/ 508
172. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Dans le temps où n’ayant point l’usage des bas on ne portoit que des sandales ou des chaussures découpées, attachées par des rubans, la nudité des pieds, jointe à la couleur artistement assortie de rubans, pouvoit plaire à des yeux libertins ; mais depuis qu’ils sont entierement couverts, que reste-t-il à la sensualité ? […] Les anciens masques du théatre étoient dans le même goût, c’étoient des casques qui enveloppoient toute la tête, avec de grandes ouvertures aux yeux & à la bouche : on croyoit qu’ils grossissoient la voix. […] Elles sont elles-mêmes des astres qui éclipsent le soleil, font pâlir le croissant ; leurs yeux sont plus vifs que les rayons du blond Phebus, leur tein l’emporte sur les doigts de roses de l’Aurore. Brantome, cet enthousiaste de la galanterie, ce Dom Quichotte des Dames, qui sont toutes des Dulcinées à ses yeux, ne dit-il pas de la Reine de Navarre : Son beau visage ressembloit au Ciel dans sa plus grande serénité, sa tête étoit ornée en forme d’étoile. […] Dans ces mêmes vues de bonté, il a établi le Sacrement des mourans, où l’une des onctions se fait sur les pieds, pour en réparer les désordres, comme sur les mains, les yeux, la bouche, &c.

173. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Aimable réciprocité, qui, par une convention tacite, fait qu’aux yeux des autres, chacun est ce qu’ils sont pour lui, un Histrion, ou même une espèce de Polichinel petit-maître, très-divertissant. […] Il est certain que nous ne pouvons jeter les yeux sur aucun des Membres de l’Etat ; depuis le Manœuvre qui sert d’aide au Masson, jusqu’au Bourgeois aisé, il n’y a personne, sous un Gouvernement comme celui des Français, à qui l’on puisse proposer de renoncer à la qualité d’homme libre. […] Mais, je le répète, voila quels doivent être nos Acteurs, pour ne plus être dangereux, si nous ne voulons pas ennoblir & légitimer le Comédisme : il faut, ou qu’ils soient honnêtes, nos frères, nos égaux, nos amis ; bien plus, des Citoyens, élevés au-dessus du vulgaire, par leur mérite, leurs grâces, leurs talens ; que leurs mœurs soient les plus honnêtes ; qu’ils soient réellement des modèles enchanteurs : ou que les Comédiens soient si bas, qu’on ne puisse sans rougir descendre jusqu’à eux ; qu’avec une pureté de mœurs volontaire ou forcée, les Actrices soient pourtant avilies, & nous obligent, lors de la Représentation, à ne voir que l’Héroïne, parce qu’il ferait trop desagréable d’arrêter ses yeux sur l’être dégradé qui lui prête son organe : en un mot, qu’on voye le Comédien & la Comédienne presqu’aussi desintéressément que s’ils étaient des automates. […] Tout le monde connaît les vers dont monsieur de Voltaire voulut honorer sa cendre ; ils l’ont encore plus honoré lui-même aux yeux des hommes sensés, ils étaient le tribut légitime de la reconnaissance. […] AUGER, 1763 : Avec des yeux comme les siens, songer à la Tragédie !

174. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

Un baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d’yeux rajustent tout le mal qu’ils peuvent faire. […] On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même ; Qu’on ne saurait trop tot se laisser emflammer ; Qu’on n’a reçu du Ciel un cœur que pour aimer. » Comme elles sont aidées par la corruption de la nature, et qu’elles ont avec cela devant les yeux quantité de mauvais exemples qui les portent à s’avancer dans le chemin de perdition, elles y font de grands progrès en peu de temps. […] Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est d’arrêter le cours de certains désordres publics, qui sautent aux yeux, tels que sont, par exemple, ceux des jeunes gens qui font les Marquis, et qui parlent incessamment de leur noblesse : des femmes qui font les précieuses et les coquettes : des Procureurs qui ruinent leurs parties par des chicaneries honteuses. […] Ce sont vos beaux attraits, vos yeux perçants et doux, Votre grace, et votre air sont les biens, les richesses Qui vous ont attiré mes vœux et mes tendresses. […] De ne vous pas aimer, je ne suis point capable ; A moins que vous cessiez, Madame, d’être aimable ; Et d’étaler aux yeux vos célestes appas. » Qu’une femme sage considère s’il lui est utile d’exposer aux yeux de sa fille un exemple aussi dangereux qu’est celui qu’on voit dans l’Ecole des Femmes, où une vieille sorcière vient faire des compliments à une Damoiselle de la part d’un jeune muguet, qui se disait transporté d’amour pour elle, et lui vient demander la permission de la venir voir dans sa chambre.

175. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Il est vrai que des jeux publics, donnés sous les yeux des Magistrats, doivent être moins licencieux que des parties de plaisir secrètes, où les ténèbres et l’impunité ouvrent une libre carrière à la débauche. Mais dans le fait les yeux du public et des Magistrats n’obtiennent et n’obtiendront jamais que d’arrêter les querelles, et de supprimer les grossièretés. […] On ne les écoute pas en corps dans leurs procès, ils n’en font pas un aux yeux des Juges ; on ne leur doit aucune audience, et ce n’est que par grâce qu’on souffre qu’ils prennent dans leurs écritures la qualité de Comédiens, que les Tribunaux ne connaissent pas. […] L’histoire de la Bible, la vie du Sauveur, sa mort, sa résurrection, son ascension, les actes des Apôtres, les actions des Saints étaient mises sous les yeux élégamment pour le temps, quoique grossièrement pour le nôtre, avec une simplicité et une naïveté touchante, qui valait bien nos raffinements, nos pointes, notre luxe, et surtout les galanteries, les friponneries, les fureurs, la morale lubrique, en un mot, le pompeux étalage de tous les vices, qui fait le fond de toutes nos scènes. […] Les Comédiens se sont introduits par voie de fait, et on a fermé les yeux.

176. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « [Introduction]  » p. 2

[Introduction] Avoir prouvé que la religion et les lois, les deux puissances ecclésiastique et séculière, proscrivent la comédie, c’est aux yeux d’un Chrétien avoir terminé ce fameux procès ; mais nous avons encore avancé que la politique, aussi bien que la vertu, prononçait la condamnation du théâtre, que funeste au bien public, elle méritait toute l’animadversion d’un sage gouvernement.

177. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 11

Chrysostome, si vous êtes marié, elles sont cause que voyant d’autres femmes qui ont meilleure grâce, qui vous semblent mieux faites, mieux parées et plus agréables que la vôtre, vous la méprisez, vous ne la regardez plus de bon œil, et elle, de même, vous dédaigne parce qu’elle a vu d’autres hommes qui lui reviennent mieux que vous.

178. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

On sort tout armé du sein de la mere, comme Pallas du cerveau de Jupiter ; en ouvrant les yeux, on est couvert des drapeaux comme des langes. […] Mon royaume est tout militaire, c’est pas lui que je puis me soutenir ; j’ai toujours les yeux sur lui, mais je prend bien garde qu’il s’apperçoive du besoin que j’en ai, il seroit trop fier. […] Je fermai les yeux sur la maraude, je les laissai piller, c’étoit des arabes qui dévastoient le pays, mais qui gagnoient du bétail. Je fermois aussi les yeux sur les vexations des Officiers généraux ; en travaillant pour eux, ils travailloient pour moi ; ils s’enrichissoient, je le savois bien, mais ils me valoient des millions ; je leur faisois braver le péril, mais j’étois à leur tête. […] Je ne puis souffrir dans mes états aucun ordre qui me gêne, & c’est pour être mieux à mon aise que j’ai fais un nouveau code ; je craignois les yeux, & je sai de quel poids la justice est sur le peuple.

179. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

L’ordre le plus régulier y règne ; il n’est pas une place où la mère de famille ne puisse se montrer avec ses filles, sans craindre de dangereux exemples : l’œil du public pénètre partout, et des flots de lumière rendent facile et efficace la surveillance de tous sur chacun. […] Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère célester. » Le peuple y admire aussi des actes d’héroïsme et de dévouement à la patrie, exemples qui font fermenter dans son cœur ces nobles sentiments que nos yeux ont vu éclater lorsque notre liberté a été menacée. […] Sans doute, nous y reconnaissons plus facilement nos voisins, mais il est impossible que nos traits échappent à nos regards, et si nous détournons la tête lorsque nos yeux les rencontrent, c’est déjà un des salutaires effets de la comédie. […] mes frères, la scène comique est le point central élevé du panorama dans lequel le prince de la comédie fait passer successivement sous nos yeux, les vices, les travers et les ridicules de l’humanité. […] Nous vous supplions d’ouvrir leurs yeux à la véritable lumière, afin qu’ils reconnaissent que votre morale s’adresse aux hommes vivant en société, et non à l’homme s’isolant de la société à laquelle il appartient, afin qu’ils ne proscrivent plus les distractions, les plaisirs qui apportent quelque soulagement à leurs maux.

180. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

, « n’aimez point le monde ni ce qui est dans le monde ; si quel qu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui ; car tout ce qui est dans le monde, n’est que concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie. […]  : « Voici ce que dit le Seigneur, parce que les filles de Sion se sont élevées, qu’elles ont marché la tête haute en faisant des signes des yeux et des gestes des mains, qu’elles ont mesuré tous leurs pas, et étudié toutes leurs démarches, le Seigneur rendra chauve la tête des filles de Sion, et il arrachera tous leurs cheveux…. […] « Que la tête de ce superbe soit coupée de sa propre épée, qu’il soit pris par ses propres yeux comme par un piège, et que j’aie assez de force pour le faire périr. […] A ses yeux timides et modestes, Demander des regards plus hardis, plus funestes, Des regards dont l’éclat alarme la pudeur, Et porte le désordre et le feu dans le cœur. […] Quel orgueil insensé te fascine les yeux ?

181. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Ce personnage dit à Iacynte pour la résoudre au désordre : Le Ciel n’a que des yeux et point de langue ;P. 37. […] Voilà comme on sape la Religion par les fondements, et comme on essaie de mettre devant les yeux un bandeau qui ne laisse voir que la figure passagère de ce monde. […] j’ai presque envie d’y fermer désormais les yeux et de les dérober à la vue des autres. […] Polyphème insulte aux Divinités du Ciel et se vante d’être aussi grand que Jupiter ; mais au cinquième Acte il perd l’œil par le feu. […] pour s’être rendu semblable à nous et présent à nos yeux sous une forme humaine ?

182. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Erit tempus1 cùm sanam doctrinam non sustinebunt, sed ad sua desideria coacervabunt sibi magistros prurientes auribus  : en vain la vérité s’offre encore, elle voudroit se faire entendre ; elle déplaît, on en détourne les yeux, on ferme l’oreille à sa voix, on ne veut envisager que les attraits du scandale, ni écouter que le langage de l’imposture A veritate auditum avertent, ad fâbulas autem convertentur. […] Là, dit Saint Cyprien1, un Chrétien apprend à commettre les crimes qu’il a sous les yeux, & qu’il considére avec complaisance : combien de femmes, ajoute ce Saint Pere2, étoient entrées chastes dans l’Amphithéâtre, qui s’en retournent avec tout le feu d’une passion criminelle ?

183. (1607) Recit touchant la comédie pp. 2-8

Se moquer de Dieu devant les yeux de toute une ville, exposer en risée la sainte vérité, faire que les profanes et athées se jouent audacieusement de tout ce qu’on proposera de vie et de mort éternelle, renvoyant le tout aux théâtres des jésuites : ce sera, si l’on croit ces drôles, un passetemps, un vain épouvantail, un jeu de trois jours, un spectacle remplissant les esprits mal assurés de vaines et détestables imaginations. Le vrai, tout-puissant, juste et miséricordieux Seigneur du ciel et de la terre veuille ouvrir les yeux aux disciples des jésuites, pour leur faire connaître de quel esprit leurs docteurs sont poussés: fortifie et confirme en la profession de sa sainte parole tous ceux qui l’aiment de conscience non feinte.

184. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Les yeux s’y plaisent à voir la bonne grace & les gestes des Acteurs, les décorations du theatre, & les grandes assemblées. […] Que le Ciel parle pour retirer un homme d’un poste si dangereux, l’esprit est si partagé entre les yeux, les oreilles, & soy-mesme, qu’il n’a point d’attention pour tout ce que la grace peut luy representer ; le plaisir tient les sens & l’esprit tellement attaché, qu’il ne luy laisse ny la pensée, ny presque la liberté de se retirer, de se rendre à soy-mesme, & de rentrer dans le devoir. […] David considere une Dame, David prend tant de feu par les yeux, dit saint Jean Chrysostome, que toute sa vertu cede à la violence de cette flâme impudique. […] Votre esprit est battu de toutes parts, vos yeux, & vos oreilles sont ou verts à tous les traits que l’impudicité & l’impieté lancent dans le plus intime de vos ames ; vous estes environné d’abysmes ; tous les Acteurs, toute l’assemblée s’efforcent de vous y précipiter, & je pourois croire que vous n’estes point blessé, & que vous ne tombez point ? […] Saint Cyprien avoit dit la mesme chose en d’autres termes, il ne s’étonne pas moins que ceux qui regardent ces crimes, ne croyent pas les commettre par les yeux.

185. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dixième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 242-243

I l est revenu tel que je le desirais : il faudrait être injuste pour me plaindre de lui : cependant, à peine arrivé, il a couru aux **… Comme ses yeux se sont animés, à mesure que l’heure s’approchait !

186. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 8. SIECLE » pp. 183-184

Il y a des Villes qui depuis le matin jusqu'au soir repaissent leurs yeux de divers Spectacles des Comédiens, et qui ne se lassent point d'employer un si longtemps à écouter des vers lascifs et licencieux, qui remplissent les esprits d'ordures, et il y a même des personnes qui appellent ces peuples heureux, en ce que quittant leurs affaires, et les occupations nécessaires pour l'entretien de la vie, ils passent les journées entières dans l'oisiveté et dans la volupté, ne considérant pas que le Théâtre où l'on représente ces Spectacles honteux, est l'Ecole commune et publique de l'impureté pour ceux qui s'assemblent ce lieu infâme.

187. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Il fait une comparaison des autres péchés avec celui de la Comédie : « les autres péchés, dit-il41 , ne corrompent ordinairement qu’une portion de notre âme ; mais celui que l’on commet lorsqu’on assiste aux spectacles souille et infecte toutes les puissances de l’âme, le cœur par les concupiscences, les oreilles par les choses qu’on entend, et les yeux par celles qu’on y voit. […] Les pompes du démon43 , dit cet Auteur, sont les désirs de la chair, les désirs des yeux, et les ambitions du siècle. […]  » Dans le Concile de Tours troisième de l’année 813, Canon 750. « Les Ecclésiastiques doivent s’abstenir de tous les attraits qui flattent les oreilles et les yeux, et qui en les flattant amollissent la vigueur de l’âme, ce que l’on peut ressentir dans de certains airs de musique et dans quelques autres choses; ils doivent s’en abstenir, parce que par les charmes des oreilles et des yeux le vice entre dans l’âme. […] Secondement, si l’on regarde les circonstances qui accompagnent les Comédies, elles sont ordinairement mauvaises, quelque honnête qu’en soit le sujet ; l’on n’y voit que des femmes parées, qui ne s’étudient qu’à plaire à ceux aux yeux desquels elles s’exposent ; qui dans leurs ajustements, dans leurs gestes, dans leurs actions, dans leurs regards, dans leurs parodies n’ont rien qui ne blesse la modestie de leur sexe, qui ne respirent que la vanité et l’esprit du monde. Si la chaussure de Judith fut capable de ravir les yeux et le cœur d’un homme guerrier, que fera le visage, la taille, la bonne grâce, la danse, le chant d’une femme qui n’a point d’autre dessein que de paraître belle et de plaire pour attirer plus de monde à la Comédie.

188. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

La Tragi-comédie nous met devant les yeux de nobles aventures entre des personnes menacées de quelque grande infortune, qui se trouve suivie d’un heureux événement. […]  »  : « Car, dit-il, l’esprit de l’homme ayant une pente naturelle vers le mal, que deviendra-t-il s’il a devant les yeux des exemples d’une nature fragile ? […]  » , dit-il, les yeux sur les différents endroits contagieux des spectacles, voyez si vous pourrez rien trouver sur le Théâtre qui ne puisse en même temps exciter en vous la douleur et blesser la pudeur. […]  », dit cet Auteur, sont les désirs de la chair, les désirs des yeux, et les ambitions du siècle. […]  » « Les Ecclésiastiques doivent s’abstenir de tous les attraits qui flattent les oreilles et les yeux, et qui en les flattant amollissent la vigueur de l’âme ; ce que l’on peut ressentir dans de certains airs de musique, et dans quelques autres choses ; et ils doivent s’en abstenir, parce que par les charmes des oreilles et des yeux, le vice entre dans l’âme.

189. (1674) Le Theâtre François pp. -284

La Tragi-Comedie nous met deuant les yeux de nobles auantures entre d’Illustres personnes menacées de quelque grande infortune, qui se trouue suiuie d’vn heureux euenement. […] Mais enfin ces beaux spectacles ne sont que pour les yeux & pour les oreilles, ils ne touchent pas le fond de l’ame, & l’on peut dire au retour que l’on a veu & oüi, mais non pas que l’on a esté instruit. […] Les Yeux de Philis en Pastorale. […] Floridor estoit particulierement connu du Roy, qui le voyoit de bon œil, & daignoit le fauoriser en toutes rencontres. […] L’vn mouche le deuant du Theâtre, & l’autre le fond, & sur tout ils ont l’œil que le feu ne prenne aux toiles.

190. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

C’est le soin qu’on a apporté dans les spectacles de n’exposer aux yeux du public que de bonnes piéces. […] Quoiqu’il en soit, voyons si la vérité dans son grand jour frappera du moins vos yeux. […] Une charge décente qu’on donne à un vice dessille les yeux de quiconque voudroit s’abuser en s’excusant. […] Jettons les yeux sur celles qui libres de ce préjugé, ont osé entrer en rivalité avec nous. […] Ne devroit-on pas ouvrir les yeux sur l’inconséquence de la conduite qu’on tient à l’égard des personnes de Spectacle ?

191. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Aujourd’hui que j’y porterais d’autres yeux, faut-il ne revoir plus cet heureux pays ? […] Quoiqu’ils en disent, la honte qui voile aux yeux d’autrui les plaisirs de l’amour, est quelque chose. […] N’est-ce pas elle qui met dans leurs yeux ce regard timide et tendre auquel on résiste avec tant de peine ? […] A l’infant même où j’écris ceci, j’ai sous les yeux un exemple qui le confirme. […] Nous ne sommes point réduits à nous cacher à nos propres yeux, de peur de nous faire horreur.

192. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [L] » p. 425

Aux reproches que nous fesons aux Comédiens sur l’indécence de leur vêtement, ils peuvent opposer l’usage établi, aux yeux d’un Public qui condanne sans entendre, & rit avant de raisonner.

193. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VIII. Du Stile. » pp. 287-319

Si l’on n’a point d’autres raisons pour mépriser notre Opéra que la bassesse de son stile, on a grand tort de le voir de mauvais œil ; il faut revenir au plutôt d’une telle erreur, & se joindre à la nombreuse foule de ses partisans : voici sur quoi je me fonde ; les moyens pour le justifier ne me manqueront pas, je ne suis embarrassé que du choix : mais commençons. […] Peut-être que si je passais sous silence les phrases, les passages qu’on critique le plus dans les Poèmes du nouveau genre, parce qu’ils sont en éffet mal tournés, trivials ou obscurs ; peut-être, dis-je, m’accuserait-on de les taire par politique, afin de cacher ce qui ternit la gloire du Théâtre, en faveur duquel j’écris : dans la crainte qu’on ne puisse me faire une telle imputation, je vais faire passer sous les yeux du Lecteur les morceaux les plus critiqués. […] Notre fier Satirique a eu le bonheur de distinguer de ses yeux mortels des esprits, ou des âmes ; qu’on en juge par ses termes ; C’est-là, ce qui fait peur aux esprits de ce tems, Qui tout blancs au déhors sont tout noirs au dédans54. […] Fermez les yeux sur les libertés qu’ont prises, ou que prennent des Auteurs célèbres.

194. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IX. Défauts que les Etrangers ont coutume de reprocher à notre Tragédie. » pp. 231-259

Severe voit sa Divinité dans les yeux de Pauline, Je n’aurois adoré que l’éclat de vos yeux. […] Polieucte, tout Chrétien qu’il est, dit en parlant de sa Femme, Sur mes pareils, Nearque, un bel œil est bien fort. […] On ne vit plus les Amans diviniser leurs Maîtresses, de leurs yeux faire des Dieux, leur répéter cent fois qu’elles sont adorables, & qu’ils ne souhaitent que le bonheur de mourir pour elles.

195. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

« Dieu ne nous impute pas à crime la froideur qui procède de l’absence de sa grâce ou de l’enveloppe grossière de nos sens ; mais nous sommes coupables à ses yeux si ce refroidissement provient de notre négligence et des distractions frivoles auxquelles nous nous sommes livrés. Sa volonté est que le don de son amour soit à nos yeux le plus précieux de tous les dons, et qu’en conséquence nous en alimentions sans cesse la céleste flamme. […] En outre, ces représentations, qui nous passionnent et fascinent nos yeux et notre entendement, ont pour résultat ordinaire de faire perdre à notre cœur sa pureté primitive, en ébranlant nos meilleurs sentiments et en affaiblissant peu à peu notre éloignement pour les choses que la morale réprouve. […] N’oublions pas surtout que le christianisme nous apprend que nous ne sommes sur cette terre que des étrangers et des voyageurs, aspirant à une céleste patrie, et nous ordonne de ne point aimer le monde, de ne point nous conformer à ses coutumes et à ses mœurs, de dépouiller le vieil homme pour revêtir l’homme nouveau, l’homme spirituel, et de veiller constamment et avec une austère vigilance, sur les convoitises de la chair, sur les plaisirs des yeux et sur les vanités de la vie.

196. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Ils sont permis surtout en Espagne & en Italie, de l’aveu & sous les yeux des souverains Pontifes. […]  15 & 16, ne condamne-t-il pas les vains plaisirs du théâtre, lorsqu’il défend aux Chrétiens l’amour du monde comme incompatible avec celui de Dieu ; parce que tout ce qu’il y a dans le monde n’est que concupiscence de la chair, concupiscence des yeux, & orgueil de la vie ? […] Les spectacles sont permis sur-tout en Espagne & en Italie, de l’aveu & sous les yeux des souverains Pontifes.

197. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Il nous est défendu d'être spectateurs des duels, de peur que nous ne devenions complices des meurtres qui s'y font: Nous n'osons pas assister aux autres Spectacles, de peur que nos yeux n'en soient souillés, et que nos oreilles ne soient remplies de vers profanes qu'on y récite; comme lors qu'on décrit les crimes, et les actions tragiques de Thyeste, et qu'on représente Terrée mangeant ses propres enfants; et il ne nous est pas permis d'entendre raconter les adultères des Dieux, et des hommes, que les Comédiens attirés par l'espoir du gain, célèbrent avec le plus d'agrément qu'il leur est possible: Mais Dieu nous garde, nous qui sommes Chrétiens, dans qui la modestie, la tempérance, et la continence doivent reluire, qui regardons comme seul légitime le Mariage avec une seule femme, nous chez qui la chasteté est honorée, qui fuyons l'injustice, qui bannissons le péché, qui exerçons la justice, dans qui la Loi de Dieu règne, qui pratiquons la véritable Religion, que la vérité gouverne, que la grâce garde, que la paix protégé, que la parole divine conduit, que la sagesse enseigne, que Jésus-Christ qui est la véritable vie régit, et que Dieu seul règle par l'empire qu'il a sur nous: Dieu nous garde, dis-je, de penser à de tels crimes, bien loin de les commettre. […] Il n'y a point de Préteur, de Consul, de Questeur, de Pontife, quelque libéralité qu'il déploie, qui vous puisse faire voir ces choses qui vous puisse donner ce plaisir : Néanmoins la Foi vous les représente dès à présent par les Images qu'elle en forme dans vos esprits ; et après cette vie vous verrez ce que l'œil n'a point vu, ce que l'oreille n'a point entendu, et que l'esprit de l'homme n'a jamais conçu. […] On peut justement appeler les Théâtres, et la carrière des courses publiques, une Chaire de pestilence ; Car tout ce qui se fait en ces Lieux est plein de confusion et d'iniquité : Ces assemblées ne fournissent que trop de sujets d'impureté, où les hommes et les femmes étant ensemble, s'occupent à se regarder : C'est là où se tiennent de pernicieux conseils, lors que les regards lascifs excitent de mauvais désirs ; et les yeux étant accoutumés à regarder impudemment les objets qui sont auprès d'eux, se servent de l'occasion qui se présente pour satisfaire leur cupidité.

198. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Que pour les inciter aux actions généreuses et hardies on leur fait apprendre des rôles de vers pour les représenter puis après aux yeux du monde ? […] Que s’il y a quelque chose de licencieux dans son action il se soumet à la censure des Dames, dont il respectera toujours les yeux aussi bien que les oreilles. […] Autrefois les Comédiens n’étant pas si parfaits et excellents dans leur art, ils ne tenaient pas les yeux et les oreilles des spectateurs attachés, ce qui était cause qu’on se divertissait quelquefois à autre chose, mais la modestie est si grande à présent, et on est tellement ravi des bonnes pensées et de belles conceptions de la poésie que chacun se tient dans sa loge, comme des statues dans leur niches, et les Dames y sont si retenues, que c’est tout ce que peut faire le Gros-Guillaume que leur apprêter à rire.

199. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Dans une grande ville pleine de gens intrigants, désœuvrés, sans religion, sans principes, dont l’imagination dépravée par l’oisiveté, la fainéantise, par l’amour du plaisir, et par de grands besoins, n’engendre que des monstres, et n’inspire que des forfaits ; dans les grandes villes où les mœurs et l’honneur ne sont rien, parce que chacun dérobant aisément sa conduite aux yeux du public, ne se montre que par son crédit, et n’est estimé que par ses richesses ; la Police ne saurait trop multiplier les plaisirs permis, ni trop s’appliquer à les rendre agréables, pour ôter aux particuliers la tentation d’en chercher de plus dangereux. […] Aujourd’hui que j’y porterais d’autres yeux, faut-il ne revoir plus cet heureux pays ? […] « Ne sait-on pas que les statues et les tableaux n’offensent les yeux, que quand un mélange de vêtements rend les nudités obscènes ?

200. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXI. Réflexion sur le Cantique des cantiques et sur le chant de l’Eglise. » pp. 76-78

Je ne rapporte pas cet exemple pour blâmer le parti qu’on a pris depuis, quoique bien tard, d’introduire les grandes musiques dans les églises pour ranimer les fidèles tombés en langueur, ou relever à leurs yeux la magnificence du culte de Dieu, quand leur froideur a eu besoin de ce secours.

201. (1675) Traité de la dévotion «  Méditation. » pp. 66-67

C’est pourquoi tu tournes si souvent les yeux du côté du monde ; et à l’heure même que ton cœur devrait être tout entier dans le ciel aux heures de ta dévotion et de tes prières, tu penses aux oignons, aux aulx et aux potées de chair que tu mangeais quand tu étais esclave du Diable et du monde.

202. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Je suis certes bien éloigné de conseiller à nos Poëtes comiques de voir d’un œil indifférent le vice exercer impunément ses ravages dans la Société. […] Non sans doute, il faut qu’il consacre ses veilles pour un objet aussi important ; je crois même qu’avec beaucoup d’art & de ménagement, il pourroit parvenir à faire ouvrir les yeux de la raison sur une coutume aussi insensée ; on se bat le plus souvent plutôt pour obéir au préjugé, que par un motif de bravoure, & il est peu de personnes qui ne desirassent avoir la liberté ou de se venger d’une injure, ou de la mépriser.

203. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Tout à-coup la Religion, toujours reconnue & respectée de cet Homme de Lettres, mais combattue encore dans son ame par la fausse gloire, par l’habitude, par l’autorité des exemples, la Religion acheve de lui dessiller les yeux. […] Dieu a daigné éclairer entièrement mes ténébres, & dissiper à mes yeux tous les enchantements de l’Art & du Génie.

204. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

« Là, dit saint Jérôme24, s’accomplit l’oracle du prophète Jérémie : La mort entre par les fenêtres de notre âme, c’est-à-dire, par les yeux et par les oreilles. » Lactance emploie le même texte contre la séduction du théâtre25 : il prétend que les sens y sont souillés, et que la corruption se glisse au fond de l’âme ; le cœur et l’esprit en sont infectés. […] « Les histrions sont, dit-il, ainsi nommés, parce qu’ils racontent des événements à la manière des historiens ; mais les sujets sur lesquels ils s’exercent sont de nature à devoir être mis en oubli : ils mettent sous les yeux du peuple toute la conduite d’un scélérat illustre, en le décorant des vers plaintifs de la tragédie.

205. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

L’un est le plaisir que l’Art, envisagé comme Art, excite dans notre esprit ; l’autre est le plaisir qui naît des choses mêmes que l’Art met devant nos yeux. […] Tel est à peu-près ce que j’ai nommé le prestige de l’imitation du Peintre ou du Poëte : il rapproche l’objet ; il le met tout entier, & tel qu’il est sous mes yeux. […] Une action, telle que celle qui fait le sujet de la Tragédie de Cinna, se passe réellement devant mes yeux ; j’entens les conversations de Cinna & d’Emilie ; je vois leur entreprise sur le point d’éclater : j’assiste à la délibération d’Auguste sur l’abdication de l’Empire & le rétablissement de la République ; je suis témoin de la trahison de Maxime : la conjuration est découverte. […] Mais il faut une certaine force d’esprit, & encore plus de persévérance dans une application pénible, pour sentir cette espece de volupté purement spirituelle que les premiers cachent aux yeux du vulgaire. Aussi l’Imitation qui se fait des rapports intelligibles par les nombres de l’Arithmétique, par les lettres de l’Algebre, ou même par les lignes de la Géométrie, trouve peu d’admirateurs, au lieu que la plûpart des hommes courent après celle des rapports sensibles qui se fait par la Peinture ou par la Poësie, parce que pour y exercer son jugement, il ne faut y porter que des yeux & des oreilles, avec une imagination vive & un cœur facile à émouvoir.

206. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

« Or, puisque c’est en agissant que se fait l’imitation, il faut d’abord poser qu’il y a une des parties de la Tragédie qui n’est que pour les yeux [comme la décoration, les habits &c.] […] La Fable, les mœurs, la diction, le sentiment, la décoration [& tout ce qui est pour les yeux] & le chant. […] Nous ne demandons à la Peinture que le plaisir des yeux ; & l’imitation de tout objet leur plaît : nous demandons à la Poësie le plaisir de l’ame ; & l’imitation de tout objet ne lui plaît pas. […] Cela est vrai pour le Peuple qui ne voit dans ce Spectacle que l’Innocence accablée de tourmens ; mais les Personnes qui font réflexion que la Victime s’offre elle-même, & veut souffrir, regardant ce spectacle avec des yeux éclairés par la Religion, ne sont pas humainement frappés comme le Peuple. […] Un Romain qui voyoit d’un œil sec, un homme déchiré sur le Théâtre par des bêtes, pouvoit à une Représentation d’Œdipe joindre ses larmes à celles d’un Comédien.

207. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Si, avant que de parler d’eux, je voulais réfuter toutes les absurdités que vous entassez dans cinq ou six pages que j’ai maintenant sous les yeux, il faudrait que je fisse un in-Folio, et je n’en ai ni le temps, ni la patience, ni la volonté. […] L’insulte faite entre quatre yeux n’en serait pas une à moins que l’insultant n’allât se vanter de l’avoir faite. […] Tout homme qui attend son honneur des titres dont il est décoré, s’il les possède sans les mériter, n’est aux yeux des sages qu’un Baudet chargé de Reliques. […] N’aurait-il pas été honteux que des gens de l’un et de l’autre sexe eussent rempli de pareils rôles aux yeux du Public ? […] Quel mal y a-t-il à gagner sa vie aux yeux du Public, plutôt que dans son appartement, surtout quand on la gagne avec distinction, qu’on se fait chérir par ses talents, et qu’on se rend recommandable par ses mœurs ?

208. (1697) Satire à Mgr Bossuet « SATIRE A MONSEIGNEUR JAQUES BENIGNE BOSSUET. EVEQUE DE MEAUX. » pp. 46-48

 Je conviens avec toi que des hommes pécheurs Devraient avoir toujours les yeux baignés de pleurs Je sais que l’Evangile en ses leçons divines N’offre pour le salut qu’un chemin plein d’épines Et que loin d’approuver les jeux et les plaisirs Il nous en interdit jusqu’aux moindres désirs,  Ainsi la Comédie, étalant sur la Scène Les appas séducteurs d’une pompe mondaine, Sans doute est peu conforme à ces vœux solennels Qu’en naissant un Chrétien fait au pieds des Autels.

209. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Pierre, parlant des libertins qui regardent les femmes, dit que leurs yeux commettent continuellement le crime : Oculos incessabilis delicti. […] Cette ombre de dévotion n’est ni le préservatif, ni le remede du vice, à travers la croix la passion poursuit également, & devore des yeux son aliment. […] Amour des richesses, concupiscence des yeux ; amour du plaisir, concupiscence de la chair ; orgueil de la vie, concupiscence de l’esprit : triste suite du péché originel, principe funeste du péché actuel & de la damnation. […] Elle l’est encore dans l’ordre moral aux yeux du Chrétien & du Sage, même dans la plus grande beauté, chacun de ses cheveux, chacune de ses graces, par le poison du plaisir qu’il répand dans le cœur, est un vrai serpent qui porte le coup mortel dans l’ame. […] Il y a même un trait dont les danseuses peuvent faire usage : Ma chaussure a ébloui ses yeux : Sandalia rapuerunt erulos ejus.

210. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

A la jupe courte & légère, à son pourpoint, à son colet, au chapeau garni d’un plumet, au ruban ponceau qui pendoit & par devant & par derrière, à la mine galante & fière d’Amazone & d’Avanturière, au nez de Consul Romain, au front altier d’Héroine, au grand œil tendre & hautain ; soudain je reconnois Christine, Christine qui céda pour rien son Royaume & son Église qui connut tout, & ne crut rien. […] Suivons-la sur les divers tretaux où elle s’est montrée ; un détail de divers rôles qu’elle a joué les mettra sous les yeux ; l’amour du théatre renverse jusqu’aux têtes couronnées. […] Christine forcée de descendre fait un grand discours pour excuser son abdication, pour montrer sa résolution & sa fermeté, & consoler des gens qui s’en réjouissoient, & tous le mouchoir à la main, essuyoient leurs yeux qui n’étoient point mouillés, tandis qu’ils mouroient d’envie de rire & s’épuisoient réciproquement en éloges. […] Ce langage des philosophes du temps qui n’estimoit que leur prétendue sagesse, & méprisent la sainteté, est une absurdité aux yeux des Chrétiens. […] Cette barbarie & la passion qui en furent le principe, ternirent sa philosophie , dit Voltaire, toutes ces belles qualités fussent-elles aussi réelles qu’elle sont fausses ou superficielles, sont dégradées par cette horreur ; elle eût été punie en Angleterre & par-tout ailleurs, la France ferma les yeux sur cet attentat contre l’autorité du Roi, le droit des nations & de l’humanité .

211. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Encore une fois, je ne saurai jetter les yeux sur la naissance du grand-Opéra, sans être tenté de le prendre pour l’Opéra-Bouffon. […] Il est vrai qu’il serait criant de dérober aux yeux les charmes d’une jolie Danseuse ; j’en conviens ; cependant l’idée qu’on se forme des Furies éxige qu’elles n’ayent point une mine si friponne, si tentante. […] A peine le Spectateur a-t-il le tems de respirer ; ses yeux sont à chaque instant frappés, éblouis, par de nouveaux objets ; son âme nage dans l’ivresse ; des Danseuses charmantes viennent enchanter ses regards, incertains des grâces qu’ils doivent fixer. […] On a peut-être voulu dire que son action, composée de Faits étonnans, était d’abord difficile à croire, & que notre raison ne savait que penser des choses diverses qui la frappent tour-à-tour à l’Opéra ; parce que nos yeux ne sont point accoutumés à contempler des Magiciens, des Fées, des Génies & des Dieux. […] Tandis qu’on ne les voit pas, on peut se figurer qu’ils se sont transportés dans le lieu que la Scène représente ; lorsqu’ils sont sous nos yeux, nous nous appercevons bien clairement qu’ils n’ont fait aucun mouvement pour changer de place.

212. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Il ne s’agit plus de combattre ici contre le sophisme armé d’une plume d’or, et secondé par l’éloquence, et la prévention des sots : il s’agit de justifier ma profession aux yeux des gens d’une piété éclairée et de leur prouver que la conduite de Mr.  […] Mon Père que j’avais informé, appuya sa sollicitation et j’obtins un emploi : je m’en acquitai d’abord avec tout le zèle dont j’étais capable, on me mit sous les yeux pour m’encourager un Tableau de progression que j’envisageais avec plaisir, je me voyais déjà Fermier général en imagination et je ne réfléchissais pas que de dix mille Commis aux Aides, il n’y en a pas deux cents dans le Royaume qui jouissent d’appointements honnêtes. Engagé donc par serment à bien servir les intérêts de la Ferme, excité par une ardente émulation je fermai les yeux sur ce qu’il y avait de vil dans un emploi pour la possession duquel j’avais fait le vœu de bien persécuter mon prochain, je me proposais bien de me faire un cœur de fer, de fermer l’oreille à tous les mouvements de la charité, pour n’avoir rien à me reprocher sur l’exécution de mon serment. […] On me dira peut être encore que je pouvais prendre une profession subalterne mais pure aux yeux du Christianisme. […] On va juger si ces Messieurs ont raison, puisque je vais remettre sous les yeux du Public tout ce qu’a dit Mr. 

213. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Celui-ci, après l’avoir indécemment accablé d’injures, l’abandonna à la populace, qui lui fit souffrir toutes sortes de tourmens & d’ignominies, lui coupa une main, lui arracha un œil, le déchira à coup de verge, le promena nud dans toutes les rues sur un chameau, enfin le pendit par les pieds, & deux soldats l’acheverent à coups de lance, & pour comble d’infamie on choisit le théatre pour cette derniere exécution, comme un acteur qu’on poignarde sur la scène, dont la mort est le dénouement de la tragédie, comme dans la plupart des tragédies. On pourroit en faire une bonne de ce grand évenement, en renvoyant l’exécution derriere le théatre : car il n’y a que des yeux anglois, accoutumés aux horreurs de Shakespear, qui pussent soutenir l’excès de celle-ci. […] Orner le poignard dont on égorge la victime, faire boire son sang dans une coupe dorée, mettre sous les yeux les chefs-d’œuvres de barbarie si vantés de Corneille, de Crébillon, ce n’est qu’en émousser les répugnances, étouffer les remords du crime, & répandre l’esprit de cruauté. […] Il part enfin, mais tournant les yeux vers sa Licoris. […] Bernard, auteur de Castor & Pollux, & du poëme très-licencieux de l’Art d’Aimer, & de plusieurs poësies galantes, charmantes aux yeux du libertinage.

214. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Parce que les filles de Sion se sont élevées, qu’elles ont marché la tête haute, faisant des signes des yeux & des gestes des mains, qu’elles ont mesuré tous leurs pas, & étudié toutes leurs démarches, le Seigneur rendra leur tête chauve, il arrachera tous leurs cheveux. […] Une passion violente le transporte à la vue de ce qu’on étale à ses yeux ; il donne des fêtes, se livre à la joie, se prépare au dernier crime ; enseveli dans l’ivresse, il reçoit le coup de la mort. […] Toute la parure théatrale assortie à son rôle, montée à l’unisson de ses sentiment, ne l’est pas davantage ; elle l’est moins, puisqu’elle met plus vivement sous les yeux les objets qui imitent les sentimens dépravés, qu’elle parle avant qu’on ait ouvert la bouche, après qu’on a cessé de parler, & pendant qu’on s’entretient d’autre chose, elle joue seule son rôle, elle le joue sur la personne même qui la porte. […] La piété en détourne les yeux, & la piété les voile. […] Est il bien vrai que le mari veuille qu’on prodigue son bien à tous les yeux, & qu’on le lui offre à tout moment à lui-même ?

215. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « X. Différence des périls qu’on cherche et de ceux qu’on ne peut éviter. » pp. 44-45

Tous les objets qui se présentent à nos yeux peuvent exciter nos passions : donc on peut se préparer des objets exquis et recherchés avec soin, pour les exciter et les rendre plus agréables en les déguisant : on peut conseiller de tels périls ; et les comédies qui en sont d’autant plus remplies qu’elles sont mieux composées et mieux jouées, ne doivent pas être mises « parmi ces mauvais entretiens, par lesquels les bonnes mœurs sont corrompues ».

216. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVII.  » pp. 471-473

Telle est de mon honneur l'impitoyable loi, Lorsqu'un ami l'arrête, il n'a d'yeux que pour soi, Et dans ses intérêts toujours inexorable Veut le sang le plus cher au défaut du coupable. » Personne aussi ne s'est jamais blessé de ces paroles barbares d'un père à un fils, à qui il donne charge de le venger.

