Dans les sombres détours d’une scène éclatante L’époux a prévenu son épouse inconstante, Et sa main libérale achette au plus haut prix Vn repentir suivi de honte & de mépris. Ce portrait trop vrai des effets du théatre sur les femmes, tracé par la main la plus ingénieuse & la plus respectable, l’Abbé de B… est l’abrégé de tout ce que nous allons dire. […] Non seulement les femmes paroissoient à l’amphitéatre, mais encore on les voyoit, nouvelles amazones, l’épée à la main sur l’arêne, combattre entr’elles, ou avec les hommes & les bêtes, comme les gladiateurs. […] Ces droits s’achettent ou s’obtiennent si facilement, que la direction du théatre ayant passé dans les mains d’une troupe d’actionnaires qui en prirent la ferme, ils trouvèrent (ce que sans doute on réformera) plus de quatre cents de ces Comédiennes postiches qui sous le nom d’aspirantes, sous la sauvegarde du brevet & de l’Inspecteur général, se moquoient de la police, & vivoient tranquillement dans le désordre. […] C’est leur triomphe ; tout les admire, tout y chante leurs conquêtes ; les vaincus même se glorifient de leurs chaînes, & les resserrent par les mains du plaisir.
Il portoit d’une main une branche de Laurier, & de l’autre une espece de Sceptre ou de Baston de Commandement. […] Mais les sommes estoient remises entre les mains des Questeurs & de ceux qui avoient soin des Finances publiques. […] Mais ces depoüilles n’estoient point estimées dignes de ce nom, si le General ne les avoit de sa propre main arrachées de celles de sõ ennemy apres l’avoir tué. […] Car comme de tout temps l’air d’Italie a esté fort prenant, si les Braves ioüoient bien des cousteaux dans le combat, ils ioüient encore mieux des mains apres la Victoire, & ne laissoient aux Vaincus que ce qui ne pouvoir estre vtile en rien. […] De ces Tresors remis entre les mains des Questeurs, il n’estoit rien épargné pour la gloire du Vainqueur ny pour la magnificence du Triomphe.
Nous avons vu dans le chapitre précédent les effets de cette infamie sur les successions, les mariages et les charges publiques ; nous allons dans celui-ci parcourir les autres branches de cet arbre funeste qui les couvre de son ombre, tandis qu’ils habitent le terrain maudit où la main de la sagesse et de la décence l’ont planté. […] Le même torrent roule toujours, le péché originel se transmet de main en main. […] On voit ici le manège d’une fille de théâtre, les subtilités et l’effronterie d’une danseuse de l’Opéra, pour escroquer l’argent de ses amants qu’elle vole à toutes mains. […] Un jour celle-ci se dit mariée, un autre jour elle se fit enlever pour se faire racheter à grands frais des mains du ravisseur ou du mari. […] A ces causes, nous avons fait et faisons inhibitions et défenses par ces présentes, signées de notre main, à tous Comédiens de représenter aucunes actions malhonnêtes, ni d’user d’aucunes paroles lascives ou à double entente, qui puissent blesser l’honnêteté publique, et sur peine d’être déclarés infâmes, et autres peines qu’il y écherra.
