Les leçons du théâtre sont l'orviétan des mœurs, pure charlatannerie.
C’est ici que commence le caractère le plus plaisant et le plus étrange des Bigots ; car la Suivante ayant dit que « Madame n’a point soupé », et Monsieur ayant répondu, comme j’ai dit : « Et Panulphe », elle réplique qu’« il a mangé deux perdrix et quelque rôti outre cela », ensuite qu’« il a fait la nuit toute d’une pièce », sur ce que « sa Maîtresse n’avait point dormi », et qu’enfin, « le matin, avant que de sortir, pour réparer le sang qu’avait perdu Madame, il a bu quatre coups de bon vin pur ». […] Que le sentiment du Ridicule soit le plus froid de tous, il paraît bien, parce que c’est un pur jugement plaisant et enjoué d’une chose proposée : or il n’est rien de plus sérieux que tout ce qui a quelque teinture de passion ; donc il n’y a rien de plus opposé au sentiment passionné d’une joie amoureuse, que le plaisir spirituel que donne le Ridicule.
Chacun peut avoir la clef des champs quand il lui plaît : Nous pouvons aller où nous voulons sans craindre que la terre nous manque : Les grands chemins nous mènent toujours plus loin que nous n’avons de forces et de loisir pour marcher ; nous en prenons tant que nous voulons sans en être obligés à personne ; nous y respirons un air beaucoup plus pur que dans le logis. […] Une chose matérielle, comme le son, peut-elle agir sur un pur esprit, comme était celui, qui tourmentait Saül ? […] Le Bal et la Danse ont tant de rapports et de dispositions au péché, que les saints Pères de l’Eglise qui sont nos Oracles et les plus pures sources de la Morale Chrétienne ne nous en ont parlé que comme d’une invention diabolique, et comme d’un exercice où le Diable fait sa grande moisson. […] Les faux Dieux ne paraissent plus sur nos théâtres, que comme des fantômes : Comme ils n’ont plus de crédit parmi les hommes, leur vie débordée ne peut servir d’excuse à qui fait mal ; mais la Comédie n’est pas pourtant sans danger, elle n’est pas si pure que les bonnes mœurs n’en soient choquées ; on lui souffre quelquefois des farces qui feraient rougir des Païens, il s’y dit des mots que si l’Enfer pouvait parler, il n’en dirait pas de plus mauvais. […] C’est montrer qu’on connaît le mal ; mais qu’on manque de courage pour le corriger : Le pis est que ceux-là mêmes qui font les lois les rompent, et n’ont garde d’en venir jusqu’à la punition, parce qu’ils sont les premiers coupables : Mon cher Lecteur à qui c’est assez de connaître le mal pour l’éviter ; jugez-en comme les Sages, et ne faites point comme les fols : il ne se fait point de lois que dans un esprit rassis, et lorsque la raison est la plus pure : C’est pour lors que les hommes sont capables de juger du bien et du mal, mais l’insolence agit dans la passion, et pour montrer que toute sotte qu’elle est, elle connaît son péché, elle choisit la nuit et les ténèbres pour n’en point tant rougir.
Ils avaient renoncé aux plaisirs dangereux, qui souillent l’âme, qui énervent et corrompent le cœur, tous leurs souhaits étaient de mener une vie chrétienne, heureuse et calme au sein de leur famille, ils s’étaient seulement réservé ces plaisirs purs et innocents, qui ne laissent après eux ni troubles ni remords ; vous leur avez ravi le bonheur qu’ils se promettaient ; sous prétexte de les établir, de les préparer au mariage, vous les avez précipités au milieu du tourbillon du monde et vous n’avez, fait usage de l’autorité, que vous aviez sur eux, que pour les conduire forcément dans le chemin de la perdition.
C’est dans les mœurs, dans une éducation dure et sévère, dans une conscience pure et ferme, que germe la valeur et le courage7 ; le meilleur Chrétien, disoit le grand Gustave, est toujours le meilleur soldat ; et le plus mauvais de tous sera toujours celui qui, élevé dans le mépris de tous les devoirs religieux, moraux et civils, a cédé durant la flexibilité des premières années au sentiment des plaisirs sensuels, qui a dû s’en pénétrer, s’en nourrir pour en rendre l’expression avec vérité.
