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166. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

De ce terrible état on passe à des railleries sur l’Eglise et sur ses Ministres, à un mépris général pour tout ce qu’elle prescrit : et voilà, mes Frères, comment les Spectacles sont ordinairement une source d’incrédulité. […] Terrible état ! où l’on s’imagine être vivant, et où l’on est véritablement mort, état où l’on persévère ordinairement jusqu’à la fin des jours, état qui est celui du plus grand nombre ; et Dieu veuille, mes Frères, que ce ne soit pas le vôtre, et qu’actuellement même que je vous fais voir le danger des Spectacles, vous ne murmuriez pas en secret contre la sévérité de cette morale, comme si elle n’était pas celle de l’Evangile, et comme si j’exagérais sur cette matière, uniquement à dessein de vous effrayer. […] L’Evangile est pour toutes les conditions et pour tous les états ; mais ce n’est ni en suivant le torrent du siècle, ni en se conformant à ses maximes, qu’on peut arriver au Royaume des Cieux.

167. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XV. La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe.  » pp. 61-63

La tragédie a donc tort, et donne au genre humain de mauvais exemples lorsqu’elle introduit les hommes et même les héros ou affligés ou en colère, pour des biens ou des maux aussi vains que sont ceux de cette vie ; n’y ayant rien, poursuit-il, qui doive véritablement toucher les âmes dont la nature est immortelle, que ce qui les regarde dans tous leurs états, c’est-à-dire, dans tous les siècles qu’elles ont à parcourir.

168. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

Une Comédienne qui n’observeroit pas exactement les modes reçues à la Cour & à la Ville, & qui iroit au-delà, feroit une faute contre son état, & s’exposeroit à des désagrémens. […] Quoique cet état soit pénible, par toutes les études qu’il exige, l’exercice n’en est pas journalier. […] Cependant, il y a des exemples que quelques Comédiens, même dans l’état où sont les choses, croyoient sans doute le pouvoir faire. […] Il y avoue à la vérité, que par la faute des Acteurs, des Auteurs, & des Spectateurs, le Théâtre n’est pas irreprochable ; mais il conclut, qu’il pourroit être propre à former les mœurs, & c’est, sans doute, la décision la plus favorable qui fût permise à un homme de son état.

169. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

On ne s’attache qu’à leur apprendre la politesse, les belles manieres & l’usage du monde ; en sorte qu’à dix ans ils sont en état de paroître dans ce qu’on appelle les meilleures compagnies, où on a grand soin de les présenter. […] Et cela par la même raison que celui qui s’est trouvé au milieu de la contagion, & qui a eu le bonheur de s’en sauver, est plus en état d’en faire une description exacte…. […] Ce savant Docteur suppose comme certain, ce qu’il a déjà prouvé dans la Question 87, art. 2, que ce sont des gens méprisables par leur état, la bassesse de leurs sentimens, & souvent par la corruption de leurs mœurs, qu’on peut regarder avec autant de mépris que les filles prostituées ; & que ce qu’ils ont gagné par leurs farces est un bien mal acquis. […] Après avoir vu la tendresse conjugale tournée au ridicule, une femme rentre-t-elle bien pénétrée des devoirs de son état & des sentimens qu’elle doit à son époux ?

170. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Ce ne sont pas les seules de votes, dont elle se raille, qui doivent faire des actions surnaturelles pour être dans la voie du salut : on ne se sauvera nulle part, & en nul état, si on n’y pratique des œuvres meritoires. […] A Dieu ne plaise, que je lui veuille inspirer un état plutôt que l’autre : il n’appartient qu’à Dieu de lui marquer la route où elle doit entrer : & ce doit être l’effét de la vocation du ciel, & non point du conseil des hommes. On trouve des élus en toutes sortes d’états : mais on n’en trouve jamais, s’ils ne s’opposent aux maximes du monde, & s’ils n’agissent pas par le mouvement de la grace. […] Si après cela on sent la tentation, on est hors d’état de se défendre : ce n’est que foiblesse, que misere, que lacheté, qu’épaisses tenébres, qu’irresolutions.

171. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

On attribue ce roman au commis d’un secrétaire d’état, qui aimoit la lecture de ces livres, qu’on voulut corriger ou plutôt ridiculiser. […] Dom Quichotte est une satyre de l’univers : tous les états y sont satyrisés, tous les personnages sans nombre qui y paroissent, déchirés ; &, pour y donner plus de jeu, tout y est mis en dialogue.

172. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

On ne saurait reprocher à l’Opéra-Bouffon ou à la Comédie mélée-d’Ariettes, de ne point conserver à ses personnages l’état & les mœurs qu’ils ont d’abord. […] Leurs mœurs & leur état ne varient jamais.

173. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie. » pp. 6-15

Ce n’est pas moi, qui vous en suis témoin, Madame : car vous sçavez, que je suis d’un état qui par lui-même m’interdit de pareils spectacles : mais ce sont des personnes de vôtre rang qui ont eu le malheur de s’y trouver : ce sont des personnes de vertu & de probité, à qui une curiosité indigne de leur âge & de leur emploi avoit persuadé d’assister aux Comedies qu’on represente chez vous, qui avouent tous d’un consentement unanime, que le nouveau Theatre est un ecueil contre lequel échoue la chasteté chrétienne, que ces Comedies sont, principalement pour les jeunes gens, une école de libertinage, & que la contagion d’impureté est d’autant plus à craindre, qu’elle y est plus deguisée & plus rafinée. […] Leur morale s’addressa à tous états, à tous esprits, & à toutes sortes de caracteres : car ils ne distinguerent ni qualité, ni conditions, ni temperamens, ni dispositions du cœur.

174. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Ce branlement des mains et des pieds, cette évagationk et impudence des yeux, tous ses gestes, aussi blâmables que visibles, montrent qu’il y a quelque chose dans l’intérieur, qui répond au dérèglement extérieur : ceux qui font état de la modestie, fuient toutes ces occasions de dissolution ; après tout, quel plaisir trouve-t-on dans un divertissement qui lasse plus qu’il n’allège, et qui est aussi ridicule qu’il est honteux : Véritablement si l’extravagance ne s’était naturalisée dans nos mœurs, nous nommerions folie ce qu’on nomme gentillesse : et c’est à bon droit qu’on appelle des joueurs à ces assemblées, afin que l’âme étant occupée par l’oreille, les yeux ne s’offensent pas de tant de mouvements irréguliers, cela veut dire qu’une sottise en couvre une autre, ce qu’on appelle une école de gaillardise : c’est un apprentissage d’impudicité. […] Augustin, que quiconque veut vivre Chrétiennement, il faut faire état de vivre dans un continuel martyre. 4. 

175. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

En vain ai-je essayé de leur démontrer l’inconséquence de leurs raisonnements, et l’impossibilité d’accorder la vanité de l’amour propre, avec un aveu aussi humble et aussi chrétien qui l’écrase et qui l’atterre, qui soule aux pieds des lauriers cueillis, et ceux dont vous êtes encore en état de vous couvrir. […] Il vous fait faire un hors de propos grossier de vos Ecrits dramatiques avec ce phénomène, en supprimant vos réflexions sensées sur le peu d’utilité pour les mœurs de l’exactitude dans nos spéculations astronomiques, lorsqu’elles ne nous mènent point à réfléchir sur notre destinée éternelle, et à l’état où nous serons pour toujours au retour de cette Comète.

176. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — I. Fin principale de l’Incarnation du Verbe. » pp. 5-6

Il tremble à la vue du péché, dont cet affreux état est la juste punition.

177. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre V. Il n’est point de Drame sans Mœurs. » pp. 139-141

Le Poète qui veut travailler pour le Spectacle moderne doit être en état de sentir ces nuances, & de les faire délicatement distinguer.

178. (1751) Avertissement (Les Leçons de Thalie) pp. -

L’attention que l’on a apportée au choix des matières, puisées dans les meilleurs sources ; les maximes appliquées aux différents morceaux choisis pour former ce Recueil, n’en seront pas le moindre ornement, et nous donnent lieu d’espérer qu’il sera reçu favorablement du Public et lu sans scrupule par les personnes des états les plus sérieux.

179. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

Oserait-on dire, pour s’excuser, que la comédie est une bienséance, une nécessité d’état et de profession ? […] Quelle nécessité que tant de monde apprenne si fort à danser, à chanter, à jouer des instruments, le dispute aux danseurs et aux musiciens de profession, emploie à grands frais les années entières à des exercices pour le moins inutiles, et néglige les études sérieuses, les devoirs de son état, ses propres affaires ? […] Avec ses amis et ses égaux on peut être simple et modeste ; on est ici trop mêlé avec le beau monde, pour se renfermer dans la médiocrité de sa fortune et de son état ; on rougirait de la différence, on n’épargne rien pour lutter avec eux, on goûte aisément ce qui flatte, et on se livre au luxe et à la vanité.

180. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Il en excepte pourtant ceux d’Italie, où la coutume semble avoir prescrit contre la bienséance de leur état. […] Mais dans l’état où ils sont aujourd’hui, il y auroit bien du chemin à faire ». […] Ce n’est de même qu’aux Magistrats, déserteurs des obligations de leur état, que M. […] Les Financiers qui exercent leur état avec probité, méritent de la considération. […] Ce seroit encore un titre usurpé, si notre Théatre, dans l’état où il est, l’adoptoit.

181. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Il termine sa dissertation par ces paroles où il y a du vrai : Elles furent abolies en 1560 par l’ordonnance d’Orléans ; leur nombre ne diminua pas, quoique leur profession ne fût plus regardée comme un état ; en leur défendant d’être nulle part, on les obligea de se répandre par-tout. […] Il fait à propos de rien une longue dissertation pour prouver qu’on ne doit faire la profession religieuse qu’à vingt-cinq ans, qu’un million six cents mille personnes s’exposent à passer leur vie dans le repentir, l’amertume, le désespoir & l’horreur d’un état si précipitamment embrasse. […] Il est vrai qu’on mettoit un Oblat dans chaque Abbaye, mais quelle petite-ressource pour ceux que la guerre met hors d’état de subsister ! […] Pour mettre le Marchand de niveau avec le Comédien, il a l’injustice de présenter un Marchand véritablement coupable & en état de péché mortel par sa conduite. […] Qui doute qu’un tel Marchand, qui de sa boutique fait un théatre, ne soit en état de péché, & par conséquent le Comédien qu’il imite ?

182. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Moliere n’a rien écrit sur son art, & je doute qu’il fût en état de le faire : il n’avoit jamais étudié. […] Le parterre, les loges sont-ils bien en état de suivre les combinaisons d’une profonde politique ? […] Richelieu & Mazarin avoient fait des profusions énormes ; elles furent sans conséquence, personne ne se crut ni obligé ni en état d’imiter le premier Ministre. […] Né avec un esprit de réflexion (continue cet Auteur) prompt à remarquer les expressions & les mouvemens des passions dans différens états, & à saisir l’homme tel qu’il est, & en habile peintre exposer les plus secrets replis de son cœur. […]   Enfin la douce égalité Confond tous les états, rend la scene commune, Sans égard pour le nom, le rang ni la fortune ; Les éloges flatteurs y sont pour la beauté.

183. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Privilége du Roi. » pp. 369-370

Faisons défenses à tous Imprimeurs, Libraires, & autres personnes, de quelque qualité & condition qu’elles soient, d’en introduire d’impression étrangere dans aucun lieu de notre obéissance ; comme aussi d’imprimer, ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire ledit Ouvrage, ni d’en faire aucun extrait, sous quelque prétexte que ce puisse être, sans la permission expresse & par écrit, dudit Exposant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confiscation des Exemplaires contrefaits, de trois mille livres d’amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris, & l’autre tiers audit Exposant, ou à celui qui aura droit de lui, & de tous dépens, dommages & intérêts : A la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impression dudit ouvrage sera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & beaux caractères, conformément aux Réglemens de la Librairie, & notamment à celui du 10 Avril 1725, à peine de déchéance du présent Privilége ; qu’avant de l’exposer en vente, l’Imprimé qui aura servi de copie à l’impression dudit Ouvrage, sera remis dans le même état ou l’Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, Chancelier de France, le Sieur de Lamoignon, & qu’il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothéque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle dudit Sieur de Lamoignon, & un dans celle de notre très-cher & féal Chevalier, Vice-Chancelier, & Garde des Sceaux de France, le Sieur de Maupeou : le tout à peine de nullité des Présentes.

184. (1775) Voyage en Italie pp. 206-208

Les Spectacles inquiètent si peu les consciences Italiennes, que ceux qui sont chargés par état d’édifier le public, les fréquentent sans scrupule et sans scandale.

185. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VI. Des Comédiens français rétablis dans leurs droits civils et religieux, à raison de leur profession, et entièrement affranchis des anathèmes et des excommunications de l’Eglise. » pp. 130-133

S’il en était autrement, il y aurait de la barbarie à engager des citoyens, à les exciter à embrasser un état qui les dévouerait à l’infamie et les exposerait à essuyer des outrages si affligeants pour leurs familles.

186. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Hors d’état de rendre raison d’aucune des choses qui sont dans son tableau, il nous abuse doublement par ses imitations, soit en nous offrant une apparence vague & trompeuse, dont ni lui ni nous ne sçaurions distinguer l’erreur ; soit en employant des mesures fausses pour produire cette apparence, c’est-à-dire, en altérant toutes les véritables dimensions selon les loix de la perspective : de sorte que, si le sens du spectateur ne prend pas le change & se borne à voir le tableau tel qu’il est, il se trompera sur tous les rapports des choses qu’on lui présente, ou les trouvera tous faux. […] S’agit-il des devoirs de la vie, du sage gouvernement de la maison, de la conduite d’un citoyen dans tous les états ? […] Si l’utilité, la bonté, la beauté d’un instrument, d’un animal, d’une action se rapportent à l’usage qu’on en tire ; s’il n’appartient qu’à celui qui les met en œuvre d’en donner le modèle & de juger si ce modèle est fidelement exécuté : loin que l’imitateur soit en état de prononcer sur les qualités des choses qu’il imite, cette décision n’appartient pas même à celui qui les a faites. […] La scène représente donc tous les hommes, & même ceux qu’on nous donne pour modèles, comme affectés autrement qu’ils ne doivent l’être pour se maintenir dans l’état de modération qui leur convient.

187. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

La Tragédie de Britannicus en cet état pourrait être mise au nombre des meilleures et des plus estimables, et serait très convenable au nouveau Théâtre. […] Dans cet état la Tragédie des Horaces serait admirable pour le Théâtre de la Réformation. […] La Tragédie de Médée, réduite en cet état, me paraîtrait assez convenable pour le Théâtre de la Réformation. […] La Tragicomédie d’Agrippa ou du faux Tibérinus, mise en cet état, me paraîtrait très convenable pour le nouveau Théâtre.

188. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

La critique y étoit présentée d’une maniere générale pour ne blesser aucun Citoyen ; ayant dégénéré en différents temps, la République la rétablit toujours dans son premier état de pureté. […] La plupart ont considéré le Théâtre dans son état de relâchement & de licence.

189. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Les Ennemis du Spectacle, qui s’en éloignent par état, ou par préjugé, reviendraient bientôt de leur erreur, s’ils en parlaient avec connaissance de cause. […] Si vous voulez que les Spectacles soient regardés comme une école de la vertu, & une occupation digne des honnêtes-gens, ôtez la tache qui flétrit, en France seulement ceux qui s’y consacrent par état.

190. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Galanterie, haine, farces, mariages préparés par la passion, terminés par la fourberie, ruses pour tromper les parents & les maris, acteurs, actrices de mauvaise vie, spectateurs libertins, femmes dans un état indécent qui représentent des passions étrangéres, expriment & satisfont leur propre passion. […] Les Trétaux n’ayant ni état fixe, ni caractère décidé, ni matiere propre, ni troupes formées ; ces rapsodies, ces charlataneries ne signifioient rien ; sur quoi auroit-on prononcé une décision précise ? […] Des troupes innombrables de Comédiens & de Comédiennes, formés, agguerris, exercés, qui font dans l’état un corps établi, une profession décidée, qui ont des bâtimens magnifiques, des revenus fixes, des richesses considérables, des troupes de gens constamment sans mœurs, sans Réligion, sans décence, qui passent leur vie dans la débauche, & y entretiennent ceux qui les fréquentent ; des armées de libertins, de gens frivoles, qui vont y perdre leur tems, leur argent, leur santé, leur conscience : des armées de coquettes ; des femmes mondaines qui vont y offrir leur cœur & leur charmes, & tendre des piéges à tout le monde. […] Le théatre a eu depuis peu d’années deux adversaires d’un grand poids, Gresset & Rousseau, deux grands maîtres, célebres dans la République des lettres, gens de beaucoup d’esprit, en état d’en juger, tous deux amateurs déclarés, tous deux compositeurs distingués, & qui en ont par eux-mêmes senti le danger, & se sont déclarés hautement contre lui, deux phénomenes bien dignes d’attention, l’un par des principes de Réligion dont il fut toujours rempli, qu’il suivit d’abord en se consacrant à Dieu dans un ordre Religieux, qu’il a suivi de nouveau après quelque éclipse, en embrassant dans le monde la vie la plus édifiante ; l’autre, malgré les préventions de l’irréligion manifestée à l’Europe, de la maniere la plus éloquente & la plus scandaleuse ; mais entraîné malgré ces ténébres par la force de la vérité. […] Il abandonna le gouvernement de ses états, & courant les bois comme Nabuchodonosor, il appelloit à grands cris Mariamne, comme si elle eût été vivante : il en fut malade à l’extrémité, ne guérit jamais parfaitement, & devint sombre, farouche, de mauvaise foi, d’une humeur insupportable ; mourut enfin misérablement, & termina sa vie par un trait de cruauté sans exemple dans l’histoire.

191. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

La danse embellit & perfectionne, pose le corps dans l’état d’équilibre le plus propre à la souplesse & à la légereté, & fait agir avec plus d’aisance & de promptitude. […] C’est pour exprimer leur respect & leur gratitude envers Dieu, que la danse sacrée fut la plus ancienne, & la source où l’on puisa toutes les autres ; que dans toutes les anciennes religions les prêtres furent danseurs par état, parce que la danse étoit une partie du culte. […] Y trouve-t-on des Apôtres danseurs par état ? […] David danse devant l’Arche : cette danse que l’Ecriture rapporte, ne blâme ni n’approuve, qui fut blâmée par son épouse, comme indécente, qui l’est en effet, & n’est excusable que par la bonne intention du prince ; cette danse n’étoit point une partie du culte, elle n’étoit pas prescrite par la loi ; David, qui dansa seul, n’étoit pas prêtre & danseur par état : n’eût-il pas dansé, le cérémonial n’eût pas été moins rempli. […] L’Abbé, danseur par état, n’a pas lu l’Evangile.

192. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Le Médecin s’occupe de l’état actuel de son malade, non de l’état possible de sa santé. […] Corrigée de la malignité d’Aristophane, de l’obscénité de Plaute, des intrigues libertines de Térence, elle étale les biens qu’elle fait ; elle corrige les petits-maîtres, les précieuses, les mysantropes, les femmes savantes, les malades imaginaires, & elle a des écoles pour tous les états. […] Il est vrai que par une longue liste de Casuistes de tous les ordres & de tous les états, le P. […] Comme si tout cela ne formoit pas l’entretien & l’encouragement d’une troupe de gens infames, dévoués par état à inspirer le vice, qui l’inspirent toujours & corrompent le cœur, même en représentant des choses saintes.

193. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Ils vont à la Comédie remplis des plus funestes habitudes : la Comédie ne fait que les entretenir dans l’état où elle les trouve ; ils n’ont garde de sentir son action. […] Les Païens qui n’avaient rien qui les rappelât à la raison, qui n’avaient nulle connaissance de leur état, qui corrompaient toute l’idée que chacun a de la perfection, qui se fabriquaient des Religions uniquement propres à entretenir les passions, ont excellé dans cet art ; et regardant l’homme ou par l’excellence de sa nature, ou par le ridicule de sa conduite, sans pénétrer jusqu’à la source de nos maux, ils ne débitaient que des bouffonneries, ou des vertus chimériques. […] Mais si tant de grands hommes revêtus des premières dignités de l’Eglise font si bien d’assister à la Comédie, d’où vient qu’il dit de lui, « qu’étant Prêtre, et devant l’exemple aux Fidèles il ferait autant de scrupules de s’y trouver que dans aucune autre assemblée de grand monde dont son état le doit éloigner Page 37. […] Son état est-il plus saint que le leur ? […] Et il s’ensuit de là, ce me semble, qu’un certain Auteur qui s’est imaginé « qu’il faudrait ou fermer le Théâtre, ou prononcer moins sévèrement sur l’état des Comédiens », n’a pas trop bien rencontré.

194. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [I] » p. 418

Si l’on considère le but de nos Spectacles, & les talens nécessaires dans celui qui sait y faire un Rôle avec succès ; l’état de Comédien prendra nécessairement dans tout bon esprit ; le degré de considération qui lui est dû.

195. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

Pontife, ajoutent-ils, que Dieu a appelé de cette vie à une meilleure, nous avait mis dans un grand accablement nous voyant ainsi destitués de notre Pasteur ; mais la bonté divine n’a pas laissé longtemps en cet état ceux qui espéraient en lui.

196. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XI. Les pères et mères perdent leurs enfants en les conduisant ou en leur permettant d’aller aux spectacles. » pp. 105-107

On ne s’attache à leur apprendre que la politesse, les belles manières et l’usage du monde ; en sorte qu’à dix ans ils sont en état de paraître dans ce qu’on appelle les meilleures compagnies, où on a grand soin de les présenter.

197. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « PRIVILEGE DU ROI. » pp. -

Faisons défenses à tous Imprimeurs, Libraires, et autres personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, d’en introduire d’impression étrangère dans aucun lieu de notre obéissance ; à la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Imprimeurs et Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impression dudit Ouvrage sera faite dans notre Royaume, et non ailleurs, en bon papier et beaux caractères, conformément à la feuille imprimée attachée pour modèle sous le contre-scelb des Présentes ; que l’Impétrant se conformera en tout aux Règlements de la Librairie, et notamment à celui du 10 Avril 1725 ; qu’avant de l’exposer en vente, le manuscrit qui aura servi de copie à l’impression dudit Ouvrage sera remis, dans le même état, où l’approbation y aura été donnée, ès mains de notre très cher et féal Chevalier, Chancelier de France, le sieur de Lamoignon, et qu’il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notre dit très cher et féal Chevalier, Chancelier de France, le sieur de Lamoignon, et un dans celle de notre très cher et féal Chevalier, Garde des Sceaux de France, le sieur de Machault, Commandeur de nos Ordres ; le tout à peine de nullité des Présentes.

198. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE III. Réflexions sur le renouvellement du Théâtre. » pp. 36-41

Le voilà pour lors dans la règle en partie ; mais, par un aveuglement inconcevable, ce même Public, qui se range, par caprice, du parti des bonnes mœurs, a une prédilection marquée pour la passion d’amour ; il n’en apperçoit pas les dangereuses conséquences, et il passe légérement sur tout ce qu’elle peut avoir de funeste ; parce qu’il aime cette passion, dans quelque état qu’on la lui présente.

199. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « V. » pp. 23-26

Je me contenterai d’avertir ici que dans votre Dictionnaire faire refleurir la Religion et la piété dans un Diocèse, c’est y mettre le trouble et la confusion ; c’est en bannir les Ecclésiastiques les plus éclairés et les plus pieux, ou les mettre hors d’état de servir l’Eglise ; en un mot, c’est ruiner en deux ou trois mois, autant que l’on peut, le fruit d’un long et pénible travail de tout Evêque, quelque Saint qu’il eût été, qui n’aurait pas approuvé vos mauvaises maximes et votre conduite relâchée.

200. (1715) La critique du théâtre anglais « PREFACE DE L’AUTEUR » pp. -

Au reste, je ne rapporterai qu’un très petit nombre d’endroits de nos Poètes, eu égard à la multitude infinie qu’ils sont en état de me fournir ; L’Anglais dit : Un Inventaire de leurs meubles eût été etc.

201. (1731) Discours sur la comédie « PRIVILEGE DU ROI. »

Livres, seront remis dans le même état où les Approbations y auront été données, ès mains de notre très cher et féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur Chauvelin, et qu’il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, et un dans celle de notredit très cher et féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur Chauvelin ; le tout à peine de nullité des Présentes.

202. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 19-20

donc ce n’est pas un divertissement innocent, car on ne se repent pas de ce qui est innocent ; donc ce confesseur qui ne vous en fait pas repentir ne fait pas son devoir, car il ne vous doit pas laisser sortir du confessionnaire qu’au même état qu’il voudrait vous présenter au jugement de Dieu.

203. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Gens de considération & de toute sorte d’états sont dans l’habitude d’y aller, sans prétendre commetre le moindre mal. […] L’office des baladins (c’est le terme dont il se sert, Officium histrionum) n’est pas en soit illicite & défendu, quand il n’a pour but que de réjouir le monde ; ils ne sont pas en état de péché par le seul endroit de ces sortes de jeux, pourvû qu’ils en usent avec modération, c’est-à-dire, qu’ils ne se servent pas de paroles indécentes, mauvaises & dissolues, ou qu’ils ne fassent point d’actions contraires à l’honnêteté. » Il est donc évident que ce saint Docteur en parlant de la sorte, n’a jamais prétendu justifier la comédie, telle que l’ont condamnée les saints Docteurs. […] P., je ne croi pas que tous les comédiens soient damnés, car ils ne sont pas encore tous morts ; & l’on ne peut être damné qu’après sa mort : mais je les croi tous en état de damnation ; & ils courent grand risque de l’être, s’ils ne quittent pas une profession si indigne, & s’ils ont le malheur de mourir dans la résolution de continuer toujours un métier si hazardeux. […] Dieu a établi tous les états différens de la vie qui sont honnêtes & légitimés ; mais il n’a jamais établi la comédie.

204. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

Il n’y a que les personnes graves par état, qui à la Cour se distinguent par la queue, dont la longueur tarisée atteste la dignité. […] Cette raison de modestie a fait prendre l’habit long aux femmes dans tous les pays du monde, à tous les Religieux sans exceptions, & la soutane à tous Ecclésiastiques Bénéficiers, ou dans les Ordres sacrés, & leur a fait défendre à tous de la tenir levée, & de laisser voir les habits de dessous, dont ordinairement le luxe & le faste, qui le disputent à celui du monde, sont si contraires à leur état ; contraste indécent & ridicule contre la modestie de la forme de l’un & la vanité du prix de l’autre. […] Cet excès n’est pas moins contraire à la simplicité, à l’humilité de l’état, que les habits courts le sont à la gravité & à la modestie ; & souvent par un nouveau ridicule ceux qui par air de grandeur traînent de longues queues, relevent la soutane par élégance. Doublement ridicules, utremêlant les deux extrémités opposées, ils violent doublement les loix & la décence de leur état.

205. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

C’est ainsi, dit le Prophète Royalg, en se plaignant de ces excès, que l’on ajuste, et que l’on pare les Filles du siècle, que l’on veut produire, et que l’on souhaite de faire paraître au grand jour : en sorte, dit-il, qu’elles sont en état de tenir la place d’une Idole au milieu d’un Temple, pour recevoir les encens, les adorations et tous les honneurs, qui ne sont dus qu’a Dieu seul. […] Je vous laisse à penser, si dans cet état il y a un Dieu pour elle ; et si son souvenir n’est pas effacé de sa mémoire, comme s’il n’avait jamais été, ou qu’il dût bientôt n’être plus. […] Ce bon Prince, après avoir travaillé dans son cabinet aux affaires de son état, voulut aller prendre l’air sur un balcon de son Palais qui était fort élevé, de là portait ses yeux sur la campagne, ils tombèrent malheureusement sur une belle femme, qui était dans un jardin disposée à se rafraîchir dans un bain. […] On ne devient pas libre dans l’esclavage : car lorsqu’on converse avec les femme, Platon dit qu’il en sort de certains esprits lymphatiques, qui s’unissant à ceux qui sortent de nous, forment la chaîne qui nous serre, et nous captive ; ce sont des vapeurs malignes qu’exhale notre concupiscence, qui se joignant à celles qu’elles rencontrent, s’épaississent et se condensent, en sorte qu’il se fait une espèce de soudure qui unit et qui attache l’un à l’autre inséparablement ; de sorte que comme pour séparer deux choses étroitement unies, il faut faire des efforts violents, et mettre de l’espace entre deux, de même il faut absolument que vous vous résoudiezl à vous séparer de toutes les compagnies dangereuses, et vous en éloigner de fort loin, de peur qu’elles ne vous rejoignent, et ne vous fassent revenir dans votre premier état.

206. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Aucun état dans tous les temps ne s’est plus déclaré contre lui qui la Magistrature ; les canons des conciles, les Pères de l’Eglise, les livres de piété n’ont jamais parlé plus fortement et plus constamment. […] Aussi ne tient-il que peu à la robe ; il ne fut que cinq ou six mois Conseiller au Parlement de Bordeaux ; il n’aimait pas un état où il n’avait pas « les coudées franches ». […] Cicéron ne conteste pas la justice de ce reproche en général ; il se retranche sur le mérite personnel de Roscius, qui bien loin d’être infecté des vices de son état, était par une espèce de prodige plus honnête homme qu’habile acteur :«  Audaciter dico plus fidei quam artis, plus veritatis quam disciplinæ possidet, quem populus Romanus meliorem virum quam Histrionem arbitratur. » Une pareille exception fait-elle l’éloge de la profession et de ceux qui l’exercent ? […] Tout cela n’a rien de légal, et ne forme point un état avoué par les lois.

207. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

parler le langage du vice, en prendre les allures, en peindre les horreurs, en excuser les excès, en inspirer le goût, en faire sentir les mouvements, en ouvrir l'école, en donner des leçons, l'ériger en vertu, tromper, aveugler les hommes, fixer leur attention sur des objets méprisables et criminels, effacer les idées des biens et des maux éternels, pour ne mettre le bonheur ou le malheur que dans le succès ou les obstacles de la passion, s'en faire un art, un métier, un état de vie, y consacrer tous ses talents, ses moments, ses forces, sa santé ! […] En parlant de son habit, et de son état, cet Abbé dit avec la plus insolente indécence : « Cet habit-là, Madame, et rien, c'est à peu près la même chose ; on le prend pour tromper les yeux. […] Je me confie à vous, à peine sais-je lire, j'ai pris cet attirail par prudence et par goût, enfin comme un passe-partout : c'est moins un état qu'un maintien. […] On nous goûte en faveur de la frivolité ; c'est en elle aujourd’hui que mon état consiste : avec quatre doigts de batiste nous acquérons le droit de l'inutilité, nous nous insinuons toujours dans le ménage, on y donne le ton, on joue un personnage, etc.

208. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIV. Le sentiment, juge plus sûr que le goût. Celui-ci préféré au premier. Pourquoi ? Amour du Théatre, funestes à ses progrès. Honneurs avilis en devenant trop communs. Cabales. Leurs effets, & les moyens qu’on employe pour les éluder.  » pp. 129-150

Outre que la représentation, pour nous renfermer dans le Théatre, en mettant sous les yeux tous les ressorts, toutes les machines d’un Drame, affecte plus distinctement que la lecture ; il nous semble que le public est, dans son état naturel, éclairé par un guide plus fidéle que celui des Gens de Lettres. […] Un bruit terrible les arrête plusieurs minutes : ils oublient l’esprit de leur rôle : ils sortent de l’état où ils s’étoient mis avant d’arriver : ils n’y rentrent qu’avec effort, & souvent aux dépens de la vérité & de l’illusion.

209. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Protectrices du vice opulent, redoutées de la vertu indigente, le grand ressort de toutes les intrigues, elles voient à leurs genoux les hommes de tous les états. […] Je sais qu’il y a des Ecclésiastiques qui deshonorent leur caractere, il y en a dans tous les états. […] Voilà en effet l’état actuel du Théatre qu’on appelle décent. […] Non, disent les comédiens ; cette somme ne se reçoit pas à la porte, notre caissier la reçoit dans son bureau : elle n’est donc pas dans l’état de la recette dont parle le réglement. […] L’état & la discipline de la nouvelle Troupe furent réglés par différens arrêts du Conseil.

210. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

, comme un soldat est censé deserteur de milice, perfide à l’état, & traître à son Prince, qui passe dans le camp des ennemis, aprés avoir quitté son baudrier & ses armes, aprés avoir abandonné son drapeau & son étendart, & aprés avoit violé le serment de fidelité qu’il avoit prêté à son Capitaine ; de même le Chrétien est coupable d’une pareille trahison qui va à la comedie : car si l’Eglise est semblable à une armée rangée en bataille, ut castrorum acies ordinataCantic. 6. […] Comme Dieu qui en est le Createur, est infiniment bon, il leur a fait part de sa bonté, en les tirant du neant pour leur communiquer l’être ; & comme le diable qui est leur corrupteur, est extrêmement méchant, il leur a fait part de sa malice, en les tirant de leur état naturel, pour les faire servir, non pas à l’utilité & au salut de l’homme, selon le dessein que Dieu en avoit eu, mais à sa damnation & à sa perte, selon le projet qu’il en a formé. […] QVand je considere l’état d’un Chrétien je trouve que tout ce qu’il y a de plus grand & de plus inviolable dans sa profession, l’oblige à une parfaite innocence de vie, & à une eminente sainteté de mœurs. […] Paul, qu’à un état de sainteté & d’innocence, non enim vocavit nos Deus in immunditiam, sed in sanctificationemEpist. […] Voulez-vous des spectacles de pompe & de gloire, considerez l’état de l’Eglise triomphante, les chœurs des Anges, la joye des Saints enyvrez d’un torrent de delices & de voluptez eternelles.

211. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  AVERTISSEMENT. DU LIBRAIRE. » pp. -

Notre Avertissement du premier Tome a fait connoître que l’Ouvrage dont nous donnons une nouvelle Édition, a été honoré de suffrages très-flatteurs de la part de personnes en place, qui, par état, sont dans le cas de s’intéresser avec plus de zele aux mœurs.

212. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Peut-on même regarder sans admiration ces branches ornées des trophées de leurs aïeux, ou des bourses coloriées de leurs peres, qui ont acheté la noblesse, ou leur état ? […] Le commerce des Juifs du temps de Salomon ne dura qu’un siecle : il suffit pour changer tout dans l’état. […] Les richesses avoient fait naître le luxe, le luxe les épuisa & les fit désirer avec ardeur ; l’insatiable soif s’empara de tous les cœurs, & gagna tous les états. […] Tout le monde sait l’origine des trois premiers, Seine, riviere, du mot latin Sequana, doit s’écrire avec une S & e, Seine ; sain, saine, en bon état, en bonne santé, du mot latin sanus, sana, demande un S & un a. […] Tous les jours les défauts, les foiblesses, l’ignorance d’un précepteur décréditent ses instructions, en rendant sa personne méprisable, & l’on veut qu’un enfant respecte un chien & un âne, se forme à son école, & qu’il prenne pour vrai ce qui n’est pas même vraisemblable, ou plutôt ce qui est contre la nature & l’état des choses qu’il connoît le mieux !

213. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Cette grande affaire d’état est portée à l’Empereur, qu’on fait venir de 800 lieues pour la juger. […] Un des Officiers, parlant de la persécution autorisée par l’Empereur, dit : Il se trompe, un sujet gouverné par l’honneur, Distingue en tous les temps l’état & la croyance, Le Trône avec l’Autel n’est point dans la balance. Ces grands mots état, croyance, Trône, Autel, balance font une comparaison odieuse & fausse dans l’objet de l’Auteur. […] Rien n’est changé, ni dans leur état, ni dans leur créance. […] leurs anciens habits font un contraste risible avec leur état présent.

214. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Ainsi l’emploi des Comédiens établi pour donner aux hommes une recréation honnête, n’a rien, selon moi, qui mérité d’être défendu, et je ne les crois pas en état de péché, pourvu qu’ils n’usent de cette sorte de jeu qu’avec modération, c’est-à-dire qu’ils ne disent ou ne fassent rien d’illicite ; qu’ils ne mêlent point, comme on dit, le sacré au profane, et qu’ils ne jouent point en un temps défendu. […] La seconde, qu’il ne faut pas croire en état le péché les Comédiens qui passent toute leur vie sur le Théâtre, et moins par conséquent les Auteurs qui leur donnent des pièces à représenter, pourvu que les uns et les autres s’en acquittent avec modération et avec prudence, et qu’ils fassent d’ailleurs des actions sérieuses de piété et de dévotion. […] De la manière qu’on la joue à Paris, je n’y vois rien de criminel : Il est vrai que je n’en puis porter un jugement bien décisif, puisque je n’y suis jamais allé, et qu’étant Prêtre et devant l’exemple aux fidèles, je ferais autant de scrupule de m’y trouver, que dans aucune autre assemblée de grand monde dont notre état nous doit éloigner : mais il y a trois moyens fort aisés de savoir ce qui s’y passe ; et je vous avoue que je me suis servi de tous les trois. […] w.  » Ceux donc qui jouent la Comédie sont d’honnêtes Gens qui se sont destinés à cet emploi, et qui s’en acquittent sans scandale et avec toute sorte de bienséance, à moins que parmi eux il ne s’en trouve de malhonnêtes, de même qu’en toute autre Profession ; alors leur malice nait de leur propre corruption, et non pas je leur état ni de la Profession dont ils se mêlent, puisque tous ne leur ressemblent pas. […] Je ne trouverais pas qu’il y eut moins de mal pour eux que s’ils jouaient à la paume, aux cartes, aux dés, jeux qui sont contre la bienséance de leur état, quoi que pour les Séculiers, ils ne soient pas criminels.

215. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Seizième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 278-281

Permettez-vous à un homme qui s’intéresse vivement au mérite, de s’informer de l’état de votre fortune : il peut, sans incommoder la sienne, vous offrir les dons de l’amitié ; & si, comme on le dit, le Théâtre n’a pour vous que de faibles attraits, vous assurer l’indépendance.

216. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIII. » pp. 62-65

Si cela n’était vrai, il aurait fallu que l’Enfant prodigue eût été rejeté par son Père, parce que l’état misérable, où il se trouvait, ne venait que de son dérèglement.

217. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIII. Première et seconde réflexion sur la doctrine de Saint Thomas. » pp. 82-84

y Il n’y a donc rien dans ce passage qui favorise les comédiens : au contraire, on peut remarquer que Dieu voulant faire voir à un grand saint que dans les occupations les plus vulgaires il s’élevait des âmes cachées, d’un rare mérite, il ne choisit pas des comédiens dont le nombre était alors si grand dans l’empire, mais un homme qui gagnait sa vie à jouer d’un instrument innocent : qui encore se trouva si humble qu’il se croyait le dernier de tous les pécheurs, à cause, dit-il, que de la vie des voleurs il avait passé « à cet état honteux : fœdum artificium » : comme il l’appelait : non qu’il y eût rien de vicieux, mais parce que la flûte était parmi les anciens, un des instruments les plus méprisés ; à quoi il faut ajouter, qu’il quitta ce vil exercice aussitôt qu’il eut reçu les instructions de Saint Paphnuce ; et c’est à quoi se réduit cette preuve si décisive, qu’on prétend tirer de Saint Thomas à l’avantage de la comédie.

218. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Punctum Unicum. » pp. 5-6

Quand les Pères reprennent les vices de leur temps, ils n’ont pas coutume de dire : C’est un péché mortel, c’est un péché véniel, parce que ce doit être assez à un chrétien de savoir qu’une action déplaît à Dieu pour s’en abstenir et l’avoir en horreur ; et il y a quantité de péchés qui ne semblent que véniels, et qui sont néanmoins des pentes et des degrés par lesquels les hommes descendent en enfer, ou à cause des circonstances qui les enveniment, ou parce qu’ils conduisent à d’autres plus grands péchés, ou qu’ils nous privent des secours et des grâces actuelles de Dieu, qui nous seraient très salutaires pour nous conserver en bon état, et ne pas succomber aux secousses des tentations qui nous sont quelquefois livrées.

219. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Quiconque assiste à leurs représentations, contribue donc, pour sa part, à les retenir dans un état habituel de péché, et coopère à la perte éternelle de ces âmes rachetées du Sang de Jésus-Christ. […] … On ne joue point la Comédie pour une seule personne : c’est un spectacle offert à toutes sortes d’esprits, dont la plupart sont faibles ou corrompus, et à qui par conséquent il est extrêmement dangereux… C’est leur faute, direz-vous, d’y assister en cet état… Il est vrai, mais c’est aussi la vôtre, puisque vous contribuez à leur faire regarder la Comédie comme une chose indifférente. […] Et cela, par la même raison que celui qui s’est trouvé au milieu de la contagion, et qui a eu le bonheur de s’en sauver, est plus en état d’en faire une description exacte… Je l’avoue donc avec sincérité, je sens, dans toute son étendue, le grand bien que produirait la suppression entière du Théâtre, et je conviens sans peine de tout ce que tant de personnes graves et d’un génie supérieur ont écrit sur cet objet. » Le Théâtre, selon Riccoboni, était, dans son commencement, le triomphe du libertinage et de l’impiété ; et il est, depuis sa correction, l’école des mauvaises mœurs et de la corruption. […] Quel est donc, au fond, l’esprit que le Comédien reçoit de son état ? […] « Le Théâtre purge les passions qu’on n’a pas, et fomente celles qu’on a. » « Que l’on consulte l’état de son cœur à la fin d’une Tragédie.

220. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Il se mêloit de toutes les intrigues galantes de la Cour, & se plaisoit à brouiller les amans & les maitresses, & de là il alloit faire assembler les Communautés religieuses en chapitre, & leur faisoit des sermons sur la sainteté de leur état. […] Quel scandale, si dans des états faits pour être saint & pour sanctifier les autres, vous leur donnez les indécens & contagieux exemples de la frivolité, de la vanité, de la mollesse ! […] Ils se sont chargés d’embellir les têtes des femmes, voulant faire de leur art un état séparé, & par un privilege exclusif jouir de tous les honneurs, & borner les Barbiers à parer la tête des hommes. […] Il faut que l’artiste (le Coëffeur) respecte son ouvrage, que placé si près de son service il ne perde pas de vue l’intervalle qu’établit la différence des états, qu’il ait assez de goût pour sentir les impressions que son art doit faire, & assez de prudence pour le regarder comme étranger à lui, c’est-à-dire qu’il sache tenter les autres, & résister à la tentation ; on ne dit pas assez de religion & de vertu, la religion & la vertu ne voudroient ni courir, ni faire courir ce risque. Qu’est-ce aux yeux de la religion qu’un homme occupé les heures entieres à la toilette d’une femme, & une femme en cet état entre les mains d’un homme ?

221. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Il est aisé de les rendre ridicules par les attributs qu’on leur donne, l’état où on les peint ; un guerrier avec une quenouille, un Magistrat, un Ecclésiastique, avec l’attirail de la toilette. […] Voudroit-on se mettre à la place de l’image, dans le même état, l’un n’est pas plus permis que l’autre ; n’est-ce pas se dévoiler soi-même, que de se faire peindre sans voile ? Peut-on ne pas sentir le tort infini qu’on se fait dans le monde, même corrompu par le caractère des peintures qu’il étale, & par l’état où il le fait peindre lui & les siens ?

222. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Comme ces personnes ne sauraient nier les principes de notre Religion, c'est à elles que j'adresse particulièrement cet ouvrage; j'espère leur prouver que la Comédie, en l'état qu'elle est aujourd'hui, n'est pas un divertissement innocent comme ils se l'imaginent, et qu'un chrétien est obligé de la regarder comme un mal. […] Les femmes de qualité et de vertu en auraient de l'horreur, au lieu que l'état présent de la Comédie ne faisant aucune peine à la pudeur attachée à leur sexe, elles ne se défendent pas d'un poison aussi dangereux et plus caché que l'autre qu'elles avalent sans le connaître, et qu'elles aiment lors même qu'il les tue. […] Si donc la Comédie en l'état qu'elle est présentement, est si opposée aux maximes du Christianisme, n'est-ce pas encore ajouter crime sur crime, que de choisir le saint jour du dimanche pour la jouer ?

223. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Bien loin d’instruire et de reprendre les Grands, le théâtre entretient, flatte, augmente tous leurs défauts, oisiveté, paresse, frivolité, raillerie, mollesse, faste, luxe, hauteur, ambition, dissimulation, intrigue, etc. bien plus dangereusement que pour la bourgeoisie et le peuple, parce qu’il leur en fait un mérite, un air de dignité, un devoir d’état, un apanage de la naissance, surtout il nourrit leur vanité. […] Ce sont des aventuriers qui n’ont ni feu ni lieu, ne peuvent être membres d’aucun corps, et ne doivent être admis dans aucune assemblée ni civile ni religieuse ; ils n’ont que la tolérance, on leur laisse faire et dire des folies ; voilà leur état : « Qua porro ignominia, Mimi et Histriones Juliani funus ducebant, probrisque ac ludibriis a scena petitis incusabant, nihil non facientes et dicentes quæ hujusmodi homines qui petulantiam pro arbitrio perpetratre consueverant. » Greg. […] » Est-il du bien de l’Etat de laisser tendre à la Noblesse de si dangereux pièges, plus dangereux pour elle que pour d’autres états ?

224. (1753) Compte rendu de Ramire « Compte rendu de Ramire » pp. 842-864

Tout y est relatif à la Comédie considérée dans l’état où elle est aujourd’hui en Espagne. […] Pour établir d’abord l’état de la question, D.

225. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Dans un état florissant, les progrès du luxe & des Spectacles sont presqu’aussi essentiels, que ceux de la gloire & de la puissance de la Nation. […] Nous voulons des jeux assortis à notre état & à nos devoirs.

226. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « EXTRAIT Du Journal de Trevoux ; Mois d’Avril 1753. Art. XXXIX. » pp. 59-70

Tout y est rélatif à la Comédie considérée dans l’état où elle est aujourd’hui en Espagne. […] Pour établir d’abord l’état de la question, D.

227. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Ne semblant destiné qu’à servir de passe-tems aux laquais, qu’à végéter dans un état obscur, il franchit par dégrés l’espace immense qui s’opposait à son triomphe ; il parvint, du milieu des Baladins & des Danseurs de cordes, à l’honneur d’égaler, & même de surpasser les succès de la Tragédie. […] Transporté dans une sphère nouvelle, ce singulier Théâtre se trouva tout-à-coup en état d’obscurcir les autres Spectacles.

228. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Le but de la Tragédie étant d’exciter la terreur & la compassion, il faut d’abord que le Poète Tragique nous fasse voir des Personnages également aimables & estimables, & qu’ensuite il nous les représente dans un état malheureux. […] Il semble même que le grand nombre des Spectateurs étant dans cet état mitoyen, la proximité du malheureux & de ceux qui le voient souffrir serait un motif de plus pour s’attendrir.

229. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIII. Si les Comédiens doivent prendre le titre de Compagnie. » pp. 122-128

Il précipite la révolution & confond les états.

230. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. Si la Musique Française est plus agréable que la Musique Italienne. » pp. 287-291

Pour être en état de sentir les beautés, la fraîcheur & le coloris d’un tableau de Rubens, il ne faut point être Peintre ; il suffit d’avoir la vue juste.

231. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. Que le Musicien doit seconder le Poète, & que le Poète doit s’entendre avec le Musicien. » pp. 292-296

Il est pourtant nécessaire que le Musicien soit instruit, pour être en état de sentir ce qu’éxigent telle pensée, telle situation ; & pour peindre avec de vives couleurs ce que le Poète ne fait souvent qu’indiquer.

232. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XII. » pp. 58-61

Un homme presque assoupi n’est guère différent d’un homme endormi pour ce qui est de s’acquitter de son devoir ; Et on n’est pas trop propre en cet état de représenter la vigilance d’un Héros qui devait être héroïque.

233. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXV. Quatrième, cinquième et sixième réflexion : passage exprès de Saint Thomas, et conciliation de ses sentiments. » pp. 88-92

« Si les histrions poussaient le jeu et le divertissement jusqu’à l’excès, ils seraient tous en état de péché ; tous ceux qui se serviraient de leur ministère ou leur donneraient quelque chose, seraient dans le péché. » Saint Thomas laisse passer ces propositions qui en effet sont incontestables, et il n’excuse ces histrions, quels qu’ils soient, qu’en supposant que leur action, de soi, n’a rien de mauvais ni d’excessif, secundum se.

234. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXII. Le repentir de quelques auteurs dramatiques d’avoir travaillé pour les théâtres doit nous engager à éviter ces divertissements. » pp. 183-186

La voix que nous devons écouter, c’est celle de l’Eglise ; elle seule est en état de fixer nos doutes, et d’affermir nos pas dans le chemin de la vérité qui conduit à la vie éternelle.

235. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « III. » pp. 12-16

Reconnaissez que c’est une très-méchante chose que de mettre des enfants que l’on vous confie pour les élever Chrétiennement, en état de pouvoir aimer un jour ces divertissements dangereux, et que des Païens mêmes ont jugé indignes de personnes qui ne seraient pas folles, ou que l’excès du vin n’aurait pas mis hors de leur bon sens.

236. (1620) L’Honneur du théâtre « Prologue » pp. 39-42

Prologuea Que sert aux Assyriens, aux Médoi[s]b, aux Perses, aux Macédoniens, et à cet invincible Sénat, d’avoir donné fondement aux Monarchies, amplifié ses bornes, établi l’état d’un admirable empire, subjugué la meilleure partie de la terre, conservé l’excellente dignité d’un noble gouvernement ; Si la postérité par l’agréable mémoire d’un Nine, d’un Arbaze, d’un Cyrec, d’un Alexandre, d’un César, et d’un Pompée ne les récompensait de leurs vertus, et ne mettait en évidence ces anciens courages doués d’une louable magnanimité ?

237. (1691) Nouveaux essais de morale « XXI. » pp. 186-191

Car dans cet état même elle ne plaît que parce qu’elle représente d’une manière vive et touchante ce que peuvent les passions de l’amour, de la vengeance et de l’ambition, dans leurs plus grands emportements ; et il est vrai qu’on ne prend plaisir à la représentation de ces passions, que parce qu’on aime les passions mêmes.

238. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

On répond que pour prévenir le péché, le théâtre purifie l’amour ; la scène toujours honnête dans l’état où elle paraît aujourd’hui, ôte à cette passion ce qu’elle a de grossier et d’illicite : et ce n’est après tout qu’une innocente inclination pour la beauté, qui se termine au nœud conjugal.

239. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Conclusions générales. » pp. 371-378

Les comédiens du troisième âge, ayant reçu leur institution du prince et des lois du royaume, ne sont point comptables de leur profession au clergé ; L’abjuration de cette profession, exigée par le clergé, est un véritable délit, parce que aucune autorité dans l’Etat n’a le droit de vouloir le contraire de ce qui a été créé et autorisé par les diplômes du prince et la législation du pays ; Le refus de sépulture, fait par le clergé aux comédiens, est encore un délit manifeste et réel, puisque c’est infliger une action pénale, imprégner un mépris public à une profession que le prince, les lois du royaume, les ordonnances de police ont instituée et régularisée ; et en cette circonstance l’outrage est non seulement fait à la personne et à la profession du comédien décédé, mais encore aux autorités suprêmes qui ont autorisé et commandé son exercice : voilà pour ce qui concerne l’état politique et celui de la législation ; c’est aux procureurs du roi qu’il appartient de faire respecter, par toutes les autorités existant dans l’Etat, ce qui a été institué et par l’action du prince et par le fait de la législation et des règlements de la police du royaume ; Le refus de sépulture est encore un autre délit envers les lois ecclésiastiques même, puisque, pour avoir lieu d’une manière canonique, il faut que les individus auxquels on veut l’appliquer aient été excommuniés, dénoncés dans les formes, et que jamais les comédiens du troisième âge ne se sont rencontrés dans cette catégorie ; Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper les comédiens de ses sentences exterminatoires, qu’il a lui-même aidé à leur institution, et que dans le principe de leur création les prêtres ont rempli des rôles dans les mystères que les comédiens représentaient ; que les obscénités, les scandales qui se pratiquaient alors dans les églises, ou dans ces comédies pieuses, étant tout à fait nuisibles à la religion, l’autorité séculière a fait défendre aux prêtres de remplir désormais des rôles de comédiens, et à ceux-ci de ne plus prendre leurs sujets de comédie dans les mystères de la religion ; Le clergé, dans l’animadversion qu’il témoigne contre les comédiens, signale son ignorance, son injustice, son ingratitude, et démontre en outre qu’il agit avec deux poids et deux mesures, ce qui est on ne peut pas plus impolitique pour un corps aussi respectable ; car on a vu que c’étaient des papes et des cardinaux qui avaient institué des théâtres tant en Italie qu’en France ; on a vu un abbé, directeur de notre Opéra à Paris, on a vu les capucins, les cordeliers, les augustins demander l’aumône par placet, et la recevoir de nos comédiens ; on a vu les lettres où ces mêmes religieux, prêtres de l’Eglise apostolique et romaine, promettaient de prier Dieu pour la prospérité de la compagnie des comédiens.

240. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 7-8

Après s’être gaussé des choses séculières, on se raille des choses les plus saintes, de la confession, de la prédication ou des images, des cérémonies de l’Eglise et des personnes sacrées ; on y mêle les paroles même de la Bible, on profane ce qu’il y a de plus saint et de plus auguste en l’Eglise ; les serviteurs, les servantes et d’autres personnes qui ont l’esprit faible, entendant ainsi parler avec mépris des choses saintes, perdent le respect, la vénération et l’estime qu’ils en avaient ; ils s’accoutument à les considérer comme des choses profanes, indifférentes et de petite conséquence, ils tombent en un état d’insensibilité et d’endurcissement ; ce qui fait qu’ils se confessent, qu’ils communient, qu’ils prient Dieu et qu’ils entendent les sermons par manière d’acquit.

241. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE IV. Des Femmes de Théâtre. » pp. 42-48

J’ai prouvé, si je ne me trompe, que le Théâtre est pernicieux dans l’état où il est aujourd’hui : il y aurait, dit-on, de l’inconvénient à le supprimer : mettons tout en usage pour le réformer au point d’en faire un amusement aussi utile qu’agréable ; car je suis persuadé que le Théâtre serait bien moins redoutable à la vertu, et qu’il produirait même un bien réel à la société, si, en y laissant les traits enjoués et les saillies d’esprit qui peuvent exciter à rire, on en faisait une Ecole de bonnes mœurs et, pour ainsi-dire, une Chaire publique où l’on débiterait, aux personnes de tout sexe, et de tout âge, les maximes de la plus saine morale, avec gaieté et sans les effrayer par l’appareil de l’austérité, et du pédantisme.

242. (1643) La discipline des Eglises prétenduement réformées « Chapitre XIV. Des règlements ou avertissements particuliers » pp. 381-625

Les danses seront réprimées, et ceux qui font état de danser ou assister aux danses, après avoir été admonestés plusieurs fois, seront excommuniés quand il y aura pertinacitéb et rébellion.

243. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Telle est encore la conduite des confesseurs à l’égard des personnes, qui n’ont pas de raison d’aller au théâtre et à l’égard des personnes qui en ont, comme nous le verons dans ce qui suit : Faut-il condamner les personnes, qui par les devoirs de leur état ne doivent pas abandonner la personne auguste de leur souverain et qui par conséquent sont inviolablement obligées de les accompagner aux spectacles publics ? […] Son état est-il moins dangereux ? […] Vous ne vous croiriez pas innocens, dit l’évêque d’Arras, si vous fournissiez à une créature impudique les moyens d’entretenir son mauvais commerce, et vous croiriez l’être en donnant lieu, solidairement avec les autres qui assistent aux spectacles, à entretenir les acteurs et les actrices dans un état qui sûrement les damne. […] Et si la mort vous surprenait dans cet état, je tremble en pensant quel sort serait le vôtre.

244. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

ne contribuent-ils pas tous solidairement à entretenir les Comédiens dans un état que l’Eglise réprouve, & dans tous les désordres qu’il entraîne ordinairement après lui ? […] vous allez applaudir à des hommes, dont vous détestez & l’état & les mœurs, auxquels vous seriez au désespoir de ressembler ? […] Je veux, mes Frères, examiner avec vous cette réforme prétendue des Spectacles, & vous prouver que, dans l’état où ils sont aujourd’hui, ils sont plus capables que jamais de faire sur les cœurs les impressions les plus dangereuses, & les plus incompatibles avec la piété. […] Oui ; si quelque chose est capable de nous avilir aux yeux des Sages, c’est l’importance que nous attachons à cet art frivole & dangereux ; c’est de voir que les comédies & les comédiens soient l’objet continuel de nos conversations comme de nos ouvrages périodiques, & qu’on soit en quelque sorte obligé de se bannir de la société, lorsqu’on n’est pas en état d’y rendre compte du bon ou du mauvais succès d’une pièce nouvelle, du jeu d’un acteur, de la figure ou de la voix d’une actrice.

245. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Ce Prince voulut encore que l’Acteur qui joueroit ce personnage fut habillé en homme du monde, l’épée au côté avec des dentelles , pour écarter toute idée d’état ecclésiastique ou religieux, & ne peut donner lieu de penser que tous ceux qui sont dans cet état sont des hypocrites ; car telle étoit la malice de Moliere en habillant son Tartusse en Abbé, ce qui étoit contre son plan même, puisque le Tartusse est destiné à épouser la fille d’Orgon ; sur quoi roule toute l’intrigue, il est supposé laïque, & non d’un état qui exclud le mariage. […] Godeau ne fut pas toujours le même, il se destinoit au monde, il eut une maîtresse qu’il aimoit beaucoup, pour qui il a composé des ouvrages tendres ; il est vrai, mais non pas licencieux, cette fille ne voulut point de lui, parce qu’il étoit laid & petit ; le mauvais succès de ses amours n’a pas peu contribué à lui faire quitter le monde, & il le fit de bonne foi, il embrassa l’état ecclésiastique & y mena jusqu’à sa mort une vie édifiante.

246. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Leur état, quoique propre à leur faire mener une vie douce & aisée passe pour infame. […]  3.), s’il faut en croire un ouvrage plein d’irréligion & d’indécence : A l’égard des Acteurs & des Actrices qui courent en troupes comme ailleurs, ce n’est ni le préjugé de la nation ni le genre des pieces qu’ils représentent qui jette comme par-tout le mépris & l’infamie sur leur état, ce sont leurs mœurs & leur conduite, toujours plus dépravées que dans les autres classes des citoyens. […] C’est un virus inhérent à l’état, & qui se communique à tout ce qui les fréquente. […] Ce Doyen de l’Académie a pourtant en le courage de dire, en parlant de la Judith de l’Abbé Boyer, piece uniquement faite pour des femmes, où on défigure l’Ecriture pour faire de cette héroïne une coquette, une Actrice, après avoir loué les talens & les mœurs du Poëte, de dire en gémissant : N’auroit-il pas dû choisir une route plus convenable que le théatre à son honneur & à son état ?

247. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Quand même les appointemens seroient plus forts, ces spectacles n’en seroient pas moins, en eux-mêmes, contraires aux bonnes mœurs et par conséquent de trop dans l’état. […] Les jeunes gens condamnés à l’apprentissage d’un état, par exemple, les étudiants que rebute l’austérité des maisons d’éducation, n’ont pas plutôt respiré les vapeurs ennivrantes de ces lieux, qu’ils tombent dans un mortel assoupissement. […] S’ils ne faisoient que corrompre le langage en le remplissant de calambourgs, en augmentant sans cesse le dictionnaire de nos expressions basses ; s’il n’y avoit à déplorer que cette manie des pointes et des jeux de mots, qui a subjugué tous les états sans en excepter les plus distingués ; si les suites de ce vertige se bornoient à un excès d’admiration pour des platitudes, à la décadence de la Tragédie et de la Comédie ; à des innovations malheureuses dans les arts, on plaindroit une nation chez qui tout devient peuple. […] Avec quelle horreur le jeune imprudent qui court dans les bras de ces nymphes folâtres fuiroit loin d’elles, si l’on pouvoit, par un cinisme utile, lui découvrir le hideux et véritable état de leur santé, si les dépouillant de leurs charmes postiches, on lui faisoit voir qu’il va jouir de la gangrène.

248. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Le déplorable état de Luzignan est plus attendrissant. […] Quelques observations sur l’ordonnance du tableau, nous mettront en état de mieux juger de ses proportions & de la vérité de ses caractères.

249. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Parce que leur état ne leur permet pas de jeter sur le genre-Humain le regard du dédain, de l’humiliante pitié, ou de l’insolence ? […] Qu’on nous trace de semblables modèles, pour nous consoler de l’existence des Méchans ; qu’on nous peigne du moins quelquefois la vertu, dans ces états inconnus qu’il est inutile de tourner en ridicule, puisque ceux qu’on pourrait corriger par-la, sont rarement au nombre des Spectateurs.

250. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Ces choses portent leur condamnation avec elles, c’est contre cette dissipation, cette perte de temps prodigieuse, tout ce jeu de passions qui en produisent de pareilles, à ces larmes arrachées par leur vive image, cette impression contagieuse de nos maladies, ces parures, ces chants efféminés, ces yeux pleins d’adultères, cet enchantement du spectacle, cette agitation violente d’un cœur qui doit être le sanctuaire de sa paix, ces éclats de rire si peu convenables à des Chrétiens qui sont captifs sur le bord des fleuves de Babylone, et doivent attendre à tout moment la décision de leur sort éternel, en un mot tout cet amas de périls que les théâtres réunissent dont un seul est suffisant pour perdre une âme dans l’état de faiblesse où le péché de notre premier Père nous a réduits. […] Pour ceux qui ont un besoin réel et effectif de quelque divertissement, qu’ils en cherchent de convenables à la profession Chrétienne et à leur état particulier, car comme le besoin que nous avons de nourriture pour réparer ce que la chaleur naturelle consume et ce qui dépérit à tout moment, ne nous donne pas droit d’user de quelque aliment qui aurait des qualités malignes, et qui ne manquerait pas d’altérer nôtre tempérament, parce qu’il produirait un effet contraire à la fin que nous nous proposons, aussi la nécessité prétendue de se divertir n’autorisera jamais ces pernicieux passe-temps qui causent plus de ravages dans une âme, qu’une viande empoisonnée dans un corps, divertissez-vous à la bonne heure, mais comme des Saints, vous regardant en la présence de Dieu, lui offrant vos recréations, et les rapportant à sa gloire.

251. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Ainsi auraient répondu avec confiance ces premiers Chrétiens, à qui on n’avait rien à reprocher, si ce n’est qu’ils ne paraissaient jamais dans le cirque, qu’ils fuyaient le théâtre, et les spectacles publics ; qu’on ne les voyait, ni couronnés de fleurs, ni vêtus de pourpre ; qu’une modestie inaltérable régnait dans tous les états ; qu’ils ne connaissaient point dans les âges, de saisons de plaisirs ; que leurs divertissements toujours honnêtes et toujours purs, étaient autant de leçons de vertus et de bienséance, et qu’en tout temps ils étaient Chrétiens. […] Est-il possible qu’il n’y ait nulle bienséance à garder dans un état qui nous fait enfants de Dieu par adoption ?

252. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Une décoration magnifique fixe les yeux, des machines de théâtre amusent l’esprit, le dénouement des aventures l’enchante, et tout cela le met hors d’état de se défier des surprises. […] ne s’en trouvent-ils pas qui sont d’autant plus pernicieux qu’ils agissent plus lentement ; parce qu’en cachant le péril, ils mettent hors d’état d’apporter le remède ?

253. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

Un chrétien, obligé par état de ne faire que des œuvres de Jésus-Christ, de rapporter tout ce qu’il fait à Dieu, peut-il regarder la fréquentation des spectacles comme une œuvre digne de Dieu ? […] « Pour savoir si un chrétien peut allier la fréquentation des spectacles avec la sainteté de son état, examinons l’impression que ces divertissements font sur son cœur.

254. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

Mais, comme il y a douze heures au jour, elles se peuvent tellement diviser que nous pouvons et prier Dieu et nous récréer de quelque honnête passetemps, entre tous lesquels je n’en sache point de comparable à la comédie, ou plus tôt à la tragédie, puisque c’est l’unique poème où nous avons arrêté nos graves et sérieuses actions, laissant la comédie (cloaque d’impudicité) en l’état où les étrangers l’ont réduite aujourd’hui, à ceux qui la voudront voir ou exercerm. […] Ainsi, le métier d’histrion, qui a pour but la distraction de l’homme, n’est en soi ni infâme, ni illicite, et ceux qui en usent ne se mettent pas pour cela en état de péché, pourvu qu’ils en usent modérément.

255. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Ne seroit-il pas de l’intérêt de l’état, du public & des mœurs, qu’a la place des pieces des boulevards, a plupart obscenes & mauvaises ; on y jouât des drames decens & instructifs ? […] Le métier de Poëte n’est pas une profession dans la société, encore moins celui de Poëte Dramatique ; il n’est guere que le fruit de la paresse, de la légéreté, du libertinage ; peu favorisé de la fortune, sans distinction pour la naissance, la sagesse demandoit que Piron prit un état où il put gagner sa vie : il préfera l’indigence du Parnasse où le talent qu’il se sentoit lui faisoit espérer des lumieres & des trésors. […] Sa famille hors d’état de l’entretenir dans son indolence voluptueuse, ne le paya point de ses épigrammes, il fut obligé de chercher fortune.

256. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Mais il y a autant de différence entre les spectacles publics et les divertissements du cloître, que entre un repas honnête avec des personnes choisies, et les débauches du cabaret ; entre une partie de jeux d’adresse avec ses amis, et les jeux de hasard dans un brelan ; entre un menuet dansé en famille dans sa maison, et un bal nocturne, un bal d’opéra, un charivari ; la même différence que entre les personnes qui le composent ; entre des femmes publiques, et des vierges consacrées à Dieu ; des actrices fardées, à demi nues, et des vierges modestement voilées ; un amas de libertins et d’impies, et une compagnie de gens pieux et réglés ; une profession livrée au vice, et un état sacré dévoué à la religion et à la vertu. […] Ensuite ce fameux Pénitencier décide bien précisément que ces Religieux commettent un péché très grief, 1.° parce qu’il est très opposé à la sainteté de l’état, qu’un Religieux se travestisse en femme ou en Arlequin, en tienne le langage, en affecte les airs, en débite les sentiments, et mette la Clairon ou Dominique à la place du Pénitent et du Ministre. 2.° Que selon S.  […] Auguste (dit Suétone), fut le premier qui leur assigna des places, par respect pour leur état, par égard pour leur sexe, et par une ruse politique pour sanctifier en quelque sorte le théâtre par la présence de ce qu’il y avait à Rome de plus respecté, et par là y attirer de plus en plus le peuple qu’il voulait amuser, selon le conseil que lui en donna un fameux acteur, et l’accoutumer insensiblement à sa domination naissante, en l’amollissant et partageant son attention.

257. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

N’ai-je pas aussi pour protecteurs les états de la province, qui valent bien pour moi la diète de Ratisbonne. […] A la bonne heure ; et qu’est-ce dans l’état qu’une chanson et une comédie, c’est une comédie et une chanson. […] Il a mal connu l’esprit et les devoirs de son état et il a dû aller bien secrètement à l’école, et en déguiser bien adroitement les leçons, s’il a fait quelque cas de sa réputation ; la seule idée que ses talents étaient l’ouvrage des comédiens l’eût décrédité sans retour. […] Si ses habits ne sont pas magnifiques, ce qui ne convient pas à tous les états, qu’ils soient du moins propres et décents, et qu’il ne se familiarise pas. […] C’est une fièvre continue, un état de démence.

258. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

On l’a dit de la Favard ; quelque rôle qu’elle joue, quelque habit qu’elle porte, Soubretre, Bergere, Princesse, Sultane, à la Chine, au Japon, au Perou, c’est une beauté Cosmopolite de tous les pays, de tous les états, de tous les siecles. […] Il gagna tous les états avec fureur, malgré les horreurs de la guerre. […] Il a son état major, sa solde, ses provisions de guerre & de bouche ; les chevaux & les chariots du Roi portent ses habits, les tretaux, les décorations, aussi-bien que les canons & les bombes. […] Ces deux femmes toutes nues sont dans l’état le plus indécent, & on lit sous leurs pieds le nom d’Asmodée, Démon de l’impureté. […] Cet Abbé de Cour, si peu digne du saint état qu’il avoit embrassé, n’étoit ni politique, ni historien.

259. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Avis » pp. -

Ce n’est pas qu’il n’ait fait tout ce que la brièveté du temps et ses occupations de devoir lui ont permis, pour donner à son discours l’air le moins contraint, le plus libre et le plus dégagé qu’il a pu; mais, comme il n’est point de genre d’écrire plus difficile que celui-là, il avoue e bonne foi qu’il aurait encore besoin de cinq ou six mois pour mettre ce seul discours du Ridicule non pas dans l’état de perfection dont la matière est capable, mais seulement dans celui qu’il est capable de lui donner.

260. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Tantôt des satires piquantes et malignes sur les différents états.

261. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XIII et dernier. De l’utilité de l’art théâtral, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs. » pp. 223-228

La comédie a toujours été regardée comme le délassement le plus digne de charmer les nobles loisirs des souverains, et des grands hommes : elle est encore le divertissement des hommes d’état, des grands seigneurs, des gens polis, et l’amusement du peuple ; elle est propre à rectifier les mœurs, en employant le plaisant et le ridicule ; elle a pour but de faire rire et d’instruire le spectateur.

262. (1731) Discours sur la comédie « Préface de l'Editeur. » pp. -

On prétend qu’un de ses Confrères qu’on s’abstient ici de nommer, le mit en l’état où il a paru.

263. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

Si nous voulions absolument instruire un homme épuisé par un travail long & pénible, ne choisirions-nous pas l’utilité la moins convenable à son état ? […] J’ose assurer que de cent personnes qni ont reçu de l’éducation, il n’y en a pas dix en état de juger du style d’un ouvrage.

264. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Il leur en fait un mérite, un air de dignité, un devoir d’état, un apanage de naissance. […] Y voit-on ce qui, dans tous les états, édifie par la vertu & la fidélité à ses devoirs ?

265. (1753) Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies et les mascarades [Missionnaire paroissial, II] « Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies & les mascarades. » pp. 268-287

Ne peut-on pas du moins, se masquer pendant le carnaval, en prenant des habits conformes à son sexe, quoiqu’ils ne soient pas convenables à notre état ? […] On ne peut point excuser de péché ceux qui se masquent pendant le carnaval, quoiqu’ils ne prennent que des habits conformes à leur sexe, mais qui ne sont point convenables à leur état ; parce qu’étant masqués, on peut toujours les prendre pour des infames & des bouffons, comme nous l’avons dit ci-devant avec S.

266. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Il a composé plusieurs ouvrages sur la virginité, et en faveur des vierges et des veuves il prêchait fréquemment sur cette vertu, avec tant de zèle et de succès, qu’un très grand nombre de personnes se consacrèrent à Dieu dans l’état religieux. […] à peine a-t-elle l’usage de la raison, qu’elle est le témoin de la vérité ; ses mains, novices au combat, ne le sont pas à la victoire ; à peine en état de souffrir, elle fait recueillir des palmes : « Nondum idonea pœnæ, et jam matura victoriæ, certari difficilis, facilis coronari. » Est-ce au théâtre qu’on cueille de pareilles couronnes, ou qu’on apprend à les cueillir ?

267. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

.° Le personnage de Dorine servante, est très-indécent, non seulement par la longueur de quatre cens vers, qui en fait un des principaux de la piece, ce qui est contre son état, mais parce qu’elle se mêle de tout, entre dans toutes les conversations, & parle à tout le monde avec une insolence outrageante, malgré les défenses réitérées de ses maîtres, & les menaces de la battre : Vous êtes forte en gueule & fort impertinente. […] Des gens de cet état ne se laissent pas insolemment gourmander par une servante. […] Et cependant cette servante si plattement bouffonne, dit souvent de beaux vers, d’un tour, d’une élévation fort au-dessus de son état, qui font un contraste avec sa bassesse & ses plattitudes, & couvre l’Auteur de ridicule : Servetur adimum qualis ab incapto processerit, & sibi constet.

268. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

Ma sœur, il ne manque peut-être à plusieurs que le goût du travail : notre siècle est celui de la paresse ; ce vice gagne tous les états : on veut jouir tout-d’un-coup, & se reposer avant de s’être lassé.

269. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VII. De l’inconséquence de quelques prêtres ignorants envers les Comédiens, et de leur fanatisme mis en opposition avec l’autorité du pape et avec la conduite éclairée du haut clergé et des ecclésiastiques sensés en France. » pp. 134-140

C’est le cardinal de Richelieu, ce célèbre ministre d’état, prince de l’église apostolique et romaine, qui, en accueillant la troupe de bouffons qui venait se fixer à Paris, fit, aux comédiens qui voulaient s’y opposer, cette belle réponse, qu’il ne fallait jamais condamner personne sans l’entendre ; et il usa de son autorité pour faire recevoir cette troupe de bouffons à l’hôtel de Bourgogne.

270. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

C’est précisément comme si dans la Comédie de l’Avare, la cassette ne se retrouvait pas,13 et que lors du dénouement de la Pièce le Roi envoya à Harpagon pour le consoler du vol qu’on lui a fait, quatre fois autant d’argent qu’on lui en a pris : ou que dans la Comédie du Joueur un ami donnât à Valère deux mille pistoles, pour le mettre en état de jouer encore, et de regagner ce qu’il a perdu.

271. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Il n’en est que plus flatté d’avoir su vaincre par son mérite un préjugé qui lui étoit défavorable, & d’honorer par la supériorité de ses talens, un état qui n’honore personne. […] Un des Conseillers se charge des fonctions de Procureur-général, & prononce un grave réquisitoire, où il demande à la cour que le candidat soit installé dans l’état & office de mari, sous les auspices du Capricorne. […] Dans le Collége Royal où ce même Prélat préside, & où selon son goût systématique, il il a fait une infinité d’arrangemens arbitraires, dont aucun n’a réussi, & qui l’ont réduit au plus triste état, il a permis une chose, peut-être unique. […] Il fit rentrer l’actrice dans son état, rappella son épouse, & ne négligea rien pour persuader à tout l’Empire, que ce qu’il avoit fait, n’étoit qu’un jeu.

272. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Cet auteur, homme d’esprit, qui respecte la Réligion & la vertu, vient d’en donner un extrait en pere qui aime ses enfans ; c’est un conte de fée, qu’on a cent fois copié, & que les Canons n’ont pas demandé de lui, & dont son état Ecclésiastique ne le chargeoit pas, il l’a mis dans le Journal de Trevoux, qu’il continue, Décembre 1769. […] Il est surprenant que l’abbé Aubert homme d’esprit & de mérite, qui dans son journal observe les loix de la décence, & n’a aucun besoin d’ajouter à sa couronne le foible fleuron du conte de Psiché, ait perdu son tems à mettre en vers cette extravagance, d’ailleurs si peu convénable dans son état. […] Ainsi Thesée plut à Ariadne, Hypolite à Phedre, Adonis à Venus, sans aucun ornement, & même dans l’état peu galant d’un chasseur : nullâ tempore sumptus acu, silvis aptus Adonis erat . […] Ce principe de la morale naturelle a été connu de tous les âges, de tous les sexes, de tous les états, des poëtes même qui s’en sont joués par leurs obscénités.

273. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

C’étaient des Pélerins qui d’abord dans les Eglises et les cimetières, ensuite dans les maisons particulières, dans les places publiques, enfin sur un théâtre régulier pour le temps, voulaient mettre d’une manière sensible, sous les yeux d’un peuple grossier, des objets sublimes qu’il n’était pas en état de comprendre ; ce qu’on a souvent fait avec fruit dans les missions, par des tableaux allégoriques ou des représentations animées. […] Une décoration profane, l’état, les mœurs des Comédiens défigurent encore plus les choses saintes ; un Ministre des autels, et un Comédien ; le caractère d’un Saint, et un métier infâme ; les fonctions des Anges, et l’emploi du démon ; une Eglise, et une salle de spectacle ; qui peut soutenir l’horreur du contraste ! […] A plus forte raison sont-elles infiniment opposées à la sainteté de l’état Ecclésiastique, et déplacées sur des lèvres qui prononcent les paroles divines de la consécration et des sacrements, et annoncent les grandes vérités du christianisme. […] On a porté la sévérité jusqu’à défendre aux Organistes de jouer pendant l’office divin des vaudevilles, des pièces profanes, des chansons tendres, des airs d’opéra, qui ne peuvent que distraire le peuple de l’attention au service, refroidir sa dévotion, par les sentiments qu’ils inspirent, et lui rappeler les mauvaises paroles composées sur ces airs : défense presque partout mal observée, soit par le goût du joueur, le plus souvent sans piété ; soit par disette et stérilité, la plupart ne sachant point d’autres airs, et n’étant pas en état d’en composer.

274. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Cette conduite parut si indécente, le théâtre si peu fait pour des Jurisconsultes, et les mœurs des Comédiens si opposées à la sainteté d'un interprète des lois, que le sixième Concile in trullodéfendit expressément, sous peine d'excommunication, à tous les Etudiants en droit, de paraître sur le théâtre, et de faire aucune de ces bouffonneries : tant la dignité de l'état qu'ils avaient embrassé, leur paraissait blessée par tout ce qui ressentait le théâtre : « Eos qui docentur leges civiles Græcis moribus uti non oportere, neque in theatrum induci, neque eglistras peragere, nec tempere quo disciplinam ingrediantur, nec ad finem ejus, aut in ejus dimidio ; si quis autem hoc facere ausus fuerit, segregetur. […] Le respect pour la Magistrature a fait porter l'attention publique plus loin que pour les autres états : « Non tamen inde colligitur alios ludos eis permitti. […] Les Théologiens et les Philosophes ne parurent pas sur le théâtre scolastique ; la jeunesse dans les uns, la sainteté de l'état dans les autres, les rendirent timides. […] Lazare, moins complaisant que le P. la Chaise, se déclara hautement, écrivit et prêcha sur l'état déplorable des Chrétiens qui se livrent à des plaisirs scandaleux, quoique en apparence innocents.

275. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Riccoboni prétend & paroît prouver que ce n’est que la comedie Romaine qui a subsisté en Italie, quoiqu’infiniment dégradée, malgré la chute de l’Empire, & l’inondation des Barbares, & s’est peu-à-peu remise en bon état, même long tems avant les Medicis, quoiqu’elle avoue leur devoir beaucoup, ainsi que les autres arts, au rétablissement desquels ils ont beaucoup contribué, sur-tout, dit-il, les Pantomimes, si décriez dans le Paganisme-même, par leur licence, & dont il assure qu’Arlequin, Pierrot, Scaramouche Capitan, &c. […] Rien de plus glorieux au théatre : ces honneurs effacent bien avantageusement l’infamie, attachée à l’état de comédien ; puisque non seulement on y tolére, on y loue, on y recempense, mais encore on y forme des comédiens, on y invite, on couronne les Auteurs. […] A l’exemple du Duc de Parme, ce sera une pépiniere féconde, où il croîtra toujours des jeunes arbres, ou si l’on veut un noviciat, moins dévot il est vrai, que ceux des Capucins, mais absolument nécessaire à la grande œuvre qu’ils ont entreprise : je ne désespere pas qu’on ne la mette sur l’état des villes, & que quelque jour on ne bâtisse, aux frais du public, dans les grandes villes, un Collége Royal de comédie, qui réussira mieux que les autres ; tout cela nous annonce que les Canons qui défendent l’assistance à la comédie, & qui excommunient les comédiens, ne sont plus comptés pour rien ; déjà dans le Duché de Parme & de Plaisance ils sont régardés comme la Bulle in Cœna Domini, qui n’y a plus lieu depuis deux ans ; aussi les affaires avec le St. […] La protection des arts & des sciences dont on fait tant de bruit, est un trait de flatterie, c’est son pere Laurent, qui les protégeoit, & qui étoit en état de les protéger. […] Etant Cardinal, le renversement de la maison l’avoit mis-hors d’état de satisfaire son goût ; mais il trouva des gens qui lui prêterent, il rendit son train plus leste, son équipage de chasse, plus galant ; on faisoit meilleure chere chez lui, qu’en aucun lieu de Rome.

276. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Un homme comme moi n’est point assez habile pour donner des règles à Messieurs les Confesseurs ; mais il me semble qu’on ne saurait assurer l’état de la conscience d’un homme qui s’est employé à ces compositions, s’il ne fait quelque chose de public et d’éclatant, pour marquer qu’il se repend d’avoir travaillé à ces ouvrages, et que s’il les avait entre ses mains, il les supprimerait.

277. (1715) La critique du théâtre anglais « TABLE DES PRINCIPALES matières. Contenues dans ce Volume. » pp. 494-500

Autorités de Beaumont et Fletcher, 84 Autorités Et de Pierre Corneille, contre l’état présent du Théâtre Anglais, 88 CHAPITRE SECOND.

278. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

Il faut même qu’on eût augmenté les appointemens depuis l’état que Pline en avait vu dressé, puisque Macrobe dit que ce Comédien touchait des deniers publics près de neuf cens francs par jour, & que cette somme était pour lui seul : il n’en partageait rien avec sa Troupe. […] Il est presqu’impossible que ceux qu’on avilie, qui font un état à part dans la société, se respectent eux-mêmes. […] Voila pourquoi ces infortunées, dont on a parlé dans le premier Volume de cet Ouvrage, lorsqu’une fois elles sont connues & deshonorées, ne gardent plus de mesures, & que notre sexe, dont la modestie & la décence sont le caractère, est, dans ce malheureux état, d’une impudence qui révolte jusqu’aux plus Libertins : Ayez des Comédiens que leur conduite précédente n’ait pas avilis à leurs propres yeux ; rendez à ceux qui cultiveront un art plus utile & plus estimable que ses partisans même ne l’imaginent, la place qu’ils doivent occuper parmi les Citoyens, place que le préjugé, de fausses vues & la jalousie leur ont ôtée, & vous verrez, s’il est possible que les Comédiennes soient aussi sages que d’autres femmes.

279. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Réduit à cet état de langueur, ou plutôt d’anéantissement, ce squélette informe ne peut que révolter ; il fait une si lourde chûte, en paraissant, que jamais il n’en releve ; il se montre, il tombe, il meurt, on l’enterre & tout est fini pour lui. […] Qu’on interroge sur ce point les Pasteurs de ces divers endroits, eux seuls sont en état de rendre un témoignage respectable à cette vérité. […] Cette gêne n’est point un attentat contre la nature ; c’est une heureuse transformation de la liberté naturelle en liberté sociale, la seule qui puisse convenir à l’homme dans l’état présent des choses celui-là seule est vraiment libre, qui l’est selon les Loix. […] C’est là que la partie la plus considérable d’une Nation, celle qui, par état, guide nécessairement ou égare la multitude qui marche à sa suite, vient prendre ses principes, recevoir des exemples, contracter des habitudes. […] Plusieurs personnes dignes de fois, m’ont assuré, qu’un certain nombre de grisettes & de courtisannes du plus bas étage, ont leur entrée aux Trétaux, pour y attirer le Chalant : & qu’elles en retirent d’autres émolumens, sans compter le casuel de leur état, &c.

280. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Quel est à présent l’état de toute la Chrétienté ? […] Car, qui est-ce qui demeurant entièrement en l’état que requiert la modestie et la pudeur honnête, pourra exprimer de paroles, ces imitations de choses infâmes, ces ordures de voix et de mots, ces sales mouvements, ces gestes vilains et indécents ? […] Car, ramenez-moi l’état du temps passé, et incontinent vous verrez recommencer partout ce qui a cessé. […] Républiques : états. […] Mendicité : indigence ; ici : l’état désastreux des finances.

281. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

L’abbé de Rieupeiroux, chanoine de Forcalquier, dont nous parlons ailleurs, ayant quitté l’état ecclésiastique pour se livrer au théatre, il composa plusieurs drames qui ne réussirent pas, & quantité de pieces fugitives, dont la plupart roulent sur la galanterie, & dont on ne se souvient plus, n’a laissé qu’un souvenir fort médiocre de ses talens & de sa personne. […] C’étoit unir le vice à la vertu, la difformité aux graces, la modestie à la licence, le bon esprit & la bouffonnerie, le bon sens & la frivolité, une religion édifiante & la profanation du plus saint état, les dégoûts de la vieillesse la plus rebutante & tous les charmes de la plus brillante jeunesse, dans la personne d’un libertin scandaleux, que ses folies avoient rendu perclus de tous ses membres, incapable de remplir les devoirs du mariage, & réduit à vivre de quelques pensions viageres mal payées, & de quelques mauvais livres qu’il appelloit le marquisat de Quinet, du nom de Quinet son libraire.

282. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

Consultez-vous vous-mêmes, et considérez la différence qu'il y a entre l'état où vous estes lors que vous revenez de l'Eglise, et celui où vous vous trouvez lors que vous sortez des Spectacles. Si vous comparez ces deux états, selon leurs divers temps, l'un avec l'autre, vous n'aurez pas besoin de mes avertissements: Cette comparaison suffira pour vous faire connaître combien l'un vous est utile et avantageux, et combien l'autre vous est dommageable.

283. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IX. Des entreprises de la puissance spirituelle ecclésiastique, contre la puissance temporelle séculière. » pp. 149-173

Les ecclésiastiques, dans un état, sont, avant tout, les sujets du prince. […] Ce parti si redoutable pour les ministres d’état eux-mêmes, et auxquels il intime ses ordres, devient de plus en plus exigeant.

284. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Si vous joignez des Entretiens fréquents de cette sorte au reste de l’éducation de votre fils, je vous suis garant que non seulement vous en ferez un admirateur de la Providence : mais encore qu’après avoir lu les Auteurs qu’on a coutume de faire lire aux jeunes gens, il sera en état de lire tous les Livres des Philosophes ; et ni le faste des Stoïciens, ni l’impiété des Epicuriens, ni tout ce qu’il y a de sensible et d’imaginaire dans les autres sectes, ne sera point capable de lui imposer. […] Votre fils n’aimera que les choses qui pourront lui servir à remplir 1es devoirs de son état, et à devenir solidement heureux.

285. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

L’homme a besoin de divertissement pour ne pas succomber dans les occupations sérieuses auxquelles il est engagé par son état, et pour être dans la disposition de les reprendre dans la suite. […] » Sixièmement, les Spectacles ne s’accordent point avec l’état d’un Chrétien en cette vie, dont l’esprit consiste à fuir, non seulement toute sorte de plaisir, mais à mettre encore sa joie dans les larmes de la pénitence23. « Chaque chose, dit-il, a ses différents états, maintenant les Païens se réjouissent tandis que nous autres Chrétiens nous sommes dans le combat. […] Si l’homme n’avait point été corrompu par le péché, et qu’il fût demeuré parfaitement le maître des mouvements de son cœur, on pourrait croire qu’en voyant la représentation d’une chose malhonnête, il laisserait le mauvais plaisir que la chose est capable d’inspirer, pour se rendre seulement sensible à la manière de la représentation ; mais dans l’état de la nature corrompue, ces deux plaisirs sont trop voisins pour pouvoir, moralement parlant, prendre l’un et laisser l’autre. […] Il est vrai que c’est leur faute d’y assister en cet état ; mais aussi ceux qui leur donnent mauvais exemple, contribuent à leur faire regarder la Comédie comme une chose indifférente. […] Ainsi on doit conclure que les Comédiens par leur profession comme elle s’exerce, sont en état de péché mortel ; c’est-pourquoi on ne doit point les absoudre, s’ils ne promettent de quitter leur profession.

286. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Cette multitude innombrable dont on couronne les actrices, & dont le Mercure a la bonté de faire gémir la presse, ne conduisent pas mieux au temple de la gloire : ce n’est qu’une insipide répétition d’un jargon amoureux qu’on trouve par-tout, auquel le moindre écolier est en état de coudre des rimes. […] On peut dire de leur majesté comme le grand-visir Ibrahim, qui, voyant une médaille d’Arétin, demanda plaisamment : Dans quelle région sont situés les états de ce nouveau monarque ? […] Il ne voulut s’engager, ni dans le mariage, quoiqu’il trouvât des partis fort avantageux, ni dans l’état ecclésiastique, quoique le Cardinal Hypolite d’Est lui eût procuré bien des bénéfices. […] Il affecte fort injustement de mettre les galanteries sur le compte des religieux & des ecclésiastiques : ce qu’ont imité Rabelais, la Reine de Navarre, Lafontaine ; comme si la sainteté de l’état étoit un sel plus piquant. Je dis injustement : car, quoiqu’il y ait dans le clergé séculier & régulier bien des gens qui s’oublient, il n’y en a pas plus, il y en a moins que dans les autres états ; la noblesse, la magistrature, le militaire, le commerce sont encore plus corrompus.

287. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Ce n’est point le gentilhomme qui est le personnage intéressant de la piece : Moliere ne s’attache pas à couvrir sa friponnerie du voile d’une apparente honnêté ; on voit que son unique dessein est de montrer à quel degré d’erreur & d’impertinence peut parvenir un bourgeois, qui s’expose sans lumieres à franchir les bornes de son état. […] Comme la plus juste guerre a la paix pour objet, & qu’on ne prend les armes que pour assurer le bonheur & la tranquillité de la Nation, c’est dans cet état paisible qu’il faut la considérer. […] Dans l’usage de presque tous les autres divertissemens, il faut du repos encore après le plaisir, pour se mettre en état de s’appliquer au travail, par conséquent double perte de tems pour les occupations utiles. […] Plus un homme connoît les passions, plus il a de liberté & de vigueur pour les faire agir, plus il est ingénieux à en développer les différens ressorts, plus il est en état de soumettre leurs effets à une juste combinaison : c’est en nous éclairant sur l’étendue du pouvoir des passions, que nous pouvons apprendre à les contenir dans leurs bornes légitimes, & à les conformer aux regles de la raison & de la vertu. […] Mais comme cette profession est plus agréable que lucrative, & que ceux qui l’exercent ne sont pas accusés d’augmenter leurs fortunes par de fréquentes acquisitions, on pourroit objecter la médiocrité de leur état pour raison de leur silence.

288. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE II. » pp. 18-28

Votre Conseil fertile en expédiens, imagine une alliance essentielle entre votre troupe & les Auteurs dramatiques : ceux-ci, dit-il, sont honorés dans l’état, ils remplissent les premieres places dans les différentes Académies, cependant ce sont leurs ouvrages qui sont dans la bouche des Comédiens ; pourquoi donc un sort si différent des uns aux autres ?

289. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

Les Personnages plaisans qu’on met à côté de celui dont l’état nous touche sensiblement, loin de nous divertir, nous déplaisent, nous importunent.

290. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Si les peintures immodestes ramènent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, et que pour cette raison on en condamne l’usage, parce qu’on ne les goûte jamais autant qu’une main habile l’a voulu, sans entrer dans l’esprit de l’ouvrier, et sans se mettre en quelque façon dans l’état qu’il a voulu peindre : combien plus sera-t-on touché des expressions du théâtre, où tout paraît effectif : où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion : de vraies larmes dans les acteurs, qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent : enfin de vrais mouvements, qui mettent en feu tout le parterre et toutes les loges : et tout cela, dites-vous, n’émeut qu’indirectement, et n’excite que par accident les passions ?

291. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

 » Pleurons-donc, dit ce Père, pendant que les gens du monde se réjouissent, afin que lorsqu’ils commenceront à tomber dans l’état épouventable des douleurs que la Justice de Dieu leur réserve, nous puissions entrer dans la joie que notre Seigneur prépare à ses Elus.

292. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

On sait bien qu’elle est plus curieuse que solide ; que quand elle demeure dans les termes de la Nature et qu’elle ne consulte que les Astres, elle est ignorante ; que quand elle passe ces bornes, et qu’elle consulte les Démons, elle devient criminelle : De sorte qu’en quelque état qu’on la regarde, elle doit être toujours suspecte au Souverain, et il faut qu’il demeure bien persuadé, qu’il n’y a point d’argent plus mal employé que celui qu’on donne pour la récompense d’un Art qui ne vend que des conjectures ou des mensonges.

293. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Il est aussi nécessaire aux graces ; les vastes états s’étendent depuis le cou jusques aux genoux ; la tête n’est que la capitale de la monarchie ; l’art de se vêtir est des plus nécessaires, bien plus que de faire des vers, de peindre, de jouer des comédies : il doit obtenir le même degré d’estime & de considération. […] L’engouement du Théatre fait ainsi tourner la tête dans tous les états, même à des gens qui ont d’ailleurs de l’esprit & du talent dans leur profession. […] Il y a une infinité d’airs & de danses qui lui sont analogues, qui caractérisent les passions & les états : ils en portent le nom, l’Arléquine, la Matelotte, la Paysanne, la Badine, le Réveil-matin, &c. […] Si le fait est vrai, ce qui est fort douteux, la perte est légere : Moliere n’étoit ni en état de traduire, ni d’entendre Lucrece.

294. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

C’est d’où procède l’artifice de ces pères, qui pour donner de l’horreur de l’ivrognerie à leurs enfants, faisaient boire par excès leurs domestiques, et les produisaient devant eux en cet état où ils faisaient des postures ridicules. […] L’homme a besoin de divertissement pour ne pas succomber dans les occupations sérieuses auxquelles il est engagé par son état, et pour être dans la disposition de les reprendre dans la suite. […]  » . « Chaque chose, dit-il, a ses différents états ; maintenant les Païens se réjouissent, tandis que nous autres Chrétiens nous sommes dans le combat. […] Il est vrai que c’est leur faute d’y assister en cet état ; mais aussi ceux qui leur donnent mauvais exemple, contribuent à leur faire regarder la Comédie comme une chose indifférente. […] Ainsi l’on doit conclure que les Comédiens par leur Profession, comme elle s’exerce, sont en état de péché mortel ; c’est pourquoi on ne doit point les absoudre, s’ils ne promettent de quitter leur Profession.

295. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Il parcourt tous les états, dont il démontre l’ignorance. […] Le trépas me remet dans l’état où je fus Pendant l’éternité qui précéda mon être. […] C’est l’état absurde de tous les pécheurs : Video meliora proboque, deteriora sequor.

296. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Plaute & Terence donnent les mêmes idées sur les esclaves, état plus ignoble encore. […] C’est un sophisme qui abandonne l’état de la question. […] Il fut d’abord appelé à l’état Religieux, & en fit les exercices.

297. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Ce serait une profanation de les recevoir dans cet état. […] Mais cette privation n’est point une censure, elle n’est qu’une suite de l’état d’indignité où tout péché réduit, et ne passe pas le for intérieur. […] C’est même une sorte de notoriété de droit : un état public toléré par le Magistrat, objet de l’inspection de la police, exercé journellement sous ses yeux, équivaut à des sentences et des dénonciations juridiques : l’acceptation du Magistrat le dénonce pour Comédien, la note d’infamie imprimée par la loi sur la profession et sur ceux qui l’exercent, est une dénonciation du crime.

298. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Post-scriptum. » pp. 201-216

Que nous importe, en effet, que nous sert ce plus précieux don de la liberté, le droit de vote et de suffrage, le droit de contribuer à l’élection de nos législateurs, de nos magistrats communs dont les rapports avec nos personnes, avec nos intérêts présents et sensibles, sont indirects ou éloignés, lorsque, d’un autre côté, on nous en donne de particuliers, sans forme protectrice, qu’il nous faut accepter bon gré mal gré, avec lesquels nous sommes continuellement en contact, qui sont si directement et à un tel point les maîtres de notre état, qui peuvent nous faire tant de mal impunément !

299. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

Où nous devons remarquer qu'il n'est parlé que d'Histrions et Joueurs de Bouffonneries, et non point de Tragédies et Comédies, qui n'étaient pas encore en état d'être estimées ou condamnées.

300. (1675) Traité de la dévotion « Chapitre III. De la trop grande sensibilité aux plaisirs de la terre ; troisième source de l’indévotion. » pp. 58-65

Un tel homme est-il bien en état d’élever son âme à son Dieu ?

301. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

On répond que pour prévenir le péché, le théâtre purifie l’amour profane, que la scène, toujours honnête dans l’état où elle paroît aujourd’hui, ôte à cette passion ce qu’elle a de grossier & d’illicite ; que ce n’est, après tout, qu’une innocente inclination pour la beauté qui se termine au nœud conjugal. […] Il n’y auroit que les libertins qui pussent voir les pieces des honnêtes ; les femmes de qualité & de vertu en auroient de l’horreur ; au lieu que l’état présent de la comédie ne faisant aucune peine à la pudeur attachée à leur sexe, elles ne se défendent pas d’un poison aussi dangereux, & plus caché que l’autre. […] Envisagez l’impression que font sur les cœurs les représentations profanes, & vous verrez si elles s’accordent bien avec la sainteté de notre état. […] pourquoi fréquenter les théâtres, est-ce un scandale pour vous-même dans des personnes de certain état, de certain rang ? […] Seroit-il innocent d’entretenir dans un état tellement abhorré par l’Eglise des ames rachetées du Sang de Jesus-Christ ?

302. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Pour être en état de remplir tout ce qu’il promet, je n’ai qu’à répéter les éloges flatteurs qu’on donne au genre qui me met la plume à la main. […] Ne se corrigerait-on pas mieux en voyant au Théâtre un homme d’un état un peu distingué, au lieu d’un Marechal-ferrant, d’un pauvre laboureur, &c ?

303. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Les Comédies designées par le nom de Prétextates, où le sujet & les Personnages étaient pris dans l’état de la Noblesse, & de ceux qui avaient droit de porter la Toge-prétexte. 6. […] Les vices des Grands sont moins grossiers, leurs ridicules moins choquans ; ils sont même, pour la plupart, si bien colorés par la politesse, qu’ils entrent dans le caractère de l’homme aimable ; ce sont des poisons assaisonnés que le spéculateur décompose ; mais peu de personnes sont à portée de les étudier, moins encore en état de les saisir.

304. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

On voit en une infinité d’endroits de leurs écrits, surtout de ceux de saint Chrysostome, les marques d’un zèle Apostolique contre cette pernicieuse inclination qui commençait déjà à corrompre l’innocence des fidèles, ils les ont considéréb comme une invention du diable pour amollir le courage des soldats de Jésus-Christ, ils déplorent l’aveuglement extrême de ceux qui croient qu’on peut assister à ces représentations dont on n’a guère coutume de remporter que des imaginations honteuses, ou des desseins criminels, ils font voir l’obligation indispensable qu’on a de quitter ces occasions prochaines d’incontinence, ils appellent ces assemblées des sources publiques de lubricité, où la grande Babylone mère des fornications de la terre fait boire le vin de sa prostitution, ils les décrient comme des fêtes du diable, et obligent ceux qui y ont assisté de se purifier par la pénitence avant que de rentrer dans l’Eglise, enfin ils font des peintures si affreuses de l’état où l’on se trouve au sortir de ces divertissements profanes, qu’on ne peut les voir sans frémir et sans s’étonner de l’éffroyable aveuglement des hommes, à qui les plus grands dérèglements ne font horreur, que lorsqu’ils sont rares, mais qui cessent d’en être choqués dés qu’ils deviennent communs. […] Ce seraient des vérités trop fortes dans ce temps de relâchement d’ajouter avec le même Tertullien, que l’état d’un Chrétien l’engage de fuir les plaisirs des sens, et de faire consister toute sa joie dans les larmes de la pénitence, la rémission de ses péchés, la paix d’une bonne conscience, festin continuel, la connaissance de la vérité et le mépris même des plaisirs.

305. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

Ils appellent ces assemblées des écoles et des sources publiques d’impureté ; ils les décrient comme des fêtes du diable ; ils obligent ceux qui y ont assisté à se purifier par la pénitence avant que d’entrer dans l’Eglise ; enfin ils font des peintures si tristes et si horribles de l'état où l’on se trouve au sortir de ces divertissements, qu’on ne les peut voir sans frémir, et sans s’étonner de l’effroyable aveuglement des hommes, à qui les plus grands crimes ne font horreur, que quand ils ne sont plus communs, et qui non seulement cessent d’en être choqués, mais souvent même les font passer pour des actions innocentes. […]  ; enfin parce que l'état d’un Chrétien en cette vie est de fuir toutes sortes de plaisirs, et de faire consister toute sa joie dans les larmes de la pénitence, dans le pardon de ses péchés, dans la connaissance de la vérité, et dans le mépris même des plaisirs les plus innocents et les plus légitimes.

306. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Il en est de même des autres passions que l’action imitée par le Poëte Tragique, réveille dans notre ame ; & sans en dire davantage sur un sujet si connu, il est certain qu’une passion vive & agréable qui ne coûteroit rien à satisfaire, & qui ne seroit suivie ni d’un mal réel, ni même d’aucun trouble importun, passeroit dans l’esprit du commun des hommes, si elle pouvoit être durable, pour l’état le plus heureux de cette vie. […] Il sçait concilier le goût que les hommes ont pour l’apparence même de la Vérité, avec le plaisir que la surprise leur cause, & il tempére avec tant d’art le mêlange de ces deux sortes de satisfaction, qu’en trompant leur attente il ne révolte point leur raison ; la révolution de la fortune de ses Héros n’est ni lente ni précipitée, & le passage de l’une à l’autre situation étant surprenant sans être incroyable, il fait sur nous une impression si vive par l’opposition de ces deux états, que nous croyons presque éprouver dans nous-mêmes une révolution semblable à celle que le Poëte nous présente. Enfin le dernier effet de ce que j’ai appellé la beauté du tout ensemble, ou de l’ordre & de la conduite qui régnent dans une Tragédie, est qu’elle nous met beaucoup plus en état d’y appercevoir & d’en recueillir l’instruction morale qui, selon la remarque de plusieurs Auteurs, doit être comme le fruit & la conclusion de cette espéce d’ouvrage. […] Je comparerois volontiers cette espece de prestige que l’une & l’autre exercent sur nous, à l’artifice des Lunettes d’approche qui efface la distance des objets, & qui me met en état d’en recevoir une impression si vive & si distincte, que comme c’est par cette distinction & cette vivacité que je juge de leur proximité, je crois voir la Lune au bout du Télescope au travers duquel je l’apperçois ; il ne fait que la placer à la portée de mes yeux, & après cela c’est la Lune même que j’observe, c’est sa lumiere qui agit sur moi, & quelquefois si fortement que j’en suis ébloui. […] Il en est de même à proportion du plaisir que la Musique nous fait ; une ame délicate & sensible à l’harmonie, ne pense point d’abord à examiner si un air tendre & touchant exprime bien le sentiment d’un cœur foible & passionné : elle se livre naturellement & presque machinalement à l’impression que cet air fait sur elle ; elle devient elle-même ce cœur touché dont le Musicien a voulu faire sentir l’état par des modes propres à inspirer la tendresse & la douleur ; le plaisir de comparer le rapport de ces modes avec la disposition de notre ame, qu’ils peignent, pour ainsi dire, par le son, ne vient qu’après-coup ; c’est un plaisir réflechi qui ne se fait sentir qu’en second.

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