Je demande, si pour imiter la nature par exemple d’après un autre tableau, avec les secours des couleurs, il faut être animé de toutes ses lumières, instruit de tous ses moyens, enfin s’il faut être la nature même? […] Peinture modernes, épris d’une sotte vénération pour les anciens, n’ayent fait servir leurs pinceaux qu’à copier leurs tableaux. […] Tels sont les Comédiens à l’égard des Auteurs : copistes serviles ; il ne leur faut que de l’attention pour entrer dans leurs idées & les mettre dans un beau jour ; comme l’Eleve n’a besoin que de voir les Tableaux d’un Maître pour les rendre.
L’habitude, qui le familiarise avec tout, lui rend insuportable le tableau de ses penchants, tandis que la pratique lui en fait une source de délices. […] Elle est puissamment aidée à la produire, & même à la dévancer, par un principe plus actif encore ; on pourroit voir l’amour propre étendre avec empressement un voile épais fur le tableau de nos fautes, pour les dérober aux yeux de nos semblables, ou faire des efforts pour nous corriger. […] » Il valloit bien mieux par des tableaux vrais & forts, de leurs déréglements, travailler à les en faire rougir.
Il faut passer légèrement sur le tableau de la volupté : elle est à craindre dans le temps où l’on conspire contre elle : il faut s’en défier lors même qu’on la pleure. […] Une statue, un tableau sans drapperie, dit S. […] On ne souffre pas au théatre, dit-on, des tableaux indécens. […] Mais est-il de tableau dans l’Arétin ou les Carraches, qui allume plus rapidement l’incendie qu’une femme immodeste ? […] Il n’est point de mauvais livre, de piece licencieuse, qui dans les séduisantes comparaisons des lys & de la neige, n’en trace le dangereux tableau : qui en ignore les pernicieux effets ?
La différence de leurs manieres ne produira point ces nuances marquée, qui, d’un Grec, font un Espagnol, &c. mais seulement celles qui font dire ce tableau est d’un tel Auteur. […] Ces tableaux raprochés montreroient, sous un seul point de vûe, la marche générale de la pièce ; les diverses passions qui la soutiennent & le jeu des caractères. […] Ceux-là constituent l’ordonnance & le dessein du tableau.
Nous sentons tous que nous ne sommes pas les maîtres de notre sort ; que c’est un Etre supérieur qui nous emporte quelquefois, & le tableau d’Œdipe, n’est qu’un assemblage de malheurs, dont la plupart des hommes ont éprouvé au moins quelque partie ou quelque degré. […] Ce premier Tragique avait pour ainsi dire raproché les passions des Anciens, des usages de sa Nation ; Racine, plus naturel, mit au jour des Pièces toutes Françaises : guidé par cet instinct national qui avait fait applaudir les Romances, la Cour-d’Amour, les Carrousels, les Tournois en l’honneur des Dames, les Galanteries respectueuses de nos Pères, il donna des Tableaux délicats de la vérité de la passion qu’il crut la plus puissante sur l’âme des Spectateurs pour lesquels il écrivait. […] A des portraits où règne toute l’élévation & toute la noblesse de Raphaël, succèdent de misérables tableaux dignes des Peintres de Taverne.
Les Comédiens d’Italie, dit-on, sont dévots, leurs chambres sont tapissées d’images, ils ont tous chez eux un tableau de la Madona de Bologne (la Sainte Vierge), ils en ont toujours dans la loge du distributeur des billets. […] En France les tableaux de Vénus, d’Adonis, du bain de Diane, &c. les portraits des Acteurs & des Actrices, qui les valent bien, sont les seules images auxquelles on a dévotion. […] Quand elles se disposent à quelque aventure qui offense la Madona & son Fils, qui sont à la ruelle du lit, elles ont soin de voiler le tableau, afin que le saint Enfant & sa mere ne le voient pas. […] Les Dames Françoises n’ont pas besoin de tirer de rideau dans ces momens, leurs tableaux sont de nature à être plutôt découverts pour instruire & animer les Acteurs. […] Ils ne sont plus si dévots aujourd’hui, ils se sont apprivoisés avec les tableaux de Cythere, & ne mettent plus leurs pieces sous les auspices des ames du purgatoire.
Ils ont honte de ses transports, parce que la refléxion leur a présenté dans un grand jour le tableau des déreglemens de cette passion. […] C’est dans l’histoire des grandes révolutions qu’on trouvera des tableaux qui ne ressemblent point.
