedet Æolus arce, sceptra tenens. […] Rien de tout cela chez les Juifs, il n'y avait ni gavotte, ni pavanne, ni pas de trois, ni bal, ni ballet, etc. on ne connaissait ni maître à danser, ni livre de chorégraphie ; ce n'était que des sauts et des bonds, des courses ajustées, il est vrai, assez grossièrement à la mesure de quelque air que tout le monde bat naturellement, ou joué par quelque instrument, ou chanté par des voix humaines, mais sans ordre, sans liaison, sans dessein, tout au plus des danses en rond, que les femmes faisaient d'un côté, et les hommes de l'autre.
Plusieurs jeunes Poétes, encouragés par ces Maîtres, ont tenté d’entrer dans la lice avec eux ; ils ont fait briller quelques étincelles ; mais la suite n’a pas répondu à ces commencemens.
Et comme il est plus aisé de descendre du grand au moindre, que de monter de celui-ci à celui-là, on peut d’avance leur répondre qu’alors ils partageront la gloire des maîtres de l’art, qui nous ont laissé des chefs-d’œuvres dans la Tragédie de pure action, & dans la Tragédie épisodique.
Mais Seigneur, s’il est vrai que maître de nos cœurs, De nos divers penchants les Dieux soient les auteurs, Quand même vous croiriez que les Etres suprêmes Pourroient déterminer nos cœurs malgré nous-mêmes : Essayez sur le vôtre un effort généreux, C’est là qu’il est permis de combattre les Dieux.
Les noms des Personnages peuvent aussi être vrais & supposés ; en mettant des noms vrais dans une Pièce, il est permis malgré cela d’en imaginer le Sujet ; & en mettant des noms supposés, on est maître d’y placer des choses vraies & réelles.
L’Avare rit de la peinture qu’on fait de lui-même, & croit se moquer de son voisin ; la Coquette applaudit à son portrait, & dit tout haut à l’oreille de cinq ou six personnes discretes, qu’elle connaît bien là son amie ; le petit Maître sourit à l’esquisse de ses ridicules, & s’écrie, que le Marquis un tel est peint à ravir.
En raisonnant d’après l’expérience, je sais que le sage Spectacle de notre Capitale, produit depuis quelques années un bien réel, parmi les Ouvriers des Professions, qu’on nomme honnêtes : ceux qui le fréquentent sont les plus habiles, & en général, c’est d’eux que les Maîtres sont le plus contens.
Et Daniel en devint-il dans la suite moins cher à son Maître ?
Toutes choses égales, on sera plus indulgent envers une actrice qui est sous l’empire de la puissance maritale, qu’envers un acteur qui est maître de ses actions.
En gros l’un des plus justes, et des plus raisonnables soins que nous puissions prendre, est celui de nous rendre maîtres de nos passions, quelles qu’elles soient, de les mortifier, de les réprimer, de les étouffer mesme, si nous le pouvons, et de nous mettre dans un tel état, que nous nous conduisions, non par ces mouvemens brutes et aveugles, mais par la pure lumiere de la foi, et de la raison.
Suivant ce principe on a cru, en France, pouvoir conserver en partie et ajouter à notre Théâtre les mœurs des Latins ; les Valets de la Comédie moderne ont un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, comme les Esclaves et les Vieilles des Latins l’avaient dans la Comédie de ce temps-là : ils ne savent que conseiller le mal, et s’employer pour l’éxécuter.
S’il paroît quelque fille élevée avec soin, & loin des occasions, c’est une Agnès, dont on se moque, & qu’on a bien-tôt déniaisée, ou qui instruite à l’école de la nature forme, dit-on, les plus violens desirs, fait cacher son jeu, tromper les plus clairvoyans, jouer son père, sa mere, son maître, son tuteur, & s’entendre avec son amant. […] Un petit maître, un de ces importans, qui se croient tout permis, osa franchir ces bornes, & se moquer du prédicateur : Dieu vous punira , lui dit-il d’un ton prophêtique, vous ferez une mauvaise fin. […] On a raison chacun doit être maître chez soi, & ne pas empiéter sur son voisin. […] Il n’y a plus que le coup de maître à donner.
