Il me semble, Messieurs, qu’on m’accorde à présent que le Theatre tragique ou comique peut devenir une Ecole capable de former les mœurs. […] Vous l’accordez sans difficulté. […] C’est pour cette fin qu’Apollon vous accorde des Vers si heureux, si aisés, si dociles à la Lyre.
Le sieur Caffieri, qu’on dit habile Sculpteur, a fait présent au Théatre François du Buste de Piron en marbre ; les Comédiens en reconnoissance lui ont accordé les entrées au Spectacle, comme le Roi donne aux grands Seigneurs les grandes entrées, en recompense de leurs services.
Pour la tolérance théologique de la conscience, jamais les Théologiens ne l’ont accordée aux spectateurs.
Tâchez surtout de nous prouver bien clairement ce dernier point ; car j’observe que les parents qui s’occupent de l’éducation de leurs enfants vous redoutent étrangement ; que les personnes à qui leurs places prescrivent de la gravité, de la décence, craindraient d’être surprises dans les temples où l’on débite si pompeusement vos maximes ; que bien des gens sensés s’y ennuient ; que vos prêtres et vos prêtresses ne jouissent pas encore des droits que les lois accordent au dernier citoyen.
Nous engageons tous ceux qui ont des doutes sur les représentations dramatiques et sur le danger qu’il peut y avoir à s’y livrer, enfin nous engageons tous ceux qui parcourent ces lignes, à accorder à cet important sujet toute l’attention et toutes les réflexions que son importance exige.
Je laisse là ces Critiques qui trouvent à redire à sa voix et à ses gestes, et qui disent qu’il n’y a rien de naturel en lui, que ses postures sont contraintes, et qu’à force d’étudier ses grimaces, il fait toujours la même chose ; car il faut avoir plus d’indulgence pour des gens qui prennent peine à divertir le public, et c’est une espèce d’injustice d’exiger d’un homme plus qu’il ne peut, et de lui demander des agréments que la Nature ne lui a pas accordés : outre qu’il y a des choses qui ne veulent pas être vues souvent, et il est nécessaire que le temps en fasse perdre la mémoire ; afin qu’elles puissent plaire une seconde fois : Mais quand cela serait vrai, l’on ne pourrait dénier que Molière n’eût bien de l’adresse ou du bonheur de débiter avec tant de succès sa fausse monnaie, et de duper tout Paris avec de mauvaises Pièces.
Personne ne la crut ; elle avoit été suspecte à tous les partis, elle ne reçut point les derniers sacremens, & donna pour dernier conseil à son fils, qu’il n’eût garde de suivre, d’accorder à tous ses Sujets la liberté de conscience. […] elle y seroit trop embarrassante, & bien isolée ; comment accorder avec le mêtier de Comédien une religion sainte, dont la doctrine, les loix, les pratiques le condamnent.
Ceux de Rheims & d’Alet en 1677 défendent d’accorder l’absolution à ceux qui fréquentent les Comédies, & à ceux qui font une profession qu’on ne peut éxercer sans péché, jusqu’à ce qu’ils aient renoncé à cette profession, comme Comédiens . […] « Il est manifeste, par-tout ce que nous venons de dire, que la profession de Comédien est incompatible avec le salut ; la preuve en est sensible dans la pratique de l’Eglise, qui, durant la vie, ni même à la mort, ne les admet point aux Sacremens, à moins qu’ils ne promettent de renoncer à cette profession : elle ne leur accorde pas même les honneurs de la sépulture Ecclesiastique, & elle leur réfuse ses suffrages & ses Prieres : le refus des Sacremens annonce clairement, que la profession est criminelle, que ceux qui l’embrassent, sont dans un état habituel de péché mortel ; chaque représentation qu’ils font, en est un nouveau. » Ce sont les termes des conférences déjà citées, pag 551. 552.
Comme la direction des spectacles et du théâtre ne s’accordait pas avec cet Institut des Confrères de la Passion, il est à croire que cette permission et ce privilège ne leur fut donné que dans la vue d’abolir peu à peu cet exercice. […] Les spectacles ne s’accordent point avec l’état d’un Chrétien en cette vie, dont l’esprit consiste à fuir non seulement toute sorte de plaisirs, mais à mettre encore sa joie dans les larmes de la pénitence Ibid. […] au chap. 12. du titre de l’Eucharistie, où l’on demande à qui l’on doit accorder ou refuser d’approcher de la sainte Table. « Que l’on chasse, dit ce Manuel, toutes les personnes infâmes, comme sont les voleurs, les femmes débauchées, les Comédiens, les Bateleurs … et tous ceux qui ont une fort mauvaise réputation dans le public, avec qui l’Apôtre nous défend de demeurer et de manger.
Doit-on, d’ailleurs, parmi les Théologiens de France, ne compter pour rien la protection marquée que les Cardinaux de Richelieu & de Mazarin ont accordée à la Comédie ; l’un par sa passion pour la Poësie, & l’autre par son goût exquis pour les Machines Théâtrales ; & M. le Cardinal de Fleuri a-t-il dérogé à cette protection ?
On a démontré combien il étoit aisé de lutter contre ces tourbillons d’esprits follets, qui ne débitent que des fables ridicules & grossieres, dignes de ces petits romans à papier bleu, que leur adeptes vantent & colportent dans nos villages ; je m’attends qu’en élevant la voix contre les spectacles, ils déclameront contre moi, effrayés par la perte qu’éprouveroit la caisse philosophique, dont les Opéra & les Comédies font les plus clairs revenus, & dont les derniers ne sont accordés qu’à des forbans de littérature : n’importe, je proteste contre tout ce que la cohorte pourra dire ou écrire.
Cependant comme les mœurs, le goût, ou les caprices de chaque Peuple, répandent de la variété jusques dans les moindres occupations des hommes, on démêle quelques nuances qui nous éloignent un peu de la manière dont les Italiens font accorder ensemble plusieurs instrumens.
On accorderait de même l’entrée journalière aux Auteurs.
Qu’on juge maintenant de l’asservissement pénible dans lequel gémissent tous les agents subalternes d’un gouvernement trop faible pour accorder aux magistrats cette noble indépendance, si nécessaire pour rendre la justice en matière politique et religieuse, et faire respecter les lois.