Page 29 Les prêtres s’efforcent de persuader aux hommes et aux gouvernements peu éclairés, que l’ignorance est le partage nécessaire du peuple, qu’il est dangereux pour l’Etat et pour la religion de lui accorder une instruction approfondie. […] Page 41 Le salut des Etats, la sûreté des souverains et le bonheur des peuples résident dans la justice. Page 42 Pour être heureux et faire le bonheur des peuples, les souverains et les ministres d’état doivent eux-mêmes prêcher d’exemple en pratiquant la morale. […] Page 77 Du pouvoir absolu, considéré comme l’ennemi irréconciliable de la liberté et des droits imprescriptibles et inaliénables des peuples. […] Page 198 Les jacobinières de Montrouge, de Saint-Acheul, etc., etc., font tous leurs efforts pour replonger le peuple dans l’ignorance et la barbarie.
Les Mimes et Histrions et autres joueurs étaient effacés du rôle de la tribu du commun peuple, et n’étaient point tenus pour citoyens Romains. […] Ces passe-temps ont toujours été si agréables aux peuples, que Juvenal les recommande, disant « Ils désirent deux choses avec passion, le pain et les jeux ». […] Hotoman en sa Francogalie g dit du Roi Louis onzième, qu’il allait souvent aux jeux et disait qu’il y apprenait les mœurs et façon de son peuple qui lui étaient celées par les flatteurs. Dion, nous apprend que Auguste César voyant du désordre aux Jeux d’un Pilade, s’en courrouça, il lui fit response, « Il t’est nécessaire, ô César, que j’amuse le peuple.
Valère Maxime vous dira qu’on exposait sur le Théâtre des filles nues avec de jeunes garçons qui se permettaient aux yeux du peuple d’être les Acteurs d’un spectacle le plus contraire à la pudeur, et que Caton, averti que sa présence gênait le goût du peuple, quitta le Théâtre pour n’être point spectateur de cette licence impudique qui était dégénérée en coutumeb. […] Térence et Molière ont eu le même objet, ils ont offert des spectacles de même espèce à des peuples différents par les lois, les mœurs, le gouvernement et la Religion.
C’est l’intérêt propre que l’on a préféré à celui de l’État ; ce motif plein de force sur l’esprit humain, étouffe les leçons de la justice & de l’honnêteté ; mais dans la défense des Spectacles, l’ambition ne se trouve nullement intéressée, la tolérance n’est pas une dérogation aux droits du Prince, le peuple songeroit moins à la révolte, seroit moins occupé d’intrigues & de cabales, s’il étoit amusé dans un Amphithéâtre. […] Cette réforme rendit les Histrions plus circonspects, elle introduisit insensiblement la Religion sur le théâtre ; les Confreres de la Passion au commencement du XV. siécle succéderent aux Troubadours : mais des piéces qui ne rouloient que sur des mystéres, étant peu propres au divertissement du peuple, ils ajouterent aux représentations des farces licentieuses assorties au gout corrompu du tems.
D’un peuple libre enfin, qui se donnoit lui-même, Vaut leur Roi, titre vain, sans l’aveu des sujets. C’est donc le peuple qui fait les Rois. […] Leur droit héréditaire ne vient que du choix du peuple. […] Il n’y a que le Christianisme, le Judaisme, le Mahométisme, qui n’adorant qu’un seul Dieu, & méprisant toutes les idoles, ont pu déplaire au peuple, & alarmer le gouvernement. La religion des Perses, qui adoroient le feu, pouvoit-elle choquer un peuple qui adoroit Vulcain, Pluton, Cibelle, &c. ?
Les autres Auteurs comiques font parler toute sorte de gens, bourgeois, artisans, gens de la campagne, & pour un homme qui a de la naissance & de la fortune, qu’on n’introduit guere que pour le jouer, il y en a vingt qui ne sont que peuple : c’est la comédie roturiere. […] C’est sans doute un bien d’épargner au spectateur les indécences du peuple. […] Quelque disproportion qu’il paroisse y avoir entre un grand Prince tout occupé du gouvernement des peuples, & une comédie qui ne semble faite que pour l’oisiveté, il n’est pas difficile de rapprocher ces deux idées. […] Il faut être bien comédien pour faire si peu de cas du Ministere, ou tant de cas du théatre, pour faire d’un grand Prince une espece de Comédien, & une de ses fonctions Royales d’amuser & de faire rire le peuple par des comédies. […] A-t-il présenté ces comédies au Conseil des Rois, avec ses mémoires, & fait jouer la comédie pour consoler les peuples de la revolution des billets de banque ?
Une troupe de Dieux & de peuples qui sont à leur suite, applaudissent à cette belle œuvre, la célèbrent par leurs chants, & disent : Venez, tendres amours, couronnez ces amans, & régnez avec eux : plaisirs, assemblez-vous, &c. […] Tous les peuples ne sont pas également vicieux, ni tous les lieux aussi grossiers. […] Les excès des Iroquois & des Nègres ; si ces peuples avoient des théatres, ne seroient pas supportables en France, comme leurs chants & leurs danses ne le sont pas : la naïveté grossiere de nos ancêtres révolteroit leurs descendans, comme leurs vertugadins & leurs grot canons : le libertin le plus déclaré ne s’accommoderoit pas des gros mots de la Place Maubert. […] Les Grecs, ce peuple licencieux, dit-on, sur son théatre, plus jaloux que nous de la décence, ne souffroit pas que les femmes jouassent aucun rôle. […] Grands & petits, bourgeois & peuple, tout y vient pour son plaisir, y est pêle mêle, sans distinction & sans ordre, & c’est toûjours ce qu’il y a de plus vicieux dans les uns & les autres.
Et si en effet par faiblesse, par ignorance, par zèle, pour remuer le peuple, les Missionnaires ont quelquefois copié le théâtre, n’ont-ils pas fait gémir les honnêtes gens ? […] Ces plates bouffonneries, qui dans la stérilité du génie, par l’envie de plaire au peuple, s’emparent de la scène, et dans le sac de Scapin font méconnaître l’Auteur du Misanthrope, le latin les éloigne, ne les fournissant pas, ou les émoussant. […] Mais les femmes et le peuple n’y viendront pas. […] Que font les femmes et le peuple dans des exercices littéraires ? […] Quels juges, quels témoins pour des Etudiants, que les femmes et le peuple, qui ne louent et ne goûtent précisément que ce qu’il ne faut pas qu’on leur enseigne, ne leur demandent, ne leur inspirent que ce qu’il faut leur faire éviter !
Vous avez heureusement développé quelle est l’influence des lois d’un peuple sur ses mœurs : vous avez aperçu avec finesse, et démêlé avec sagacité les causes les plus cachées de la corruption de notre siècle : enfin, en travaillant pour votre patrie, à qui vous faites tant d’honneur, vous avez déployé l’âme du Spartiate, et l’éloquence de l’Athénien. […] Quelles leçons pour les rois et pour les peuples ! […] Si de pareils spectacles corrompent les mœurs d’un peuple, j’ai tort ; et il faut fermer tous les théâtres. Je vous citerai encore Alzire, à laquelle vous ne refuserez pas du moins l’avantage de présenter un beau contraste des mœurs des chrétiens, et des mœurs d’un peuple nouveau ; et d’avoir fait triompher glorieusement le christianisme, sans le secours de la foi, par la raison seule et par le sentiment, qui est encore plus sûr qu’elle. […] Mais quand il serait vrai que la raison seule pût tenir lieu de vertu, la tragédie dont je parle n’enseigne-t-elle pas aux Rois, que leur intérêt personnel, celui de leur gloire et de leurs plaisirs ne peut jamais se séparer de l’intérêt général des peuples soumis à leur empire ?
Il s’est appliqué particuliérement à connoître le génie des Grands, & de ce qu’on appelle le beau monde, au lieu que les autres se sont souvent bornés à la connoissance du peuple. […] Ce Comédien, dit-il5, Peut-être de son Art eût remporté le prix, Si, moins ami du Peuple en ses doctes Peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures ; Quitté pour le bouffon l’agréable & le fin, Et sans honte à Terence allié Tabarin. […] Au reste, quelque capable que fût Moliere, on prétend qu’il ne savoit pas même son Théâtre tout entier, & qu’il n’y a que l’amour du Peuple qui ait pû le faire absoudre d’une infinité de fautes.
Les Espagnols, les Allemands, les Anglois, les Italiens, les François, donneront à Achille chacun une teinte de ce qui les distingue des autres peuples. […] On verra dans l’un un coloris plus frais, des masses mieux distribuées ; dans l’autre, une touche plus fiere, un dessein plus hardi ; mais on ne trouvera point dans l’un ni dans l’autre, de ces physionomies, de ces configurations nationales, auxquelles on reconnoît les différens Peuples. […] Il s’applaudit de sa mort, parce qu’aimé du peuple, il pouvoit être mis sur le Trône à son préjudice, & à la mort d’Antigone, qui seule pouvoit l’en éloigner, cet ambitieux qui ne songeoit qu’à régner, entre dans le plus grand désespoir.
On en fait l’expérience, quand le Théatre est ouvert au peuple. […] Le Théatre demanderoit donc des cœurs toujours neufs : il seroit à souhaiter que nous fussions peuple à cet égard, & que nous eussions l’attention de nous maintenir dans une sorte d’ignorance. […] Ce Démétrius, ces Empereurs méprisoient des peuples qui ne mettoient point de bornes à leurs flatteries.
Les prêtres ayant ainsi acquis sur l’esprit faible du peuple une influence marquée et décisive, alors nos rois se retrouveraient par la suite dans la triste position d’Henri III. […] C’est donc aux autorités qui existent dans l’Etat à ne jamais permettre au Clergé de se soustraire aux droits de la puissance établie par Dieu même, pour protéger et gouverner les peuples. […] Si une religion est intolérante, il est impossible d’empêcher les prêtres de ce culte de s’en faire un dogme, et mon intention n’est pas ici de contredire ce dogme ; mais malheur à l’humanité si on l’arme de la puissance ; c’est alors que l’intolérance, guidée par un zèle peu éclairé, et par un fanatisme cruel, renouvellerait bientôt toutes les atrocités inquisitoriales ; elle rappellerait ces siècles malheureux où les peuples étaient en proie à des superstitions grossières et féroces.
Samuel ne toléra-t-il pas les enfants d’Héli quelques corrompus qu’ils fussent, et les siens mêmes qui ne l’étaient pas moins ; et le peuple pour n’avoir pas voulu les supporter, ne fut-il pas repris et châtié de Dieu ? Ce saint Prophète ne toléra-t-il pas ce peuple même enivré de son orgueil, et qui n’avait plus que du mépris pour son Dieu ? […] rien ne serait plus imprudent ; le parti qu’elle prend avec tant de sagesse, est de laisser les Théâtres, et de désabuser les peuples et de les détourner de ces vains spectacles.
On se trouva contraint de les insérer dans les Drames comiques & sérieux ; le Peuple revint alors à des Théâtres qu’il allait abandonner sans retour. […] Elle doit engager les Sçavans à l’applaudir, ainsi que la foule du Peuple.
Conclure de là que les jeux : et encore les jeux publics aient été permis à l’ancien peuple ; c’est tellement en ignorer la constitution et les coutumes, qu’on ne doit répondre que par le mépris à de si pitoyables conséquences. Le repos de l’ancien peuple consistait à se relâcher de son travail pour méditer la loi de Dieu, et s’occuper de son service.
Les anciens législateurs qui ont inventé le spectacle ont moins songé à amuser ceux de leurs citoyens qui vivaient dans l’oisiveté qu’à instruire le peuple en le portant, par des exemples, à la haine du vice et à l’amour de la vertu : et effectivement, rien ne peut plus contribuer à guérir l’homme de ses défauts que de les exposer, comme on fait dans la comédie, à la risée et à la censure publique. […] Loin d’y garder les bienséances, la pudeur y était offensée par des postures infâmes et par des représentations que les gens les plus déréglés, s’ils ne sont pas de la lie du peuple, condamneraient eux-mêmes aujourd’hui.
La première est la créance commune des peuples, que c’est pécher contre les règles du Christianisme que d’y assister. […] Saint Jean Chrysostome, dans plusieurs de ses homélies, entre autres dans l’homélie 15 au Peuple d’Antioche, dans l’homélie 3 de David et de Saül, et dans l’homélie 38 sur saint Matthieu.
Je pense donc que presque tous les peuples qui habitent aujourd’hui l’Europe ne font, dans leurs Jeux et dans leurs Spectacles, qu’imiter imparfaitement ce que leurs Pères avaient exécuté avec plus de régularité et de magnificence. Ces Jeux et ces Spectacles, que l’autorité publique avait abolis, ou qui avaient cessé d’eux-mêmes, sans que depuis on les eût protégés, peu à peu ont été rétablis par les peuples, de leur propre mouvement ; mais, en les rétablissant, on les a déguisés ; et on y a ajouté du nouveau, sans leur ôter néanmoins tout ce qu’ils tenaient de leur première origine.