Dieu a donné autrefois à son Eglise, quantité de grands Saints qu’il a animés de son esprit, et remplis de ses lumières, pour être les maîtres et les guides des fidèles dans les voies de leur salut ; et il a en même temps donné aux fidèles une si grande vénération, et tant de docilité et de soumission pour eux, qu’ils ont toujours considérés leurs sentiments comme devant être la règle de leur conduite. […] Car tout le monde convient que la doctrine de cet Ange de l’Ecole, de ce Maître et de ce Chef des Théologiens, est célèbre dans le monde, et avantageuse à l’Eglise en beaucoup de points qu’il a traités excellemment ; mais s’ensuit-il qu’on puisse l’opposer tout seul aux Pères de l’Eglise qui lui sont antérieurs, et que son opinion particulière doive contrebalancer les décisions positives des Conciles. […] Suivons Jésus-Christ, comme des soldats suivent leur capitaine, et servons-le fidèlement comme notre maître. […] Le serviteur ne doit point s’attendre d’y être mieux traité que ne l’a été son maître.
Le Pere Hardouin étoit le plus sçavant & le plus ridicule Pirrhonien qui ait paru depuis l’Auteur de la Secte ; il a renversé la cervelle, avant de mourir, au pauvre Pere Berruier, qui a débité dans son nouveau Peuple de Dieu, un grand nombre d’erreurs, de faussetés & d’impertinences, sur la foi de son Maître, sans y entendre malice : Or, l’opinion d’un tel homme doit-elle balancer celle de tous les Sçavans & de l’Eglise même, relativement au premier Concile d’Arles ? […] Cette dependance, si on peut la nommer ainsi, ne fait que resulter du consentement des puissances temporelles qui trouvent bon que les qualités de fidéle & de citoyen se réunissent ; elle ne subsiste qu’autant de tems il plaira au Monarque d’interdire toute autre religion dans le Royaume, il est toujours le maître d’accorder la liberté de conscience, sans que l’Eglise ait aucun droit de s’y opposer.
Mais ces fiers vainqueurs adoptèrent, sans peut-être s’en appercevoir, les usages de ceux qu’ils traitaient en maîtres : trop heureux de pouvoir donner des loix à des Peuples policés, qui se vengeaient en les éclairant ! […] Colbert doit partager les éloges qu’on prodigue à son maître ; c’est un second Mécène, favori d’un second Auguste.
Combien il s'en trouve à qui ses œuvres, et sa conduite déplaisent, car lorsqu'il veut quelque chose de contraire à la volonté des hommes, à cause qu'il est le Souverain maître, et qu'il sait bien ce qu'il fait, et qu'il ne considère pas tant nos inclinations que notre utilité, ceux qui voudraient que leur volonté s'accomplît plutôt que celle de Dieu, voudraient aussi réduire sa volonté à la leur, au lieu de corriger et de régler la leur par la sienne. […] Je demanderais volontiers à ceux que les grandeurs et les richesses font reconnaître par-dessus les autres, de quel supplice serait digne un esclave qui outragerait son maître de qui il viendrait de recevoir la liberté ?
Les Lettres Juives 2 & 12 peignent ainsi le goût de la parure : les femmes & les petits maîtres le poussent à un point surprenant, un Général d’armée ne délibère pas avec plus d’attention dans un conseil de guerre sur le succès d’une bataille ; qu’une coquette examine avec ses femmes de chambre la bonne grâce de sa robe & de sa coëffure ; le succès d’une mouche placée au coin de l’œil pour le rendre plus vif, ou auprès de la lèvre pour la rendre plus vermeille, c’est une affaire qui mérite la plus profonde attention ; vingt miroirs sont consultés avant de choisir sa place. […] Un petit maître a eu la direction de mon habit, il l’a fait faire sur le modèle du sien qui passe pour un chef-d’œuvre ; il m’a protesté qu’il a revé plus d’un mois à la seule façon des manches, & que le reste l’avoit occupé tout l’Été : vous avez donc lui ai-je dit, bien peu d’affaires, puisque vous consumez tant de temps à de pareilles bagatelles. […] Ce fut le Maréchal & les huit sous-Maréchaux qui commencèrent, ils allèrent en cérémonie se mettre à genoux devant l’Empereur, & bûrent à sa santé ; les autres vinrent ensuite faire de même au bruit des timbales, des trompettes & d’une musique choisie, placée dans un appartement voisin : il y eut ensuite bal pour les Nains, le soir les deux époux furent conduits en cérémonie au lit nuptial qu’on avoit préparé dans la chambre à coucher de l’Empereur qui vouloit se réjouir & voir toute la fête, les autres Nains s’en retournèrent chez leurs maîtres.
