Serait-on dans le même cas si on y allait après avoir assisté au service Divin, et quand les Eglises sont fermées ? […] Ceux qui fréquentent les spectacles, ne sont pas d'ordinaire fort assidus aux Offices de l'Eglise. […] à l'Eglise, ou au Théâtre ? […] Les Eglises sont désertes un jour de spectacle : Et si un Chrétien y vient sans savoir qu'on en donne quelqu’un, dès qu'il en est averti par les acclamations des Spectateurs, ou par le son des instruments, il abandonne l'Eglise, et l'Autel, pour aller au Théâtre prostituer ses yeux à des objets impudiques. » « Nos Ecclesiis ludicra anteponimus, nos altaria spernimus, et Theatra honoramus. […] L'Eglise a-t-elle condamné les spectacles plus sévèrement les Dimanches, et les Fêtes, que les autres jours ?
Réflexions sur les Evêques et les Prêtres de la primitive Eglise, et de l’Eglise moderne, suivies de réponses aux reproches de M. de Sénancourt, sur le même sujet. […] Il ne veut pas qu’on examine, si les ministres du culte sont dignes de cette confiance si bien méritée, que leurs prédécesseurs obtenaient à des époques anciennes, et principalement lors de l’établissement de l’église primitive. […] « Dans l’origine, l’église fut dotée de seigneuries temporelles, qui donnèrent aux évêques de France beaucoup de part dans les affaires de l’Etat. […] Tels sont les passages choisis malignement par M. de Sénancourt, par ce vétilleux inquisiteur, qui va jusqu’à blâmer les canons de l’église qui jadis recommandaient aux évêques la simplicité évangélique et la pratique des vertus chrétiennes de la primitive église. […] Il était libre enfin, d’après ses opinions jésuitiques, de justifier le fanatisme de quelques prêtres qui prétendent encore, contre toute justice, pouvoir excommunier les acteurs et leur refuser les prières de l’église et la sépulture, à raison de leur profession.
L’exemple de ceux qui permettent la Comédie est un abus qui ne saurait rendre licite et innocent ce qui est mauvais et condamné de tout temps par l’Eglise. […] L’Eglise ne leur accorde pas même cette grâce à l’heure de la mort, à moins qu’ils ne fussent convertis, et ne promissent de ne plus remonter sur le Théâtre, comme on le peut voir dans le chap. […] Ceux donc qui consultent, trouvent dans cette règle du Rituel de Paris la conduite qu’ils doivent garder, et de quoi remercier Dieu de la grâce qu’il leur a faite de ne s’être point écartés de la règle de l’Eglise. Qu’ils s’en tiennent à cette règle qui est celle de toute l’Eglise, puisque le Rituel de Paris ne fait qu’exécuter ce qui est dit dans les chapitres que nous avons cités, Pro dilectione, et Scenicis. […] S’ils se plaignent de ce terme d’infâmes, les Confesseurs doivent répondre qu’ils ne parlent qu’après l’Eglise qui emploie le même terme dans le chap.
Quant à moi, je ne suis point d’avis, qu’il soit séant à la majesté divine, ni que ce soit suivre la forme de la discipline Ecclésiastique, que par une si vilaine et infâme contagion, l’honnêteté et la sainteté de l’Eglise soit souillée Deuter. […] Et si d’aventure il s’excuse de ce qu’il est pauvre et nécessiteux, il pourra bien être soulagé et aidé en sa nécessité, avec ceux qui sont entretenus et nourris aux dépens de l’église : pourvu qu’il se contente de si peu de viandes, que l’Eglise donne par raison, et mesure, sans excès. […] Et pourtant retire-le, tant qu’il te sera possible, de sa méchante et damnable condition de vivre, pour le rappeler au chemin d’innocence, et à l’espérance de son salut, à ce qu’il se contente de la dépense de l’Eglise, qui est petite, mais salutaire. Que si l’Eglise de par-delà n’est pas suffisante, de nourrir et sustenter ceux qui ont disette, il se pourra retirer vers nous, pour recevoir par-deça ce qui lui sera nécessaire, tant pour son vivre, que pour s’entretenir : et que hors de l’Eglise il n’enseigne plus les autres, ce qui est abominable, et qui engendre la mort, mais que dedans l’Eglise il apprenne ce, qui est bon, et qui appartient à son salut.
