La vérité ou persuasion intime, naît du tact particulier : elle ne peut être de convention, et on s’abuse soi-même, quand on croit croire sur caution. […] J’avoue que cette licence effrénée d’un Particulier sans caractère, nourri dans nos Théâtres, qui ose faire publier à Paris un Libelle aussi monstrueux, contre une Nation dont il n’a qu’à se louer, m’a révolté ; et je n’ai pu m’empêcher de faire la critique de son Livre, malgré toute la faveur où sa façon d’écrire et la nouveauté des idées qu’il présente, le mettent aujourd’hui auprès du Public.
D’ailleurs les pièces comiques étant occupées des folies et des passions de la jeunesse, il y avait une raison particulière de les rejeter ; « de peur, disait-il, qu’on ne tombât dans l’amour vulgaire »De Rep. 10.
Traité de la comédie et des spectacles La critique ordinaire de la Comédie fonde ses jugements sur l'application qu'elle fait des règles de la poétique aux ouvrages des particuliers dont elle prétend découvrir les défauts, ou les beautés. […] Je ne prétends pas en parlant de la Comédie traiter seulement de cette sorte de poème qui a premièrement, et plus proprement porté ce nom par l'institution des hommes; mais comme ce nom d'une espèce particulière est devenu en France un nom général qui convient à toutes les pièces de théâtre, soit qu'elles soient effectivement des Comédies, soit aussi que ce soient des Tragédies, ou des Tragi-comédies; c'est sous ce nom que j'ai prétendu examiner toutes sortes de Poèmes Dramatiques, et en général, par ce qu'ils ont de commun, et en particulier, par ce qui fait leurs espèces différentes. […] C'est pour cela qu'il est nécessaire d'en venir à un plus grand détail ; et après avoir dit ce qui est de commun à toutes les Comédies, et qui compose comme leur genre, il faut faire voir ce qui est de particulier dans chaque espèce, et discourir de sa nature et de son origine, en y joignant ses circonstances, et ses effets comme je me le suis proposé. […] Rodrigue n'obtiendrait pas le rang qu'il a dans la Comédie s'il ne l'eût mérité par deux duels, en tuant le Comte, et en désarmant Don Sanche: et si l'histoire le considère davantage par le nom de Cid, et par ses exploits contre les Mores; la Comédie l'estime beaucoup plus par sa passion pour Chimène et par ses deux combats particuliers.
.), défend aux Clercs d’être présents à certaines comédies, vraisemblablement assez peu dangereuses, qui se représentaient alors dans les maisons particulières, aux festins des noces et autres grands repas ; mais leur ordonne de se lever et de se retirer quand les Comédiens entreront, « Surgere de convivio et abire. » 2.° Il est défendu aux enfants des Prêtres de représenter la comédie ou d’y assister, soit aux enfants nés avant la promotion de leur père au Sacerdoce, les seuls que puisse reconnaître l’Eglise Latine (Concil. […] Sans entrer dans un détail ennuyeux de citations, je puis dire en avoir lu plus de cinquante, et partout avoir admiré la plus grande uniformité de discipline : et quoiqu’il se trouve quelques particuliers qui la transgressent, je n’ai vu aucun Ecclésiastique qui doute de la loi. […] (traité où on n’irait pas chercher cette question), et quelques autres Casuistes, qu’il est permis aux Religieux d’aller à la comédie, pourvu qu’il n’y ait point de scandale (par exemple, dans des loges grillées), de danger de péché mortel, de défense particulière de leur règle, et que le sujet de la pièce soit quelque histoire sainte ou humaine, ou quelque fable de l’invention du Poète, (c’est-à-dire à toutes les pièces, car il n’y en a point d’une autre espèce). Cette décision pèche par deux endroits : elle suppose qu’en général la comédie peut être permise à certaines conditions qui ne s’y trouvent jamais, et qu’en particulier elle est alors permise même aux Religieux, si leur règle ne le défend pas expressément, comme si les canons de l’Eglise ne suffisaient pas, et comme s’il fallait attendre des défenses particulières pour une chose mauvaise d’elle-même, à laquelle les règles n’ont pas dû penser qu’il fût nécessaire de pourvoir, comme étant absolument contraire à l’esprit de l’état.
