C'est dans cette pensée qu’il l’accuse d’habiller la comédie en religieuse. […] Si ce commentateur voyait que l’endroit dont il parle pût tourner l’esprit à de sales pensées, il le devait passer sous silence et n’en devait point avertir tout le monde, pour n’y pas faire songer ceux qui n’y pensaient point. […] Après avoir parlé de la paysanne, des équivoques qui tournent l’esprit à de sales pensées et d’autres choses de cette nature, le défenseur des tartufes tâche à prouver par tout cela que Molière est un athée. […] Quoi, il mettra des équivoques qui tourneront l’esprit à de sales pensées, et l’on ne l’appellera pas athée ? […] Si j’ose toutefois vous dire ma pensée, je crois que Dieu doit bien punir d’autres crimes avant que nous faire payer la peine de ceux qui se sont glissés dans les comédies, en cas qu’il y en ait.
On s’étourdit au moins de ces pensées vagues & confuses qu’on n’approfondit jamais. […] Mais pour suivre ici le progrès de nos pensées, & chercher toujours la raison de la raison même, d’où vient que nous prenons tant de plaisir à admirer, nous qui en trouvons un si grand à mépriser ? […] Nous croyons les reconnoître dans les Héros que le Poëte fait parler ; nous nous approprions leurs pensées, ou nous nous imaginons qu’ils empruntent ou qu’ils expriment les nôtres ; & ces deux différents tours de notre amour propre réussissent également. […] Elle a donc son sublime comme la Poësie, & elle transporte l’Auditeur comme dans un séjour enchanté où il éprouve une espéce d’yvresse qui absorbe toute autre pensée. […] Jugeons enfin, pour achever d’approfondir cette pensée, jugeons de l’Art par la nature, & de la fiction par la Vérité.
Ce qu’il lui prend en fantaisie d’appeller Air, doit renfermer une seule pensée, èxprimée avec briéveté, qui peigne plutôt la tendresse que toute autre passion. […] Les Acteurs n’auraient-ils pas plutôt èxprimés leurs pensées à l’aide de la parole, que par le moyen du chant ? […] Je sais que la musique a plutôt besoin d’images que de pensées fines & spirituelles. […] » Concluons, que le Poète ne doit s’attacher qu’à bien écrire l’Ariette, sans y faire entrer des pensées trop délicates. […] Une autre raison encore, c’est que dans un Ouvrage bien fait, rien ne doit être présenté qui ne soit lié avec ce qui précède, tant les faits que les pensées.
Hégémont de Thasos est l’Auteur de la Parodie dramatique ; c’est encore les Grecs qui nous l’assurent : il l’a mit en action en composant des Vers de plusieurs tragiques célèbres une Comédie dans les règles ; il s’appliquait à donner un sens burlesque à une pensée noble & sublime. […] Le Vaudeville ou le couplet, dont je me propose encore de parler(15), est admirable pour donner un tour piquant à la moindre pensée ; il fait valoir une saillie ; il en a la légèreté. […] La Parodie dramatique ne s’attache pas toujours à tourner en ridicule l’intrigue & les pensées d’un Poème en leur opposant une action & des pensées tout-à-fait burlesques.
O étranges mariages, dont le dessein n’est conçu que dans la recherche de la volupté, et ne peut naître que des sentiments de la chair ; puisque c’est ce qu’on voit et ce qu’on entend dans la danse qui en inspire les pensées ! […] Ne compte-t-on pour rien tant de pensées impures, et tant de mauvais désirs, dont les âmes qui étaient peut-être venues pures au bal, se trouvent toutes salies et noircies lors qu’elles en sortent ?
Minerve tient la pensée La vertu l’âme enlasséeb, Les amours rient en l’œil, La troupe divine ensemble En ce bel esprit assemble Les clartés de ce Soleil. […] [NDE] Comprendre : Minerve tient la pensée enlacée, la vertu tient l’âme enlacée.
Je me contente d'avoir expliqué ce qui s'est fait parmi les Anciens, et ce que nous avons fait ensuite des pensées raisonnables qu'ils ont eues, ou en reformant ce qu'ils avaient mal introduit. Et pour ne pas abandonner entièrement cette dernière pensée favorable à la représentation des Poèmes Dramatiques, je l'appuierai seulement du témoignage de Saint Thomas, qui par sa profession2. 2. q. 168. 3. art. 3. […] Il propose comme une grande difficulté dans l'instruction qu'il nous donne touchant la modestie, « Que les Histrions semblent pécher contre cette vertu par l'excès du divertissement, en ce qu'ils n'ont point d'autre pensée en toute leur vie que de jouer.
Quels sentiments auraient eus des fidèles, les païens eux-mêmes, s’ils avaient vu qu’avec cette loi si pure, si sainte et si parfaite, qui condamne jusqu’à la pensée du mal, qui oblige de tendre sans cesse à la perfection, ces fidèles eussent eu besoin d’un commandement particulier pour n’aller pas aux spectacles ? […] Saint Paul aussi a tout compris dans ces paroles : « Au reste, mes frères, tout ce qui est véritable, tout ce qui est juste, tout ce qui est saint (selon le grec, tout ce qui est chaste, tout ce qui est pur), tout ce qui est aimable, tout ce qui est édifiant ; s’il y a quelques vertus parmi les hommes, et quelque chose digne de louange dans la discipline, c’est ce que vous devez penser14 » : tout ce qui vous empêche d’y penser, et qui vous inspire des pensées contraires, ne doit point vous plaire, et doit vous être suspect.
