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205. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

Marc Aurèle y était si opposé, que le bruit courut qu’il voulait abolir tous les divertissements publics, et obliger tout le monde à mener la vie philosophique. […] Il représenta que ces sortes de divertissements étaient inutiles, et ne servaient qu’à entretenir la mollesse et l’oisiveté.

206. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

., en parlent assez négligemment, comme d’un objet qui ne valait pas la peine de porter des censures, et se contentent de dire qu’on peut laisser ces vains amusements au peuple, dont les travaux et la santé ont besoin de divertissement, pourvu qu’on n’y souffre rien d’irréligieux et d’obscène. […] D’ailleurs, bien plus, et bien tristement occupée des schismes, des hérésies innombrables, des progrès du mahométisme, qui la désolaient, on faisait peu d’attention aux divertissements des places publiques.

207. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Il n'y a qu'une plaisanterie ou un divertissement qui puisse s'exécuter en un ou deux actes : toute intrigue, pour se former, se nouer, se dénouer, en exige au moins trois ; au-delà de cinq elle fatigue. […] Là se débitent et se composent les vaudevilles et les airs bachiques : l'ivrognerie est une gentillesse de Silène, les folies des Bacchantes sont des divertissements.

208. (1664) Traité contre les danses et les comédies « LETTRE DE L’EVEQUE D’AGNANI, Pour la défense d’une Ordonnance Synodale, par laquelle il avait défendu de danser les jours des Fêtes. Au très Saint et très Bienheureux Père Paul V. Souverain Pontife. Antoine Evêque d’Agnani, éternelle félicite. » pp. 154-176

Ils croient par un erreur étrange, et digne de larmes, qu’ils ne célèbreraient pas dignement ces Fêtes, s’ils ne les passaient dans les festins et dans la débauche, et s’ils renonçaient à ces divertissements si contraires à l’honneur de Dieu, et à la piété de son Eglise ; comme si la solennité des Fêtes que l’Eglise n’a instituées que pour honorer les Saints, suivant la doctrine du Concile de Trente, ne consistait que dans le luxe et dans les plaisirs sensuels.

209. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

C’est M. la remarque que je fais dans nôtre Histoire Sainte, où nous lisons que Moyse ayant fait quelques miracles en presence de Pharaon, pour le convaincre que sa mission & que le commandement qu’il luy faisoit de donner la liberté aux Enfans d’Israël, venoit de Dieu ; ce Prince rebelle à la grace des miracles, aussi bien qu’au commandement de Dieu, appella promtement à son secours les plus fameux Magiciens d’Egypte, lesquels per incantationes Ægyptiacas, & arcana quadam similiter fecerunt , par la force de la magie, & par l’operation du demon, luy firent un spectacle de divertissement par une fausse imitation des miracles de Moyse, afin que son esprit seduit par ce plaisir enchanté, resista toûjours à la puissance de Dieu, retint son peuple dans l’esclavage, & mit un nouvel obstacle à son salut. […] Ces Idolatres pouvoient-ils mieux deshonorer la Religion, qu’en faisant de ces ceremonies des spectacles de divertissement ? […] Le monde de Jesus-Christ est continuellement dans les larmes, dans les souffrances & dans la douleur ; & le monde du diable est continuellement dans le plaisir, dans la débauche & dans le divertissement, mundus gaudebit, vos vero contristabiminiJoan. 16. […] Cét illustre Penitent ne parloit point là à mon sens, des spectacles sanglans, dans lesquels un gladiateur, ou un lyon étoit la victime sacrifiée au divertissement du peuple, la mort ny le carnage ne faisoit point le plaisir d’Augustin, son cœur étoit occupé d’une passion plus douce & plus tendre, amare & amari mihi dulce eratIdem c. 2.

210. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

Ces Pelerins qui alloient par troupes, & qui s’arrêtoient dans les ruës & dans les places publiques où ils chantoient le Bourdon à la main, le Chapeau & le Mantelet chargez de Coquilles & d’Images peintes de diverses couleurs, faisoient une espece de spectacle qui plut, & qui excita la pieté de quelques Bourgeois de Paris à faire un fond pour acheter un lieu propre à élever un Theatre, où l’on representeroit ces Mysteres les jours de Fête, autant pour l’instruction du peuple, que pour son divertissement.

211. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Pour prouver ce que tant d’Opéras Français avaient si bien prouvé avant vous, que nous n’avons point de musique, vous avez déclaré « que nous ne pouvions en avoir, et que si nous en avions une, ce serait tant pis pour nous. » Enfin dans la vue d’inspirer plus efficacement à vos compatriotes l’horreur de la Comédie, vous la représentez comme une des plus pernicieuses inventions des hommes, et pour me servir de vos propres termes, comme un divertissement « plus barbare que les combats des gladiateurs ». […] Il a fallu, ce me semble, pour imaginer un pareil genre de divertissement, que les hommes en eussent auparavant essayé et usé de bien des espèces ; quelqu’un qui s’ennuyait cruellement (c’était vraisemblablement un Prince) doit avoir eu la première idée de cet amusement raffiné, qui consiste à représenter sur des planches les infortunes et les travers de nos semblables pour nous consoler ou nous guérir des nôtres, et à nous rendre spectateurs de la vie, d’acteurs que nous y sommes, pour nous en adoucir le poids et les malheurs. […] Sans doute tous nos divertissements forcés et factices, inventés et mis en usage par l’oisiveté, sont bien au-dessous des plaisirs si purs et si simples que devraient nous offrir les devoirs de Citoyen, d’ami, d’époux, de fils, et de père : mais rendez-nous donc, si vous le pouvez, ces devoirs moins pénibles et moins tristes ; ou souffrez qu’après les avoir remplis de notre mieux, nous nous consolions de notre mieux aussi des chagrins qui les accompagnent.

212. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Après tout, les jeunes gens, encore plus que les autres, devraient s’interdire des divertissements où l’on expose à leurs yeux d’infâmes portraits, et tracés par des mains habiles : en se permettant ces amusements prétendus, ils risquent de sentir naître en eux des passions qu’on n’étouffe point sans peine, et qu’on ne contente en quoi que ce soit sans crime. […] trop modestes pour se découvrir le visage dans le Parterre : un divertissement de cette nature ne saurait être inventé pour d’autres qu’elles : il est assaisonné conformément à leur goût. […] Le Couronnement est un autre Poème de lui, dont le Prologue est conçu en ces termes : « Il n’y a point ici de ces équivoques dont on sème quelquefois la Scène pour donner un divertissement grossier : le langage y est semblable à l’onde pure d’une claire fontaine.

213. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Mais si dans votre empire il y avoit un divertissement quelconque qui dégénérât en licence, qui, au lieu de soulager, de fortifier les hommes dans leurs travaux, envoyât dans le cœur, dans la fortune des citoyens des malheurs multipliés, propres par leur concours et leur fatale combinaison à produire un jour la ruine générale de l’Etat, à le donner en spectacle de commisération aux nations voisines, à le présenter comme une proie assurée à l’invasion des peuples barbares ; une récréation de ce genre ne pourroit être considérée que comme une calamité publique. […] 1768) y étant mort subitement, la cour fit fermer le spectacle pour toujours, persuadée de l’influence funeste que ce divertissement factice avoit sur la santé et la vie de l’homme.

214. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Si la comédie est innocente, si l’on peut y assister sans craindre de s’y corrompre & l’esprit & le cœur, pourquoi des condamnations si rigoureuses contre des hommes qui donnent au public un divertissement si agréable ? […] Vous en concluez l’innocence de ce divertissement ; & moi je devrois peut-être en conclure la corruption de votre cœur ; je devrois peut-être vous dire que si vous n’y avez pas perdu votre innocence, c’est que vous ne l’y aviez pas portée ; que si des objets si séduisans n’ont point allumé dans votre cœur le feu des passions, c’est qu’il en étoit déja tout consumé ; qu’enfin si le démon ne s’est pas servi de ce moyen pour vous attirer dans ses piéges, c’est qu’il étoit déja assuré de vous y tenir.

215. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Le divertissement innocent relâche l’esprit & le fortifie & rend plus propre au travail & à la piété. […] Le divertissement contribuera à leur guérison, & les ordonnances des Médecins porteront à l’avenir un récépissé de comédie.

216. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Triomphe. » pp. 112-160

L e Triomphe estoit sans doute le plus superbe Spectacle des Romains : & bien que la gloire du Vainqueur en fût le pur objet & la seule matiere ; il ne laissoit pas d’avoir des circonstances agreables, & qui donnoient autant de divertissement, que le mystere & le serieux de la ceremonie pouvoit donner d’admiration. […] Ce iour estoit attendu avec beaucoup d’impatience de part & d’autre, car on faisoit des preparatifs dans la Ville aussi bien que dans le Camp, & le Peuple Romain prenoit autant de part dans le divertissement du Spectacle, que les Soldats pouvoient esperer de gloire de la Magnificence de la Feste.

217. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

La Religion ne condamne point une action vicieuse, pour en permettre une autre, et quand l’occasion s’en présente, elle tonne contre tous les divertissements profanes, ainsi que contre les Spectacles. […] Oui, mes Frères, ces divertissements que vous excusez, ou que vous regardez comme des objets indifférents, tant pour la Religion, que pour les mœurs ; ces Tragédies que vous allez entendre avec un enthousiasme que rien ne peut exprimer ; ces Opéra que vous trouvez si magnifiques et si merveilleux ; ces Comédies que vous appelez l’école du savoir-vivre et des bonnes mœurs, sont les pompes de Satan.

218. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Les continuelles bénédictions qu’il plaît à Dieu épandre sur notre règne, nous obligeant de plus en plus à faire tout ce qui dépend de nous pour retrancher tous les déréglemens par lesquels il peut être offensé ; la crainte que nous avons que les comédies qui se représentent utilement pour le divertissement des peuples soient quelquefois accompagnées de représentations peu honnêtes, qui laissent de mauvaises impressions dans les esprits, fait que nous sommes résolus de donner des ordres précis pour éviter de tels inconvéniens.

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