Il n’en est, ce me semble, aucune qui ne laisse dans notre âme après la représentation, quelque grande et utile leçon de morale plus ou moins développée. […] Il me semble que le sujet et les détails de la pièce, que le sentiment même qu’elle produit en nous, prouvent le contraire. […] Rien n’est, ce me semble, mieux ménagé et gradué plus adroitement que cette scène ; et je dois rendre cette justice à nos spectateurs modernes, qu’il en est peu qu’ils écoutent avec plus de plaisir. […] Il me semble qu’ils doivent produire sur tous les gens de goût le même effet qu’un son aigre et discordant qui se ferait entendre tout à coup au milieu d’une musique touchante. […] Il me semble au contraire que les hommes devant être plus vertueux à proportion qu’ils connaîtront mieux les véritables sources de leur bonheur, le genre humain doit gagner à s’instruire.
Et ce qui semble prodigieux, les antiquités se consomment par la suite des ans, agitées par le jouet de fortune, ébranlées par les hasards, et tenues par la négligence : la seule mémoire de vos actions, célébrée par tant de bouches, honorée par tant de plumes, et conservée par le soin de l’histoire, qui remplit un monde du bruit de vos conquêtes, a pour conservateur le temps, qui dissipe toutes choses. […] C’est elle qui par la lecture et considération des choses louables égale la prudence d’une jeunesse bouillante à celle d’une vieillesse expérimentée, réveille les esprits impuissants pour les faire aspirer à la grandeur, excite les plus puissants à mériter un los immortel, salaire de leurs bonnes vies, anime les soldats par l’immortalité de ceux qui n’ont redouté les dangers pour la conservation de leurs parties, retire les méchants de leur impiétés par la crainte d’infamie, exhorte à la vertu, déteste le vice, guerdonne les bons, abhorre les méchants, et se rend tellement utile aux humains, qu’elle semble servir d’une sage maîtresse pour les former à l’honneur par son instruction. […] Ce Comédien Romain était si naïf en ses personnages, et si violent en ses actions, qui semblaient requérir quelque affection, qu’il tua d’un coup de Sceptre un importun sur le Théâtre, rendant la comédie tragique, ou la tragédie plus funeste.
que la comédie partage avec Dieu et avec l’office divin les jours de dimanche ; et l’autre où il abandonne à ce divertissement même « le temps de carême : encore, continue-t-il, que ce soit un temps consacré à la pénitence, un temps de larmes et de douleurs pour les chrétiens ; un temps, où, pour me servir des termes de l’écriture, la musique doit être importune, et auquel le spectacle et la comédie paraissent peu propres, et devraient ce semble être défendus. » Malgré toutes ces raisons, qu’il semble n’avoir proposées que pour passer par-dessus, malgré le texte de l’écriture dont il les soutient, il autorise l’abus de jouer les comédies durant ce saint temps.
Les mouvemens de cette passion molle leur sembloient peu dignes de la grandeur du Théatre. […] Il semble qu’on ait été obligé de dérober aux bienséances, ce qu’on donne à l’amour. […] On y semble, dit Scaliger, plus attentif à endormir nos sens dans la langueur de la satiété, qu’à rallumer notre curiosité. 10 Il est une autre classe de Spectateurs sur lesquels l’amour semble avoir épuisé tous ses traits.
Il me semble qu’on peut ajouter pour la réformation du Théâtre des raisons puissantes. […] Je me suis plus arrêté à la Tragédie qu’à la Comédie, parce qu’il me semble que le goût de la Nation & des Auteurs est tourné presque totalement au Tragique. […] Je dois d’abord, disoit-il à MM. de l’Académie Françoise, déclarer que je ne souhaite point qu’on perfectionne les Spectacles où l’on ne représente les passions corrompues que pour les allumer… Il ajoute : il me semble qu’on pourroit donner aux Tragédies une merveilleuse force, suivant les idées très-philosophiques de l’Antiquité, sans y mêler cet amour volage & déréglé qui fait tant de ravages ***. Fénelon ne paroît pas exclure l’autre amour ; il semble ne pas le désapprouver dans Térence ; il parle ensuite de la Phédre de Racine ; ce Tragique, dit-il, a fait un double spectacle en joignant à Phédre furieuse, Hippolite soupirant contre son vrai caractere. […] Il semble par quelques Piéces mises sur les différens Théâtres de la Capitale dans ces dernieres années, que des Auteurs amis de la vertu veuillent annoblir la Scene, faire tourner le goût de la Nation du côté des objets que nous avons indiqués, enfin convertir le Spectacle en une École de mœurs, d’humanité, de sensibilité, de bienfaisance.