Tout gouvernement leur déplaît, la police les offense, se persuadant qu’il y a des temps où Dieu tient de sa main le gouvernail de ce grand vaisseau du monde, que parfois il le laisse, comme à présent ; et qu’il s’en va périr s’ils n’en sont les pilotes, ayant la charge de commander aux intelligences motrices des sphères célestes, de suivre le mouvement, la cadence, et le pas de leurs fantaisies, qui renverserait l’univers s’ils pouvaient trouver le point ferme, et les machines d’Archimède : ainsi leurs desseins menacent le ciel, leurs désirs volent sur les nues, et leurs raisons se cachent en la poudre. […] Mais s’il faut estimer les effets par la cause, juger l’action selon le dessein, combien celui d’Isabelle est-il recommandable, qui n’a eu autre désir de venir en France, que pour voir ce grand arbitre du monde, ce bien universel admiré de toute l’Italie, ce Roi reconnu de toutes les nations pour le plus grand de la terre, appelé et conduit de Dieu par la voix de ses merveilles, qui lui a donné cette couronne par son sang, de qui la valeur acquise par son bras, qui la conserve par sa bonté, la régit par ses lois, et par sa renommée possède le monde : les Antipodes ne voient point nos étoiles du Nord, mais ils ont vu la clarté de ce Soleil, qui nous a donné la lumière et la vie, qui d’une main a déployé le sceptre, de l’autre le pardon, étouffant la cause et la vengeance ensemble ; qui emportant une victoire, a toujours triomphé de deux, donnant le salut aux vaincus après avoir dompté les rebelles ; et ainsi que l’âme, qui n’est qu’une au corps, a plusieurs puissances en ce Roi, qui n’est qu’un, elle a vu les perfections de tous les Rois ensemble ; elle a vu l’aimant qui attire toutes les belles âmes, qui de ses sujects est autant revéré, comme Sauveur du pays, qu’honoré en Roi nécessaire ; et plus salüé en père qu’en Seigneur ; qui règne sur nous comme les intelligences au Ciel, et le Soleil sur la terre, d’où il me faudroit élever pour chercher dans les cieux des paroles célestes à une vertu divine. […] Pardonnez à l’insuffisance de mon esprit, belle âme, qui en la comparaison de chose incomparable, n’avez semblable que vous : La similitude des pierres précieuses vous offense, elles ont leur être en la terre, et votre origine est au ciel, si ce n’est de celles d’Egypte qui naissent au plus haut de l’Ether : Vous en avez le feu et l’éclair étincelant, et moi pour vous honorer j’en tiens la constance, qui m’a fait entreprendre cette matière qui est une pierre de prix : Voyez que dans ma main elle sera brute en la terre, sans être en œuvre ; donnez-lui sa vraie feuille, la chaleur et le teint selon l’aspect de votre Soleil : affinez son lustre pour la faire étinceler sans nuage, cendre, noirceur, paille, filandre, poudre qui puisse permettre à la lime de mordre ou d’altérer qu’elle ne perde sa couleur qu’en votre flamme, pour se changer, comme le mauvais Saphir en un bon diamant : Et au lieu que j’en fais une Charite sans grâce, relevez-le de celles que vous tenez qui vous font esclaver, dominer et triompher des âmes plus parfaites, pour ne parer vos trophées de dépouilles éteintes en ce combat qui est plus glorieux que ceux de Jupiter, d’Apollon, de Palémon, et d’Archémore : aussi en avez-vous un prix plus excellent que l’olivier, le pommier, l’ache, et le pin : car vous en rapportez les couronnes immortelles qui n’étaient dues qu’aux immortels : et décochant par paroles les sagettes des Muses, comme un second Anthée vous reprenez nouvelles forces, non pas en touchant la terre, mais en vous élevant au ciel, où vos propos nous ravissent, non sur les ailes d’or d’Euripide, mais sur les célestes de Platon, qui portent nos désirs jusques au lieu où la vertu fait sa demeure, nous rassasie du délicieux miel de Python, du nectar de Calliope, purifie nos oreilles, éclaire les yeux de notre esprit humecte nos âmes d’une rosée dont la douceur éteint toute amertume, et ne nous laisse que le regret de voir beaucoup d’hommes mal nésk, qui pour entendre la mélodie Phrygienne ne sont pas atteints d’une divine fureur : mais comme le Temple des Euménides en Athènes rendait frénétique celui qui n’y apportait le respect qui était dû, le vôtre a eu la même propriété : et ainsi que Lycaon fut changé en loup, vous les avez fait transformer en bêtes hurlantes. […] Sur cet exemplaire, une main a identifié D.T.
Où l’on voit chaque jour les Démons encensés Rétablir, par nos mains, leurs autels renversés. […] Et quand, des saints écrits magnifique interprète, Tu prends entre tes mains la harpe du prophète ; Est-il quelque démon, dans l’âme des méchants, Qui puisse résister à des sons si touchants ?
