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49. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Louis XIV ne parut plus sur le théâtre, et ne dansa plus dans les ballets, quoiqu’il aimât la danse et qu’il dansât bien. […] Il parut donc sur la scène, récita des vers de sa façon, joua de la lyre, fléchit un genou, salua l’assemblée, obéit à toutes les lois du théâtre, voulut être jugé à la rigueur, et fut au comble de la joie d’avoir obtenu le prix. […] Il n’y en paraît point à qui son confident, son ministre, sa cour, tout ce qui l’environne, ne tienne les propos les plus païens, les plus vicieux, les plus tyranniques, sur l’autorité, l’ambition, la vengeance, la fierté, l’amour de la gloire. […] S’il y paraît un homme raisonnable, qui fasse entendre quelque discours de religion et de vertu, sa voix est étouffée par la foule des autres, il ne manque pas d’être combattu et tourné en ridicule. […] Lui-même il n’y parut que rarement et par nécessité ; les jeux lui paraissaient indignes de la philosophie dont il faisait profession.

50. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « X. » pp. 47-54

On ne saurait donner d’autre sens raisonnable à vos paroles : L’erreur, dites-vous, la violence, la discorde, l’impiété, la dissimulation, la calomnie paraissent sur la Scène. […] Cette Scène et ce Théâtre ne peut être, par exemple, dans le Diocèse de Grenoble où votre Héros n’a nulle autorité, ni dans celui de Lavaur qu’il a quitté ; et le bon sens veut que ce ne puisse être que le Diocèse d’Aix, où paraissent, selon vous, tous les vices sur la Scène. […] Abelly ont introduit dans la morale Chrétienne cette pernicieuse maxime : Que l’on peut suivre une opinion moins probable et moins sûre en faisant ce qui est péché selon l’opinion contraire qui nous paraît plus probable. […] Mais quoi que cela lui paraisse probable, il prétend que l’on se met à couvert de cette obligation en souscrivant à l’opinion contraire.

51. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

Mais cela paraît particulièrement dans le luxe de leurs Habits, dans la magnificence de leurs Festins, et dans la pompe de leurs Spectacles : Car quand ils se montrent à leurs Sujets dans quelques occasions extraordinaires, ils doivent prendre ces ornements qui semblent être consacrés aux cérémonies publiques ; Ils sont obligés d’emprunter l’éclat des Perles et des Diamants pour éblouir les yeux des Spectateurs, et de ne rien oublier de tout ce qui peut entretenir la Majesté de leur Personne, et l’admiration de leurs Sujets. Il semble que Dieu même, dont ils ne sont que les ombres, en ait usé de la sorte dans l’ancienne Loi, quand il se montrait aux hommes : Car il paraissait dans une lumière si éclatante, que les yeux avaient peine à le souffrir : Il était porté dans un char de flammes, ou sur les ailes des vents ; Les foudres et les éclairs marchaient devant lui, et faisaient mourir souvent quelques coupables ; pour donner de l’étonnement et de la terreur aux innocents. […] Les Spectacles qui sont autorisés par le temps et par la coutume, seront un peu plus difficiles à régler : Car il semble que c’est en ces occasions que le Prince fait paraître sa Magnificence, qu’il divertit ses Sujets, qu’il exerce sa Noblesse, qu’il ravit même ses Alliés, et qu’il donne des marques de sa grandeur et de son adresse. […] C’est de quoi je ne tombe pas d’accord, et pour produire la pièce qui a reçu le plus de louanges et qui a été l’admiration de toute la France ; N’est-il pas vrai que Chimène exprime mieux son amour que sa piété, que son inclination est plus éloquente que sa raison, qu’elle excuse mieux le parricide qu’elle ne le condamne, que sous ce désir de vengeance qu’elle découvre, on y remarque aisément une autre passion qui la retient, et qu’elle paraît incomparablement plus amoureuse qu’irritée ?

52. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Elle se repent de sa faute, elle fait tout ce qu’elle peut pour obliger Don Juan à se convertir, elle ne paraît point sur le théâtre en pécheresse, mais en Madeleine pénitente. […] On l’accuse néanmoins, bien qu’elle soit innocente, pource que c’est Molière qui l’a fait paraître sur la scène, et l’on n’en a pas autrefois condamné d’autres, qui dans le même Festin de Pierre ont, ou de force ou de gré, pendant le cours de la pièce, perdu si visiblement leur honneur qu’il est impossible à l’auditeur d’en douter. […] Je sais bien que si les vrais et faux dévots paraissent ensemble, que s’ils avaient un même habit et un même collet et qu’ils ne parlassent point, on aurait raison de dire qu’ils se ressemblent ; c’est là justement où ils ont une même apparence. […] Je vous dirai pourtant, avant que de la quitter, que les véritables dévots ne sont point composés, que leurs manières ne sont point affectées, que leurs démarches et leurs grimaces ne sont point étudiées, que leur voix n’est point contrefaite et que, ne voulant point tromper, ils n’affectent point de faire paraître que leurs mortifications les ont abattus. […] Si l’on regardait ses pièces comme des éclipses et des comètes, on n’irait pas si souvent : il y a longtemps que l’on ne court plus aux éclipses, on se lasse même des comètes quand elles paraissent trop souvent.

53. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XI.  » p. 466

Les Comédies et les Romans n'excitent pas seulement les passions, mais elles enseignent aussi le langage des passions, c'est-à-dire l'art de les exprimer et de les faire paraître d'une manière agréable et ingénieuse, ce qui n'est pas un petit mal. […] Et il arrive aussi quelquefois que des personnes sans être touchées de passion, et voulant simplement faire paraître leur esprit, s'y trouvent ensuite insensiblement engagées.

54. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre X. Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs, bien loin de les réformer. » pp. 185-190

Mais l’impudicité règne dans leurs Ouvrages, quoi qu’elle y paraisse sous les habits de la vertu. […] Cependant le Poète qui veut intéresser ses auditeurs dans la fortune de Pamphile et de Glycérie, fait paraître ces deux jeunes gens aimables ; il en fait à la fois un monstre de vertu et de vice, ou plutôt un composé de vices effectifs sous des vertus apparentes, pour le rendre aimable ; de sorte que bien loin que des jeunes gens conçoivent de la honte de ces sortes d’amours, ils souhaiteraient ressembler à ces deux amants, dont les amours réussissent. […] Les vices dont elle donne de l’horreur, paraissent horribles d’eux-mêmes sans artifice.

55. (1675) Traité de la comédie « XI.  » p. 290

Les Comédies et les Romans n'excitent pas seulement les passions, mais elles enseignent aussi le langage des passions; c'est-à-dire l'art de s'en exprimer et de les faire paraître d'une manière agréable et ingénieuse, ce qui n'est pas un petit mal. Il y a bien des gens qui étouffent de mauvais desseins, parce qu'ils manquent d'adresse pour s'en expliquer: et il arrive aussi quelquefois que des personnes sans être touchées de passion, et voulant simplement faire paraître leur esprit, se trouvent ensuite insensiblement engagées dans les passions qu'elles ne faisaient au commencement que contrefaire.

56. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

C’est de ne pas y paraître sans ceinture : « Hanc habet a vetere disciplina verecundiam, ut in scena sine subligaculo prodeat nemo. » Quoi ! sur un théâtre païen les Actrices n’osent paraître sans ceinture, quoique les robes Romaines fussent très modestes et même embarrassantes ! […] Cette pension se payait encore en 1608, comme il paraît par une lettre du Roi à M. de Sully pour la faire payer (Mémoires de Sully, Tom. […] Les Actrices arborèrent une parure si fort de leur goût, elles y parurent à demi nues. Cet usage s’y est si bien établi, qu’il y est devenu une loi : une Actrice modeste ne serait pas soufferte dans la troupe, et n’oserait paraître sur la scène.

57. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Voilà pourquoi nous rencontrons dans les Tragédies, des Vers qui ne paraissent que l’ouvrage du Poète. […] Quand je recommande qu’on ait soin de faire paraître le Dialogue vraisemblable, je veux dire, qu’il soit naturel que les Acteurs s’entretiennent dans le lieu & dans l’instant où vous les faites parler. Qu’il paraisse, que ce sont les seuls Acteurs qui parlent au Théâtre. […] Il paraît que la Tragédie chez les Latins fut toujours privée de cette simplicité de Dialogue, d’où résultent de si grandes beautés. […] La Scène que j’insère ici me paraît un chef-d’œuvre d’éloquence naturelle, & de beautés de Dialogue.

58. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Il la fit venir à Antioche ; et un jour qu’il assistait aux jeux du Cirque, elle y parut montée sur un Dromadaire. […] On a toujours mis une grande différence entre les Acteurs publics et ceux qui ne paraissaient que dans des maisons particulières. […] Il paraît que ces Comédies pieuses furent encore jouées pendant quelque temps. […] » Il paraît par une exception que fit cet Auteur p. 102 qu’on jouait véritablement des pièces. […] Cette Traduction parut à Paris en 1569.

59. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

Loin de vouloir en convenir, nous la forçons de paraître dans la Comédie, dans la Tragédie même, & dans l’Opéra-sérieux & bouffon. […] On ne doit la faire paraître qu’au nouveau Théâtre. […] Le succès de ce genre de Pièce surpasserait de beaucoup celui de Pastorale, parce que son intrigue est très-vive & très-divertissante ; mais nos Auteurs, je ne sçais pourquoi, paraissent le dédaigner. […] Nous en avons pourtant un grand nombre en cinq Actes, & qui, pour comble d’ennui, sont des Comédies, ou des Scènes dialoguées ; mais elles ont paru dans un tems où les bonnes Pièces étaient rares. […] On veut que son chant soit simple, & proportionné à sa manière de s’èxprimer, de même qu’il paraît naturel que les paroles soient de lui.

60. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Arthur où il paraît qu’il n’aime pas les coups. […] Ensuite on outrage Bulle en vrai langage des halles ; on le fait paraître un hébété, un misérable, un impie. […] paraît dans un conseil de guerre la couronne sur la tête et le sceptre en main : il offre une grosse rançon pour sa fille, et insiste fort sur l’honneur qu’il a d’être consacré à Apollon. […] Le Sacerdoce est un trop saint et trop auguste ministère pour paraître assez décemment sur un Théâtre. […] La qualité de Clerc est pour le moins égale à celle de Gentilhomme : autrement elle pourrait paraître en plusieurs rencontres une sorte de tache.

61. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Le Grand-Prêtre, seul avec son Epouse, se prépare à exécuter son projet, qui paroît devoir être déconcerté par l’arrivée imprévue d’Athalie, & par les soupçons que lui donne la vûe de Joas. […] Il ne paroît sur le Théâtre que parce qu’Athalie l’envoye chercher, & il n’y revient qu’envoyé par Athalie. […] Il me paroît donc que le Poëte qui s’est conformé aux Principes d’Aristote, & qui a conduit sa Piéce dans la simplicité des Tragédies Grecques, est celui qui a le mieux réussi. […] Sect. 39. prétend qu’il ne paroît plus grand dans Athalie que dans ses autres Tragédies, que parce que son Sujet l’a autorisé à orner ses Vers des figures les plus hardies, & des images les plus pompeuses de l’Ecriture Sainte. […] Pour rendre ce Spectacle moins ennuyeux, nous l’avons embelli, par les Décorations, les Machines, les Danses : nous y faisons descendre du Ciel, sortir des Mers ou des Enfers toutes les Divinités fabuleuses, qui ont paru plus souvent parmi nous que sur le Théâtre d’Athenes ; mais comme dit S.

62. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Q uoique j’aye parlé de la vraisemblance dans le cours de cet Ouvrage, il me paraît nécessaire d’en dire encore un mot. […] Qu’on vienne au contraire nous apprendre une avanture toute simple, qui paraisse probable, nous l’écoutons attentivement, notre cœur s’ouvre à la tristesse ou à la joye, à mesure que celui qui en est le Hèros a lieu de s’affliger ou de se réjouir. […] La vraisemblance théâtrale, est un rapport si parfait des choses les unes-aux-autres, qu’il paraît impossible qu’elles se soient passées différemment qu’on les représente. […] Il est clair que l’action est tout-à-fait modernes ; ainsi l’on fait agir Mercure, Jupiter, dans un tems où l’on ne connait que la Religion Chrétienne, que le culte du vrai Dieu : il est aussi comique d’avoir fait une telle faute, que si l’on fesait paraître un des Saints de la Légende au grand Aléxandre, ou bien à un des anciens Rois de Perses.

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