Les comédiens du troisième âge, ayant reçu leur institution du prince et des lois du royaume, ne sont point comptables de leur profession au clergé ; L’abjuration de cette profession, exigée par le clergé, est un véritable délit, parce que aucune autorité dans l’Etat n’a le droit de vouloir le contraire de ce qui a été créé et autorisé par les diplômes du prince et la législation du pays ; Le refus de sépulture, fait par le clergé aux comédiens, est encore un délit manifeste et réel, puisque c’est infliger une action pénale, imprégner un mépris public à une profession que le prince, les lois du royaume, les ordonnances de police ont instituée et régularisée ; et en cette circonstance l’outrage est non seulement fait à la personne et à la profession du comédien décédé, mais encore aux autorités suprêmes qui ont autorisé et commandé son exercice : voilà pour ce qui concerne l’état politique et celui de la législation ; c’est aux procureurs du roi qu’il appartient de faire respecter, par toutes les autorités existant dans l’Etat, ce qui a été institué et par l’action du prince et par le fait de la législation et des règlements de la police du royaume ; Le refus de sépulture est encore un autre délit envers les lois ecclésiastiques même, puisque, pour avoir lieu d’une manière canonique, il faut que les individus auxquels on veut l’appliquer aient été excommuniés, dénoncés dans les formes, et que jamais les comédiens du troisième âge ne se sont rencontrés dans cette catégorie ; Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper les comédiens de ses sentences exterminatoires, qu’il a lui-même aidé à leur institution, et que dans le principe de leur création les prêtres ont rempli des rôles dans les mystères que les comédiens représentaient ; que les obscénités, les scandales qui se pratiquaient alors dans les églises, ou dans ces comédies pieuses, étant tout à fait nuisibles à la religion, l’autorité séculière a fait défendre aux prêtres de remplir désormais des rôles de comédiens, et à ceux-ci de ne plus prendre leurs sujets de comédie dans les mystères de la religion ; Le clergé, dans l’animadversion qu’il témoigne contre les comédiens, signale son ignorance, son injustice, son ingratitude, et démontre en outre qu’il agit avec deux poids et deux mesures, ce qui est on ne peut pas plus impolitique pour un corps aussi respectable ; car on a vu que c’étaient des papes et des cardinaux qui avaient institué des théâtres tant en Italie qu’en France ; on a vu un abbé, directeur de notre Opéra à Paris, on a vu les capucins, les cordeliers, les augustins demander l’aumône par placet, et la recevoir de nos comédiens ; on a vu les lettres où ces mêmes religieux, prêtres de l’Eglise apostolique et romaine, promettaient de prier Dieu pour la prospérité de la compagnie des comédiens. […] On a vu des comédiens enterrés dans nos églises, tandis que d’autres n’ont pu obtenir de places dans nos cimetières ; et l’on voit journellement nos comédiens entrer dans nos temples, participer même aux exercices de notre religion, en même temps qu’ils exercent leur profession ; donc ils ne sont pas excommuniés dénoncés, car en ce cas ils devraient être exclus de l’église, et l’église purifiée après leur expulsion ; Les papes, les rois et tous les souverains de la chrétienté ayant institué des théâtres et des comédiens dans leurs Etats, pour le plaisir et l’instruction de leurs sujets, n’ont pas prétendu se damner eux et toutes leurs nations, par la fréquentation obligée qu’ils établiraient avec des excommuniés ; Le clergé usurpe sur l’autorité séculière en blâmant, en punissant, en damnant ce qu’elle a créé et institué ; Certaines processions et d’autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, sont infiniment plus obscènes, plus coupables, plus nuisibles à la majesté de notre sainte religion que l’exercice de la comédie ; Le clergé qui veut anéantir une profession que les princes et les lois ont instituée, prétexte la rigueur des anciens canons des conciles, et il oublie lui-même, en ce qui lui est propre et absolument obligatoire, ce que ces mêmes canons ont dicté et voulu ; circonstance qui met l’auteur dans la nécessité de les lui rappeler ; La puissance séculière doit veiller avec d’autant plus de soins à ce que le clergé ne s’éloigne pas des devoirs qui lui sont imposés par la discipline ecclésiastique, que c’est l’oubli de ces mêmes lois, au dire de notre roi, Henri III, qui a porté le clergé à faire ensanglanter son trône, et à bouleverser ses Etats ; que l’expérience du passé doit toujours servir de leçon pour l’avenir ; Le prince étant le protecteur né des canons des saints conciles, ainsi que l’Eglise le reconnaît elle-même, doit surveiller tant par lui que par ses délégués l’exécution de ce qu’ils ordonnent, afin que la religion ne perde rien de son lustre et des dogmes de son institution, parce qu’il est utile que les ministres du culte donnent eux-mêmes l’exemple de cette conformité aux saints canons, afin d’y amener successivement les fidèles commis à leur instruction ; les procureurs du roi, les préfets, les sous-préfets et les maires qui sont les délégués du prince, tant en ce qui concerne la justice que la police du royaume, doivent, avec tous les procédés convenables en pareils cas, faire sentir aux prêtres qu’ils ont sur eux une suprématie d’action, qui est assez forte pour les faire rentrer dans les lois de la discipline de l’Eglise, s’ils commettaient la faute de s’en écarter.