JE me donneray de garde, Messieurs, & je m’en déclare d’abord, de rien avancer dans le sujet que je traite, qui ne soit conforme à la plus saine doctrine, & à la plus exacte verité : je suis trop convaincu, que toute exaggeration en matiere de Morale, soit en representant l’énormité d’un crime, soit en exposant le danger qu’il y a de le commettre, que toute exaggeration, dis-je, bien loin de remedier aux excez & aux abus, ne sert souvent qu’à les augmenter, puisqu’on donne par-là le moyen de justifier, en quelque maniere, les desordres, par les réponses qu’on donne lieu de faire aux censures outrées, & aux invectives excessives ; & aprés qu’on s’est efforcé de donner de l’horreur d’un vice, ou de la crainte de le commettre ; tout le fruit que les Auditeurs en retirent, est de se persuader, qu’on les a voulu allarmer pour peu de chose, en faisant le mal, ou le danger plus grand qu’il n’est ; de sorte que lorsqu’un Predicateur a excedé en quelque point, il ne sera plus crû quand il dira la verité toute pure dans une autre matiere, & qu’il s’efforcera de la mettre devant les yeux.
Themire éloigne une parure Que la nature t’interdit, Que ta beauté Naïve & pure, Soit l’image de ton esprit.
Pierre Viret étoit habile, éloquent, grand Orateur pour le temps, laborieux, Ecrivain, a fait berucoup d’ouvrages, & donné entr’autres un corps de morale considérable en dialogue, où il explique les commandemens de Dieu, l’oraison dominicale, & le symbole des Apôtres ; sa morale est pure, & même sévère, ce qui lui donna du crédit, ce livre seroit utile s’il se fût borné à la morale, mais il y a mêlé toutes les erreurs de sa secte, son langage gothique a de la force, & lui acquit une réputation singulière ; on ne parloit pas mieux alors ; il pensoit comme les Catholiques sur la danse, le fard, le luxe, le jeu ; en voici quelques traits sur le sixième commandement dans le style marotique du temps.
c’est l’idée, la connoissance du vice qu’elles donnent aux ames les plus innocentes ; la familiarité, le goût pour le vice, qu’elles inspirent aux ames les plus pures ; le penchant, le mouvement pour le vice, qu’elles inspirent dans les plus indifférentes ; la facilité, les occasions de le commettre, qu’elles présentent aux plus modestes, aux plus éloignées ; l’accroissement, le rafinement, l’ivresse aux ames déjà corrompues.
Comment les sublimes leçons de vertu arriveroient-elles pures dans les ames, tandis que l’organe qui les porte jusqu’à l’oreille est vicié ?
Dans le vieux Recueil d’Arrêts d’amour, livre burlesque du seizieme siecle, fort inutilement orné d’un commentaire latin d’un savant Jurisconsulte, où l’érudition de toute espèce est prodiguée à pure perte, on trouve l’Arrêt 42. qui traite burlesquement la matiere de masquerie, suivie d’unu ordonnance comique.
Je me donnerai de garde, de rien avancer dans le sujet que je traite, qui ne soit conforme à la plus saine doctrine, & à la plus exacte verité : je suis trop convaincu, que toute exaggeration en matiere de Morale, soit en representant l’énormité d’un crime, soit en exposant le danger qu’il y a de commettre, que toute exaggeration, dis-je, bien loin de remedier aux excez & aux abus, ne sert souvent qu’à les augmenter ; puisqu’on donne par-là le moyen de justifier, en quelque maniere, les desordres, par les responces qu’on donne lieu de faire aux censures outrées, & aux invectives excessives ; & aprés qu’on s’est efforcé de donner de l’horreur d’un vice, ou de la crainte de le commettre ; tout le fruit que les Auditeurs en retirent, est de se persuader, qu’on les a voulu allarmer pour peu de chose, en faisant le mal, ou le danger plus grand qu’il n’est, de sorte que lorsqu’un Predicateur a excedé en quelque point, il ne sera plus crû quand il dira la verité toute pure dans une autre matiere, & qu’il s’efforcera de la mettre devant les yeux.
Médiateur dans une querelle d’enfants pour de pures vétilles, le plus jeune me répondit avec la gravité du Cid : on ne transige point avec l’honneur !
Sa corruption est si notoire, que la charité la plus délicate ne serait pas obligée de suspendre son jugement, et d’adoucir ces idées communes ; on aurait beau y apporter des mœurs pures, elles seraient bientôt dépravées.