[EN-TETE] DE L’INFLUENCE DES THEATRES et particulierement DES THEATRES SECONDAIRES sur les moeurs du peuple
Ce phantôme, pour obtenir un autre phantôme, a eu des aventures, tenu des discours, formé des intrigues, commis des crimes, qui n’ont pas plus de réalité ; il a combattu des ennemis & des rivaux imaginaires, a été applaudi par un Prince, par un peuple aussi chimériques. […] Cet astre en effet a plus d’influence qu’on ne croit dans le pays de Romancie & sur les peuples dramatiques. […] Les aventures de Jupiter, de Junon, de Vénus, &c. chez les Grecs, de Visnou, de Brama, chez les Indiens, d’Amida, de Xaca, chez les Japonnois, &c. ne sont que des romans pris pour des vérités, & dont la crédule simplicité des peuples a fait des objets religieux. […] Le peuple prend pour des histoires tous ces contes dialogués ; les notables prennent les histoires pour des contes, à commencer par les faits pieux & édifians.
L’endroit le plus ordinairement choisi pour la construction de ces sortes d’edifices estoit une place publique, où l’intelligence de l’Architecte pût travailler sans contrainte & sans obstacle, & répondre plus surement à l’attente du Peuple, & à la magnificence de l’entreprenneur. […] & ny les Magistrats ny le Peuple ne manquoient pas de faire dãs certains temps les Instãces necessaires, soit pour les remetre sur pied, sot pour lesrendre plus magnifiques. […] La solidité de l’Edifice donna tant de ioye à tout le Peuple, que cette nouveauté eut encore plus de reputation que toutes les autres. […] ; que dans les Ieux publics, où il n’y a ny courses ny combats, qu’on tache de réjoüir le Peuple par des Chants, & par des Symphonies d’instrumens ou à chordes ou à vent ; C’est à dire, que toutes les sortes de Musiques leur estoient connuës & pratiquées dans leurs Ieux, car il n’y en peut avoir que de ces deux especes, ou vocale, ou simphonique, dont l’une ne concerne que la diversité des chants & la beauté de la voix, & l’autre consiste dans l’agrement des instruments & dans la iustesse de leurs Concerts.
Les compositions étaient soumises à l’archonte ; il en réglait toutes les parties, il rejetait ce qui pouvait nuire à la morale publique ; le peuple n’entendait au théâtre que de saines maximes qui l’excitaient aux vertus, au respect des dieux et des lois. […] Un déplorable échange se faisait alors entre les auteurs et le parterre ; ils lui rendaient les caricatures de tous les originaux qu’il leur avait prêtés, et ces sales images de ses mœurs, ces niais propos du bas peuple gâtaient au moins l’esprit et le goût. […] » Ce discours d’une atroce ironie, la victime pâle et sanglante, tout cela forme un tableau aussi horrible que repoussant, et quand un pareil spectacle n’aurait que le danger d’accoutumer le peuple au sang, et de le familiariser avec le crime, ne serait-ce pas un motif suffisant pour le condamner ? […] Si en développant aux yeux du peuple les suites funestes des passions, on ne l’en garantit pas par de saines maximes ; si en lui dévoilant le crime on ne l’exalte pas pour la vertu, la scène devient nécessairement vicieuse et corruptrice.
L’Archevêque méprisa comme de raison, la lettre de Boursaut ; mais il crut devoir donner a son peuple le contre-poison. […] La haine du peuple contre les délateurs fut si grande, qu’il les mit en pieces, & donna leurs corps aux chiens. […] Il craignit une révolte générale, il fit bâtir quatre nouvelles forteresses, & fortifia Samarie, & à la moindre émotion, on faisoit main basse sur le peuple. […] Il s’assit sur un trône, & harangua le peuple. […] C’étoient des actes religieux parmi ces peuples, & la représentation des avantures de leurs Dieux, c’est-à-dire des mysteres du paganisme.
J’avois grand besoin de la Pologne : ce pays est fort peuplé, de peuple dur, grossier, ignorant, mal vêtu, mal nourri, &c. […] Il faut une religion pour le peuple ; un Roi est mal-adroit s’il souffre qu’on en abuse : mais il n’est pas sage d’en avoir lui-même, il doit seulement en faire semblant. […] Chaque Etat a sa religion ; ce sont des minuties pour le peuple. […] Ce seroit à un Prince le comble de la folie de s’attacher à ces petites miseres du peuple : le vrai moyen d’écarter le fanatisme c’est d’avoir pour la religion la plus belle indifférence. […] Je passe pour Auteur : mais c’est une maudite race que celle des beaux esprits, un peuple insupportable pour sa vanité.
Depuis assez longtemps, mon Peuple les partage : L’amour qu’il a pour moi sans doute est ton ouvrage. Je vois avec plaisir ce Peuple, comme moi, Reconnaître un grand homme, et même un père en toi. […] C’est aigrir nos douleurs et je crois qu’il est mieux Que le Peuple aujourd’hui célèbre la mémoire Des exploits dont Bacchus honora notre histoire. […] Tout ce qui peut charmer nous l’admirons en elle, Mais peut-être, Seigneur, que sa douleur mortelle Sert de prétexte au Peuple, et ses propres malheurs Sont les motifs secrets qui font couler ses pleurs. […] Oui ce Peuple lassé de sa douleur amère Ne peut souffrir longtemps l’excès de sa misère.
Elle avoit inventé mille divers impôts par le conseil de quelques Italiens de la lie du peuple, qu’elle accueilloit, & chargeoit d’en faire la levée. […] Il se ruinoit & ruinoit son peuple. […] Ils jouoient grossierement à la vérité ; mais le peuple s’en contentoit. […] Aussi le peuple ne va pas à la comédie reguliere, il ne va qu’aux tretaux. […] Elle disois souvent qu’elle vouloit imiter les Empereurs Romains, qui attribuoient des jeux au peuple.
[EN-TETE] DISCOURS SUR LES SPECTACLES, prononcépar m. l'abbe chatel, eveque primat par election du peuple et du clerge, a l'eglise catholique francaise primatiale, faubourg saint-martin, en presence des artistes des theatres de la capitale.
[FRONTISPICE] de l’imposture et tromperie des Diables, Devins, Enchan- teurs, Sorciers, Noueurs d’aiguillettes, Chevilleurs, Nécromanciens, Chiromanciens, et autres qui par telle in-vocation Diabolique, ars Magiques et Su-perstitions abusent le peuple.
[FRONTISPICE] DISCOURS sur les PLAISIRS POPULAIRES, les bals Et les SpectaclesPrononcé dans l’Eglise française (première succursale de Clichy), sise à Paris, boulevard Saint-Denis, n. 10, PAR L’ABBÉ AUZOU,Curé de Clichy, par élection du peuple, et président de l’Eglise française.
Les Festins ne sont pas plus permis aux Princes que la pompe des habits, et quoi que dans les grandes réjouissances des Mariages ou des Traités la coutume les excuse et les tolère, il faut pourtant se souvenir que les Peuples qui souffrent la faim ne peuvent souffrir la bonne chère du Monarque qui les gouverne. […] Il faudrait être tout à fait injuste pour condamner les tournois, les courses de Bague, les combats à la Barrière, et tous ces autres exercices qui sont en usage depuis la naissance des Monarchies : Aussi n’ai-je point d’avis à donner sur ce sujet, sinon que la dépense n’y soit pas excessive, de peur que le Prince ne vende trop cher ces sortes de divertissements à ses Peuples, et qu’il ne soit obligé de réparer par de fâcheuses levées ce qu’il aura dissipé par de folles profusions.
Ce travers a existé chez tous les peuples, quand une fois les mœurs avaient subi une dépravation générale ; quand le siècle, comme dit Florus, s’est dissous et fondu en luxe et en luxure : In luxuriam fluens sæculum.
Ils sufiront à nous aprendre, que pendant que l’on défendoit au Peuple de voir les Histoires Saintes dans le Livre qui les contient purement & fidélement, on lui permettoit de les voir sur le Théatre, souillées de mille inventions grossieres, dont on exprimoit la plupart d’une façon basse, & en style de farceur. […] Ceux qui revenoient de Jerusalem & de la Terre-Sainte, de Saint Jaques de Compostelle, de la Sainte-Baume de Provence, de Sainte Reine, du Mont Saint Michel, de Nôtre-Dame du Puy, & de quelques autres lieux de pieté, composoient des Cantiques sur leurs Voyages, y méloient le recit de la vie & de la mort du Fils de Dieu, ou du Jugement dernier d’une maniere grossiere, mais que le chant & la simplicité de ces temps là sembloient rendre pathetique, chantoient les miracles des Saints, leur Martyre, & certaines Fables à qui la créance du peuple donnoit le nom de Visions, & d’Apparitions. Ces Pelerins qui alloient par troupes, & qui s’arrêtoient dans les ruës & dans les places publiques où ils chantoient le Bourdon à la main, le Chapeau & le Mantelet chargez de Coquilles & d’Images peintes de diverses couleurs, faisoient une espece de spectacle qui plut, & qui excita la pieté de quelques Bourgeois de Paris à faire un fond pour acheter un lieu propre à élever un Theatre, où l’on representeroit ces Mysteres les jours de Fête, autant pour l’instruction du peuple, que pour son divertissement.
Je pourrais imputer ces préjugés aux déclamations des prêtres, si je ne les trouvais établis chez les Romains avant la naissance du christianisme, et non seulement courant vaguement dans l’esprit du peuple, mais autorisés par des lois expresses, qui déclaraient les acteurs infâmes, leur ôtaient le titre et les droits de citoyens romains, et mettaient les actrices au rang des prostituées. […] » Je ne sache qu’un seul peuple qui n’ait pas eu là-dessus les maximes de tous les autres ; ce sont les Grecs. […] Ce peuple, enthousiaste de sa liberté jusqu’à croire que les Grecs étaient les seuls hommes libres par nature, se rappelait avec un vif sentiment de plaisir ses anciens malheurs et les crimes de ses maîtres.
Elle gagna des princes, des seigneurs, le peuple, & commença de nouveaux troubles. […] Pour achever la comédie, les deux Duchesses se logerent à l’Hôtel-de-Ville : elles y jouoient les souveraines ; leur appartement étoit le foyer, le balcon étoit le théatre, d’où, comme les empereurs romains, elles faisoient des allocutions au peuple. […] On partit de l’Hôtel-de-ville pour se rendre à la Paroisse, avec tout le cortége consulaire, les tambours, les fifres, les trompettes, les archers en uniforme, les échevins en robes de cérémonies, les conseillers de ville, les huissiers, les domestiques en livrées, le parrain à la tête donnant la main à la marraine, & un peuple innombrable. […] La voilà sur le trône, faisant la loi dans Paris, dictant les arrêts du Parlement, donnant l’ordre aux troupes, réglant les opérations de la campagne, couronnant les exploits des officiers, tenant les rênes du gouvernement, remuant le peuple, soufflant l’orage, donnant le calme à son gré, se faisant craindre & respecter par le Grand Condé, qui, tour à tour son ennemi & son adorateur, dépose à ses genoux les lauriers de Rocroi, trop heureux d’entendre ses oracles. […] Abandonnée de sa famille, même de son amant, se refugiant dans quelques cabanes, sans trouver d’asyle chez ses meilleurs amis, ne marchant que la nuit, tantôt à pied, tantôt à cheval, tantôt en croupe derriere quelque paysan, faisant la malade, recouvrant la santé, déguisée en homme, en servante, en bergere, envoyant assurer le Roi de son obéissance, & tâchant de soulever le peuple contre lui, changeant de nom : il me semble voir Angélique, Morphise, Bradamante, ces héroïnes de l’Arioste, chevauchant dans l’Europe, l’Asie, l’Afrique.
Le peuple doit-il aller à la Comédie, 59 Chap.
Un mari qui auroit gouverné une vieille Reine, auroit tyrannisé le peuple, & dépouillé le Royaume, se seroit emparé des finances & de l’autorité sans donner d’héritier ; elle ne l’avoit pas voulu quand elle le pouvoit ; elle ne le put quand elle le voulut, il est vrai qu’elle n’insista pas, & se rendit de bonne grâce ; à son âge pouvoit-elle se flatter d’être aimée ? […] La vraie, la grande raison, c’est qu’elle sentoit tous les jours diminuer son autorité & l’amour des peuples. […] On peut être homme de bien, & méchant dans toutes les Religions ; on estime la gloire d’un Prince quand il règne sur plusieurs Peuples, que savons-nous si la gloire de Dieu ne devient pas plus grande par la diversité des Religions. […] Dieu est glorifié par différentes Religions, comme les Princes par différens peuples. […] Où est la sûreté des peuples & des Princes ?
Quelque grande que soit la liberté qu’on se donne de se masquer, quelque grande que soit la tolérance des Magistrats, il est certain que les masques sont défendus par les loix du royaume & par celles de la plupart des peuples, & sur-tout par la loi de Dieu, qui les traite d’abominables. […] Un grand concours de peuple leur faisoit cortège. […] C’est pour éloigner le peuple d’Israël de toutes ces horreurs, que Dieu lui avoit défendu les déguisemens. […] Ainsi les précautions que Dieu prit pour en préserver son peuple sont très-sages. […] La sagesse, la sainteté de Dieu a voulu éloigner de son peuple une occasion si pernicieuse de superstition & de débauche.
