L’Archevêque de Paris porté par des raisons que personne n’ignore, pour MM. de Port-Royal, prit leur parti dans cette dispute. […] Tout le monde convient que la mauvaise conduite de quelques particuliers ne peut porter aucune atteinte au corps dont ils sont. […] Faites pour le porter au bien tous les efforts dont vous êtes capable.
L’exemple de tant de prétendus héros qu’il a vus représentés sur le Théatre, & s’élancer au-delà des barrieres de la vie, ne se retrace-t-elle pas dans son imagination, & ne le portera-t-elle pas à cette fatale extrêmité ? […] Quel jugement porteront-ils d’une Tragédie, où le criminel est représenté sous un aspect favorable, où un Catilina, bouleversant sa patrie, est triomphant au milieu de ses forfaits ; tandis que le paisible Cicéron, sauveur de la République, est montré comme un vil Rhéteur & un lâche ? […] L’harmonie d’une musique voluptueuse acheve de porter l’ivresse dans les sens des Spectateurs. […] « Je crois devoir rapporter ici quelques motifs qu’ont porté cet Académicien à décrier les Théatres ? […] Les protecteurs de la Comédie Italienne firent des démarches inutiles auprès du Roi pour la révocation de son Arrêt trop justement porté contr’elle.
Ils correspondent dans tous les pays et y portent le trouble, le désordre et l’anarchie. […] On n’ose porter ses regards sur la Péninsule sans frémir d’horreur. […] Pour comble de malheur, on y voit des fanatiques soutenus par des moines, des prêtres, des chanoines et des évêques, et armés au nom d’un frère et d’un sujet, contre son frère et son roi légitime : mais on doit croire que ce frère désapprouve lui-même ce parti fanatique et rebelle, qui a l’audace d’oser porter le nom de Carliste. […] Il s’est porté à cet acte d’humanité avec zèle et en dépit des malédictions et des anathèmes de la faction de ces fanatiques qui s’arrogent si audacieusement les beaux titres de pères de la foi et de missionnaires. […] D’autres calculs portent à quatorze cent mille hommes, le nombre des soldats morts sous les drapeaux de Napoléon, pendant l’espace de seize mois, vers la même époque dont nous venons de parler, et on évalue enfin à plus de cinq millions de Français le nombre des militaires qui périrent pendant les onze années du règne de Bonaparte.
C’est un objet trop important, pour qu’il soit permis de regarder avec indifférence le jugement qu’on en doit porter. […] Nous avons des spectacles, nous avons porté cet art à un dégré, qui nous rend à cet égard supérieurs à toutes les Nations. […] Cela est au moins douteux, & si je voulois déterminer l’affirmative pour moi, j’aurois à vous opposer toutes les découvertes des hommes, perfectionnées & portées au-delà des vûes de leurs premiers inventeurs. […] Il n’y a point de plaisir indifférent, & l’intention de tout Gouvernement doit être de favoriser ceux qui portent le caractere le plus marqué d’une utilité générale. […] Mais comme le jugement que l’on doit porter du blâme, ou de la considération que mérite la profession de Comédien, est indépendant de votre façon de penser, voyons donc en quoi elle peut être deshonnête.
Signé Dugono : Il est permis à M*** de faire imprimer la Réponse à la Lettre d’un Théologien défenseur de la Comédie, pendant le temps de huit années ; avec défenses à tous autres de contrefaire ladite Réponse, à peine d’amende, confiscation des Exemplaires, et autres peines portées par ledit Privilège.
La douceur recommandée par le Sauveur à ses Disciples, & l’esprit de domination qu’il leur a défendu, ne concluent rien touchant la contestation présente : il faudroit improuver la conduite de Saint Pierre envers Ananie & son épouse qui tomberent morts à ses pieds ; de même que la Sentence d’Excommunication qu’il porta, selon la remarque de Saint Epiphane1, contre Simon le Magicien, qui vouloit acquérir le don de Dieu pour une somme d’argent2. […] Personne ne devoit être plus prévenu de celle qui vous favorise, Mademoiselle, plus porté à innocenter la Comédie, que les Auteurs dramatiques.
Leur face nous semble déjà bien sévère, la nature n’appréhende que trop leurs difficultés, sans qu’on leur ôte tout ce qui leur reste de crédit, en faisant voir leurs entreprises, et leurs fins toujours malheureuses : déjà les hommes ne sont que trop portés, à l’ambition, à l’ennui, aux vanités, aux colères, aux vengeances, aux injustices qui cherchent leur propre intérêt dans la ruine des autres, et qui pensent bien acquérir tout ce qu’ils peuvent usurper ? Nos inclinations ne se portent déjà que trop au mal, sans qu’il faille jeter de l’huile sur les flammes ; sans que l’on emploie ce grand appareil, tant de damnables instructions, autorisées par des exemples célèbres, par les triomphes du vice, suivis d’un applaudissement public pour assurer les courages contre les reproches de la conscience, et les menaces des lois : on met l’honneur à nourrir des haines irréconciliables, à mettre la désolation dans les familles et dans les états, pour une parole mal interprétée, pour une ombre, pour un soupçon de déplaisir : on qualifie cette fureur du nom de force, et comme au temps de l’idolâtrie, des vices on fait des divinités à qui l’on présente des sacrifices de sang humain, quand l’on introduit toutes les fausses déités du Paganisme, et qu’on rapporte tous les événements des affaires à la fortune ; n’est-ce pas affaiblir extrêmement la foi d’un vrai Dieu ?