Il est allé en tapinois en Grece, son butin est pris dans l’antiquité, il s’est enrichi des dépouilles d’Euripide, qu’il lisoit, dit-on, dans les allées du jardin de Port-Royal, malgré les anathêmes de ses maîtres, Voiture, Benserade, tous les romanciers, les faiseurs de nouvelles, plus espagnols que françois, se faisoient honneur de leur plagiat. […] Il n’est point de qualité théatrale qu’il ne trouve à sa maîtresse : finesse de jeu, ton plaisant, malin souris, graces, beauté, il est dans l’enchantement ; surpris à l’excès que, dans un âge si tendre, sans autre maître que son esprit & son cœur, sans avoir aucune teinture de la scène, elle ait porté la perfection dramatique à un degré que l’art le plus accompli n’auroit pu lui apprendre . […] De tant de traits répréhensibles, nous nous bornons à l’importance que l’auteur & le journaliste donnent à la Danse, dont ils font un point capital de l’éducation physique de la jeunesse & de la vie des paysans qui cultivent la terre, avec un enthousiasme dont les transports feroient rire même le maître à danser du Bourgeois gentilhomme de Moliere.
Il donne les mêmes maîtres à Lafontaine. […] Notre Prélat regne en maître absolu, Dispose seul de cette ame facile, Lui fait tout faire au nom de l’Evangile, Et se prépare à des plaisirs d’Elu. […] (Un libertin :) Il est diffus, incorrect, mais pénétré de ce qu’il écrit : qualité prétieuse à qui l’on doit le peu de bons vers qu’on lit, encore peint-il Lisette avec un chapeau de fleurs, on voit qu’il a souvent consulté son modele, il ne parle de ses goûts que comme un maître dans l’art de jouir, & dès long-temps exercé aux plaisirs qui le précedent.
Newton, Leibnitz & Wolff sont, comme vous savez, nos maîtres en philosophie ; nous nous appliquons à profiter de leurs lumieres ; & nous nous faisons une gloire de marcher sur leurs traces, sans cependant nous croire obligés d’adopter servilement tous leurs principes.
Le Comédien qui est maître absolu de son rôle, croit l’être de toute la pièce.
C’est surtout à l’occasion du Théâtre que l’on voit régner aujourd’hui le désordre prédit par Saint Paul : la saine doctrine devient importune, on la rejette avec mépris, & l’on choisit en sa place des maximes agréables ; on prend pour guides des maîtres dont les idées sont plus assorties au penchant de la nature.
Tels sont, Mademoiselle, selon ce fameux Sceptique, les grands succès des Comédies de Moliere ; il a réformé des Petits Maîtres, des Précieuses ridicules, des manieres que les bienséances du monde ne pardonnent jamais, il est vrai, mais qui ne blessent en rien la Loi de Jesus-Christ.
On ne pourrait donc trop desirer que ces Enfans eussent des Maîtres pour les Sciences & les Arts les plus analogues au Comédisme.
Ceux qui n’étaient pas initiés aux mystères de ces Spectacles, avaient besoin d’un Maître qui leur en donnât l’explication ; l’usage apprenait aux autres a deviner insensiblement ce langage muet.