En effet qui a dissout ce mariage spirituel que M. de la Berchère avait contracté avec cette Eglise ? Quelle nécessité pressante ou quelle utilité publique de l’Eglise,12 qui sont les seules raisons légitimes, selon tous les Canonistes, de passer d’une Eglise à une autre, lui a fait quitter l’Evêché de Lavaur pour prendre l’Archevêché d’Aix ? […] Le Roi l’a-t-il pu affranchir des liens qu’il a contractés avec l’Eglise de Lavaur sa première et légitime Epouse ? […] Mais c’est ce qui est difficile d’accorder avec les Règles de l’Eglise et avec la Jurisprudence qui est maintenant en usage. […] Ainsi de quelque côté qu’on envisage, en suivant l’allégorie de votre Ballet, cette prétendue translation de Lavaur à Aix, on n’y trouve que des défauts essentiels pour lesquels, selon l’ancienne discipline de l’Eglise, 14 votre Héros n’aurait pas du seulement être renvoyé avec confusion à son Epouse qu’il a quittée sans raison, mais même en être privé comme s’en étant rendu indigne par l’ambition qu’il a eue, selon vous, pour une plus riche et plus considérable.
C’est sur cette législation protectrice des bonnes mœurs à une époque reculée et dirigée de concert par l’Etat et par l’Eglise contre des excès répréhensibles, que se fondent les membres du clergé actuel pour refuser la sépulture chrétienne aux comédiens morts sans avoir abjuré. […] L’Eglise favorisait ce genre de spectacle, qu’elle regardait comme susceptible d’édifier les fidèles ; les membres du clergé y assistaient ; quelques-uns même y prenaient part. […] N’est-il pas manifeste que ces anathèmes de l’Eglise ne les concernent nullement ? […] M. le baron Hénin ne démontre pas moins victorieusement (et c’est là le point capital, relativement à l’administration) que, dans les principes de l’Eglise gallicane, l’excommunication, fût-elle réelle, n’étant pas consacrée par la loi civile et personnellement dénoncée, un ecclésiastique se rend coupable d’un véritable délit lorsqu’il refuse les prières publiques à un comédien. […] Scribe ne s’attendait guère à se voir cité entre les Pères des conciles et les défenseurs de l’Eglise gallicane...
Réflexion sur le Cantique des cantiques et sur le chant de l’Eglise. […] met en doute, s’il faut laisser dans les églises un chant harmonieux, ou s’il vaut mieux s’attacher à la sévère discipline de Saint Athanase et de l’Eglise d’Alexandrie, dont la gravité souffrait à peine dans le chant ou plutôt dans la récitation des psaumes, de faibles inflexions : tant on craignait dans l’Eglise, de laisser affaiblir la vigueur de l’âme par la douceur du chant. Je ne rapporte pas cet exemple pour blâmer le parti qu’on a pris depuis, quoique bien tard, d’introduire les grandes musiques dans les églises pour ranimer les fidèles tombés en langueur, ou relever à leurs yeux la magnificence du culte de Dieu, quand leur froideur a eu besoin de ce secours.