Pour donner à des Chrétiens une juste horreur des Spectacles du théâtre, il suffiroit, mes Frères, de rappeler ici le jugement qu’en ont porté les Saints Docteurs de l’Eglise, & les anathêmes que ses Conciles ont prononcés contre la vile & honteuse profession de Comédien. […] vous souscrivez vous-mêmes au jugement que l’Eglise, d’accord en cela avec toutes les nations les plus sages & les plus policées, a porté contre cette honteuse profession. […] mes Frères, il n’est que trop vrai que nous portons tous dans le fond de notre cœur le principe & le goût de cette funeste passion. […] Lors même qu’il met sous vos yeux le portrait vraiment odieux d’un hypocrite détestable, n’est-il pas évident que son but est de rendre la piété suspecte ; & n’est-ce pas la conséquence qu’en tirent des spectateurs déja trop portés à la mépriser ? […] Lorsque nous opposons aux partisans du théâtre l’autorité de l’Eglise & les condamnations rigoureuses qu’elle a toujours portées contre la profession de comédien, ils nous répondent que ces condamnations ne sont pas universelles ; qu’il est des Eglises, & même des Eglises principales où les comédiens jouissent de tous les droits qui appartiennent à des Chrétiens & à des Catholiques.
Elle fut inconnue à Rome dans les tems vertueux de la République, & même dans le régne des premiers Césars ; elle étoit si opposée aux mœurs romaines, & elle eût mal figuré avec la couronne de lauriers qu’ils se faisoient gloire de porter ; des cheveux poudres d’or n’ont pas l’air militaire, ni l’air Magistrat, de pareilles têtes au Sénat, à la tribune, à l’armée auroient fait pitié. […] Elles se percent les narrines, & y portent un anneau d’or, où est enchassé un diamant. […] Les Dames Françoises ont porté plus loin que personne la variété des coëffures ; mais ce n’est que par la diversité des rubans, des linges, des fleurs, des aigrettes, des pompons ; le Sieur Duclos des Académies de Toulouse, & de Montauban, avoit fait un gros livre de l’histoire, & de la diversité des coëffures françoises ; ouvrage de la derniere importance pour l’Etat. […] Si c’est être doux, humble, chaste, mortifié, pieux, si c’est porter les ornemens de chrètiens, alors nos Adversaires sont de bons chrétiens, & nous sommes des fous, & des fantasques, en nous contentant de ce que la necessité & la commodité demande, & regardant le reste comme superfliu. […] Dans tous les tems, l’esprit de Théatre les passions, les vices portés à l’excès ont fait la célébrité des hommes.
Telle fut la noble ambition du Clergé, de porter par-tout la bonne odeur de J. […] Arsene, il supporte avec patience les mauvaises pour se punir des parfums dont il avoit usé dans le monde, & pour se rendre digne de porter par-tout la bonne odeur de J. […] Portez par-tout l’odeur de la vertu, non celle des parfums. […] Le danger d’allumer dans les cœurs le feu de l’amour, a fait croire à quelques Casuistes qu’on ne devoit pas absolument s’en servir, même comme des remedes ; & quelques Philosophes ont porté la sévérité jusqu’à les exclure absolument. […] Personne n’ignore que cette nation semble porter par-tout des signes de réprobation dans sa physionomie & dans sa mauvaise odeur.
Si l’on prenoit soin d’inculquer de bonne heure, aux jeunes gens, qu’ils ne sont point faits comme de vils animaux, pour se procurer des sensations voluptueuses ; que leur raison est le flambeau qui doit les éclairer ; que cette raison a besoin d’être épurée ; qu’elle dicte des devoirs ; que la satisfaction qui provient des actions vertueuses, ou conformes à la raison, est le plus grand de tous les plaisirs & le seul permanent ; qu’un homme, qui néglige sa raison, est plus à plaindre que celui qui renonceroit volontairement à l’usage de ses yeux ; qu’il est aussi impossible d’être heureux, avec une ame souillée de vices, que de se bien porter avec un corps couvert d’ulceres ; que la Science est la source des biens, l’ignorance la source de tous les maux, &c. […] Mais, forcés de se prêter à des usages malheureusement indispensables, ils porteront, dans la Société, cet esprit de réflexion & d’analyse qu’ils ont puisé dans leur éducation ; cependant ils prendront bien garde que personne ne les devine, de peur de se rendre incommodes à la tourbe des esprits superficiels & des sots. […] Si l’on continuoit à les lire, ce seroit avec le même esprit & les mêmes dispositions que les hommes sensés portent à une farce, ou à un spectacle de marionnettes, spectacles si ravissans pour des enfans. […] Longin, dans son Traité du Sublime, exhorte les Ecrivains, qui tendent au grand, à se mettre au-dessus des idées de leur siecle, & à se représenter le jugement que la postérité la plus éloignée portera de leurs Ecrits.