Nous défendons aux Peuples dans toutes les Villes de notre Empire les divertissements des Théâtres, et du Cirque le Dimanche, qui est le premier jour de la semaine, le jour de la Naissance de notre Sauveur Jésus-Christ, le jour de l'Epiphanie, les jours de Pasques, et de la Pentecôte, tant qu'on porte les habits blancs, qui par leur blancheur, comme par des rayons célestes figurent la nouvelle lumière qu'on reçoit au Baptême; Comme aussi les jours qu'on célèbre, avec grande raison la mémoire du martyre des Apôtres, qui sont les Maîtres de tous les Chrétiens; afin que les fidèles occupent tout leur cœur et tout leur esprit au service de Dieu, et que s'il y a encore des personnes qui suivent l'impiété des Juifs, ou l'erreur et la folie des Païens, ils reconnaissent que le temps des prières est bien différent du temps du divertissement, et des plaisirs, et afin que nul ne s'imagine qu'il est obligé d'assister aux Spectacles, ou de les représenter à notre honneur, par la vénération et le respect qu'il doit à la Majesté Impériale, sans avoir même égard au culte qu'on doit à Dieu, de peur de nous offenser en faisant paraître moins d'affection envers nous, qu'il n'avait accoutumé de faire; Nous voulons que tout le monde soit persuadé que le plus grand honneur que nous puissions recevoir des hommes, est que toute la terre rende à Dieu tout-puissant la soumission, et le service qui est dû à sa grandeur.
Comment peut-on concevoir que des chrétiens à qui on a fait connaître la nécessité de combattre leurs passions, croient qu’il leur soit permis de les nourrir, de les exciter, et d’appeler à leur secours des maîtres encore plus entendus à les faire naître et à les inspirer ?
Mais c’est le comble de la misère de ne pouvoir trouver de plaisir que dans ses propres maux ; de récompenser ceux qui les savent entretenir et les rendre incurables, au lieu de penser à les guérir ; et il est incompréhensible, que les Chrétiens qui doivent avoir appris qu’ils n’ont à combattre que leurs passions, croient qu’il leur soit permis de les nourrir, de les exciter, et d’appeler à leur secours des maîtres encore plus entendus à les faire naître et à les inspirer.
Je vous avouerai à cette occasion (contre l’opinion assez généralement établie) que le sujet de Venise sauvée k me paraît bien plus propre au Théâtre que celui de Manlius Capitolinus l, quoique ces deux pièces ne diffèrent guère que par les noms et l’état des personnages ; des malheureux qui conspirent pour se rendre libres, sont moins odieux que des Sénateurs qui cabalent pour se rendre maîtres. […] L’amour dans Corneille, est encore plus languissant et plus déplacé : son génie semble s’être épuisé dans Le Cid à peindre cette passion, et il faut avouer qu’il l’a peinte en maître ; mais il n’y a presque aucune de ses autres Tragédies que l’amour ne dépare et ne refroidisse. […] Mais quand la lumière sera plus libre de se répandre, plus étendue et plus égale, nous en sentirons alors les effets bienfaisants ; nous cesserons de tenir les femmes sous le joug et dans l’ignorance, et elles de séduire, de tromper et de gouverner leurs maîtres. […] » Cette critique est la seule qu’on puisse faire contre cette tragédie, et l’auteur, qui se l’était faite à lui-même, se justifiait en disant : « Qu’auraient pensé les petits maîtres d’un Hippolyte ennemi de toutes les femmes ?
On en fit un recueil de stratagêmes, pour faire réussir tous les crimes, favoriser toutes les passions, ménager toutes les intrigues, traverser tous les peres, maris, maîtres, exciter l’amour du libertinage, & le faciliter par le jeu infame des valets, des soubrettes & des confidens, qui furent toujours dans la Comédie les rôles les plus intéressans. […] Homere, le premier fertile en fictions, Transporta dans le Ciel toutes nos passions ; C’est lui qui nous fit voir ces maîtres du tonnerre, Ces Dieux dont un clin d’œil peut ébranler la terre, Injustes, vains, craintifs, l’un de l’autre jaloux ; Au sommet de l’Olympe, aussi foibles que nous. […] Ces Vers n’étoient d’abord que de la prose cadencée, comme étant nés sur le champ, & faits par un Peuple encore sauvage, qui ne connoissoit d’autres maîtres que la joie & que les vapeurs du vin. […] Livius Andronicus, Grec de naissance, esclave de Marcus Livius Salinator, & depuis affranchi par son maître, dont il avoit élevé les enfans, porta à Rome la connoissance du Poëme dramatique10. […] L’Auteur, qui étoit maître des événemens, a garanti son héroïne d’un adultere : mais une femme qui sera dans le cas de la Princesse de Cleves, & qui à son exemple croira pouvoir concilier l’amour d’un amant avec ce qu’elle doit à son mari, sera-t-elle de même la maîtresse de résister à tout ce que la passion a de plus séduisant, & à sa propre foiblesse ?