Dans la suite, elles présiderent aux assemblées du Peuple ; dicterent des Loix, & répandirent, sur tous les Etats où elles furent accueillies, une célébrité qui triomphe encore de la mort & du temps. […] Ecrivant dans le sein d’une République idolâtre de sa liberté, ils s’attacherent à décrier la tyrannie ; ils tracerent des portraits effrayans ; des Rois & de tout ce qui les environne, afin d’inspirer plus d’horreur au Peuple contre tout ce qui pouvoit altérer la forme du gouvernement établi. […] Ils trouvoient le secret d’inspirer au Peuple les sentimens les plus convenables à l’état où il se trouvoit, & les résolutions les plus glorieuses dans les temps de calamités. […] Ce qu’un Auteur satyrique disoit avec aigreur d’un Peuple trop envié, s’est réalisé de nos jours : Natio comœda est.
Et ces farces exécrables dont en France on fait un dessert de ciguë aux représentations tragiques et sérieuses, mériteraient sans doute une sévère punition du Magistrat parce que les mauvais propos et abominables que l’on y tient ne corrompent pas seulement les bonnes mœurs et n’apprennent pas seulement au peuple des mots de gueule, des traits de gausseries et des quolibets sales et déshonnêtes mais le porte à l’Imitation des friponneries et sottises qu’il voit représenter et qui par ses yeux (lesquels sont plus vifs que l’ouïe) passent dedans son cœur. […] Et c’est de cette sorte que l’on se sert en Espagne de ces spectacles publics autant pour l’instruction que pour le passe-temps du peuple qui est depuis tant d’années en cette profonde paix et en ce repos opulent que Dieu promet en l’Ecriture à ceux qui l’adoreront en esprit et vérité. […] Vraiment Dieu est admirable en ses voies et saint en toutes ses œuvres tirant la lumière du milieu des ténèbres, composant son Royaume de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, de toute nation, et de toute qualité et condition de personnes.
Comparez les deux répertoires, vous serez convaincu que le clergé d’autrefois exploitait le théâtre pour mieux exploiter la crédulité du peuple en flattant ses passions, et que de nos jours il le défend, parce que le théâtre, par la direction des esprits et les progrès de la civilisation, est un des puissants moyens d’éclairer la multitude. […] Un hideux assemblage de bouffonneries où la religion et les choses les plus saintes étaient jouées comme des farces ; où les ministres de la religion même venaient donner l’exemple de la plus cynique immodestie, et corrompre autant par leur mise et leur jeu, que par la liberté révoltante de leurs paroles, les peuples qu’ils devaient édifier. […] un lieu où sont représentés avec une étonnante précision tous les ridicules de la pauvre humanité, depuis ceux du prince assis sur le trône, jusques à ceux du pauvre couché sur la poussière ; où l’hypocrisie mise à nu, succombe sous le poids des anathèmes publics ; où la liberté trouve toujours des applaudissements, et la tyrannie des sifflets ; où le fanatisme excite l’indignation, la pitié ou le mépris, et où la charité, la tolérance sont toujours accueillies avec transports ; où enfin tout ce qui est juste, noble, généreux, désintéressé, trouve sympathie, et où l’on ne repousse que ce qui est contraire aux vrais intérêts des peuples et au bonheur de l’humanité : voyez l’épouse de Thésée, bourrelée de remords, et expirante au milieu des plus cruelles angoisses, victime d’une flamme coupablee ; quel cœur de femme n’a pas frissonné d’horreur aux accents de désespoir, de rage et de fureur de notre immortelle tragédienne dans le rôle de la belle-mère d’Hippolytef !
Le peuple indigné, sans écouter la loi qui défend d’attenter à la vie des rois, le détrôna, & mit à sa place Isaac Lange. […] Mais le peuple devient dur, l’inhumanité familiere, le meurtre moins odieux. […] Un éloge en dialogue, coupé en scènes, du Roi, de la Famille Royale, du Prince & de son portrait, du Peuple & de son zele. […] Les romains la firent monter sur la scène : elle y fit peu de progrès ; ce peuple étoit trop sérieux. […] Ces arts autrefois étoient unis, ils le sont encore chez plusieurs peuples.
Chrysostome à son peuple, des personnes qui blasphêment, vous n’y prenez pas de plaisir ; vous frémissez au contraire, &c vous vous bouchez les oreilles.
Les Peuples de l’Europe doivent le céder aux Grecs. En général, les Peuples modernes de l’Europe se sont trompés dans la façon dont ils ont conçus la Parodie.
L’esprit a besoin de se délâsser quelquefois ; il ne peut pas s’occuper sans cesse de choses importantes & èxtrêmement relevées ; aussi voit-on le Philosophe & le Savant rire au Théâtre des mêmes traits qui éxcitent la bonne humeur du Peuple. […] Le Spectateur contemple avec éffroi ses passions dans l’âme des Princes de la terre ; il voit en grand les malheurs qu’elles occasionnent parmi le Peuple.
Le Duo & les autres parties de Chant a plusieurs voix, ne sont supportables que dans des Poèmes dont les Hèros sont pris parmi le menu Peuple, ainsi que je le dirai ailleurs ; encore le Poète a-t-il plusieurs choses à observer, que je vais lui tracer en peu de mots, d’après M. […] La gravité des personnages que l’on y fait agir, ne les empêche pas de s’écrier tous à la fois ; c’est même la coutume des gens du petit peuple, lorsqu’ils sont échauffés, de parler tous ensemble, en confusion & sans presque s’entendre.
Danses nobles pour les grands ; grossieres, pour le peuple ; vives, légères pour la jeunesse. […] Ce n’est pas connoître la danse de la regarder seulement comme une suite réguliere des pas cadencés, qui amusent par leur légèreté, leur adresse, leur force, leur régularité, telle qu’elle est dans la grossiereté du peuple, ou la simplicité d’un enfant qui exprime la joie, ou dans un Maître qui apprend à danser ; ce n’est que la partie méchanique. […] Les danses des Israélites, qu’on cite tant pour justifier les nôtres par l’exemple du peuple de Dieu, étoient plus décentes : nul mélange de sexe. […] Les termes de théatre sont une dérision de Moyse & de l’Ecriture ; le peuple dansa de joie après sa délivrance, Moyse composa un cantique sublime, qui est un chef-d’œuvre. Quelle adresse dans la législation, de lier les amusemens du peuple au maintien du culte !
Vous, Païens, dit-il, avez aboli les lois les plus sages, dont vos ancêtres étaient scrupuleux observateurs, telles que les lois somptuaires, qui défendaient tous les excès du luxe et de l'intempérance ; celles qui distinguaient les états, en interdisant au peuple les habits des gens de condition, et aux honnêtes femmes les parures des courtisanes ; celles qui prescrivaient aux femmes la modestie et la sobriété, jusqu'à leur défendre de boire du vin, et de porter de l'or sur leurs habits ; en particulier les lois qui proscrivaient le théâtre, et le faisaient partout détruire, comme le corrupteur des bonnes mœurs : « Leges quæ theatra stuprandis moribus orientia destruebant. […] L'Ecriture parle d'une manière générale qui renferme ces espèces particulières, elle enseigne toutes les nations dans le peuple Juif, et menace tous les peuples dans les Egyptiens. […] Voyez ce peuple qui court avec transport et en tumulte au cirque, déjà furieux par les factions et les paris. […] Ces mêmes Magistrats qui donnent des spectacles au peuple, dégradent un métier dont ils font tant de cas, déclarent infâme, chassent du Sénat, du barreau, de la tribune, de l'ordre équestre, privent de tous les honneurs, les Comédiens, Gladiateurs, Athlètes, qu'ils aiment éperduement, auxquels ils se livrent par des crimes qu'eux-mêmes punissent.
Mais ce ne sont pas les ridicules qui font la honte des rois & le malheur des peuples ; ce sont les passions qui les dominent ; & jamais les auteurs ni les acteurs tragiques & comiques n’en ont guéri aucune, ni dans les princes, ni dans les sujets. […] L’ivresse du peuple, pour ces jeux, rendit tous leurs efforts inutiles. […] C’est la lie du vice, mêlée avec la lie du peuple.
L’Écriture nous en fournit un exemple célébre, en rapportant que Marie sœur d’Aaron & de Moyse, se joignit aux autres femmes qui dansoient séparées des hommes, en chantant des cantiques à la louange du Seigneur, après la victoire remportée par le peuple de Dieu sur les Égyptiens submergés dans la Mer rouge. […] Réjouïssez vous ; mais que ce soit dans le Seigneur, comme l’ordonne l’Apôtre : soyez gais & joyeux ; mais que ce soit en la manière que le doivent être des Chrétiens & des Saints, tels qu’étoit le peuple de Béthulie dans les Fêtes qu’il célébra après avoir été délivré des mains d’Holopherne, par celles de Judith : Judith, 16. 24. […] , qui dit que Dieu, en faisant cette défense, n’a pas seulement eu en vue de détourner cet ancien peuple de l’idolâtrie que commettoient les hommes, en adorant Vénus, travestis en femme ; & les femmes Mars, déguisées en hommes : mais encore pour les détourner de la luxure à laquelle ces déguisements ouvrent souvent la porte.
Ceci me confirme dans le sentiment où je suis que la Comédie ancienne ne se jouait chez les prémiers Peuples que sous des branches & des berceaux d’arbres. […] Certains Peuples d’Arabie se nomment Sçènites parce qu’ils vivent toujours sous des berceaux de feuillages. […] Prémièrement, que l’Acteur qu’on fait venir à l’aide d’un Messager, ne soit pas trop éloigné de l’endroit où se passe l’action : en second lieu, celui qui en mande un autre doit être d’une condition un peu distinguée, parce que les gens de la lie du peuple n’ont aucune dignité qui les empêche d’agir à leur fantaisie, & qu’il ne serait pas naturel de les voir attendre gravement les personnes aux-quelles ils ont envie de parler : l’Opéra-Bouffon ne peut guères employer ce moyen.
Il faut donc ajouter encore, que ceux qui sont en autorité pour régir et pour régler les peuples, sont coupables s’ils ne remédient aux désordres, qui se commettent sur ce sujet, et qui se répandent partout.
Les Juifs que Voltaire a si maltraités, disoient que c’est le veau d’or, au tour duquel le peuple plein d’admiration & de respect, chantoit & dansoit ; on se prosterna devant le nouveau Dieu. […] Telle fut l’inauguration de la statue de Nabuchodonosor, que tous les peuples devoient adorer, en se prosternant devant elle, toutes les fois qu’ils entendroient les instrumens de Musique. […] Après ces cérémonies la Pythonisse imposa silence aux acclamations & à la musique, pour faire entendre ses oracles ; elle s’assit sur le Trepied sacré, couvert de la peau du serpent Pithon, & tout à-coup saisre du Dieu qui l’inspire, les cheveux épars, les yeux étincellans, la bouche écumante, les gestes furieux, tout son corps dans les convulsions, (la Clairon dans ses rôles est à-peu-près une Energumene,) elle prononce ce sublime oracle : Écoutez peuples du couchant à l’aurore, du nord au sud, la voix d’Apollon ; Voltaire est le plus grand, le plus fecond, le plus élégant, le plus pathétique, sur tous le plus dévot (à nos Dieux), le plus véridique historien ; le plus profond politique, le plus eclaire philosophe ; le théologien, le jurisconsulte, le médecin le plus habile qui ait jamais été, qui doive jamais être : Voltaire est parfait en tout, unique en tout, Voltaire est tout ; l’esprit humain ne sauroit aller plus loin, il est égal aux Dieux. […] Petrarque est entré dans Rome sur un char de triomphe, aux acclamations du peuple Romain, comme les Scipions, les Paul Emile, le grand Pompée, il a reçu au Capitole la couronne poëtique ; il n’a tenu qu’à lui de la recevoir à Paris, où elle lui fut offerte en même tems. […] Il est une infinité d’autres honneurs littéraires, accordés aux poëtes, par tous les peuples du monde, dont M.
Toutes les histoires en sont pleines, les Sauvages du nouveau monde s’en occupent, quoique beaucoup moins que les Peuples policés, comme dans l’ancien monde le Peuple grossier, les habitans de la campagne y sont moins sensibles que les citoyens voluptueux qui rafinent sur le plaisir & voudroient goûter tous les plaisirs. […] Les Orientaux & les Peuples qui habitent les pays chauds sont communément plus adonnés à l’incontinence ; & l’une des raisons de ce penchant est que tout y est parfumé par la multitude innombrable des fleurs qui croissent sur tous les arbres & dans toutes les campagnes, & embaument l’air. […] Cette source intarissable en fait un très-grand commerce ; tous les serrails comme ici nos théatres occupent une foule de parfumeurs ; aussi le luxe, la molesse, la pluralité des femmes, la liberté du divorce y exercent leur empire sans résistance, & les peuples efféminés toujours vaincus quand ils ont été attaqués par les Européens, ont été moissonnés comme les fleurs qui sont dans les prairies tombent sous le tranchant de la faulx. […] Ce goût régnoit dans les auberges, où selon Juvenal un Parfumeur qu’il appelle Syrophenix, parce que les meilleurs parfums venoient de la Syrie & de la Phénicie, offroit aux hôtes des odeurs, comme du pain, du vin, de la viandes, &cum pervigiles placet instaurare popinas obvius assiduo syrophenix udus amomo ; & dans les moindres guinguettes pour la lie du peuple, Horace le reproche à son domestique qui alloit imprudemment s’y livrer : Fornix tibi, & uncta popina incentivum urbis desiderium.