J’avoue que les sujets les plus extraordinaires peuvent instruire et divertir quand ils sont maniés par des mains savantes et heureuses ; mais peut-on douter que les matières Saintes quand elles tombent en de pareilles mains, puissent recevoir un tour assez agréable pour plaire et mieux encore pour édifier le Spectateur Chrétien.
Convient-il, Mes très chers Frères, d’étaler sur des Théâtres un attirail de vanité, d’y jouer des scènes divertissantes, et d’y remplir l’esprit et le cœur des peuples de frivoles et ridicules passions, dans des conjonctures où chaque Citoyen doit prier pour son Prince ; où le Roi s’humiliant le premier lui-même sous la main toute puissante de Dieu, implore ses anciennes miséricordes, et touché d’une guerre que la justice et la Religion l’obligent de soutenir, met tout son Royaume en prière, et fait passer de son cœur Royal dans celui de tous ses sujets, son humble confiance en Dieu, et sa charité pour son peuple. […] Ecoutez la voix du Pasteur qui vous exhorte et vous sollicite, et qui aime mieux devoir votre obéissance à ses charitables conseils, qu’aux censures que l’Eglise lui a mises en main.
Santeuil sans lui rien répondre, leva les mains & les yeux au ciel, dit avec beaucoup de feu ces mots Du Gloria : Tu solus Dominus, tu solus altissimus . […] Ce jeune Poëte qui avoit du mérite & auroit pu faire du bien, a été enlevé par la mort la plume à la main, composant une piece de théatre, comme Moliere l’avoit été en représentant ; il eût du apprendre aux Jésuites combien le goût de la Scène est dangereux pour eux-mêmes. […] Quelles leçons pour nos Abbés comédiens, qui ne rougissent pas d’allier l’Autel & les coulisses, reçoivent de la même main le patrimoine des pauvres & la portion d’une representation de leurs Drames ! […] Les génies de ses nations entraînent les Abbés qui ne sont pas assez en garde comme l’esprit du monde ; l’Eglise gémit des profanations du Sanctuaire par les mains de ses Ministres. […] Sulpice son Pasteur, & avant sa mort, elle renouvella son abjuration entre les mains du Curé d’Auteuil, reçut les derniers Sacremens & la sépulture ecclésiastique.
Cette charge de Commis Auteur, outre une pension réglée et des libéralités considérables quand ils avaient réussi au gré de l’Apollon, donnait des prérogatives fort honorables : « Dans les magnifiques représentations de leurs pièces, ces Messieurs avaient un banc à part dans l’endroit le plus commode, on les nommait avec éloge », et tout le parterre battait des mains. […] « La cane s’humecter de la bourbe de l’eau, D’une voix enrouée et d’un battement d’aile, Animer le canard qui languit auprès d’elle. » Et après avoir écouté tout le reste, il lui donna de sa propre main six cents livres, avec ces paroles obligeantes, « que c’était seulement pour ces trois vers qu’il avait trouvés si beaux que le Roi n’était pas assez riche pour les payer » (on juge bien que toutes ces largesses étaient de l’argent du Roi). […] Mais ce n’était là qu’un jeu auprès des coups que lui allait porter la main la plus respectable, de qui il devait le moins les attendre : « La qualité de Poète que le grand Armand prétendait réunir à tant d’autres, le rendit jaloux du Cid. […] « Cet homme qui avait toutes les affaires du Royaume sur les bras, et toutes celles de l’Europe dans la tête », le lut avec le plus grand soin et l’apostilla de sa main, et le renvoyant, dit qu’« il était bon pour la substance, mais qu’il fallait y jeter quelque poignée de fleurs ». […] Il dépêcha un courrier pour arrêter l’impression, et manda les trois Commissaires, leur donna une audience particulière fort longue, leur parla très vivement, leur expliqua ses intentions, et nomma un rédacteur pour y mettre la dernière main.