Ce sont des Femmes, des Musiciens, ou des petits Maîtres qui les chantent partout : or le goût de cette partie de la Société n’est pas fort difficile : il cesse donc d’être surprenant que des Ariettes mal écrites fassent le principal ornement des Tables, des Concerts, & de nos Spectacles. […] En osant me jouer de mon Maître, je fais trop ma cour au froid, au boursoufflé Monsieur de M… Sottises plaisantes de Pradon.
Ce peuple dans ses Edifices publics a toujours paru le Maître des autres. […] Bien différens de ces Peuples, qui dès qu’ils ont su faire des Vers, ont cru surpasser les Grecs, les Romains n’ont jamais prétendu marcher de pair : & dans tous les Beaux Arts, ils ont regardé les Grecs comme leurs maîtres.
« Le poète qui sait l’art de réussir, cherchant à plaire au peuple et aux hommes vulgaires, se garde bien de leur offrir la sublime image d’un cœur maître de lui, qui n’écoute que la voix de la sagesse ; mais il charme les spectateurs par des caractères toujours en contradiction, qui veulent et ne veulent pas, qui font retentir le théâtre de cris et de gémissements, qui nous forcent à les plaindre, lors même qu’ils font leur devoir, et à penser que c’est une triste chose que la vertu, puisqu’elle rend ses amis si misérables. […] « Pour multiplier ses plaisanteries, Molière trouble tout l’ordre de la société ; il renverse scandaleusement tous les rapports les plus sacrés sur lesquels elle est fondée ; il tourne en dérision les respectables droits des pères sur leurs enfants, des maris sur leurs femmes, des maîtres sur leurs serviteurs.
Je péchais, ô mon Dieu, en négligeant d’apprendre ce que m’enseignaient mes parents et mes maîtres (dans la jeunesse). […] Un jeune homme dans Térence voyant cet adultère peint dans un tableau, s’écrie : Pourquoi ne ferais-je pas ce que fait le maître des cieux ?
Néricaut Destouches), ne fût-ce que pour cette leçon sublime, donnée par un valet, qui offre le peu qu’il possède à son maître qui a dissipé d’immenses richesses. […] J’y vois un fermier honnête homme, réduit à la dernière misère par la dureté d’un maître avare et fastueux, et conduit en prison : je vois le fils de cet infortuné captif, racheter la liberté de son père au prix de la sienne : quel contraste touchant !
Les femmes ne sont pas plutôt habillées, qu’elles descendent dans les foyers, pour y faire la conversation, y recevoir les douceurs & les fleurettes du petit maître, du magnifique Financier, ou du Marquis important.
Soit que les Sujets soient épuisés, ou que ceux que l’on traite fournissent de quoi tomber naturellement dans des Scènes qu’on a déja vues, il me semble que je ne vois rien qui n’ait du rapport à ce que j’ai vu : et je ne puis m’empêcher de dire à la gloire de Racine, que tout ce qu’il a fait a toujours été nouveau, et que loin de ressembler à qui que ce soit, il a été assez Maître de son Génie pour ne faire aucune Pièce où il ait voulu se ressembler lui-même.
» « Ce texte, dit Tertullien, regarde les princes de la nation juive qui consentirent à la mort de Jésus-Christ : or les spectacles le font mourir une seconde fois ; ce sont des conventicules de Satan où la foi se détruit, où la morale de l’Evangile est combattue par des maximes détestables. » Cet oracle n’est pas le seul d’où Tertullien infère la condamnation des spectacles ; il ajoute ceux-ci tirés de l’Evangile et de l’apôtre saint Paul16 : « On ne peut servir deux maîtres, ni supposer aucun rapport entre la lumière et les ténèbres, entre la mort et la vie. » Si vous suivez Jésus-Christ, il faut renoncer au théâtre, la doctrine de l’un ne compatissant pas avec celle de l’autre.
