/ 486
161. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 10

) Vous me direz : Je ne suis pas Jésus, je ne suis pas un saint, je n’ai pas l’ambition de le devenir, je me contente d’être sauvé ; je ne suis pas obligé d’être saint.

162. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » p. 13

monseigneur Léon ; les conviés tout étonnés s’arrêtèrent tout court, perdirent contenance et l’appétit tout à la fois, et devinrent immobiles comme des statues, sinon qu’on vit couler de leurs yeux quantité de grosses larmes.

163. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

La gloire d’avoir une cour qui flatte leurs passions, est le seul objet qui fixe leur esprit ; & les maris sont négligés, méprisés, & presque toujours déshonorés, ou deviennent eux-mêmes les adorateurs des héroïnes des coulisses, qu’une affaire de cœur n’effarouche point, & qui sont ordinairement femmes de tous les maris. […] Aussi que de jeunes sujets en qui l’on avoit admiré les germes des talens les plus intéressans pour la patrie, ne sont devenus que des citoyens inutiles & dangereux, immolés à l’oisiveté & au libertinage ; que pour avoir été respirer imprudemment aux théatres cet air de frivolité & de corruption qui pervertit le jugement, & fait perdre le goût de toute espece d’application, C’est l’aveu que faisoit le Prince de Conty, en écrivant contre les spectacles. […] Or sied-il bien à des personnes honnêtes, d’aller se confondre avec des êtres qu’on amuse, de peur qu’ils ne deviennent aussi malfaicteurs dans leurs actions, qu’ils le sont dans leurs plaisirs ? […] On nous dit chaque jour que le théatre épuré par le goût & la décence, est devenu pour les modernes, une école de mœurs.

164. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

La mère voit tout cela sans s’en embarrasser, ni s’informer que devient sa fille, quoique cela rompe toutes ses mesures ; elle l’abandonne si bien, que dix ans après elle ne sait encore où sa fille a porté ses pas, son désespoir, & la croit morte, sans faire aucune perquisition sur sa mort qui assuroit tous ses projets. […] Depuis dix ans Religieux & Prêtre estime pour ses lumieres & ses vertus, appelé pour diriger ces Religieuses, ayant parlé avec religion & avec zèle, cet homme tout-à-coup devient furieux, enragé, dans le plus violent délire, brave le ciel & la terre, blasphême, jure, &c. veut persuader à cette Religieuse d’apostasier & de s’enfuir, avec lui, de vivre comme mari & femme, & d’aller, je ne sais où, travailler la terre, pour gagner la vie, la nourrir avec sa famille de son travail. […] Il répond en forcéné : J’aurois les droits les mieux fondés d’une prompte vengeance : Tout devient légitime à l’amour qu’on offense. […] S’ils ont été vertueux, ils n’ont donc pas été hypocrites ; ils se sont donnés entierement à Dieu, l’engagement au sacerdoce & à la religion est devenu légitime & indissoluble : ils n’en peuvent plus réclamer.

165. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

N’est-on pas en droit de demander si les dénominations et les qualifications, si dignes de respect : Pères de la foi…, Missionnaires…, en deviennent plus recommandables lorsqu’on sait qu’elles servent à désigner les membres qui composent ces jacobinières jésuitiques de Montrouge, de Saint-Acheul, etc., etc., qui inondent la France et qui ont des clubs correspondants en Suisse et dans tous les gouvernements qui sont assez imprévoyants et assez faibles pour se laisser mener et subjuguer par ces espèces de coteries religieuses qui sont autant de foyers d’intrigue et d’ambition ? […] C’est ainsi que l’espionnage devient général, il n’est aucun bureau qui en soit exempt, depuis celui du ministre jusqu’au bureau à tabac. […] Pouvait-il jamais devenir le prêtre fidèle du culte de cette divinité chérie de tous les peuples ? […] Leurs biens devenaient de ce fait inaliénables.

166. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Si les Grands se déclarent pour les premieres, la toile respirera pour elles ; les atteliers deviendront comme des asyles de la vertu : & l’innocence impatiente en quelque forte de sortir du sein du marbre, sourira au ciseau de l’Artiste qui l’aura embellie. […] L’école destinée, nous dit-on, à corriger les vices, est devenue l’écœuil de l’innocence, de la sensibilité, & des plus beaux talents.

167. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Sénéque, à force de vouloir être élevé & sublime, devient souvent gigantesque & très-petit. […] Devenu celui de Xutus, tu n’es plus fils d’Apollon.

168. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Dieu, dit-il, ne nous a pas donné des pieds pour sauter comme des chameaux : mais pour marcher modestement en la présence des Anges : et si le corps devient difforme en dansant, combien l’âme en est-elle défigurée davantage ?  […] Les filles vont à la danse pour s’y donner de la vogue ; mais c’est en effet pour y recevoir de l’infamie : c’est dans ces rencontres que les yeux s’y trouvent aussi libres que les mains, les paroles à double entente s’y font entendre distinctement ; la confusion de la compagnie y laisse dire beaucoup de choses que la retenue ne permettrait pas ailleurs : les attouchements qu’on croit illicites en d’autres occasions, semblent devenir ici nécessaires : la foule favorise l’effronterie des plus mal intentionnés ; d’ailleurs la nuit qu’on choisit ordinairement pour les danses, comme étant l’ennemie de la pudeur, et la confidente des crimes, donne du courage aux plus timides pour exécuter hardiment leurs plus pernicieux desseins : c’est ainsi qu’on donne une nouvelle carrière au libertinage, et qu’on fait passer le crime en recréation.

169. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Et toutefois il y a là une grave erreur ;  car si l’on suit avec attention l’histoire dramatique des siècles postérieurs, il devient évident que c’est par une fâcheuse méprise qu’on a cru voir le berceau de nos comédiens modernes parmi ces troupes d’histrions anathématisés dès les premiers âges de l’ère chrétienne ; qu’on ne peut, sans mauvaise foi, les regarder comme les successeurs de ces derniers, et qu’il serait tout au plus permis de considérer comme tels ces acteurs en plein air, dont les parades précèdent dignement la représentation en cire de la Chaste Suzanne ou du Jugement de Salomon. […] Par malheur, on prit goût à la farce, et d’accessoire elle devint bientôt le principal : comme elle offrait une fidèle et naïve image des désordres du temps, elle ne pouvait être très pure et devait quelquefois causer du scandale : c’est ce qui détermina, en 1546, les révérends Pères de la Trinité à expulser de leur maison les confrères de la Passion, qui y avaient eu jusque là leur théâtre.

170. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Dépenses considérables, dissipation continelle de la jeunesse, qui devient toute comédienne, ne s’occupe que de ses jeux, néglige le travail & l’étude, s’en dégoûte pour le reste de sa vie, & ne goûte plus que ce qui la perd. […] Apparemment les acteurs ont gagné le jubilé & sont devenus des saints. […] Ne risquent-elles pas de devenir le rendez-vous général de tout ce qu’il y a de suspect ou de dépravé dans les deux sexes ? […] Les acteurs ne demeurent pas oisifs, toutes ces courtisannes effrontées se mettent à danser, l’attelier devient un théatre. Alexandre livre sa favorite au peintre ; ils deviennent amoureux l’un de l’autre : il falloit s’y attendre.

171. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Que cette force de la conscience, n’a lieu, qu’ès choses en soi indifférentes, non en celle qui de leur nature sont mauvaises, qui ne deviennent jamais bonnes, quelque conscience que l’on y apporte. […] Que cette distinction des choses, n’a lieu qu’en la Théoriquej, car quand il est question de la Pratique et exécution, nulle action n’est plus indifférente, ains devient nécessairement, ou bonne, ou mauvaise vu que celles qui en soi sont les plus indifférentes, comme boire, manger, dormir, etc., doivent être rapportées à la gloire de Dieu1 Cor. 10 k , laquelle fin les rend bonnes, d’indifférentes qu’elles étaient. […] Je réponds ; puisque les habitudes sont toujours semblables aux actions, et exercices, qui les engendrent, comme disent très bien les Philosophes, et comme nature même par l’expérience nous enseigne ; Ceux qui s’exercent souvent à jouer Comédies, et Tragédies ; ne peuvent espérer autre faculté, habitude, ou dextérité, par le fréquent usage de tels exercices sinon qu’ils deviendront un jour habiles bateleurs, et Comédiens aussi adroits, que ceux qui viennent d’Italie. […] de , qui met en même rang, la cruauté du sable, c.à.d. les combats des gladiateurs, et la vilénie des Scènes, c.à.d. des Jeux Comiques ou Tragiques, qui se jouaient aux Théâtres ; lesquels n’étant que de gazons, du commencement, que l’on mettait les uns sus les autres, pour voir plus à l’aise, devinrent puis après de marbre, et enfin furent couverts et revêtus d’or ; l’équipage, et tous les instruments qu’y étaient nécessaires, d’or semblablement, avec des voiles de pourpre, parsemés d’étoiles d’orDio Cass. in Ner. […]  » Ils considèrent aussi, combien sont dangereuses les moindre ouvertures qu’on fait au péché ; Toute corruption étant semblable à la fièvre hectique, qui du commencement est malaisée à connaître, aisée à guérir ; au progrès trop facile à connaître, impossible à guérir : tellement qu’il nous advient, enfin, comme dit quelque Ancien, que nous ne pouvons plus supporter, ni les vices, ni les remèdes ; voire on se moque des remèdes, quand ce qui était vice est devenu coutume.

172. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

Si mes vœux étaient remplis, la gloire du Spectacle moderne & de ses Auteurs en deviendrait plus éclatante, plus réelle, & le goût de la Nation serait justifié.

173. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quinzième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 275-277

Mademoiselle De Liane est enfin devenue madame Des Arcis.

174. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIV. Réponse a l’objection qu’il faut trouver du relâchement à l’esprit humain : que celui qu’on lui veut donner par la représentation des passions est réprouvé même par les philosophes : beaux principes de Platon. » pp. 58-60

La raison de ce philosophe était qu’en contrefaisant ou en imitant quelque chose, on en prenait l’esprit et le naturel : on devenait esclave avec un esclave ; vicieux avec un homme vicieux ; et surtout, en représentant les passions, il fallait former au-dedans celles dont on voulait porter au dehors l’expression et le caractère.

175. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VIII. Les spectacles favorisent les duels. » pp. 93-95

« Quel usage plus ridicule, dit Jean-Jacques Rousseau, que celui qui présente l’opinion la plus extravagante et la plus barbare qui jamais entra dans l’esprit humain, savoir, que tous les devoirs de la société sont suppléés par la bravoure, qu’un homme n’est plus fourbe, fripon, calomniateur, qu’il est civil, humain, poli, quand il sait se battre ; que le mensonge se change en vérité, que le vol devient légitime, la perfidie honnête, l’infidélité louable, sitôt qu’on soutient tout cela le fer à la main ; qu’un affront est toujours bien réparé par un coup d’épée, et qu’on n’a jamais tort avec un homme, pourvu qu’on le tue !

176. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIX.  » pp. 475-477

Ce qui rend l'image des passions que les Comédies nous proposent plus dangereuse, c'est que les Poètes pour les rendre agréables sont obligés, non seulement de les représenter d'une manière fort vive, mais aussi de les dépouiller de ce qu'elles ont de plus horrible, et de les farder tellement par l'adresse de leur esprit, qu'au lieu d'attirer la haine et l'aversion des spectateurs, elles attirent au contraire leur affection; de sorte qu'une passion qui ne pourrait causer que de l'horreur, si elle était représentée telle qu'elle est, devient aimable par la manière ingénieuse dont elle est exprimée.

177. (1675) Traité de la comédie « XIX.  » pp. 302-305

De sorte qu'une passion qui ne pourrait causer que de l'horreur si elle était représentée telle qu'elle est, devient aimable par la manière ingénieuse dont elle est exprimée.

178. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

ME sera-t-il difficile de prouver que l’Opéra-bouffon est un Spectacle parfait ou qu’il peut le devenir ? […] On dirait que le goût pour la Musique Italienne est devenu en France une maladie épidémique, de laquelle personne ne peut se mettre à couvert, qui gagne les gens les plus graves, & dont l’on serait au désespoir d’être guéri. […] Dès que le goût se relacha, dès que la frivolité vint s’emparer des têtes Françaises, toujours prêtes à la recevoir, il marqua l’instant de son triomphe, il osa se montrer au grand jour, & devint dans peu le Spectacle de la nation. » Voilà, je l’avoue, une critique à laquelle il est assez difficile de répondre.

179. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Mais le rieur devenu lui-même l’objet des railleries universelles, le but était rempli, et la sottise flagellée. […] Marguerite, jeune fille, se prostitue à son page, elle devient mère ; son père la gêne, elle le fait égorger par son amant. […] Si en développant aux yeux du peuple les suites funestes des passions, on ne l’en garantit pas par de saines maximes ; si en lui dévoilant le crime on ne l’exalte pas pour la vertu, la scène devient nécessairement vicieuse et corruptrice.

180. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

Car enfin quelques efforts que ces grands Saints, et ceux qui les ont suivis, aient fait pour étouffer ce désordre ; il s’est tellement accru dans ces derniers siècles par la corruption générale, qui s’est répandue parmi les fidèles, qu’il passe maintenant pour un divertissement honnête, et que les comédies, qui sont la honte et la confusion du Christianisme, sont devenues la plus sérieuse occupation de la plupart des Chrétiens. « Ce qui m’afflige davantage, disait autrefois S. […]  ; 4. parce que les Païens mêmes jugeaient qu’un homme était devenu Chrétien à cause qu’il s’en absentait, reconnaissont que l’instinct de la piété chrétienne éloignait du théâtre ceux qui en faisaient profession Chap. […] Et ne reconnaît-on pas qu’ils ont changé de vie, et qu’ils sont pour ainsi dire, devenus Chrétiens une seconde fois, en ce qu’ils refusent de se trouver dans ces lieux, qu’ils ne savent que trop leur avoir été funestes ?

181. (1771) Sermons sur l’Avent pp. 103-172

Enfin passer les derniers jours de sa vie dans la disgrace avec un courage intrepide & une humilité profonde, & sans que personne ose parler pour luy, devenir dans une assemblée mondaine la victime d’une impudique irritée, & la récompense d’une danseuse, qui a perdu toute pudeur. […] Si vous estes sages, suivez donc le conseil du saint Esprit, quand il vous avertit dans ses Ecritures de ne point arrêter vos yeux sur les personnes du sexe, de peur que leur beauté ne vous devienne un sujet de chûte : Eccli. […] Vous y deviendriez des Philosophes Chrétiens, illic Philosophiæ multum. […] La raison entraînée par les sens, y devient incapable d’éclairer & de conduire la volonté, d’elle-même foible & languissante ; & la concupiscence n’estant retenuë par aucun frein, n’y trouve rien qui ne l’irrite. […] Qu’il est permis & même ordonne de relâcher l’esprit : & que le théatre est aujourd’huy si purifié, que le vice y devient haïssable, parce qu’on l’y rend ridicule, & que la vertu n’y paroît avec guere moins d’honneur que dans les Chaires.

182. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Voilà donc le tombeau des rois qui va devenir la sépulture des comédiens, graces aux guinées des amateurs. […] Il a plus à espérer de la fortune de son pénitent devenu Roi, que du Viceroi espagnol, qui se moque de lui en lui promettant un archevéché dont il n’est pas le maître, & qui même n’est pas vacant, & ne manquera pas de le mépriser après un aussi grand crime. […] Timide pour la vertu, on devient audacieux pour le vice : ce qu’on appelle se former, & devenir homme de bonne compagnie. […] Le Pape qui y fut toujours un objet de vénération & de confiance, y est devenu un objet de défiance & d’aversion ; & tous les jours, pour fortifier ces fausses idées, l’irréligion & le libertinage s’attachent à peindre la dévotion de nos peres avec les couleurs les plus outrées. […] Les rubanniers & les coẽffeurs deviennent rarement riches ; la vanité même qui les établit les ruine par son inconstance : dans deux jours leurs marchandises sont de rebut ; c’est une vraie tyrannie.

183. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

que devient la liberté, si le crime est dans la nature de l’ame, si l’homme n’est qu’une plante, si l’on disoit, M. de … né libertin, caresse au fond de son cœur les passions impures ; il est de la nature de son ame de produire des obscénités comme une plante venimeuse ! […] Il disoit que le Pape devient saint dès l’instant qu’il est élu. […] Les Prêtres Gaulois (c’est-à-dire François) userent avec tant d’artifice & de souplesse du credit que la religion leur donnoit, qu’ils érigèrent un Tribunal, & devinrent les maîtres absolus des délibérations. […] S’il est des cas où le peuple devienne libre & reprenne ses droits, qui peut empêcher le Pape de le déclarer ? […] On achette leurs ouvrages, on les lit dans toute l’Europe ; grâce à leurs chef-d’œuvres, notre langue est devenue la langue universelle, & notre nation le modelle des autres nations.

184. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Reconnaissance est un changement subit, par lequel les principaux personnages venant à se reconnaître, conçoivent de la haine ou de l’amitié, et en deviennent plus heureux ou plus malheureux. […] En changeant de fortune, pour l’ordinaire, on changé aussi de mœurs, et de sentiments : Ceux qui ont passé d’une naissance obscure aux premiers emplois de l’Etat, deviennent fiers et insolents, et persécutent les personnes d’une naissance illustre. […] L’exemple est plus touchant sur le Théâtre, et persuade bien mieux que les longues moralités, qui deviennent fades et ennuyeuses, et font languir le spectateur. […] La Comédie en elle-même, et séparée des circonstances qui la rendaient vicieuse du temps que les Pères déclamaient contre elle, peut être regardée comme une chose purement indifférente ; mais les meilleures choses peuvent devenir criminelles par le mauvais usage que l’on en fait : Les mêmes sucs, et les mêmes herbes dont on compose d’excellents remèdes, deviennent des poisons pernicieux, quand on les apprête d’une autre manière. […] Les choses ne demeurèrent pas longtemps dans cet état de simplicité et de grossièreté ; à mesure que les pièces de Théâtre commencèrent à se polir et à se perfectionner, elles commencèrent aussi à devenir plus dangereuses, par la peinture des passions que l’on introduisit dans les pièces de Théâtre, qui n’ont point d’autre but, que d’exciter un plaisir sensuel dans l’âme des spectateurs, et de dresser des pièges à la pudeur.

185. (1825) Des comédiens et du clergé « Sommaire des matières » pp. -

L’effet de cette surveillance devient indispensable pour rappeler le clergé à ses devoirs, et lui imprimer pour la puissance séculière un respect qui est commandé, voulu, exigé et par l’Evangile et par les lois de l’Eglise.

186. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXVII.  » pp. 486-488

Grégoire, que lorsqu'on se repaît des vaines joies du monde, les sens spirituels deviennent engourdis et incapables de goûter et d'entendre les choses de Dieu. « Qui praesentis mundi delectatione pascitur, interni ejus sensus ligantur, ut jam spiritualia mandere et intelligere non valeant.

187. (1675) Traité de la comédie « XXVII.  » pp. 318-320

Grégoire, que lorsqu'on se repaît des vaines joies du monde, les sens spirituels deviennent engourdis, et incapables de goûter et d'entendre les choses de Dieu. « Qui praesentis mundi delectatione pascitur, interni ejus sensus ligantur, ut jam spiritualia mandere et intelligere non valeant.

188. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Un chrétien devient en quelque manière apostat, lorsqu’il s’arrête à ces divertissements du inonde, auxquels il a renoncé dans le baptême en renonçant à Satan et à ses pompes. » (Sur les commandements de Dieu.) […] Il faut le dire ici sans détour, le drame français moderne est devenu un enseignement d’immoralité, d’infamie et d’horreurs, c’est-à-dire de meurtre, de suicide et de prostitution ». […] « Le spectacle par lui-même n’est point mauvais, dit Mgr Gousset ; on ne peut donc le condamner d’une manière absolue, mais il est plus ou moins dangereux suivant les circonstances et l’objet des pièces qu’on y joue ; on ne peut donc approuver ceux qui ont l’habitude de le fréquenter : on doit même l’interdire à toutes les personnes pour lesquelles il devient une occasion prochaine de péché mortel. » Suivant les Instructions sur le Rituel de Toulon, fort connues et fort estimées d’ailleurs, « on doit regarder comme occasion prochaine de péché mortel, l’assistance à la comédie, à l’opéra et à tous les spectacles que représentent les comédiens et les bateleurs, et, sans aucune distinction, tous ceux de même espèce qui montent sur le théâtre pour le divertissement public ». […] Abstractivement et spéculativement prise, ou comme sont les acteurs dans les colléges, non, elle n’est pas absolument mauvaise ; prise positivement, pratiquement dans l’état actuel de nos mœurs corrompues, dans l’état actuel des théâtres en Europe et avec toutes les circonstances qui en sont devenues inséparables et sans lesquelles cette profession n’existe pas ; oui, elle est mauvaise, très-mauvaise, immensément mauvaise.

189. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

Augustin par l’exemple de son Ami, qui devint épris du Spectacle des combats de Gladiateurs, pour avoir vû une fois couler le sang d’un de ces malheureux. […] Les hommes avoient entendu parler de la chute d’Esprits celestes, qui étoient devenus Etres malfaisans, de la malédiction de Noé sur son Fils, du sacrifice demandé à Abraham, des suites d’un péché d’un premier Pere.

190. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Elle devint plus utile aux mœurs, mais elle perdit son véritable caractere, qui est d’être plaisante. […] Ces Personnages si ennuyeux, deviennent plaisans sur le Théâtre, par la maniere dont le Poëte sait les y faire paroître : l’Imitateur sait même nous faire appercevoir d’un Ridicule qui ne nous avoit pas frappés, avant son Imitation.

191. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

Si on y réfléchit, ils ont raison ; car, diraient-ils s’ils l’osaient, où est notre point d’appui dans un gouvernement qui a une tendance continuelle à devenir absolu ? […] Il est enfin capable d’égaler le grand homme d’Etat qui est à la tête du cabinet britannique, et en devenir l’émule et non l’antagoniste.

192. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Les deux sexes qu’elle rassembloit, la nuit si propice à la séduction, le débordement intolérable qui la dégrada, les solemnités devenues des rendez-vous de libertinage, & le prétexte d’une infame dissolution, est un assemblage monstrueux de piété & de débauche. […] Les danses de Bacchus devinrent des danses de l’amour ; celles-ci furent le tableau de la plus effrénée licence. […] Après la mort d’Auguste la licence des Danseurs pantomimes devint sans bornes. […] Néron, dans les beaux commencemens de son regne, se crut obligé de les chasser encore ; mais il devint trop infame pour pouvoir s’en passer, il les rappela pour les associer à ses débauches. […] Je ne sais qu’est devenu ce grand procès, qui nous intéresse fort peu dans nos provinces, où peut-être on établira des Wauxhals, mais qui n’y sont pas encore établis.

193. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

Voilà l’« objet céleste » devenu terrestre : à qui la faute, s’il vous plaît ? […] « Qu'un jeune homme n’ait vu le monde que sur la Scène, le premier moyen qui s’offre à lui pour aller à la vertu est de chercher une maîtresse qui l’y conduise, espérant bien trouver une Constance ou une Cénie […] C'est ainsi que, sur la foi d’un modèle imaginaire […] “nescius auræ fallacis”, le jeune insensé court se perdre, en pensant devenir un Sage. »dy Voilà donc un jeune homme tellement épris de la Vertu Scénique qu’il ne trouve d’objet estimable que celui qui ressemble le mieux à deux personnages de Théâtre, Constance et Cénie : donc le Théâtre a le pouvoir de faire aimer la Vertu. Mais « Nescius aurae fallacis, le jeune insensé court se perdre en pensant devenir un Sage. » L’intention du jeune homme est louable ; il est édifiant que le Théâtre l’ait suggérée ; mais il est injuste de vouloir faire retomber sur la scène la maladresse, l’aveuglement, le défaut de jugement du jeune homme qui, trop précipité dans son choix, en a fait un mauvais. […] « Le Sexe faible, hors d’état de prendre notre manière de vivre, trop pénible pour lui, nous force de prendre la sienne trop molle pour nous, et ne voulant plus souffrir de séparation, faute de pouvoir se rendre hommes, les femmes nous rendent femmes. »em Voilà donc ces hommes qu’il faut craindre d’avilir : ils n’ont pas la force d’être hommes, et vous voulez qu’on les ménage ; vous trouvez mauvais qu’on leur fasse parler raison par des femmes parce que selon vous les femmes n’ont pas de raison ; mais suivant l’idée que vous nous donnez des hommes, ils ne sont pas plus raisonnables que les femmes ; et pour s’assujettir à la vraisemblance rigoureuse que vous exigez, on ne se permettra plus de mettre en scène que des fous pour ne pas donner mal à propos de la raison aux hommes, puisqu’ils n’ont pas la force de résister au sexe le plus faible, et de s’empêcher de devenir femmes. […] Elle ne vous conseillait donc pas de devenir femme ?

194. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Mais où est celui dont elle a rendu l’âme timorée, et qui est devenu homme de bien par son moyen ? […] Au moment de la chute de l’homme, la Terre devint un grand théâtre, qui dans la suite se trouva couvert d’une infinité de différents personnages, tous plus ridicules les uns que les autres, puisque la raison retranchée, il ne reste que le ridicule. […] Les Bouffons promettaient d’exterminer le vice à force de le représenter dans leurs Comédies : et les sérieux promettaient de faire vivre la vertu à force d’en faire voir l’éclat dans leurs pompeuses Tragédies : tous aveugles qui ne voyaient pas que le vice leur était devenu naturel, et que la vertu n’était pas à leur portée. […] Qu’on compare notre Théâtre avec celui des Anciens, nos Acteurs avec ceux de Plaute et de Térence ; et qu’on me dise si pour avoir reçu la lumière de l’Evangile nous en sommes devenus plus sages ? […] Mais ils ont renoncé, dans le Baptême au monde, à la chair, et au Démon; et par ce divin Sacrement, chacun d’eux et de leurs spectateurs est devenu et sacrificateur, et l’Autel même où se doit égorger la victime que Dieu demande de chacun de nous.

195. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE III. Réflexions sur le renouvellement du Théâtre. » pp. 36-41

Ce Public cependant, qui pense en général comme nous venons de dire, ne cesse pas de changer d’avis, ou de paraître en changer de temps à autre : lorsqu’il parle de bonne foi, ce n’est pas la correction des mœurs qu’il cherche au Théâtre, il n’y va que pour son plaisir ; mais, si les plaintes contre le Théâtre se renouvellent, son langage n’est plus le même ; il craint qu’on ne resserre la liberté des Poètes, et qu’on ne les réduise à devenir insipides, et par conséquent ennuyeux.

196. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Alors, moins décriés, les chefs de l’état devinrent plus estimables aux yeux du peuple, et rien n’altéra plus la confiance dont ils avaient besoin d’être investis pour gouverner avec succès. […] Son art peut donc devenir bien funeste à la société. […] Il sait que refuser une juste défense au malheureux, c’est devenir complice de celui qui l’opprime. […] La plus libre et la plus noble des professions devient la plus servile et la plus mercenaire. […] NDE Napoléon devient empereur quelques mois après la publication de ce livre.

197. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

Laissons là les mauvais, & demandons au petit nombre de ceux qu’on admire, quels services ils ont rendus à la Nation, & quel Citoyen est devenu meilleur en les lisant ? […] Les hommes, parmi nous, sont-ils devenus plus appliqués à leurs devoirs, & plus délicats sur la réputation ? […] L’ame se passionne & devient naturellement éloquente ; les expressions mâles & nerveuses ne manquent point au besoin ; le style prend de la noblesse & de la force sans le secours de l’art.

198. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

On ne doute pas que cette décision ex cathedra ne soit ratifiée par l’Evêque, & ne devienne un dogme dramatique. […] Plusieurs pénitens pleins de vénération pour leur sac & leur capuchon, ont aussi trouvé fort mauvais qu’on en eût fait l’uniforme des gardes ; ils s’en sont plaints amérement, de vive voix, & par écrit ; car il a paru des lettres anonimes qu’on leur attribue, où on fait un grand éloge de leur saint habit, & l’on porte plainte à l’Evêque de Saint-Pons, à qui elles sont adressées, de l’affront qu’on a fait à la vénérable confrerie, en plaçant des pénitens sur le théatre, comme si elle étoit une troupe de comédiens, & comment trouver l’esprit de pénitence sous un habit devenu prophane ? […] Marseille fut autrefois célebre par la sévérité de ses mœurs, & singuliérement par l’éloignement du théatre, qu’elle a pendant plusieurs siécles réfusé de recevoir, malgré la fureur qu’avoient pour lui, les Grecs d’où elle tiroit son origine, & les Romains qui étoit devenus ses maîtres, parce qu’elle le régardoit comme l’école du vice, funeste sur-tout à la jeunesse, à laquelle ses loix l’avoient absolument interdit.

199. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Si un jeune homme vous manque de respect, vous lui rappelez les droits de votre vieillesse ; mais s’il faut le conduire à la vertu, que devient votre gravité, vous qui êtes fou du spectacle ? […] Lorsque devenu licencieux, efféminé, ennemi de toute pudeur, vous rentrez chez vous, votre femme fût-elle la plus accomplie, ne vous est plus agréable. […] En louant ces folies, on s’en tend complice, on en devient l’auteur, en engageant à les dire, & l’on mérite les plus grands supplices.

200. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Amphitheatres. » pp. 44-72

Ie seray un peu plus exact sur celuy de Nismes, dont il n’a presque remarqué que le nom de ses illustres ruïnes ; & je le fais d’autant plus volontiers, que j’en ay eu, par la faveur & par les mains de Monsieur Cassaigne Conseiller à Nismes une plaine & parfaite description des principales dimensions & des remarques importantes faites par Monsieur Guiran, qui sans doute a esté un des plus habiles & des plus curieux de son temps, & qui a promis au public une Histoire de son pays, dont tout le Royaume luy sera obligé & deviendra son admirateur. […] Mais enfin, soit qu’on l’ait étendu à celle qui se faisoit dans ces Chasses de joye & de magnificence, soit qu’on l’ait tiré du carnage qui se faisoit, pour distribuer au Peuple la viande qui luy estoit destinée, ce mot est devenu commun à ces deux fortes de solemnitez. […] Dix-huit Elephans combatirent dans les Ieux de Pompée, ce qui fut une nouveauté surprenante, mais qui pensa aussi devenir dangereuse aux assistans, par les divers efforts que ces animaux firent se sentant frapez, soit pour fuir de nouveaux coups, soit pour se venger de ceux qu’ils avoient receus.

201. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Combien de fois, nous Pasteurs chargés du soin des Ames, ne devenons-nous pas les tristes dépositaires des épanchements de cœur de ces Parents qui gémissent de voir les appuis de leur maison se livrer à mille folles dépenses qui les ruinent, ou à des écarts plus criminels encore qui les déshonorent ; de tendres Epouses qui versent des larmes les plus amères sur la bizarrerie insultante de leurs époux, qui leur préfèrent, aux dépens de leur santé et de leur fortune, les vils objets de leur scandaleuse complaisance. […] Il va plus loin11 : il soutient que « les sentiments les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des Acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du Spectateur même le plus indifférent ». […] Bien loin de là ; un moment après cet usage barbare va devenir un pur préjugé ; non pas un de ces préjugés sans conséquence, sur lesquels il y aurait peut-être de la pédanterie de trop fortement appuyer, mais un préjugé sans doute précieux, puisque vous le comprenez parmi ceux qu’on doit respecter.

202. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Elles sont devenues un Supplément nécessaire à notre Avertissement. […] « C’est aux Théatres de Société, devenus aujourd’hui si communs, qu’il faut, dit M. […] Et les prétendues corrections deviennent plus funestes que les défauts mêmes dont on prétend purger le Théatre. […] Ce qu’il y a de plus pur se corrompt par leur jeu, & devient nuisible. […] Néanmoins il y a des gens qui prétendent que le jeu de la scene en devient plus insipide.

203. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

L* F* dans toutes ses réflexions ; mais nous avertirons nos Lecteurs qu’ils y trouveront les talens & les lumières d’un homme qu’on crut destiné à devenir le Rival de Corneille & de Racine.

204. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XII. Des Spectateurs. » pp. 355-358

Les sujets deviennent par-là d’une difficulté prodigieuse à trouver.

205. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [H] » pp. 416-417

Le Poête a beau vouloir transporter les Spectateurs dans le lieu de l’action, ce que les yeux voient, devient à chaque instant ce que l’imagination se peint.

206. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXIII. Impossibilité de réformer entièrement les spectacles. » pp. 191-194

« Ut tamen hoc fatear, ludi quoque semina præbent Nequitiæ : tolli theatra jube. » Ovidius Ovide, devenu sage dans le cours de ses disgrâces, avait représenté à Auguste que le moyen le plus capable de réformer les mœurs de Rome était, non pas d’épurer les théâtres, mais de les détruire.

207. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Ils ne prétendent coopérer qu’à une chose bonne en elle-même, et qui ne devient mauvaise que par la malice de ceux qui l’exercent : ils voient cette Comédie publiquement exercée et tolérée. […] Quatrièmement, il ajoute qu’on doit juger des Spectacles par le jugement que les Païens en faisaient, ils croyaient qu’un homme était devenu Chrétien quand il s’en abstenait. « Le refus20 , dit-il, qu’un homme fait d’aller aux Spectacles, est la marque par laquelle les Païens reconnaissent qu’il est devenu Chrétien, pour nous faire connaître que l’instinct de la Religion Chrétienne doit éloigner du Théâtre ceux qui en font profession. […] En effet, dit ce même Père, une malheureuse expérience nous apprend que les vierges qui vont à ces Spectacles ont moins de pudeur, les jeunes gens y deviennent impudents et effrontés, les vieillards retombent dans la débauche, d’où naissent les souillures des mariages et quantité d’autres crimes. […] De plus il y a une espèce d’union et de commun accord entre ceux qui se trouvent dans le lieu de la Comédie, dès le moment qu’ils y sont tous assemblés pour la faire jouer : ce qui fait que le péché qu’il y a en cette occasion, devient celui de chaque particulier. […] » Il avait dit une ligne auparavant : « de sorte que si ceux qui vaquent à ces bouffonneries deviennent meilleurs, la profession de ces Comédiens s’anéantira ».

208. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

    J’en conviens, il est vrai, la bonne Comédie Repand le ridicule, & censure la vie ; Mais ce jeu de nos mœurs quelquefois trop bouffon Excuse nos défauts, sans devenir profond. […] Votre Académie devient plaisante dans ses choix. […] Mais que devient au fond cette raison si vaine, Qui sur les animaux fait si fort la hautaine ? […] Grand Dieu, votre courroux devient même impuissant ; La mort met à vos coups un éternel obstacle.

209. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Votre ame deviendra noire comme un charbon, Et vous irez un jour, vrai partage du diable, Bouillir dans les enfers à toute éternité. […] Moliere quitta la boutique de son père & ses études, pour suivre une Actrice dont il devint amoureux, la Bejard, qui faisoit bonne fortune de la jeunesse de Languedoc. […] Ce soupçon outrageant est devenu par son moyen un titre de maison. […] Peut-on, sans gémir, voir une action si importante pour la vie présente & pour l’éternité, abandonnée aux folies du théatre, être l’objet de ses amusemens & de ses désordres, y être traitée de la maniere la plus licentieuse, avec la morale & les sentimens les plus opposés à la religion, y devenir l’école du vice, le fruit de l’intrigue, la récompense des passions, y être préparée par le crime, accompagnée d’infamie, troubler enfin toute la société, & conduire à la réprobation éternelle ?

210. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Tout n’est pas à ce point de perfection ou de méchanceté ; la plupart des pieces de théatre sont mi-parties ; il y a des vertus récompensées, des vices punis dans les premiers rôles ; mais dans les seconds rôles toujours quelque vice impuni, même heureux, quelque vertu méprisée ; ce sont ces branches pourries que la réforme doit couper, & le théatre ne présentant rien que de bon, pourroit devenir utile. […] Ce qui est pur sur le papier change de nature en passant dans la bouche des Actrices, & devient criminel quand il est animé par l’exécution théatrale. […] Cette action ne peut inspirer que des maximes dangereuses, & apprendre à métaphysiquer sur une passion dont les suites peuvent aisément devenir funestes. […] S’il se dérange, & qu’on soit obligé de le congédier, il sortira sans récompense. 2.° L’amour fera exclus de toutes les pieces, à moins qu’il n’y soit puni & représenté avec horreur, comme les passions brutales de la haine & de la vengeance. 3.° On examinera les anciennes pieces, & on ne retiendra que celles qui ont ce caractère, ou qui du moins pourront être corrigées, & devenir propres à corriger les mœurs, faire aimer la vertu, & inspirer une bonne morale. 4.° Il n’y aura point de femme dans la troupe qui ne soit mariée & ne vive avec son mari.

211. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Les grossieretés sont devenues fades & dégoûtantes ; il en avoit pris l’habitude sur les tretaux de province, c’étoit son langage naturel. […] Si l’élégance, la finesse, la modestie apparente des expressions, la gaze brillante qui couvre le vice, sauve la honte, attire le spectateur, enfonce le trait, insinue le poison, le crime n’en devient que plus facile & plus piquant. […] Il avance finement en Gascon que Moliere est si grand que cette question lui devient étrangère. […] N’a-t-on pas senti combien, en méprisant ce qu’il y a de plus grand & de plus respectable, le Héros & le Panégyriste deviennent petits & méprisables ?

212. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

« La Comédie étant devenue toute honnête, ceux qui la représentent et qui vivent honnêtement d’ailleurs, doivent sans difficulté être mis au nombre des honnêtes gens. »p. 34. […] Jésus-Christ n’a travaillé durant toute sa vie qu’à établir le Royaume du Ciel, et vous vous ne vous occupez qu’à le détruire : que vous dirai-je de plus, vous devenez les profanateurs du Temple de Dieu dans autant d’âmes qu’il y en a, dans lesquelles vous tâchez, ou d’exciter des passions criminelles, ou de les réveiller, et de les fortifier. […] « Si vis me flere, dolendum est Ante tibi. » Mais au contraire un Acteur froid et languissant, qui ne paraît pas ressentir les mouvements de la passion qu’il tâche d’exciter dans le cœur des autres, devient ennuyeux et insupportable. […] « Ce sont les Théâtres qui rendent les chrétiens si déréglés, si corrompus, et si difficiles à conduire, qu’ils sont à présent ; car tout ce que je tâche d’édifier dans l’Eglise, non seulement s’y détruit ; mais c’est une malheureuse nécessité que ceux qui hantent les personnes qui les fréquentent, contractent avec eux une infinité de souillures… car ils deviennent plus corrompus dans leurs mœurs, plus libres dans leurs paroles, plus dissolus dans leurs gestes et leurs ris, et plus paresseux dans le bien….

213. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

Depuis que les décorations, devenues très considérables, ont obligé de fixer les théâtres, ils ne courent plus tant ; ils vont pourtant pour de l’argent chez les Seigneurs et dans les collèges qui les demandent, et surtout en détail les Actrices sont très portatives chez quiconque veut les acheter. […] Ce peuple devint vicieux, il le fut à l’excès, mais jamais assez insensé pour ne pas condamner le vice, et en mépriser la source intarissable : « Artem ludicram scenamque totam Romani in probro semper habuere » : En cela bien différents des Grecs, quoiqu’ils en eussent adopté la religion, les arts et les vices, dit Probus dans la préface des vies des Hommes illustres : « Non fuit Atheniensibus turpitudini, sed Romanis infamia, et ab honestate remota. » On cite quelquefois à l’honneur du théâtre les sentiments de Cicéron pour Roscius. […] C’est devenir esclave, louer son travail, commercer de ses peines, se vendre soi-même : encore si comme un autre artisan, c’était pour des choses permises et bonnes ; mais pour quel objet ? […] Il était fils d’un Procureur à la Cour des Aides de Rouen, et devint le bouffon du Cardinal de Richelieu.

214. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

On n'en devient pas plus vertueux, pour voir sur le théâtre la vertu récompensée. […] La nôtre, plus favorisée du ciel, chérit le bien par ses propres traits : il ne nous faut que des modèles de vertu pour devenir vertueux. […] intrigues, artifices pour le commettre, audace pour le soutenir, mauvaise morale pour l'excuser, discours licencieux, téméraires, impies, qui ont déjà produit leur mortel effet avant le remède tardif et devenu inutile par les préludes qui amènent la catastrophe. […] [NDE] On pourrait penser que La Tour mélange Sextus Julius Frontinus, auteur romain des Stratagemata ou Stratagèmes militaires, et Frontin, le valet du 18e siècle, rusé et malin, qui est devenu presque un personnage type dans la lignée de Scapin, etc.

215. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Devenu grand, il sera un querelleur, il excitera des dissensions, se battra en duel, peut-être excitera des : révoltes, traitera mal sa femme, ses enfans, ses domestiques, ses confreres, &c. […] La nation théatrale devient nécessairement cruelle, sans douceur, sans charité, sans compassion, insensible aux malheurs du prochain, à la misere des pauvres, querelleuse, difficile dans le commerce, brusque, intraitable dans la famille, dure à ses domestiques. […] Il aime dans tous les climats, aux risques de sa liberté & de sa vie : l’adultere, la pluralité des femmes ne l’effrayent pas, comme on peut voir dans l’histoire de ses premieres amours avec une provençale dont il devint amoureux à Boulogne. […] Ce village est devenu une ville puissante & riche. […] 4.° Pour encourager au travail & à l’étude, on nous apprend que la Clairon devenue si célebre a été long-temps très-médiocre actrice & fort peu goûtée ; une étude constante, un travail opiniatre l’ont conduite à la perfection de son art, comme Demostene qui ne pouvoit parler & devint un grand orateur.

216. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

N’est-ce pas un beau fleuron à ajouter à sa couronne, qu’une femme de mauvaise vie, devenue plus délicate dons ses goûts, ne se livre plus, comme la Bejar, belle-mere de Moliere, qu’à des personnes de condition ; & les livres périodiques devroient-ils en quelque sorte dégrader la couronne, en y attachant de si méprisables fleurons ? […] Un homme emporté dont on représente les accès de fureur, un apprentif paresseux qui devient voleur & se fait pendre. […] Il ne suffit pas d’accoupler des rimes en actes, & d’en revêtir des idées triviales, des images parasites de l’ancienne mythologie, agréables par elles-mêmes, mais devenues trop insipides par un emploi trop répété, espece de jargon que les jeunes gens prennent pour de la poësie, & qui n’en est que le ramage. […] Toutes ces images parasites sont devenus insipides par un emploi trop répété, elles ne font que du ramage, sur le théatre plus qu’ailleurs, où on l’entend si souvent, à l’opéra où l’on n’en entend pas d’autre : c’est un gasouillement de serins qui redisent toujours la même chose, & satisfait l’oreille, mais non le cœur, & ne parvient pas jusqu’à l’ame. […] L’homme est-il devenu femme ?

217. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

dans les déserts, dira-t-on ; mais alors les solitudes seraient dans les Villes et les déserts deviendraient des peuplades. […] On les verra tous devenir polis, sages, complaisants, on les verra se piquer de sentiments, de bonnes mœurs, et justifier par leur conduite l’utilité d’un amusement si louable. […] Si j’ai fait voir combien la probité a à souffrir dans les emplois subalternes, on avouera sans doute que je n’ai pu rien faire de mieux que de me faire Comédien, dans la ferme résolution d’être un Saint, dès que je le pourrai devenir. […] Le Théâtre deviendrait pour eux ce que le Champ de Mars était pour les Triomphateurs de Rome. […] Plût au ciel que pour le bien de l’humanité tous les hommes fussent aussi poltrons que moi et que la peur devint une vertu.

218. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Un Auteur a fait un ouvrage qui lui mérite d’abord une approbation universelle ; il plaît à un critique qui a du crédit dans la République des lettres, de tourner le nom de l’Auteur en ridicule, & voilà l’Auteur & son ouvrage devenus l’objet du mépris universel. […] Il devient amoureux d’une fille qui n’a rien.

219. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Madame de Maintenon s’ennuyoit beaucoup avec le Roi, qui la tenoit dans une espece d’esclavage, comme elle s’en plaint dans vingt endroits de ses lettres, sur-tout depuis que devenu dévot, ce Prince avoit renoncé aux plaisirs, aux fêtes, aux théatre, dont Madame de Montespan, pendant son regne l’avoit rendu amateur. […] Cir n’étoit rien moins que Jesuitesse, sa famille, sa communauté, ses éleves, ses amis ne le furent point ; elle pria Racine son ami, devenu dévot, qui avoit quitté le théatre pour le Jansenisme, & la Cour, & qui alors se rapprochoit de la morale relachée, que Port-Royal condamnoit, & l’approchoit par conséquent des Jésuites, qui ont commis tous les péchés du monde : elle pria Racine de faire une tragédie sur un sujet tiré de la Bible, qui pût être représentée par ses éleves ; il travailla, dit-on, malgré lui, il fit Esther, cette piéce d’abord jouée à St.

220. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

Secondement, ceux-ci ne fesant pas attention qu’un amusement trop long devient enfin ennuyeux, s’étendraient autant qu’il leur serait possible : croyant être maîtres d’allonger ou d’accourcir à leur gré les Poèmes modernes, les uns ne feraient qu’un demi-Acte, les autres donneraient à leurs Pièces une étendue considérable. […] Dans la crainte que les Drames ne devinssent à la fin d’une longueur énorme, il faudrait que le sixième Acte fût l’étendue la plus considérable, & qu’on ne pût aller au-delà.

221. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

Quant aux expressions dérivées de mots français, elles deviennent légitimes, dès qu’elles sont claires, agréables à l’oreille, & qu’elles abrégent la diction. […] Beaucoup d’honnêtes-gens qui vont à pied, & qui n’ont qu’un jour ou deux dans la semaine dont ils peuvent disperser pour le Spectacle, trouveraient un avantage sensible dans le rapprochement des trois Théâtres : il en coûte peu à chacun de se rendre de bonne-heure dans un quartier déterminé, à quelque distance qu’il soit ; mais lorsqu’on y est parvenu, si la Salle est déjà remplie, il devient pénible & décourageant d’être obligé de chercher son pis-aller à une lieue, au risque de perdre encore ses pas, ou tout-au-moins d’arriver très-fatigué, pour rester trois heures debout au Parterre.

222. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Je n’ai garde de me jouer à mon Maître, je connais vos sentiments pour des sentiments puisés dans le sanctuaire de la droite raison ; ils deviennent d’autant plus forts, que vous les dépouillez de cette raison sèche et épineuse, qui fait qu’on se morfond souvent dans les peintures de la vérité : au lieu que lorsqu’elle est maniée par une plume vive et animée comme la vôtre, elle fait un progrès sur les cœurs, dont il n’est pas permis de se défendre. […] Convenons donc que ces larmes qu’on donne à la Tragédie, procédant de la source de l’amour naturel que nous avons les uns pour les autres, elles peuvent devenir très vicieuses par leur funeste application ; voilà le principe dans lequel je me suis renfermé pour montrer le danger de la Tragédie, et c’est sur ce principe que j’ai posé tous les fondements de ma Satirec.

223. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

Au onzième siècle5 les Tournois devinrent fort célèbres par les soins du Seigneur Geoffroy de Preuilly. […] Du bain vous en faites un spectacle, et l’on ne voit point sur le Théâtre, des choses plus déshonnêtes, que celles que vous y faites : Toute honte est bannie, l’on y quitte la pudeur avec les habits ; et les membres vierges deviennent en proie aux regards impudiques.

224. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

On aurait à citer, de nos jours, Roméo-Ducisb, Chénier-Fénélonc, Abel-Legouvéd, Arnaud-Marius e, Mercier-Agamemnonf : mais puisque Voltaire est placé si loin de Racine et de Corneille par nos impitoyables Aristarques, il devient impossible de citer personne après ce grand génie. […] Aussi devient-on très délicat à certains spectacles sur le choix des expressions.

225. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

Ce que les Païens ont honoré est devenu horrible parmi les Chrétiens. […] Fallait-il interrompre vos saintes occupations pour devenir des traducteurs de Comédies ?

226. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVI. Efficace de la séduction des Spectacles. » pp. 36-39

On ne devient pas tout à coup méchant.