Enfin, les corps de soy immobiles en sont agitez, & semblent en recevoir un suplément d’esprit & d’ame, qui leur donne du mouvement & de l’action. Ces agreables & spirituelles inventions, & cette surprenante varieté d’effets, semblent ne dépendre que d’un beau feu, d’une subtile & vive imagination.
Ceci confirmerait le sentiment de d’Aubignac, qui semble soutenir qu’on ne doit point s’attacher au stile dans une Pièce de Théâtre. […] D’Aubignac semble déclarer en termes éxprès, que c’est avec raison que notre nouveau Spectacle employe le langage de la populace, car ce qu’il dit de la Comédie est plus analogue au Spectacle moderne. […] Il me semble que Blifil fait un singulier compliment à l’aimable Sophie. […] Je vais citer un Vers qui me semble tout-à-fait comique. […] Il semble qu’il y ait différente classe de Lions, des sauvages & des apprivoisés.
Le célèbre Rousseau de Genève semble dire, que le terme Ariette n’est propre qu’aux Drames du nouveau Théâtre ; il voudrait qu’on employât une èxpression plus relevée pour désigner cette partie du chant de l’Opéra-Sérieux, si différente du récitatif. […] C’est pourquoi il me semble que l’Auteur de la Fée Urgèle se trompe lorsqu’il met tant de finesse & de choses recherchées dans ses Ariettes. […] Il semble d’ailleurs que le travail du Poète a plus de mérite lorsque ses Vers sont d’une mesure égale ; il est alors à supposer qu il a eu plus de peine à rendre sa pensée. […] Faute d’attention, il arrive que pour suivre éxactement son chant, il rend bréves des syllabes longues, place un repos sur la moitié d’un mot, & semble quelquefois diviser en deux une seule lettre. […] « Les Poètes doivent savoir que le passage de la déclamation à la musique ne peut être sauvé que par un accroissement dans la passion, ou dans l’intérêt, qui semble appeller de lui-même une èxpression nouvelle & plus éxagérée.
Car il y a des choses que la Loy des commandemens estouffe dãs le silence, & qui neãtmoins seruent souuent d’instruction bien qu’elles soient défenduës, & d’autres qui semblent oubliées, bien qu’elles soient escrites. […] Car ceux qui gaignent leur vie aux dépens de leurs jouës qu’ils exposẽt aux coups & aux soufflets, sont ils pas bien fous de viure ainsi sur le plaisir du peuple, à qui ils se donnent eux mesme en spectacle ; & ceux qui lient entre eux vne partie de manger auec excés, & qui en disputent publiquement la gloire, après s’y estre disposez par vne diette extréme, & qui surpasse ce semble les forces de nostre nature ; sont-ils dignes de loüange ? […] Parmy ces tenebres il sera esclairé d’vne infinité de celestes flambeaux, il verra les estoilles errantes & mobiles, il verra les fixes, il verra tous ces beaux astres qui semblent amener vn nouueau iour. […] C’est assez de dire que Dieu en est l’ouurier, & que les hommes ont esleué les autres, dont les embellissemens & la structure qui nous semble prodigieuse, ne sont autre chose qu’vn assemblage confus, & vn peu curieux des pierres qu’on a arrachées du sein des carrieres & des montagnes. […] Il verra le Ciel fournir au defaut des greniers la mãne & les moissons, & les fleuues suspendre leur cours rapide & remonter ce semble vers leur source, pour donner le passage libre sur leur sable.