541.) contre ceux qui vont à la comédie : « Par nos mercuriales, dit-il, il est prohibé aux sieurs de la Cour d’aller voir ou écouter les Bateleurs et Comédiens, à cause des paroles et actions dissolues, lascives et scandaleuses, qu’on y voit, et afin que les Magistrats souverains ne s’aillent avilir et profaner parmi le peuple indiscret et irrespectueux. » Il entre ensuite dans un détail historique sur la différente conduite des Empereurs Romains à l’égard des Comédiens ; il prétend qu’on devrait les bannir, parce qu’ils ne font qu’amuser le peuple et le nourrir dans l’oisiveté. […] Un Magistrat, père du peuple, vengeur des crimes, protecteur des bonnes mœurs, interprète des lois, oracle d’une province, dont la sagesse, la modération, la décence font le caractère, qui tient à un Corps respectable, qui remplit les plus importantes fonctions, sur qui le public a les yeux fixés, à qui il doit son respect et sa confiance, est sans doute plus que personne obligé d’édifier : les scandales portent des coups mortels sur les cœurs. […] Le Roi daigna s’y trouver, on y tourne en ridicule le Pape, les Cardinaux, les Evêques, les Religieux, grossièrement par leur nom, la noblesse, la robe, tous les états, et on porte l’audace jusqu’à satiriser le Roi lui-même en sa présence, et taxer d’avarice la sage économie que faisait ce Prince de ses revenus pour ne pas fouler ses sujets, qui lui valut le glorieux titre de Père du peuple. […] Ces excès de licence ne sont pas aujourd’hui à craindre, l’autorité du Roi et le respect du peuple sont mieux établis ; aucun Comédien ne serait assez hardi pour attaquer son maître, il ne le ferait pas impunément.
Parmi un petit nombre d’honnêtes gens qui y vont rarement, et qui s’y trouvent fort déplacés, ce n’est que l’assemblage de la lie d’une ville, je ne dis pas de la lie du peuple, mais la lie pour les mœurs et la religion. […] Ce grand homme vit avec tant de dégoût des objets si frivoles, qu’il félicite son ami, à qui il écrit, d’avoir préféré la tranquillité de la campagne, et la douceur de la lecture, aux fêtes bruyantes dont l’éclat frappe le peuple, mais ne peut plaire à un homme sage : « Lætor te animo valuisse ut ea quæ cæteri mirantur, neglexeris. » Dans le livre de la corruption de l’éloquence, que quelques-uns attribuent à Cicéron, et qui n’est pas indigne de lui, on assure que le théâtre est une des principales causes de cette corruption. […] 129.) qui dit : « La Cour, avertie que le peuple et les gens de métier s’appliquent au jeu des Bateleurs, défend à tous Comédiens de jouer quelque jour que ce soit, sous peine du fouet et du bannissement, et au Prévôt de Paris et tous Seigneurs justiciers de le permettre. » Il y a deux autres arrêts pareils du 6 octobre 1564, et du 10 décembre 1586. […] Elle fut généralement proscrite par les deux puissances, malgré la fureur du peuple, qui s’opiniâtra longtemps à la soutenir. […] Depuis ce refus authentique, ils n’ont plus osé se présenter, ni obtenir des lettres, qui sans doute leur auraient été refusées ; mais ils s’en consolèrent aisément par la liberté que le Roi leur laissa de jouer, l’honneur qu’il leur faisait de venir à leurs pièces, la pension qu’il leur payait, et l’argent que l’affluence du peuple leur apportait.
Je ne pense pas qu’à Malte, Alexandre, Auguste, Titus, même avec dispense du grand Maître, pussent former aucun quartier ; les troupes ne sont composées que des gens de la plus basse lie du peuple, à moins que quelque enfant prodigue ne quitte par libertinage la maison de son père, n’aille dissiper son patrimoine avec des Actrices, et enfin garder les pourceaux. […] C’est une métaphore prise des criminels condamnés à mort, qu’on donnait en spectacle au peuple avant que de les exécuter, « a damnatis qui traducebantur populo spectandi ». […] Ce peuple devint vicieux, il le fut à l’excès, mais jamais assez insensé pour ne pas condamner le vice, et en mépriser la source intarissable : « Artem ludicram scenamque totam Romani in probro semper habuere » : En cela bien différents des Grecs, quoiqu’ils en eussent adopté la religion, les arts et les vices, dit Probus dans la préface des vies des Hommes illustres : « Non fuit Atheniensibus turpitudini, sed Romanis infamia, et ab honestate remota. » On cite quelquefois à l’honneur du théâtre les sentiments de Cicéron pour Roscius. […] « Liberalitates illas omni reipublica valde suspectas, quæ civitati nullum ornatum, nullam plebi utilitatem, solam dumtaxat voluptatem et delectationem afferant et otio favent, placuit tolli: » Et dans le beau panégyrique de ce Prince, Pline le loue d’avoir chassé les Comédiens de Rome, et inspiré au peuple le dégoût du théâtre, l’aversion pour ces molles et indécentes représentations, qu’il applaudissait dans les autres Empereurs : « Idem populus scenici aliquando Imperatoris spectator et applausor, nunc in Pantomimos adversatur artes effeminatas damnat, et indecora studia. » Les mauvais Princes même, dans des instants de raison et de vertu, rendaient justice à l’infamie de ce métier. […] L’an 226 d’une horrible peste, pour réjouir le peuple, furent les premiers théâtres inventés, et la première fois les Histrions admis, chose de grande blessure à venir.
Leur sagesse, leur gravité, leur amour de la décence, ne s’accommodoient pas de ces agitations frivoles, si contraires à cet esprit, à cette majesté de gouvernement qui caractérisoit ce peuple célèbre. […] Moyse descendant de la montagne vit avec indignation le peuple dansant au-tour de l’idole. […] la lie du peuple, ou la lie du vice. […] Sans doute le caractère des personnes y met bien des nuances différentes ; la grossiereté du peuple, la familiarité de la bourgeoisie, la politesse des grands, la régularité de la composition théatrale, doivent beaucoup diversifier la scène. […] Un Maître à danser peut s’en faire un métier pour gagner sa vie, comme de toute autre folie qui amuse le peuple, il y trouve son intérêt.
Car on ne voudrait pas imiter ces Peuples qui n’ayant jamais pu garder pour leurs Souverains, une obéissance parfaite, ne veulent point d’autres Spectacles que la mort des Princes, et qui demandent toujours du sang dans les Tragédies, parce qu’ils ont peu d’humanité. Vous voyez bien que c’est le goût ou plutôt la fureur d’un peuple insensé, qui a introduit cet usage parmi eux, et qu’une coutume établie sur ces principes n’oblige nullement les personnes sages. […] Vous ne sauriez nier, qu’il n’y ait bien des choses qui se sont souffertes sur le Théâtre des Anciens, et qui se souffrent encore aujourd’hui sur celui des peuples étrangers, lesquelles seraient fort désapprouvées en France. […] Et que savons-nous si les Anciens ne désapprouvaient point eux-mêmes ces choses, qui ne se mettaient peut-être que pour plaire au peuple ignorant ; quand je lis les Tragédies d’Euripide, ou de Sophocle, et que je vois d’un côté des spectacles si peu naturels et des descriptions si basses, et de l’autre, des sentiments si héroïques, des passions si tendres, et des pensées si nobles, j’ai de la peine à comprendre comment un même Auteur aurait pu produire des choses d’un caractère si différent, s’il n’avait été obligé de mettre quelque chose sur le Théâtre en faveur du peuple, qui ne laissait pas que d’avoir de l’autorité dans une République. […] Tout ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils se sont accommodés quelquefois à la manière dont le peuple conçoit les choses, mais ce n’est pas par ces endroits si peu dignes de la majesté de la Scène que leurs pièces se sont soutenues.
Blâmez-la, si vous le jugez à propos ; mais croyez du moins que c’est ainsi que nous pensons, que c’est ainsi que nous instruisons les peuples, & que nous cherchons à leur faire part des mêmes consolations dont nous sommes pénétrés, & qui résultent du dogme de la divinité du Verbe incarné. […] Les Protestans sont déjà trop injustement noircis dans l’esprit d’un peuple ignorant : Que deviendroient-ils, si les hommes de génie & les philosophes se joignoient à l’Apologiste de la S.
[FRONTISPICE] RECIT TOUCHANT LA COMEDIEJOUEE PAR LES JESUITES, ET LEURSDISCIPLES, EN LA VILLE DELyon, au mois d'aoustde l'an 1607a Les jésuites nouvellement rétablis à Lyonb, voulant donner du passetemps au peuple, et ménagerc par même moyen selon leur coutume, estimèrent qu’il fallait faire parler d’eux à bon escient, et qu’un spectacle simple et commun aurait trop peu de grâce. […] Combien aussi que la fin au regard de quelques-uns des joueurs soit lamentable, néanmoins, attendu le profit qu’y ont fait les maîtres, et que tout cela s’est tourné en risée de la part du peuple, des joueurs, et des fatistesj qui ont fait nouvelle moisson, je ne changerai point ce titre.
… Si le refus de sépulture, ainsi que nous l’avons déjà dit, est plus outrageant pour l’autorité du prince que pour le comédien même, il en résultera aussi, que la classe des personnes dévotes et, ce qui est pire encore, la classe du peuple abrutie par l’ignorance, et par conséquent si susceptible d’être fanatisée, comme elle l’est en Espagne, par le monachisme et le jésuitisme ultramontain, sera autorisée d’après cette conduite du clergé, à blâmer et mépriser le prince et la loi, qui, d’après les allégations du prêtre, se trouveraient en contradiction avec la religion. C’est ainsi que serait atténué le respect inviolable, que les peuples doivent à la personne sacrée des rois.
Il faut, dit-on, quelque amusement au peuple. Mais est-ce pour le peuple que sont faits nos Théatres ? […] Le bonheur d’un Peuple dépend de la piété de son Roi. […] Ainsi ce qu’un Auteur satyrique disoit d’un Peuple, s’est réalisé de nos jours, Natio comæda est ». […] Le Peuple suivit l’exemple des Grands, & la fin des troubles de la République fut celle de la liberté.
Une misérable de la plus basse lie du peuple avoir aux portes de Paris une maison de campagne magnifique, où elle étale le fruit de ses débauches, & insulte à la misere publique : quelle insolence ! […] Dans l’intérieur du pays, il y a divers peuples sauvages & féroces, sans religion & sans mœurs, toujours prêts à se battre, même avec leurs propres enfans. […] Il est glorieux à la scène de régner dans tous les pays & chez les peuples les plus barbares, il est peu honorable pour elle de n’avoir pu adoucir leur férocité. […] Ses grands principes se réunissent à deux choses essentielles, à l’éducation de la jeunesse & à l’instruction des peuples. […] A ses yeux, les trois parties du monde ne sont remplies que de malheureuses victimes de la scélératesse des peuples d’Europe.
Il y a des Villes qui depuis le matin jusqu'au soir repaissent leurs yeux de divers Spectacles des Comédiens, et qui ne se lassent point d'employer un si longtemps à écouter des vers lascifs et licencieux, qui remplissent les esprits d'ordures, et il y a même des personnes qui appellent ces peuples heureux, en ce que quittant leurs affaires, et les occupations nécessaires pour l'entretien de la vie, ils passent les journées entières dans l'oisiveté et dans la volupté, ne considérant pas que le Théâtre où l'on représente ces Spectacles honteux, est l'Ecole commune et publique de l'impureté pour ceux qui s'assemblent ce lieu infâme.
Ces Histrions n’eurent d’autre emploi que d’amuser le Peuple. […] Un peuple voluptueux veut de la Musique & des Danses ; un peuple galant veut de l’amour & de la politesse ; un peuple badin veut de la plaisanterie & du ridicule. […] Le Héraut, en les montrant à tout le Peuple louait leurs ancêtres & leurs pères, morts pour la patrie : il leur représentait qu’ils avaient trouvé dans le Peuple, un père qui avait pris soin de leur enfance, & les exhortait à vivre en gens d’honneur, à se distinguer par leur vertu. […] On ne jouait pas habituellement les Comédies de Plaute, de Térence & des autres ; mais seulement à des Fêtes que les Grands donnaient au Peuple en diverses occasions. […] Comment, dira-t-on, des jeunes-gens de la première distinction, s’exposeront-ils sur un Théâtre, au risque d’être jugés par le Peuple, & improuvés, comme vous permettriez qu’on le fit aux entr’actes & à la fin des Pièces ?
Le Stile de notre Tragédie ne doit point paroître Poëtique aux Peuples accoutumés au Stile enflé de ces Poëtes, qui s’écartant de la Nature, cherchent un Langage extraordinaire. […] † Sitôt que de ce jour La trompette sacrée annonçoit le retour † Du Temple † orné partout de festons magnifiques † Le Peuple saint † en foule innondoit les Portiques † Nous pourrions peut-être accorder à nos Voisins, que leur Vers non rimé, comme imitant le ton de la conversation, doit être celui de leur Poësie Dramatique ; mais pourquoi veulent-ils qu’il puisse être celui de la Poësie Lyrique & Epique ? […] De pareils Vers eussent fait rire le Peuple d’Athenes : pourquoi ne nous paroissent-ils pas ridicules ? […] Ces Ouvrages sont si anciens, tant les ténebres avoient duré, qu’on ne peut découvrir d’une maniere certaine, chez quel Peuple, & dans quelle Langue parurent d’abord les Amadis.