A l’exemple des Financiers (car ce sont nos maîtres), le gentilhomme s’épuise, le bourgeois se ruine, le fils de famille vole son père, le marchand fait banqueroute, pour ce noble amusement.
L’Orateur en ce cas est un juge qui ne connaît rien au-dessus de lui que les lois, qui peut parler aussi fortement qu’il le juge à propos pour le bien public, parce qu’il a le droit de le faire, et qu’on n’en a aucun de lui refuser tous les éclaircissements qu’il demande, voilà pourquoi l’éloquence est plus forte et plus vive dans une République ; ici l’Orateur parle en maître, dans une Monarchie c’est un sujet qui doute, qui remontre, qui supplie, ici c’est un client qui parle à son Juge, là c’est un Rapporteur qui l’instruit. […] Molière aurait pu comme nos Auteurs d’à présent lui donner beaucoup de finesse, lui faire lancer des madrigaux et des épigrammes très aiguës contre la pédanterie des femmes savantes, mais il était trop grand maître pour cela, il a senti qu’il ne fallait opposer que du bon sens à l’abus de la science et de l’esprit, il a donc fait parler un homme sensé, simple, sans amour et sans galanterie, enfin un homme tel que celui que vous croyez qu’on n’a pas encore osé mettre sur la scène ; écoutez-le pour vous en convaincre. […] « Je connais tels de mes écoliers, dit le maître d’armes dans Timon Le Misanthrope, qui n’oseraient jamais se battre s’ils n’étaient sûrs de le faire sans péril. »ak Si les Spadassins sont haïssables vous m’avouerez que les lâches ne le sont pas moins ; la valeur est le seul rempart que la nature ait accordé aux hommes contre la violence : c’est l’unique obstacle que les Rois puissent opposer à l’ambition de leurs voisins ; c’est à la valeur qui menace et fait trembler les Machiavels, qu’on doit le salut et la tranquillité des Etats : tout homme qui n’a pas cette qualité de l’âme, peut avec raison être méprisé : on ne mérite pas la part que l’on a dans les biens de la Patrie quand on n’a pas le courage de la défendre. […] [NDE] Dancourt écrit « Tout-à-bas » : nous rectifions en Toutabas, nom du maître de trictrac dans la pièce de Regnard.
L’usage est le maître, l’enthousiasme & la flatterie ont passé. […] Dans quelque obscurité que le Ciel l’eût fait naître, le monde en le voyant eût reconnu son maître. […] Louis XIV étoit bien fait, il avoit l’air noble, grand, majestueux ; mais cent & cent personnes dans le Royaume étoient aussi bien, & mieux faits que lui, & le monde n’en eût pris aucun pour son maître.
Il étoit aux portes de Rome, qu’il alloit prendre sans résistance, lorsque le grand Saint Léon alla au-devant de lui, & lui parla avec tant de force, lui imposa si fort par sa vertu, que ce fameux conquérant quitta l’Italie, dont il s’étoit rendu maître, & s’en retourna dans son pays. […] Au milieu de cette scène bruyante, & dans le moment de la plus grande colere du maître, Chapelle son ami arrive qui l’appaise. […] Le Mercure, ami de l’auteur, adoucit quelques traits de la piece : il change le bouge au charbon en cabinet de toilette, la débauche de la servante en subornation pour changer de maître (grand intérêt pour le public, bien digne des frais de l’hypocrisie !
Ensuite l’Ecuyer Sancho s’accusant à Don Quichotte de quelque bévue, lui dit : « Considérez, mon cher maître, que nul homme n’est né sage : un Evêque même, sans politesse et sans éducation n’a rien de plus qu’un autre homme. […] « Il n’est pas étonnant que le démon se trouve le Maître dans ces criminelles assemblées. […] Car personne ne peut servir deux maîtres ; il ne peut y avoir d’union entre la lumière et les ténèbres, entre la vérité et le mensonge, entre la vie et la mort. […] Roscius était un si grand Maître dans sa profession, dit-il, qu’il méritait seul de paraître sur le Théâtre : mais d’un autre côté, c’était un si honnête homme que de toute sa troupe il méritait le moins d’y monter. […] [NDE] Le graveur Jacques Callot (1592-1635) est considéré un des grands maîtres de l'eau forte.
