Il n’y a personne de si malheureusement né, dit Horace, qui, avec de la docilité, ne puisse y faire des progrés. […] L’étude des Philosophes leur fera naître des doutes, & leur fournira en même temps les moyens d’en trouver la solution ; la lecture des Historiens leur apprendra à connoître l’homme dans toutes ses variétés ; les Orateurs leur présenteront le modele de la façon dont on doit s’énoncer dans les occasions importantes ; les Rhéteurs leur découvriront les secrets de l’art de dominer sur les esprits ; les Poëtes eux-mêmes contribueront de plus d’une manière à les enrichir : ils leur offriront la Nature embellie des charmes de leur imagination, & leur prodigueront des maximes puisées dans le sein de la Philosophie ; & qui, pour n’être pas entiérement développées, n’en sont souvent que plus propres à faire une vive impression. […] Quand cet habile Rhéteur donnoit ce conseil, il n’avoit probablement pas en vue les Auteurs Dramatiques, qui sont esclaves nés de leurs Spectateurs.
Pierre à tous les Evêques, … …non en dominant sur l’héritage du Seigneur, mais en vous rendant les modèles du troupeau par une vertu qui naisse du fond du cœur ».
En proscrivant les inclinations vicieuses, les saintes Ecritures proscrivent aussi tout ce qui les fait naître, les entretient et les fortifie.
Tous ces fruits empoisonnés naissent dans le sol du théâtre, et y sont cultivés par des mains habiles et exercées à en répandre le venin.
Le pays qui l’a vu naître, le siécle qui l’a enfanté sont les plus heureux de tous les siécles qui ait jamais été depuis le commencement, & qui doivent être jusqu’à la fin. […] C’est apparemment le génie de Socrate, qui rend assidument visite ; car, ailleurs les talents, l’esprit, le génie ne sont que la personne même qui en est enrichie ; ce qui, sans doute est assidu chez elle, tout cela est encore né dans la maison de la Clairon ; car c’est leur patrie ; mais peut-être parle-t-il des gens à talens qui lui sont la cour : quoi donc, la Harpe, Marmontel, &c. […] Il étoit né avant elle ; reconnu poëte, historien, philosophe avant elle ; immortalisé avec Emilie, avec la Gaussin, avec la le Couvreur. […] Il faudroit avoir une étrange dose d’envie pour envier les lauriers qui naissent chez la Clairon : qu’a-t elle donc tant fait, cette Clairon ?
Le premier Théâtre des Baladins est sans contredit celui de Nicolet : les Tours-de force que l’on y voit, la Danse-de-corde, les Sauts-périlleux peuvent donner ce plaisir vif qui naît de la surprise, de l’étonnement, unis à la crainte du danger auquel le Baladin s’expose. […] Rien de plus légitime, que le gain que fait un Artiste intelligent, inventeur d’un ouvrage au-dessus des vues communes ; & rien de plus naturel que la curiosité de l’homme qui cherche à s’instruire, à acquérir de nouvelles lumières : la vue d’une machine quelconque, inutile en elle-même, a souvent fait naître les idées les plus heureuses pour les commodités de la vie. […] Cette Jeunesse, pourrait être préparée, dès l’enfance, aux Représentations Dramatiques, en même-temps qu’on interdirait, sous les peines les plus sévères, cette occupation à tous les Citoyens nés légitimes. […] Les enfans nés des Acteurs & des Actrices, seront libres, & ne seront point distingués des autres Citoyens.
En effet, si celle qui est née avec vous, était éteinte, toutes ces choses seraient capables de la faire revivre. […] Si vous prenez à main nue un fer bien chaud, vous voyez sur le champ naître des ampoules, qui s’élèvent, et qui dans peu de temps deviennent des blessures très cuisantes et très dangereuses. […] Mais celui du saint homme Job me semble encore plus fort pour prouver cette vérité : c’est un homme qui tenait le rang d’un prince dans son pays, comblé de richesses, d’honneurs, d’amis, et d’autorité, au au milieu d’une famille la plus heureuse qui fût au monde, par le moyen du nombre des Enfants bien nés et bien faits, que Dieu lui avait donnés. […] Vous n’ignorez pas que l’homme ne naît que pour mourir, que le premier pas qu’il fait dans la vie, est la première démarche qui le conduit au tombeau ; il est coupable et condamné à la mort dès qu’il commence de vivre ; la sentence est déjà prononcée, mais l’exécution en est différée autant qu’il plaît au souverain Juge, sans que le criminel en ait la connaissance : voilà votre condition et la mienne, c’est pourquoi, si nous sommes sages, nous ne devons pas nous assurer d’un seul moment.
Nos revenus ne nous y feraient briller qu’aux yeux des paysans ; une résidence trop constante nous éloignerait des occasions qu’on peut saisir et faire naître en demeurant à la Cour ou dans la Capitale ; allons-y donc, affermons nos terres, achetons au prix de la moitié de notre revenu le plaisir de briller dans l’Antichambre du Prince ou dans celle du Ministre. […] Mais Monsieur, les ridicules ne seraient pas sans les vices : ce sont eux qui en sont les sources, on ne peut donc pas attaquer un ridicule sans attaquer le vice qui l’a fait naître. Celui des Précieuses par exemple, a pour principe l’orgueil qui fait gémir Cathos et Madelon de n’être pas nées de Cyrus ou d’Artamènecz. […] Nées Bourgeoises, elles ne veulent d’autres sociétés que celles des gens de Cour : tout cela, pour être ridicule, n’en est pas moins vicieux, et c’est l’orgueil impertinent des Bourgeoises qui se donnent des airs de qualité, autant que la fatuité du jargon des beaux esprits femelles de son temps, que Molière a joué avec tant de succès dans sa Pièce.