JEAN CHRYSOSTOME Dans l'Homélie 15. au peuple d'Antioche. […] On y voit des femmes qui ont essuyé toute honte, qui paraissent hardiment sur un Théâtre devant un Peuple ; qui ont fait une étude de l'impudence, qui par leurs regards, et par leurs paroles répandent le poison de l'impudicité dans les yeux et dans les oreilles de tous ceux qui les voient, et qui les écoutent, et qui semblent conspirer par tout cet appareil qui les environne à détruire la chasteté, à déshonorer la nature, et à se rendre les organes visibles du Démon, dans le dessein qu'il de perdre les âmes ; enfin tout ce qui se fait dans ces représentations malheureuses ne porte qu'au mal : les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards des yeux, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des Comédies, tout y est plein de poison tout y respire l'impureté. […] Tous les désordres que causent parmi le Peuple ces hommes corrompus, et ces femmes prostituées; et toute cette troupe diabolique qui monte sur le Théâtre, tous ces désordres, dis-je, retombent sur vous.
Bornons cette question à ce qui concerne le Peuple ancien. […] Jadis peuple héros, peuple femme en nos jours, La vertu qu’ils avoient n’est plus qu’en leur discours. […] Un peuple voluptueux veut de la musique & des danses. Un peuple galant veut de l’amour & de la politesse. Un peuple badin veut de la plaisanterie & du ridicule.
Passion de presque tous les Peuples pour la Poësie Dramatique.
Mais il est temps de finir ce traité, et de ne penser plus qu’à gémir, et à prier la bonté toute-puissante de Dieu, de donner à ceux qui sont constitués en dignité et en charge pour régir les peuples, et la lumière pour ordonner les remèdes convenables, afin d’ôter un abus si insupportable, et néanmoins si commun ; et le zèle de la gloire et du salut des âmes, afin d’en bien faire l’application, c’est-à-dire, avec grâce et avec fruit.
» Si la terre de mon peuple dit le Seigneur, est couverte de ronces et d'épines; c'est-à-dire si les âmes qui soupirent après leur patrie céleste sont quelquefois percées par les pointes du péché, à quels désordres ne s'emporteront point ceux qui vivent dans les plaisirs, et qui ont le cœur rempli de toutes les folles joies du monde ?
) Le Caffre, l’Iroquois, le Japonois, l’habitant de la froide Siberie, enfin tous les Peuples qui composent ce bas monde, trouveront en cet ouvrage le sujet de leur admiration & de leurs éloges. […] Il vous donne aussi, Mademoiselle, quelques coups d’encensoir, & comme s’il avoit tout le corps épiscopal & tout le peuple chrétien dans la cervelle, il assure positivement que la consultation vous rend digne des éloges de l’Eglise elle-même.
Ce Poëte loue la frugalité, la chasteté, la modestie du Peuple Romain dans les premiers temps, & le petit nombre qui fréquentoit le spectacle. […] Il fait voir combien, dans son origine, fut méprisable la tragédie, dont toute la récompense étoit un vil bouc, & qui, malgré sa dignité, pour amuser le peuple grossier, sans loix & sans mœurs, s’abaissoit jusqu’à la bouffonnerie, & faisoit agir & parler les satyres sur la scène de la maniere la plus indécente, Satyros nudavit, jocum tentavit .
Ce qu'il répète encore en parlant d'Erotes si mauvais Comédien, qu'après avoir été sifflé par le peuple, et chassé hors du Théâtre, il fut obligé de se sauver en la maison de Roscius, duquel il reçut de si bons enseignements« Qui ne in novissimis quidem Histrionibus erat, ad primos pervenit Comœdos. », que n'ayant pas été jusque là digne d'être mis au rang des derniers Histrions, il se rendit un fort habile Comédien. […] D'où l'on peut conclure assurément que si on les a mises sur le Théâtre aux Jeux Scéniques, c'était pour en varier le divertissement, et les rendre plus pompeux ; Et comme elles ne leur étaient pas attachées de nécessité, le nom de Scéniques ne leur a jamais convenu que par analogie, et seulement parce qu'elles étaient représentées dans le lieu nommé Scène ou Théâtre, autrement il les faudrait aussi nommer Megaliennes, Romaines, et du nom de tous les Spectacles, dans lesquels elles étaient données au peuple.
« Il faut , dit-il, exterminer cette coutume pernicieuse, et contraire à la Religion, par laquelle le peuple déshonore les solennités des Saints. […] Puisque donc les Empereurs ont si absolument défendu toute sorte de jeux, de divertissements séculiers, et de plaisirs sensuels, afin que le peuple fidèle sanctifiât les Fêtes, et vaquât de tout son cœur aux choses de Dieu ; ce serait faire injure à l’autorité Sacerdotale, et à la puissance Ecclésiastique de penser que des saints Evêques eussent été moins exacts qu’eux dans leurs Ordonnances sur ce sujet, principalement puisque nous voyons qu’ils ne parlent jamais dans leurs écrits des jeux et des spectacles, qu’avec horreur et avec exécration.
On peut, d’après Juvenal, dire des Français, dignes émules des Romains : Ce peuple si supérieur aux autres peuples, qui donne le ton de l’élégance et des grâces, des sciences et des arts, de la littérature et de la parure, après avoir vaincu le monde, est à son tour vaincu par la comédie, et borne tous ses désirs à avoir du pain et des théâtres : « Qui dabat olim imperium … fasces, legiones, duas tantum res anxius optat, panem et circenses. » Les papiers publics en font chaque semaine une honorable mention, les Mercure, les affiches, les journaux, les feuilles de Desfontaines, de Fréron, de la Porte, transmettent à la postérité les événements importants du monde dramatique ; on célèbre le début d’une Actrice, les hommages poétiques de ses amants, les compliments d’ouverture et de clôture ; on détaille avec soin les beautés, les défauts, les succès, les revers de chaque pièce ; on en présente à toute la France de longs morceaux avec les noms fameux de Valère et de Colombine.
Cette coutume vient, selon Cassiodore, de ce qu’un jour comme Néron demeurait longtemps à table, et que le peuple demandait avec empressement, que l’on commençât les jeux, cet empereur fit jeter sa serviette par la fenêtre pour signal, qu’on pouvait commencer. […] Augustin foudroie ces jeux dans son Epître 202. et ce que Sénèque dans son Epître 47. rapporte de la modestie de Caton ; lequel s’apercevant que sa présence empêchait le peuple de demander le spectacle de ces infâmes nudités, se retira pour ne point troubler la fête.
»Si la terre de mon peuple, dit le Seigneur, est couverte de ronces et d'épines, c'est-à-dire, si les âmes qui soupirent après leur patrie céleste, sont quelquefois percées par les pointes du péché, à quels désordres ne s'emporteront point ceux qui vivent dans les plaisirs, et qui ont le cœur rempli de toutes les folles joies du monde ?
Nulle intrigue amoureuse point de sarcasme ; les choses saintes sont par tout respectées chez tous les peuples, chacun dans son systême. […] Il est vrai qu’il les avoit pris dans l’histoire du peuple le plus fertile en grands hommes (les Romains qui vinrent après Cirus à mille lieues de la Perse). […] Ses livres sont innombrables, tous farcis d’obscenité & d’impiété, de platitude & de grossiereté du plus du plus bas peuple, qu’il fréquentoit par goût, quoique favorisé de plusieurs Milords, qui apparemment avoient des goûts semblables. […] On est sûr de plaire à Londres quand on fronde le Gouvernement, sur-tout en Irlande sa patrie par la haine invétérée du peuple contre la tyrannie que les Anglois y exercent. […] Cette ville, après avoir été successivement habitée par divers peuples, tomba enfin au pouvoir des Romains, fut très-iche, très-florissante, & faisoit un grand commerce.
Après avoir parlé du théâtre lyrique en général, arrêtons nous à éxaminer l’Opéra-Sérieux des Français ; jettons un coup d’œil sur les règles qui lui sont propres, & sur celles que doivent adopter tous les Peuples qui connaissent ce genre de Spectacle : observons tout-à-la-fois ce qui concerne notre Opéra & celui de nos voisins. […] Les Egyptiens sont peut-être les Peuples qui s’y appliquèrent les prémiers & avec le plus de succès. […] On pourrait bien avoir tort d’attribuer sa réception en Grèce à l’envie qu’eurent ces Peuples d’imiter les amusemens des Egiptiens : je pense qu’ils l’accueillirent plutôt avec le culte des Dieux étrangers, afin de les honorer à la manière des Peuples dont ils prenaient la Religion. […] Il ne fit aucun progrès chez des Peuples qui ne s’appliquaient qu’à la guerre, & dont tout le mérite était de copier les Nations qu’ils subjuguaient : ils le laissèrent presque dans le même état qu’ils l’avaient trouvé. […] Les Italiens n’en sont pas moins estimables ; ils peuvent toujours passer pour les prémiers Auteurs des représentations en musique parmi les Peuples modernes.
Dans les siécles où la comédie a été si florissante, les peuples ont été plus licentieux que dans les autres temps. […] Le premier très-ancien étoit consacré à la pudicité Patritienne, c’est-à-dire des nobles Romaines ; le second à la pudicité Plebeyenne, c’est-à-dire des Femmes du peuple. […] On verra, dit-elle, que les femmes du peuple valent bien pour le moins les femmes les plus distinguées ; je bâtirai un temple à la pudicité Plebeyenne, où on ne recevra que des Plebeyennes au-dessus de tout soupçon. […] Cet établissement faisoit honneur aux Dames Romaines, & marquoit le cas infini que leur sexe faisoit de la chasteté, espece de prodige dans un peuple idolatre, dans une religion impure, dont les Divinités des deux sexes n’offroient que des horreurs. […] Chez les Romains, quand les mœurs furent entierement corrompues, le peuple demandoit à la fin du spectacle, comme la petite piéce, que les actrices se deshabillassent : Nudentur Mimæ.
Cette heureuse femme catéchisée auprès du puits de Jacob par le Sauveur des hommes, n’a pas été trompée dans la créance dont elle était imbue sur son sujet, il ne nous a rien caché de ce qu’il nous était important de savoir, car il est le Seigneur qui enseigne à son peuple ce qui est utile, et le gouverne dans la voie par laquelle il apprend à marcher, « Ego Dominus docens te utilia »Isai. 48.
auquel pour la plupart assistent les femmes et petits enfants, est tout ému, tout tremblant, et frissonnant d’horreur de ces vers enflés qu’une Ame de mort vient à dire se présentant voilée devant le peuple, « Adsum atque advenio Atheronte vix via alta atque ardua, Per speluncas saxis structas, asperis, pendentibus, Maximis, ubi rigida constat crassa caligo Inferum.
ne règne-t-elle pas dans ces spectacles d’un ordre inférieur, qu’on a multipliés à l’infini, & qu’on a pris soin de rapprocher du peuple, de peur sans doute qu’aucune classe de citoyens n’échappât à cette corruption ? […] Cette fureur pour les Spectacles, qui nous anime & nous transporte aujourd’hui, a été, mes Frères, selon la remarque des Auteurs les plus judicieux, un des vices de ce peuple qui avoit conquis l’univers, & un des signes avant-coureurs de sa décadence. […] Nous le connoissons, mes Frères, ce théâtre des anciens ; on nous a conservé quelques-unes de ces pièces qui se représentoient avec tant d’appareil dans les jeux publics, & auxquelles le peuple Romain couroit avec tant d’avidité. Elles ne se sentent que trop sans doute de la corruption qui régnoit parmi ce peuple idolâtre : mais sont-elles, en effet, plus licentieuses, plus dangereuses pour les mœurs, que celles qu’on représente aujourd’hui sur nos théâtres ? […] Nous n’examinons pas s’il est nécessaire, pour le bon ordre d’une ville immense & d’un peuple innombrable, qu’il y ait des théâtres ouverts à l’oisiveté.
Un peuple immense, présent à l’exécution, en rioit aux éclats, & ne tarissoit point en bons mots. […] Le concours du peuple y fut prodigieux. […] Voici un usage de ce diocèse qui tient du comique : dans certaines cérémonies on met un beau fauteuil dans la chaire de la cathédrale, l’évêque s’y place pour prêcher le peuple & montrer des reliques. […] & place sur une chaise un bon prédicateur, qui, en sa présence & à son côté, annonce au peuple la parole divine. […] Le peuple qui entend de loin une belle voix, ne peut pas distinguer de quel gosier elle part, l’attribue à son pasteur, & admire la beauté de son organe, sa science musicale, & la finesse de ses inflexions : le clergé qui l’environne en rit.
Leurs Législateurs qui travaillaient sérieusement à instruire les hommes, et à leur enseigner la politesse et la vertu par toutes sortes de moyens, s’avisèrent de donner au peuple des spectacles publics, entre lesquels la Comédie était des premiers ; tant pour ôter à ceux qui vivaient dans l’oisiveté, la pensée et le temps de former des cabales contre l’Etat, que pour instruire le peuple et le porter par des exemples qu’on lui donnait, à la haine du vice et à l’amour de la vertu. […] » L’Eglise en usa avec cette modération pour lors, parce que l’attachement du peuple pour ces spectacles était trop grand pour les défendre tout à fait. […] Chaque Prédicateur en donnera de l’horreur, les détestera, et montrera combien ils attirent de maux sur le peuple Chrétien. » Saint Charles ordonne ensuite que chaque Prédicateur, pour persuader plus efficacement le peuple de tous les maux que produit la Comédie Ibid. […] » Prédicateur, dit-il, montrera fortement les maux qui en proviennent, et qui se répandent sur le peuple.