La plus dangereuse est la peinture à faux, dramatique, de l’homme et de la société, ou cette infidélité des tableaux vivants qui sont censés être ceux des mœurs ou de la vie commune de tel rang, de telle corporation, ou de tel âge ou bien de telles personnes que la malignité désigne, et qui vont être décriées, flétries, peut-être mises au désespoir ; il consiste aussi dans la solennité et l’éclat des représentations, avec tous les prestiges du théâtre ; c’est encore en réunissant la fiction à la vérité, en accumulant à plaisir les vices, en les combinant et faisant supposer une liaison naturelle entre eux ; c’est l’éternelle image des passions humaines les plus honteuses sous les traits sacrés de la vertu qu’enfin on ne croit plus voir nulle part qu’en apparence, que l’on méconnaît et décourage par trop de défiance, ou qu’on insulte par malignité ; enfin, c’est en créant ainsi et faisant agir avec toute l’énergie possible, sous les yeux de la multitude des personnages monstrueux qui servent d’excuse et d’encouragement aux méchants, qui font horreur aux bons et, comme je l’ai déjà dit, portent l’agitation dans les esprits faibles, l’inquiétude ou l’animosité dans les cœurs, exaltent la tête de tous, et vont de la scène publique provoquer la persécution, porter les désordres dans les scènes privées de la vie, où toutes les passions excitées imitent la hardiesse des auteurs, cherchent à réaliser leurs chimères jusques sur la vertu la plus pure : « Là de nos voluptés l’image la plus vive ; Frappe, enlève les sens, tient une âme captive ; Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur. » Voilà plus clairement comme il arrive que ces critiques vantées manquent leur but, sont de nul effet contre le vice audacieux, sur l’hypocrite impudent qui atteste Dieu et la religion en faisant bonne contenance au rang des victimes nombreuses des aggressions aveugles et des calomnies effrontées. […] Voilà ce qu’on nous dit dès l’âge le plus tendre, et ce que nous apprenons dans nos premières lectures ; or cet avis d’une source divine et pure que tant d’exemples malheureusement justifient et rappellent continuellement à tout le monde, et que, d’ailleurs, on peut souvent renouveler par cette méthode calme qui réveille l’attention sans réveiller les passions et les porter à confondre l’apparence avec la réalité ; cet avis, dis-je, était suffisant à cet égard, et rendait inutiles les leçons magiques et inflammatoires du théâtre. […] Quand on organise une battue pour la destruction des loups sauvages, on a soin de n’armer que des gens bien intentionnés, ayant la permission et la capacité de porter une arme et de bien ajuster, qui sont conduits par un lieutenant de chasse, et soumis à ses ordres, à qui encore il est défendu sous des peines sévères de tirer sur d’autres bêtes que les malfaisantes qu’il leur est même enjoint d’épargner lorsqu’elles se trouvent au milieu du troupeau, confondues avec leurs innocentes victimes, dans la crainte de blesser celles-ci quoiqu’il soit facile de les distinguer de leurs ennemis, etc.
Il ne suffit pas même d’éviter les péchés certains, nous sommes encore obligés d’éviter les choses indifférentes qui portent insensiblement au péché. […] Vos femmes ont une si grande mollesse, qu’elles ne peuvent faire deux pas, & venir à l’Eglise, sans se faire porter (& elles ont la force de danser les heures entieres). […] Peut-on porter plus loin la folie ? […] Vous portez du théatre dans vos maisons ces ordures empestées dont par les yeux & les oreilles vous avez rempli vos ames, & qui s’y sont comme établies.
Une infinité de pièces, je ne dis pas de la Foire, mais des Comédiens Français, portent des titres dans ce goût ; que peut-on attendre de sensé de la Famille extravagante, les Fêtes nocturnes, les Folies de Cardenio, la Métempsycose des Amours, la Guinguette, le Carnaval, le Roi de Cocagne, Cartouche, l'Esprit follet, les Fous divertissants, Ragotin, le Mirliton, le Baron de la Crasse, les Bottes de sept lieues, etc. […] Il serait inutile et impossible de faire l'histoire et d'épuiser le détail des folies humaines dans les divertissements ; nous ne parlerons que d'une espèce qui s'était répandue dans toute la France pendant les siècles d'ignorance, et s'était glissée jusques dans les Eglises et dans l'Office divin, et par les plus indécentes profanations avait porté dans le sanctuaire l'abomination de la désolation, sous une infinité de noms bizarres, la Fête des Fous, la Fête de l'Ane, les Innocents, la Mère folle, l'Abbé et les Moines de Liesse, l'Evêque des Imbéciles, le Pape des Fats, le Roi des Sots, le Prince de Plaisance. […] Peut-on porter plus loin la précision et l'exactitude ? […] Il est vrai que cette chemise fort ample pouvait bien dans l'agitation d'une danse violente, voltiger fort indécemment : inconvénient que la loi avait voulu prévenir dans les Prêtres, en ordonnant que dans leurs fonctions ils porteraient des caleçons.