On y admire, avec l’érudition la plus variée, la morale la plus saine, le plus sincère amour de la justice, les vues les plus sages pour le bien public. […] Celle de la capitale rentrée dans l’obscurité de la chicane, ne fait plus de sensation dans le public. […] Cette galanterie, que la Clairon sans doute paya galamment, fut mal reçue du public, qui n’est pas galant et n’aime pas la magistrature galante. […] On voit bien qu’un tel Jurisconsulte est peu redoutable, et que ses exploits et ses œuvres ne lui donnent pas un grand titre à la confiance du public. […] On invite le public à lire cet ouvrage, en assurant que les gens instruits seront charmés d’y retrouver leurs principes, et les autres seront charmés de s’y instruire.
Ceux qui protègent la farce, en donnent pour raison que, puisqu’on y va, on s’y amuse ; que tout le monde n’est pas en état de goûter le bon comique, et qu’il faut laisser au public le choix de ses amusements. […] Mais qu’importe, dit-on encore, que le public ait raison de s’amuser ? […] Le public comprend trois classes : le bas peuple, dont le goût et l’esprit ne sont point cultivés, et n’ont pas besoin de l’être, mais qui, dans ses mœurs, n’est déjà que trop corrompu et n’a pas besoin de l’être encore par la licence des spectacles ; le monde honnête et poli, qui joint à la décence des mœurs une intelligence épurée et un sentiment délicat des bonnes choses, mais qui lui-même n’a que trop de pente pour des plaisirs avilissants ; l’état mitoyen, plus étendu qu’on ne pense, qui tâche de s’approcher, par vanité, de la classe des honnêtes gens, mais qui est entraîné vers le bas peuple par une pente naturelle. […] On n’a donc nul intérêt politique à entretenir dans cette classe du public l’amour dépravé des mauvaises choses. […] Lui donner des salles décentes et une forme régulière, l’orner de musique, de danses, de décorations agréables, et y souffrir des mœurs obscènes et dépravées, c’est dorer les bords de la coupe où le public va boire le poison du vice et du mauvais goût.
Les grands Seigneurs de nos jours, ou moins libéraux ou moins riches, font tout faire aux dépens du public, même le plus souvent ne paient-ils pas à l’entrée. C’est sur le public encore que sont réparties ces exemptions ; car les Comédiens ne veulent rien perdre, on a beau leur payer le théâtre, les décorations, les habits, les machines, et leur donner des pensions, le public n’en est pas moins rançonné à la porte. […] Le Comédien Roscius touchait lui seul du trésor public trente-six mille écus par an pour jouer une douzaine de fois, ce qui revient à près de dix mille livres par représentation. […] Jugez si l’Empereur eût souffert des impositions à la charge du public pour des comédies qui ne sont utiles ni au corps ni à l’âme, et qui nuisent à tous les deux ? […] Trop heureux le public, s’il ne payait que deux fois !
Le sixiéme Concile de Constantinople depose les Clercs, excommunie les laïques qui donnent ces divertissemens criminels au public. […] Le port des armes, l’usage des marchandises étrangeres, les divertissemens populaires, ne sont pas du rang des crimes ; les Magistrats ne feroient pas leur devoir, s’ils permettoient toutes ces choses, lorsqu’elles sont contraires à la seureté, à l’épargne, & à la bienseance publique ; quand les campagnes sont pleines de voleurs, quand l’Estat est épuisé d’argent, ou affligé de quelque calamité publique. […] Dieu declare luy-mesme aux Puissances de l’Eglise, & du monde, qu’il ne leur pardonnera point une complaisance si contraire à leur devoir, au bien public, & à sa propre gloire. […] Ne souffrez point que les Comediens inspirent au public ce que vous ne pouvez supporter dans vos personnes, ny qu’ils s’efforcent de ruïner ce que vous estimez avec le plus de raison & de justice. […] La seule consideration de l’honesteté publique nous a portez à corriger & à prévenir la corruption & l’infamie que les Comedies peuvent causer à l’Estat.
Ce sont les jeux et spectacles publics qui se font lesdits jours de fêtes et Dimanches, tant par des étrangers Italiens que par des Français, et par-dessus tous, ceux qui se font en une Cloaque et maison de Satan nommée l’hôtel de BourgogneJeux abominables de l’hôtel de Bourgogne. […] Par ce moyen Dieu est grandement offenséDieu et le public sont offensés par les jeux de l’hôtel de Bourgogne. […] Et le public intéressé par la débauche et jeux des artisans. […] Dieu et le public sont offensés par les jeux de l’hôtel de Bourgogne. […] Aller aux Jeux publics le jour de la fête est contre les lois divines et humaines.
