Quoiqu’il en soit, la cause des décorations théatrales, dont on a voulu faire l’apologie, sous le nom de la nudité des statues antiques, est bien désespérée, son défenseur même la condamne. […] On peut voir le plaidoyer 7 & 8 d’Erard, qui plaidoit pour son mari, Avocat célébre qui n’étoit pas comédien, & les Causes célébres de Guyot de Pitaval.
Nos masques sur la fin de l’an courent les ruës masquez & deguisez en fols, en l’honneur de la natiuité du fils de Dieu tenant des masses à la main farcies de paille ou de bourre en forme de brayete, frappent hommes & femmes en quoy visiblement ils idolatrent : le sçauant Tertulien & Iurisconsulte donne place aux masques à la rubrique de l’Idolatrie, tous les Peres & les Conciles les rangent là, il n’en faut point mandier vn plus ample tesmoignage puis qu’il demeure constãt que les Payens se masquoiẽt en l’adoration de leurs idoles, & c’est la cause pour laquelle nous lisons aux liures des Peres, & entre autres To 1. […] Maxime, quelques vns composent leur marcher & contrefont leur allure, & amblẽt d’vn pas compassé en guise de femmes, & non sans cause, ceux n’ont rien de viril qui se sont masquez & transformez en femmes : Le Patriarche Balsamon escrit Synod.
Je conviens que nous ne connoissons pas clairement la nature de l’ame ; mais sommes nous beaucoup plus savans sur la nature de la matiere ; & puisque dans l’un & l’autre cas nous sommes obligés de combiner un grand nombre d’effets bien observés pour parvenir à quelque degré de connoissance sur les causes, quels effets sont plus sensibles & plus caractéristiques que ceux des passions & de toutes les affections de l’ame, dont nous sommes continuellement avertis par le sens intime ?
Il est certain que la fureur des spectacles a été un des plus grands désordres, et une des principales causes de la perte de cette grande ville, et même de l’empire Romain, en Orient et en Occident, et elle produira les mêmes pernicieux effets, surtout pour la religion, partout où elle sera dominante.
Le premier16, attaqué par un faux Brave dont il avait repris les blasphèmes, disait qu’après avoir osé défendre la cause de Dieu, il ne devait point la trahir pour les maximes d’un honneur mal entendu.
On ne mangeait que certaines galettes appelées casse-gueules ou casse-museaux, à cause que celui qui les servait aux autres les leur jetait au visage d’une manière grotesque. […] Jean-Baptiste, qui, à cause du tumulte et des orgies qu’elle occasionnait, était surnommée la diablerie de Chaumont. […] Voici un diplôme de réception délivré à Louis Barbier de la Rivière, évêque de Langres (depuis 1655 jusqu’en 1670) ; sa contexture est digne de remarque, et il est fort singulier, qu’un évêque qui était pair ecclésiastique, et qui fut même au moment d’être élevé au cardinalat, l’ait accepté : « Les superlatifs et mirelifiques Loppinants de l’infanterie dijonnaise, nourrissons d’Apollon et des muses, enfants légitimes du vénérable père Bontemps, à tous fous, archifous, lunatiques, éventés, poètes par nature, par béccare, et par bémol, almanachs vieux et nouveaux, présents, absents et à venir, salut, pistoles, ducats, portugaises, jacobus, écus et autres triquedondaines, savoir faisons, que haut et puissant seigneur de la Rivière, évêque, duc et pair de Langres, ayant en désir de se trouver en l’assemblée de nos goguelus et aimables enfants de l’infanterie dijonnaise, et se reconnaissant capable de porter le chaperon de trois couleurs, et la marotte de sage folie, pour avoir en eux toutes les allégresses de mâchoires, finesses, galantises, hardiesse, suffisance et expérience des dents qui pourraient être requises à un mignon de cabaret, aurait aussi reçu et couvert sa caboche du dit chaperon, pris en main la célèbre marotte, et protesté d’observer et soutenir ladite folie à toute fin, voulant à ce sujet être empaqueté et inscrit au nombre des enfants de notre redoutable dame et mère, attendu la qualité d’homme que porte ledit seigneur, laquelle est toujours accompagnée de folie ; à ces causes, nous avons pris l’avis de notre dite dame et mère, et avons par ces présentes, hurelu Berelu, reçu et impatronisé, recevons et impatronisons ledit seigneur de la Rivière en ladite infanterie ; de sorte qu’il y demeure et soit incorporé au cabinet de l’inteste, tant que folie durera, pour y exercer telle charge qu’il jugera être méritée par son instinct naturel, aux honneurs, privilèges, prérogatives, prééminence, autorité, puissance et naissance que le ciel lui a donnés, avec pouvoir de courir par tout le monde, y vouloir exercer les actions de folie, et y ajouter ou diminuer, si besoin est ; le tout aux gages dus à sa grandeur, assignés sur la défaite et ruine des ennemis de la France, desquels lui permettons se payer par ses mains, aux espèces qu’il trouvera de mise.
Un Philosophe moderne a fait sentir que l’appât du mieux pourrait être la cause de la fin du monde par la destruction totale de toutes les Sociétés. […] Dieu, l’humanité, la probité, la charité, leur prescrivent en qualité de Chrétiens d’être pour ainsi dire des Anges de paix : ils doivent rejetter toute cause non seulement mauvaise mais même équivoque ; et ces gens à qui leur Religion prescrit d’employer leurs lumières à maintenir l’union et la paix entre leurs frères, n’auraient pas de pain s’ils n’y entretenaient la discorde.
Aussi le II Concile de Nicée, & celui de Trente qui ont si autentiquement défendu la cause des saintes images, en ont en même tems défendu l’indécence : Omnis lascivia vitetur, dit celui de Trente ; si quis arte picturæ in aspectum turpitudinis usus fecerit excecrabilis est.
Peu de personnes remontent à l’origine de ce malheur, peu en accusent les spectacles, qui en sont cependant la véritable cause.
Deux autres imaginations furent, ou la cause, ou l’effet de sa folie : il s’imagina que la cause de son mal & la source de ses talens sublimes, n’étoient pas naturelles ; il se crut ensorcelé, & le jouet d’un esprit-follet qui le tourmentoit.
Mais j’avertis qu’il perdra toujours sa cause, si on ne le fait pas marcher seul.
Il dit, à la vérité, qu’il a conçu une haine effroyable contre le genre humain, mais la raison qu’il rend de cette haine en justifie pleinement la cause : ce n’est pas des hommes qu’il est ennemi, mais de la méchanceté des uns, et du support que cette méchanceté trouve dans les autres.
Je suis pourtant persuadé que les innombrables pièces que les Jésuites ont données dans leurs collèges ; l’idée et le goût du théâtre, qu’ils ont partout inspiré, sans doute sans le vouloir, aux enfants, à leurs familles, au public ; cette espèce de décision pratique de gens très respectables, qui lève insensiblement tous les scrupules ; la connaissance des Auteurs, la lecture des livres dramatiques, qu’ils ont facilitée et accréditée ; ces danses, ces décorations, ces habits, ce jeu, qu’ils ont pompeusement mis sous les yeux ; que tout cela est une des causes imperceptibles de leur suppression.
J’avais une passion démesurée pour les spectacles du théâtre, plein des images de mes misères, et des aliments du feu de ma concupiscence : « Spectacula theatrica plena imaginibus miseriarum mearum et fomitibus ignis mei. » D’où vient qu’on aime à sentir la douleur que cause la représentation de quelque chose de funeste et de tragique qu’on ne voudrait pas souffrir ?