Concile général, tenu à Constantinople en 680. condamne les Comédies et les Danses qui se font sur le théâtre, et prononce contre les contrevenants, si c’est un Ecclésiastique, qu’il soit déposé ; et si c’est un Laïque, qu’il soit excommunié. […] Augustin, parce qu’on veut abuser de quelques expressions de ces Pères, pour en conclure qu’ils n’ont condamné les Spectacles qu’à cause de l’Idolâtrie, ou des représentations honteuses et impudiques. Je conviens que ces Saints Pères ont condamné les Spectacles par ces deux motifs ; mais je prétends qu’ils les ont de plus condamnés pour d’autres désordres, qui se trouvent dans les Opéra et les Comédies de notre siècle. Je commencerai par Tertullien, dans son Livre des Spectacles, chapitre 4. où il s’exprime en ces termes : « Peut-on dire que les Spectacles ne sont pas défendus dans la sainte Ecriture, puisqu’elle condamne toute sorte de concupiscence ? […] » Par là l’on voit que cet ancien Père condamne les Spectacles, à cause de la volupté, qui est un motif différent de l’Idolâtrie.
Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. […] « Nous nous sommes séparés de votre Théâtre, parce que c'est un mystère d'impudicité, où rien n'est approuvé que ce que l'on condamne ailleurs ; et tout ce qu'il a de charmes pour plaire, ne vient que des gesticulations trop libres des Atellans, et des honteuses représentations des Mimes, où les femmes se font voir sans aucun reste de pudeur. » Aussi lors que Saint CyprienD. […] » Et ce que l'on ne doit pas oublier en ce discours est que les Hébreux n'avaient point estimé les Poèmes Dramatiques indignes de leurs soins, ni contraires à la sainteté de leur Religion, comme nous le pouvons juger par le fragment qui nous en reste de la Tragédie d'Ezéchiel, intitulée, La Sortie d'Egypte ; mais les Auteurs du Talmud, ou Livre de narration d'Enoch, condamnent les Mimes, chansons, danses et bouffonneries, auxquelles ils disent que les enfants de Caïn s'étaient trop adonnés, sans avoir parlé de Tragédies ni de Comédies. C'est encore avec cette même distinction que les Conciles et le droit des souverains Pontifes, ont condamné la Scène de l'antiquité. […] Où nous devons remarquer qu'il n'est parlé que d'Histrions et Joueurs de Bouffonneries, et non point de Tragédies et Comédies, qui n'étaient pas encore en état d'être estimées ou condamnées.
Mais afin que vous ne vous rétractiez pas, ou que vous ne disiez pas que ce ne sont que les excès de la Comédie que les Conciles ont condamné : en voici trois ou quatre Français qui condamnent formellement la profession des Comédiens. […] Mais je vois au contraire qu’il les condamne généralement sans en faire aucune distinction. […] Lactance ne l’ignorait pas sans doute, et cependant cela n’empêche pas qu’il ne condamne leurs Comédies. […] » C’est ce que l’on fait encore tous les jours, et c’est ce que Lactance condamne. […] C’est particulièrement dans ces jours-là qu’il défend et condamne les Spectacles.
A Abélard savait allier les Vers amoureux avec le chant, 184 Acteurs, leurs différents noms, 38. 41 Adrien Empereur bâtit un Théâtre à Antioche, 62 Agobard s’élève contre ceux qui donnaient de l’argent aux Comédiens, 132 Alès (Alexandre) condamne les Jeux de Théâtre, 188 S. […] Clément d’Alexandrie, condamne le seul concours des hommes et des femmes, 145 Clercs, on leur défend le métier de Bateleur, 224. 228. 241 Clergé de France, défend dans l’Assemblée de Melun de jouer des Comédies dans les Cimetières, 240 Clovis n’avait qu’un joueur d’instrument, 131 Comédie défendue avant et après l’extinction de l’Idolâtrie, 34. […] Loi qui condamne celles qui après avoir embrassé le Christianisme ne vivent pas chrétiennement, à servir au Théâtre, 105. […] Cyprien n’est point favorable à la Comédie, 154 D Dioclétien se moque de la dépense de jeux de Carin, 72 Domitien gêne les Histrions, 60 E Ecriture Sainte, condamne les Spectacles, 141. […] Théodose le Grand, son zèle contre les Comédiens, 106. 107. 108 Théodose le jeune prive les Païens de toutes les Charges, 114. défend les Spectacles les jours de Fête, 118 Théophile Evêque d’Antioche, condamne les Spectacles, 143 Thomas Evêque d’Antioche calomnié et joué sur le Théâtre, 133.