Ce Dieu que vos Génies invoquent, ne peut être que Jupiter qui a paru à l’Ouverture du Ballet, élevé au milieu de l’air plein de bonne volonté pour les peuples.
Ce joug sous qui se baisse un vil peuple d’esclaves. […] Cependant on donne à cette fille des visions, des foiblesses de femmelette : Des fantomes hideux, des spectres agités, errans dans ces lieux sombres ; sous le même linceul je vois un peuple d’ombres. Ce linceul, ce peuple de revenans, cette agitation de spectres, sont d’autant plus puériles, qu’ils sont plus éloignés de la façon philosophique de penser penser de l’Auteur & des Acteurs, à moins que ce ne soit un trait de malignité pour donner du ridicule aux Religieuses. […] Ainsi que cette maxime dans l’Œdipe de Voltaire (on pourroit en citer mille autres) : Les Prêtres ne sont pas ce qu’un vain peuple pense ; notre crédulité fait toute leur science.
Or je demande si l’on a plus de raisons aujourd’hui de permettre la comédie les jours de fête, qu’on n’en avait au quatrième siècle, où le peuple, à demi Païen, accoutumé depuis mille ans dans tout l’empire Romain à toute sorte de spectacles, et livré à la plus grande corruption, pouvait encore moins s’en passer que la France, où la frivolité seule et la dépravation en ont fait un prétendu besoin. […] « Si quis vel Judeæ impietatis amentia vel stolidæ paganitatis insania detinetur aliud noverit esse supplicationum tempus, aliud voluptatum. » Il semble d’abord que le peuple étant libre les jours de fête, on pourrait tolérer en sa faveur un divertissement qui alors ne prend rien sur son travail ; mais le théâtre ne fut jamais dans le christianisme un moyen de sanctifier les fêtes, il n’est bon qu’à les profaner. […] C’est si bien un métier et des plus serviles, qu’on n’y a jamais employé que des esclaves, tandis que l’esclavage a été souffert, et depuis qu’on l’a aboli, on n’y a jamais vu que des gens de la lie du peuple, ou si quelquefois le libertinage a fait entrer un honnête homme dans quelque troupe, il n’a fait que se dégrader en y entrant ; et je demande aux plus grands amateurs s’ils voudraient se déshonorer jusqu’à se faire Comédiens, ou souffrir que leurs femmes, leurs enfants, leurs parents s’en fissent ? […] ) reprend fortement le peuple d’y avoir assisté pendant le carême.
Nous voyons aussi que les Idoles des Nations s’honoraient de la même manière ; et on peut dire que c’était en partie ce qui causait les fréquentes infidelités du peuple Juif. […] On tâcha longtemps d’amuser le Peuple avant que d’avoir imaginé cette espèce de Théologie ridicule, dont enfin on convint par tout le monde. […] Des Sales de Festin ces Combats passèrent dans les lieux publics, pour communiquer ce divertissement au Peuple, soit afin de captiver sa bienveillance, soit afin de faire paraître la libéralité de ceux qui fournissaient aux frais qui étaient grands, jusqu’à-ce qu’enfin on vit s’élever dans les airs ces Amphithéâtres si fameux où les Combats se diversifièrent en tant de manières. […] Ce qui ne peut assez me surprendre, est que quand il ese trouvait à ces Comédies quelque Personnage recommandable par sa vertu, et dont le respect empêchait le Peuple de s’abandonner à une pareille infamie ; au lieu de demeurer jusqu’à la fin de l’Assemblée, il se retirait pour laisser le monde dans une entière liberté. […] Mais l’indocilité des Peuples adonnés à l’amour de ses plaisirs, l’emporta dans l’esprit des Politiques par-dessus l’amour de la vertu ; et ce fut la volupté qui dressa les Théâtres, et non pas le dessein de faire la leçon aux Souverains.
» L’Eglise en usa avec cette modération pour lors, à cause que l’attachement du peuple pour ces Spectacles était trop grand pour les défendre tout à fait. […] Mais afin qu’il n’y ait plus aucun lieu de douter sur le sentiment de saint Charles, on peut voir l’instruction qu’il donne aux Prédicateurs touchant les choses qu’ils doivent enseigner aux peuples : « Ils leur représenteront continuellement, dit ce saint Cardinal69 , combien les Spectacles, les jeux et les divertissements semblables qui tirent leur origine du Paganisme, sont contraires à la discipline de l’Eglise ; chaque Prédicateur en donnera de l’horreur, les détestera et montrera combien ils attirent de maux sur le peuple Chrétien ». Saint Charles ordonne ensuite que chaque Prédicateur pour persuader plus efficacement le peuple de tous les maux que produit la Comédie70, « il emploiera les preuves dont se sont servis ces grands personnages, savoir, Tertullien, Saint Cyprien Martyr, Salvien et saint Chrysostome ». […] Le Maîtrec Avocat du Roi pour lors, et qui fut depuis Premier Président, parlant dans cette occasion pour Monsieur le Procureur Général, à la requête duquel l’Arrêt fut rendu, remarqua entre autres choses, que l’on mêlait dans ces Comédies de piété des farces et des discours lascifs au commencement ou à la fin, pour attirer ou divertir le peuple, qui ne demande, dit-il, que ces sortes de folies et de voluptés. […] Jean Chrysostome, 15e homélie au peuple d’Antioche]. « Nec tantum itaque peccata fugiamus, sed etiam quae videntur indifferentia, paulatim in haec nos pertrahunt.
Le simple Citoyen instruit par la renommée, se dira à lui-même que la Religion n’est pas seulement un frein pour le Peuple, mais qu’elle gouverne tous les états. […] Les vices du Peuple ont pénétré jusques dans le sein des plus augustes familles.
Si les Anglais peignent les leurs, féroces & sanguinaires, c’est que le Peuple éprouve assez un pareil panchant. […] Je ne parle point du Comique de chaque Peuple ; il tient tout-à-fait aux mœurs d’une Nation ; les connaître, c’est avoir une idée de ses Pièces enjouées.
Les Grecs sont les prémiers Peuples de l’Univers qui commencèrent à prescrire des règles au Dialogue. […] Et quel droit un descendant d’Eole a-t-il sur le peuple de Pallas ?
Celui de Sichem est encore épouvantable, qui ayant vu la beauté de Dina en devint passionné, et attira par ce crime des maux inconcevables sur sa ville et sur son peuple f. […] Mais ceux qui sont en autorité pour gouverner les peuples, ne sont pas moins coupables, lorsqu’ils ne travaillent point à détruire cet abus, et qu’ils ne donnent aucun secours aux âmes qui leur sont commises, pour les retirer de ces pratiques dangereuses, et de ces engagements, dans lesquels ils voient qu’elles périssent malheureusement.
les Tables de la Loi dessus la Montagne, en descendant il trouva le peuple qui dansait et idolâtrait. […] Le grand saint Charles Borromée Archevêque de Milan, qui vivait au siècle passé, en plusieurs endroits de ses actes et de ses Conciles, les a très étroitement défendues à son peuple, et même en toute sa province ; Il rapporte aussi qu’anciennement on imposait trois ans de pénitence à ceux qui avaient dansé, voire même qu’on les menaçait d’excommunication.
Après tout j’avouerai sans peine, qu’après s’être longtemps élevé contre les spectacles, et en particulier contre le théâtre, il vint un temps dans l’église qu’on espéra de le pouvoir réduire à quelque chose d’honnête ou de supportable, et par là d’apporter quelque remède à la manie du peuple envers ces dangereux amusements. […] Pour ceux qui voudraient de bonne foi qu’on réformât à fond la comédie, pour à l’exemple des sages païens y ménager à la faveur du plaisir des exemples et des instructions sérieuses pour les Rois et pour les peuples : je ne puis blâmer leur intention ; mais qu’ils songent qu’après tout, le charme des sens est un mauvais introducteur des sentiments vertueux.
Un comédien meurt ; le curé de la paroisse qu’il habitait refuse de recevoir dans son église la dépouille mortelle de cette brebis égarée ; le peuple s’ameute ; la gendarmerie s’avance ; on prend des pierres d’une part ; on tire le sabre de l’autre.... mais le sabre a toujours raison dans un état bien policé, de sorte qu’en définitif le char funèbre, repoussé de la maison du seigneur se dirige, au travers des murmures et des jurements, vers le cimetière, pour rendre à la terre un peu de cette poussière anathématisée. […] En effet, comme le fait très bien voir M. le baron d’Hénin, les véritables auteurs de nos jeux scéniques sont ces pèlerins qui revenant de la Palestine, chantaient aux peuples émerveillés les événements anciens ou récents dont cette terre sacrée avait été le théâtre.
On ne la vit, ni soulager le peuple, ni faire l’aumône aux pauvres, ni gratifier les savans. […] C’étoit le bien de ses sujets & non le sien ; il devoit donc tourner au profit des peuples, & servir à diminuer les impositions. […] C’étoit une profusion de libéralité à son peuple , aux dépens des créanciers. […] Il osa, quand il se crut assez fort, faire revolter le peuple, se former un parti, & déclarer la guerre à sa maîtresse. […] Baloté des peuples, des Rois, des Reines, jouet de sa mere, de sa maîtresse, de ses amis, de ses sujets, la toile baisse, & la piéce est finie.
Inutile Tyran d’un peuple malheureux, Soyez du moins pour nous un Tyran courageux. […] Le meurtre de César est d’autant plus odieux, que cet Empereur, quoique d’abord conquérant injuste, était devenu légitime par l’approbation du peuple et du Sénat, qui l’avaient créé Dictateur perpétuel, et lui avaient conféré le pouvoir souverain ; ce qui rendait sa personne sacrée. […] Là, je veux que ce fer enfoncé dans son sein, Venge Caton, Pompée et le peuple Romain. […] « Pardonnez-nous, grands Dieux, si le peuple Romain A tardé si longtemps à condamner Tarquin. […] le Peuple Romain sous un joug odieux N’aura vu jusqu’ici qu’un Tyran dans son maître, Et son libérateur passera pour un traître !
En louant à outrance la méthode qu’ils semblent avoir le plus généralement adoptée, j’ai cherché à montrer davantage le ridicule qu’il y a de représenter sur la scène des objets dégoûtans & trivials : Le bon goût a dû prescrire en tout tems de prêter une certaine noblesse à ces objets trop méprisables au Théâtre des honnête gens, lorsqu’ils sont dépeints dans toute leur bassesse ; c’est ce que doivent se proposer les Poètes du nouveau genre qui voudront faire agir des gens obscurs, pris dans le menu Peuple.
On dit qu’il faut bien trouver un relâchement à l’esprit humain, et peut-être un amusement aux cours et au peuple.
Elles abandonnent aux femmes du peuple la connaissance des détails que les mœurs réservaient aux mères de famille ; elles aiment mieux exercer ces talents séducteurs dont Salluste faisait un reproche à Simpronia, comme de savoir danser et chanter mieux qu’il ne convient à une honnête femme.
Que cent peuples unis du bout de l'univers Passent pour la détruire et les monts et les mers.
Que cent peuples unis du bout de l'univers, Passent pour la détruire et les monts et les mers.
Vos compagnes qui ont mérité d’être vos émules, & dont la conduite me fait regretter, de n’avoir qu’une récompense à donner, (compliment banal des Académies dans la distribution des prix,) rendent un hommage sincere & flatteur à leur choix, la voix publique le confirme, un peuple nombreux célébre avec moi votre triomphe, & la Religion se plait à le consacrer en recevant aux pieds des Autels les honneurs qu’on rend à la plus vertueuse. […] On devoit chanter la priere pour le Roi, selon la fondation, mais la foule ne permit pas aux Bénédictins de prendre leur place au Chœur & d’en trouver même dans leur Eglise, il fallut se contenter de le dire à voix basse chacun en particulier ; mais le Curé benit quatre grands pains qu’on appelle Brioches & ailleurs Pain béni dont trois furent distribué au peuple, comme le Pain béni à la Grand’Messe, & une fut portée chez la Rosiere qui la distribua à ses compagnes, parens & amis. […] les vieillards vous ont choisie, les mœurs ont applaudi à leur choix ; les filles ont orné votre triomphe, les grands & le peuple de la Cité, (Besançon,) vous ont comblé d’honneur, c’est à notre tour de rendre hommage à vos mœurs, à votre sagesse ; recevez cette guirlande à laquelle chacun de nous se fait un devoir d’attacher une fleur, & permettez-nous de vous offrir une fête qui sera digne de la vertu puisque vous en faites le sujet.
