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30. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

La jeune personne puisait toutes ses réponses dans les rôles d’une douzaine d’héroïnes, qui figurent depuis vingt ans aux boulevards, et qui disent à peu près la même chose. […] Médiateur dans une querelle d’enfants pour de pures vétilles, le plus jeune me répondit avec la gravité du Cid : on ne transige point avec l’honneur ! […] J’étais à peine installé dans un joli cabinet, dont la vue donnait sur le boulevard Neuf, que je vis une voiture s’arrêter devant la porte et en descendre une jeune élégante, accompagnée par un gros monsieur, que je remis pour l’avoir vu souvent à la Bourse, surtout quand il y a ce qu’en jargon du lieu on nomme un coup à faire. Un désir bien pardonnable me fit approcher des vitres, à l’instant même où la jeune personne regardait si la passe de son chapeaug n’était pas déformée. […] m’écriai-je, voilà qui me rappelle mon jeune âge ; une noce à fracas chez le traiteur Mauduit71, ou bien un enterrement aux flambeaux dans le cimetière de la paroisse72 ; insensé !

31. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

On diroit que l’Auteur est un Pigmalion, qui aime les statues : J’étois fort jeune, dit-il, quand je la fis. […] Non : rempli de désirs, ce jeune cœur cherche par-tout des objets qui les lui expliquent, & jusqu’aux peintures qui ornent les temples, l’instruisent. La jeune Prêtresse médite, & commente amoureusement ce qu’elle voit, & ne pense guère aux hymnes qu’elle chante à l’honneur des Dieux. […] Mais si le cœur humain est si susceptible, si, jusque dans les Couvens, jusqu’aux pieds des Autels, il sent & se développe à lui-même un penchant vicieux, que sera-ce de cette jeune personne à la comédie, au milieu des décorations & des Actrices, écoutant, méditant, goûtant les développemens des pieces de M. de S. […] on méprise, on fait haïr aux jeunes personnes les asyles de la vertu, où l’on en prend les principes, où bien des personnes la pratiquent sincèrement, où l’on est éloigné des dangers & des pièges ; sous prétexte qu’on y éprouve des tentations, & que quelques personnes y succombent ; & on loue, on fréquente, on fait fréquenter le théatre, où tout est piège, où les chûtes sont sans nombre, d’où presque personne ne revient innocent, où dans l’instant s’allument des feux criminels qu’on ne cesse d’attiser.

32. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Les Jeunes Gens de Rome les voulant imiter, y ajouterent des Vers pleins de raillerie, qu’ils chantoient en faisant des mouvemens qu’ils accordoient avec leurs Chants : parce que ce mot Toscan Hister, signifioit Acteur, ces Acteurs furent nommés Histriones. […] Le Magistrat y mit ordre ; les Jeunes Gens reciterent des Vers plus sages, en les accompagnant de Chants & de Danses. […] Les Piéces d’Andronicus firent oublier aux Romains les Satyres : ils n’en voulurent plus d’autres, tant que les Poëtes jouerent eux-mêmes dans leurs Piéces ; mais lorsque ces Représentations eurent été abandonnées à des Personnes viles, les Jeunes Gens de Rome n’ayant plus la même considération pour les Acteurs, reparurent sur le Théâtre, pour réciter à la fin de la Piéce sérieuse, quelques Vers badins. […] Ces Ris & ces Jeux ne furent point ramenés sur le Théâtre par Térence Carthaginois, qui acheté comme Esclave par un Senateur Romain, & ensuite affranchi, sur plaire aux Grands de Rome, & si particuliérement au Fils de l’Ancien Lælius, & à Scipion le jeune, qu’on l’accusoit d’être secouru par eux dans ses compositions, plus que par son génie. […] Il formoit les jeunes Orateurs.

33. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

Le Sauveur du monde les a déchargées des preuves auxquelles les maris avaient droit dans le Judaïsme, contre celles qui n’avaient pas conservé pour le mariage leur cœur tout entier et leur premier amour : Et ce défaut de sagesse aussi bien que de justice envers un mari qu’on avait trompé en l’épousant, n’était pas seulement un empêchement dirimanta du mariage ; il était même puni de mort, conformément à la loi qui condamnait ces jeunes et secrètes pécheresses à être lapidées. […] Outre que bien des maris soupçonneux, emportés, et brutaux diffameraient de jeunes femmes sages et honnêtes, par une fausse accusation ; au hasard des peines portées contre eux par la même loi ; et qui n’allaient qu’à perdre le droit de pouvoir répudier leur femme, et à payer une amende pécuniaire à ses parents. […] Sans elles la piété languirait partout, et nos Églises seraient presque désertes : Car si elles n’y venaient pas ; combien de Cavaliers et de prétendus Abbés, de jeunes Financiers et Officiers de Justice, n’y mettraient pas le pied, ni pour le Salut, ni pour le Sermon, ni peut-être encore pour la Messe ?

34. (1802) Sur les spectacles « [FRONTISPICE] »

Par l’Auteur de Podalire et de l’Aristenète français A PARIS Chez LE PETIT jeune, Libraire du Tribunat,galeries du bois, Nº 323.

35. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Ils n’ont aucun respect pour les femmes de leurs amis, ni pour leurs filles, ni pour un jeune époux, ni pour un jeune homme jusqu’alors vertueux. […] Aussi que de jeunes sujets en qui l’on avoit admiré les germes des talens les plus intéressans pour la patrie, ne sont devenus que des citoyens inutiles & dangereux, immolés à l’oisiveté & au libertinage ; que pour avoir été respirer imprudemment aux théatres cet air de frivolité & de corruption qui pervertit le jugement, & fait perdre le goût de toute espece d’application, C’est l’aveu que faisoit le Prince de Conty, en écrivant contre les spectacles. Que se passe-t-il dans le cœur d’un jeune libertin quand il voit une amante soupirer après son amant, & se rendre enfin à ses desirs ? […] Quelle révolution dans le cœur d’une jeune veuve, d’une femme dégoûtée de son mari, quand on retrace à leur mémoire des plaisirs qu’elles voudroient encore goûter ! […] Par-tout on n’y voit que des héros qui soupirent pour une jeune beauté, comme Rodrigue pour sa Chimène, Titus pour sa Bérénice ; qu’impudicité, que fornication, qu’adultere, qu’inceste, &c.

36. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Puisqu’ilL’Anglais dit : puisqu’il avait résolu de la noyer comme une jeune chatte, que ne la faisait-il nager, etc. […] Par conséquent, quel guide plus sûr pour de jeunes personnes qui n’ont encore nulle expérience ? […] Antigone de sa part, au milieu de ses autres malheurs déplore celui de se voir mourir si jeune ; sans qu’il lui échappe une parole sur le chapitre d’Hémon. […] Sophocle mêle au récit de la mort d’Hémon celui de la passion de ce jeune Prince, qu’il orne de tout le merveilleux et de tout le pathétique de la Poésie. […] Andromaque lui remontre qu’elle parle trop et qu’elle voit trop loin pour une jeune femme.

37. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Quand la raison cède et n’a plus d’empire sur les sens, comment persuadera-t-elle à une jeune personne, de trancher dans le vif, de se priver d’un plaisir qui entraîne ? […] Si l’on voyoit de jeunes vierges exprimer par leurs gestes ou leurs regards le sentiment du vice, on regardoit cette corruption précoce comme un avant-coureur des calamités publiques1. […] Aujourd’hui c’est bien autre chose encore : une seule représentation vient de produire au jeune Westris 3000 guinées ; quoiqu’il prétende n’en avoir reçu que 1100. […] Pour un exemple récent qui a éclaté (celui du jeune d’Argent) il y en a dix mille anciens ; et dix mille modernes qui n’éclatent pas. […] Nos jeunes seigneurs ont établi des jeux de barre et des courses à pied dans les Champs élysées, promenade charmante, vaste et replantée depuis quelques années, à l’extrémité de la ville près du jardin des Tuileries.

38. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Une jeune veuve d’Allemagne, de la premiere qualité, avec des biens immenses, des plus aimables & des plus vertueuses, vouloit l’épouser : mais quand elle eut appris ses honteux débordemens, elle ne voulut plus d’un époux si indigne d’elle. […] Il étoit encore jeune : mais aux ames bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années . […] Pendant cinq à six mois que dura cette intrigue, écrite avec la plume d’un jeune romancier, on fait écrire tous les jours ces deux amans, comme la Mancini à Louis XIV, des lettres galantes, & on en donne deux pour modeles, dont aucune n’est l’ouvrage de ces enfans. Le jeune allemand savoit trop peu le françois, pour écrire si correctement ; il ne savoit pas même écrire. […] Au bout de l’isle se trouve une grande tente à la Turque, où vingt-quatre jeunes turcs superbement vêtus offrent des rafraîchissemens dans des corbeilles de vermeil.

39. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Dites à cette jeune personne que ses parents prennent plaisir d’immoler à tant de vanités, et qui est si contente d’en être la victime ; dites à ce libertin en qui l’esprit du monde et une oisiveté invétérée ont presque éteint l’esprit de Religion ; dites à cette jeune femme qu’un leurre de fortune flatte et éblouit, et qui n’a plus de goût que pour les joies et les fêtes mondaines ; dites-leur que selon saint Chrysostome, il n’y a point de plus dangereux ennemis du salut que ces divertissements nocturnes, ni qui soient moins chrétiens. […] Le temps viendra que ces jeunes personnes, ces libertins, ces gens du monde, condamneront avec indignation contre eux-mêmes, avec une espèce d’horreur, tous ces profanes divertissements, mais en sera-t-il temps ?

40. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre »

) Ces premiers chrétiens avaient lu en l’Ecriture, que la dévote Sara, femme du jeune Tobie, invoquant le secours de Dieu en sa grande affliction, lui remontrait qu’elle ne s’était jamais trouvée aux danses, et pourtant elle avait été mariée plus de deux fois14.

41. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

Avec trop de régularité on mérite le reproche que Pline le jeune faisoit à un Orateur de son tems : « Il n’a pas d’autre défaut, disoit-il, que celui de n’en avoir point ; & c’en est un très-grand. » Il n’y a guére d’homme de sens qui ne préférât des traits de génie, suivis de quelques fautes, à une composition qui ne seroit que réguliére. […] Il aveugle jusqu’à nos jeunes Auteurs.

42. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

Plusieurs jeunes Poétes, encouragés par ces Maîtres, ont tenté d’entrer dans la lice avec eux ; ils ont fait briller quelques étincelles ; mais la suite n’a pas répondu à ces commencemens. […] Puissions-nous être assez heureux pour les détruire, pour rendre au Théâtre son ancien éclat, & convaincre les jeunes Poétes de l’insuffisance des moyens qu’ils employent, & de la nécessité de les rejetter !

43. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

Entr’autres pourquoi, j’avais demandé si c’est parcequ’on y joue Tartuffe qu’il fallait proscrire le théâtre : vous répondez que c’est parcequ’on joue Joconde et le mari à bonnes fortunes, « pièces qu’une fille chaste ne peut, dites-vous, entendre sans rougir. » Je ne sais, Monsieur, si vous avez assisté à la représentation des pièces dont vous parlez ; mais ce que je sais bien, et ce que savent toutes les mères de famille, c’est que de jeunes personnes apprennent la musique de Joconde ou de toute autre pièce, sans donner beaucoup d’attention aux paroles ; et pour qu’elles fussent capables d’en faire l’application, il leur faudrait une expérience, que vous avez sans doute, mais que n’ont point l’innocence et la candeur. […] Mais de quelque beauté que brille ce chef-d’œuvre de Jean-Jacques, ma réponse sera toujours celle-ci : le même volume qui renferme sa lettre contre les théâtres, contient également ses pièces de théâtre ; et on lit à la note 66 de cette même lettre les paroles suivantes échappées à l’auteur du devin du village : « Je n’ai jamais manqué volontairement une représentation de Molière… J’aime la comédie à la passion… » Qu’en pensez-vous, M. le Laïc, et que diriez-vous si un personnage auguste s’était chargé de me fournir, par le courrier d’aujourd’hui, un argument de plus : lisez l’ordonnance du Roi du 8 décemb. 1824, qui a pour but de favoriser l’art dramatique et de procurer aux jeunes comédiens les avantages d’une instruction graduée. […] Qu’on me dise où de jeunes personnes à marier auront occasion de prendre du goût l’une pour l’autre, et de se voir avec plus de décence et de circonspection, que dans une assemblée où les yeux du public, incessamment ouverts sur elles, les forcent à la réserve, à la modestie, à s’observer avec le plus grand soin.

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