C’est aux soins de Me. votre épouse que je dois la révolution qui s’est faite dans mon ame. […] Son Aumônier, ancien Maître de musique, y bat la mesure ; les Enfans de chœur & tous les Chantres de la Cathédrale exécutent avec autant de ferveur qu’à l’Office.
Bonaventure, son condisciple, Albert le Grand & Alexandre de Hales, leurs maîtres, S. […] Je comprends que les gens de bien qu’on forceroit à y aller, que leur charge obligeroit d’y accompagner le Prince, comme Naaman, par l’avis du Prophète Elisée, accompagnoit le Roi de Syrie son maître au temple des Idoles, pourroient, en détestant ce culte sacrilège, élevant leur cœur à Dieu & l’adorant seul, être excusables & acquérir des mérites en faisant les fonctions de leur charge, de même que plusieurs Vierges Martyres ont remporté de grandes victoires jusque dans les lieux infames où les tyrans les faisoient traîner.
« interrogé ceux que Dieu nous a donnés pour Maîtres » ce sont les Peres de l’Eglise : j’ai rapporté leurs termes, je les ai pésés : ils nous disent d’un consentement digne des organes de la verité éternelle, que la Comedie est un divertissement indigne du Chrêtien. […] Après avoir vû cette passion si bien depeinte sur le Theatre avec toutes les couleurs de la parole, d’une expression douce, & de la declamation ; cette Fille commence à sortir de la sainte ignorance où elle éroit, & ce que la nature ne lui avoit pas encore appris, des Comediens & des Comediennes le lui apprennent comme les nouveaux maîtres de son prémier malheur, Ce métier apris à une si mechante école est secondé par les inclinations naturelles, & il ne laisse que les idées d’une douce passion ; ces idées lui reviennent souvent, & elles attaquent son innocence : il faut un miracle de la droite du Seigneur pour qu’il ne lui arrivent de grandes chûtes, qui, quoiqu’elles ne se commettent qu’interieurement, déviennent presque incurables, & entrainent la plûpart, qui les font, à la damnation éternelle.
Qu'on juge par là s'il est difficile de rendre la tragédie innocente, et si les maîtres de la morale évangélique ont prononcé avec raison, que le théâtre le plus épuré aux yeux du monde, sera toujours incompatible avec la vraie piété, et ne servira jamais qu'à réveiller des passions d'autant plus dangereuses, que nous en portons le germe dans la corruption du cœur. […] Les Chrétiens sous cet Empereur n'étaient pas les maîtres des théâtres, et ne s'étaient pas encore avisés d'en construire de particuliers dans les Collèges, et ce Prince ne l'aurait pas souffert.
La source de la damnation, dit Tertullien en parlant des Comédiens, est le mauvais usage de sa condition ; et au pis aller on pourrait ce semble les réduire à en juger de même que d’un valet dont le maître prête quelquefois à usure et quelquefois sans usure, ou d’un marchand qui vend des cartes à des personnes qu’on soupçonne tromper quelquefois au jeu. […] Si l’homme n’avait point été corrompu par le péché, et qu’il fût demeuré parfaitement le maître des mouvements de son cœur, on pourrait croire qu’en voyant la représentation d’une chose malhonnête, il laisserait le mauvais plaisir que la chose est capable d’inspirer, pour se rendre seulement sensible à la manière de la représentation ; mais dans l’état de la nature corrompue, ces deux plaisirs sont trop voisins pour pouvoir, moralement parlant, prendre l’un et laisser l’autre. […] [NDE : la citation est tronquée car l’interdiction frappe les maîtres d’escrime (gladiatores)]. […] [NDE] Le Maître est le nom du substitut du procureur du Roi qui requiert contre les entrepreneurs de mystère en décembre 1541. […] [NDE] Renvoi aux arguments de Le Maître, qui sont numérotés.