Enfin si l’on condamne la Comédie, on doit condamner pareillement les Tragédies de Collège. A l’égard des Ouvriers qui travaillent pour la Comédie, on ne peut point les condamner. […] On ne peut pas douter que du temps de Saint Bernard on n’ait condamné les Comédies. […] Charles n’a jamais condamné la Comédie et les Comédiens, que l’on la représente aux jours de Fêtes et aux heures du Service. […] » Quant à l’exemple que donnent ceux qui vont à la Comédie, on répond qu’il ne peut rendre légitime ce que l’Eglise a toujours condamné, et condamne encore aujourd’hui.
Une grande indecence pour la Religion, que la Religion a toujours condamnée. […] Je veux seulement, sans en dire, ny trop, ny trop peu, justifier la Religion qui les condamne, condamner le monde qui les justifie, & vous faire sentir la force de ces deux véritez importantes dans les deux Parties de mon Discours. […] La Religion les condamne. […] Que les Peres ont même condamné tout autre chose. […] La Religion les condamne.
Tous les Pères et beaucoup de Conciles ont condamné la Comédie et les spectacles. […] L’exemple de ceux qui permettent la Comédie est un abus qui ne saurait rendre licite et innocent ce qui est mauvais et condamné de tout temps par l’Eglise. […] ne condamnerait-il pas par cette conduite celle des Confesseurs qui les en ont exclus, et ne ferait-il pas aux Comédiens une espèce de réparation de l’affront dont ils se plaignent ? […] Toute l’antiquité a condamné les Théâtres et les spectacles, les Conciles des derniers siècles les ont pareillement condamnés. […] Il est donc indubitable que ces sortes de Comédies étant mauvaises, ne sauraient être représentées sans péché, et qu’il n’y ait point d’autorité qui puisse justifier devant Dieu ce que toute la tradition condamne, parce qu’il n’y a point en lui acception de personnes, et qu’il pèsera et jugera toutes choses au poids du Sanctuaire.
Qui doutera qu’elle ne soit aussi condamnée dans Isaïe ? […] Qui doutera que Jésus-Christ même n’ait condamné la Comédie et les Spectacles ? […] Il convient donc que les Conciles et les Pères ont condamné la Comédie. […] Saint Cyprien n’a pas condamné la danse de David ; donc il n’a condamné que les Spectacles qui représentaient des fables en la manière lascive des Grecs, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles. […] Mais pourquoi les condamnerait-il lui-même ?
Quels sentiments auraient eus des fidèles, les païens eux-mêmes, s’ils avaient vu qu’avec cette loi si pure, si sainte et si parfaite, qui condamne jusqu’à la pensée du mal, qui oblige de tendre sans cesse à la perfection, ces fidèles eussent eu besoin d’un commandement particulier pour n’aller pas aux spectacles ? […] Ils ne les défendent pas en particulier quelque part, parce qu’ils les condamnent partout : car que signifie autre chose tout ce que l’Evangile et l’Ecriture sainte nous disent de la pureté du cœur, qui est la base de la vie chrétienne, tout ce qu’ils nous disent de la mortification des sens, de la légèreté de l’esprit, de la faiblesse de la chair, de la force des passions, de la malice et des ruses du tentateur, du danger de s’exposer aux moindres occasions d’être tenté ; tout ce qu’ils nous disent de l’attention et de la vigilance sur les désirs, de la modération des plaisirs, de la perversité des maximes et des joies mondainesbq ? […] En condamnant en général tout ce qui est déshonnête, elles condamnent les représentations théâtrales et les tableaux immodestes.
Tous ont condamné les jeux de théatre comme très-pernicieux & capables de corrompre les mœurs, & les ont qualifiés de dangereux amusemens. […] Saint Clément d’Aléxandrie condamne les comédies en des termes aussi forts, quand il dit que ce sont des assemblées honteuses & pleines d’iniquité. […] P., la comédie dont saint Thomas parloit, à celle que nous condamnons. […] Mais quand ce saint Docteur parle de la comédie, telle que les Conciles & les Peres l’ont condamnée, & qu’on la représente aujourd’hui, je veux dire de ces piéces comiques & bouffonnes qu’on joue sur le théatre, où par mille artifices séduisans on excite les passions les plus déreglées, il la condamne formellement aussi. […] P., ne prouvent rien contre la comédie d’aujourd’hui ; pardonnez, si je vous le dis : & les raisons qui ont porté les Saint Peres à la condamner avec tant de chaleur, ne subsistent plus.