S'y prêter, s'y plaire, les nourrir, les attirer, les faire naître, c'est se mettre dans la nécessité de pécher, c'est déjà commettre le péché. […] On se croit maître de contenir les passions quand elles sont enflammées, on croit pouvoir en goûter le plaisir sans crime, et le faire naître sans conséquence. […] On ne doit point souffrir, peut-on faire naître dans son cœur la haine, la vengeance, l'orgueil, la volupté ? […] De là naît un goût pour le théâtre qui va jusqu'à l'enthousiasme, une familiarité avec les passions qui y naturalise et en rend esclaves.
Ils s’entretiennent de l’Auteur, de l’Ouvrage, des circonstances de sa reception, des anecdotes qu’il a fait naître ; enfin tout Paris en est occupé.
Plus leurs Auteurs colorent ces vices d’une image de grandeur & de générosité, plus ils les rendent dangereux & capables d’entrer dans les ames les mieux nées ; & l’imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corruption excite en même tems un mouvement tout semblable qui nous transforme en quelque sorte, & nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée.
Il avoit reçu une belle éducation ; il avoit toujours eu bonne compagnie, ce que n’avoit eu ni Moliere ni Plaute, qui étoient nés & avoient passé la moitié de leur vie dans la lie du peuple. […] Des erreurs instructives, des erreurs amoureuses, forment le fonds de ce Roman ; mais nous doutons qu’elles soient instructives, à moins que le tableau du libertinage ne soit matiere d’instructions, & la vue du vice puni, ne fasse naître l’horreur, ce qui n’arrive pas toujours, sous quelque forme qu’on présente le vice, s’il est peint avec chaleur, il réveille nos penchans naturels, & développe le levain caché de nos passions. […] La Roman de Bélisaire, dans son style noble, éloquent, harmonieux, est défiguré par des milliers de vers qui naissent sans y penser sous la plume poétique de l’Auteur, a pris de fort mauvais principes sur la Réligion, qu’il réduit à la loi naturelle, anéantissant presque la révélation. […] Il prévient ; ajoute le rédacteur, une infinité de vices que l’oisiveté feroit naître ; c’est lui au contraire qui entretient l’oisiveté, & avec elle tous les vices, & par lui-même encore les fait naître sans elle.
SELON l’Abbé Prevot, Manuel lexique, suplement ; le mot persister, d’où sont venus persiffleur & persiflage, sont de termes nouveaux que nous avons vû naître, qui se sont accredités tout d’un coup à Paris, & delà dans tout le Royaume : ce mot est énergique & commode. […] Cet arlequin avoit d’ailleurs du mérite, des connoissances, des sentimens : il se plaignoit que Dieu l’eut fait naître pour être fou malgré lui Italien plutôt que Français, comédien & non pas philosophe : il ne vouloit pas voir qu’il ne tenoit qu’à lui de tout reparer en quittant le théatre, & menant une vie chrétienne. […] Cette décence superficielle, & de convention, qui sert de voile à la corruption du cœur, forcera toujours le théatre Français à un vernis de décence, & à une dépravation réelle, le spectateur se brisera contre l’écueil que lui-même y a fait naître, comment s’en s’auveroit-il ? […] On ne trouve plus dans la Société cette politesse, ce respect pour le sexe, cette délicatesse Française qui annoblissoit l’amour, & faisoit naître, du besoin des sens, la noble émulation de la vertu ; tout se reduit à payer cher des courtisannes, qui font grâce à nos merveilleux de l’honnête, qui formeroient avec elles un contraste incommode ; elles le debarrassent lestement de leur santé, de leur argent, de leur conscience ; ils font leurs dupes, & le savent bien ; mais qu’importe ? […] Il n’est pas inutile de reveiller les idées d’une volupté vraie, qui naît de la nature, se developpe par l’estime, se nourrit dans l’ame, la concentre, & ne l’isole que pour la faire jouir avec plus de recueillement & de vivacité.
Mignard fit le portrait de Moliere , dit l’Abbé historien ; leur amitié augmentoit chaque jour : l’instint l’avoit fait naître, l’estime la fortifioit sans cesse. […] Ce seroit le comble de la perfection, si la perruque pouvoit s’appliquer si immédiatement à la peau, & s’y attacher si étroitement, qu’elle y parût incorporée & en naître, comme les cheveux naturels. […] Ne dit-on pas tous les jours, croyant faire leur éloge, la volupté naît sous leurs pas, c’est-à-dire, le crime ? […] Nous nous bornons ici à examiner si les déclamations théatrales font naître les grands sentimens. […] L’amour du véritable honneur seroit long-temps à naître chez un jeune seigneur, si on l’attendoit du Théatre : aucune vertu n’en sera le fruit, mais plutôt tous les vices.