Non, il n’est pas possible que l’église ferme les yeux sur la conduite de quelques prêtres fanatiques et ignorants ; elle ne peut pas autoriser ce rigorisme injuste envers les comédiens. […] L’évêque de Versailles le reçut dans le sein de l’église, et fit faire pour lui les dernières prières. […] Son corps en effet fut repoussé de l’église, tandis que cinq acteurs de réputation furent enterrés sans opposition en l’église Saint-Sauveur, à Paris. Trois autres comédiens non moins fameux furent inhumés en l’église des Grands Augustins, et plusieurs d’entre eux avaient exercé leur profession pendant plus de cinquante années. […] Des prêtres proscrivent les théâtres et les comédiens, et c’est le cardinal le Moine, prince de l’église, légat du pape, qui acheta l’hôtel de Bourgogne, à Paris, pour le donner aux premiers comédiens qui parurent en ce royaume.
Je ne sçai ce qu’il entend par l’Eglise : il y a peu d’apparence que les Prélats & les Docteurs approuvent qu’on consulte les Laïques, au mépris de leurs Reglemens, & dans la démarche que vous faites, que vous méritiez leurs suffrages. Les fidéles particuliers ne font point un corps sans leur Chef, ou bien c’est un corps acephale que cette maniere d’Eglise. […] Ils n’hésiteroient pas à le vômir du sein de leur Eglise, comme un membre qui la deshonore. […] N’importe pas comment l’Eglise proscrit une doctrine, elle n’est point obligée de rendre compte de son jugement aux simples fidéles ; ceux-ci doivent se soumettre aveuglement, sous la peine portée dans l’Evangile, d’être considérés comme des Payens & des Publicains. […] Il a pareillement adopté les Synodes particuliers dont les Canons sont reçus dans toute l’Eglise, comme ceux de Carthage, d’Elvire, d’Arles, d’Ancire, de Néocésarée, &c.
Quand vous revenez du théatre, comparez-vous à ceux qui reviennent de l’Eglise. […] Ne cherchassiez-vous que votre satisfaction, c’est à l’Eglise qu’il faudroit se rendre. […] Mais, dises-vous, quel est donc leur crime pour mériter d’être chassés de l’Eglise ? […] & vous quittez l’Eglise, la sainte Table pour le théatre ! […] Si votre épouse est pieuse, vous vous plaignez qu’elle passe trop de temps à l’Eglise ; & vous qui passez tout le vôtre au théatre, vous croyez-vous sans reproche ?
L’Eglise, dites-vous, (et l’Eglise, c’est vous) a le droit de faire des lois de discipline. […] Le chef de votre Eglise ne permet-il pas à Rome, ce que vous défendez à Paris ? […] Mais alors, pourquoi n’avoir pas lancé les foudres de l’Église Gallicane contre ce souverain pontife qui mourut à Valence ? Il était sur le territoire de votre Église, et c’était le cas de faire usage de votre puissance. […] [NDE] Chatel forme ce néologisme sur le modèle de « hiérarque » : un hiérarque d’église.
la Religion se sentant deshonorée par ces sortes de divertissements, s’est armée de toutes ses forces pour les combattre, & tout ce qu’elle a eu de Peres & de Docteurs, dans l’Eglise Grecque, dans l’Eglise Latine, dans l’Eglise de France, sont venus à son secours. […] saint Chrysostome, qui va parler pour l’Eglise Grecque. […] Tertullien, & saint Cyprien nous vont expliquer les sentiments de l’Eglise Latine. […] Je parleray au peuple d’une des plus grandes & des plus nobles Paroisses de l’Eglise de Paris. […] Ecoutons enfin l’Eglise de France, la plus saine & la plus illustre portion de l’Eglise Latine.
Ses vertus Episcopales qui l’ont fait être l’un des plus grands ornements de l’Eglise Romaine et de l’Eglise Gallicane, n’ont-elles point été capables de faire de sa mort un assez grand sujet de deuil pour n’être pas tout à fait oublié à la réception de son successeur ? […] Ceux mêmes qui sont hors de l’Eglise n’ont jamais parlé de lui qu’avec estime. […] D’où vient donc, Mes Pères, que la mort d’un si saint Pasteur qui devait faire pleurer jusques aux pierres mêmes, pour me servir de l’expression de l’Eglise de Rome, n’a pu arracher de vous une seule marque de douleur dans une occasion où il vous aurait été si bienséant, au moins de vous contrefaire ? […] On pourrait croire qu’elle n’a point voulu permettre que la mémoire de ce grand Cardinal fut déshonorée, comme elle l’aurait été, si vous aviez confondu son nom avec ceux de vos divinités Païennes que vous faites danser à la réception du Prélat de votre Eglise.