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134. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Callipides, fameux Acteur de la Grece, croyant qu’Agésilaüs, Roi de Lacédémone, lui feroit un accueil distingué, se présente à lui en habit de courtisan ; surpris de ne recevoir du Roi que des regards dédaigneux : Peut-être ne connoissez-vous pas votre serviteur ? […] C’est là qu’ils entendent parler de toutes sortes de matieres, ou qui peuvent exciter leur curiosité, ou développer les germes de leurs passions ; & c’est là que dans un âge encore tendre, & si susceptible des impressions du vice, ils commencent à le connoître & à se familiariser avec lui. […] Ils ne les effacent jamais de leur mémoire ; … ils y voient des Grands, des personnes élevées en dignité, des vieillards, &c. y applaudir ; ils s’imaginent que tout ce qu’on leur expose est à retenir ; … ils agissent en conséquence, lorsqu’ils jouissent de leur liberté, & les voilà corrompus dans le cœur & dans l’esprit pour le reste de leur vie ; … ils perdent leur innocence sans en connoître le prix ; & néanmoins les parens qui ignorent eux-mêmes combien cette perte est affreuse & irréparable, sont ensuite au désespoir, quand leurs enfans donnent dans des désordres si préjudiciables à leur fortune, & dont ils sont cause, & qui leur fera bien verser de trop justes larmes ! […] ce cri armé de tous les traits de l’éloquence, n’est-il pas le cri de la patrie, qui venge l’honneur & les bonnes mœurs sacrifiées aux licences de telles scenes, qui accoutument les yeux du Peuple à des horreurs qu’il ne devroit pas même connoître, & à des forfaits qu’il devroit regarder comme impossibles ? […] Je connois les héros du parti, ils sont comme les femmes irritées qui veulent toujours avoir le dernier mot, je trouve dans la vérité confirmée par l’expérience de quoi me consoler ; pour avoir raison, il n’est pas nécessaire de crier le plus haut, & de forcer les autres à se taire.

135. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Après les aveux que j’ai faits dans le premier §, on connaît assez quelles sont mes vues, lorsque je soutiens, dans celui ci, l’utilité des Spectacles : le coup-d’œil que je dois y jeter, vers la fin, sur huit questions importantes, achevera de montrer, que je ne suis rien moins qu’indulgente pour les abus dans la Représentation, & les indécences dans le Drame. […] Il paraît que nous ignorons encore tous les usages de notre Théâtre, & que nous ne connaissons pas toute l’utilité qu’on en peut tirer, pour exciter l’émulation, donner aux recompenses de la Vertu un champ digne d’elles, au châtiment des fautes publiques un tribunal redoutable. […] « Si les Représentations théâtrales sont utiles aux mœurs » ; voila la question qu’un certain Auteur nommé Cicéron 1, a, dit-on, jadis décidée à leur desavantage ; & qu’un homme plus connu des femmes par la Nouvelle Héloïse & le Devin de Village, décide bien plus sévèrement encore : puisqu’il prétend qu’elles sont pernicieuses ; destructives pour les bonnes mœurs & pour notre vertu 2. […] On peut en dire autant à l’égard des Athéniens ; & quoique, chez l’une & l’autre Nation, les Drames n’aient paru dans leur plus grande gloire, que lors d’une corruption de mœurs presque générale, comme on ne connaît la source, qui n’est pas dans les Spectacles, je me dispenserai de les justifier. […] Pourquoi les Citoyens d’une Ville médiocre seraient-ils pour jamais privés des plaisirs que le Spectacle procure, surtout si l’on considère, que les desordres publics des Acteurs, & des Particuliers avec les Actrices, y seront plus rares ; parce que le deshonneur qui suit le vice, est toujours sûr dans un pays où tout le monde se connaît ?

136. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Pour connoître la verité ou la fausseté de cette assertion, il faut examiner la nature de la Comedie, & remonter à la source principale du plaisir qu’elle produit. […] Il faut aimer la justice, c’est une maxime générale ; mais pour en faire l’application, il faut la connoître. […] En attendant que quelque heureux créateur donne l’être à un genre nouveau, dont l’effet rende encore nos Théâtres plus agréables & plus utiles, renfermons-nous dans les genres connus jusques à présent. […] Vous avouez que personnellement vous avez tout lieu de vous louer des Comédiens, & que l’amitié du seul d’entre eux, que vous avez connu particulierement, ne peut qu’honorer un honnête homme. […] J’ai connu un fort honnête homme, qui rêvoit quelquefois.

137. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Il connaît les hommes. […] L’ami d’Alceste doit le connaître. […] Voulez-vous donc connaître les hommes ? […] L’art de se connaître en petites choses. […] Puisse-t-elle connaître et mériter son sort !

138. (1709) Mandement de M. L’Evêque de Nîmes contre les Spectacles pp. 3-8

Nous crûmes la première fois, que ce n’était qu’une curiosité passagère d’un divertissement inconnu, dont vous vouliez vous désabuser, et nous eûmes quelque légère condescendance : mais puisque c’est une habitude de plaisir, et une espèce de libertinage qui se renouvelle tous les ans, nous connaissons que ce n’est plus le temps de se taire, et qu’un plus long silence pourrait vous donner lieu de penser que nous tolé- rons ce que l’Eglise condamne, et que nous condamnons avec l’Eglise. […] c’est au Dieu vivant que nous offrirons nos solennelles actions de grâces ; nous chanterons les Cantiques de Sion dans nos Temples : Nous nous réjouirons, et notre modestie sera connue de tout le mondeq. 

139. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Ils connaîtront leur faute, et voudront le venger. […] Il nous suffit, pour faire connaître la doctrine de cet homme tant vanté, de ses deux pièces les plus préconisées v. […] C’en est trop pour faire connaître le danger d’un spectacle dressé par la main des crimes, et qui en fraie les routes. […] Je ne connais point ce Poète, que l’Académie Française a jugé digne de figurer avec Crébillon, Marivaux et Voltaire dans la galerie des beaux esprits. […] On n’y connaît point de religion, si ce n’est pour l’insulter.

140. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

L’Evêque ayant connu sa vertu, l’éleva au Sacerdoce, le chargea des fonctions du Ministere, qu’il remplit avec tant de fruit, qu’on le demanda pour son successeur. […] Qui peut mieux connoître la conduite des jeunes Salenciennes, qui est plus intéressé à faire un bon choix, que les habitans qui vivent avec elles, & dont chacun a quelques parentes qui aspirent au même honneur ? […] Voici qui fera connoître le génie des Rosieres du théatre & de leurs adorateurs. […] Les paysannes ne sont, ni poudrées, ni frisées, ni à cheveux flottans en grosses boucles : cette parure n’est connue qu’à la toilette des actrices. […] Le Curé n’est point invité comme à Salenci, quoique personne ne doive mieux connoître le mérite des sujets.

141. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

La vanité de ces femmes, et l’aveuglement de ceux qu’elles ont séduit, ne connaissent aucune borne à leur luxe : « Nulla Mima gemmis, sigillatisve sericis, vestibus auratis aut quas inustas vocant, in quibus alio admixto colore rubeo muricis inardecit. » (L. […] ) On ne connaît pas exactement les étoffes dont parle la loi ; la mode s’en perdit dans les siècles de barbarie qui suivirent la chute de l’empire. […] L’Apologiste convient que l’infamie dure parmi nous, et il s’en plaint, et cependant nous ne connaissons pas d’esclaves. […] L’Auteur des Lettres Juives, qui aime le théâtre, l’a fréquenté, le connaît bien, et n’est pas scrupuleux. […] Régistrées pour être exécutées selon leur forme et teneur, à Paris en Parlement le 24 avril 1641. » Cette déclaration ne fut pas envoyée aux autres Parlements ; elle y était fort inutile, on ne connaissait encore dans les provinces que quelques Tabarins qui couraient de ville en ville, et amusaient le peuple au coin des rues, et il suffisait au Cardinal de faire justifier sa conduite à Paris et à la Cour, théâtre de sa faiblesse.

142. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Tout empire : le luxe introduisit la licence, le théâtre leur donna des ailes, elles vengèrent l’univers vaincu : « Sævior armis, luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem. » Enfin sous les Néron, les Caligula, les Héliogabale, le désordre étant monté à son comble, le spectacle, qui en fut toujours et un effet et un principe, ne connut plus les lois de la pudeur, jusqu’à ce que les Empereurs Chrétiens éteignirent cet incendie, ou plutôt jetèrent quelque poignée de cendres sur ce brasier, en le renfermant dans certaines bornes de bienséance. […] Sans doute : un homme de bien connaît-il ces horreurs ? […] Le théâtre fit connaître et répandit le luxe dans Rome, occasionna les profusions insensées qui ruinaient les maisons les plus opulentes. […] Auguste, qui la connaissait bien, s’en moquait, et regardant ce peuple immense qui remplissait l’amphithéâtre : Les voilà, disait-il, ces hommes faits pour gouverner : « Romanos rerum dominos gentemque togatam !  

143. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

Paul, trop éclairé, trop vertueux, pour être traitable, ne connaît point d'accommodement avec le vice : « Nec nominetur in vobis turpiloquium. […] Il se trompa, on le connut, on le soupçonna de quelque mauvais dessein, on parla contre lui. […] Ce serait mal connaître les danses des Juifs de les comparer à celles de nos théâtres. […] Rien de tout cela chez les Juifs, il n'y avait ni gavotte, ni pavanne, ni pas de trois, ni bal, ni ballet, etc. on ne connaissait ni maître à danser, ni livre de chorégraphie ; ce n'était que des sauts et des bonds, des courses ajustées, il est vrai, assez grossièrement à la mesure de quelque air que tout le monde bat naturellement, ou joué par quelque instrument, ou chanté par des voix humaines, mais sans ordre, sans liaison, sans dessein, tout au plus des danses en rond, que les femmes faisaient d'un côté, et les hommes de l'autre.

144. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Permettez, Monsieur, que je vous ouvre mon cœur, quoique je n’aie l’avantage de vous connaître que par l’Ouvrage périodique dont vous êtes chargé. […] Pour répondre à tant de prétextes, sans remettre sous les yeux ces excellentes répliques que présentent les Traités connus sur cette matière, je me borne à une simple supposition, dont l’application ne sera pas difficile, et à quelques courtes observations qui en sont la suite. […] Qu’on nous oppose donc maintenant, si l’on veut, avec le Théologien traité d’illustre par sa qualité et son mérite dans le Recueil des Pièces de Théâtre de Boursault, où sa Lettre est insérée ; qu’on nous oppose, dis-je, l’exemple de quelques Religieux de Rome chez qui la coutume, y est-il dit, semble avoir prescrit contre la bienséance de leur état ; nous répondrons, 1°. que la Lettre du Père Caffaro Théatin, qui se trouve dans le Recueil du Poète Boursault, n’est pas de ce Religieux, et qu’il l’a désavouée dans une Lettre adressée à M. de Harlai, Archevêque de Paris, et imprimée en Latin et en Français, afin qu’elle fût plus connue. 2°.  […] Pour moi, et j’en connais qui sans être de notre état pensent de même, j’admire autant leur courage à se déclarer hautement contre une aussi singulière extravagance, que cette valeur intrépide qui leur inspirait de fondre sur l’ennemi, et de prodiguer leur vie pour la défense de leur Patrie.

145. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

[NDE] Allusion transparente aux jésuites connus comme tenants du tyrannicide, depuis le De rege et regis institutione (1598), où Juan de Mariana justifie le meurtre d’Henri III par Jacques Clément en 1589 (I, 6). […] [NDE] Les jésuites sont effectivement connus pour faire contribuer les parents de leurs élèves aux frais des représentations scolaires, on les accuse même de tarifer les rôles : les parents doivent payer davantage pour que leur fils ait un des premiers rôles. […] [NDE] Antonino Pierozzi (1389-1459), dominicain, archevêque de Florence, connu sous le nom de Saint Antonin de Florence, auteur d’une célèbre Summa theologica, écrite entre 1440 et 1459 (1e ed 1477, nombreuses rééditions, voir la notice, vol. 

146. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « [FRONTISPICE] »

L’identité d’André de Gaule n’est pas connue.

147. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Extrait des Registres de Parlement, du 22 Avril 1761. » pp. 210-223

La question touchant l’Excommunication encourue par le seul fait d’Acteur de la Comédie, sur laquelle il appartient également au Théologien & au Jurisconsulte de donner son avis, (mais qui doit être traitée par l’un ou par l’autre avec autant de sagesse que de lumieres ;) cette Question, disons-nous, est soutenue affirmativement & décidée audacieusement en faveur des Comédiens par la Consultation, fondée uniquement sur les faux principes avancés dans deux Mémoires à consulter, & sur des maximes odieuses, hazardées dans les autres piéces qui la précédent, notamment dans sa Lettre à l’Actrice, conçue en termes les plus outrés & les plus scandaleux : l’uniformité du stile, la répétition fréquente d’expressions singulieres, l’adoption des mêmes idées à sa propre Lettre, font connoître évidemment que le tout est l’Ouvrage du même homme, suivant qu’il en a été convaincu dans la premiere Assemblée. […] On lui fait espérer que l’Eglise elle-même, bien loin d’autoriser ses Ministres à user d’une autorité arbitraire, s’élevera au contraire contre la sévérité de ces zéles amers que la charité ne connut jamais .

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