Rabaisser la Divinité, c’est détruire la grandeur même de Caton, et la beauté de sa pensée. […] douter du sublime de leurs pensées ! […] Le plan, les vers, les pensées sont du ressort de l’esprit et le fruit des talents. […] Mérite facile : une saillie, une pensée, une rime y suffisent. […] Les gestes sont l’habit des pensées.
« Au reste, mes frères, tout ce qui est véritable : tout ce qui est juste, tout ce qui est saint, (selon le grec) u , tout ce qui est chaste, tout ce qui est pur) tout ce qui est aimable, tout ce qui est édifiant : s’il y a quelque vertu parmi les hommes, et quelque chose digne de louange dans la discipline ; c’est ce que vous devez penser » : tout ce qui vous empêche d’y penser, et qui vous inspire des pensées contraires, ne doit point vous plaire, et doit vous être suspect. Dans ce bel amas de pensées que saint Paul propose à un chrétien, qu’on trouve la place de la comédie de nos jours, quelque vantée qu’elle soit par les gens du monde.
On sait que ce genre d’écrire est marqué à un coin différent des autres ; qu’il ne consiste pas, comme l’histoire, par exemple, dans un récit simple et fidèle ; qu’il y faut je ne sais quel brillant qui serve comme de parure au solide, certains tours particuliers soit pour la pensée, soit pour l’expression ; certaines figures qui le caractérisent. […] Mais ce que j’ose assurer, c’est que j’ai toujours rendu la pensée de mon Auteur, et littéralement même dans tous les endroits où je n’ai point été arrêté par des Anglicismes et par des constructions purement Anglaises. […] Attentif et fidèle au sens de l’original, j’ai adouci certaines métaphores trop fortes selon nous ; j’en ai même retranché quelques-unes, qui ont dans l’Anglais un agrément auquel nous ne sommes pas accoutumés : j’ai déplacé quelques pensées pour leur donner un ordre plus conforme à notre manière d’arranger les nôtres ; j’ai changé le sens figuré au sens propre, ou le sens propre au sens figuré, à mesure que l’un ou l’autre me semblaient convenir davantage : j’ai étendu ce qui pouvait nous paraître trop obscur, pour être trop laconique ; et au contraire j’ai serré ce qui pouvait nous paraître lâche pour être trop étendu : quoique après tout, ce ne soit guère le défaut de M.
C’est peut-être dans cette pensée qu’un Italien l’appelle une folie qui passe de la tête jusqu’aux pieds : néanmoins on peut dire, à la honte de plusieurs Mères Chrétiennes, que leurs Filles savent plutôt un pas de danse, que les principes de leur Religion, tant elles ont soin de les rendre agréables au monde, sans se soucier de plaire au Seigneur. […] Ce sont des troupes auxiliaires, que vous appelez pour votre ruine ; ce grand Saint exprime sa pensée avec des termes dignes de son esprit, et que je vous prie de remarquer. […] entrez dans leurs cœurs, et voyez ces pensées, ces désirs et ces affections. […] Quelles pensées peuvent porter les objets dans l’esprit ? et quelles affections prétendez-vous que ces pensées formeront dans un cœur ?
L'Auteur s’est contenté la plupart du temps de rapporter à peu près les mêmes mots, et ne se hasarde guère à mettre des vers: il lui était bien aisé, s’il eût voulu, de faire autrement, et de mettre tout en vers ce qu’il rapporte, de quoi quelques gens se seraient peut-être mieux accommodés; mais il a cru devoir ce respect au Poète dont il raconte l’ouvrage, quoiqu’il ne l’ait jamais vu que sur le théâtre, de ne point travailler sur sa matière, et de ne se hasarder pas à défigurer ses pensées, en leur donnant peut-être un tour autre que le sien. […] C'est ce qu’on a cru devoir dire par avance, pour la satisfaction des gens sages, et pour prévenir la pensée que le titre de cet Ouvrage leur pourrait donner, qu’on manque au respect qui est dû aux Puissances : mais aussi, après avoir eu cette déférence et ce soin pour le jugement des hommes, et leur avoir rendu un témoignage si précis de sa conduite, s’ils n’en jugent pas équitablement, l’auteur a sujet de s’en consoler, puisqu’il ne fait enfin que ce qu’il croit devoir à la Justice, à la Raison et à la Vérité.
Dieu qui, par la sainteté de sa Loi, nous ordonne de veiller en tout temps sur nos sens, sur notre esprit, et sur notre cœur, pour en écarter les représentations et les pensées dangereuses, qui fera rendre compte d’une parole inutile et des moindres dépenses superflues, peut-il approuver des spectacles qui remplissent l’esprit et l’imagination de tant d’objets vains, ridicules et séduisants ? […] Mais, dira-t-on, je n’y vais que par divertissement, je n’y ai jamais eu ni mauvaises pensées ni tentations.