Augustin nous l’apprend, lors qu’il dit, « que ce n’est point à la vérité un péché d’aller à la guerre, mais que l’on ne peut y aller sans péché, si on embrasse cette condition pour voler ; que les charges de la République ne rendent point un homme criminel, mais que néanmoins l’administration des affaires publiques est vicieuse, lorsqu’elle est en la main d’un homme, qui n’y cherche que ses intérêts particuliers, et qui ne s’y applique que par esprit d’avarice, et pour s’enrichir. » « Militare non est delictum, sed propter predam militare pecatum est ; nec Rempublicam gerere criminosum est, sed ideo gerere Rempublicam, ut divitias augeas, videtur esse damnabile. »23. q. 1. cap. militare.
Elle se renouvelle vingt fois par an, dans toutes les villes de France, dans toutes les Capitales de l’Europe ; &, quand l’ouvrage est imprimé, il unit à ce grand effet qui lui est particulier, le seul effet que peut produire un bon ouvrage d’un autre genre. […] Il est bien vrai qu’une Pièce peut être représentée à Paris & à la Cour, quand il est avéré qu’elle ne contrarie aucune opinion particulière d’aucun des arbitres ; mais on doit sentir, en récompense, que rien n’est moins possible, quand la Pièce n’est pas tout-à-fait insignifiante. […] C’est du caractère particulier, c’est du degré de lumières, c’est du caprice de quelques hommes, que dépend la permission de représenter une Pièce de Théâtre. […] Ce pays est un pays d’esclaves ; & les Magistrats sont législateurs par-tout où leur opinion particulière décide. […] Les Gens de Lettres, sans doute, & même ces grands hommes, n’ont pas droit d’attendre des loix une protection particulière, que ne partageroit point le reste des Citoyens.
Et même, les plus ardents de ces privilégiés le voyaient ainsi long-temps avant que la révolution n’eût blessé leurs intérêts particuliers, par une influence philosophique qu’ils rendent comptable, pour cette raison, de tous les dommages et de tous les désordres passés et à venir. […] Mais je pense invariablement qu’on ne parviendra jamais à détruire d’une manière satisfaisante les plus puissants obstacles à cette régénération qu’avec le secours du moyen que je propose, pour la même fin, dans le second volume du Traité des causes et de l’indigence et de l’immoralité, etc., que j’ai adressé, comme celui-ci, à tous les hommes raisonnables, guidés par la religion et la saine philosophie, par l’expérience et le sentiment de la nécessité d’un changement de mœurs, pour leur intérêt particulier autant que pour l’intérêt général4. […] En effet, Molière a attaqué en général les faux dévots, ou les prêtres auxquels il a fait le plus grand mal généralement ; ce qui n’a pas empêché qu’on ne fit de sa satire une application particulière : M. de Rochette, évêque d’Autun, a été désigné comme en étant l’objet ; il en a souffert toutes les rigueurs, comme si elle eût été dirigée ouvertement contre lui, et cela sans recours, sans pouvoir repousser l’agression, ni s’en plaindre ou se justifier. […] Elle aurait encore l’effet salutaire de pouvoir peu à peu s’étendre à la foule immorale des particuliers inattaquables autrement, des parasites et làches complaisants qui flattent les vices, qui fréquentent et caressent les fripons heureux qu’ils encouragent, dont ils soutiennent l’impudence, par qui le crime est sciemment plus honoré, mieux défendu que l’innocence même. […] La commission, moyennant ces précautions et d’autres nécessaires pour éviter le danger des applications particulières et injustes, croira peut-être pouvoir conserver aussi aux théâtres le droit de poursuivre en masse de simples ridicules ; c’est-à-dire, de gloser et s’égayer sur les faiblesses, les défauts, les erreurs, les préjugés, qui sont censés affecter indistinctement toutes les classes de la société ; mais je ne doute pas qu’elle n’encourage plus efficacement qu’on ne peut le faire aujourd’hui, surtout le genre de spectacles convenable à toutes les conditions et à tous les âges ; celui dans lequel la morale est véritablement respectée et défendue, dans lequel le charme du naturel, celui de l’esprit sage et une gaîté décente, s’associent aux convenances et à l’intérêt du sentiment ; dans lequel, par conséquent, on ne souffre point de ces comédies faites bien moins dans l’intérêt de la réforme que dans le goût de la malignité et le sens de la dégénération, où on voit le vice fardé et séduisant triompher, au milieu des éclats de rire, de la vertu défigurée et avilie.