On n’est pas si réservé au foyer : mais vous êtes maître de n’y point aller ; cependant il ne s’y passe rien de grossier.
Que les Personnages de la Scene touchés de l’estime publique, soient pour les mœurs des Maîtres irréprochables.
Il est donc évident que ceux-là pèchent grièvement qui vont aujourd’hui au bal, et qui fréquentent la danse, à cause des dangers qui en sont inséparables, et auxquels ils s’exposent : car quand il pourrait se rencontrer quelque bal où l’on n’appellerait que les seuls parents, ou les seuls amis ; néanmoins il est vrai de dire absolument qu’il n’y peut avoir aujourd’hui aucune assemblée pour la danse où il n’y ait du danger, à cause de la corruption du siècle et des mauvaises coutumes qui s’y sont introduites, ne se tenant plus aucun bal où la jeunesse ne se rende, et où elle n’entre de gré ou de force ; et cet usage a si fort prévalu, que si on fait quelque assemblée pour la danse où on veuille faire ce choix des personnes honnêtes, parentes ou amies, et fermer la porte aux étrangères, on heurte insolemment, et on fait mille outrages et mille affronts au maître de la maison.
Mais par quelle voie ce maître absolu de ses bienfaits a-t-il voulu la faire arriver à ce bonheur si prodigieux ?
peut-être pénétré de ses premiers transports, il n’a pas été maître. […] Racine est un grand maître : c’est dommage qu’il enseigne si bien la plus dangereuse des passions ; il n’en est que plus dangereux. […] L’amour est un grand maître ; dans une seule leçon il fait d’une Religieuse une grande maîtresse : son noviciat est court. […] Tout rempli de Monval, il s’élance vers lui, & voit son maître, & jure de lui appartenir toute sa vie.
Mais parce que c’est quelque chose d’assez délicat, et que le point de la Question consiste à les bien accorder ensemble, je veux bien ne vous rien avancer de moi-même, et vous faire parler en ma place l’incomparable saint Thomas, lequel étant d’un côté un Père très religieux et un très saint Docteur de l’Eglise, et de l’autre l’Ange de l’Ecole, le Maître et le Chef de tous les Théologiens, me paraît tout-à-fait propre pour rassembler les sentiments partagés des uns et des autres, et pour nous tracer le chemin que nous devons suivre sans avoir peur de nous égarer. […] la Comédie, par exemple, que se récrie Tertullien, lorsqu’il dit : « N'allons point au Théâtre, qui est une assemblée particulière d’impudicité, où l’on n’approuve rien que ce que l’on improuve ailleurs ; de sorte que ce qu’on y trouve de plus beau est pour l’ordinaire ce qui est de plus vilain et de plus infâme, de ce qu’un Comédien, par exemple, y joue avec les gestes les plus honteux et les plus naturels ; de ce que des femmes oubliant la pudeur de leur sexe, osent faire sur un Théâtre, et à la vue de tout le monde, ce qu’elles auraient honte de commettre dans leurs maisons, où elles ne sont vues de personne ; de ce qu’on y voit un jeune homme s’y bien former, et souffrir en son corps toutes sortes d’abominations, dans l’espérance qu’à son tour il deviendra maître en cet art épouvantable. […] , qui dit formellement : « Que les Spectacles sont bons et permis s’ils sont accompagnés des précautions et des circonstances nécessaires. » Le Bienheureux Albert le Grand son Maître lui avait appris cette Doctrine : et les paroles que je lis à ce sujet dans saint Antonin Archevêque de Florence, sont trop précises pour ne pas vous les rapporter : « La Profession de Comédien, dit-il, parce qu’elle sert à la récréation de l’homme, qui est nécessaire pour sa vie, n’est pas défendue d’elle-même : de là vient qu’il n’est pas non plus défendu de vivre de cet artHistrionatus Ars, etc. in 3. p. summ. it. 8. cap. 4. seff. 12. scenicus ludus, etc. 2. p. sum. cap. 23. seff. 1. […] Il épousa, par contrat du 2 février 1638, Marguerite Baloré, fille d’un maître tailleur d’habits.