C’est l’oubli de ces lois canoniques, qui a fait naître l’ambition et la soif des richesses dans le cœur des prêtres, et a causé, par leurs intrigues et leurs entreprises criminelles, tant de troubles, tant de désordres, tant de guerres de religion, tant d’assassinats et de régicides, dont malheureusement abonde l’histoire des peuples de la chrétienté. […] C’est ainsi que pour le malheur de la belle France, les Jacobinières de Montrouge, de Saint-Acheul, etc., etc., arrivent peu à peu à leur but désorganisateur et destructeur, en replongeant le peuple dans l’ignorance et en cherchant à lui rendre les erreurs et les superstitions des siècles de barbarie ; ils veulent enfin procurer à la France le même genre de bonheur et de gloire, que la secte monachique et jésuitique procure aujourd’hui à la malheureuse Espagne. […] La secte ultramontaine considère que la religion, sous le point de vue qu’elle l’envisage, ne peut être maintenue et pratiquée que par la force, que par la terreur et par les supplices, tandis que la religion chrétienne, et je me fais un devoir de le répéter, est toute de paix, de douceur, et de charité : les gouvernements catholiques doivent donc être bien persuadés qu’ils n’obtiendront jamais la paix et la tranquillité, et ne feront jamais le bonheur des peuples, tant qu’ils souffriront dans leur sein, la secte ambitieuse et perturbatrice des jésuites.
Et dans celui de Marie sœur d’Aaron, qui après que Dieu eut submergé Pharaon avec toute son armée dans les eaux de la Mer rouge, et délivré son peuple de la captivité, chantait avec les autres femmes, et donnait au son des Instruments d’autres marques visibles de sa joie intérieure, en action de grâces, et pour bénir la toute-puissance de Dieu, qui les avait affranchis par des voies si extraordinaires.
Telle étoit l’innocence & l’ignorance du siecle, tout étoit spectacle pour un peuple grossier, qui voyoit dans les Eglises les cérémonies du service divin mêlées de spectacle. […] De là le peuple couroit au théatre, il y retrouvoit les mêmes sujets. […] Il y disoit, en parlant du poignard : La ressource du peuple, & la raison des Rois. […] M. de la Place, dans sa tragédie de Jeanne d’Arcq, dit des Anglois : Chez ce peuple rebelle à l’absolu pouvoir Le Héros du matin n’est qu’un tyran le soir.
Nous reprendrons même, si vous voulez, ce sujet, à présent que les choses plus importantes sont examinées ; &, dans l’espoir que vous ne me dénoncerez pas à ces dangereux ennemis, je vous avouerai que je regarde tous les Auteurs dramatiques, comme les corrupteurs du peuple, ou de quiconque, se laissant amuser par leurs images, n’est pas capable de les considérer sous leur vrai point de vue, ni de donner à ces fables le correctif dont elles ont besoin. […] Mais celui qui trace une perspective, flatte le peuple & les ignorans, parce qu’il ne leur fait rien connoître, & leur offre seulement l’apparence de ce qu’ils connoissoient déjà. […] Mais le Poëte, qui n’a pour juge qu’un peuple ignorant auquel il cherche à plaire, comment ne défigurera-t-il pas, pour le flatter, les objets qu’il lui présente ? […] Aussi l’habile Poëte, le Poëte qui sçait l’art de réussir, cherchant à plaire au Peuple & aux hommes vulgaires, se garde bien de leur offrir la sublime image d’un cœur maître de lui, qui n’écoute que la voix de la sagesse ; mais il charme les spectateurs par des caracteres toujours en contradiction, qui veulent & ne veulent pas, qui font retenir le Théâtre de cris & de gémissemens, qui nous forcent à les plaindre, lors même qu’ils font leur devoir, & à penser que c’est une triste chose que la vertu, puisqu’elle rend ses amis si misérables.
Lorsqu’un Peuple est plongé dans la barbarie, il ignore ce qu’on entend par spectacle ; à mesure qu’il se polit, on le voit caresser les Muses & courir en foule au Théâtre. […] L’État en retirait un nouveau lustre ; pourquoi donc abaisser ce que l’Antiquité nous apprend à chérir, & ce que les Peuples les plus policés estiment d’un commun accord ?
J’attendrai d’abord l’heureuse issue du procès intenté contre les deux journaux, dont tout le crime est de publier des vérités utiles à la vraie religion, aux souverains, aux gouvernements et aux peuples. […] L’impunité leur est acquise, les mesures répressives ne sont pas même proposées pour punir le vol fait à la chose publique ; des procès insignifiants sont intentés pour la forme, ils s’éteignent avec le temps, et se terminent pour ainsi dire à l’amiable, tandis que les grands complices du brigandage se partagent tranquillement les dépouilles du peuple.
Mais l’expérience apprit bientôt que sous prétexte d’édifier les peuples en les instruisant, on jouait Dieu et les Saints. […] Où verra-t-on en effet de plus grands événements que dans l’Histoire d’un peuple que Dieu conduit dans une Terre promise par des miracles continuels, et qu’il conserve par une protection toute visible. On vit tout ce peuple triomphant, craint et respecté de tous ses ennemis, lorsqu’il est fidèle à Dieu : abattu et sévèrement châtié, lorsqu’il oublie la Loi : soutenu miraculeusement, lorsqu’il semble qu’il n’y a plus de ressource, comme au temps de Judith et d’Esther. Toujours grand lorsqu’il faut que la gloire de Dieu paraisse ; dans l’affliction la plus sensible et la captivité la plus humiliante, il y a des Prophètes devant lesquels se prosternent les Rois ; et quelques-uns des plus grands Rois se trouvent forcés par une main invisible de rétablir ce peuple et de faire rebâtir le Temple et la Ville sainte. […] » Ils heurtèrent les premiers contre la pierre d’achoppement, qu’ils présentent au peuple, et les personnes éclairées ne s’y laisseront pas tromper.
Tout ce qui leur estoit propre & particulier & qui les distinguoit des autres, fut l’ouvrage & le soin des esprits de ce temps, qui composerent diverses Chansons à l’honneur de ce Dieu, & qui pour en mieux conserver la memoire voulurent faire d’annuelles representations de son combat auec le serpent, quoy que fabuleux : Mais ils y employerent tant d’industrie, qu’ils persuaderent enfin les Peuples, & qu’ils establirent parmy eux leurs imaginations pour des mysteres.
S’ il est quelque chose parmi nous qui puisse estre comparée aux triomphes Romains, & remplir en quelque façon les idées qui nous en restent, ce sont sans doute les Entrées que les bonnes Villes font à leurs Souuerains ; la depense, la magnificence, & la foule du peuple & des aclamations r’appellent dans le souvenir, & representent assez fortement ces anciennes & fastueuses Pompes dont on recompensoit les Vertus & les Succez des grands Hommes.
pour autant qu’ils ne pouvaient donner au peuple chose, qui lui fût plus agréable, que de leur représenter et exhiber des comédies, tragédies, spectacles, et jeux publics.
C’est ce qui en fait le plus éclater la felicité, & quand on void les Souuerains & les Peuples dans la joye, c’est vne marque assurée que le dedans est tranquille, & que l’on ne craint point d’orage du dehors. […] On tolere les abus que l’on ne sçauroit oster, & la Comedie est vne imitation des actions & du langage des Peuples. […] Leur Societé ne s’est établie que sur ces deux fondemens, l’honneste diuertissement, & l’vtile instruction des Peuples ; mais je ne sçais si cela se peut dire également de tous les Comediens de l’Europe, des Italiens, des Espagnols, des Anglois & des Flamans. […] Mais dés qu’vne Republique est en armes, quelque bonne opinion qu’elle ayt de ses forces, tous les diuertissement y cessent d’abord, les Theâtres sont fermez, & les peuples dans vne áprehension continuelle que l’Ennemy ne vienne joüer chez eux de sanglantes Tragedies. […] Il en vse de méme quand il faut annoncer vne piece nouuelle qu’il est besoin de vanter, dans l’adieu qu’il fait au nom de la Troupe le Vendredy qui precede le premier Dimanche de la Passion, & à l’ouuerture de Theâtre apres les festes de Pasques, pour faire reprendre au Peuple le goust de la Comedie.
Tous les moyens leur sont permis à tous, et toujours ; ils peuvent les chasser sans ordre et le plus confusément, à cor et à cri, à tir et à courre, à traits de limiers, aux furets et à panneaux ; c’est-à-dire, pour parler sans figures, que l’effet de cette satire fut de transformer tous les individus composant un peuple, sans en excepter la plus vile canaille, en censeurs, en juges de religion et de moralité, en inquisiteurs et scrutateurs des consciences, et puis persifleurs amers, distributeurs aveugles de sarcasmes, de quolibets, de huées, de ridicules, de lazzis, lesquels traits, qui sont les moyens dramatiques de réforme, ils lancent depuis cette époque à tort à travers, faisant ensemble, par le concert naturel de l’aveuglement et de la malignité, un feu de file contre ces loups, vrais ou prétendus tels, qui sont mêlés aux brebis, aux hommes de bien, avec lesquels ils ont extérieurement une parfaite ressemblance, dont il est impossible de les distinguer !.. […] La sage précaution que prend la politique de dégrader et dépouiller de toutes les marques de ses dignités, pour ne pas les avilir aux yeux du peuple, l’homme en place convaincu de forfaits, avant de l’envoyer à l’échafaud, est la censure la plus frappante de cet usage inconséquent de traduire sur les tréteaux du ridicule et de l’infamie, sur cette autre espèce d’échafaud d’autres criminels tout parés des couleurs, ou sous les formes respectables de la vertu que, je ne puis cesser de le répéter, les satires et les critiques intempestives et déplacées ont fait ainsi tomber dans le mépris et conspuer. […] Il est donc superflu de leur opposer que ce sont les lumières de l’expérience que nous avons plus qu’eux, qui invoquent un ordre nouveau à cet égard, ou quelque réforme dont leur exemple même, au surplus, démontrait déjà la nécessité ; car, que furent pendant les derniers temps de leur existence ces peuples de l’antiquité qui ont eu leurs Antisthènes dramatiques comme nous, qui ont été aussi fous que nous de comédies et de comédiens, qui couraient de même s’instruire aux spectacles ?
Les mœurs du peuple sont bientôt ravagées par le torrent des scandales qui tombent de si haut.
Notre bien aimée la Veuve Delaulne Libraire à Paris, Nous ayant fait remontrer qu’elle souhaiterait faire imprimer et donner au Public un Discours sur la Comédie, Histoire Critique des pratiques superstitieuses, qui ont séduit les peuples et embarrassé les savants, par le P. le Brun de l’Oratoire.
Voici ses paroles : Les jeux du théatre & tous les spectacles de turpitude que l’on y donne aux peuples, sont de nouveaux moyens de damnation que la ruse du démon à fait succédez à l’idolatrie des payent dans le Christianisme ; parceque prévoyant que cette contagion alloit cesser par la prédication de l’Evangile, il en a substitué une autre plus dangereuse, non pas pour faire mourir les corps, mais pour perdre les ames en corrompant les mœurs. […] Or qu’y a t’il de plus mauvais que tout ce que disent les comédiens, non dans le particulier, mais en public & devant tout un peuple assemblé ? […] C’est Dieu qui a fait les Empereurs & les Rois, pour gouverner son peuple ; les sujets & les vassaux, pour leur obéir : il a fait les magistrats & les juges, pour contenir un chacun dans les bornes de son devoir, & pour faire dans l’univers cette admirable variété, qui par une juste subordination fait les douceurs de la société civile, quand elle est bien réglée. […] Dieu a envoyé à son peuple les Jérémie lamentables, pour gémir sur les iniquités du monde ; les Ezéchiel terribles, pour épouvanter les cœurs endurcis dans leur péché ; les Daniel tendres, pour les attirer par le desir des récompenses, à l’amour de la vertu ; les Isaïe élevés & sublimes, pour leur réveler les plus profonds mystéres de sa grace & de sa miséricorde ; en un mot ces hommes tout de feu, pour les embraser d’une ardeur toute céleste dans le service de Dieu : mais il ne leur a jamais envoyé des farceurs publics, pour les brûler d’un feu criminel, en leur montrant par de charmans portraits combien il est doux de pécher sans contrainte, & de parvenir sûrement aux plus injustes desirs.
C’est un mot d’un style bas & familier parmi le peuple. […] Les crimes par les loix sur les peuples permis, Sous la pourpre, grand Dieu, paroissoient ennoblis. […] Un grand Roi, un grand Philosophe, un homme sans souci, doit avoir & montrer de la modération, même en temps de guerre, envers les Rois & les peuples ses ennemis. […] Que le peuple bébêté respecte ce roman, Regardons d’un œil ferme & l’être & le néant.
Enfin la religion compte aujourd’hui presque autant d’ennemis déclarés que la litérature se glorifie d’avoir formé de Philosophes, & le gouvernement doit trembler de tolérer dans son sein une secte d’incrédules qui semble ne chercher qu’à soulever les peuples sous prétexte de les éclairer. […] Il a cru sans doute que le réquisitoire étoit un préservatif & un avertissement suffisant qui le dispensoit d’instruire les peuples sur les dangers du spectacle. […] où trop ami du peuple, il fait grimacer ses figures, & ne montre que le Tabarin ? […] Mais cette moralité prétendue est une chimère dont on veut faire honneur à un bouffon qui n’a songé qu’à se divertir, & amuser le Roi & le peuple, & à gagner de l’argent, & y faire servir jusqu’à la morale qu’il y enchasse.