Cette Dame célèbre détruisoit ainsi d’une main ce quelle bâtissoit de l’autre, & faisoit plus de mal par le règne du théatre, que son établissement n’a fait du bien. […] Ce régal fut préparé dans le vaste Réfectoire de l’Abbaye de Salsines, magnifique maison à une lieue de Namur ; les Officiers du Régiment furent seuls admis, on refusa les Seigneurs de la Cour, on n’y voulut que les Dames : les Officiers furent assis, & les Dames les servoient autour des tables de la manière la plus galante, comme on voit dans l’Odissée d’Homère les Princesses & les Nymphes servir les hôtes : usage que Fenelon a cru devoir conserver dans l’Isle de Calipso en faveur de Télémaque, peut-être en faveur de Madame Maintenon : chaque Officier en entrant alla lui baiser la main comme à la Reine assise sur un fauteuil, elle présentoit sa main de la meilleure grâce, elle y étaloit tous ses charmes, surtout ceux de son esprit qui l’emportoient beaucoup sur sa beauté. […] On rit beaucoup, on battit des mains ; les Officiers furent bien fâchés de n’avoir pas amené de l’Artillerie pour faire quelque décharge. […] Enfin pour mettre la dernière main à l’empire de Thalie, il ne manque que devoir les Italiens à l’Hôtel de Conti ; mais il n’y a point d’apparence que la comédie soit jamais, sous la protection d’un Prince dont les ancêtres furent les plus grands ennemis. […] Ce seroit tourner la justice contre la justice même, de laisser en des mains criminelles le fruit de son crime ; ainsi parle la loi 52 ibid.
Mais une pièce dramatique régulière, partagée en scènes et en actes, formant un dessein, un nœud, un dénouement, accompagnée de chant, de danses, de machines, où l’on ne parle qu’en chantant, où l’on ne marche qu’en dansant, un spectacle où tout est réuni pour flatter le cœur, l’esprit, les yeux, les oreilles, que l’histoire de l’Opéra appelle « le spectacle universel, le triomphe de l’esprit humain, le grand œuvre par excellence », et qui en effet bien mieux que celui des Chimistes, fait couler des fleuves d’or dans la main des Acteurs, et une pluie d’or dans le sein des Danaé qui habitent ce pays des Fées ; on ne le connaissait qu’en Italie, il avait été ébauché en faveur de la maison de Médicis, à qui on doit en Europe la naissance des arts et du luxe. […] Je n’impute pas à Mazarin, comme on le soupçonnait de Richelieu, d’avoir voulu changer les mœurs de la nation et l’amollir, pour l’asservir, lui forger des fers dans le théâtre, et la désarmer par les mains de la frivolité. […] Bossuet, Prélat dont toute la France connaît les lumières supérieures, fit contre la comédie un très bon ouvrage qui est entre les mains de tout le monde. […] L’autre relation, que les Centuriateurs et la plupart des Protestants ont préférée, sans pourtant la donner pour certaine, est chargée d’événements romanesques et de circonstances ridicules ; le Pape qui s’enfuit déguisé en cuisinier, qui est découvert par hasard travaillant dans un jardin ; le fils de l’Empereur, fait prisonnier, qui oblige son père à faire le paix pour le délivrer ; le Pape qui met le pied sur la tête de l’Empereur prosterné, en lui disant ces paroles, « super aspidem et basilicum ambulabis » ; le Pape, l’Empereur et le Doge sur un théâtre ; le Pape donnant des indulgences autant qu’il peut tenir de grains de sable dans une poignée à deux mains, accordant au Doge, en récompense de ses services, un cierge de cire blanche, le droit de porter des fanons à son bonnet, comme une mitre d’Evêque, de sceller ses lettres avec du plomb, et d’avoir ses étendards bigarrés de diverses couleurs, comme un habit d’Arlequin. […] Je sais bien que Melpomène n’avait point alors tous les atours dont à su la parer Racine, ni le Clergé petit-maître toutes les grâces que répand sur leur tête la main d’un habile baigneur ; mais je ne sais par quelle fatalité le théâtre et l’Eglise, la comédie et la sagesse, les airs d’un actrice et les affaires de l’Etat, ne furent jamais d’intelligence, quoiqu’une mauvaise politique ou des passions criminelles aient souvent essayé de les réunir.
