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336. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Les acteurs tragiques n’étaient donc alors, à vrai dire, que des historiens dont le talent devait jouir d’une considération d’autant plus grande à Athènes, qu’il en relevait toute la gloire, et qu’il en flattait l’orgueil et la vanité. […] C’est ainsi que pour enrichir une direction, qui, sans pitié, écrase ses acteurs de peines et de travaux, on appauvrit la scène, on dégrade un des arts les plus brillants, qu’il serait si facile de faire tourner au profit de la société. […] L’émulation entre ces deux acteurs qui se disputaient l’honneur du triomphe, donnait quelques embarras à Auguste, qui fut obligé de les exhorter à des ménagements entre eux. […] Il ne s’agit pas du plus ou du moins de talent de l’acteur, mais bien de la nature de sa profession, puisqu’on attaque le vieux préjugé qui flétrissait l’état de comédien. Ainsi peu importe que l’acteur joue bien ou mal.

337. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des Sentences mélées à l’action Théatrale, chez les Anciens & les Modernes. » pp. 153-158

Dans l’origine du Théatre Grec, les Sentences rares qu’Eschyle & Sophocle mettoient dans la bouche des personnages, étoient tellement liées au sujet ou au caractère de ces Acteurs, qu’elles sembloient des parties mêmes de l’édifice Dramatique.

338. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XII. Des Spectateurs. » pp. 355-358

Mais il est tant de moyens de disposer le lieu de la Scène de façon qu’il soit à la portée de ma vue, & que les Acteurs puissent naturellement se faire entendre ; que, si l’on m’en croyait, l’on ne serait plus pardonnable d’y manquer.

339. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [H] » pp. 416-417

L’entrée du milieu était toujours celle du principal Acteur : ainsi dans la Scène Tragique, c’était ordinairement la porte d’un Palais : celles qui étaient à droite ou à gauche, étaient destinées à ceux qui jouaient les seconds Rôles ; & les deux autres, qui étaient sur les aîles, servaient, l’une à ceux qui arrivaient de la campagne, & l’autre à ceux qui venaient du Port ou de la Place publique.

340. (1580) De l’institution des enfants « De l’institution des enfants. Essais, I, 26 [fin] »

[NDE] « Il découvre son projet à l’acteur tragique Ariston.

341. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Notion et distinction des spectacles et des Acteurs. […] Horace38 désigne de cette manière, les Acteurs Comiques. […] donne encore aux Acteurs le nom d’Histrions50. […] Il ne désapprouvait pas qu’on sifflât les Acteurs. […] On a toujours mis une grande différence entre les Acteurs publics et ceux qui ne paraissaient que dans des maisons particulières.

342. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Voilà justement ce qui se passe dans la Comédie pour l’ordinaire, la vue et l’imagination se satisfont de cette représentation vive et naturelle que fait le Comédien, sans y intéresser le cœur ; on loue l’Acteur et son action, sans approuver la chose qu’il représente. […] » Dans son Homélie 38 sur le même Chapitre onzième de saint Matthieu36 sur la fin, il dit que « les Acteurs des Comédies ont été déclarés infâmes par les Lois des anciens ». […] Si ce sont, par exemple, des sujets de haine, d’amour, de colère, d’orgueil, il faut qu’un Acteur pour exprimer ces passions le plus naturellement, et le plus vivement qu’il lui est possible, il faut, dis-je, qu’il en excite en lui-même les mouvements. […] Ce que l’on vient de dire de la Comédie ne peut s’appliquer aux Tragédies qui se jouent dans les Collèges, selon les Lois Académiques, qui sont plutôt des exercices pour ceux qui en sont les Acteurs, que des divertissements pour les personnes qui y assistent. […] [Ibid., titre « Des acteurs et mimes »] « De his etiam Principes et Magistratus commonendos esse duximus, ut histriones, mimos, caeterosque circulatores et ejus generis perditos homines de suis finibus ejiciant.

343. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Les sujets de nos Tragédies sont ordinairement puisés dans l’Histoire, les Auteurs se font une loi de respecter les faits attestés, et loin que le Spectateur, dans les circonstances inventées s’amuse à réfléchir que ce sont des fables, les larmes que l’Acteur lui arrache prouvent assez qu’il est frappé du tableau comme il le serait de l’original. […] Permettez-moi de vous raconter un fait qui, quoiqu’assez comique, vous fera juger de l’effet que cette excellente Tragédie est capable de produire : tout Marseille vous en attestera la vérité, « Et vous entendrez là le cri de la nature. » Un Capitaine de Vaisseau qui n’avait jamais vu de spectacle, fut entraîné par ses amis à la Comédie, on y jouait Atrée ; notre homme, ébloui par des objets tout nouveaux pour lui, oubliant que c’était une fable qu’il voyait représenter, lorsqu’il entendit Atrée prononcer ce vers qui vous choque si fort et par lequel il s’applaudit du succès de ses crimes, notre homme dis-je, se leva tout à coup avec fureur en criant : « Donnez-moi mon fusil que je tue ce B. là. » Vous jugez bien qu’une pareille scène fit oublier la catastrophe à tous les autres Spectateurs et que bien en prit aux Acteurs que le vers qui mettait le Capitaine en fureur était le dernier de la pièce, car ils auraient eu peine à reprendre leur sérieux après une pareille saillie. […] Il voulut bien nous recevoir chez lui, et nous profitâmes assez des avis qu’il nous donna pour qu’il crût pouvoir hasarder de nous faire jouer son Mahomet vis-à-vis d’un Auditoire à faire trembler les Acteurs les plus conformes. […] J’ai joué, comme je vous l’ai déjà dit, le rôle de Séide dans cette pièce ; M. de Voltaire avait lui-même composé notre Auditoire de gens qu’il avait prié d’apporter un œil connaisseur et critique sur la pièce et sur les Acteurs, plutôt que leurs dispositions à se laisser toucher par les beautés d’un Poème.

344. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Vous Acteurs à qui le Ciel n’a départi d’autre talent que celui de vous approprier les idées d’autrui, l’art de les exprimer avec toute l’énergie extérieure qu’elles exigent, peignez aux hommes leurs vices et leurs ridicules ; soyez les organes de la Morale et de la Raison, vous ferez bien. […] Rousseau, quand le public ne viendra plus au spectacle que pour le spectacle même, qu’on aura banni l’indécence de nos foyers et purgé nos coulisses de leur impureté ; alors le spectacle n’ayant plus d’accessoires reprochables, la vertu y étant pratiquée avec autant de zèle que bien décorée par le talent des Acteurs et des Actrices ; les prétentions de nos luxurieux Petits-maîtres cesseront : les femmes du Monde qui ne viennent dans les loges que pour s’y donner en spectacle, rougiront d’y paraître moins sages et moins décentes que des Comédiennes. […] Quoi de plus naturel cependant que ces vers dans la bouche de l’Acteur qui les prononce ; au lieu de faire une allusion absurde, un bon Chrétien ne verrait dans ces mêmes vers qu’une pensée heureuse et très propre à démontrer l’imbécilité de la crédulité Païenne. […] quel goût ne prendrait-on pas pour la vertu, en voyant ces Personnes vénérables l’applaudir dans la bouche de nos Acteurs et sacrifier un Cagotisme mal entendu à l’avantage de faire remarquer au peuple des vérités auxquelles il ne fait pas peut-être assez d’attention. […] L’Actrice reçut du Héros un présent de dix mille écus.

345. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Bouhours, par le jugement avantageux qu’il semble en avoir fait dans le Monument qu’il a dressé à sa mémoire, où après l’avoir appellé par rapport à ses talens naturels2, Ornement du Théâtre, incomparable Acteur,   Charmant Poëte, illustre Auteur, Il ajoute pour nous précautionner contre ses Partisans & ses admirateurs, & pour nous spécifier la qualité du service qu’il peut avoir rendu aux Gens du Monde,   C’est toi dont les plaisanteries Ont gueri des Marquis l’esprit extravagant. […] Rosteau prétend qu’il étoit également bon Auteur & bon Acteur, que rien n’est plus plaisamment imaginé que la plupart de ses Piéces ; qu’il ne s’est pas contenté de posséder simplement l’art de la bouffonnerie, comme la plupart des autres Comédiens ; mais qu’il a fait voir, quand il lui a plu, qu’il étoit assés serieusement savant2.

346. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Je me rappelle à ce propos d’avoir lu dans quelqu’endroit, qu’une Actrice célebre prononçant ces mots d’une Tragédie, il m’en souvient, & s’étant arrêtée quelque tems pour faire sentir davantage la force de ces paroles, un Spectateur du parterre s’impatienta de la longueur du silence de l’Actrice, & dit tout haut : ma foi, s’il m’en souvient, il ne m’en souvient gueres.

347. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

L’on a tant couru au Théâtre Italien qui s’enrichissait de jour en jour, des pertes que notre nation faisait en l’honnêteté des mœurs : Et l’on voulait que la raison de cet empressement, fût le plaisir d’y voir deux Comédies pour une, et deux sortes d’Acteurs et d’Actrices pour une seule action ; les véritables dans les loges, et les imaginaires sur le Théâtre ; la Comédie en son réel, et la Comédie en sa représentation.

348. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

C’est à ce contre-coup délicat que l’Auditeur se déclare pour le mérite du Poète ou de l’Acteur ; (car ils font souvent bourse commune :) mais je ne veux, pour renforcer ma Thèse, que ces larmes touchantes, que ces extases de douleur et de volupté. […] Arnaud fut autrefois touché de vos raisons pour la justification de la Comédie prise en elle-même, c’est-à-dire indépendamment des secours pernicieux de l’Acteur.

349. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Rien ; sinon tout l’appareil de la Comédie, c’est-a-dire, les Acteurs, les Sujets, les habits, les postures, bref tout le reste de ce honteux attirail. […] Il est presque aussi grand que celui des Acteurs, qui ne paraîtraient pas en public, s’ils n’y étaient attirés par ceux qui les entendent, et dont ils regardent plus l’argent, que tout autre chose.

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