Que ledit François-Charles Huerne de la Mothe, sera & demeurera rayé du Tableau des Avocats, étant au Greffe de la Cour, en date du neuf Mai dernier, & que l’Arrêt qui interviendra sur leurs présentes Conclusions, sera imprimé, lû, publié & affiché par-tout où besoin sera. Eux retirés ; Examen fait dudit Imprimé, la matiere sur ce mise en délibération : LA COUR, ordonne que le Livre en question sera lacéré & brûlé par l’Exécuteur de la Haute Justice, au pied du grand Escalier du Palais ; fait défenses à tous Imprimeurs, Libraires, Colporteurs ou autres, de l’imprimer, vendre, colporter ou autrement distribuer, à peine de punition exemplaire : ordonne en outre que ledit François-Charles Huerne de la Mothe sera & demeurera rayé du Tableau des Avocats, étant au Creffe de la Cour, en date du neuf Mai dernier ; comme aussi ordonne que le présent Arrêt sera imprimé, lû, publié & affiché par-tout où besoin sera.
C’est avec raison que j’employe le terme peindre, puisque la plupart des Auteurs de Poètique appellent un Drame un tableau : le Poète n’est donc que le Peintre, & le Comédien prend réellement la ressemblance des objets qu’on lui indique. […] « Il faut, dit-il, écrire la Pantomime toutes les fois qu’elle fait tableau ; qu’elle donne de l’énergie ou de la clarté au discours ; qu’elle lie le Dialogue ; qu’elle caractérise ; qu’elle consiste dans un jeu délicat qui ne se devine pas ; qu’elle tient lieu de réponse ; & presque toujours au commencement des Scènes. » Les Poètes du nouveau Théâtre qui affectent d’écrire la Pantomime, ne la marquent-ils que dans les circonstances si judicieusement prescrites par M.
Ils se sont imaginés qu’elle n’était qu’un tableau grotesque d’une chose grave & sérieuse ; ils ont cru que tourner en plaisanteries les endroits les plus sérieux des Ouvrages estimés, c’était produire une éxcellente Parodie. […] Quelle gloire acquérerait le Peintre qui ne ferait que suivre l’èxquisse qu’on lui fournirait, ou qui ne serait capable que d’ajouter de nouvelles couleurs à un tableau ?
Tout cela subsiste encore, & dans les tableaux qui représentent l’enfer poétique, & sur le théâtre de l’opéra, où on les fait sortir de terre, avec des torches, des cornes, de la fumée, du feu. […] La forme de la salle intérieure est arrondie, & son plafond un bel ovale, rempli par un tableau allégorique représentant les muses, les talens liriques, assemblée par le génie des arts sur un char enflammé ; qui fait fuir l’ignorance & l’envie. […] Nous ne suivrons pas le détail infini qui fait la description des colomnes, plafonds, galeries, lustres, tableaux, glaces, marbres, statues : &c. […] Il ne faut pas avertir que ce ne sont pas des crucifix, des images des Saints ; des tableaux de dévotion ; ce ne sont pas même des tableaux indifférents d’histoire, de païsages d’animaux, des machines.
Ce tableau du monde est plus dangereux que le monde même. […] Voilons ce tableau, ne réveillons pas des idées qu’on est trop heureux d’ignorer. […] Tous les examens de conscience, toutes les préparations à la pénitence, à l’Eucharistie, tous les détails de vices, les tableaux du monde & de ses pompes, du démon & de ses tentations, de la chair & de de ses penchans, mettent la fréquentation du théatre au nombre des péchés & des obstacles à la réception des sacremens.
C’étoit un de ces tableaux où par les regles de la perspective ces traits bizarres, regardés dans un certain point de vue, représentent un objet régulier. Le point de vue de celui-ci étoit un cylindre optique qui placé au bout du tableau, rassembloit tous ces traits, & en formoit une belle femme. […] Le théatre est à peu près semblable à ce cabinet par les nudités des tableaux & des Actrices. […] Son jargon même est agréable, on en lit avec délire les extraits, les aventures, on en contemple les tableaux, on se fait un bonheur d’être ensorcelé & d’ensorceler les autres. […] Le tableau de cette scene scandaleuse, comme le rapporte Terence, perdit un jeune homme & une jeune fille qui le regardoient.
Que deviendrait enfin cette propriété de rire qui se retrouve en l’homme à la distinction des autres animaux, s’il ne se rencontrait quelque objet légitime pour donner exercice à cette puissance : C’est selon l’avis de GUILLOT-GORJU pour cette raison que nous estimons fous et insensés ceux qui rient pour rien et sans aucun sujet légitime : Si on veut donc condamner le plaisir de la Comédie, il faut aussi désapprouver le plaisir du Cours, des promenades, du récit gracieux des Histoires, de la Musique, des Tableaux et mille autres récréations qui ont été inventées, pour assaisonner les actions de la vie. […] Il y a non seulement des farces indifférentes, mais honnêtes ; et si on demande combien il y a de Comédies honnêtes, on peut répondre qu’il y en a autant que d’actions honnêtes parmi les hommes : que si ce qui suit la Comédie peut être plus proprement appelé le tableau des actions humaines, si par hasard on y représente quelque chose qui choque la modestie, combien les actions en effet sont-elles plus odieuses, dont les Comédies ne sont que le tableau ?