Ne dirait-on pas qu’honoré de la place de Censeur public, vous ayez dû rendre compte au Ministère des ouvrages de M. de Crébillon ? […] Le bien public n’exige pas que l’on chagrine les particuliers quand on peut s’en dispenser, autrement c’est donner l’exemple de l’abus qu’on peut faire de ce motif respectable : c’est encourager les envieux, par votre exemple, à satisfaire leur jalousie sous prétexte du bien public. On pourra donc en conséquence négliger tous les devoirs de la société avec cette excuse ; décréditer, trahir, opprimer ses bienfaiteurs, et transformer ainsi l’ingratitude en vertu ; alors il me paraît que le mal public résultera de l’amour du bien public. […] Lekain les applaudissements que le Public lui donne maintenant à si juste titre. […] Je suis persuadé que le Public me saura plus de gré de ma reconnaissance qu’à vous de votre ingratitude.
de ses Essais) parle de la comédie pour apprendre au public (chose fort intéressante et fort rare !) […] Peut-on même bien compter que les Magistrats soient toujours si rigides, et le public si délicat ? Ce public, qu’on suppose si régulier, y viendrait-il, si le spectacle était tout à fait châtié ? Montaigne, qui se vantait de connaître le monde, croyait-il le public décidé pour la modestie, le protecteur zélé des bonnes mœurs ? […] et ceux qui dans ces lieux publics vont satisfaire leurs passions, sont-ils moins coupables ?
Je sais que, depuis quelques siècles et presque depuis l’établissement du Théâtre moderne, tout ce qui a été écrit, soit pour blâmer les Spectacles en général, ou pour les corriger, n’a pas été favorablement reçu du Public : et que c’est une entreprise qui a toujours essuyé les plus vives contradictions : je ne serais donc pas surpris de voir le Lecteur indisposé contre moi sur le seul titre de mon Livre. […] Je me rappelle au surplus que le Public n’aura pas oublié que, dans mon Histoire du Théâtre Italien imprimée l’an 1727, je fis les plus grands efforts pour défendre ma Profession : Je rapportais alors les décisions de S. […] Antonin2 qui permettent la Comédie de bonnes mœurs, et qui décident qu’elle peut s’exercer sans péché, et que les Comédiens peuvent vivre du gain de leur Profession : mais, à dire vrai, une Comédie de bonnes mœurs, telle que ces deux Saints la demandent, se trouve-t-elle aisément sur les Théâtres publics ? […] J’ai voulu me frayer un chemin et pressentir en quelque sorte le goût du Public, avant que de m’expliquer ouvertement ; et c’est dans cette vue que j’ai donné mes Observations sur la Comédie et sur le génie de Molière b : On a paru n’être pas mécontent des réflexions semées dans cet Ouvrage, et on a bien voulu me tenir compte d’avoir choisi Molière pour modèle des préceptes que j’ose y donner. […] Cette réserve et ces ménagements m’avaient paru nécessaires ; mais enfin je donnais mon dernier Ouvrage qui a pour titre, Réflexions historiques et critiques sur les différents Théâtres de l’Europe d ; c’est là où je dévoile mes sentiments, en faisant voir le besoin qu’ont tous les Théâtres d’être réformés, et en promettant au Public l’Ouvrage que je donne aujourd’hui.
Du temps de l’Empereur Charlemagne, plusieurs Conciles en France voulurent arrêter le cours des Jeux scandaleux que représentaient les Farceurs dans les places publiques ; mais tous leurs efforts n’aboutirent qu’à empêcher les Ecclésiastiques d’y assister : Charlemagne, non seulement approuva le décret des Conciles ; mais, par une Ordonnance de l’année 813, il abolit tout à fait ces Jeux. […] Outre ceux qui font profession publique de monter sur la Scène, on voit dans les Collèges, dans les Couvents des deux sexes, parmi les Bourgeois, les Seigneurs et les Princes mêmes, qu’on s’amuse à jouer la Comédie. […] Il semble qu’il suivrait de là que ce sont les murs et les loges du Théâtre public, les décorations, les habits des Comédiens, les Symphonistes, etc. qui attirent la censure des personnes graves que nous entendons déclamer tous les jours contre les Spectacles, et qu’elles ne condamnent pas la représentation en elle-même, ni la nature des Pièces que l’on représente ; ce qui serait absurde et insoutenable. […] Nous avons déjà dit qu’il y aurait de la témérité à proposer d’abolir entièrement les Spectacles ; le Gouvernement, qui les protége, s’y opposerait, sans doute avec raison ; le Public de son côté en ferait des plaintes amères. Il y a déjà plus de trois siècles que le Public est dans une habitude successive et, pour ainsi dire, héréditaire de fréquenter et de suivre le Théâtre ; et le goût en est aujourd’hui si général, qu’on peut dire que tout le monde s’intéresse à sa conservation.
