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23. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

N ous comprenons dans ce mot tout ce qui est Dramatique, & qui se represente sur la Scene, soit Tragique, soit Comique, soit Satyrique. […] Mais ie crois pouvoir dans les choses de pur plaisir preferer le goust vulgaire & moderne à toutes les recherches, & à toutes les citations des plus grands hommes, & des plus profonds Humanistes : & ie ne fais point difficulté de dire que nous avons veu sur nôtre Scene, des Ouvrages qui ne cedent en rien à ceux de l’Antiquité, & dont l’ordre, le dessein & l’execution seroient des exẽples precieux, mesme aux anciens Tragiques & Comiques, que nous prenons pour nos exemples. […] Nous voyons tous les jours éclorre de nouvelles & admirables Productions & Tragiques & Comiques, & un nombre considerable d’excellens Poëtes & de grands Ouvrages.

24. (1715) La critique du théâtre anglais « TABLE DES PRINCIPALES matières. Contenues dans ce Volume. » pp. 494-500

Caractère abrégé d’Eschyle, 41 La Chasteté de l’expression dans ce Tragique, 42 Le génie et la conduite de Sophocle dans ses poèmes où la chasteté règne toujours, 45 Caractère d’Euripide différent des deux premiers, 49 La pureté de son style, là même. […] Par l’exemple des Tragiques d’Athènes, 150 Sénèque plus criminel sur cet article que les Poètes Grecs ; mais moins aussi que nos Auteurs, 163 Exemple des Païens ; vain prétexte pour des Chrétiens, principalement en cette matière, 164 Nulle de ces impiétés ne saurait être permise sous quelque prétexte que ce soit, 167 CHAPITRE troisième.

25. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Ceci nous mène à l’examen des Auteurs tragiques & d’Homere leur chef*. Car plusieurs assurent qu’il faut qu’un Poëte tragique sçache tout ; qu’il connoisse à fond les vertus & les vices, la politique & la morale, les loix divines & humaines, & qu’il doit avoir la science de toutes les choses qu’il traite, ou qu’il ne fera jamais rien de bon. […] Si donc l’Auteur tragique sçavoit réellement les choses qu’il prétend peindre, qu’il eût les qualités qu’il décrit, qu’il sçût faire lui-même tout ce qu’il fait faire à ses personnages, n’exerceroit-il pas leurs talens ? […] Quand donc, ami Glaucus, vous rencontrerez des enthousiastes d’Homère ; quand ils vous diront qu’Homère est l’instituteur de la Grèce & le maître de tous les arts ; que le gouvernement des États, la discipline civile, l’éducation des hommes & tout l’ordre de la vie humaine sont enseignés dans ses écrits ; honorez leur zèle ; aimez & supportez-les, comme des hommes doués de qualités exquises ; admirez avec eux les merveilles de ce beau génie ; accordez-leur avec plaisir qu’Homère est le Poëte par excellence, le modèle & le chef de tous les Auteurs tragiques. […] C’étoit le sentiment commun des Anciens, que tous leurs Auteurs tragiques n’étoient que les copistes & les imitateurs d’Homère.

26. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Voilà d’abord un intérêt de situation, & du plus tragique. […] Nous n’avons point de Piece où l’amour soit plus tragique ; il y produit des effets funestes. […] Le sujet de Phedre est encore plus tragique. […] Un fonds vicieux & si peu tragique, n’est point sauvé par la noblesse des sentimens, ni par la beauté de la versification. […] C’est le triomphe du vrai tragique, & de l’art des vers.

27. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Des caractères & des Mœurs Tragiques. […] L’action Tragique qui représente de grandes révolutions & des Héros qui y prennent part, éleve merveilleusement le génie dans cette composition ; cependant il n’y a rien de si rare de nos jours, que des caractères bien soutenus. […] Leurs Ouvrages sont marqués au coin du mépris qu’ils en font ; & on sait assez ce que les caractères des personnages tragiques y gagnent en particulier.

28. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

Pour avoir des nouveautés au Comique, au Tragique, il faut un second Théâtre dans notre Capitale. […] Ces Messieurs & ces Dames ne jouent que huit Piéces nouvelles par an, soit tragiques, soit comiques ; tandis qu’ils pourroient en donner vingt-quatre ; ils doivent même cette déférence, cette soumission aux Auteurs qui les font vivre, & au Public qui les soudoye. […] Pour donc détruire ce funeste usage, cet odieux établissement, je propose un Tribunal composé de huit Gens de Lettres, qui auroient une réputation faire par trois succès au Théâtre, quatre dans le Tragique, quatre dans le comique, afin de juger les Poëmes que le génie a composé.

29. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

Pollux distingue trois sortes de masques de Théâtre, des Comiques, des Tragiques & des Satyriques : il leur donne à tous, dans la description qu’il en fait, la difformité dont leur genre est susceptible, c’est-à-dire, des traits outrés & chargés à plaisir, un air hideux ou ridicule, & une grande bouche béante, toujours prête, pour ainsi dire, à dévorer les Spectateurs. […] La dernière sorte de masques, ne représentait que des figures affreuses, telles que les Gorgones & les Furies… En général la forme des masques comiques portait au ridicule, & celle des masques tragiques inspirait la terreur*.

30. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [FRONTISPICE] »

[FRONTISPICE] TRAITÉ DES JEUX COMIQUES ET TRAGIQUES.

31. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Après un Spectacle tout en Musique, quelque Tragique qu’en ait été le Sujet, après un Opéra, a-t-on besoin d’un pareil reméde ? […] On m’objectera Lucien qui peint l’Acteur Tragique, chantant des Iambes, modulant des calamités. […] Les Auteurs Tragiques se forment long-tems en particulier, dit Ciceron, avant que de reciter sur le Théâtre, antequam pronuntient. […] Je crois que dans les Représentations Tragiques la Flutte pouvoit faire un véritable accompagnement ; mais je crois aussi que ce n’étoit que dans les endroits tristes, dans les lamentations. […] C’est ce qui arrivoit souvent, parce que les mauvais Comédiens sont plus communs que les bons, & les cris des mauvais Acteurs Tragiques, donnerent lieu aux railleries de Lucien : mais puisque par d’autres passages, nous apprenons que souvent les Spectateurs étoient en larmes, nous ne devons pas douter que la Déclamation ne fût alors très-naturelle.

32. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Si vous aimez les ouvrages d’esprit, lisez les livres des Écritures, vous y verrez une science, une éloquence, une poësie, bien supérieures à tous les Poëtes tragiques & comiques. […] ces Poëtes tragiques & comiques, palpitant d’effroi, non au tribunal de Minos & de Rhadamante, mais à celui de Jesus-Christ ! […] La scène tragique y va puiser ses plus beaux traits. […] Dieu n’a point élevé des théatres pour rendre les hommes heureux dans le paradis terrestre, où tous les biens étoient réunis ; on n’y jouoit point de comédies, à moins qu’on ne donne pour une piece dramatique la tragique scène qui perdit l’homme, & qui fut le modelle de toutes les autres, par la séduction & ses effets.

33. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Le premier Essai du Spectacle Tragique se fit à S. […] L’Enfant dans son Histoire du Concile de Constance rapporte que quand l’Empereur y arriva, les Evêques Anglois firent représenter devant lui en 1417 une Comédie ou Moralité sur la Naissance du Sauveur, l’arrivée des Mages, & le massacre des Innocens, Sujet fort Tragique, qui a aussi paru sur notre Théâtre, aussi bien que la Décollation de S. […] Il traitoit de grands Sujets, comme Lucifer, ou la chute des Anges, chute arrivée, suivant le Poëte, parce que le Diable étoit amoureux d’Eve, la Délivrance du Peuple d’Israel, David livrant les enfans de Saül aux Gabaonites pour être pendus, la prise d’Amsterdam, Palamede, Piéce fameuse, qui rappellant aux Spectateurs la fin tragique de l’illustre Barnevel, eût causé celle du Poëte, si l’on n’eut trouvé le secret de le dérober à la colere du Stathouder. […] Je parlerai dans la suite de cette Piéce ; & à l’égard du succès de la Merope sur les Théâtres de l’Italie, je rapporterai ce qu’en a écrit Riccoboni, qui y contribua beaucoup par son talent pour la Déclamation tragique, talent devenu très-rare dans le Pays de Roscius, parce que, dit-on, le Peuple en Italie n’a jamais aimé les Spectacles tristes.

34. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

Ce pere de notre scène sentoit que cette passion uniforme dans ses effets comme dans ses causes, ne pouvoit produire que des impressions foibles & peu tragiques. […] Si on met cette espéce de caractère sur le Théatre, l’une de ces passions a toujours le pas, & on peut remarquer parmi nous que ce n’est presque jamais celle qui feroit les plus fortes impressions ; ainsi on dégrade les personnages tragiques, & on rend la scène languissante.

35. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Hégémont de Thasos est l’Auteur de la Parodie dramatique ; c’est encore les Grecs qui nous l’assurent : il l’a mit en action en composant des Vers de plusieurs tragiques célèbres une Comédie dans les règles ; il s’appliquait à donner un sens burlesque à une pensée noble & sublime. […] Cette Pièce est pleine de railleries spirituelles sur Homère, & contre divers Auteurs tragiques.

36. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Ce sont ordinairement des esprits légers, des hommes inutiles, des époux qui, fatigués de leurs querelles domestiques, seraient chez eux des acteurs peut-être plus tragiques et plus comiques que ceux qu’ils vont voir. […] Ils ajoutent que, si vous n’y renoncez pas pour toujours au lit de la mort, vous vous donnerez, à vous-même et aux autres, un spectacle bien triste et bien tragique.

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