Ce spectacle plût beaucoup au peuple Romain. […] Que le Penulus de Plaute fut joué dans la fête que donna Julien, frere de Leon, au peuple Romain qui lui avoit donné le droit de Citoyen, & qu’il le fit avec tant de magnificence, qu’il ne pensa pas que les Romains eussent des spectacles plus magnifiques. […] Tout est plein en Italie, de monuments antiques & de pratiques réligieuses ; il n’est pas surprenant que ce peuple qui en est justement flatté, en repande par-tout l’empreinte : qui peut n’être pas flatté d’une si glorieuse préférance ! […] Pour les opéras comiques, le théatre de la foire, branche des Italiens, c’est un amas d’obscénités, en France comme en Italie ; les libertins se repaissent de leur licence, le peuple de leur grossiereté, on en chante les jolis airs ; mais les honnêtes gens, les gens d’esprit les méprisent ; il est vrai que comme ils sont en petit nombre, & que la foule porte de l’argent, on se passe de leur suffrage quand la caisse du receveur est bien remplie. […] Ils différent en bien de choses, la musique, les machines, les avantures, le stile se ressentent, comme dans tout le reste, des caractères des peuples ; mais ils sont très-semblables pour les mœurs des acteurs & des actrices ; pour le danger évident de la corruption des spectateurs, & la fureur de s’y aller plonger, dans l’ivresse de la volupté ; en quoi l’Italie & la France n’ont rien à se réprocher l’une & l’autre.
Voilà les principaux crimes qui accompagnent ordinairement les mascarades en France, en Allemagne & en Angleterre, où les peuples vivent plus simplement, & n’y entendent pas tant de finesses. […] c « Nous défendons aux Ecclesiastiques tous divertissemens scandaleux, comme sont les danses, les mascarades, les bals & semblables, qui scandalisent le peuple & avilissent la dignité de leur caractere, & même d’y estre presens, à peine d’estre punis selon la rigueur du Droit. » Les Statuts Synodaux de Sensd en 1658. […] L’Orateur Demosthéne invectivant contre les gens de la suite de Philippe Roi de Macédoine devant le peuple d’Athenes, ne leur fait point de plus grand reproche que de dire, qu’après avoir bien bû, ils ne firent nul scrupule de danser, & qu’ils chasserent de leur compagnie les personnes de probité qui y estoient, parce qu’elles ne pouvoient souffrir la danse. […] J’ai oüi dire autrefois de certains peuples de l’extrémité de l’Asie, qu’estans venus en ces quartiers & aïans vû danser des femmes, ils s’enfuirent tout épouvantez, disans qu’elles estoient saisies d’une fureur nouvelle & extraordinaire. […] g « Nous défendons aux Ecclesiastiques tous divertissemens scandaleux, comme sont les danses & semblables, qui scandalisent le peuple & avilissent la dignité de leur caractere, & même d’y estre presens, à peine d’estre punis selon la rigueur du Droit. » Des Statuts & Réglemens du Diocese d’Evreuxa en 1644.
Voici comme il en parle à son peuple dans son Homélie 6. sur saint Mathieu. […] » Il donne ailleurs cet excellent avis à son peuple. […] Parce que la Comédie est une peste des plus pernicieuses qu’on puisse s’imaginer, et qu’il n’y a rien qui gâte plus les bonnes mœurs et la simplicité naturelle du peuple. […] qu’il appelle les appas des péchés, et de représenter aux peuples que ces divertissements tirent leur origine des mœurs corrompues des Païens ; combien ils sont opposés à la discipline Chrétienne : et qu’enfin ils sont la malheureuse source de toutes les calamités et misères publiques. […] nous apprend sur ce sujet, que la représentation des spectacles que les Romains donnaient aux peuples nouvellement subjugués, leur servait souvent bien plus pour les maintenir en paix que ne leur avaient servi leurs armes pour les vaincre, « voluptatibus Romani plus adversus subditos quam armis valuerunt. »Tac. l. 4. hist.
Ce qu’ils représentent en tels lieux, est souvent fort sérieux et en langage Latin, qui ne divertit pas beaucoup le Peuple, quoiqu’ils contentent leurs amis qui les voient réciter leur rôlete de bonne grâce. […] Les Histoires Saintes n’ont pas été écrites pour donner du plaisir aux peuples, mais pour les porter à imiter les vertus des Saints qui seraient profanés dans des bouches impures, et par des misérables qu’on a bannis du commerce des gens de bien.
Les suppôts du luxe & le peuple, à qui il faut du pain de quelque part qu’il vienne, ne sont pas les seuls qui se condamnent à ces égards ; les plus honnêtes gens y sont souvent forcés. […] Mais est-ce un crime de n’avoir point semé ces bouffonneries de Tabarin dont Moliere amusoit le peuple ? […] On croit impunément pouvoir braver les mœurs, & que de la raison le souverain empire releve un homme libre au-dessus des clameurs de ce peuple insensé qui crie au nom des mœurs. […] Appréhenderons-nous un peuple spectateur, Qui chérit un soldat moins qu’un gladiateur ? […] La France est redevable aux chef-d’œuvres de son Théatre d’une supériorité qui a été reconnue de tous les autres peuples de l’Europe ; & par conséquent on doit les regarder comme un des principaux appuis de la gloire nationale.
Lors que des hommes inutiles & dangereux à l’Etat & à la Religion, n’ayans point d’autres métiers pour vivre que celuy de divertir le genre humain, ont faits des spectacles publiques pour representer la vie & les plus memorables actions des Heros & des Heroines de l’antiquité payenne, non pas tant pour reformer les mœurs des peuples, que pour tromper & divertir les faineans. […] Voilà M. ce qui a foüillé le theatre de mille crimes, ce qui a rendu la comedie coupable de mille dereglemens, ce qui a corrompu les bonnes mœurs des peuples, ce qui a armé de zele de tous les Peres de l’Eglise contre ces spectacles publiques, & ce qui a attiré toute la severité des loix divines & humaines, contre ces sortes de plaisirs enchantés : mais avant que de prononcer un arrest de condamnation contre eux, l’ordre de la justice demande que nous informions du fait à charge & à décharge, & que nous examinions au poids du sanctuaire, si les plaintes qu’on fait contre la comedie sont legitimes, & si les crimes dont on l’accuse sont veritables. […] , qui parlant des Lydiens qui furent les premiers entre tous les peuples qui instituerent des festes & des spectacles en forme de Religion, dit fort à propos que, inter cæteros ritus superstitionum suarum, spectacula quoque religionis nomine instituunt , entre les superstitueuses ceremonies de leur culte, ils instituerent des spectacles publiques en forme de Religion. […] Cét illustre Penitent ne parloit point là à mon sens, des spectacles sanglans, dans lesquels un gladiateur, ou un lyon étoit la victime sacrifiée au divertissement du peuple, la mort ny le carnage ne faisoit point le plaisir d’Augustin, son cœur étoit occupé d’une passion plus douce & plus tendre, amare & amari mihi dulce eratIdem c. 2. […] , les crimes sont consacrés par les exemples des grands, ils deviennent religieux & venerables aux peuples, quand ils sont commis par des personnes distinguées par leur naissance, & par leur condition, & vous diriés qu’une chose est devenuë permise, si-tôt qu’elle s’est renduë publique : c’est pour cela que la sale de la comedie est toûjours remplie de monde, pendant que nos Eglises sont desertes, & ressemblent à des solitudes, & que le Comedien verra plus d’auditeurs au pied de son theatre, que tous les Predicateurs aux pieds de leurs chaires.
Tous les désordres que causent parmi le peuple ces hommes corrompus, ces femmes prostituées & toute cette troupe diabolique qui monte sur le théatre, tous ces désordres, dis-je, retombent sur vous : car s’il n’y avoir point de spectateurs, il n’y auroit point de Spectacles ni de Comédie.
C'est donc ainsi que les Chrétiens ont fulminé contre les Jeux Scéniques et contre tous les Mimes et Bateleurs qui n'y paraissaient que pour faire les divertissements du peuple, par des actions et des paroles dignes de la plus grande sévérité des Lois, et qu'ils ont empêché que la sainteté des Chrétiens ne fut souillée par la communication de ces impudences, dont le poison se pouvait aisément glisser dans l'âme par les yeux et par les oreilles : ils n'ont pas traité de la même sorte la représentation des Poèmes Dramatiques, et je ne trouve que fort peu d'endroits qui témoignent ce qu'ils en ont pensé « Comœdiae et Tragœdiae horum meliora Poemata. » Tertull. de Spect.
C'est de là que vient l'aveuglement du cœur, selon ce qui est écrit : O mon peuple, ceux qui vous appellent heureux, vous trompent.
» faisaient faire place, et retirer le peuple ?
Il est vrai qu’il eût pu faire des prédictions : mais aucun prophete n’en a fait mention, en décrivant comme lui les désordres du peuple, & on ne voit nulle preuve de comédie. […] Dès-lors plus de frain, de retenue ; le vol, le mensonge, l’adultere, le parjure, tous les crimes se debordent, & attirent enfin sur la malheureuse Jérusalem tous les maux dont le Dieu de l’univers menace enfin les peuples corrompus. […] Selon le génie des peuples & les usages des temps, la scène a signifié une tente, un pavillon ; c’étoit l’habitation des premiers hommes, tout se passoit dans les tentes ; les israëlites dans le désert, les soldats dans les armées, les scythes sur leurs charriots. […] Le Dictionnaire de la Crusca, dit que c’est le nom qu’on donne aux Bergamasques, peuple naturellement comédien, qui fournissent des acteurs à toutes les troupes d’Italie. […] Moliere, pendant plusieurs années, avoit couru les tréteaux de cette province, & il y avoit composé plusieurs farces que pour son honneur on n’a jamais donné au public ; il avoit appris le jargon du peuple, comme il y paroît par les scènes gasconnes de Pourceaugnac ; il y avoit acquis la facilité de composer des mots burlesques dont on lui veut faire une mérite : mérite médiocre, commun à toute la populace.
Est-ce pour la santé du corps ou pour le salut de son peuple qu’un Evêque est obligé de sacrifier son bien, ses soins, ses affections, ses pensées, et sa propre vie ?
Pour donner aux dieux, aux héros, aux princes les habits qui leur sont propres, il faut que le Tailleur costumier possede à fond la Mythologie, l’Histoire sacrée & profâne, ancienne & moderne, les mœurs, les usages, les modes de tous les peuples & de tous les siecles, les couleurs de chaque nation d’un pole à l’autre, sur-tout l’Histoire de France, les coutumes, les modes, les toilettes, depuis Pharamond jusqu’à Louis XVI : ce qui n’est pas une petite étude. […] Ce pot-pourri seroit un petit mal, si les mœurs n’en souffroient ; mais le goût dépravé du peuple dramatique n’a choisi & n’extrait de ces différens poëmes, que les endroits les plus galans & les plus tendres, pour ne faire qu’un tissu soutenu de dépravation, sans un moment de diversion & de relâche. […] Le saint Pape profita des dispositions de son peuple, que la venue d’Attila avoit allarmé, & que la merveille de son départ remplit d’admiration & de recconnoissance, pour réformer les mœurs & inspirer la piété. […] Quelques-temps après les désordres se renouvellerent, les spectacles furent rétablis, & Dieu pour punir ce peuple infidele le livra à Genseric, Roi des Vendales, qui prit la ville de Rome, la pilla pendant quatorze jours, en emporta des richesses immenses, y fit une infinité d’esclaves, & S. […] Il eut sans doute plaint ce peuple ingénieux d’employer si mal son esprit & ses talens.
Ces fureurs sont très mal supposées dans l’Alexandrie : il n’est guère de peuples plus superstitieux que les Egyptiens, ni qui eussent plus vivement ressenti ces outrages faits à la Religion. […] Les Tragédies à Athènes étaient une manière de discours moraux, destinés à l’instruction des peuples : et c’est pour cela qu’elles sont si chastes, si religieuses et si remplies de sentences. […] avaient aussi coutume de prêcher la morale au peuple. […] Si l’on s’avisait dans un Royaume de se rire des fonctions de la Magistrature, de vouloir abolir la profession de Courtisan, et de ne tenir aucun compte des Officiers de la Couronne ; cette conduite avertirait suffisamment le Prince de prendre garde à soi : il n’aurait que trop sujet de croire que sa personne est méprisée, qu’on traite son autorité de fantôme ; et que ses peuples sont prêts de se choisir un autre Maître, ou de se gouverner à leur fantaisie. […] Ces peuples recherchèrent dans leurs malheurs l’amitié de Coriolis qu’ils avaient banni ; et lui envoyèrent à ce sujet de solennelles ambassades.
L’Armée Egyptienne environne les Hébreux au bord de la Mer rouge ; Moïse étendant la main écarte les eaux qui s’élevent de chaque côté, comme un mur de cristal ; le Peuple de Dieu au milieu des ondes, rencontre un chemin solide. […] Le Peuple cessant d’être fidéle, devient l’Esclave des Philistins ; les enfans de Loth établis aux environs de la Mer morte, accourent en foule pour enlever ses moissons & pour faire ses vendanges. […] Il est gouverné par des Rois, & depuis Samuel, la succession des Prophétes n’est pas interrompue ; les hommes remplis de l’esprit de Dieu, & dévorés par le zéle, ne cessent d’exhorter ce Peuple indocile, de le ménacer de la part du très-Haut qui fait venir enfin contre lui toutes les forces de l’Assirie & de la Chaldèe.
Je crois même que nous surpassons, à cet égard, tous les Peuples de l’Europe. […] Les Peuples modernes loin de les imiter, font entrer dans leurs Pièces le plus d’intrigue qu’il leur est possible. […] Il faut qu’ils ne tiennent que des discours absolument nécessaires : le langage du ménu Peuple est vif, coupé, il ne disserte jamais.