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34. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

Les acteurs de théâtre, honorés et honorables, sont entièrement assimilés à tous les autres citoyens ; nous l’avons prouvé, et par conséquent, ils ne doivent pas être traités par l’Eglise, plus sévèrement que ces derniers. […] Il est prouvé, en effet, d’une manière incontestable, que le clergé, dans sa grande majorité, foule continuellement à ses pieds la vraie morale chrétienne et évangélique, et que ses fautes, ses égarements, sa corruption et ses crimes mêmes ne le cèdent en rien aux autres classes de la société.

35. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Si tous les hommes étaient sages naturellement, rien de plus inutile, j’en conviens, que le Théâtre ; rien de plus inutile que tous les écrits des Pères, que l’Evangile même : mais si la plupart des hommes ne sont rien moins que sages, et que leur conduite et leurs mœurs prouvent que la nature et la raison ne leur ont pas encore fait trouver la Vertu assez aimable, pour n’avoir pas besoin de peintres qui leur en fassent remarquer les attraits ; si la vue de ces peintures les porte à faire plus d’attention à l’original, comme le portrait d’une jolie femme fait désirer d’en connaître le modèle à ceux qui ne l’ont pas vue ; il est donc probable que le Théâtre peut opérer les mêmes effets et que le coloris agréable qu’il prête aux charmes de la Vertu, altérés quelquefois par les pinceaux austères des Pasteurs ou des Philosophes, peut faire désirer de la connaître et de la pratiquer. […] Un ouvrage qui développe et prouve trois vérités de cette importance, ne mérite-t-il pas bien d’être écouté ? […] Les sujets de nos Tragédies sont ordinairement puisés dans l’Histoire, les Auteurs se font une loi de respecter les faits attestés, et loin que le Spectateur, dans les circonstances inventées s’amuse à réfléchir que ce sont des fables, les larmes que l’Acteur lui arrache prouvent assez qu’il est frappé du tableau comme il le serait de l’original. […] J’avoue qu’un attachement trop rigoureux à cette règle aurait banni du Théâtre des sujets vraiment tragiques, tels que Britannicus, Atrée et Mahomet : mais je remarque en même temps, que Néron et les deux autres monstres ci-dessus ne gagnent rien à leur triomphe qu’une horreur plus grande de la part des Spectateurs ; je le prouverai bientôt. […] Je ne me suis pas contenté de vous prouver que la Tragédie n’était rien moins que dangereuse, je crois vous avoir prouvé qu’elle est encore utile à la correction des mœurs.

36. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Voici comme je prouve mon sentiment, qui ne paraît hazardé qu’au prémier coup d’œil. […] Un Magicien, ou un Dieu, fait changer tout-à-coup le lieu de la Scène ; un tel événement tient du prodige ; mais il ne doit point révolter au Théâtre lyrique, ainsi que je me suis éfforcé de le prouver. […] Il est donc prouvé qu’il est permis aux Poètes du grand-Opèra de négliger l’unité de tems ; mais ils doivent le faire avec adresse. […] Le dessein des nouveaux Directeurs achève de nous prouver que l’homme de mérite se plaît toujours à encourager les Lettres. […] Il me semble qu’il ne prouve rien ; s’il prouvait quelque chose ce serait autant au désavantage du Lyrique-Bouffon que de l’Opéra-Sérieux, puisqu’ils employent tous les deux le secour de la musique.

37. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre III. Recherches nécessaires pour s’éclaircir si les Anciens ont connus l’Opéra-Bouffon. » pp. 101-108

Je veux m’attacher plutôt a prouver que les Grecs & les Romains ont pu avoir une idée de notre Opéra-Bouffon. […] Les Chœurs des Tragédies de la Grèce & de Rome ; & surtout ceux d’Aristophanes, prouvent que l’Opéra-Bouffon était répandu chez les Anciens.

38. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

ME sera-t-il difficile de prouver que l’Opéra-bouffon est un Spectacle parfait ou qu’il peut le devenir ? […] Je remarquerai pourtant qu’il est nécessaire de bien écrire un Drame au risque de n’être pas entendu pendant la représentation, ainsi que je le prouverai ailleurs. […] Je crois avoir déja prouvé que ses adversaires étaient sans conséquence. […] Apprenons par cœur ces paroles de Tacite ; elles nous prouvent que nous avons raison de ne point rougir de notre amour pour les Ariettes Italiennes, & elles doivent faire taire en même tems ceux qui oseraient nous blamer : « Ce qui nous sert maintenant d’éxemple, a été autrefois sans éxemple, & ce que nous fesons sans éxemple, en pourra servir un jour. » Mais ai-je besoin d’encourager mon siècle à persister dans ses fantaisies ?

39. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Il autorise cette proposition par Richard de saint Victorr, qui prouve qu’il y a péché mortel dans une action, lorsque Dieu est offensé grièvement, lorsqu’on fait tort au prochain et à soi-même : Or les Comédiens font ces trois maux, ils choisissent les plus belles Comédiennes qu’ils peuvent trouver, ils les parent magnifiquement avec le fard et l’artifice ; leurs paroles, leurs postures, leurs danses et leurs chansons portent à l’impureté. […] Il prouve l’affirmative à cause du scandale, à cause du danger du péché, à cause de leurs participation aux paroles des Comédiens qu’ils écoutent avec plaisir, qu’ils approuvent, qu’ils admirent, qu’ils soutiennent par leur autorité, par leur argent, par leur présence ; car les Comédiens péchant mortellement en jouant la Comédie, on ne peut être témoin, approbateur, protecteur de cette action criminelle sans être complice. […] Il ajoute que si l’argent que les spectateurs donnent aux Comédiens les rend coupables, le scandale que leur mauvais exemple cause, sert à rendre leur assistance plus criminelle ; c’est ce qu’il prouve par un passage de saint Jean Chrysostome, cité dans le Chapitre précèdent. […] Il prouve que celles de ce siècle sont de ce caractère, parce que les femmes s’y entretiennent d’amour avec les hommes, ce que les saints Pères ont fait voir être très mauvais et très dangereux ; et que plusieurs endroits des saints Pères sont autant les censures des Comédies de notre siècle, que de celles de leur temps.

40. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Dédicace » p. 36

Ceci ne prouve aucunement Que je crois valoir mieux que vous ; J’exprime le vœu seulement Que bientôt nous valions mieux tous.

41. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « [FRONTISPICE] »

[FRONTISPICE] HISTOIRE DE LA COMÉDIE ET DE L’OPERA, Où l’on prouve qu’on ne peut y aller sans pécher.

42. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — III. Et c’est l’effet propre de la Comédie. »

Ces principes posés, il s’agit à présent de prouver que la Comédie fournit au monde de nouveaux attraits ; qu’elle affermit ou établit même l’empire du Prince des ténébres ; qu’elle souléve les passions ; qu’elle les porte à la révolte ; & que parconséquent elle est directement opposée au but que Jesus-Christ s’est proposé de dompter les passions, & de substituer à l’amour de la Créature & de sa loi.

43. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

Les discours sublimes qui vous échappent en ce moment, ne servent qu’à m’en convaincre : le charme des grâces est connu ; quand on l’attaque, beaucoup d’esprit ne sert qu’à prouver beaucoup de fermentation. […] Vous voulez nous prouver que l’inconstance, le libertinage, la futilité, l’impertinence sont leurs attributs essentiels, et les effets de leur nature ? […] Ils vous diront cela, et j’ajouterai, au risque de vous donner des remords, que leur seul amour pour vos ouvrages, leur impartialité quand vous les attaquiez, leur courroux quand on vous attaquait, ont prouvé cent fois, que le génie et les arts ont en elles les protecteurs les plus passionnés et les plus éclairés… A l’égard de la passion, que vous dites qu’elles ne sont capables de sentir ni d’exprimer, je vous avoue que la plume me tombe des mains en cet endroit. […] et je vous répondrai, avec beaucoup plus de raison et de certitude, que vos doutes sur la sincérité des femmes qui les ont écrites, font pour moi dans un des points de notre dispute, parce qu’il est certain que ces lettres étant très tendrement écrites, si elles ne sont que des impostures ingénieuses, prouvent que les femmes possèdent, et à un degré éminent, ce don d’exprimer que vous leur refusez. […] Toutes ces autorités suffisent, Monsieur, pour prouver que les femmes sont très capables de sentir, et plus capables d’exprimer.

44. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Peut-être avez-vous vu qu’ils .ne prouvaient que ce qu’il fallait : car vous n’auriez pas manqué après avoir cité les plus forts, de nous dire que ces Canons ne prouvaient rien, parce qu’ils prouvaient trop, comme vous avez fait de Tertullien, de Saint Cyprien et des autres Pères, dont vous n’avez choisi exprès que les passages où ils combattent les plus grands désordres ; mais je vous ferai voir que ce n’a été que pour nous éblouir. […] Vous voyez qui a eu plus de sujet et plus d’occasion d’être surpris, ou votre ami de voir prouver l’indifférence de la Comédie en elle-même par Tertullien et Saint Cyprien, ou moi de la voir si mal prouvée, avec si peu de réflexion et si peu de justesse d’esprit. […] Vous vous êtes contenté de nous donner votre différence, et de nous déclarer votre pensée sans la prouver ; mais voici comme je prouve la mienne. […] Nous le savons aussi bien que vous ; mais vous supposez faux quand vous avancez, sans le prouver, que la Comédie est de cette nature. […] En un mot tous ces exemples ne prouvent rien pour la justification de la Comédie.

45. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

Et comme il n’y a rien de si facile que le trouver des ressemblaces en toutes choses, quand on a un côté fixe pour les regarder ; toutes les piéces où le Comedien a joué, lui découvrent des rapports entr’elles, qui abrégent beaucoup son étude, & impriment à son jeu une uniformité qui prouve qu’il est souvent dispensé d’esprit & de travail. […] Cette définition elle-même nous prouve, que l’art de déclamer n’est qu’une beauté accidentelle, dont les piéces ont d’autant moins besoin, qu’elles sont plus parfaites. […] Pour prouver que ces succès ne doivent point enyvrer une ame comme la sienne, comparons encore le Comédien à un Cavalier qui court bien sur un excellent cheval ; lequel du cheval ou du Cavalier devrons-nous louer de la vîtesse de cette course ?

46. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Je ne prétends point ici prouver que les vers de Monsieur de Molière sont pour les jeunes gens des instructions paternelles à la vertu, mais je veux vous montrer clairement que les esprits les plus mal tournés ne sauraient trouver la moindre apparence de vice. […] Il est si fort ordinaire à ces messieurs les beaux esprits de prendre le méchant parti pour exercer la facilité qu’ils ont de prouver ce qui paraît le plus faux, qu’ils ont cru que cette réputation ferait un tort considérable à l’ouvrage de Monsieur de Molière, s’ils écrivaient pour en montrer l’innocence et l’honnêteté, et, d’ailleurs, comme ils ont vu qu’il n’y avait point de gloire à remporter, quelque fort que fût le raisonnement qu’ils produiraient, ils en ont laissé le soin aux plumes moins intéressées que les leurs. […] Jugez par là, Monsieur de Molière, s’il ne m’a pas été bien aisé de prouver que vous n’êtes rien moins que ce que cet inconnu a voulu que vous fussiez.

47. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

Il n’est pas mieux prouvé que les sentimens soient une nouveauté sur le Théatre. […] L’Auteur peut donc se dispenser de travailler au traité qu’il nous a promis, à moins qu’il ne nous prouve qu’il est nécessaire de substituer l’admiration à l’objet de la Tragédie ; c’est à lui d’examiner si cette innovation sera bien reçue.

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