On crut que c’étaient les jésuites qui lui avaient tendu ce piège pour se venger de lui en l’exposant ou aux satires des libertins, s’il condamnait la comédie, ou aux reproches des dévots, s’il ne la condamnait pas. […] Loin d’y garder les bienséances, la pudeur y était offensée par des postures infâmes et par des représentations que les gens les plus déréglés, s’ils ne sont pas de la lie du peuple, condamneraient eux-mêmes aujourd’hui. […] Ces raisons sont fortes ; cependant, comme elles ne sont pas sans réplique, M. l’archevêque, aussi fin que les jésuites qui cherchaient à l’embarrasser, ne voulant s’exposer ni aux railleries des gens du monde, ni aux reproches des dévots, trouva un tempérament qui fut de ne point condamner la lettre, mais de punir le théatin qui en était l’auteur.
Enfin Aristhêne, autre sçavant canoniste Grec du douxieme Siécle, certifie que l’Eglise condamne toutes les danses, & les comédies des farceurs & Comédiens. […] Si c’est ainsi qu’on se déclare en faveur des spectacles, comment faudra-t-il s’exprimer pour les condamner ? […] L’Eglise , dit-il, condamne les spectacles, & nous les condamnons avec l’Eglise. […] « On ne peut pas dire, que vous condamnez ce que vous ne connoissez pas. […] Aussi l’Eglise a-t-elle condamné, comme contraire à la Doctrine de J.
Les saints Pères la condamnent dans leurs écrits ; ils la regardent comme un reste du paganisme et comme une Ecole d’impureté. […] Il est donc impossible de justifier la Comédie sans vouloir condamner l’Eglise, les saints Pères, les plus saints Prélats ; mais il ne l’est pas moins de justifier ceux qui par leur assistance à ces spectacles non seulement prennent part au mal qui s’y fait, mais contribuent en même temps à retenir ces malheureux ministres de Satan dans une profession, qui les séparant des Sacrements de l’Eglise, les met dans un état perpétuel de péché et hors de salut s’ils ne l’abandonnent. […] A ces causes, et attendu la circonstance particulière de l’Avent, de la Mission que nous faisons faire dans cette Ville, et des Prières publiques qui s’y font actuellement pour demander à Dieu la Paix, cette Paix que lui seul peut donner et que nous ne saurions lui demander avec trop d’ardeur ; quoique nous ne puissions ne pas condamner en tout temps la Comédie : Nous défendons particulièrement à tous les Fidèles de notre Diocese d’y aller pendant ce saint temps, consacré par lui-même et par tous les exercices publics de Piété que nous y faisons faire pour des sujets si importants, et ce sous peine d’Excommunication : Nous ordonnons à nos Confesseurs de traiter dans le Tribunal conformément aux Règles marquées par l’Eglise ceux qui contreviendront à notre présente Ordonnance, et particulièrement les personnes de l’autre sexe que la pudeur devrait en détourner avec plus de soin.
» Philosophes les confirmeront dans cette opinion, s’ils veulent les écouter : Car ils leur conseilleront de fuir le luxe dans les habits pour condamner celui des autres, de laisser les ornements aux femmes, d’avoir plus de soin de briller par l’éclat de leurs Vertus, que par celui de leur Couronne et de leur manteau Royal, comme disait Aristote au grand Alexandre. […] Il faudrait être tout à fait injuste pour condamner les tournois, les courses de Bague, les combats à la Barrière, et tous ces autres exercices qui sont en usage depuis la naissance des Monarchies : Aussi n’ai-je point d’avis à donner sur ce sujet, sinon que la dépense n’y soit pas excessive, de peur que le Prince ne vende trop cher ces sortes de divertissements à ses Peuples, et qu’il ne soit obligé de réparer par de fâcheuses levées ce qu’il aura dissipé par de folles profusions. […] C’est de quoi je ne tombe pas d’accord, et pour produire la pièce qui a reçu le plus de louanges et qui a été l’admiration de toute la France ; N’est-il pas vrai que Chimène exprime mieux son amour que sa piété, que son inclination est plus éloquente que sa raison, qu’elle excuse mieux le parricide qu’elle ne le condamne, que sous ce désir de vengeance qu’elle découvre, on y remarque aisément une autre passion qui la retient, et qu’elle paraît incomparablement plus amoureuse qu’irritée ? […] Disons encore que si les filles sont assez sincères pour nous découvrir leurs sentiments, elles avoueront que l’amour de Chimène fait bien plus d’impression sur leur esprit que sa piété, qu’elles sont bien plus touchées de la perte qu’elle a faite de son Amant, que de celle qu’elle a faite de son Père, et qu’elles sont bien plus disposées à imiter son injustice qu’à la condamner.