227. (1576) De la Censure. pp. 611-613

Et pour le moins si on ne peut gagner ce point-là, que les chansons Ioniques, et Lydiennes, c'est-à-dire, le cinq et septième ton, soient bannis de la République, et défendus à la jeunesse, comme Platon, et Aristote disaient qu'il est nécessaire, pour moinsc que la musique Diatonique, qui est la plus naturelle, que la chromatique, et Enharmonique, ne soit corrompue par la mélanged des autres : et que les chansons dorienes ou du premier ton, qui est propre à la douceur, et gravité bien séante, ne soient déguisées en plusieurs tons, et déchiquetées, en sorte, que la plupart des musiciens en deviennent folse, et insensés : parce qu'ils ne sauraient goûter une musique naturelle, non plus qu'un estomac debiféf, et corrompu de friandises, ne peut goûter une bonne et solide viande.

228. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVII. Accidents arrivés dans les spectacles. » pp. 150-153

L’incendie devint bientôt général.

229. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Le meurtre de César est d’autant plus odieux, que cet Empereur, quoique d’abord conquérant injuste, était devenu légitime par l’approbation du peuple et du Sénat, qui l’avaient créé Dictateur perpétuel, et lui avaient conféré le pouvoir souverain ; ce qui rendait sa personne sacrée. […] Le devoir de mon sang est de vaincre les Rois. » Alzire est encore une conjuration brutalement exécutée par un Prince qui se jette en furieux sur le Vice-Roi du Pérou, dont il approche par un lâche déguisement : puissance d’abord tyrannique, mais devenue légitime, reconnue dans tout le pays, et qui subsiste encore. […] « Quand pour juger le crime il reste un Tribunal, Le punir, c’est des lois devenir le rival. […] Ils y deviennent fastidieux. […] Aux cœurs désespérés tout devient légitime.

230. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XV. Des nouveautés & de leur nombre. » pp. 2-7

Ce qui n’est que médiocre devient passable, puis excellent, quand on a sçu encourager l’Auteur.

231. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

Ce sont des fables que l’on réalise et qui deviennent contagieuses.

232. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Point d’histoire plus remplie d’évenemens dramatiques ; c’est un spectacle perpétuel, sur-tout depuis que, devenus maîtres de la moitié de l’Empire Romain, ils étoient au comble de la gloire, des délices & de l’opulence, & pouvoient sans crainte se livrer à leur goût. […] Mais le peuple devient dur, l’inhumanité familiere, le meurtre moins odieux. […] La fête fut terminée par un grand repas, la comédie & le bal, partie essentielles, & devenues d’étiquettes. […] Qu’est devenu cet heureux temps où tous les évenemens de la vie étoient tracés par une danse pittoresque. […] Après avoir applaudi à la brillante illustration de l’Université de Gênes, la même gazette déplore les pertes que le théatre vient de faire : car les papiers publics sont devenus le Nécrologe du théatre.

233. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

C’est un opéra sur la toile : matiere de scandale devenue commune, qu’on appelle ornemens typographiques. […] Ils firent connoissance à Avignon, lorsque ce comédien, fugitif de la maison de son pere, amoureux de quelque actrice, se donna, pour la suivre, à une troupe d’histrions qui rodoient dans les provinces, & dont enfin il devint directeur. […] A force d’application, de travail, d’alliance, d’acquisition, on devient un être distingué, on acquiert une généalogie, le métier devient un art, la routine une science, l’artisan un artiste, & une jurande une académie. […] Il nous faudra devenir savant aussi pour nous faire habiller.

234. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

L’Aumônier oubliant son caractère respecte et flatte l’insolence de Chamont : le jeune homme devenu plus fier par la basse complaisance du Chapelain redouble d’audace et porte l’insulte au dernier excès. « N’y a-t-il donc pas dans toute ta Tribu un seul honnête homme, dit-il ? […] Mathan autre Prêtre de cette Tragédie devient idolâtre et quitte le Dieu d’Israël pour Baal. […] Le Christianisme est-il devenu un préjudice au Sacerdoce ? […] Mais la loi est bien éloignée de faire d’un Ordre sacré une dégradation ignominieuse : la gloire d’une famille continue dans l’Etat Ecclésiastique aussi bien que dans l’Etat Séculier ; l’écusson en est également conservé dans l’un et dans l’autre : lors même que l’on quitte celui-ci pour embrasser le premier, le nom de Clerc et non celui de Gentilhomme devient la signature ordinaire. […] Le Prêtre est capable de faire des fautes aussi bien que les autres ; mais son caractère est toujours le même, il est toujours pur et sans tache : l’homme dans lui peut devenir méprisable, et jamais le Prêtre.

235. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

L’exposition sert à préparer les événemens de la Pièce ; ainsi quand le genre d’un Drame est de n’en renfermer aucun, elle devient inutile. […] Lors qu’à l’ouverture d’un Drame, les personnages sont animés par la joye, par la douleur, ou par d’autres causes, l’intérêt en devient plus-vif, il se répand un je ne sçai quoi qui ébranle & attache l’ame des Spectateurs. […] Le Vaudeville deviendrait alors d’une difficulté prodigieuse, j’en conviens ; il aurait aussi plus d’agrémens, il plairait d’avantage en paraissant plus naturel.

236. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

Les Opéras-Bouffons, ou les Comédies-mêlées d’Ariettes, sont devenus à la mode ; je servirai le Public selon son goût. — Votre raison est valable ; écoutez-moi bien pourtant. […] Devenez le Peintre fidèle de la Nature ; défendez-vous de la ridicule honte de n’oser nous montrer ses infirmités, ses taches, ses désagrémens.

237. (1761) Lettre à Mlle Cl[airon] « LETTRE A MLLE. CL****, ACTRICE. DE LA COMÉDIE FRANÇOISE. Au sujet d’un Ouvrage écrit pour, la défense du Théâtre. » pp. 3-32

Son Ouvrage, devenu fort rare, traite la matière à fond ; et le sage Religieux qui en est l’Auteur, a démontré par des raisons sans réplique, que le Théâtre n’a jamais été condamné par l’Eglise, et qu’en soi-même il ne peut être condamnable. […] Si l’on en retranchait ce qu’on appelle les traits hardis, c’est-à-dire, ces maximes pernicieuses, contraires aux Lois des Nations, au respect que l’on doit aux Puissances, plus souvent encore à la Religion même ; que deviendrait leur mérite ?

238. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVII. Du gouvernement & de la Police intérieure du Théâtre. » pp. 12-18

Les Auteurs qui étoient les arcs-boutants du Théâtre, en devinrent les manœuvres.

239. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIII. La Comédie considérée dans les Acteurs. » pp. 26-29

Quel crime dans un enfant de Dieu de se tuer ainsi de ses propres mains, de se dégrader lui-même & de devenir entre les mains du démon un instrument dont il se sert pour perdre les ames !

240. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIV. La comédie considérée dans ses Spectateurs. » pp. 30-33

Sans cela il devient insipide & ennuyeux.

241. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatrième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 28-32

C’est avec cette créature qu’ils goûtent tous leurs plaisirs : ceux d’une union légitime sont devenus sans piquant & sans saveur ; ils ne sont plus connus que d’un petit nombre d’honnêtes gens, assez heureux pour avoir rencontré de ces femmes rares tendres sans fadeur, plus propres que magnifiques, belles sans hauteur, caressantes sans importunité ; qui, faites pour le plaisir, sont aussi réservées & plus vertueuses que les froides.

242. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXII. Le repentir de quelques auteurs dramatiques d’avoir travaillé pour les théâtres doit nous engager à éviter ces divertissements. » pp. 183-186

Racine ayant reçu une éducation toute sainte se relâcha bientôt de sa première ferveur : devenu sans peine, mais malheureusement pour lui, le prince des poètes tragiques, il fit longtemps retentir le théâtre des applaudissements que l’on y donnait à ses pièces.

243. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

La fuite de la Princesse laissoit à Paris la Duchesse de Montbazon sa rivale maîtresse du champ de bataille, elle en triompha, sa cour devint très-nombreuse. […] Tout changea dans cette nouvelle piece, & prit un rôle différent ; M. de Turenne devint Royaliste, le Duc d’Orléans devint Frondeur & sa fille Amazone ; nouvelle déclaration qui révoque la derniere, & déclare le Prince & la Princesse criminels ; le Parlement enregistre encore, & quelque-temps après les déclare tous innocens. […] Il favorisa si bien ses amours que la Châtillon devint toute-puissante, tout passa par ses mains, elle vêcut en Princesse favorite. […] Ces deux grands hommes toujours aux prises avoit fait un échange de commandement : Turenne espagnol à la Porte Saint-Antoine, combattoit Condé françois, & Turenne devenu françois à Arras & à Etampes, combattit Condé devenu espagnol.

244. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Un art bon par soi-même ne sçauroit être contraire aux mœurs, que dans le cas où l’on en feroit un mauvais usage, (danger commun à tous les arts qui peuvent devenir pernicieux par l’abus) ce qui ne pourroit être attribué à un vice de l’art, mais de l’artiste, ou des amateurs de cet art. […] Tous les jours les honnêtes gens sont exposés par leur peu d’attention, à devenir les victimes des méchans : la Comedie par ces exemples utiles les éclaire sur leurs véritables intérêts. […] Les Asiatiques n’ont rien de semblable à nos Tragédies & nos Comedies ; cependant cette passion devient le plus souvent chez eux une agitation violente, qui degénere presque toujours en fureur, & qui avilit la nature humaine. […] Un Peuple, où sans égard pour l’humanité, une partie des habitans, sous le nom d’Islotes, gémissoit sous le poids accablant du plus dur esclavage, qui ne connoissoit presque d’autre vertu que la force & le courage, qualités estimables, mais qui deviennent pernicieuses, lorsqu’elles donnent l’exclusion aux autres. […] Le Comédien avant que d’entrer sur la scene n’éprouvoit pas les mouvemens qui agitent l’ame de Brutus, ou de tel autre personnage qu’il représente ; mais au moment qu’il commence à entrer en action, il les ressent tous successivement, ainsi que tout autre artiste imitateur : ces affections deviennent pour lors les siennes.

245. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVII. On y risque tout par une seule assistance. » pp. 40-44

Ils deviennent un sujet de chûte pour leurs freres encore foibles !

246. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre III. Du Bal. » pp. 178-183

Elle déplaist aussi aisément qu’elle peut plaire, & surtout quand elle devient immodeste, & si elle paroist s’attendre à quelque chose de plus qu’à la simple aprobation des yeux.

247. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Cet usage est devenu un devoir, une partie de l’éducation ecclésiastique. […] L’état de Baigneur, Coëffeur étoit considérable à Rome, comme il l’est en France ; mais il ne le devint que quand les mœurs s’y corrompirent ; à peine connus auparavant, le Luxe les fit sortir de la misere & de l’obscurité, on les appelloit Cinerarius & Cinisto, comme nous l’apprend Varron ; parce qu’ils faisoient chauffer leur fer à friser dans des cendres chaudes, il n’y a pas un siécle que cette lie du peuple a commencé de jouer un rôle, & elle veut aujourd’hui aller de pair avec les Seigneurs ; elle forme un corps nombreux, fait valoir des Privileges, arbore le luxe des habits, & la parure de la tête comme un modele, une poupée vivante qu’elle présente ; le Théatre lui forme un grand crédit, la grande regle du bon goût est la parure d’une Actrice. […] Samson ne fut pas plus heureux ; la courtisanne dont il devînt amoureux, lui arracha le secret de sa force, elle l’endort dans les bras de la volupté, lui coupe les cheveux & le livre aux Philistins. […] Malgré sa haute sagesse jusqu’à devenir idolâtre, & à bâtir des Temples à leurs Dieux ; il fut imité dans cette extravagante toilette par les Empereurs Romains, très-propres à figurer avec les Pages & les Concubines d’un Prince perdu de débauche.

248. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Elle fit calomnier, condamner & lapider le juste Naboth, pour s’emparer de sa vigne, devînt l’exécration de tout le monde. […] Point de perte au monde plus domageable à la Cité, que de laisser la liberté à la jeunesse de changer ses accoutremens, dans les gestes, chansons, d’une forme à une autre, tournant son jugement tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, tantôt en cette assiette, tantôt en celle-là, courant après les nouvelletés, par où les mœurs se corrompent, & les anciennes institutions deviennent à dedain. […] Sans doute la legereté de la matiere, la briéveté du temps, la force d’un ordre supérieur, la droiture de l’intention, diminuent le péché ; mais c’en est toujours un qui peut devenir, & devient ordinairement très-grand, & si grand que S.

249. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

O impiété, dit Clément d’Alexandrie, vous faites descendre le Ciel sur le théatre, Dieu est devenu une comédie ! […] Ne m’allez pas dire que lorsqu’une honnête femme a tant fait que de renoncer à son devoir, elle doit être plus furieuse qu’une autre ; que les combats qu’elle a essuyé avant de se rendre, la font devenir une fois plus sensible à l’infidélité qu’on lui a fait, qu’une honnête femme à qui il en coûte pour se laisser vaincre, veut jouir de la peine qu’elle a eue à se défendre, & que ne voulant pas tous les jours recommencer les frais d’une passion, il lui est permis d’enrager lorsqu’elle en perd les fruits. […] Hébreu, Grec, Latin, Allemand, on ne voit rien de si ridicule dans aucune langue ; on ne le connoît qu’en France, soit qu’on y croye les complimens sans conséquence, & un verbiage frivole qui semble tout dire, & ne dit rien comme ils le font en effet sur-tout en galanterie, soit que l’entousiasme pour les femmes y soit porté à l’excès & à une sorte d’adoration ; l’usage a consacré ces termes, ils sont devenus de style ; c’est le protocole de Cithère, platitude puérile, plus basse que respectueuse de se mettre à genoux devant les femmes, qui ne convient qu’envers Dieu & à un criminel qui demande grâce : cette attitude a un autre principe, c’est pour les contempler à son aise, & être à portée de prendre avec elle des licences ; les femmes sont communément assises, il faut se baisser pour les mieux voir, prendre & recevoir avec plus de facilité des libertés indécentes dont elles peuvent moins se débarrasser. […] Garassi, fameux Jésuite, étoit certainement habile homme, homme d’esprit, homme de bien, mais malheureusement d’un caractère bouffon ; son style qui s’en ressentoit, ne respectoit pas toujours les loix austères de la décence, il nous paroit même aujourd’hui plus indécent qu’il n’étoit alors, parce que le langage est devenu plus poli, il donna prise dans divers ouvrages, on lui fit bien des reproches, & on n’avoit pas tort ; le détail nous en estétranger, une accusation qui intéresse le théatre, c’est la prophanation des noms qui n’appartiennent qu’à Dieu, Divinité, Déesse adorable, autel, temple, sacrifice, &c. on les applique aux créatures & aux Dieux du Paganisme ; je suis bien éloigné d’approuver cet abus idolatrique des termes ; j’en ai parlé ailleurs, mais je ne comprends pas que ceux qui ont blâmé en lui cette licence ne se soient pas dit médecins, guérissez-vous vous-même, vous êtes aussi malade que le P.

250. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Le fleuve suivit la pente & reprit son cours, la comédie devint intolérable ; toutes les nations où elle se produisit furent indignées ; les ordonnances des Rois, les plaintes réitérées des États généraux, les arrêts des Parlemens, le châtiment, le bannissement, la suppression de différentes troupes, enfin les idées communes, le langage ordinaire, qui par un consentement unanime de tous les peuples & de tous les siècles, depuis la Chine & le Japon jusqu’en Portugal & en Écosse, a fait du nom de Comédien une injure proverbiale, une expression de mépris, de folie & de vice, peuvent en convaincre les plus incrédules. […] Les femmes y deviennent plus dangereuses par l’état où elles s’y montrent, par l’esprit de liberté, de hardiesse, qu’elles y prennent, le goût de parure, de mollesse, de vanité. […] Allons plus loin, supposons cette prétendue expérience de ces braves cottemaillés qui peuvent tous les jours & les heures entieres repaître leurs yeux & leur cœur des charmes de toutes les passions, sans en être jamais effleurés ; je ne serois pas surpris qu’à force de fréquenter les spectacles, on s’y accoûtumât si bien que la satiété menât à l’insensibilité ; Mithridate, à force d’avoir pris du poison, ne pouvoit plus s’empoisonner ; un ivrogne à force de boire émousse son palais, & ne goûte plus les liqueurs les plus fortes ; un débauché, dégoûté, blasé, énervé, à force d’excès, devient insensible ; les Dames Romaines, malgré la douceur naturelle du sexe, à force de voir les Gladiateurs s’entretuer, voyoient sans émotion couler des ruisseaux de sang. […] Je doute qu’on voulût, pour affermir sa santé, faire les épreuves du Roi de Pont, & on s’imaginera devenir charitable à force de barbarie, & chaste à force d’incontinence !

251. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Elle a beaucoup valu à l’Auteur, mais on ne la joue plus, & elle est devenue ridicule depuis qu’on a découvert que le prétendu Héros, Eustache de S. […] Toutes les Actrices devinrent des Thérèses, au rouge près, du moins autant de Magdeleines. […] L’école destinée à corriger les vices est devenue l’écueil de l’innocence, de la sensibilité, des plus beaux talens. […] La sensibilité n’y est que trop entretenue, on y devient sensible à tous les plaisirs ; ce sont la sensibilité & les talens qui font faire naufrage à l’innocence.

252. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Après avoir formé des Cirques et des Amphithéâtres, où les hommes s’exerçaient à la vengeance et à la fureur, soit en se tuant eux-mêmes, soit en faisant périr des animaux ; après avoir rempli de sang les Villes entières pour amuser l’oisiveté des Peuples, et pour les accoutumer à devenir cruels, il a employé l’enchantement des Sirènes, à dessein d’introduire la volupté dans tous les cœurs, et de la rendre souveraine de l’Univers. […] Les personnes qui les donnent, presque toutes débauchées, ou prêtes à le devenir, emploient jusqu’à l’indécence la plus outrée, soit dans leurs gestes, soit dans leur manière de se présenter, pour s’associer des complices de leurs crimes et de leurs impudicités. […] c’est là, vous le savez, qu’ont commencé tant de divorces qui mettent une misérable Actrice à la place d’une légitime Epouse, qui ruinent des familles entières, et qui sont des objets continuels de gémissements ; c’est là que des regards lascifs entraînent le cœur, et que l’âme devient coupable d’adultère. […] Qui est-ce qui peut ignorer qu’il empoisonne tout ce qu’il offre au public, et que les Tragédies, même les plus saintes, en passant par la bouche de ces acteurs justement flétris par la Religion et par les lois, deviennent des occasions de se perdre ?

253. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

Le coloris est d’une telle importance dans la peinture, que plusieurs Peintres sont devenus fameux par cette seule partie. […] Si par ses efforts, les médiocres deviennent suportables, on ne doit pas lui en savoir plus de gré qu’à un Avocat, de s’être chargé de la défense d’une mauvaise cause.

254. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

quelles funestes impressions ne font pas des Actrices métamorphosées, l’indécence devenue à la mode, le vice paré de tous les agrémens qu’on lui prête ? […] Ces spectacles mêmes devinrent des abus souvent fort ridicules.

255. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

L’intrigue roulant toujours sur ces derniers, la simplicité de stile & d’action disparut insensiblement, & la Pastorale devint méconnaissable. […] Je crois pourtant qu’elle deviendra propre au Spectacle moderne.

256. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Nos intérêts nous sont toujours plus chers que ceux d’autrui, et je suis si fort persuadé qu’il est fort peu de gens, dans le siècle où nous sommes, qui n’aidassent au débrisc de leurs plus proches voisins, s’il leur devenait utile ou profitable, que les coups les plus injustes et les plus inhumains ne me surprennent plus. […] Mais puisque vous me voyez si sincère, à mon exemple ne voulez-vous point le devenir ?

257. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Je ne veux pas examiner si ces Jeux Scéniques étaient les mêmes qui se nommaient Floraux sous le premiers Rois, s'ils furent de nouveau donnés au peuple, ou seulement renouvellés, s'ils furent célébrés en l'honneur de Flore, qu'ils estimaient la Déesse des Fleurs, ou de cette fameuse Débauchée de même nom, qui devint si riche par sa mauvaise vie, qu'elle osa faire le Peuple Romain son héritier ; ni si l'ignorance ou la perte de tous leurs Acteurs par cette prodigieuse maladie, ou par quelque autre malheur les obligea de recourir à leurs voisins. […] de danse et de gestes, entre lesquelles ont été célébrés Luceïa que Pline appelle Mime, et Galéria Embolaire ou Joueuse d'intermèdes, Caramelle qui fut nommée la dixième des Muses et la quatrième des Grâces, Helladie à qui fut dressée une statue à Anches, et qu'on disait avoir été visitée de Jupiter, sous l'apparence de l'or, tant elle devint riche par ce métier.

258. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

« Les sauterelles ont été produites de la fumée du puits et de l’abîme, et sont montées sur la terre. » Et un peu après, « Et ces sauterelles sont semblables à des chevaux préparés pour le combat, et elles ont des couronnes, qui semblent dorées, sur leurs têtes. » Il conclut enfin que dans le bal se trouve la pompe du siècle, le feu de l’impureté, la superbe et la vaine gloire, et que les hommes par conséquent y deviennent ennemis de Dieu. […] Car Cicéron a dit, « Que personne quasi ne danse qui ne puisse être convaincu de n’être pas sobre et tempérant. » « Neminem saltare sobrium. » Et Alphonse Roi de Naples disait des Français qui aimaient si fort la danse, qu’ils ne pouvaient s’en abstenir dans un âge même bien avancé, qu’ils devenaient folsg dans leur vieillesse.

259. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Et lorsqu’on a une fois de l’eau par-dessus la tête, en ressent-on le poids, on ne devient pas méchant tout d’un coup, la corruption s’insinue insensiblement, et comme goutte à goutte, on n’en est pas moins submergé à la fin, le mal n’est pas encore déclaré, mais il est déjà dans les entrailles, il s’y amasse un levain qui produira dans peu la fièvre et la mort. Le démon se rendra bientôt maître du corps, de la place, après que vous lui aurez laissé prendre les dehors ; et que lui importe dans le fond par où il se rende maître de votre cœur, je veux que ce ne soit pas par la volupté, n'y a-t-il que cette seule passion qui soit excitée au théâtre, celles d’ambition et de vengeance ne le sont-elles pas également, il lui est assez indifférent que vous soyez voluptueux, vindicatif ou superbe, pourvu que vous deveniez sa conquête.

260. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

n’est-ce pas là en un mot que le cœur, se voyant lui-même dans celui qui paraît épris d’un objet séduisant, devient aussitôt un acteur secret, qui, tandis qu’on joue une passion feinte, en éprouve lui-même une véritable ? […] Que deviennent cette vigilance et les autres vertus, qui nous y sont commandées par ce divin Sauveur ?

261. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Ceux qui jouent la Comédie, ceux qui l’autorisent par leurs Écrits, ou par leurs exemples, ne tombent-ils pas dans cette malédiction ; puisqu’ils sont cause qu’une infinité d’âmes tendres et faibles, sentent réveiller leurs passions, deviennent savantes dans le mal, et souvent s’y laissent emporter ? […] Chacun sait que l’Idole de Moloch était un Monstre d’airain creux au-dedans, qui avait les mains tellement disposées, qu’on y mettait des petits enfants qui y brulaient quand ce métal devenait enflammé par une fournaise souterraine. […] Les Danses étaient devenues pour la plupart des divertissements de dissolution, et il était de l’intérêt public de conserver pour la défense de la Patrie tant de généreux Combattants dont le sang et la vie étaient prodigués pour si peu de chose. […] Je ne fais point fort sur cet endroit de Tertullien, où il dit, qu’une femme Chrétienne étant entrée dans le lieu des Spectacles, devint possedée du démon, et que le malin esprit étant obligé par la force des Exorcismes de l’Église, de rendre raison de cette usurpation qui paraissait si injuste, il répondit, qu’il avait trouvé cette femme dans un lieu qui était à lui, et qu’il avait eu droit de s’en saisir. […] Le Spectateur déja attendri par les disgrâces des Amants, goûte avec plaisir l’espérance qu’il met dans ce Dieu, lequel enfin attiré par une Musique qui sent d’abord extrêmement la Guerre, mais qui dans la suite changeant et allongeant ses tons, devient toute semblable à celle que l’on entend dans les Églises Cathedrales quand on lève la redoutable Hostie.

262. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Encore même les Romains n’admirent que bien tard les Vestales au théâtre, et ils ne tardèrent pas à s’en repentir ; depuis ce temps-là les fautes de ces filles, jusqu’alors presque inouïesf, devinrent fréquentes. […] Leur incontinence devint commune, elles y firent une foule de dévots de leur beauté plutôt que de leur Déesse Vesta ; le théâtre leur fournissait des rendez-vous et des facilités pour les voir et leur parler. […] Elles devinrent non seulement libertines, mais cruelles, comme le leur reproche le Poète Prudence, dont M. le Franc, dans son voyage de Languedoc, a fort heureusement traduit les vers.

263. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

En effet, rien n’est plus capable de nous inspirer une crainte salutaire de l’amour que les excès et les transports effrénés où cette passion entraîne les trois principaux Acteurs de la Tragédie d’Andromaque ; et leur misérable sort devient une excellente leçon pour nous corriger par les impressions de la terreur. […] En effet, si Dom Pedre, transporté par la violence de sa passion, foule aux pieds les Loix les plus respectables ; s’il désobéit à son père ; s’il se marie sans son consentement, et même s’il se révolte contre lui, ne devient-il pas un exemple très instructif, lorsque son amour, sa désobéissance et sa fureur le plongent dans les plus grands malheurs ? […] Quand les Auteurs se seront imposés la loi de punir la passion d’amour dans leurs Ouvrages, comme ils punissent toutes les autres passions, alors elle sera digne du Théâtre ; parce que la représentation en deviendra utile à la République : mais toutes les fois que la passion d’amour sera non seulement accompagnée de mollesse, mais encore récompensée, comme on ne le voit que trop souvent dans les Pièces de Théâtre ; alors on ne pourra en aucune manière la justifier, et je serai toujours le premier à la condamner.

264. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Treizième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 254-259

Insensé, vil… Mon ami, il faut m’aider à me fuir moi-même, à éviter le dangereux Objet… Elle partage mon desespoir… Si tu savais comment nous sommes devenus coupables… Je parlais d’Ursule ; je fesais son éloge ; son adorable image enflamait mon imagination : je me croyais loin du crime… C’en est fait… j’ai mon ignominie & les remords de ma Complice à supporter.

265. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [Q] » pp. 444-446

Une seule lettre changée dans un nom devient une Parodie : ainsi Caton parlant de Marcus-Fulvius Nobilior, dont il voulait censurer le caractère inconstant, l’appelait M.

266. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VII. » pp. 36-41

Ce n’est pas que sur le pied où en sont aujourd’hui les choses, il ne soit difficile que sa Sainteté en fasse éclater son juste ressentiment avec fruit ; mais le Héros n’en sera que plus à plaindre, et les gens de bien, mes Pères, au lieu de prendre part à la joie profane de votre ridicule Ballet, gémiront de voir un homme qui selon l’expression de l’Ecriture, « abandonne son propre lieu, et devient comme un oiseau qui quittant son nid », court risque d’être foulé aux pieds des passants.

267. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE IV. Détail des péchés qu'on commet en allant aux Spectacles. Réponse à ceux qui demandent s'il y a péché mortel, et si tous ceux qui y vont, sont également coupables. » pp. 76-81

Peut-être que ce secret est caché de peur que nous n'en devenions plus lâches à éviter toutes sortes de péchés.

268. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre II. De deux sortes de Danses, dont il est parlé dans l’Ecriture Sainte. » pp. 6-13

Et par là ceux qui ont été faits enfants de Dieu, et membres de Jésus-Christ par leur Baptême, deviennent honteusement les imitateurs, non seulement des Juifs, mais des Gentils et Idolâtres, comme il est marqué dans la Loi que nous avons citée, et dans un passage de saint Augustin que nous rapporterons plus bas.

269. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

Dira-t-on que depuis ce tems-là, les Barbiers & les Filoux soient devenus hommes à talents ? […] Cette dépense devint un besoin, comme une preuve de la grandeur & de l’opulence.

270. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Si les financiers ne sont plus grossiers ; si les gens de cour ne sont plus de vains petits-maîtres ; si les médecins ont abjuré la robe, le bonnet, les consultations en latin ; si quelques pédants sont devenus hommes, à qui en a-t-on l’obligation ? […] Le fleuve suivit sa pente ; & le nom de comédien devint une injure proverbiale, une expression de folie & de vice depuit la Chine jusqu’en Écosse.

271. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

C’est que l’image qu’on nous donne de la vengeance, est si flattée, & tellement embellie, que bien loin d’attirer notre haine, elle attire notre amour ; & c’est ainsi qu’une passion, qui ne causeroit que de l’horreur si elle étoit representée telle qu’elle est, devient aimable par les couleurs qu’on lui donne, & par la maniere artificieuse dont on nous la represente. […] Un mari en revient la têté remplie de Héros & d’Héroïnes ; il imprime si fort dans son esprit toutes ces chimeres, que ses affaires domestiques lui deviennent importunes.

272. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

Ils ne prétendent coopérer qu’à une chose bonne en elle-même, et qui ne devient mauvaise que par la malice de ceux qui l’exercent : Ils voient cette Comédie publiquement exercée et tolérée. […] Il ajoute qu’on doit juger des spectacles par le jugement que les Païens en faisaient ; ils croyaient qu’un homme était devenu Chrétien, lorsqu’il s’en absentait […]  »  : « Car, dit-il, l’esprit de l’homme ayant une pente naturelle vers le mal, que deviendra-t-il s’il a devant les yeux des exemples d’une nature fragile ? […] Pour cela il apporte l’exemple d’un Comédien ou d’un joueur de flûte dont il est parlé dans la vie de Saint Paphnuce qui devint Saint. […] De plus, il y a une espèce d’union et de commun accord entre ceux qui se trouvent dans le lieu de la Comédie, dès le moment qu’ils y sont tous assemblés pour la faire jouer ; ce qui fait que le péché qu’il y a en cette occasion devient celui de chaque Particulier.

273. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

Enfin cette servilité n’est pas douteuse pour les Acteurs, car quoique la déclamation ne soit pas par elle-même une œuvre servile, elle est devenue pour eux un métier très servile, et servilement exercé. […] Le théâtre fut-il par lui-même indifférent, il devient très mauvais par la multitude des péchés qui s’y commettent, qui en sont inséparables, dont il est l’occasion prochaine ; pensées, paroles, regards, actions, parties de plaisir, esprit de malignité, d’irréligion, les péchés en sont les préludes, le cortège, les suites ; c’est évidemment un scandale public, une source intarissable de fautes : quelle sanctification des fêtes ! […] La troisième, d’homme à homme : elle est indifférente, et devient bonne ou mauvaise par l’usage que l’on en fait ; les services qu’elle fait rendre, sont les œuvres serviles.

274. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre IV. Il faut que le nouveau Théâtre se fonde sur la Vérité & sur la Nature. » pp. 133-138

S’il cessait de fonder sur elle tous ses Poèmes, il deviendrait bientôt ennuieux, froid, insipide.

275. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

que sont-ils devenus, ces tems heureux, si proches encore !

276. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IV. Du Clergé considéré comme protecteur et fondateur des Comédiens du troisième âge en France, et comme en ayant lui-même exercé la profession. » pp. 113-119

Les pèlerins devinrent tellement à la mode, que des personnes riches et charitables leur prodiguèrent des soins, et firent dresser des théâtres sur lesquels ces pieux comédiens représentaient tantôt quelque chrétien martyrisé, tantôt les miracles les plus étonnants, opérés par le pouvoir de Dieu ou par l’intercession des saints, et enfin les mystères de notre religion.

277. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VII. De l’inconséquence de quelques prêtres ignorants envers les Comédiens, et de leur fanatisme mis en opposition avec l’autorité du pape et avec la conduite éclairée du haut clergé et des ecclésiastiques sensés en France. » pp. 134-140

Nous voyons encore l’abbé Perrin devenir directeur de l’Opéra, à Paris, en 1669 jusqu’en 1672.

278. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Les tenants de cette erreur insoutenable, sont un parti puissant ; les littérateurs en sont les chefs, distribués en petites sociétés, dont chacune se donne pour le public & croit l’être, ils présentent leurs opinions d’un ton décisif, qui leur est propre ; elle fait fortune à la capitale & dans les provinces, où les Académies menacent de devenir aussi nombreuses que l’étoient jadis les confréries ; ce public en mignature fait du théatre un nouveau collége de docteurs, qui consacrent leurs talens à l’instruction publique ; & la nation doit gémir de l’aveuglement du peuple, du préjugé du Clergé, de l’opiniâtreté des magistrats, pour qui ces respectables pédagogues sont toujours des comédiens. […] Sans entrer dans la raison des ces deux partis contraires, je voudrois les juger sur les progrès que la nation a fait dans la vertu depuis 25 ans que Voltaire, leur oracle, s’est avisé d’indiquer la nouvelle école dans les vieux jeux de paume, devenus, des salles de spectacle. […] Vous avez avec les gens de bien une querelle bien plus importante, dans le peu que j’ai parcouru de vos ouvrages, j’y ai bientôt reconnu que ces agréables Romans ne convenoient pas à l’austere dignité dont je suis revêtu, & à la pureté des idées que la Réligion nous prescrit ; réduit à m’en rapporter aux idées d’autrui, j’ai appris que vous vous proposiez une morale sage, ennemie du vice ; mais que vous vous arrêtiez souvent à des aventures tendres & passionnées, que tandis que vous combattez l’amour licencieux, vous le peignez avec des couleurs si naïves & si tendres, qu’elles doivent faire sur le lecteur une impression toute autre que celle que vous vous proposés, & qu’à force d’être naturelles elles deviennent séduisantes. […] L’Impératrice Theodora femme de Justinien, étoit fille d’un palfrenier des spectacles : elle fut de bonne heure prostituée par ses parens, Justinien en devint amoureux & l’épousa ; il eut besoin d’une dispense de l’Empereur Justin son oncle & son prédécesseur, pour pouvoir l’épouser.

279. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Porée est un homme sage, ferme & modeste, qui examine d’abord en Métaphysicien, comme les Théologiens scholastiques, si dans la spéculation le théatre envisagé dans sa nature comme la représentation d’une action humaine, ne peut pas être tourné au bien, & devenir une école de mœurs, comme l’histoire qui rapporte ces actions, la peinture qui les met sous les yeux, la philosophie qui en raisonne, la poësie épique ou lyrique qui les chante (c’est l’abstraction métaphysique de S. […] Mais qu’est devenue leur juste sévérité ? […] Infortunée Melpomene, devenue esclave d’un fol amour, corrompue & corruptrice, rougissez de votre dégradation, gémissez de vos malheurs, si vous savez les sentir ! […] pour une femme uniquement recommandable par sa beauté, souvent inconnue, dont on devient subitement amoureux, & pour laquelle il faut se battre, & contre qui ?

280. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Cette fable est pleine de bonnes instructions, une tête de femme parée est une vraie tête de Meduse ; elle le deviendra un jour très réellement dans l’autre vie en punition des péchés qu’elle a fait commettre. […] L’instrument du péché devient celui du châtiment ; c’est en même tems instruire les hommes des dangers du vice & de ses suites, en rendant difforme le bien dont on fut épris jusqu’à le préferer à Dieu même. […] C’est ainsi que s’est formée la couleur des Négres, ils mâchent du noir végétal, comme on mâche du bétel dans l’Inde, & ils sont devenus noirs. […] Les Dames nourrissant avec des grains de différens couleurs de petits troupeaux, en feront des moutons à rouge, des poules à rouge, sur lesquels le Sieur Collins pourra faire, à juste prix, ses savantes opérations, & se nourrissant elles-mêmes d’alimens rouges, elles deviendront toutes rouges. […] & devient plus beau peu de tems après qu’on l’a appliqué.

281. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

On l’inséra dans les Drames qui lui furent préférés ; il devint le chœur. […] Notre Musique héroïque pourrait bien devenir moins lente qu’autrefois. […] Rousseau) se soit éfforcé de prouver que la musique devient un langage naturel dans un Drame où tout est merveilleux ; & qu’il n’en ait pas conclu que les Poèmes de l’Opéra doivent donc toujours offrir du merveilleux : il craignait, sans doute, de donner trop de prise à la critique contre les Italiens, qu’il semble avoir fait vœu de défendre en tout. […] Il est seulement à craindre que de pareils sujets ne deviennent bientôt rares. […] que deviendrait sans leurs secours la plus-part de nos Opéras modernes ?

282. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Theophile Patriarche d’Alexandriea, parce que les Spectacles sont contraires à la discipline des Chrêtiens ; Minutius Felixb, parce qu’ils sont mauvais ; Tatienc, parce que les Comédies sont pleines de choses frivoles & inutiles ; Tertuliend, par le jugement que les hommes font de ceux qui les representent & qui passent dans leur esprit pour des gens infames ; par le jugement que Dieu même en porte, n’y aïant rien dans les Spectacles qu’il ne condamne ; parce que les Spectacles sont du nombre des pompes du diable, ausquelles nous avons renoncé dans nôtre Baptême ; parce que les Païens mêmes jugeoient qu’un homme estoit devenu Chrêtien à cause qu’il s’en abstenoit, reconnoissant que l’instinct de la pieté Chrêtienne éloignoit du theâtre ceux qui en faisoient profession ; parce qu’il est impossible d’y conserver les sentimens de pieté qu’un Chrêtien doit toûjours avoir dans le cœur ; parce que tous les objets qui s’y presentent à lui, ne sont propres qu’à le détourner de Dieu & à l’attacher à la creature ; parce qu’il est ridicule de pretendre en pouvoir faire un bon usage & les rapporter à Dieu ; parce que supposé qu’il y en eût d’honnêtes, les Chrêtiens ne doivent toûjours les regarder que comme un miel envenimé, dont ils ne peuvent goûter sans danger de se donner la mort ; enfin, parce que l’état d’un Chrêtien en cette vie est de fuïr toutes sortes de plaisirs, & de faire consister toute sa joïe dans les larmes de la penitence, dans le pardon de ses pechez dans la connoissance de la verité & dans le mépris même des plaisirs les plus innocens & les plus legitimes. […] Y a t-il de plus grande folie que de se déguiser en bêtes, de se rendre semblable à une chevre, ou à un cerf ; afin que l’homme qui a été formé à l’image & à la ressemblance de Dieu, devienne le sacrifice & la victime du demon ! […] Que si nostre corps devient difforme en sautant ainsi, combien nostre ame le devient-elle davantage. […] Les attouchemens que l’on croit illicites en d’autres rencontres, semblent devenir permis au bal.

283. (1804) De l’influence du théâtre « PREFACE. » pp. -

Son généreux dévouement, pour ramener et consolider le bonheur public, devient un exemple efficace qui gagne tous les cœurs, et rallume partout le feu sacré de l’amour de la Patrie.

284. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

Ces sortes d’alliances spirituelles deviennent rares depuis que les croyances se perdent. « Je J...

285. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Est-ce que nous ne ferons point de scrupule de manger de la viande en Carême, ou faudra-t-il se persuader que durant quarante-six jours de l’année la viande devient mauvaise par elle-même ? […] On en dédiait aussi extraordinairement aux Dieux ; et en ce cas les jours auxquels ils se faisaient, devenaient par là des jours de Fête et solennels. […] Plein de cette créature, et devenu son esclave, vous trouvez votre femme insupportable, vos enfants, vos domestiques, tout vous déplaît. […] Mais les Italiens, que le séjour des Papes à Avignon avait attiré en Provence, y étaient devenus Poètes. […] Il s’était introduit en Italie un désordre qui était devenu commun.

286. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

dans sa bouche une phrase vide deviendra scandaleuse. […] On ne saurait assez fortement le dire, ni trop le répéter : Chez un Peuple vertueux, la Comédie réformatrice des mœurs, en deviendrait la corruptrice, avec d’indignes Baladins : Chez une Nation dérèglée, la bonne Comédie peut rappeller à la vertu, jouée par des Acteurs estimables. […] Mais que deviendraient les mœurs, si les femmes cessaient de plaire, d’être recherchées, ardemment desirées ?

287. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Dans ces siecles grossiers, où le poids de l’ignorance commençoit à se faire sentir, où le besoin & l’avidité de sçavoir concouroient à rendre utile & respectable tout homme un peu plus instruit que les autres, si ceux-ci eussent été aussi sçavans qu’ils sembloient l’être, s’ils avoient eu toutes les qualités qu’ils faisoient briller avec tant de pompe, ils eussent passé pour des prodiges ; ils auroient été recherchés de tous ; chacun se seroit empressé pour les avoir, les posséder, les retenir chez soi ; & ceux qui n’auroient pu les fixer avec eux, les auroient plutôt suivis par toute la terre, que de perdre une occasion si rare de s’instruire & de devenir des Héros pareils à ceux qu’on leur faisoit admirer*. […] Ainsi l’égalité, la force, la constance, l’amour de la justice, l’empire de la raison, deviennent insensiblement des qualités haïssables, des vices que l’on décrie ; les hommes se font honorer par tout ce qui les rend dignes de mépris ; & ce renversement des saines opinions est l’infaillible effet des leçons qu’on va prendre au Théâtre. […] Quant à la simplicité des rapports sur laquelle on a voulu fonder le plaisir de l’harmonie, j’ai fait voir dans l’Encyclopédie au mot Consonance, que ce principe est insoutenable, & je crois facile à prouver que toute notre harmonie est une invention barbare & gothique qui n’est devenue que par trait de tems, un art d’imitation.

288. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

.° Ce qui se passe au cirque n'est pas moins idolâtrique : l'usage des chevaux est innocent ; consacré au démon, il devient criminel. […] Il faut punir les criminels sans doute, les coupables ont seuls intérêt de le nier ; mais l'innocent même doit s'affliger que son semblable soit devenu criminel, plutôt que de se réjouir de son supplice. […] « 24.° Il est donc évident que les spectacles sont l'ouvrage du démon et déplaisent à Dieu, que c'est la pompe du démon, à laquelle nous avons renoncé au baptême, et qu'on ne peut sans devenir apostat y participer, ni par ses regards, ni par ses paroles, ni par ses actions, ni par ses pensées.

289. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

S’il est mal choisi, s’il ne peut se plier au Théâtre, les éfforts du génie deviennent inutiles ; envain, le Poète aurait une diction brillante & soutenue, & le feu de l’imagination joint aux graces de l’esprit. […] Un jour viendra peut-être qu’ils commenceront à devenir rares.

290. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

on rentre chez soi avec un cœur blessé, qui porte encore le trait empoisonné ; on a perdu le goût de la vertu & de la pudeur ; les plaisirs légitimes deviennent insipides ; le crime devient un assaisonnement nécessaire pour les rendre agréables & piquans ; on méprise tout ce qui ne porte pas écrit sur le front le caractere du vice, tout ce qui n’est pas marqué au sceau du démon.

291. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Il nous est défendu d'être spectateurs des duels, de peur que nous ne devenions complices des meurtres qui s'y font: Nous n'osons pas assister aux autres Spectacles, de peur que nos yeux n'en soient souillés, et que nos oreilles ne soient remplies de vers profanes qu'on y récite; comme lors qu'on décrit les crimes, et les actions tragiques de Thyeste, et qu'on représente Terrée mangeant ses propres enfants; et il ne nous est pas permis d'entendre raconter les adultères des Dieux, et des hommes, que les Comédiens attirés par l'espoir du gain, célèbrent avec le plus d'agrément qu'il leur est possible: Mais Dieu nous garde, nous qui sommes Chrétiens, dans qui la modestie, la tempérance, et la continence doivent reluire, qui regardons comme seul légitime le Mariage avec une seule femme, nous chez qui la chasteté est honorée, qui fuyons l'injustice, qui bannissons le péché, qui exerçons la justice, dans qui la Loi de Dieu règne, qui pratiquons la véritable Religion, que la vérité gouverne, que la grâce garde, que la paix protégé, que la parole divine conduit, que la sagesse enseigne, que Jésus-Christ qui est la véritable vie régit, et que Dieu seul règle par l'empire qu'il a sur nous: Dieu nous garde, dis-je, de penser à de tels crimes, bien loin de les commettre. […] Alors les Comédiens feront mieux paraître leur souplesse, étant devenus plus légers et plus agiles par le feu qui les pénètrera, etc.

292. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

La raison est une chose fort excellente, mais elle devient mauvaise quand les hommes en abusent aussi bien que de la volupté. […] Que deviendrait enfin cette propriété de rire qui se retrouve en l’homme à la distinction des autres animaux, s’il ne se rencontrait quelque objet légitime pour donner exercice à cette puissance : C’est selon l’avis de GUILLOT-GORJU pour cette raison que nous estimons fous et insensés ceux qui rient pour rien et sans aucun sujet légitime : Si on veut donc condamner le plaisir de la Comédie, il faut aussi désapprouver le plaisir du Cours, des promenades, du récit gracieux des Histoires, de la Musique, des Tableaux et mille autres récréations qui ont été inventées, pour assaisonner les actions de la vie.

293. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Le beau monde, les jolis Auteurs sont devenus Comédiens, leur style, leur conversation chante et danse, leur plume, leur imagination fait des entrechats, leurs propos forment des ariettes et des pas de trois. […] Cette vérité est devenue un proverbe : La familiarité engendre le mépris.

294. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

Que deviendrait l’espèce humaine, si l’ordre de l’attaque et de la défense était changé ? […] « Le vin tente moins la jeunesse et l’abat moins aisément ; un sang ardent lui donne d’autres désirs ; dans l’âge des passions toutes s’enflamment au feu d’une seule, la raison s’altère en naissant, et l’homme encore indompté devient indisciplinable avant que d’avoir porté ce joug des lois. […] Il se rend l’ennemi public par l’exemple et l’effet de ses mœurs corrompues […] Il vaudrait mieux qu’il n’eût point existé.

295. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

Aux païens, il est vrai, l’on pardonne aisément Qu’un héros courageux devienne un lâche amant.

296. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

On se voit soi-même, dans ceux qui nous paraissent comme transportés par de semblables objets : on devient bientôt un acteur secret dans la tragédie ; on y joue sa propre passion, et la fiction au dehors est froide et sans agrément, si elle ne trouve au-dedans une vérité qui lui réponde.

297. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

Les actes émanés du souverain, élaborés et proclamés dans les assemblées législatives, et adoptés par le roi, deviennent loi de l’état.

298. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

L’esprit se trouve encore à la Comédie après que l’on en est sorti, et comme il s’est accoutumé à des passions violentes, à voir des choses qui le remuent fortement, il devient insensible aux mouvements du S.

299. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

On sait bien qu’elle est plus curieuse que solide ; que quand elle demeure dans les termes de la Nature et qu’elle ne consulte que les Astres, elle est ignorante ; que quand elle passe ces bornes, et qu’elle consulte les Démons, elle devient criminelle : De sorte qu’en quelque état qu’on la regarde, elle doit être toujours suspecte au Souverain, et il faut qu’il demeure bien persuadé, qu’il n’y a point d’argent plus mal employé que celui qu’on donne pour la récompense d’un Art qui ne vend que des conjectures ou des mensonges.

300. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

L’homme toute sa vie le plus pieux & le plus sage, dans un âge très-avancé, devient amoureux, & fait mille folies, dans le plus fort des horreurs de la guerre, dont il est un des chefs, devient rival d’un jeune Prince, & l’appelle en duel ; ce qu’à peine la fougue d’une aveugle jeunesse pourroit faire croire. […] Nos descendans seront forcés d’avouer que la nation s’opposoit elle-même à ses plaisirs, meconnoissoit ses droits, & ignoroit que l’économie & une sage distribution donnent seules à la gloire & aux récompenses, l’éclat qui les fait briguer  ; mais sur tout nos descendans gémiront de voir la plaie que fait à la Réligion & aux mœurs, la considération qu’on accorde aux corrupteurs de la vertu, à moins que la corruption devenue héréditaire, ne fasse penser la postérité aussi peu chrétiennement que nous. […] L’esprit républicain devient grandeur d’ame ; la fierté Romaine gasconnade ; le goût du siécle, le caractère des Nations, le style des auteurs donnent à Melpomene & à Thalie des airs, un accent, une phisionomie différente.

/ 486