Nous ne lisons quasi aucun des Anciens, qui ait parlé de cette matière, qui ne reprenne beaucoup tels jeux : lesquels je suis aussi certain que les magistrats Chrétiens n’approuvent aucunement, ains étant chargés du pesant faix d’une si grande police, les permettent seulement, comme nous avons vu les prêches des hérétiques et bordeauxv publics être permis, en intention d’éviter plus grands maux : mais toutefois s’il fallait permettre le mal, il me semble du tout intolérable que ce soit sous le titre de la Passion, comme il ne serait loisible et ne devrait être permis aux femmes débauchées, se titrer de la confrérie de la très sacrée et très pure vierge Marie mère de Dieu. De quoi qui me demanderait mon avis, en conscience je dirais sous correction de meilleur avis, qu’il me semble avec monsieur Gerson, que ceux qui ne s’opposent à tels scandales, et blasphèmes de la religion Chrétienne pèchent : Et me semble que l’Evêque est tenu d’ôter la confrérie, plutôt que permettre telles choses si contraires marcher ensemble : comme aussi il n’est raisonnable de faire dire Messes d’un si vilain gain, ne de recevoir telles gens à l’offrande, ni à la sainte Communion. Voilà ce que m’en semble, sans avoir en intention d’offenser, diffamer ou irriter personne.
Martial et Juvenal semblent appuyer ce dernier sentiment. […] Les paroles latines de notre auteur semblent favoriser ce sentiment : « Ex ore quo Amen in sanctum protuleris, gladiatori testimonium reddere. […] Entre les pères de l’église quelques-uns semblent avoir cru la même chose. […] Quoique Lacerda prétende que dans l’un et dans l’autre de ces pères, il faut lire quæstuarii filius, et non pas puæstuariæ, qui signifie quelque chose d’ignominieux ; il me semble néanmoins qu’on peut donner à ce dernier terme la signification que je lui ai donnée.
mauvais Prince, par la seule raison qu’il se trouverait à l’instant de la catastrophe dans une situation délicate qui semblerait le contraindre d’agir de la sorte ? […] d’ailleurs, les Poètes Dramatiques tiraient du contraste plusieurs avantages ; ils fesaient sortir avec force le principal caractère mis en action ; il semble qu’on en sentait un peu plus le ridicule ou le mérite. […] La règle que je conseille ici paraîtra peut-être une étrange nouveauté à notre Spectacle ; il me semble au moins qu’elle lui est assez inconnue. […] Mais il me semble que le tutoyement entre gens qui s’aiment, annonce trop de familiarité.
En louant à outrance la méthode qu’ils semblent avoir le plus généralement adoptée, j’ai cherché à montrer davantage le ridicule qu’il y a de représenter sur la scène des objets dégoûtans & trivials : Le bon goût a dû prescrire en tout tems de prêter une certaine noblesse à ces objets trop méprisables au Théâtre des honnête gens, lorsqu’ils sont dépeints dans toute leur bassesse ; c’est ce que doivent se proposer les Poètes du nouveau genre qui voudront faire agir des gens obscurs, pris dans le menu Peuple. […] On doit conclure encore, après avoir lu cet Ouvrage avec attention, qu’il peut être utile aux Poètes & aux Musiciens des différens Spectacles, qui de nos jours semblent trop souvent vouloir négliger les règles, en cherchant à se distinguer par des nouveautés singulières, sans songer qu’ils s’écartent alors de ce qui plaît réellement ; puisque les règles ne sont établies que d’après ce qui charme généralement les hommes éclairés.
La plus-part des Auteurs Anciens & Modernes semblent avoir écrits en sa faveur. […] Il semble (ce sont les énnemis de l’Opéra-Bouffon qui vont parler.) Il semble que d’Aubignac ait prophétisé ce qui se passerait de nos jours lorsqu’il dit ; « La Comédie est demeurée parmi nous, non-seulement dans la bassesse, mais dans l’ignorance ; car elle s’est changée en cette farce, ou impertinente bouffonnerie, que nos Théâtres ont souffert ensuite du Poême Dramatique, sans art, sans partie, sans raison10. » Le nouveau Spectacle pourrait-il mieux être défini ? […] La Musique seule l’anime, dès qu’il en est dénué, il languit, il tombe, & semble un corps sans ame. […] Ajax porte fouet semble annoncer un cocher ; Œdipe ne promet qu’un homme dont les pieds sont percés ; &c ; L’Eunuque ne fait pas attendre des choses bien distinguées.