Je vais transcrire, à votre imitation, le passage qui me met la plume à la main. […] Vous citez les Atrée, les Catilina, les Œdipe, le Misanthrope même, ouvrages dignes d’immortaliser le génie de leurs Auteurs ; mais perdus pour ceux qui les écoutent, puisqu’ils n’en peuvent retirer aucun fruit : et moi, Monsieur, je commence par vous citer un Britannicus, pièce faiblement accueillie des parterres qui se succèdent depuis un siècle, mais monument immortel qui semble sorti des mains de la vertu même, pour fixer à jamais les regards étonnés de tous les Rois. […] Octave, à qui la flatterie avait décerné le nom d’Auguste, malgré tant d’odieuses proscriptions : Octave-Auguste, échappé à dix conspirations tramées et conduites par les plus illustres Romains contre le second de leurs usurpateurs, et couvert du sang de tant de citoyens, découvre un conjuré, plus coupable qu’eux tous, dans l’ingrat Cinna, dans ce même Cinna auquel il a sauvé la vie, accordé les plus grands honneurs, sa confiance et la main d’Emilie ; auquel il vient de dire : « Cinna, par vos conseils, je retiendrai l’Empire ; Mais je le retiendrai pour vous en faire part… » Auguste, instruit de tout, mande Cinna, le convainc de la plus noire des trahisons, et ne l’en punit que par ces deux mots accablants…. […] Vous savez mieux que moi, que non seulement de ce petit nombre d’hommes dépendent les calamités ou le bonheur du monde entier ; qu’au seul accent de leurs voix, la guerre obéissante, le flambeau de la discorde à la main, va parcourir la terre, joncher les campagnes de morts, couvrir la mer de voiles menaçantes, et teindre de sang les flots effrayés : qu’au son plus doux de ces mêmes voix, l’abondance, une couronne d’or sur la tête, va répandre ses richesses dans les climats les plus stériles, couvrir d’épis jaunissants des champs incultes et arides, changer de vastes déserts en de superbes cités, creuser des lacs, ouvrir des canaux, joindre les deux mers, combler les précipices, aplanir les montagnes, élever les eaux, animer le marbre, fondre les métaux, et faire naître enfin tous les arts. […] N'était-il pas plus digne d’un Ecrivain éloquent, d’un Philosophe, d’échauffer le génie des jeunes Poètes, de leur montrer la vertu qui les attend au bout de leur carrière, une couronne civique à la main ?
Je m’étonnais même de voir le Port-Royal aux mains avec M. […] Il y courut de main en main, et tous les Solitaires voulurent voir l’endroit où ils étaient traités d’illustres.
Les choses étant dans cet état, et pendant ce dévotieux entretien, notre Cagot s’approchant toujours de la Dame, même sans y penser à ce qu’il semble, à mesure qu’elle s’éloigne ; enfin il lui prend la main, comme par manière de geste, et pour lui faire quelque protestation qui exige d’elle une attention particulière, et tenant cette main, il la presse si fort entre les siennes, qu’elle est contrainte de lui dire « que vous me serrez fort » : à quoi il répond soudain à propos de ce qu’il disait, se recueillant et s’apercevant de son transport : « c’est par excès de zèle ». Un moment après il s’oublie de nouveau, et promenant sa main sur le genou de la Dame, elle lui dit, confuse de cette liberté, « ce que fait là sa main » : il répond, aussi surpris que la première fois, qu’« il trouve son étoffe moelleuse » : et pour rendre plus vraisemblable cette défaite, par un artifice fort naturel, il continue de considérer son ajustement, et s’attaque « à son collet, dont le point lui semble admirable ». Il y porte la main encore pour le manier et le considérer de plus près ; mais elle le repousse, plus honteuse que lui. […] Le Bigot répond à cela que « s’il se rend facile à ses pieux desseins, c’est de peur que ce bien ne tombât en de mauvaises mains ». […] À peine ont-ils parlé quelque temps de leurs affaires communes, que le mari arrive avec un papier en sa main, disant qu’« il tient de quoi les faire tous enrager ».