Des particuliers en firent aussi la dépense. […] La condition de cette classe d’hommes, qui dans les fêtes ne prenoient part à la douleur commune ou à l’allégresse publique, qu’à proportion du lucre particulier qu’ils en retiroient, ne pouvoit avoir rien que de vil. […] Ce qui n’est qu’ornement dans la royauté, éclat & majesté pour le trône, splendeur & magnificence pour un grand, est luxe pour un particulier. […] C’est une chose de luxe, quand un simple particulier a chez lui une chapelle & une comédie, un chapelain & des acteurs à ses gages. […] Le dérangement de la fortune publique entraîne nécessairement avec lui celles des particuliers ; & il n’est pas plus nécessaire, comme quelques-uns le prétendent, qu’un Etat se doive à lui-même, qu’il ne l’est qu’un pere de famille soit le débiteur de ses enfans.
On sait que ce genre d’écrire est marqué à un coin différent des autres ; qu’il ne consiste pas, comme l’histoire, par exemple, dans un récit simple et fidèle ; qu’il y faut je ne sais quel brillant qui serve comme de parure au solide, certains tours particuliers soit pour la pensée, soit pour l’expression ; certaines figures qui le caractérisent. […] D’un autre côté nos Dramatiques n’ont-ils pas déjà assez de traits dans leurs Poèmes auxquels peut convenir cet ouvrage, au défaut d’une critique particulière du Théâtre Français ?
De vous spécifier le motif particulier que j’ai eu, de l’entreprendre ainsi par exprès, il serait superflu ; joint que ce sont des plaies domestiques, qu’il est bon de cacher, plutôt que de les tirer au jour. […] Jusques là, nul Pasteur particulier ne leur peut donner aveu, ni exempter de blâme ceux qui y courent, s’il ne veut faire contre l’ordre, et prévariquer en sa charge. […] De plus, les Conducteurs de l’Eglise ont toujours ici devant leurs yeux leur règle générale, à savoir l’Ecriture, qui les adresseec en cette conduite particulière. […] De là vient donc, qu’en ce fait particulier des Théâtres, les Pasteurs font des censures publiques, et fortes, à ceux qui y courent si opiniâtrement, tandis qu’ils ne censureront pas ainsi en public des particuliers qui auront commis ces autres péchés. […] Nous avons justifié que divers Conciles particuliers, et le sixième universel, les ont foudroyés de leurs anathèmes, 8.
Que les danses d’aujourd’hui ne soient déréglées et vicieuses, puisque ce sont des particuliers qui font ces assemblées de leur autorité privée, sans aucune raison qui regarde le bien commun ; mais par la seule inclination vers son propre plaisir.
Par tous ces principes des saints pères, sans examiner le degré de mal qu’il y a dans la comédie, ce qui dépend des circonstances particulières, on voit qu’il la faut ranger parmi les choses les plus dangereuses ; et en particulier on peut juger si les pères ou les saints docteurs qui les ont suivis, et Saint Thomas comme les autres, avec les règles sévères qu’on vient d’entendre de leur bouche, auraient pu souffrir les bouffonneries de nos théâtres, ni qu’un chrétien y fît le ridicule personnage de plaisant.
Vous sçavez, Monsieur, que chaque homme a ses idées particulières, pour lesquelles on ne doit point lui faire son procès, quand elles ne troublent en rien la Société.
Qu’il n’est point permis aux particuliers de faire des assemblées pour la danse, ni pour toute sorte de sujet. page 33.