217. (1675) Traité de la comédie « XVII.  » pp. 297-299

Telle est de mon honneur l'impitoyable loi, Lorsqu'un ami l'arrête, il n'a d'yeux que pour soi; Et dans ses intérêts toujours inexorable, Veut le sang le plus cher au défaut du coupable. » On écoute avec plaisir ces paroles barbares d'un père à un fils, à qui il donne charge de le venger.

218. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Que mes yeux, s’écrioit le Prophete, se ferment à la vanité ! […] Vous oserez fixer sur l’auguste Tabernacle, sur la Victime sans tache, ces yeux tout éblouis de la pompe du spectacle, & tout pleins peut-être de l’action d’un Déclamateur passionné ? […] Enfin, quand par mille sentiments divers & mille mouvements contraires, qu’on aura eu l’art d’exciter ; même malgré vous, dans votre cœur, on aura su vous intéresser pour le héros le plus passionné ; sous prétexte de punir le vice & de récompenser la vertu, quand vous verrez enfin couronner à vos yeux la passion la plus ardente & la plus vive, rien de puni que l’insensibilité & le défaut d’ardeur ! […] Et tout cela sur-tout mis en usage pour intéresser le spectateur à l’intrigue d’une passion, pour faire entrer dans l’ame du spectateur la folle passion du héros prétendu que l’on feint enflammé ; & tout cela mis sous les yeux, celui de tous les sens qui fait toujours les plus fortes impressions dans l’ame. […] Des exemples généraux si je passe aux particuliers ; parmi les Auteurs sacrés, j’entends un Augustin qui se cite lui-même en témoignage ; & avec cette noble franchise, si digne d’un vrai Pénitent, avoue que c’est sur le théâtre qu’il respira par les oreilles & par les yeux tout le venin qui corrompit son cœur.

219. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

(je m’adresse à quiconque n’y assiste pas les yeux bandés et le cœur dans la glace) ! […] Leurs sens sont tellement occupés des objets qui y ont laissé une impression neuve et profonde ; leur imagination y est tellement absorbée, que vous ne leur entendrez pas dire un mot, pas fixer un œil sur ce qui pourroit les distraire : les caractères les plus gais, les plus actifs à jouir des plaisirs innocens, sont d’une insensibilité repoussante et ne savent plus que méditer…. […] Mais que ce public déploie à la vue du plus révoltant spectacle qui fut jamais, tous les ressorts de l’admiration, qu’il éclate en applaudissemens, qu’il exalte, qu’il préconise, et les victimes et ceux qui les vendent et ceux qui les immolent ; qu’il se nourrisse les yeux et le cœur, en voyant la première innocence s’instruire dans les vices de tous les âges, en parler le langage, en rendre les transports, en figurer les opérations, avec ce fatal genre d’éloquence qui exprime plus qu’il ne dit, qui parle à tous les sens à la fois, qui agite le cœur à mesure qu’il fascine l’intelligence ; qu’un spectacle de cette nature soit d’un goût et d’une approbation générale ; voilà (je défie les Taïtiens d’aller au-delà) le terme, le non plus outre de la corruption. […] « Si j’envisageois la chose en ministre de l’Eglise, en prêtre et interprête du Dieu de nos pères, je mettrois sous vos yeux l’essentielle et invincible incompatibilité des spectacles mimiques et de l’esprit de la religion ; je ferois jaillir de la manière la plus vive l’étonnant contraste de l’histrionisme et de l’Evangile ; je ferois évanouir comme l’ombre ces maximes illusoires et démenties dans le cœur même de ceux qui les étalent, touchant l’utilité et la décence du théâtre moderne8 ; je dirois à tous les Chrétiens rassemblés dans la contemplation d’une de ces farces de fureur ou d’amour : vous qui dans la réception du premier et du plus important bienfait d’une religion céleste, avez juré à l’Eternel un divorce sacré d’avec toutes les pompes du monde et des passions sensuelles ; songez-vous que votre attachement à ce brillant étalage de vices et de crimes, n’est qu’un long et opiniâtre parjure ? […] Ces monstres pour abâtardir le peuple et le rendre insensible à ses maux, l’énivroient par la continuité et l’appareil des spectacles ; et l’aspect d’un mime en faveur faisoit oublier des monceaux de victimes que la cruauté immoloit tous les jours aux yeux du public….

220. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

Malgré tous leurs appas & leur cajolerie, Leurs yeux doux & riants sont pleins d’affeteries ; La mort, & non l’amour, pour punir leur tyran, Leur fera mieux que lui faire les yeux mourans. […] C’est que les couleurs des objets en se dispersant, se modifiant différemment, font corps avec le teint de la personne, & deviennent une espece de fard à des yeux savants, chaque situation donne une couleur différente. […] Objet bien mince aux yeux du Sage, criminel à ceux du Chrétien ; mais rien de plus important pour une actrice, & toute femme est actrice en ce point. […] Il est des hommes aussi insensés, qui, dans leur parure semblent des femmes ; ils enferment leurs cheveux dans une bourse, & les tiennent frisés & bouclés avec des aiguilles : reticulum comis imples  ; ils peignent leurs yeux & leur visage : pingit tremenies oculas, supercilium faligine tinctum  ; ils s’habille de bleu & de vert, couleur propre aux femmes.

221. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Les yeux sont les fenêtres du cœur, par le regard desquels la concupiscence est enflammée ; les oreilles des tuyaux par lesquels comme par un entonnoir ce venin mortel est instillé & entiné au cœur par le diable par le moyen des paroles lubriques. […] Isaie dit les filles de Sion se sont élevées, ont cheminé le cou étendu, les yeux affectés, se guindant & branlant. […] Le théatre jamais ne fut si glorieux, Le jugement s’y joint à la magnificence, Une règle sévère en bannit l’insolence, Et rien n’y blesse plus ni l’esprit ni les yeux. […] Que dis-je, on ne le pleure point, Si, fait-on, & voici le point : On en rit si fort en mains lieux, Que les larmes viennent aux yeux ; Ainsi en riant on le pleure, Et en pleurant on rit à l’heure. […] Un homme de goût, un homme de bien ne jettera pas les yeux sur ces fruits détestables de la corruption de l’esprit & du cœur.

222. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Il est encore quelque reste des loix de décence, dont on ne sauroit s’écarter aux yeux du public, sans se livrer à son mépris ; on n’y joue pas un rôle qui fasse briller & les talens & les graces, & on n’oseroit se déclarer Actrice ; il n’est pas encore reçu qu’une Dame se mêle avec les Comédiens. […] Il s’extasie sur la beauté, les graces, les talens des jeunes personnes qui y jouèrent ; elles l’emportent sur toutes les Actrices passées, présentes & à venir : des traits charmans, une physionomie pleine de finesse, le visage de Flore, la taille d’Hébé, les yeux de l’amour, le son de voix des Syrènes, &c. […] Ouvrez les yeux, & voyez. […] On crut d’abord que cet évanouissement étoit contrefait, on admiroit l’art qui imitoit si bien la nature ; il ouvrit un moment les yeux sans dire une parole, tomba de son fauteuil, & mourut. […] Mais la premiere représentation a dû détromper ; ce qu’on y a vu, entendu, senti, a dû faire toucher au doigt & à l’œil le danger & le crime d’un spectacle où le vice domine, où les occasions naissent sous les pas, sur tout les femmes, qui naturellement plus pieuses & plus sensibles, ont dû être plus alarmées, & avant d’y aller par la vue de l’écueil, & après y avoir été par le soupçon ou plutôt la certitude du n’aufrage qu’elles y ont fait.

223. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Qu’elle se passe encore à ses yeux. […] A vos yeux les Tyrans menacent, & ils menacent en vain. […] Justement punis par autrui, ou par eux mêmes, c’est à découvert qu’ils se montrent ou privés de l’usage des yeux, ou percés d’un fer vengeur : éternellement éclairés par les torches ardentes des Furies, ou bourrelés par les pointes intolerables des remords. […] La Volupté semble leur tenir ce langage, « Cueillez les fleurs du Printems : ornez-en vos têtes : n’attendez pas qu’elles se fanent : ne portez point des yeux inquiets sur l’avenir ; joüissez du présent. […] Des leçons pour apprendre les subtilités du vice, ou des exemples pour s’affermir dans le crime ; des alimens de passions pour en repaître leurs yeux, ou des peintures fabuleuses pour retracer à l’imagination de trop coupables vérités.

224. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Il en impose aux yeux pour corrompre plus sûrement le cœur. […] Une déclaration d’amour dans une Pièce qu’ils ont vu jouer, leur a fait ouvrir les yeux, les a animés. […] Le danger, le crime de l’intrigue, diminuent à leurs yeux ; il s’anéantit bientôt. […] Pour M.F. quoiqu’on voie bien qu’il l’a lu, on le prie d’y jeter de nouveau les yeux. […] Il y a apparence qu’il aura lu saint Jérôme avec les mêmes yeux, que ceux dont il a examiné le Discours du P.

225. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

La Comédie a un grand avantage au-dessus des instructions philosophiques, contenues dans une infinité de bons ouvrages, en ce qu’elle expose sous les yeux un tableau animé des passions humaines, & qu’elle ébranle fortement les sens, pour porter par leur canal la conviction jusqu’au fond du cœur : car telle est la loi de l’union de l’ame avec le corps, que toutes nos idées ont pour cause premiere les objets sensibles, lesquels ne peuvent parvenir jusqu’au siége intellectuel sans y avoir été portées par les sens qui veillent sans cesse autour de l’ame pour l’avertir de ce qui se passe hors d’elle.

226. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XII. De l’autorité des Pères.  » pp. 49-51

Ils blâment dans les jeux et dans les théâtres l’inutilité, la prodigieuse dissipation, le trouble, la commotion de l’esprit peu convenable à un chrétien, dont le cœur est le sanctuaire de la paix ; ils y blâment les passions excitées, la vanité, la parure, les grands ornements qu’ils mettent au rang des pompes que nous avons abjurées par le baptême, le désir de voir et d’être vu, la malheureuse rencontre des yeux qui se cherchent les uns les autres, la trop grande occupation à des choses vaines, les éclats de rire qui font oublier et la présence de Dieu et le compte qu’il lui faut rendre de ses moindres actions et de ses moindres paroles ; et enfin tout le sérieux de la vie chrétienne.

227. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 2 : Livre VI, chap. 7] » p. 590

Car sa raison est que Dieu ne veut pas que ceux qui sont dedans les Enfers retournent comptere ce qui se fait en ces lieux, afin d’obvier au malheur qui en pourrait sourdre : Les damnés qui retourneraient au monde, souffleraient ès entrailles des hommes la fureur et la rage des tourments qu’ils endurent : Ainsi les Poètes Tragiques feignent que l’Ame de Thyeste sortant des Enfers, brouille et renverse tout l’état de sa famille, met en trouble sa maison, acharnef Egiste à vengeance, incite à fureur Clytemnestre, lui souffle le venin de jalousie en l’Ame, et la fait meurtrière de son mari : et l’acte commis, pousse Oreste à venger sur Egiste et sa mère la mort de son père, et les tuer tous deux, afin qu’après leur mort, il fût tourmenté de l’horrible regard des Erinyes et Furies qui lui représentent devant les yeux l’énormité et gravité du délit perpétré.

228. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 13

monseigneur Léon ; les conviés tout étonnés s’arrêtèrent tout court, perdirent contenance et l’appétit tout à la fois, et devinrent immobiles comme des statues, sinon qu’on vit couler de leurs yeux quantité de grosses larmes.

229. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Et même à fuir vos yeux mon cœur se résolut, Vous croyant un obstacle à faire mon salut ; Mais cette passion peut n’être point coupable, Et je puis l’ajuster avecque la pudeur. […] Faut-il que notre honneur se gendarme si fort, Que le feu dans les yeux & l’injure à la bouche … Pour moi de tels propos je me ris simplement, Et ne suis point du tout pour ces prudes sauvages Dont l’honneur est armé de griffes & de dents. […] On lui fait de même autoriser par les armes du ridicule les parures indécentes : Il vient nous sermoner avec des yeux farouches, Et jeter nos rubans, notre rouge & nos mouches. […] Mais n’en voilà que trop sur une piece monstrueuse dans l’ordre des bonnes mœurs, où on semble avoir voulu ramasser & mettre sous les yeux tout ce qui est capable de les corrompre.

230. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

L’histrionat, tel qu’il est dans la réalité, ne trouvera jamais grace à ses yeux. […] Ce jeune homme, qui s’étant converti, avoit renoncé au spectacle, y fut entraîné par ses amis, & d’abord tint les yeux fermés ; mais les ayant ouverts par curiosité, au cri que fit le parterre, ne put résister à la tentation, & revint à ses premiers goûts, & à son dérangement. […] C’est le bon goût, le bon ton, ce sont les talens même & les graces exposées aux yeux & aux désirs du public. Il n’y a pas jusqu’à cette espèce de lumiere magique, artistement graduée & distribuée, qui retrace, embellit, met dans le vrai jour d’une maniere si frappante, que rien n’échappe aux yeux & au cœur.

231. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Voyez ce père tendre, qui s’épuise de travail, pour qu’un jour son fils & sa fille reçoivent de sa main, en le bénissant, un bien plus considérable au jour de leur mariage ; c’est que pour lui, le plaisir d’être le bienfaiteur de ses enfans, est le plus doux de tous : jetez enfin les yeux sur l’homme assis au dernier degré, voyez-le durant la semaine se livrer aux plus rudes travaux ; c’est qu’il entrevoit qu’ils doivent, au bout de six jours, lui fournir le moyen de s’abandonner à la joie. […] Les agréables accords de la Musique transportent son âme ; ils lui peignent la divine harmonie des productions du Souverain Etre, & le remettent à l’unisson avec tout lui-même : la Danse ajoute à l’agréable sensation que produit la Musique ; ce dernier art est une émanation du premier : il réalise aux yeux, ce que les sons font percevoir à l’oreille ; une joie délicieuse, redoublée se glisse par deux sens à la fois dans son âme ravie. […] Le premier n’est-là que pour le contraste, pour faire saillir le caractère du bouillant d’Ormilli ; caractère bien dans la nature, dont la Comédie fait un joli Tableau, mais que l’Auteur n’a pas eu l’art de présenter de manière à nous corriger : au contraire, l’on peut dire que le jeu de l’Acteur n’est propre qu’à rendre charmant un original vicieux, à porter nos Petits-maîtres, à se donner de plus-en-plus son ridicule brillanté ; ils en seront plus insupportables aux yeux des femmes sensées, plus courus des folles ; ils ne prétendent que cela. […] Octave sentit bien que ce n’était pas les Antiquités de la République qu’il fallait mettre sur le Théâtre ; il n’eut garde de rappeller la mémoire des Brutus, des Camille, des Coriolan, des Regulus ; de retracer la catastrophe des Tarquins, des Decemvirs, des Manlius Capitolinus &c. il ne mit sous les yeux des Romains que d’obscènes Pantomimes.

232. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

On appelle Bienséances, en morale, l’art de dérober la connoissance des défauts ou des vices mêmes, à des yeux qu’ils pourroient choquer, ou à des cœurs qu’ils pourroient féduire. […] L’image du vice ne blesse les yeux que quand la réalité est trop connue : Il y a cinquante ans, le Théatre étoit plus libre & les cœurs l’étoient moins.

233. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Quoi, mes Dames, mettre cinq ou six heures de tems a se parer & à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pieges à la chasteté des hommes, & servir de flambeau au demon, pour allumer par tout le feu de l’impudicité, demeurer les nuits entieres exposées au yeux & à la cajollerie des jeunes fous, & de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville, emploïer tout ce que l’art & la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regars, & pour leur renverser l’esprit, deguiser vos personnes & vôtre sexe, pour n’avoir plus honte de rien, & pour ôter à la grace ce petit secours, qu’elle trouve dans la pudeur, qui vous est si naturelle. Rouler de quartier en quartier sous un habit de teatre, & avec une impudence de Comediennes, pour être vûës de tous les yeux, & pour voir dans un jour tous les visages d’une ville.

234. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Permets, Vesta, permets que j’expire en ces lieux : Mon sang est assez pur pour couler à tes yeux. […] Elle n’y avoit pendant dix ans goûté que des douceurs : Je ne trouvois par-tout que des soins complaisans, Des égards recherchés, & des yeux caressans. […] Elle a lu son amour dans les yeux : Ses regards vallent tous les sermens. […] de tous mes maux le principe odieux, C’est cet éloignement qui depuis ma naissance, A vos yeux, à vos soins dérobe mon enfance. […] C’est plutôt une sorte d’impudence de fixer les yeux.

235. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — I. Fin principale de l’Incarnation du Verbe. » pp. 5-6

C’est dans la même vue qu’ils lui remettent si souvent devant les yeux la corruption de son cœur, qui renferme le germe de tous les crimes ; qu’ils lui indiquent les remédes-propres à la guérir ; & qu’ils lui prescrivent si expressément de renoncer au siécle, à ses vains désirs, & aux passions mondaines, abnegantes impietatem, & secularia desideria .

236. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — V. La Comédie donne des leçons de l’amour impur. » pp. 9-11

Quoiqu’il en soit, il est constant qu’il instruit de l’art criminel d’aimer & d’être aimé ; il apprend le langage de l’amour profane ; il enseigne les moyens de se dérober aux yeux des surveillans.

237. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre V. Il n’est point de Drame sans Mœurs. » pp. 139-141

Admirons l’Art avec lequel on met sous nos yeux des objets si connus, & qui ont pourtant les charmes de la nouveauté, quoiqu’ils soient sur la Scène, à très peu de différence près, les mêmes que dans le monde.

238. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Première Lettre. De madame d’Alzan, À madame Des Tianges, sa sœur. » pp. 18-20

Depuis votre départ, il ne s’absente que le soir, pour aller au Spectacle ; presque tous les jours, il se rend au même Théâtre de fort bonne heure ; le desir de le voir m’y conduit quelque-fois sur ses pas ; monsieur de Longepierre, qui me croit passionnée pour la Comédie, quitte tout pour m’accompagner : je cherche des yeux monsieur d’Alzan dans la foule de l’Orquestre ; je l’ai bientôt démêlé : je le vois ; & le calme renaît dans mon cœur ; je me trouve presque contente.

239. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIX.  » pp. 475-477

Puissé-je de mes yeux voir tomber cette foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre; Voir le dernier Romain en son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir. » Si l'on dépouille l'image de cette passion de tout le fard que le Poète y prête, et qu'on la considère par la raison, on ne saurait rien s'imaginer de plus détestable que la furie de cette fille insensée, à qui une folle passion fait violer toutes les lois de la nature.

240. (1675) Traité de la comédie « XIX.  » pp. 302-305

Puis-je de mes yeux voir tomber cette foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre; Voir le dernier Romain en son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir. » Si l'on dépouille l'image de cette passion de tout le fard que le Poète y prête; et qu'on la considère par la raison, on ne saurait s'imaginer rien de plus détestable que la furie de cette fille insensée, à qui une folle passion fait violer toutes les lois de la nature.

241. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

J’ai longtemps eu sous les yeux ces tableaux, qui doivent vous être inconnus. […] Vous, à mes yeux ? […] Remarquons bien que tant qu’on en put dire autant du Peuple de Rome, l’Italie regarda les Acteurs du même œil que la Grèce. […] … Périsse a jamais ce vil tyran du monde, cet or, dont la soif insatiable… Mais détournons les yeux de ces horreurs, puisque nous ne pouvons les faire cesser. […] Les talens de l’Acteur lui mériterent la faveur du Ministre [Richelieu] ; mais la profession de Comédien n’en fut pas plus relevée aux yeux d’un Peuple, dont la Religion avait flétri la Comédie.

242. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Les auteurs semblent s’être mis au défi, et lutter entre eux à qui mettra sous les yeux du public le plus d’horreurs et d’obscénités ; ils y épuisent leur imagination, ils y consacrent leurs veilles. […] Si en développant aux yeux du peuple les suites funestes des passions, on ne l’en garantit pas par de saines maximes ; si en lui dévoilant le crime on ne l’exalte pas pour la vertu, la scène devient nécessairement vicieuse et corruptrice. […] Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause ; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et fuir la difformité ; c’est là proprement, le but que tout homme qui travaille pour le public, doit se proposer, et c’est ce que les premiers poètes tragiques avaient en vue sur toute chose.

243. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Si nous jettons ensuite les yeux sur la Tragédie & sur l’Opéra, nous conviendrons qu’il y a des changemens bien plus considérables à desirer ; puisque ce n’est pas seulement la forme de la Scène, mais la Scène elle-même qu’il faut changer. […] L’imitation des mœurs est le but de l’Action théâtrale ; dès qu’une Pièce représente exactement ce qui se passe & de la manière qu’il se passe, elle atteint ce naturel qui captive, & qui persuade : la vérité du Tableau séduit les yeux, plaît à l’esprit, intéresse le cœur ; chaque Spectateur, se dit, Je suis homme, tout ce que je vois ici a trait à l’humanité, & ne peut être étranger ou indifférent pour moi. […] Il y a pourtant encore une autre indécence de geste, plus recherchée, plus fine, dont on n’est pas absolument corrigé ; elle consiste à accompagner une expression à double sens, d’un mouvement des yeux, des bras, ou du corps, qui fasse naître dans l’esprit du Spectateur, l’idée nondécente exclusivement à l’autre ; il arrive par-là, qu’une Pièce en apparence fort sagement écrite, très châtiée, devient néanmoins dangereuse à la représentation. […] v de ce Titre, sera d’un genre particulier : le saint nœud du mariage, acquerra, par ce moyen, un nouveau degré de splendeur & de solennité : les applaudissemens que recevront les jeunes Amans, augmenteront, aux yeux, de l’époux le prix de sa compagne, & justifieront à celle-ci la beauté de son choix. […] J’ai été surprise que dans Hamlet, on n’ait pas réalisé, sinon aux yeux, du moins à l’oreille, l’objet qui excite la terreur du jeune Prince.

244. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

On retouche un vers, une scene, une piece, on l’a devant les yeux ; mais le langage du corps ne subsiste pas, un coup d’œil, un ton de voix, un mouvement de la main n’ont qu’un moment. […] Une coquette qui vient étaler ses charmes, un libertin qui voltige pour en repaître ses yeux & son cœur corrompu, sont-ils faits pour les entendre ? […] Le plus stupide trouve alors de jolies choses ; les yeux, les levres, les mains sont éloquentes. […] Plein de l’esprit du monde, & voulant faire sa cour aux grands, il a dû dépouiller le vice de ce qu’il a d’odieux, lui donner une sorte de gloire & de mérite, écarter, décrier ceux dont les yeux trop perçans, la piété trop austere & trop ferme, pouvoient démêler ses artifices, & traverser l’accommodement. […]  Combien d’Agnès viennent adroitement, Malgré l’œil vigilant d’une duegne austère, Y prendre un billet doux des mains de leur amant !

245. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

Forçons-lès d’appercevoir une vérité, dont ils semblent détourner les yeux. […] Les Grecs ouvrirent peut-être les yeux, & connurent enfin leur erreur au sujet d’un Art dont ils arrêtaient les progrès. […] Les Séraphins & les Dominations, sont à leurs yeux d’habiles chanteurs & d’éxcellens joueurs d’instrumens. […] J’ai mis sous les yeux du lecteur tout ce qui peut-être favorable à la musique ; je vais rapporter avec la même impartialité tout ce qui est à son désavantage. […] elles séduisent tous nos sens à la fois, & leurs yeux èxpriment encore plus que leur bouche.

246. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  RACINE. A Mlle. Le Couvreur. » pp. 77-80

Grace à vos yeux vainqueurs, toujours sûr de ses coups,  Il remplit les lieux où vous êtes  Et ceux où l’on parle de vous.

247. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

Le titre qu’il donne à ceste Action, est d’être: « une comédie » : et dit qu’« elle a été dressée pour donner du passe-temps, se moquer de Dieu devant les yeux de tout une ville, exposer en risée la sainte vérité, et en faire un jeu de trois jours : et qu’en fin ce n’a été qu’une drôlerie ». […] J’ajoute que celui qui jouait Lucifer a pour nom Simon Vannerot, et que tous deux sont honnêtes enfants de belle expectation, jouissant encore aujourd’hui d’une pleine santé, sans avoir été ni peu ni prou atteints de maladie : de quoi te feront foi tes yeux et tes oreilles, si pour voir la laideur de tes mensonges il te prend fantaisie de t’en venir informer en cette ville. […] Pour cech, si tu avais des yeux, pour autre effet que pour chercher des bourdes, tu verrais que nous les pouvons et devons imiter. […] Les choses saintes, dit saint Jérôme, doivent être perçues, et par les yeux et par les oreilles.

248. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

pour moi, je l’ai toujours regardé comme un dogue à l’attache, insultant aux passans, qui, d’un œil de pitié, regardent les vains efforts qu’il fait pour rompre sa chaîne. […] Tout ce qu’ils entendent de la bouche d’Hécube leur semble croyable, parce qu’ils en ont la preuve devant les yeux. […] sophisme pour sophisme, j’aimerais autant dire qu’assassiner son semblable soit un acte de probité, méritoire même aux yeux du Créateur. […] Il est vrai que je n’ai pas ses yeux, mais chacun a son goût. […] « Je sens bien que ce spectacle dont je fus si touché, serait sans attrait pour mille autres ; il faut des yeux faits pour voir & un cœur pour le sentir.

249. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VIII. Erreurs des Modernes sur ce sujet. » pp. 165-186

Cette différence entre les Histrions ou Bateleurs, et les représentateurs des Poèmes Dramatiques a été si peu connue des Modernes, que depuis plusieurs siècles les plus doctes Ecrivains s'y sont lourdement trompés ; car ils ont attribué tous les défauts des Mimes et Bateleurs scéniques, aux Comédiens et Tragédiens ; ils en ont confondu les noms, l'exercice, le mérite, les qualités, la réputation, et généralement toutes choses ; et je me suis cent fois étonné qu'une infinité de savants critiques se soient laissés fasciner les yeux, sans discerner combien ces différents Acteurs ont été distingués parmi les Anciens. […] Unde sit Embolaria mulier, id est Scenica. »  nues avec des postures indécentes, et que le moindre sentiment de pudeur ne pouvait souffrir ; il ne faut que lire le grand Pline, qui lui donne cette qualité en termes exprès ; et Galéria était un Embolaire ou Bouffonne, c'est-à-dire du nombre de ces femmes Scéniques, qui venaient sur le Théâtre dans les intervalles des Actes, sauter et danser en bouffonnant, ce qu'on nommait Embola ou Intermèdes ; et si cet Apologiste eût pris la peine de lire les termes de Pline, ou qu'il en eût cherché la signification dans son Calepin, ou qu'il eût seulement jeté les yeux sur le commentaire, il n'aurait pas fait cette faute ; et bien loin de croire ces femmes fort honnêtes, comme il se l'est imaginé, il doit savoir qu'elles étaient l'opprobre du Théâtre, prostituées et louées à prix d'argent pour ce honteux exercice.

250. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

Valère Maxime vous dira qu’on exposait sur le Théâtre des filles nues avec de jeunes garçons qui se permettaient aux yeux du peuple d’être les Acteurs d’un spectacle le plus contraire à la pudeur, et que Caton, averti que sa présence gênait le goût du peuple, quitta le Théâtre pour n’être point spectateur de cette licence impudique qui était dégénérée en coutumeb. La description d’un pareil spectacle n’avait effectivement rien de magnifique aux yeux d’un Barbare vertueux, et c’est avec raison qu’il demandait si les Romains n’avaient ni femmes ni enfants.

251. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Toujours aux prises, elles se faisoient tous les chagrins qu’elles pouvoient L’Actrice trouva le moyen de faire mettre dans la chambre & sur le lit de l’Allemande, en son absence, un phantôme habillé en Cavalier avertis le Prince qu’on lui étoit infidelle, qu’il pouvoit le voir de ses yeux. […] Le Duc de Luxembourg avoit un tableau bizare, représentant une tête qui avoit six yeux, trois bouches, trois nez ; au bas de la tête, d’un côté étoit une cheminée d’où sortoit de la fumée, de l’autre un paon & une épée. […] On prétendoit en tirer une moralité : les six yeux représentent la curiosité des femmes qui veulent tout voir les trois bouches leur caquet, les trois nez leur goût pour le parfum, la fumée leur inconstance, le paon leur vanité, l’épée leurs querelles avec leurs maris. […] Etre laide, ou passer pour l’être, est à ses yeux un plus grand mal que d’être de mauvaise vie. […] Le Poëte & le Romancier ont beau doubler le voile, il est toujours transparent pour des yeux corrompus.

252. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Un usage toléré borne mal à propos ces loix au temps du service divin ; on ferme les yeux sur ce qui se passe après les offices, comme si toute la journée n’étoit pas consacrée à Dieu, & destinée à de bonnes œuvres ; comme si les préparatifs n’emportoient pas le temps du service, & n’empêchoient pas même d’y aller. […] Les mains, les yeux, la voix, y ont une entiere liberté : Liberæ ibi manus, liberi oculi, libera voces. […] Les filles de Sion se sont élevées, ont marché la tête haute, fait des signes des yeux & des gestes, mesuré leurs pas, marché en cadence : Plaudebant pedibus compositæ. […] Quand on avance hardiment qu’il ne se passe rien que d’innocent dans la danse, ne diroit-on pas qu’il s’agit d’une danse de marionnettes insensibles à tout, & pour qui tout est insensible, qui n’ont ni des yeux pour jeter de mauvais regards, ni de langue pour dire de mauvaises paroles, ni d’oreilles pour les entendre, ni de mains pour prendre des libertés criminelles, ni desprit pour avoir de mauvaises pensées, ni de cœur pour former de mauvais desirs ? […] La trouvera-t-on dans ces masques qui n’ont employé toute leur imagination qu’à se défigurer ridiculement, dans ces yeux égarés, dans ces têtes mouvantes, dans ces bras agités, dans ces pieds sans consistance, ces propos interrompus, ces réflexions, ces demandes, ces réponses impertinentes ?

253. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

Il est mort, poursuivent-ils, le N. de ce mois, et dans l’accablement de tristesse où nous met une telle perte, la seule chose qui nous reste, est d’élever nos yeux vers Jésus Christ, afin qu’ayant pitié de l’abandonnement où nous sommes, il daigne donner un véritable Pasteur à son Eglise qu’il a fondée lui-même, et contre laquelle, selon sa promesse les portes de l’Enfer ne prévaudront jamais. 

254. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIX. Autre principe de Platon sur cette matière. » pp. 69-71

« Je vous écris, pères, et à vous, vieillards : je vous écris, jeunes gens : je vous écris, enfants ; chrétiens, tant que vous êtes, n’aimez point le monde ; car tout y est ou concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie. » Dans ces paroles, et le monde et le théâtre qui en est l’image, sont également réprouvés : c’est le monde avec tous ses charmes et toutes ses pompes, qu’on représente dans les comédies.

255. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

On y est journellement inondé de pasquinades, jusques sous les yeux du Pape & contre le Pape même. […] La gravité, la modération, la droiture apparente sont un vrai pantomime ; l’hypocrisie en est un comme le pantomime est une sorte d’hypocrisie : les yeux, les mains, les allures, le ton de la voix sont autant de peintures qui rendent ou déguisent les sentimens, selon le besoin, & quelquefois, malgré tous les efforts, les trahissent. […] Ce qu’on a trouvé en fouillant est un autel de Vénus, qu’on plaçoit au milieu du théatre avec sa statue, afin que les spectateurs eussent toujours devant les yeux l’objet le plus infâme, pour en repaître leur cœur dépravé.

256. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

Le Spectateur conçoit tout de suite qu’on lui parle de cette fameuse action de Louis XIV, qui traversa le Rhin à la tête de ses troupes, & en prèsence des énnemis, l’an 1671 ; or il a de la peine à se figurer qu’une femme de cet âge soit celle qu’il a devant les yeux, & qu’elle puisse vivre encore, ainsi que le reste des Acteurs de la Pièce. […] Il m’est facile de prouver ce que j’avance, ainsi que j’ai promis de le faire plus haut ; je n’ai qu’à prier le Lecteur de jetter les yeux sur le prémier Opéra Bouffon qui lui tombera sous la main. […] Mais le Lecteur sensé n’a pas besoin que je prenne cette peine : & voulant donner des règles pour la composition des Pièces de notre Opéra, je dois mettre le moins qu’il me sera possible de mauvais modèles sous les yeux des jeunes Poètes.

257. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Jodelle, qui suivant les termes de Pasquier, avoit mis l’œil aux bons Livres, par une Tragédie qui parut à la maniere des Grecs, parce qu’elle avoit des Chœurs, enleva tout d’un coup l’admiration de son Siécle, & fut plus heureux dans sa fortune que ne l’a été un de ses Successeurs, véritable imitateur des Grecs. […] Après que notre Garnier eut fait voir sur son Théâtre la Captivité de Babylone, & Nabuchodonosor avec son Prevôt d’Hôtel, faisant crever les yeux à Sedecias ; Hardi, son successeur, loin d’avoir l’ambition d’imiter les Poëtes Grecs, ne prit pour guide que les caprices de son imagination. […] Melpomene jettera des yeux favorables sur une Nation, dont on peut dire ce qu’Horace a dit de la sienne, Spirat Tragicum.

258. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

On s’épuise depuis si long-tems à parler de Corneille & de Racine, on débite sur cette matière tant de paradoxes outrés, on s’écarte si fort de la vérité par enthousiasme ou par esprit de contradiction, que c’est rendre un vrai service au Public, que de lui remettre sous les yeux ce qui a paru de plus sagement pensé & de mieux écrit sur les productions & sur le génie de chacun de ces deux Poëtes.

259. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XII. Des Spectateurs. » pp. 355-358

Eh bien, on se rend à peu près aussi ridicule en voulant me faire croire que je vois agir des gens qu’une muraille épaisse est censée dérober à mes yeux.

260. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIX. Les Spectacles condamnés par les saintes Ecritures. » pp. 164-167

Saint Jean n’a rien oublié, lorsqu’il a dit : « N’aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde : celui qui aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui ; car tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie : laquelle concupiscence n’est point de Dieu, mais du monde13. » Si la concupiscence n’est pas de Dieu, les représentations théâtrales, qui en étalent tous les attraits, ne sont pas de lui, mais du monde.

261. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 19-20

Ses yeux fondaient en deux torrents de larmes, et ses plaintes étaient si tristes et lamentables, qu’elle tirait les larmes de toute l’assistance.

262. (1765) Apologie du théâtre français pp. 1-4

***  Combien d’Auteurs connus, qu’on passe sous silence, De leurs prédécesseurs parfaits imitateurs ; Même de leurs défauts discrets admirateurs, Etalent sous nos yeux de beautés, de science !

263. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Rousseau, en ce qu’elles accoutument les yeux du peuple à des horreurs qu’il ne devrait pas même connaître, et à des forfaits qu’il ne devrait pas supposer possibles. […] Le fait démontre que si les yeux du peuple s’y accoutument, son cœur ne s’y accoutume pas. […] Voilà les gens qui vont au Spectacle le bandeau sur les yeux, et qui en reviennent capables de réflexions salutaires, à moins de les supposer imbéciles. […] Mais en exposant à nos yeux le vice, l’a-t-il rendu intéressant ? […] Quand même à la coquetterie des colombes se mêlerait un peu d’inconstance, ce serait encore un jeu de la nature dont vos yeux seraient égayés.

264. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Sors des cendres, Rome Payenne, Viens te reproduire à nos yeux, Viens confondre Rome Chrétienne, Et ses Prêtres ambitieux, Du sein de la vertu féconde, Oppose ces vainqueurs du monde A tous ces Prêtres imposteurs, A tous ces frauduleux Pontifes, Qui sur des livres opocrifes Fondent leur culte & leurs erreurs. […] Elle n’a d’yeux que ceux de ses commis ; elle est toujours dupe de l’imposture . […] Si du faîte des cieux il abaisse sa vue, Il voit d’un œil égal la rose & la cigue. […] Que le peuple bébêté respecte ce roman, Regardons d’un œil ferme & l’être & le néant.

265. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

La comédie doit être un miroir qui mette sous nos yeux nos foiblesses, nos erreurs & nos passions, non pour les favoriser, mais pour les corriger par le ridicule. […] Il ne daigne pas même jeter les yeux sur les autres, non plus que sur les vingt-deux volumes d’opéra & les farces innombrables du théatre Italien, de celui de la Foire, des Boulevards, & autres, dont il ne pense pas qu’il soit possible qu’un homme de bien prenne la défense. […] Je déteste le tableau qui pendant la piece met sans cesse devant les yeux l’héroïsme manqué & la foiblesse des deux frères rivaux. […] Les principes de religion qu’auront reçu nos petits neveux, ne leur permettrons pas d’en souhaiter d’autre, ils se féliciteront de la trouver parfaite ; & quand ils voudront jeter les yeux sur les pieces de l’ancien théatre, loin de les regretter, ils auront peine à comprendre que leurs ayeux en aient pu souffrir la licence.

266. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

En effet, quelle doit être celle d’une fille qui se dispose à parler devant 2000. personnes, qui ont tous les yeux arrêtés sur elle ? […] Mais si c’est une femme mariée, ne blesse-t-elle pas encore davantage l’honneur dû à ce Sacrement, en employant ses soins, ses frisures, et son fard, pour se faire un visage de Comédienne ; afin de paraître belle aux yeux impudiques de tant de spectateurs qui la doivent regarder ? […] Cet Auteur met encore cette différence entre les autres crimes et la Comédie ; que les premiers n’attaquent chacun qu’un de nos sens à la fois ; les pensées déshonnêtes par exemple ne souillent que l’esprit ; les regards impudiques ne se commettent que par les yeux ; les mauvaises paroles ne sont reçues que par les oreilles ; et lorsque l’un de ces sens est souillé et corrompu par le crime qui lui est propre, les autres en sont cependant exempts. […] Elle corrompt, dis-je, l’âme par les mauvaises pensées ; le cœur par les mauvais désirs ; les oreilles par les paroles déshonnêtes et équivoques, et les yeux par les regards lascifs et licencieux.

267. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Sous le masque d’un vers profane, sur des lèvres impures, livrée à l’amusement du public, la parole divine, si on la lisait avec les yeux de la foi, serait-elle ainsi avilie ? […] que Judith était belle et parée, Esther tendre et insinuante, Bethzabée immodeste et fragile, la femme de Putiphar impudente et infidèle ; ils admirent la fierté d’Assuérus, l’ambition d’Absalon, les intrigues d’Architopel, en un mot tout ce qui est capable de nourrir la passion : tout le reste leur paraît vide ; à peine l’ennui laisse-t-il tomber un regard distrait sur ce qui porte à la piété, un œil de mépris sur ce qui combat la passion. […] Cette sainte veuve n’est dans la pièce qu’une coquette qui se pare avec affectation, qui compose ses regards, ses démarches, ses discours, pour séduire le cœur d’Holopherne, et demande a ses yeux des feux capables d’alarmer la pudeur. […] Judith en est bien aise, lui ordonne de faire le guet d’un œil curieux et jaloux, et croit que sa gloire a besoin d’un tel témoin.

268. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

 » Lui qui a devant les yeux un Dieu triste jusqu'à la mort, baigné de larmes, inondé de sang, mourant sur une croix, si éloigné d'une folle joie, qu'on ne trouve pas qu'il ait jamais ri : « Beati qui lugent, væ vobis qui ridetis. […] Il faut se rendre à ce palais magique, où les beaux vers, la danse, la musique, l'art de tromper les yeux par les couleurs, l'art plus heureux de séduire les cœurs, de cent plaisirs font un plaisir unique. […] Considérez ces yeux, ils ne regardent pas, ils voient ; c'est un voyageur qui marchant à grands pas, aperçoit en passant un arbre, un champ, une maison. […] Voyez ces mains, ces pieds, ces yeux, cette tête ; est-il assis ou debout ?

269. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Ce mêlange détruit absolument le recuillement, la modestie, la dévotion, occasionne des conversations & des libertés criminelles, presente aux yeux l’objet de mauvaises pensées & de mauvais désirs, fait de nos temples des salles de spectacle. […] C’est ainsi qu’on donne à Dieu des yeux, des oreilles, une bouche, des pieds, des mains, de la colere, de la pitié, du repentir, quoiqu’il n’ait rien de tout cela, & qu’il soit infiniment au dessus. […] Un spectacle en général est ce qu’on expose aux yeux du public, bon ou mauvais. […] Le voilà sur une croix exposé aux yeux d’une des plus grandes villes du monde, qui pratique en mourant les plus héroïques vertus, qui ébranle l’univers, éclipse le soleil, couvre la terre de ténébres, fait parcourir en un instant à la lune la moitié de son cercle, brise les pierres, déchire le voile du temple. […] Vos joues ridées, vos levres flétries, vos dents tombées, vos yeux éteints, votre corps desseché, vos jambes tremblantes, une puanteur horrible, seront les affreux préludes du tombeau, où vous serez la pâture des vers, & de l’enfer, où vous serez la proie des flammes éternelles.

270. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIV. Le sentiment, juge plus sûr que le goût. Celui-ci préféré au premier. Pourquoi ? Amour du Théatre, funestes à ses progrès. Honneurs avilis en devenant trop communs. Cabales. Leurs effets, & les moyens qu’on employe pour les éluder.  » pp. 129-150

Outre que la représentation, pour nous renfermer dans le Théatre, en mettant sous les yeux tous les ressorts, toutes les machines d’un Drame, affecte plus distinctement que la lecture ; il nous semble que le public est, dans son état naturel, éclairé par un guide plus fidéle que celui des Gens de Lettres. […] Sages de l’antiquité, qui regardiez les Lettres comme le plus solide fondement des sociétés, comme l’œil universel de la sagesse, le thrône des mœurs, & un lien sacré du genre humain.

271. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVI. Efficace de la séduction des Spectacles. » pp. 36-39

Le feu impur perce jusques dans les déserts ; sa chaleur se fait sentir dans les retraites les plus profondes ; & eux nouveaux prodiges, au milieu de la licence du Spectacle, ouvrant leurs oreilles & leurs yeux à des paroles, à des objets qui blessent la pudeur, n’en reçoivent pas la moindre impression !

272. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XI. Que les Poèmes Dramatiques n'ont point été condamnés. » pp. 230-236

C'est donc ainsi que les Chrétiens ont fulminé contre les Jeux Scéniques et contre tous les Mimes et Bateleurs qui n'y paraissaient que pour faire les divertissements du peuple, par des actions et des paroles dignes de la plus grande sévérité des Lois, et qu'ils ont empêché que la sainteté des Chrétiens ne fut souillée par la communication de ces impudences, dont le poison se pouvait aisément glisser dans l'âme par les yeux et par les oreilles : ils n'ont pas traité de la même sorte la représentation des Poèmes Dramatiques, et je ne trouve que fort peu d'endroits qui témoignent ce qu'ils en ont pensé « Comœdiae et Tragœdiae horum meliora Poemata. » Tertull. de Spect.

273. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière, ou qu’on ne veuille pas ranger parmi les pièces d’aujourd’hui, celles d’un auteur qui a expiré pour ainsi dire à nos yeux, et qui remplit encore à présent tous les théâtres des équivoques les plus grossières, dont on ait jamais infecté les oreilles des Chrétiens.

274. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Ses yeux sont deux astres. […] Ils ne portent aux yeux, aux oreilles & à l’esprit que l’image & le sentiment de la volupté qu’ils respirent. […] Ensuite leurs yeux s’accoutument à cet éclat étranger, & elles en abusent au point qu’elles se défigurent. […] On la fait pénétrer par les yeux & par les oreilles jusque dans le fond de l’ame. […] Ne suffit-il pas d’ouvrir les yeux, pour se détromper de cette idée ?

275. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Cependant, aux yeux des hommes raisonnables et dégagés de tout préjugé ou de tout esprit de parti, la beauté de leur doctrine peut-elle être comparée à celle des saintes écritures ? […] et quand on ne l’envisage qu’avec l’œil des préjugés humains, n’est-on pas tenté d’accuser la providence elle-même d’un abandon si déporable ? […] nos yeux cherchent en vain ce séminaire de héros, puissant en œuvres et en paroles : aurait-il disparu sans retour, et nos regrets seraient-ils donc sans espérance ? […] Toute femme adroite qui lui en présentera les agréments, n’en aura-t-elle pas aussi les vertus à ses yeux ? […] Présentés sous un faux jour, les objets ne paraissent donc presque jamais à nos yeux sous leurs véritables couleurs ; nous y sommes donc presque toujours les dupes de l’illusion qui nous enchante et nous séduit.

276. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Vivre six mois en chrétien, sans avoir sous les yeux les objets du libertinage ! […] Alexandre s’apperçut de cette intelligence : il est rare que la passion ne se trahisse elle-même, & les yeux de l’amour sont perçans. […] Il descend de son trône, quitte sa nouvelle épouse, pour faire à ses yeux, sans égard à la jalousie, la fonction d’un prêtre unissant les deux amans, leur présentant la coupe nuptiale, selon l’usage du temps, & les comblant de présens. […] A ses yeux, les trois parties du monde ne sont remplies que de malheureuses victimes de la scélératesse des peuples d’Europe. […] Enfin on en a fait une pantomime qui en met sous les yeux tous le détails, & une actrice très-propre à jouer la statue, que la volupté extasie & anime tour à tour, réalise la description du poëte philosophe.

277. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XV. Des nouveautés & de leur nombre. » pp. 2-7

Les yeux ne peuvent être perpétuellement fixés sur un objet.

278. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IX. La Comédie donne des leçons de toutes les passions. » pp. 18-21

Est-il permis de dissimuler aux yeux des Chrétiens la laideur, la difformité de ces vices ?

279. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE V. Que la circonstance d'aller aux Spectacles un jour de Fête, et de jeûne est une circonstance aggravante. Que ceux qui les fréquentent ne sont pas disposés à approcher des Sacrements. » pp. 83-87

Les Eglises sont désertes un jour de spectacle : Et si un Chrétien y vient sans savoir qu'on en donne quelqu’un, dès qu'il en est averti par les acclamations des Spectateurs, ou par le son des instruments, il abandonne l'Eglise, et l'Autel, pour aller au Théâtre prostituer ses yeux à des objets impudiques. » « Nos Ecclesiis ludicra anteponimus, nos altaria spernimus, et Theatra honoramus.

280. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XX. Silence de l’Ecriture sur les spectacles : il n’y en avait point parmi les Juifs : comment ils sont condamnés dans les saintes Ecritures : passages de saint Jean et de saint Paul. » pp. 72-75

« N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde : celui qui aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui ; car tout ce qui est dans le monde, est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie : laquelle concupiscence n’est point de Dieu, mais du monde. » Si la concupiscence n’est pas de Dieu, la délectable représentation qui en étale tous les attraits n’est non plus de lui, mais du monde, et les chrétiens n’y ont point de part.

281. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

Rien n’est plus funeste à l’intégrité des mœurs que les jeux du théâtre : là, le vice s’insinue avec le plaisir dans l’âme, parmi la fascination des yeux et l’enchantement des oreilles41.

282. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Punctum Unicum. » pp. 5-6

Le Saint-Esprit dit en l’Ecclésiastique : Détournez vos yeux d’une femme bien ajustée3.

283. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Faut il être surpris de ce désordre, quand on voit un Pontite amateur du théatre, jusqu’à faire jouer la comédie dans le Palais du Vatican, sous ses yeux, devant tout son Clergé, & étaler ainsi la dépravation aux yeux de toute l’Europe ? […] Les jeux sont plus faciles, plus commodes, moins couteux que nos théatres ; ils sont moins dangereux, ils ne forment point d’enthousiaste, le poison y est moins apprétié, les empoisonneurs demeurent toujours dans le mépris & l’infamie ; on se licencie moins sous les yeux d’un pere de famille, dont la présence en impose ; ses enfans ne le volent point, ne se dérobent point à ses yeux, pour aller courir l’actrice ; on n’en fait point une affaire d’Etat, ce sont des Pandoures, qui sans doute font des ravages, & portent des coups à la vertu ; mais ils voltigent, & ne paroissent qu’un moment. […] Un libertin ne fut jamais un grand homme à me yeux. […] Demandez-le à ceux qui au moment de paroître devant Dieu, voient tomber le voile que le démon de la chair avoit mis devant leurs yeux.

284. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Les Académies dans les ouvrages qu’elles couronnent, les sujets des prix qu’elles proposent ; les feuilles périodiques dans l’extrait des livres qu’elles publient, les censeurs dans les approbations qu’ils accordent, n’ont gueres plus de délicatesse ; sur-tout le Théatre met tout sur la même ligne, les pieces pieuses & les farces licencieuses, les sujets de l’Ecriture & les Contes de Lafontaine mis en drames, l’Evangile & les Méthamorphoses d’Ovide, tout fait spectacle dans des bouches & à des yeux corrompus. Les plus grands tableaux de Mignard ont été gravés sous ses yeux & par son ordre, ou par ses amateurs, & ses estampes se sont multipliées à l’infini, en grand & en petit. […] Elle les tient en respect ; & comme on pourroit appercevoir cette colle, le grand Caumont pour mieux tromper les yeux, lui a donné une couleur de chair. […] Je ne considere point ici les Spectacles d’un œil de religion, mais d’un œil philosophique ; car autrement je dirois qu’il n’y a que l’ignorance ou la folie qui puisse s’autoriser de la Religion pour les soutenir ou même pour les excuser ; je dirois que s’il y un livre qui les proscrive, c’est l’Evangile qui nous recommande de prier sans cesse, de porter notre croix ; que s’il y a un lieu où soient étalées les maximes, les pompes du monde, auxquelles nous avons solemnellement renoncé, c’est sur le Théatre ; je dirois que la vie des comédiens, leurs danses lascives, leurs passions embellies, leurs paroles tendres, équivoques, licencieuses, ne peuvent qu’embraser les jeunes cœurs, déjà trop prompts à s’enflammer ; je dirois enfin que la correction des théatres les rend encore plus dangereux ; car plus les passions sont finement voilées, & les sentimens délicats, plus l’amour profane nous pénetre & nous enchante, cet amour dont on a bien de la peine à se défendre, dans les lieux même consacrés à la vertu.

285. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

Si l’on m’instruit plus qu’il n’est nécessaire, je vois d’un œil indifférent des événemens que j’ai prévu ; si l’on ne m’instruit pas assez, l’attention fatigante que je suis contraint de donner à ce qui se passe sous mes yeux, afin de tâcher d’y comprendre quelque chose, me rebute bientôt, & me rend une peine ce qui devrait être un plaisir. […] Au lieu de voir des Paysans, mes yeux ne parcourent que des gens armés, & un inspecteur des gardes-chasse.

286. (1670) Du delay, ou refus de l’absolution [Les Instructions du Rituel du diocèse d’Alet] « Du delay, ou refus de l’absolution. » pp. 128-148

Si vostre œil droit vous est un sujet de scandale & de chute, arrachez le, & jettez le loin de vous ; car il vaut bien mieux pour vous qu’une partie de vostre corps perisse, que non pas que tout vostre corps soit jetté dans l’enfer. […] Si ton pied, ta main, ou ton œil te scandalisent, couppe les, arrache les, & jette les loin de toy  : pour nous apprendre qu’il nous faut separer des personnes qui nous sont occasion de peché, quoyqu’elles nous fussent aussy necessaires que l’œil, la main, ou le pied le sont au service de l’homme.

287. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

Il est de la dernière importance de conserver la réputation du Clergé, et de lui interdire tout ce qui peut le dégrader aux yeux du public. […]  7.) va jusqu’à défendre aux Ecclésiastiques même les décorations, et les chansons tendres, qui, en flattant les yeux et les oreilles, amollissent la vigueur de l’âme, et par leurs attraits y font glisser le poison du vice. […] La coquette s’étale à ses yeux, le joueur l’appelle à sa partie, le débauché l’invite à ses repas.

288. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XIII. S’il est nécessaire qu’une Pièce de Théâtre plaise autant à la lecture qu’à la représentation. » pp. 359-363

Jettez les yeux sur la prémière Tragédie de Corneille ou de Racine, voyez comme ils mettent dans la bouche de leurs Acteurs toutes les figures de la Rhétorique.

289. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. Que le Musicien doit seconder le Poète, & que le Poète doit s’entendre avec le Musicien. » pp. 292-296

Mais il n’est que trop visible qu’ils se regardent de mauvais œil, & que ce n’est qu’avec peine qu’ils font servir leur Art au bien général.

290. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatrième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 28-32

Il faut bien que sa vie honnête lui procure la plus précieuse des prérogatives, d’être le conservateur & le dieu tutelaire de sa famille ; avantage si grand aux yeux des hommes sensés, que monsieur Des Tianges ne croit faire son bonheur & le mien qu’autant qu’il en jouit.

291. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VI. Des Poèmes Dramatiques représentés aux Jeux Scéniques. » pp. 135-144

Les premières, et qui furent introduites de bonne heure en ces divertissements furent les Fables Atellanes, ainsi nommées de la Ville d'Atelle dans la Campanie, qui fut toujours la Province des délices et des voluptés d'Italie, et d'où elles furent transportées à Rome ; Elles étaient comme des Satires agréables, sans aigreur et sans turpitude, et que la vertu Romaine avait accompagnées de bienséance et de modestie, et dont les Acteurs étaient en bien plus grande estime que les Scéniques et Histrions, et jouissaient même de quelques privilèges particuliers, entre autres de sortir du Théâtre avec les habits dont ils s'étaient servis dans leurs représentations ; ce qu'à parler franchement je ne saurais bien comprendre, quoique les Auteurs en fassent grand bruit ; car si l'on entend qu'ils sortaient ainsi de la Scène où ils avaient paru, je ne vois pas quel était leur avantage, ne croyant pas que les autres Histrions y reprissent leurs vêtements ordinaires avant que de disparaître aux yeux du peuple ; et si l'on veut dire qu'ils pouvaient même sortir de ce grand lieu que l'on nommait Théâtre, et aller à travers la Ville jusques dans leur logis, avec les ornements qu'ils avaient portés en jouant leurs Fables, je ne connais point quelle était l'excellence de ce privilège ; car c'était les exposer en mascarades publics aux petits enfants et aux grands idiots, qui n'étaient pas plus sages, à mon avis, dans la Ville de Rome, que dans celle de Paris ; et qui sans doute les auraient suivis avec beaucoup de bruit et de tumulte.

292. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

 » La pente que nous avons vers les plaisirs est trop forte pour être retenue par la seule honte, et on espère toujours la pouvoir éviter par le secret, dont on tâche de couvrir ses désordres aux yeux des hommes.

293. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

C’est une question que nos yeux peuvent décider. […] En quelque état que nous soyons, debout ou marchant, assis ou à table, que la bienséance s’annonce toujours sur notre visage, dans nos yeux & dans nos gestes. […] Point de différence, selon elle, entre le bien & le mal, entre le vice & la vertu : la justice, la probité, la bonne foi ne sont à ses yeux que des conventions humaines. […] La foi n’est à ses yeux qu’une stupide crédulité ; la piété, un enthousiasme ; la crainte des Jugemens de Dieu, une foiblesse ; l’espérance chrétienne, une superstition ». […] « Mahomet, aux yeux des Spectateurs, diminue par sa grandeur d’ame l’atrocité de ses crimes.

294. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « III. » pp. 12-16

Il admirait la gravité de cette Compagnie, voyant dans une occasion de joie si publique et si solennelle leurs yeux baissés contre terre, sans qu’ils les détournassent jamais de côté ou d’autre par une vaine curiosité ; mais ayant les paupières abaissées, ils ne voyaient personne, et étaient vus de tout le monde.

295. (1620) L’Honneur du théâtre « Prologue » pp. 39-42

Nous imiterons sa naïveté, Messieurs, non pas sa cruauté ; repaissant vos oreilles de la plus douce harmonie qui puisse sortir du sacré concert des plus excellents Poètes, et vos yeux des plus agréables feintes que l’invention Comique ou Tragique puisse trouver pour vous complaire, et vous témoigner que notre plus ardent désir est de vous contenter, et laisser une opinion dedans vos cœurs que nous ayons essayé tous les moyens de nous déclarer vos très humbles serviteurs.

296. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

Croyez-vous en vérité, que la subtile contagion d’un mal dangereux demande toujours un objet grossier, ou que la flamme secrète d’un cœur trop disposé à aimer en quelque manière que ce puisse être soit corrigée ou ralentie par l’idée du mariage, que vous lui mettez devant les yeux dans vos héros et vos héroïnes amoureuses ?

297. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XIII. Du temps que l’on perd au bal et à la danse. » pp. 280-284

En effet, s’abandonner alors à la joie, et se plonger sans reserve dans les plaisirs des mondains, c’est faire voir avec la derniere évidence qu’on regarde les maux de l’Eglise avec un œil fort indifferent, ce qui marque une disposition d’esprit tout à fait profane, et trés-opposée à tout ce qu’il y a de plus essentiel à la veritable regeneration.

298. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

Ce revenu a ouvert les yeux au seigneur de Salenci : il veut en disposer à son gré en saveur de ses créatures. […] L’époux chérit sa compagne, le fils soulage la vieillesse de son pere, le pere a l’œil toujours ouvert sur ses enfans, pour empêcher qu’ils ne se deshonorent par le libertinage, tout est intéressé à faire régner les bonnes mœurs. […] Nous le savons, ce prix est peu de chose ; Mais qu’à nos yeux l’objet en est flatteur ! […] Vous dont l’esprit & la grace légere, De sos destins embellissent le cours, Sur nous aussi jettez des yeux de mere.

299. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Vous n’avez point à pleurer la vôtre, actrices, filles mondaines, qui prévenez vos amans, les cherchez des yeux, & plus encore du cœur ; qui craignant peut-être la honte que fait le péché, vous souciez si peu d’en éviter les approches, vous qui êtes si engageantes dans vos manieres, si libres dans vos paroles, si complaisantes dans vos enjouemens, si familieres dans vos privautés, si désireuses de voir & d’être vues ; qui, pour plaire aux hommes, avez recours à ces parures dont à peine on peut savoir les noms, tant elles sont bisarres, inconstantes, multipliées. Vous, qui, quand vous seriez chastes avec les hommes, ne l’êtes jamais avec vous-mêmes, êtes éprises d’amour pour votre beauté, ou naturelle, ou artificielle, qui pointes & enluminées comme des idoles par vos propres mains, vous offrez aux regards d’une foule d’insensés adorateurs, qui ne vous regardent qu’avec des yeux lascifs, & dont les crimes sont comptes pour autant de conquêtes & de triomphes dont vous repaissez votre passion & votre vanité. […] Felix, & lui dit les larmes aux yeux & la douleur dans le cœur : Nous montons à Jerusalem, & nous allons voir la triste consommation des cheses prédites du Fils de l’homme. […] Un jour pendant la tenue d’un Concile, plusieurs Evêques s’étoient assis & s’entretenoient dans la rue à la porte d’une église ; Pélagie vint à passer comme en triomphe au milieu d’une foule d’amans & de domestiques : les Evêques en furent scandalisés, & détournerent les yeux d’un objet si dangereux & si profâne.

300. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Ce n’est pas aux yeux des hommes, qui malgré leurs fades & éternelles douceurs les méprisent & s’en moquent, à peu près comme du masque enluminé, du rouge qui loin d’embellir, défigure les traits, le tein, la fraîcheur, & transforme en visage de furie des visages dont la douceur & la modestie font la vraie beauté. […] On trouve plus d’Actrices que d’Acteurs, & plus aisément de bonnes Actrices que de bons Acteurs, du moins aux yeux des hommes, car peut-être les femmes ne sont-elles pas si complaisantes pour leur sexe, & goûtent plus les Acteurs. Le goût naturel fait tout voir avec d’autres yeux. […] Il faut être bien maître du jeu des muscles pour donner à ses traits, à ses yeux, à ses lèvres, des figures si variées & si bien contrastées.

301. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Ce petit dérangement est à ses yeux une impolitesse énorme dont il craint d’avoir son Cadet même pour témoin : sa folie, c’est la vanité, la pompe, la magnificence ; comment renoncerait-il donc à tout cela sans aucune nécessité ? […] C’est Gueules sur Gueules en Blason. « Etendez les bras de votre pitié… son zèle peut être à vos yeux un titre pour toucher vôtre pitié. […] que d’avoir devant nos yeux les biens ineffables que nous espérons ? […] La même Pièce qu’on joue à nos yeux se représente après cela dans notre imagination, comme sur une nouvelle Scène dont la première est devenue le modèle. […] Que dirons-nous des gestes indécents qu’on offre à nos yeux, des expressions obscènes qu’on nous fait retentir aux oreilles, des sales images qu’on nous présente à l’esprit ?

302. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Car quelle apparence y a-t-il qu’il paraisse à ses yeux un diable vêtu de chair humaine, parce qu’il a fait une pièce intitulée le Festin de Pierre ? […] ignorez-vous encore qu’un comédien n’est point un prédicateur et que ce n’est que dans les chaires des églises où l’on montre, les larmes aux yeux, l’horreur que nous devons avoir pour le péché ?

303. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Il faudra effacer des Epîtres Canoniques ces paroles de saint Jean, « n’aimez point le monde, ni tout ce qui est dans le monde, parce que ce n’est que concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie », et de saint Paul, « ne vous conformez pas au siècle présent, mais reformez-vous sur l’homme nouveau »Rom. 12. […] Ces choses portent leur condamnation avec elles, c’est contre cette dissipation, cette perte de temps prodigieuse, tout ce jeu de passions qui en produisent de pareilles, à ces larmes arrachées par leur vive image, cette impression contagieuse de nos maladies, ces parures, ces chants efféminés, ces yeux pleins d’adultères, cet enchantement du spectacle, cette agitation violente d’un cœur qui doit être le sanctuaire de sa paix, ces éclats de rire si peu convenables à des Chrétiens qui sont captifs sur le bord des fleuves de Babylone, et doivent attendre à tout moment la décision de leur sort éternel, en un mot tout cet amas de périls que les théâtres réunissent dont un seul est suffisant pour perdre une âme dans l’état de faiblesse où le péché de notre premier Père nous a réduits.

304. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Quel mal il y a de passer une partie du jour au jeu, presque toute la nuit au bal ; ne repaître ses yeux que d’objets lascifs et séduisants ; ne reconnaître d’autre Dieu que le plaisir, ni d’autre maître que la passion ; se confondre dans un tas de libertins, les sens sans retenue, le cœur sans garde, l’esprit sans modération ; être de toutes les parties de divertissements, éternellement avec tout ce qu’il y a de moins régulier et de plus dissolu dans une ville : car de quels autres sujets pendant le carnaval peuvent être composées ces assemblées si libres, et la plupart nocturnes ? […] mettre cinq ou six heures de temps à se parer et à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pièges à la chasteté des hommes, et servir de flambeau au démon pour allumer partout le feu de l’impudicité : demeurer les nuits entières exposé aux yeux et à la cajolerie de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville ; employer tout ce que l’art et la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regards, et pour séduire leur cœur, déguiser sa personne et son sexe, pour ôter à la grace ce petit secours qu’elle trouve dans nos habits ; rouler de quartier en quartier sous un masque de théatre ; ne se pas contenter de discours frivoles et inutiles, se relâcher jusqu’à dire des paroles qui scandalisent : de quel terme oserait-on se servir pour autoriser une licence si scandaleuse ?

305. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

A la bonne heure, la contradiction entre les pieces de Théatre est commune : mais il est inexcusable de blesser par la Scène la plus infâme, les yeux & l’imagination du spectateur. […] Malgré la liberté qui regne dans les Opéra-comiques, ils sont moins dangereux que les drames dont l’intrigue & le dénouement ne sont pas d’un trop bon exemple, on s’y porte pourtant en foule, & nos prudes n’ont ni assez d’yeux, ni assez d’oreilles pour Isabelle & Gertrude. […] Le Journaliste, plein du Théatre dont il parle toujours avec effusion de cœur, se sert du même pinceau pour sa Vénus qui brille de même à ses yeux.

306. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Les amateurs sont un peu suspects ; une pièce est à leurs yeux un chef-d’œuvre d’esprit ; le dernier effort du génie, le miracle de l’humanité, la nature épuisée, presque la divinité, si on l’osait dire, dans la création d’un Corneille, d’un Racine, d’un Molière, ne peut aller plus loin, comme on le disait d’Aristote avec plus de raison : Humani ingenii extrema meta. […] Théophile avait dit avant lui dans la tragédie de Pirame et de Thisbé : Je jure par tes yeux Serment qui m’est plus cher que de jurer les dieux. […] Rome, qui du même œil les donne et les dédaigne, Qui ne voit rien aux rois qu’elle aime ou qu’elle craigne, Et qui verse en nos cœurs avec l’âme et le sang, Et la haine du nom et le mépris du rang. […] Le prestige de la distribution graduée des ombres et de la lumière est un microscope qui grossit une mouche ; et l’habitude, le préjugé, le goût du plaisir mettent le verre sur vos yeux, vous voyez un éléphant. […] En effet, il faut au théâtre passer les bornes de la nature, changer les portraits, outrer les passions, forcer sa voix, parce que tout étant vu dans le lointain, il faut par une sorte de perspective que tout soit au-dessus de la grandeur naturelle, pour arriver à l’œil du spectateur dans son point de vue.

307. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Ces Enfans sans souci donnerent, à l’exemple de ceux dont ils avoient pris le nom, des pièces & moralités, la plupart tirées du livre du Jardin de plaisance & fleurs de Rhétorique, imprimé à Paris en 1547, contenant la doléance de Megere, le fief ou châtel de joyeuse destinée, le débat du cœur & de l’œil, le débat de l’amoureux & de la dame, le Parlement d’amour, la complainte d’un prisonnier d’amour, l’amoureux au purgatoire d’amour, l’amant entrant en la forêt de tristesse, & la mort & résurrection d’amour, par Marguerite de Valois, &c. […] Un voyageur qui veut arriver promptement au terme de sa course, ne s’amuse point à considérer le chemin qu’il a parcouru, il ne regarde point en arriere, il n’est occupé que de son but, il l’a sans cesse présent à ses yeux ; & lorsqu’il est prêt à l’atteindre, il en fait encore l’objet de ses desirs & de ses craintes. […] A ce Spectacle, l’unité de lieu peut renfermer un espace aussi étendu & changé dans ses différentes parties aux yeux du spectateur, autant de fois que l’unité d’action & de tems le permet & l’exige, lorsque rien ne peut ni ne doit se passer en récit. […] Quelle prodigieuse différence y a-t-il entre le sacrifice d’Iphigénie représenté sur une toile où il ne manque aux personnages que le geste & la parole, le récit de cette aventure fait par un Historien, & le drame d’un Poëte soutenu de l’illusion des décorations, & qui offre à la fois aux yeux & à l’entendement des spectateurs, ces choses séparées entre la peinture & l’histoire. […] Cyr, encore sous les yeux du Ministere chargé du soin de leur éducation, venir représenter sur ce théâtre avec toutes les graces naturelles de la jeunesse, soutenues de la noblesse de leur naissance.

308. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Onzième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 244-249

Il atteint vingt-deux ans, est assez bien fait ; il a l’œil ardent plutôt que vif, le caractère sombre ; je crois que ses passions seront intraitables : l’amour les absorbe toutes aujourd’hui, heureusement pour un objet capable de lui faire aimer la vertu !

309. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Treizième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 254-259

Un instant plus tard, j’étais deshonoré dans son esprit ; elle venait de tout apprendre, je ne sais comment ; si la première elle eût entâmé ce discours, moi-même, je me fusse cru forcé par la nécessité ; je n’aurais pu m’honorer à mes yeux de ma franchise & de mes remords… Le mystère qu’elle découvrait, l’idée d’enlever… à la plus vertueuse épouse, le cœur de son mari… cette idée parut lui faire horreur.

310. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

On peut s’étonner que le véritable caractère de la Comédie ait été si long temps inconnu parmi nous ; les Grecs & les Latins nous ont laissé des modèles, & dans tous les âges, les Auteurs ont eu la Nature sous les yeux : par quelle espèce de barbarie ne l’ont-ils si long temps imitée que dans ce qu’elle a de plus abject & de plus desagréable ?

311. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « IV. » pp. 17-22

Despreaux : « De n’oser de la fable employer la figure, De chasser les Tritons de l’Empire des eaux, D’ôter à Pansa flûte, aux Parques leurs ciseaux, D’empêcher que Caron dans la fatale barque, Ainsi que le Berger, ne passe le Monarque ; C’est d’un scrupule vain s’alarmer sottement, Et vouloir aux Lecteurs plaire sans agrément, Bientôt ils défendront de peindre la prudence : De donner à Thémis ni bandeau ni balance, De figurer aux yeux la Guerre au front d’airain, Où le temps qui s’enfuit une horloge à la main : Et par tout des discours comme une idolâtrie, Dans leur faux zèle iront chasser l’allégorie.

/ 508