Ils ont le public à satisfaire en perfectionnant leur jeu, & en variant ses amusemens. […] Un Comédien prend le plus grand plaisir qu’il puisse goûter en travaillant à en procurer au public. […] C’est donc flatter le public que de lui donner des nouveautés. […] Si elle tombe, outre les fruits que nous venons de détailler ; le public tirera encore de cette espece d’alerte, cet avantage que le mauvais le ramenera au bon. […] Comment les Comédiens peuvent-ils donc déclamer contre les nouveautés, utiles à la fois au public & au Théatre ?
Mais si la Comédie est criminelle dans tous les temps, combien le doit-elle être plus particulièrement dans ceux que l’Eglise consacre d’une manière particulière à la pieté et à la Pénitence tels que l’Avent et le Carême, et où par des Prières et dans des calamités publiques, elle implore, comme on le fait actuellement dans notre Diocèse, la miséricorde de Dieu et travaille à apaiser sa colère si manifestement irritée ; dans un temps en un mot où la nôtre est particulièrement occupé à attirer sa protection sur les Armes de notre invincible Monarque, en n’oubliant rien pour sanctifier ceux qui les portent pour son service, et pour les rendre aussi bons serviteurs de Dieu que du Roi ? […] A ces causes, et attendu la circonstance particulière de l’Avent, de la Mission que nous faisons faire dans cette Ville, et des Prières publiques qui s’y font actuellement pour demander à Dieu la Paix, cette Paix que lui seul peut donner et que nous ne saurions lui demander avec trop d’ardeur ; quoique nous ne puissions ne pas condamner en tout temps la Comédie : Nous défendons particulièrement à tous les Fidèles de notre Diocese d’y aller pendant ce saint temps, consacré par lui-même et par tous les exercices publics de Piété que nous y faisons faire pour des sujets si importants, et ce sous peine d’Excommunication : Nous ordonnons à nos Confesseurs de traiter dans le Tribunal conformément aux Règles marquées par l’Eglise ceux qui contreviendront à notre présente Ordonnance, et particulièrement les personnes de l’autre sexe que la pudeur devrait en détourner avec plus de soin. Et à l’égard des Comédiens et Comédiennes, Nous défendons très expressément à nos Pasteurs et à nos Confesseurs de les recevoir aux Sacrements si ce n’est qu’ils aient fait Pénitence de leur péché, donné des preuves d’amendement, renoncé à leur Etat, et réparé par une satisfaction publique, telle que nous jugerons à propos de leur ordonner, le scandale public qu’ils ont donné.
Où l’on examine si le Bal public proposé par M. […] Sully, bien loin de penser comme vous, se serait emporté contre quelqu’un qui aurait proposé l’établissement d’un Bal public ft. […] Ne craint-on point de la dégrader, en la faisant présider à une espèce de débauche publique ? […] Si c’est un bien que de danser en public, et qu’une jeune personne mérite un prix pour avoir bien dansé, il faut donc que tout le Sénat de Genève apprenne à danser aussi, qu’il ouvre le Bal lui-même, pour déterminer le Public à donner la préférence à ce genre d’amusement. […] Vos fêtes publiques ennuieront à la fin ; vos exercices ne peuvent être des amusements journaliers pour des gens accablés déjà de fatigue par leurs travaux ordinaires.
Il n’est donc question que des Théatres publics. […] Ce refus a réveillé l’attention du public, qui convient qu’elles n’ont pas tort. […] Il composa successivement six pieces de Théatre, qu’il porta d’abord sous l’œil du public. […] Ajoutons que c’est attenter à ceux du Public, seul juge des Auteurs, comme il est le seul objet de leurs travaux. […] Dans un art difficile, le Public n’exige pas à la rigueur la réunion de toutes les parties.
Quelle indifférence pour le bonheur public ! […] Selon lui, la plupart des hommes ont regardé le théatre comme étroitement lié à l’ordre public. […] Les Comédiens viennent peu sur les théatres de société, & ils sont surement plus libres que le théatre public. […] Le livre du Bonheur public ne les réveillera pas de leur éternelle léthargie. […] Ces réformes sont peu respectées du public.